Infarctus: sus aux globules
blancs Uneétude récente pointe
lerôle du système immunitaire dans
lesdommages auxtissus cardiaques.
Untraitement estàl'étude.
Aprèsl'infarctus,réparerlesdégâts
cardiologie iPlusieursstratégies
innovantessontàl'étudepourprotégerourestaurer
lestissuslésésaprèsunecrisecardiaque.L'uned'ellesciblelesystèmeimmunitaire
Florence Rosier
Dans lesgrandes crises,le
se brise ou sebronze», obser-
vaitBalzac. Comment, dans ce
séisme interne qu'est l'infarc
tus du myocarde, privilégier
la seconde option? C'est l'en
jeu de nombreuses recherches visant àpréser
ver ou réparer lemuscle cardiaque endommagé
par l'infarctus, cetissu ayant été privé d'oxygè
neàla suite del'obstruction de l'une des artères
qui l'irriguent par un caillotsanguin.
«Lesgrands principes du traitement de l'in
farctus n'ontpas changé depuis quinze ans, esti
me ZiadMallat,professeur demédecine cardio-
vasculaire àl'université deCambridge (Royau
me-Uni).Pour accomplir denouveaux progrès, il
faut trouver d'autres cibles thérapeutiques.»
Avecson équipe Inserm, àl'hôpital européen
Georges-Pompidou (Paris),il apublié, le 15sep
tembre dans Nature Medicine, une étude qui
offreune cibleinédite :le système immunitaire.
Son travail montre que chez la souris, après
un infarctus, le manque d'oxygène («isché
mie») active des cellules de l'immunité qui
jouent un rôle délétère : les lymphocytes
B.Ceux-ciattirent alors sur les lieux del'infarc
tus d'autres cellules immunitaires qui aggra
vent lesdégâts. «Lorsque nous enlevonsou inac
tivons ces lymphocytes Bchez l'animal, nous
réduisons la taille del'infarctus et nous amélio
ronslaf onction cardiaque, souligne ZiadMallat.
Nous avonsdes indicesde l'existencedemécanis
messimilaires chez l'homme. »
Ondispose déjàd'un anticorps qui neutralise
leslymphocytes B,lerituximab, pour traiter cer
tains cancers ou maladies auto-immunes. Le
chercheur propose d'en évaluer les effets chez
l'homme lors de la phase aiguë de l'infarctus
-en plus du traitement habituel.
Letraitement classique de l'infarctus consis
te en une double intervention, qui doit être la
plus précoce possible. Lepatient reçoit d'abord
des médicaments qui fluidifient le sang (antia-
grégant plaquettaire et anticoagulant). Puis le
cardiologue pratique une désobstruction del'ar
tère bouchée. Pour cela,il introduit dans l'artè
re, par cathétérisme, un ballonnet qu'il gonfle
ensuite sur le siteobstrué (angioplastie). Lorsde
cette reperfusion, ilposegénéralement un mini
ressort, ou stent, qui maintient l'artère dilatée.
Sicette interventionn'est pas rapidement réali
sée, des médicaments fibrinolytiques (qui
détruisent le caillot) sont iniectés.
En vingt ans, lamortalité cardio-vasculaire a
été réduite de moitié en Europe. «Ceprogrès
reflète trois avancées, explique le professeur
Gilles Montalescot, cardiologue intervention-
nel àl'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Un
meilleur traitement desfacteurs de risque car
dio-vasculaire,comme letabagisme ou lecholes
térol.Unemeilleure prise en charge despatients
par les SAMU,
les réseaux de soins et les centres
consacrés àl'infarctus, facilitant un accès rapi
de aux techniques de revascularisation. Et une
amélioration de cestechniques. »Reste que l'in
farctus du myocarde frappe encore chaque
année 120000 personnes en France, entraî
nant plus de 18000 décès.
Contrecefléau résiduel, les chercheurs rivali
sent d'imagination. Le17 larevue TheLan-
cetdressait un panorama deleurs travaux, dis
tinguant notamment trois voies de progrès
potentiels :améliorerles techniques de reperfu
sion, protéger le tissu cardiaque ou le réparer
dans les jours ou mois qui suivent l'infarctus.
«Il existe aujourd'hui des stents spécifique
ment conçus pour l'infarctus du myocarde »,
indique Gilles Montalescot. Deux d'entre eux
sont déjà disponibles :l'un piège le caillot res
ponsable del'infarctus pour éviter qu'il rebou
chel'artère. L'autre, composé d'un métal qui se
dilate, s'ajuste précisément à la taille del'artère.
