Le cancer de la prostate : traitements

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Le cancer de la prostate :
traitements
Dr Igor Latorzeff, Oncologue radiothérapeute,
Groupe ONCORAD Garonne, Clinique Pasteur,
Toulouse ([email protected])
Dr Xavier Gamé, Chirurgien urologue,
CHU Rangueil, Toulouse
Le traitement :
la surveillance active
les 3 à 6 mois pour calculer le temps de doublement, un
toucher rectal (TR) tous les 6 à 12 mois et un contrôle
histologique par nouvelles biopsies entre 6 et 18 mois
qui est fondamental pour réduire la probabilité de sousévaluation initiale. Des études prospectives sont en cours
(PRIAS, ProtecT, PIVOT, SURACAP).
La surveillance du cancer localisé de la prostate a
pour objectif d’éviter les surtraitements liés à l’augmentation de la fréquence des diagnostics de cancers latents
ou peu évolutifs. Elle comporte l’abstention-surveillance
(watchful waiting) et la surveillance active. L’abstention-surveillance consiste à instaurer un traitement à
visée palliative chez les patients symptomatiques. Elle
concerne les hommes ayant un cancer T1-T2 avec une
espérance de vie < 10 ans et une tumeur non agressive
(groupe favorable de d’Amico).
La surveillance active consiste à ne pas traiter immédiatement un cancer de la prostate (CaP) cliniquement
localisé à (très) faible risque de progression chez des
patients demandeurs ayant une espérance de vie > 10
ans. Cela est une option thérapeutique curative qui
déplace le moment du traitement. Les critères de sélection retenus sont ceux du groupe de risque faible de
D’Amico (PSA < 10 ng/ml et score de Gleason < 7 et
stade clinique T1c ou T2a) associés à des critères biopsiques : 1 à 2 carottes biopsiques positives au maximum
sur une série d’au moins 10 prélèvements, une longueur
tumorale < 3 mm pour certains. Des critères supplémentaires, dont les données de l’IRM, sont en cours
d’évaluation.
Qui dit surveillance dit contrôle : les modalités de la
surveillance comportent obligatoirement un contrôle de
l’antigène prostatique spécifique (PSA) [[a vérifier]] tous
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Le traitement chirurgical
Le traitement chirurgical du cancer de la prostate à
un stade localisé ou localement avancé repose sur la
prostatectomie totale, associée ou non à la réalisation
d’une lymphadénectomie ilio-obturatrice bilatérale plus
ou moins étendue.
Principes de la prostatectomie
Le principe de la prostatectomie totale (PT) est de
réaliser l’ablation de la prostate dans son ensemble ainsi
que des vésicules séminales et d’anastomoser la vessie
à l’urètre membraneux. Elle peut être conservatrice ou
non. Cette notion se réfère aux bandelettes vasculo-nerveuses qui longent la capsule prostatique et ont comme
fonction d’assurer l’innervation et la vascularisation indispensables pour obtenir une érection. La prostatectomie
est dite conservatrice lorsque le chirurgien préserve ces
bandelettes. Cette conservation peut être uni- ou bilatérale. Le choix de réaliser une prostatectomie totale
conservatrice ou non et de son caractère uni- ou bilatéral dépend du stade tumoral (si la lésion paraît intra-
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prostatique, ne franchissant pas la capsule prostatique,
sur les données de l’examen clinique, de l’imagerie par
résonance magnétique [IRM]), l’étendue de la lésion sur
les biopsies (tumeur uni- ou bilatérale, nombre de biopsies positives), le taux de PSA préopératoire, l’âge du
patient, sa sexualité préopératoire et son souhait de
sexualité en postopératoire.
Une lymphadénectomie ilio-obturatrice bilatérale est
systématiquement associée si la tumeur est classée en
préopératoire en risque intermédiaire ou élevé selon les
critères de D’Amico. La lymphadénectomie s’est longtemps limitée à l’ablation des ganglions se situant entre
la veine iliaque externe et le nerf obturateur. Toutefois,
il est apparu que certains patients avaient un drainage
lymphatique prostatique inhabituel intéressant directement le système présacré ou iliaque. De ce fait, il est de
plus en plus souvent réalisé un curage dit étendu intéressant les axes iliaques interne et externe jusqu’à la
bifurcation iliaque.
Soins périopératoires
L’intervention ne nécessite pas de préparation particulière hormis un lavement rectal la veille ou le matin
de l’intervention. Un examen cytobactériologique des
urines est prescrit une semaine avant l’intervention et
en cas de présence de germes un traitement antibiotique
devra avoir été institué depuis au moins 48 heures avant
l’intervention. Si cet examen est stérile, une antibioprophylaxie sera réalisée au début de l’intervention.
En fin d’intervention, une sonde vésicale et un drain
de redon sont laissés en place. Le drain est habituellement laissé en place 48 heures et la sonde 5 jours. La
durée habituelle d’hospitalisation est d’environ une
semaine.
Complications de la prostatectomie
En dehors des complications potentielles de toute
intervention chirurgicale comme un problème anesthésiologique, une hémorragie ou la survenue d’une infection, les deux principales complications ou effets secondaires de cette intervention sont l’incontinence et la
dysfonction érectile. S’y ajoute le risque de lésion des
organes de voisinage comme une plaie du rectum, par
exemple.
Les voies d’abord
Historiquement, la prostatectomie était réalisée par
voie périnéale. Dans les années 1980, a été proposée la
voie rétropubienne qui est toujours utilisée de nos jours.
La prostatectomie totale rétropubienne peut être réalisée par chirurgie ouverte, par voie laparoscopique ou
par robotique.
La voie rétropubienne est classiquement une voie
sous-péritonéale. Cependant, avec le développement
de la laparoscopie et de la robotique, afin de gagner en
espace de travail, on commence l’intervention en intrapéritonéal ce qui impose ensuite d’abaisser la face antérieure de la vessie pour aborder la face antérieure de la
prostate (figure 1).
L’incontinence urinaire
Même si cela est loin d’être systématique, la survenue de fuites d’urine plus ou moins importantes à l’ablation de la sonde vésicale est fréquente. Elle peut avoir
plusieurs causes : la disparition d’un obstacle à l’écoulement de l’urine, l’exérèse du col vésical, une lésion du
sphincter externe de l’urèthre, une modification de la
mobilité de l’urèthre et l’apparition d’une hyperactivité
vésicale.
Les fuites d’urine persistent en général quelques
semaines ou mois et disparaissent soit spontanément,
soit après la réalisation d’une rééducation périnéosphinctérienne. Il est actuellement admis que moins de
5 % des patients auront une incontinence urinaire sévère
un an après la chirurgie, qui nécessitera une nouvelle
intervention pour traiter ces fuites.
PT laparoscopique
PT rétropubienne
La dysfonction érectile
La fréquence de survenue d’une dysfonction érectile
en postopératoire dépend de différents paramètres que
sont l’âge du patient, la persistance d’une sexualité avant
PT périnéale
Figure 1. Prostatectomie totale (PT) : différentes voies d'abord.
