בס''ד La Page דף הברית L’événement dominant de ce mois étant la fête de Pessa‘h, au premier soir de laquelle était offert au Temple le sacrifice de l’agneau pascal, cette corrélation avec ce signe du zodiaque n’a rien d’étonnant, et elle est ainsi mise en valeur par Ramban/Nahmanide (Chemoth 12, 3) : « Si Hachem nous a ordonné d’égorger et de manger cet agneau, c’est pour bien montrer que ce n’est pas à ce signe que nous devons d’avoir été libérés de l’esclavage, mais à un ordre divin qui nous a prescrit de tuer l’animal qui était l’objet du culte idolâtre des Egyptiens. » Le mot « nissan » vient de l’araméen « nisnou » (« floraison »), et il ne serait pas sans rapport avec le verset : « Les fleurs (hanitsanim) sont apparues sur la terre » (Cantique des cantiques 2, 12). On le relie également au mot « nèss » (« miracle ») : La sortie d’Egypte a été le plus grand de tous les miracles que Hachem a réalisés en faveur d’Israël. Le nom nissan apparaît à deux reprises dans le Tanakh : – « Au premier mois, qui est le mois de nissan, la douzième année du roi Assuérus, on jeta le pour, c’est-à-dire le sort, devant Haman… » (Esther 3, 7). – « Et il arriva au mois de nissan, la vingtième année du roi Artaxerxès, comme le vin était devant lui, que je pris le vin et le donnai au roi… » (Néhémie 2, 1). En nissan sont morts les fils d’Aaron, Nadav et Avihou, ainsi que Miryam et Josué. Et c’est en ce même mois qu’a disparu le puits qui fournissait les enfants d’Israël en eau dans le désert (Tour Ora‘h ‘hayyim 580). de l'alliance israélite Publication Il est d'usage dans les communautés de rite tunisien, que l'épouse allume la veilleuse d'huile à mèche de coton comme chaque veille de Roch Hodech. Puis chaque membre de la famille, par ordre d'âge, glisse un bijou en or ou en argent, en faisant un voeu, pour que l'année soit prospère. Les femmes glissent leur alliance et tous font bien attention de ne pas éteindre la veilleuse, lors de cette cérémonie. Samedi 23 avril 2016 Sommaire Fasse D… que ce mois de Nissan qui amène à grand pas la fête de Pessah' apporte santé, joie et Délivrance à chacun d'entre nous. PESSAH… Rabbin Yaïr Ziri du lycée de l'alliance israélite u n i v e r s e l l e - Nice 14 NISSAN 5776 PESSAH 5776 PESSAH Le temps pharaonique NISSAN OU LE MOIS DE LA DELIVRANCE Rabbin Yaïr ZIRI universelle LES INFOS DU LYCEE… Avant que ne survienne la plaie des sauterelles, D.ieu interroge pharaon : « Jusqu’à quand refuseras-tu de te soumettre à Moi ? » (Chemot 10, 3). Plus loin, les serviteurs de pharaon demandent à ce dernier ! « Jusqu’à quand celui-ci [Moïse] sera-t-il pour nous une embuche ? » (10, 7). Quand on demande à un individu « jusqu’à quand ? », cela signifie que l’individu en question se situe dans une posture où le temps n’avance plus, où le temps est figé. Pharaon s’inscrit dans une durée fixe, dans un état où rien ne doit changer. Depuis des siècles, les hébreux sont des esclaves ; durant des siècles, ils le seront encore. Pharaon se considère donc comme une divinité aux lois immuables. C’est pourquoi D.ieu lui demande : « Jusqu’à quand refuseras-tu de changer ? ». Il se pense une superpuissance. C’est pourquoi ses serviteurs l’interrogent : « Jusqu’à quand ne réagiras-tu pas devant Moché ? ». Pharaon évolue dans un temps qui reste ce qu’il est puisqu’il refuse de changer. On comprend alors que les références au temps sont nombreuses pour la plaie des sauterelles : « Voici que J’amène demain la sauterelle sur ton territoire » (10, 4) ; demain, demain qui sera différent d’aujourd’hui ; tu ne peux donc te permettre d’être le même encore demain ! Directrice Rédacteur Publication Evelyne Danan Jacky Milewski A I U Nice Copyright © 2016 - AIU NICE Nous vous remercions de ne pas transporter le Daf le Chabbat PESSAH 5776 VENDREDI 22 AVRIL - 20H04 SAMEDI 30 AVRIL – 21H20 בס''ד Lycée de l'alliance israélite universelle www.aiu-nice.org 22, rue Michelet 06100 NICE Tél. 04.92.07.88.10 Fax 04.92.07.88.11 Email : [email protected] Les sauterelles « envahiront ta maison… [Phénomène] que tes pères et les pères de tes pères n’ont pas vu depuis le jour où ils ont existé sur cette terre jusqu’à ce jour » (10, 6). La plaie qui s’annonce est quelque chose de radicalement nouveau, de fondamentalement différent du passé. Et là, pharaon comprend qu’il ne peut laisser le temps s’écouler sans changer, sans se rétracter : « Pharaon se précipita pour convoquer Moché et Aharon » (10, 16), il précipite les événements car il saisit, provisoirement, qu’il ne peut rester sur ses positions