Chezles patients ayant reçu ces stents, les regis
tres suggèrent une mortalité réduite.
Mais la revascularisation n'est pas dénuée
d'effets secondaires :«L'apport soudain enoxy
gènepeut aggraverla nécrosecardiaque »,expli
que le professeur Michel Ovize,cardiologue à
l'hôpital Louis-Pradel de Lyon. De nombreux
essais ont tenté de réparer ces dégâts collaté
raux, mais la revue The Lancet en dresse un
inventaire négatif. Avec son équipe Inserm,
Michel Ovizes'intéresse à une autre molécule
administrée lors delareperfusion :laciclospori-
ne (un immunosuppresseur utilisé contre les
rejets de greffe). «En 2008, dit-il, nous avons
montré l'intérêt de cette approche chez
ôopatients.La ciclosporinediminuait lataillede
Tous droits de reproduction réservés
Date : 25/09/2013
Pays : FRANCE
Edition : Science & Médecine
Page(s) : 1-2
Périodicité : Quotidien
Surface : 47 %
la zone nécrosée.»Il conduit aujourd'hui un
essai clinique européen chez1ooo patients.
En aval de la reperfusion, peut-on favoriser
la régénération du muscle cardiaque lésé? Les
greffes de cellules souches ont suscité un vif
engouement... que larevue TheLancet refroidit
par unbilan décevant. «Ona longtempscru que
lescellulessouches pourraient remplaceras cel
lulescardiaques détruites, mais go Xdescellules
greffées meurent après quelques jours, relève le
professeur Philippe Menasché, chirurgien car
diaque àl'hôpital européen Georges-Pompi
dou. On observe pourtant quelques bénéfices
sur lafonction cardiaque. l'hypothèse que
cescelluleslibèrent des moléculesstimulant des
voies de réparation endogène. Et l'idée d'admi
nistrer un cocktail de ces molécules reprodui
sant ceteffet.»
L'espoir pourrait venir des micro-ARN, ces
petits acides nucléiques non codants. «Deux
micro-ARNisolés induiraient, in vitro, l'entrée
dans un cyclede multiplication active decellules
cardiaques adultes de souris», précise la revue
TheLancet. Publiée le 8septembre dans Nature
Biotechnology, une autre étude fait appel àun
ARN-messagersynthétique, codant un facteur
de croissance vasculaire (VEGFA).Chezla sou
ris, une seule injection de cet ARNdans lemus
clecardiaque, après infarctus, déclenche la for
mation denouvelles cellules cardiaques.
En attendant l'éventuelle concrétisation de
cesrecherches, des progrès subtils dans la prati
que quotidienne se font jour.Entémoigne l'étu
de Accoastpubliée le12septembre dans le New
EnglandJournalofMedicinepar GillesMontales-
cot. Elleconcerne laprise en charge des «mena
cesd'infarctus »:l'infarctus semanifeste généra
lement par une douleur thoracique intense et
persistante, alors que les «préinfarctus »setra
duisent par une douleur intermittente.
«Depuisquinzeansjesrecommandationssur
l'utilisation des antiagrégants dans la menace
d'infarct usn'ont guère changé, note GillesMon-
talescot. Ellespréconisent d'administrer à tous
les patients, dès le diagnostic posé, un antia-
grégant plaquettaire. »Lelendemain, le patient
passeun examen des artères coronaires (corona-
rographie) quidétermine s'il doit ounonbénéfi-
cierd'une angioplastie.
Cetteétude a été conduite chez4033patients
ayant présenté un syndrome de menace d'in
farctus,dans 19pays.Après tirage ausort,lamoi
tié des patients recevaient tout de suite l'antia-
grégant. Lesautres attendaient les résultats de
la coronographie et ne recevaient ce médica
ment qu'en cas d'angioplastie. Au septième
jour, «letaux d'hémorragie était doublédans le
groupe traité immédiatement par l'antia-
grégant, alorsqu'aucun bénéfice cliniquen'était
observé, résume Gilles Montalescot. Il nefaut
doncplus administrer ce médicament àl'aveu
gle,maisleréserverà ceux[lesdeuxtiers]quidoi-
ventsubir une angioplastie. »m
Sf~^
Artère coronaire
en microscopie électronique.
COSMOS
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Date : 25/09/2013
Pays : FRANCE
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