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la chirurgie, le caractère conservateur ou non de la chirurgie et si la conservation a eu lieu, son caractère uniou bilatéral.
rapie s’inscrit aussi en première ligne dans l’arsenal des
modalités de traitement, notamment dans le cas du cancer de la prostate. Ce positionnement tient compte à la
fois des progrès technologiques réalisés par la discipline
sur la précision de la balistique des faisceaux de traitement (radiothérapie conformationnelle 3D et modulation d’intensité) et de l’amélioration des résultats carcinologiques obtenue par l’escalade de la dose et les
associations hormonothérapie et radiothérapie. C’est
l’apport de l’imagerie moderne (scanner et IRM) qui a
permis au radiothérapeute de rentrer dans l’ère des traitements tridimensionnels, puis conformationnels. En
effet, l’établissement de la prise en charge du patient
sous la machine de traitement respecte une cascade
d’événements qui s’enchaînent depuis la consultation
avec l’oncologue radiothérapeute jusqu’à la dernière
séance de traitement sous l’accélérateur linéaire, comme
le fait apparaître le diagramme suivant (figure 2).
Les 4 étapes successives sont systématiquement réalisées dans un ordre précis pour chaque patient traité. Elles
peuvent dépendre des conditions techniques locales.
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Les résultats oncologiques
de la prostatectomie radicale
Entre un et trois mois après la réalisation d’une prostatectomie totale, un dosage du PSA total est pratiqué. Il
convient d’être indosable, inférieur à 0,01 ng/mL. Si le
PSA total reste dosable, cela signifie soit que l’ablation de
la pièce opératoire a été incomplète, soit que le patient
présente une atteinte ganglionnaire ou des métastases.
En revanche, lorsque le PSA total initialement négativé redevient dosable sur au moins deux dosages consécutifs, nous parlons de récidive biologique. Après prostatectomie totale, le risque de récidive biologique est de
30 %. Le risque dépend du stade histologique, de l’agressivité de la tumeur (score de Gleason), du taux de PSA
total préopératoire, de la présence de marges positives
et d’un envahissement ganglionnaire.
Étape 1 : la réalisation d’une contention
adaptée au patient
La reproductibilité du positionnement du patient sous
l’accélérateur est une condition importante du gain
d’épargne dosimétrique obtenu sur les organes à risque
comme la vessie et le rectum. La possibilité d’immobiliser le patient dans un moule en mousse thermo-expansée ou dans des cales « pieds-genoux-tête » assure
une qualité de repositionnement de l’ordre de 5 mm
(figure 3). Cette étape est réalisée au simulateur ou au
moment de la simulation virtuelle au scanner de centrage. En cas de traitement conventionnel, la simulation
des faisceaux de traitement est réalisée durant cette étape.
Des clichés orthogonaux radiologiques sont alors
effectués et les volumes cibles sont déterminés par rapport aux pièces osseuses de référence (bassin, vertèbres
lombaires). Pour certaines équipes, une opacification
urétrale est proposée afin de retrouver l’apex prostatique (repéré par rapport au sphincter urétral membraneux) sur les examens radiologiques.
Traitements adjuvants
Lorsque l’étude histologique de la pièce de prostatectomie montre qu’il s’agit d’une tumeur T3 (franchissant la capsule) ou qu’il existe des marges positives, plusieurs études ont mis en évidence un avantage, en termes
de récidive biologique, à réaliser une radiothérapie
externe adjuvante sur la loge de prostatectomie.
En cas de présence d’un envahissement ganglionnaire,
il convient de proposer une hormonothérapie adjuvante.
Suivi oncologique après prostatectomie totale
Après prostatectomie totale, un suivi clinique et biologique par dosage du PSA total est réalisé. Les recommandations du comité de cancérologie de l’Association
Française d’Urologie indiquent que le suivi doit débuter
par un dosage du PSA total trois mois après l’intervention
puis, s’il est indétectable, être réalisé tous les 6 mois pendant 3 à 5 ans, puis tous les ans pendant 10 à 15 ans.
La radiothérapie externe
Étape 2 : le repérage scanner, la planification,
la simulation virtuelle
Après la réalisation d’une contention adaptée, le
patient va bénéficier d’un repérage scanner en position
de traitement (figure 4). L’utilisation d’un produit de
Technique et matériel
Au stade localisé, la prise en charge thérapeutique
des cancers urologiques fait appel à la chirurgie en première intention. Depuis quelques années, la radiothéBulletin Infirmier du Cancer
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Consultation initiale avec le radiothérapeute
Etape n°1
{
Choix et personnalisation d’un système de
contention adapté au patient et à la localisation
Figure 4. Scanner pour le repérage 3D et console de simulation
virtuelle pour le contourage.
contraste iodé varie selon les équipes et la localisation
anatomique analysée. Les images scanner sont jointives
et en coupes fines afin de permettre une reconstruction
en 3 dimensions la plus précise possible des volumes
intéressants.
Les données anatomiques acquises sont transférées
par liens informatiques sur une console de simulation
virtuelle. Elle va permettre au radiothérapeute de délimiter sur chaque niveau de coupe scanner les organes
à risque (vessie et rectum pour la prostate), le volume
cible macroscopique (GTV = Gross Tumor Volume), le
volume cible clinique (clinical target volume ou CTV
= GTV + marge). Le volume cible planifié (planified target volume [PTV]) correspond au volume qui englobe
les différentes positions du CTV dans le patient (organe
en mouvement propre) et les incertitudes de repositionnement du patient à chaque séance de traitement.
Pour la prostate, le GTV ne s’applique pas au contour
sur coupes scanner car le volume tumoral n’est pas individualisable de l’organe (figure 5).
La planification de la balistique des faisceaux d’irradiation peut être ainsi effectuée dans une collaboration
radiothérapeute-physicien. Selon les données du contourage anatomique, à l’aide du logiciel de dosimétrie 3D,
l’équipe de dosimétrie (physicien et dosimétriste) va représenter la position des faisceaux de traitement et calculer
la distribution de la dose délivrée au patient (dosimétrie
prévisionnelle). La console de planification de traitement
permet de déterminer virtuellement (c’est-à-dire sans
patient, d’où le nom de simulation virtuelle) une ou plusieurs balistiques de traitement, c’est-à-dire la position, le
nombre, l’orientation, l’énergie, les dimensions et la forme
de chaque faisceau d’irradiation permettant d’optimiser
le traitement. La radiothérapie conformationnelle 3D
repose sur une distribution de la dose calquée aux
contours des volumes cibles d’intérêt. Pour la radiothérapie conformationnelle en modulation d’intensité, un
logiciel d’optimisation de la dose est nécessaire pour cal-
Export des images scanner
Réalisation de la simulation virtuelle
 balistique, images de référence
Etape n°2
{
Réalisation de la dosimétrie prévisionnelle
Export des paramètres de traitements – double
vérification des images de référence
Etape n°3
{
{
Etape n°4
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Acquisition des images scanner du patient
en position de traitement
Simulateur ou accélérateur : vérification de tous
les champs de traitement avec le patient
par rapport aux images de référence
1re séance de traitement : vérification des champs
d’irradiation à l’aide de l’imageur portal
Exportation et validation des images
de contrôle via réseau
Si images validées
par médecin
- Traitement Images de contrôle sous l’appareil
Figure 2.
Figure 3.
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Figure 5.
culer une distribution inhomogène de la dose au sein du
volume irradié (figure 6).
Ainsi, il est possible d’améliorer la conformation de la
dosimétrie (isodose concave autour du rectum), d’augmenter la dose délivrée au tissu tumoral et de mieux protéger les tissus sains environnants. C’est grâce à l’apport
de l’outil « multilames », inséré sur la tête de l’accélérateur
à la sortie du faisceau, que la dose est conformée aux
organes par le jeu des lames mobiles. L’existence de ces
collimateurs multilames permet d’éviter l’utilisation très
contraignante et source d’erreurs des caches en plomb
(figures 7 à 9).
