Des outils collaboratifs pour mieux impliquer le patient

C
Comme pour l’ensemble des
activités d’imagerie dicale, la
gestion des données de santé
des patients issus des unités
d’urgence doit relever d’une
action collaborative entre le pra-
ticien et le malade. C’est ce que
constate le chercheur Jérôme
Béranger, fidèle aux sultats de
ses travaux sur la dimension
éthique de l’usage des systèmes
d’information de santé.
Une triangulation
Médecin/Patient/TIC
Cette notion est encore plus
prégnante dans les situations d’ur-
gence, puisque les décisions
prises dans ces conditions déter-
mineront l’enchaînement des trai-
tements ultérieurs. « Il est essentiel,
aujourd’hui, de faire collaborer le
patient à la prise de décision, pré-
cise Jérôme Béranger. Le patient,
depuis l’avènement du consente-
ment éclairé, est déclaré auto-
nome. Le radiologue, ainsi que
l’équipe pluridisciplinaire impliquée
dans sa prise en charge, se doit
de lui fournir une information claire
et épurée, ce que j’appelle l’infor-
mation “lean”, qui puisse lui servir
pour participer à la réflexion. » Les
TIC ont ainsi un rôle primordial
à jouer dans les situations d’ur-
gence, notamment par un transfert
des données plus rapide. « Les
TIC sont partenaire du processus,
si bien que l’on peut imaginer des
triangulations patient/équipe mé-
dicale/TIC, poursuit-il. L’harmonie
et l’équilibre d’une organisation
sanitaire passent nécessairement
par un échange et un compromis
entre la technique et la conscience
humaine. Je crois beaucoup, à cet
égard, aux applications mobiles de
santé (m-Health), par lesquelles
les protagonistes pourront s’af-
franchir des contraintes environ-
nementales. »
Inventer de nouvelles
organisations
Il s’agit, dès lors, d’imaginer de
nouvelles organisations suscep-
tibles de mettre en application
l’ensemble de ces changements.
« Je crois que l’archivage mutua-
lisé, l’externalisation des dones
ou la VNA [Vendor Neutral
Archive] sont le point de départ
de ce principe, estime Jérôme
Béranger. Ils représentent l’outil
de communication collaboratif
par excellence, plus spécifique-
ment dans les cas d’urgence, et
il convient aujourd’hui d’inventer
des organisations qui permettront
davantage de participation des
patients et d’efficience au sys-
tème, en prenant en compte
notamment les workflows parti-
culiers de chaque établissement.
À cet égard, et devant les pers-
pectives de démographie médi-
cale à la baisse, des glissements
de tâches sont à prévoir, surtout
pour les manipulateurs qui auront
un rôle primordial à jouer dans le
nouvel organigramme. Comme
dans tout changement profond
des pratiques, les cartes vont
être redistribuées à brève
échéance. » Elles devront répon-
dre aux attentes des patients,
mais également aux exigences
des professionnels de santé.
Une éthique médicale
appliquée aux technologies
de la santé
Fort de ses recherches récentes,
Jérôme Béranger s’est lancé
dans une activité d’expertise
(via Keosys Consulting) sur la
qualité et l’éthique médicale ap-
pliquées aux technologies de la
santé. « Le bon usage des TIC
doit s’appuyer sur la déontologie,
la morale, l’éthique et les valeurs
humaines, conclut-il. L’e-san
sans éthique et sans connais-
sance équivaut à un corps
sans âme et sans esprit… Nous
devons prendre en compte
plusieurs paramètres environne-
mentaux du réel qui encadrent
l’imagerie médicale, parmi les-
quels le structurel, la technologie,
la stratégie, la méthodologie,
l’organisation, la réglementation,
mais aussi le relationnel et le
culturel. La complexité des
systèmes d’information en san
implique de multiplier les guides
de bonnes pratiques éthiques et
les protocoles afin de rendre leur
utilisation optimale et efficiente
pour la prise en charge des soins.
C’est le message que je tente de
faire passer. » Les directions
d’établissement commencent à
s’intéresser à ce thème, et il va
désormais falloir convaincre
les soignants de l’intérêt qu’il pré-
sente dans leur exercice.
n Bruno Benque
Depuis que le patient est considéré comme acteur de la prise en charge de ses soins, les
professionnels de santé se doivent de l’informer de son état, en rendant accessibles les données
issues de l‘imagerie médicale. Jérôme Béranger, chercheur à l’Espace éthique méditerranéen,
voit dans cette évolution un profond changement des rapports médecin/patient avec les TIC
comme interface et promeut une éthique médicale appliquée aux technologies de la santé.
Des outils collaboratifs
pour mieux impliquer le patient
Jérôme Béranger
est chercheur associé à
l’Espace éthique méditerra-
néen (UMR 7268 Ades
[Anthropologie bioculturelle,
droit, éthique et santé],
université d’Aix-Marseille)
et responsable adjoint du
département Recherche
de Keosys.
PLATEAUX TECHNIQUES
78 OCTOBRE 2014 |WWW.DSIH.FR
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