et il déclare : « Et à présent [dans ce présent qui ne ressemble plus au passé], supporte de grâce ma faute » (10, 17). Puis, la plaie se termine ; et pharaon retourne dans son temps, dans son état de rigidité déconcertante où le temps reste ce qu’il est. C’est la raison pour laquelle la plaie suivante est celle de l’obscurité, suspension du passage du jour à la nuit, du temps qui passe et qui change. Face à pharaon qui ne veut pas changer et qui laisse le temps passer sans faire son œuvre comme on dit, la Torah (12, 34) raconte que les enfants d’Israël ont emporté la pâte avant qu’elle ne fermente, c'est-à-dire avant que le temps ne produise son effet sur elle. La matsa représente le mouvement de résistance au mouvement des choses qui deviennent ce qu’elles doivent devenir à cause du temps. La matsa signifie la brisure du cycle du temps ; et invite ainsi les hommes à ne pas devenir ce que le temps a décidé pour eux. Ainsi, l’homme doit changer, c'est-àdire devenir meilleur dans son humanité, dans son caractère, se travailler pour être différent en mieux de ce qu’il a été s’il ne veut pas devenir le fils de pharaon. Pour soutenir l’homme dans cette démarche, la Torah se dresse dans son absolu, dans sa condition intemporelle. Ainsi, à propos de la fête de Pessa’h et de ses lois, la Torah insiste sur leur caractère définitif et immuable : « pour vos générations, loi éternelle » (Chemot 12, 14), « Vous observerez ce jour, loi éternelle » (12, 17), « Vous protègerez cette parole en tant que loi pour toi et tes enfants, pour toujours » (12, 24). C’est parce que la Torah ne change pas et de fait constitue un repère solide, une référence valable pour tous les temps, que l’homme peut s’y référer et exprimer ce qu’il possède de mieux en lui. Pharaon a donc interverti les rôles : parce qu’il refusait de changer, il change la loi de D.ieu qui exige la libération des enfants d’Israël. Quand il le comprend enfin, c’est trop tard, la dernière plaie s’est abattue sur l’Egypte. Ce n’est qu’alors qu’il rend à Israël sa liberté. Jacky Milewski La Torah défend de cuire l’agneau de Pessa’h c'est-à-dire de le rendre apte à la consommation sous l’effet conjugué du feu et de l’eau (Chemot 12, 9). Il doit être grillé au feu (tsli ech). La Guemara (Pessa’him 74a) explique qu’il est interdit d’utiliser une broche en métal pour griller l’agneau. En effet, quand une partie d’une tige métallique est bouillante, sa chaleur se propage dans la totalité de la tige de sorte que l’agneau est grillé par le biais du métal qui lui-même brûle sous l’effet du feu. Or la Torah a demandé à ce que l’agneau de Pessa’h soit grillé au feu, directement, sans intermédiaire (tsli ech). Le petit agneau représente le peuple d’Israël ; le feu renvoie à la Torah (« ‘‘Ma parole n’est-elle pas comme le feu ?’’, parole de D.ieu » (Jérémie 23, 29)).Cette parole divine éclaire les esprits et réchauffe les cœurs. Mais pour avoir accès à la Torah, on ne peut passer par des intermédiaires, l’apprendre de seconde main, rester à distance des mitsvot et penser que l’on peut imaginer ce qu’est une vie de Torah. C’est le feu qui grille l’agneau et non la broche métallique. On ne peut observer la Torah de loin car c’est un système de vie qui s’élabore de l’intérieur. Tant qu’on n’a pas vécu un vrai chabbat, on ne peut qu’en avoir une idée inexacte, erronée et s’imaginer que c’est là une difficile épreuve alors que l’observance du chabbat est précisément ce qui rend ce jour si particulier, si élevé. La Guemara (ibidem) poursuit en expliquant que c’est avec une broche de bois que l’on grille l’agneau de Pessa’h mais pas n’importe quel bois. On n’utilise pas le bois du palmier ni celui du figuier, ni celui du chêne, du caroubier, du sycomore mais on utilise le bois du grenadier. La Guemara explique que même si ces bois sont secs à l’extérieur, ils restent humides à l’intérieur. Ainsi quand on utilise des tiges issues de ces bois, quand on embroche la viande ou qu’on la met au feu, le bois expulse de l’eau. Du coup, une partie de l’agneau de Pessa’h est cuite (feu et eau) et non grillée. Par contre, le grenadier est sec à l’extérieur ainsi qu’à l’intérieur et ne dégage aucune humidité. Si on veut avoir accès à la lumière de la Torah et à sa chaleur, il faut l’accueillir, la Torah, telle qu’elle est, sans la juger, sans l’approcher avec cette humidité qui nous habite, c'est-à-dire sans considérer son opinion ou son avis personnel, sans prendre en compte ce qui vient de soi donc sa subjectivité. Tel le bois du grenadier, le juif