Le nombre de faisceaux de traitement varie selon les
équipes (de 5 à 9 faisceaux). La dose délivrée est déterminée selon les groupes pronostiques de d’Amico entre
70 et 80 Gy, actuellement en France, en fraction quoti-
1
Cible
95 à 100 % dose
50 à 95 %
2
Faisceaux
non modulés
Orange à risque
3
Faisceaux
modulés
1 : Radiothérapie (RTE) classique 2D (68- 70 Gy)
2 : RTE Conformationnelle 3D (70-78 Gy)
3 : RTE Conformationnelle avec modulation d’intensité (> 78 Gy)
Figure 6.
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Figure 7. Multilames se conformant au contour de la tumeur.
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dienne de 1.8 à 2 Gy séance. La durée totale de traitement (l’étalement) est donc comprise entre 7 et 8
semaines pour une séance quotidienne, 5 jours par
semaine. Le rapport final de dosimétrie établit ensuite
les images de référence qui sont nécessaires au contrôle
du repositionnement du patient à chaque séance. Elles
sont reconstruites à partir des images scanner selon un
mode radiographique (DRR = digitally reconstructed
radiograph). La position des lames délimitant par faisceau le volume irradié est représentée sur les BEV (Beam
eye view = vue depuis la source) (figure 10).
La dosimétrie est contrôlée par le radiothérapeute
grâce aux histogrammes dose volume (HDV) (figure
11). Ils établissent graphiquement une représentation
de la dose dans l’organe dessiné par le médecin selon
la distribution de la dose calculée. La décision d’acceptation et de validation de la dosimétrie est effectuée si
les doses délivrées coïncident avec les contraintes fixées
préalablement par le radiothérapeute, entre la dose
répartie au volume cible (CTV ou PTV) et la dose reçue
par les organes à risque (vessie, rectum, têtes fémorales).
Etapes 3- 4 : simulation « réelle » de la balistique
de traitement-exécution et vérification
du traitement
Cette étape a pour but de vérifier s’il y a concordance
entre la simulation virtuelle proposée et le traitement
réel du patient. Au simulateur, le patient est remis en
position de traitement et centré grâce à des dispositifs
de lasers sur son nouvel isocentre (point de concordance
Figure 8. Exemple de balistique 3D et de dosimétrie prévisionnelle pour le traitement de la prostate.
Figure 9. Comparaison d’une dosimétrie prévisionnelle conformationnelle 3D (RTC 3D) et en modulation d’intensité (RTCMI) pour un cancer de la prostate, avec 5 faisceaux de traitement.
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électronique d’imagerie haute énergie disponible sur
chaque appareil de traitement. Cette imagerie embarquée appelée imagerie portale permet la vérification de
la position du patient sur la table de traitement (figure 12).
Les logiciels associés à ce système d’imagerie permettent de recaler l’image de référence et l’image de
contrôle et calculent à partir des repères osseux du patient,
les décalages à effectuer pour retrouver la position de
référence du patient adoptée lors du passage au scanner.
Ces images sont disponibles via le réseau et peuvent être
validées par le médecin si le manipulateur estime qu’il y
a une discordance dans le repositionnement.
Avec l’apport de l’imagerie moderne, s’est développé
le concept de l’imagerie embarquée sur la machine de
traitement afin de vérifier au quotidien la position du
patient sur la table de traitement. Les dernières avancées
techniques ont permis la possibilité d’avoir sur l’accélérateur une imagerie de type 3D scanner. Selon les
constructeurs les noms des systèmes diffèrent mais l’idée
repose sur un détecteur couplé à une source de photons de basses énergies (Kilovolt (kV)). Le détecteur est
placé à 90° par rapport à l’imagerie portale de contrôle
de l’image en photons de hautes énergies (Mégavolt
Figure 10. Beam eye view (BEV) sur digitally reconstructed
radiograph (DRR) d’un champ latéral droit pour un cancer de
la prostate avec représentation 3D des organes à risque (vessie, rectum) et des volumes cibles (CTV = prostate + vésicules
séminales et PTV-volume cible panifié).
des faisceaux) de traitement. Des images radiographiques des champs d’irradiation sont réalisées et comparées aux images de référence issues de la dosimétrie.
A l’issue de cette étape, la position et la balistique proposées sont validées pour le patient. Lors de la 1re séance
de traitement ainsi qu’une fois par semaine en moyenne,
des clichés de contrôle sont réalisés grâce au système
Figure 11. Histogramme dose volume d’une dosimétrie prévisionnelle conformationnelle en modulation d’intensité pour un cancer de la prostate.
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Figure 12. Principes de l’imagerie portale embarquée. Comparaison image de référence (à gauche)
et image de contrôle (à droite) pour un faisceau antérieur pour un traitement de la prostate. Les
décalages sont donnés par le logiciel de recalage.
(MV)). La séquence d’émission du faisceau de basse
énergie se fait soit en images orthogonales pour vérifier
un faisceau, soit sur une hélice complète de l’accélérateur réalisant une séquence en rotation qui peut être
reconstruite pour générer une imagerie de type scanner
(imagerie en cône par tomographie = cone beam computer tomography [CBCT). Ainsi le repositionnement ne
se fait plus qu’à partir des structures osseuses du patient
recalées sur de l’imagerie Rx mais sur une imagerie 3D
qui recale sur les tissus mous (prostate comme volume
cible et rectum et vessie comme organes à risque). De
ce fait les notions anciennes de remplissage ou de
vacuité des organes adjacents à la prostate (rectum et
vessie) qui interfèrent avec la position et le mouvement
de la prostate sont importantes et peuvent être contrôlées visuellement pendant chaque séance (figure 13).
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Lorsque les images de contrôle initial sont validées,
le traitement débute. L’irradiation est conditionnée à l’accord entre les paramètres initiaux et ceux réalisés, ce
qui évite les erreurs aléatoires de recopie durant le
traitement.
Indications de traitement
La radiothérapie externe est l’une des méthodes thérapeutiques curatives des cancers de la prostate. On distingue la radiothérapie première ou exclusive et la radiothérapie postopératoire (adjuvante ou de rattrapage). La
radiothérapie première est indiquée au stade localisé
(en alternative à la prostatectomie radicale notamment
pour les patients de plus de 70 ans, avec une morbidité
compétitive importante, s’il existe une contre-indication
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Figure 13.
à la chirurgie ou selon la préférence du patient) ou au
stade localement avancé. La radiothérapie adjuvante est
indiquée en adjuvant à la prostatectomie radicale chez
certains groupes de patients, notamment les patients
cT1, cT2 reclassés pT3.
monter la dose au-delà de 76 Gy (80 à 86 Gy) avec une
sécurité confortable. Parallèlement à cette recherche du
meilleur ratio gain d’efficacité et tolérance, toujours en
cours, il est possible d’augmenter l’impact bénéfique du
traitement d’irradiation par la concomitance d’un traitement médicamenteux hormonal prescrit avec une radiothérapie.
Si on considère la définition commune des groupes
à risque de progression (risque faible ou groupe favorable : T1-T2 et PSA ≤ 10 ng/mL et Gleason ≤ 6 ; risque
ou groupe intermédiaire : T1-T2 et/ou PSA ≤ 20-30 et/ou
Gleason 7 ; risque élevé ou groupe défavorable : T3,
PSA > 20 ou Gleason > 7) la distribution d’une dose
supérieure à 70 Gy semble bénéfique pour tous les
groupes à risque. L’hormonothérapie intervient pour
certains stades.
Pour le groupe favorable, les études rétrospectives
montrent un gain non significatif en survie sans rechute
biologique lorsque l’augmentation de la dose est faible
(de 70 à 75 Gy médian). L’hormonothérapie n’est pas
utilisée.
La radiothérapie prostatique
Le cancer de la prostate est une tumeur de bonne
radiosensibilité et elle répond à la théorie de l’effet-dose.
Plus on donne de rayons à la prostate, meilleur est le
contrôle tumoral. À un certain seuil, la toxicité intervient
et la recherche d’une escalade de la dose optimale dans
la prostate est en cours (palier de 70 à 80 Gy atteint),
tout en essayant de minimiser l’impact de ces fortes doses
aux organes à risque adjacents. La technique de radiothérapie conformationnelle a permis de franchir le palier
de 70 Gy avec une toxicité gérable car le gain en précision balistique amenait une sécurité et une précision
dosimétrique et en délivrance de la dose à la prostate.
La technique en modulation d’intensité et l’imagerie
moderne de contrôle de positionnement permettent de
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Pour le groupe des patients de risque intermédiaire,
l’escalade de dose (de 70 à 78-80 Gy) montre un gain
en termes de survie sans récidive biologique sans augmenter la toxicité rectale ou urinaire de façon importante pour peu que l’on respecte des critères balistiques
et dosimétriques publiés. Une hormonothérapie courte
de 4 à 6 mois peut être associée à la radiothérapie, avant
ou pendant ou après.
Pour le groupe à haut risque, le traitement repose
sur l’association radiothérapie externe et hormonothérapie au long cours de 3 ans. De plus, les volumes de
traitement sont modifiés pour inclure le risque d’extension ganglionnaire pelvienne. Grâce à des tables de
risque ou des nomogrammes prédictifs du risque d’extension ganglionnaire supérieur à 10-15 %, selon les
équipes, le patient se verra proposer une expertise chirurgicale par curage (cœlioscopique ou non) dit extensif des différents territoires pelviens ganglionnaires ou
une radiothérapie incluant dans un premier temps la
prostate, les vésicules séminales et les territoires ganglionnaires d’intérêt. Là encore, la technique d’irradiation pelvienne en RCMI (radiothérapie conformationnelle en modulation d’intensité) épargne mieux les
organes à risque vessie et rectum comme montré sur
l’illustration dosimétrique de 2 traitements (figure 14).
prédictifs de rechute biologique. En analyse multifactorielle, le taux de PSA, le score de Gleason, les marges
chirurgicales envahies sont des facteurs prédictifs de
rechute biologique après prostatectomie radicale. La
multiplicité, l’extension ou le siège des marges sont
cependant des éléments qu’il convient de prendre en
considération. Il a ainsi été démontré qu’une marge
focale positive, a fortiori apicale, n’était pas, quand la
tumeur était bien différenciée et le taux de PSA initial
inférieur à 10 ng/mL, un facteur pronostique défavorable pour la rechute locale. Par ailleurs, l’extension
extracapsulaire de la maladie (pT3) est associée à un
risque de rechute locale d’environ 30 %. Cette situation
est aussi une indication à la radiothérapie après prostatectomie radicale.
En pratique courante, elle peut être retenue chez les
patients pT3, pN0 avec un envahissement capsulaire,
des vésicules séminales positives ou une recoupe chirurgicale positive avec un PSA indosable, un mois après
le geste chirurgical.
Si l’indication d’irradiation postopératoire est retenue, cette dernière doit être réalisée de préférence dans
un délai de trois mois postopératoire, en photons de
hautes énergies, en technique conventionnelle ou
conformationnelle à la dose de 60 Gy en 30 fractions et
6 semaines.
Si l’irradiation est différée, on se retrouve dans une
situation où le taux de PSA est resté indétectable après
la chirurgie quelques mois, puis le taux est remonté. On
La radiothérapie postopératoire
L’indication de radiothérapie adjuvante à la prostatectomie radicale repose sur l’identification de facteurs
Figure 14.
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La curiethérapie de la prostate
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pense donc à une radiothérapie de rattrapage qui repose
sur des critères objectifs de rechute locale dans la loge
opérée. Le temps de doublement du PSA > 6 mois, le
critère marges positives, l’absence d’invasion des vésicules séminales et un taux de PSA postopératoire inférieur à 1 ng/mL évoquent une rechute locale. Avec la
même technique que la radiothérapie adjuvante, la dose
délivrée sera de 66 à 70 Gy.
L’irradiation est moins efficace lorsque le PSA postopératoire reste élevé, situation qui peut refléter la présence de métastases occultes ou d’une maladie agressive.
La curiethérapie prostatique est une technique maintenant validée aux États-Unis et en Europe. Les expériences à plus de 10 ans sont de plus en plus nombreuses, avec, pour une population sélectionnée, des
résultats équivalents à ceux de la chirurgie. Le nombre
d’applications et de centres applicateurs a réellement
augmenté à partir de 1995, avec la cotation de l’acte. En
France, la pratique de cette technique est plus récente.
En 1998, deux centres uniquement utilisaient la curiethérapie prostatique avec implantation permanente, puis
4 centres fin 1999. Aujourd’hui cette technique est largement répandue, couvrant la majorité du territoire français.
La curiethérapie prostatique est une technique complexe faisant coopérer plusieurs intervenants : un urologue, un radiothérapeute, un physicien et tout le personnel d’un bloc opératoire. Selon des directives
ministérielles récentes, elle ne peut être pratiquée que
dans des centres agréés pour la curiethérapie en général, avec une extension pour l’iode 125. Une formation
spécifique est obligatoire, tant théorique que pratique
pour les praticiens. Le centre doit aussi pratiquer 25 actes
de curiethérapie autres que ceux concernant la prostate.
Prise en charge
des effets secondaires
Durant une irradiation conformationnelle pour un
cancer de la prostate, le patient est exposé à deux types
d’effets indésirables irritatifs aigus (rectite aiguë, cystite
aiguë) dont l’intensité est corrélée à l’importance du
volume traité d’où la nécessité de rechercher la balistique la plus épargnante possible.
La rectite aiguë survient, quelle que soit la technique
balistique utilisée, vers la 4e semaine de traitement. Elle
reste d’intensité modérée à faible si la radiothérapie est
conformationnelle au-delà d’une dose de 70 Gy délivrée
sur la prostate. Elle reste également faible à modérée si
la modulation d’intensité est utilisée au-delà de 74 Gy.
Elle se manifeste par une accélération du transit, des
diarrhées, des sensations d’hémorroïdes et la présence
de glaires. Des traitements symptomatiques peuvent être
prescrits (antispasmodiques, plâtre digestif, ralentisseur
du transit) ainsi que des mesures d’hygiène diététiques
(régime alimentaire, hydratation).
La cystite radique aiguë se manifeste de façon
conjointe à la rectite et dépend du volume de vessie intégré au volume PTV traité. Elle reste d’intensité modérée
même en cas d’escalade de la dose mais reste dépendante du choix technique utilisé pour la balistique des
faisceaux en cas de dose élevée (> 74 Gy). Elle se manifeste par une pollakiurie plus ou moins intense ainsi
qu’une dysurie et des brûlures urinaires au-delà de 70
Gy. Comme pour la rectite, le traitement fait appel à une
bonne hydratation.