accueille le judaïsme sans rien considérer de ce qui vient de lui car la Torah ne demande pas à être jugée. Après le séder de Pessa’h, on a l’usage de lire le Cantique des cantiques. Dans l’un de ses versets, D.ieu dit à l’Assemblée d’Israël (4, 3) : « Ton front est telle une tranche de grenade ». Le front fait allusion à la dimension de la réflexion qui accueille la Torah tel le bois issu du grenadier en ne la jugeant pas à partir de sa subjectivité mais en y goûtant toute la saveur et la beauté qui se révèle par une vie de mitsvot. Jacky Milewski elle reste en suspens dans le ciel – nous dit Rachi sur Chemot 9, 33 -, retenue par la parole du tsadik. C’est en construisant une humanité emplie de tsadikim que l’on changera la face du monde. A plusieurs reprises, dans le récit de la sortie d'Egypte, Moché intercède auprès de D.ieu pour faire cesser les plaies qui s’abattent sur le pays des pyramides. C’est le cas pour les plaies des grenouilles (Chemot 8, 8), des bêtes sauvages (8, 26), de la grêle (9, 33). On peut s’étonner de ces prières en faveur de pharaon dans la trame du récit de la sortie d’Egypte. Que nous enseignent-elles ? De plus, pourquoi D.ieu attend-Il, pour faire cesser la plaie, la prière de Moché ? Rabbi Sim’ha Bouném de Pchiss’ha (Kol Sim’ha sur Vaéra) explique que D.ieu a ainsi inscrit dans les structures mêmes des lois du monde, la possibilité pour un tsadik de modifier, de bousculer, les lois de la nature par la force de sa prière. Si D.ieu avait laissé les plaies se terminer par elles-mêmes, c’est comme si les lois de la nature régissaient l’histoire. Mais avec l’intervention de Moché qui prie, c’est le tsadik, prototype de l’homme juste et idéal, qui modifie les destinées de la nature pour le bien. Il importe à l’homme de savoir que rien n’est jamais écrit pour de bon. Tel est le sens des enseignements talmudiques selon lesquels la prière d’un tsadik peut annuler un mauvais décret ou même adresser une prescription au ciel (« tsadik gozer veHachem mekayem »). Cette faculté que le judaïsme confère à la prière ne constitue pas seulement une donnée métaphysique ou théologique. Elle a même des incidences juridiques. Prenons le cas d’un ‘hokher c'est-àdire d’un homme qui loue un champ pour le cultiver et qui paie la location de ce champ en nature (une certaine quantité de fruits fixée à l’avance constitue le paiement). Le Talmud (Baba Metsia 106a) enseigne : soit le propriétaire d’un champ qui fixe à son ‘hokher de semer du blé, mais le ‘hokher sème de l’orge. Jacky Milewski Se produit ensuite une catastrophe naturelle dans toute la région : toutes les récoltes sont touchées, celles de ce champ aussi. Comment va-t-on statuer sur ce cas ? Le ‘hokher peut-il argumenter : si j’avais semé du blé, la récolte aurait également été abimée. C’est un sinistre régional auquel cas j’ai droit à une diminution de mon paiement. Ou bien, le propriétaire du champ peut dire : si tu avais planté du blé comme prévu, se serait accompli pour moi le verset de Job (22, 28) : « tu énonces une parole et Lui [D.ieu] l’accomplira pour toi ». Je n’ai évoqué dans mes prières que la réussite en lien avec le blé, non avec l’orge. Si tu avais semé du blé, j’aurais peut-être été exaucé. D’un côté, se présente un argument logique (le blé se serait aussi abimé), de l’autre, on avance un argument métaphysique (« j’ai prié, et ma prière aurait pu être prise en considération si tu avais respecté les termes du contrat »). Le Talmud donne raison au propriétaire et accepte l’argument de la prière. Le propriétaire aurait pu influer par sa prière sur la destinée de ses récoltes de même que Moché épargne l’Egypte de souffrances supplémentaires. Moché prie et la grêle cesse de tomber ; Le mois de nissan est le septième à partir de tichri, et le premier dans l’ordre de la Tora où il est appelé « tête des mois » ou « premier des mois ». Il est également appelé « mois du printemps » (Chemoth 34, 18), en hébreu : ‘hodèch ha-aviv, ce mot ha-aviv étant parfois considéré comme acronyme de av ha-yod beth (« père des douze [mois] »). Le mois de nissan est placé sous le signe zodiacal du Bélier. L’agneau symbolise le sacrifice de Pessa’h, le premier sacrifice que le peuple juif adressa à D.ieu juste avant sa délivrance. Le peuple juif luimême est représenté par un agneau (encerclé par soixantedix loups). Parmi toutes les créations de D.ieu, l’agneau possède la capacité innée d’éveiller la miséricorde par sa voix. Bon mois de Nissan et Pessah Cacher vésaméah' à tous !! Jonathan Suède Elève de Première