Au-delà du traitement, la récupération fonctionnelle
de ces effets est rapide sur une quinzaine de jours en
moyenne. Par la suite des effets secondaires tardifs (après
le sixième mois) peuvent se manifester mais sont dépendants de la dose délivrée et du volume traité.
Bulletin Infirmier du Cancer
partie)
Pratique de la curiethérapie
La pratique de la curiethérapie repose sur des règles
de bonne conduite qui ont été définies par les sociétés
savantes américaines, européennes ou françaises. Ces
règles sont simples, mais indispensables pour une bonne
qualité de traitement.
La curiethérapie prostatique par implantation permanente ne traite que la prostate et 1 à 2 millimètres
autour de celle-ci. Elle est réservée aux tumeurs strictement intraprostatiques.
Le caractère localisé de la tumeur est déterminé a
contrario par l’absence de signes d’extension extraprostatique.
La stadification repose sur l’examen clinique par le
toucher rectal, le taux sérique de PSA, les caractéristiques
des biopsies faites sous contrôle échographique et le
grade histologique de la tumeur (score de Gleason). Certaines équipes s’aident d’une IRM endorectale, examen
le plus fiable pour identifier un envahissement tumoral
extraprostatique,
L’American Brachytherapy Society (ABS) a claire-
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partie)
ment réservé la curiethérapie prostatique en monothérapie aux patients présentant une maladie localisée à la
prostate (sans atteinte ganglionnaire ou métastase),
T1/T2a, score de Gleason ≤ 6 et PSA ≤ 10. Avec une IRM
endorectale, certaines équipes proposent la curiethérapie à des patients T2b, et/ou avec un score de Gleason
7 (3+4) et/ou un PSA > 10ng/ml.
Par ailleurs, trois points liés à la technique et aux
résultats fonctionnels sont à connaître :
• lorsque le volume prostatique dépasse 50 cc,
l’arche pubienne peut rendre difficile le positionnement
des aiguilles. Dans ce cas, un traitement hormonal
neoadjuvant pendant 3 mois permet de diminuer le
volume de la prostate rendant possible l’implantation.
• lorsque les patients ont eu une résection endoscopique, il existe un risque majoré d’incontinence.
• lorsque des signes urinaires obstructifs existent, ils
exposent au risque de rétention post-thérapeutique et,
le plus souvent, de résections endoscopiques secondaires. Cette situation doit être évitée compte tenu du
risque élevé d’incontinence après résection endoscopique.
rapport au volume prostatique avec histogrammes dosevolume. Le contrôle de la dosimétrie post-implantation
peut également être fait par IRM, la position des grains
étant identifiée sur les images en T1 ou après fusion
scanner-IRM.
Selon l’ABS, l’évaluation de l’application doit faire
appel à trois facteurs : la D90 (la dose délivrée à 90 %
de la prostate), la V100 et la V150 (les pourcentages du
volume prostatique recevant 100 % et 150 % de la dose
prescrite soit 145 Gy et 217.5).
Méthodes d’implantation
et résultats
L’inconvénient essentiel des implants permanents
est l’impossibilité de modifier leur position après leur
mise en place dans la prostate. La technique d’implantation et sa maîtrise sont donc particulièrement
importantes pour essayer d’obtenir la meilleure répartition des grains, nécessitant une optimisation de leur
positionnement avant ou pendant leur mise en place
pour éviter la création de zones de sur- ou de sousdosage (figure 15). L’apprentissage de la technique est
long et peut demander plusieurs dizaines de patients.
La formation et l’entraînement d’une équipe sont donc
capitaux.
Il existe deux techniques pour l’implantation permanente des grains. Toutes deux sont pratiquées sous
anesthésie générale, le patient en position de Coteille et
avec abord périnéal sous contrôle échographique endorectal :
• La première méthode dite avec préplanning, développée par Blasko et Ragde comporte deux étapes. Une
première échographie permet l’acquisition tridimensionnelle de la prostate par des coupes transverses tous
les demi-centimètres. Une dosimétrie prévisionnelle est
par ailleurs réalisée. Le jour de l’implantation, le patient
est mis dans la même position que le jour de la première
échographie. C’est là que se situe la principale difficulté
Qualité du traitement
L’ABS a également émis des recommandations sur
les doses et les moyens d’évaluation de la curiethérapie
de prostate. Les doses préconisées sont, pour l’iode 125,
de 145 Gy en monothérapie. Les cancers de la prostate
étant fréquemment multifocaux, le volume cible doit
être la glande dans sa totalité ; les organes critiques sont
la vessie, l’urètre et le rectum.
L’évaluation doit être faite par une dosimétrie basée
sur les images d’un scanner, ou mieux une fusion
IRM/scanner, pratiqués au moins un mois après l’implantation, le volume prostatique variant beaucoup pendant le premier mois avec les réactions traumatiques
consécutives à l’intervention (hématome, œdème). Cette
évaluation, même si elle n’apporte aucun bénéfice au
patient, est une étape capitale du traitement. Elle permet une auto-évaluation de la qualité de celui-ci, une
surveillance et une amélioration des équipes traitantes,
et elle est en plus pronostique pour la survie sans récidive. Après identification des sources dans la prostate,
la distribution des doses est calculée en tenant compte
de la superposition des courbes isodoses sur chaque
image de scanner, ce qui permet d’obtenir une analyse
détaillée tridimensionnelle de la distribution de dose par
Bulletin Infirmier du Cancer
Figure 15. Implantation et visualisation des grains d’iode dans
la prostate.
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de cette technique. Les grains sont ensuite positionnés
selon les données du calcul de dose tridimensionnel.
Cette technique est le plus souvent utilisée par les
équipes utilisant les grains liés.
• La seconde technique dite en temps réel, développée par Stone et Stock se déroule en une seule étape.
Il n’y a pas de planification préalable, et l’implantation
suit des règles géométriques précises en fonction des
dimensions de la prostate mesurées par échographie.
Le calcul de la répartition de la dose est fait au fur et à
mesure, en temps réel, avec un logiciel qui permet
d’adapter la position des aiguilles et des grains en fonction de l’aspect de la couverture prostatique, des courbes
isodoses et des données des histogrammes dose/volume
(figure 16).
Il n’existe pas de bonnes ou de mauvaises techniques, seulement de bonnes ou de mauvaises applications. Les deux techniques donnent des résultats équivalents pour des équipes entraînées, même si la seconde
méthode semble plus fiable. Le but est d’obtenir les critères de qualité cités plus haut (et principalement une
D90>145Gy).
Les résultats des différentes études sont concordants.
Le taux de contrôle du PSA à 10 ans est proche de 80 %,
toutes populations confondues. Ces résultats sont
proches de ceux de la chirurgie.
Les résultats dépendent aussi de la qualité du traitement. Le taux de contrôle de la maladie à 10 ans dépasse
90 % pour les patients avec une application de bonne
qualité.
Les effets secondaires
Les effets secondaires initiaux sont principalement
urinaires. Plus de 40 % des patients vont présenter
une dysurie avec une fréquence de mictions inférieures à deux heures, et dans plus de 15 % des cas,
inférieurs à l’heure. Ces symptômes durent en majorité 3 à 4 mois, puis s’amendent ensuite. Ces signes
sont partiellement maîtrisés par les alpha-bloquants.
Cette toxicité est corrélée a la taille de la prostate, au
nombre de grains, à la dysurie antérieure et aux critères dosimétriques.
À long terme, les complications sont principalement
rectales. Elles existent dans 5 à 10 % des cas. Elles se traduisent par des rectorragies, parfois par des glaires. Des
traitements spécifiques existent.
Au niveau de la sexualité, la capacité de rapport
sexuel pour les patients le désirant est maintenue dans
près de 90 % des cas, parfois avec l’aide de traitements
per os. Pour la population générale, le taux est situé entre
50 et 76 %. Mais la sensation d’orgasme est différente et
l’oligospermie est fréquente.
Les traitements focaux
High Intensity Focused
Ultrasound : HIFU
L’HIFU est un système médical piloté par un ordinateur pour traiter le cancer de la prostate par action des
ultrasons focalisés de hautes fréquences. Le but est de
générer par voie transrectale une destruction tissulaire
par action thermique. La température prostatique est
montée focalement jusqu’à 85 °Celsius grâce à une sonde
endorectale positionnée dans le rectum du patient sous
anesthésie locorégionale. La sonde porte une source qui
émet un faisceau d’ultrasons focalisé sur une zone
prostatique très limitée dans laquelle la température augmente rapidement lors de l’absorption tissulaire du faisceau. Lorsque cette manœuvre est appliquée en différents points de focalisation du faisceau dans l’organe, la
prostate est traitée (figure 17). La procédure dure entre
1 et 3 heures selon la taille de la prostate mais elle reste
une technique ambulatoire.
La réalisation d’une résection transurétrale de la prostate (synchrone ou préalable) pour diminuer le risque
de rétention urinaire postopératoire accompagne la procédure de soin.
Figure 16.
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partie)
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Figure 17.
Ce traitement est utilisé d’après la charte AFU (Association Française d’Urologie), pour des patients âgés
préférentiellement de plus de 70 ans, dont l’espérance
de vie est au moins de 7 ans (ou à des patients plus
jeunes lorsqu’existe une morbidité compétitive) qui présentent une tumeur T1-T2 N0 M0, score de Gleason 7
(3+4), une valeur de PSA < 15 ng/ml, un volume prostatique < 50 cc, un volume tumoral limité (moins de 4
zones prostatiques atteintes sur 6). L’envahissement
important de l’apex expose au risque de sous-traitement
de cette zone par les ultrasons car le risque d’incontinence urinaire est important.
Cependant, un score de Gleason à 7, un PSA entre
10 et 20, un volume prostatique entre 40 et 50 cc et la
présence de calcifications prostatiques apparaissent
comme des facteurs de mauvais résultat thérapeutique.
La survie sans récidive biologique est estimée entre 60
à 70 % à 5 ans, le pourcentage de biopsies négatives
post-traitement varie de 80 à 90 %. Les résultats fonctionnels montrent 94,3 % de continence (5 % d’incontinence de grade 1 et 0,7 % de grade 2), 7,1 % des patients
ont une infection urinaire post-HIFU.
L’HIFU s’est développée également dans le traitement
de la rechute prostatique après radiothérapie. L’inconvénient d’indication repose sur la possibilité de différencier rechute locale intraprostatique et rechutes locales
et à distance associées. Ainsi les facteurs pronostiques
défavorables sont les groupes à risque non faible, le PSA
pré-HIFU et l’utilisation d’une hormonothérapie préalable. Les résultats fonctionnels montrent un taux d’incontinence de grade variable de 49,5 % et un risque de
fistule recto-urétrale de 3 %. Cette technique est toujours
en cours d’évaluation sur le territoire national.
Figure 18. Cryothérapie : aiguilles implantées et refroidissement de la prostate.
nique du froid. En effet, grâce à l’utilisation également
d’une sonde endorectale pour guider l’implantation, des
aiguilles sous anesthésie générale sont positionnées dans
la prostate à travers la paroi rectale (figure 18). Un
réchauffement urétral pour limiter les complications
accompagne le geste. Au travers des aiguilles circule le
produit qui refroidit la prostate et gèle les cellules
cancéreuses. Les effets bénéfiques et toxiques sont
dépendants des vitesses de refroidissement et de réchauffement ainsi que du nombre de cycles de refroidissement-réchauffement.
La cryothérapie s’applique en premier lieu aux
tumeurs à risque faible – voire de risque intermédiaire –
pour une glande de moins de 40 cc. Les suivis sont
variables avec des critères de survie sans progression
fondés sur la valeur du PSA post-cryothérapie ou le résultat des biopsies post-traitement. Ce traitement peut s’utiliser comme rattrapage local après radiothérapie externe.
Le taux de complication varie entre 47 et 100 % pour la
dysfonction érectile, de 1,3 à 19 % pour l’incontinence
et de 2 à 55 % pour la sténose du col vésical. Les complications de la cryothérapie de 3e génération sont avant
tout la dysfonction érectile (80 %), l’incontinence (5 %),
les sténoses du col vésical, les fistules recto-urétrales
(0,2 %) et les douleurs périnéales (3 %).
L’hormonothérapie
La cryothérapie
Principes généraux
À l’inverse de l’HIFU qui détruit les cellules cancéreuses par hyperthermie, la cryothérapie utilise la techBulletin Infirmier du Cancer
Le cancer de la prostate est un cancer dit hormonosensible, c’est-à-dire que la croissance des cellules can-
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céreuses est stimulée par une hormone spécifiquement
masculine : la testostérone. La testostérone est une hormone androgène, c’est-à-dire responsable des caractères
masculins comme les poils sur la poitrine et sur le visage.
Au niveau de l’hypothalamus dans le cerveau est
sécrétée la LH-RH (luteinizing hormone-releasing hormone) de façon pulsatile. Elle stimule les récepteurs
hypophysaires ce qui déclenche la synthèse et la sécrétion de la LH (luteinizing hormone) et de la FSH (follicle stimulating hormone). La LH stimule les récepteurs
testiculaires au niveau des cellules de Leydig pour sécréter de la testostérone. De plus, il existe au niveau des
glandes surrénales des précurseurs de la testostérone
synthétisés (DHEA-S, androstènedione) qui vont être
captés par la cellule prostatique. Ils sont alors transformés en testostérone et par l’action d’une enzyme 5-alpharéductase en dihydrotestostérone. L’hormonothérapie
thérapeutique consiste à empêcher l’action stimulante
de la testostérone sur les cellules cancéreuses. Elle permet ainsi d’empêcher le développement de la tumeur
et ses éventuelles métastases.
chirurgie peut être proposée à un homme âgé pour qui
une vie sexuelle active n’a plus d’importance. Compte
tenu de ses conséquences ou de la peur de ressentir une
diminution de leur virilité, certains hommes ne souhaitent pas réaliser cette intervention. Ils peuvent alors choisir une hormonothérapie sous forme de médicaments.
Cette technique de la castration chirurgicale est aujourd’hui rarement utilisée.
La castration médicamenteuse
L’hormonothérapie anticancéreuse consiste à administrer certaines substances qui vont agir à différents niveaux
pour freiner la sécrétion de testostérone et inhiber la prolifération des cellules cancéreuses de la prostate.
Les analogues de la LH-RH : la production de testostérone par les testicules est déclenchée par une hormone, l’hormone de libération de la lutéinostimuline
(LH-RH).
La LH-RH est produite par l’hypothalamus, une
glande située à la base du cerveau. On peut donc bloquer la production de testostérone en utilisant des médicaments qui empêchent la sécrétion de LHRH, appelés
analogues de la LH-RH. L’administration d’analogues de
la LHRH entraîne d’abord une augmentation de la production de testostérone pendant une très courte durée,
puis une diminution qui empêche la croissance des cellules cancéreuses. L’augmentation momentanée de la
testostérone observée au début du traitement entraîne
ce qu’on appelle une « réaction de flambée tumorale »
(flare up).
Au cours de cette réaction, le patient peut avoir plus
de troubles urinaires ou de douleur osseuse. Pour réduire
ces symptômes, le médecin associe en général aux analogues de la LHRH un médicament anti-androgène. Les
analogues de la LHRH sont administrés au moyen d’une
injection sous la peau (figure 19). Selon le médicament
utilisé, l’injection peut être réalisée tous les mois, ou tous
les 3 ou 4 ou 6 mois. Le médicament est administré soit
de manière définie en situation associée à une radiothérapie pour les cancers localement évolués soit pour
le reste de la vie (de façon intermittente ou continue)
en situation métastatique et ce jusqu’à ce que le cancer
évolue.
Les 4 analogues de la LHRH les plus couramment utilisés sont (figure 20) :
– la buséréline (Bigonist®, Suprefact®) : laboratoire
Sanofi-Aventis, peu utilisé en France ;
Présentations des traitements
Les voies de modulation du blocage de la sécrétion
de la testostérone sont multiples et peuvent être de nature
chirurgicale ou médicamenteuse. La discussion du choix
du traitement proposé tient compte de l’âge du patient et
de l’évolution des techniques et parfois du coût.
La castration chirurgicale
L’ablation des testicules est une intervention qui
consiste à enlever le tissu des testicules qui sécrète la
testostérone. Soit la paroi externe des testicules est
conservée : on parle alors de pulpectomie. Soit, plus
rarement, tout le testicule est enlevé : on parle alors d’orchidectomie. C’est une intervention simple, réalisée au
moyen d’une anesthésie locale de la région du scrotum.
Au moyen d’une petite incision pratiquée dans le scrotum, le médecin retire soit la partie des testicules qui
sécrète la testostérone, soit la totalité des testicules. Dans
ce dernier cas, le scrotum apparaît plus petit après l’intervention. Généralement, le chirurgien remplace les
testicules par des prothèses.
Cette ablation entraîne une réduction de 90 à 95 %
de la testostérone dans le corps. Les cellules cancéreuses
de la prostate deviennent rapidement plus petites en
réponse à la privation soudaine de testostérone. Cette
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Injection sous-cutanée
abdominale
Figure 19.
Figure 20.
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– la goséreline (Zoladex® 3,6 mg mensuels, 10,8 mg trimestriel, par voie sous-cutanée) : laboratoire AstraZeneca ;
– la leuproréline (Enantone® 3,75 mg mensuels, 11,25
LP trimestriel, 30 mg semestriel, en sous cutanée) : laboratoire Takeda ;
– la leuproréline (Eligard® 22,5 mg trimestriel, 45 mg
semestriel, voie sous-cutanée) : laboratoire Astellas ;
– la triptoréline (Decapeptyl® 3 mg mensuel, 11,25 mg
trimestriel, 22,5 mg semestriel, voie intramusculaire) :
laboratoire Ipsen Pharma.
Ces analogues entraînent un blocage de la sécrétion
de l’hormone hypophysaire lutéinisante et consécutivement, une diminution de la fabrication des œstrogènes
et des androgènes. On parle de castration chimique.
dans environ 3 cas sur 4. Associé à un agoniste de la LHRH, il provoque un blocage androgénique complet. On
distingue les anti-androgènes stéroïdiens (Androcur®)
des non stéroïdiens (Casodex®, Eulexine® et Anandron®).
Les androgènes sont les hormones responsables des
caractères masculins comme les poils sur la poitrine et
sur le visage. L’androgène le plus connu et le plus présent chez l’homme est la testostérone. Pour mémoire,
il existe d’autres androgènes mais qui présentent des
taux sanguins beaucoup plus faibles, comme la DHEA
par exemple. Les androgènes sont nécessaires à la croissance des cellules cancéreuses de la prostate. Les médicaments anti-androgènes bloquent le fonctionnement
de la testostérone et empêchent son action. Ils peuvent
être administrés pour une certaine période de temps à
un patient qui prend des analogues de la LHRH afin de
réduire l’aggravation de ses symptômes et de la douleur causée par ces médicaments (réaction liée à la stimulation transitoire des cellules tumorales par le traitement).
Ils sont pris par voie orale sous forme de comprimés
(1 à 3 par jour) ou sous forme liquide par injection intramusculaire. Les types les plus courants sont :
– le bicalutamide (Casodex® 50 mg) : laboratoire Astrazeneca ;
– le flutamide (Eulexine® 250 mg) : laboratoire Schering
Plough ;
– le nilutamide (Anandron®150 mg) : laboratoire SanofiAventis ;
– l’acétate de cyprotérone (Androcur® 100 mg) : laboratoire Bayer Santé.
• Les antagonistes de la LH-RH : ils bloquent
directement les récepteurs hypophysaires. Ils inhibent
de façon immédiate la sécrétion de LH et de FSH, ce qui
entraîne la suppression immédiate de la sécrétion de
testostérone. Ainsi il n’existe pas de réaction de « flare
up» avec les antagonistes de la LH-RH. Il n’y a donc pas
d’intérêt à associer les anti-androgènes à l’initiation du
traitement. Actuellement est commercialisé en France
par le laboratoire Ferring un décapeptide nommé le
dégarelix (Firmagon® 80 mg, par voie sous-cutanée
(figure 21). Le traitement démarre par une dose de
charge de 2 fois 120 mg). Il réalise un effet similaire à
une castration chirurgicale mais avec la possibilité d’un
effet réversible.
• Les anti-androgènes : dans le cancer de la prostate, le traitement hormonal par les antiandrogènes va
permettre, grâce à la suppression de l’activité des androgènes, de diminuer le volume des tumeurs cancéreuses
• les œstrogènes : l’utilisation des œstrogènes est
particulièrement efficace mais limitée chez certains
patients. Ils agissent par effet direct sur la baisse de sécrétion de la testostérone et ont un effet direct apoptotique
sur les cellules androgéno- dépendantes et androgénoindépendantes du cancer prostatique. Les composés le
plus connu étaient le diéthylstilbestrol (DES ou Distilbène,
en comprimés de 1 mg d’œstrogène de synthèse) du laboratoire Lilly et le fosfestrol (ST 52, en comprimés) qui ont
disparus ou sont peu prescrits. Un mélange d’œstrogène
et d’une moutarde azotée, l’estramustine (Estracyt®, en
comprimés de 140 mg) du laboratoire Keocyt existe mais
est associé au Taxotère® en chimiothérapie en pratique
plus courante. En effet, il existe un risque cardiovasculaire de phlébite (survenue de caillot sanguin et d’inflammation des parois veineuses) ainsi qu’un risque de
Figure 21.
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survenue d’insuffisance coronarienne (diminution de la
vascularisation du myocarde proprement dit). Les oestrogènes donnent également des troubles digestifs, une
gynécomastie, une diminution de la libido mais pas d’ostéoporose.
douleurs osseuses, troubles des mictions (besoin pressant d’uriner [mictions urgentes], l'incapacité d’uriner, le
besoin fréquent d’uriner [mictions fréquentes], bouffées
de chaleur, transpiration, gonflement ou sensibilité de
la poitrine, diminution du désir sexuel, impuissance,
troubles intestinaux [diarrhée, constipation], étourdissements, maux de tête, perte d’appétit, vision trouble,
fatigue, prise de poids, phlébite [anti-androgènes et
œstrogènes], douleur ou rougeur au point d’injection.
• L’inhibiteur de l’enzyme cytochrome P450.
Cette enzyme est impliquée dans la synthèse de différentes hormones de la testostérone. Son inhibition diminue le taux de testostérone et des androgènes surrénaliens. Le plus utilisé est le kétoconazole (Nizoral®, en
comprimés), antifongique du groupe des imidazolés, du
laboratoire Janssen Cilag. Il est utilisé après échec des
agonistes de la LH-RH, mais est prescrit en maintenant
un traitement par agonistes. Sa toxicité est hépatique
essentiellement.
• Les effets secondaires tardifs
De nombreux hommes, qui doivent prendre des analogues de la LH-RH durant de longues périodes, éprouvent des effets secondaires tardifs dont un bon nombre
sont semblables aux effets à court terme : bouffées de chaleur, transpiration, gonflement ou sensibilité de la poitrine,
diminution du désir sexuel, impuissance, fatigue, prise de
poids, perte de densité osseuse (ostéoporose).
• Les derniers développements : les mécanismes
de l’hormono-résistance (concept de résistance à la castration) sont complexes et tournent autour du récepteur
aux androgènes. Les récents progrès cherchent soit à
obtenir une meilleure inhibition de la production des
androgènes extra-testiculaires, soit un effet antagoniste
plus puissant des récepteurs aux androgènes. Ainsi, l’acétate d’abiratérone est un médicament par voie orale qui
agit à plusieurs niveaux de la synthèse des androgènes.
Le MDV3100 est, lui, un nouvel antagoniste du récepteur
androgène. Ces traitements sont en cours d’évaluation.
La chimiothérapie
La chimiothérapie est un traitement qui consiste à
utiliser des médicaments contre les cellules cancéreuses
(par injection dans un site implantable le plus souvent
ou dans une veine). La chimiothérapie agit sur toutes
les cellules cancéreuses, même sur celles qui n’ont pas
été détectées par les examens d’imagerie.
La chimiothérapie était autrefois rarement utilisée
dans le traitement du cancer de la prostate car elle ne
s’était pas révélée efficace dans la lutte contre cette maladie ni dans l’amélioration de la survie. Des avancées
importantes ont montré que la chimiothérapie peut être
indiquée pour le traitement des cancers métastatiques
hormonorésistants dans le but de soulager la douleur
ou de maîtriser les symptômes de la maladie comme
avec l’étoposide, la navelbine ou la mitoxantrone
(Novantrone®). Depuis quelques années, le Taxotère®
(docétaxel), inhibiteur des microtubules, s’est imposé
comme la chimiothérapie de référence du cancer de la
prostate hormonorésistant. Les médicaments employés,
les doses administrées ainsi que le rythme des cures
varient d’une personne à l’autre, en fonction des caractéristiques du cancer et de la tolérance au traitement. Le
Taxotère® se délivre par voie intraveineuse chez le
patient porteur d’une chambre implantable, seul ou associé à l’estramustine. Les cycles sont soit de 21 jours (75
mg/m2) soit fractionné en J1 (35 mg/m2), J8 et repris à
J21. Comme avec la mitoxantrone, le traitement est
Les effets secondaires classiques
Les effets secondaires de l’ablation des testicules
dépendent surtout de l'état de santé général. Des hématomes et une sensibilité au siège de l’incision surviennent
habituellement tout de suite après la chirurgie. En général, ils sont temporaires et guérissent en quelques
semaines. Puisque l’intervention consiste à retirer les testicules, faisant ainsi chuter le taux de testostérone, la plupart des effets secondaires surviennent immédiatement
après la chirurgie et persistent pendant toute la vie.
Les effets de l’hormonothérapie dépendent surtout
du type de médicament, de la dose utilisée et de l'état
de santé général du patient. De façon générale, on
retrouve le plus souvent les effets décrits ci-après.
• Les effets secondaires à court terme
Il s'agit d'une réaction de stimulation tumorale (aggravation passagère des symptômes) qui se traduit par desBulletin Infirmier du Cancer
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Vol.11-n°3-juillet-août-septembre 2011
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conduit en 1re ligne avec de la cortisone (Prednisone
10 mg au quotidien). Il est actuellement recommandé
de disposer d’au moins deux augmentations successives
du PSA au-dessus de la référence antérieure et que ce
taux de PSA dépasse 5 ng/mL.
Le moment idéal pour initier une chimiothérapie reste
controversé. Si son indication n’est pas discutable dans
les formes métastatiques symptomatiques, il n’existe pas
de preuve pour justifier de la débuter précocement chez
les patients asymptomatiques. Le schéma hebdomadaire
peut être envisagé chez des patients incapables de recevoir un schéma optimal du fait de leur âge avancé, de
leur état général ou de pathologies associées. Une évaluation gériatrique est recommandée chez les patients
âgés, présentant des comorbidités. Il n’y a pas d’indication à une chimiothérapie chez les patients non métastatiques en échappement hormonal en dehors d’essais
thérapeutiques.
Pour une chimiothérapie de deuxième ligne, une
reprise du docétaxel chez les patients ayant montré une
bonne réponse initiale et présentant un intervalle libre
de plusieurs mois permet d’obtenir une réponse biologique chez plus de la moitié des patients pour une durée
médiane de réponse d’environ six mois. Mais la chimiothérapie de deuxième ligne par un nouveau taxane
semi-synthétique en cours d’AMM, le cabazitaxel (Jevtana®, en IV, 25 mg/m2), montre une amélioration de la
survie globale et devrait s’imposer prochainement
comme « la » référence.
Stade
Références
Options
Bon pronostic
Chirurgie,
curiethérapie
Radiothérapie
(RTE), HIFU
Intermédiaire
Chirurgie
RTE +
hormonothérapie
courte
Défavorable
RTE +
hormonothérapie
longue
Chirurgie
Rattrapage
de chirurgie
RTE
postopératoire
hormonothérapie
continue ou
intermittente
Rattrapage
de RTE
HIFU,
cryothérapie
± hormonothérapie
Après
hormonothérapie
Hormonothérapie
de 2e ligne
Essais
thérapeutiques
Métastatique
1re ligne
Chimiothérapie
Essais
thérapeutiques
Métastatique
2e ligne
Chimiothérapie
2e ligne
Soin palliatif
Ainsi, le cancer de la prostate est un cancer dont le
pronostic de guérison est élevé avec une multitude de
ressources thérapeutiques. Il est important de correctement stadifier la pathologie pour donner la chance
au patient de bénéficier d’un traitement adapté à sa
maladie avec les meilleures chances de contrôle. Il est
important de connaître les critères de choix de telle ou
telle proposition lorsqu’elles peuvent être multiples, et
parfois le patient peut être conduit à choisir entre des
options équivalentes. L’espérance de vie du patient
supérieure à 10 ans conduit à proposer, quand le stade
initial le permet, un traitement local à visée curative.
En cas de rechute, l’espérance de vie compte pour le
choix des options de rattrapage également. Les progrès actuels de la compréhension des mécanismes de
résistance des cellules prostatiques cancéreuses à la
castration permettent déjà l’émergence de thérapies
ciblées spécifiques.
Indications et conclusions
L’arsenal thérapeutique est important et doit être
employé après avis d’une réunion de concertation pluridisciplinaire qui attribue les propositions de soin en
fonction du stade de la maladie et des traitements préalablement reçus et des critères du patient. Le tableau cidessous résume les grandes lignes de la prise en charge
du cancer de la prostate.
Bulletin Infirmier du Cancer
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