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ture de leur cage d’isolement dont les barreaux étaient de « vilaines
dents », mal placées, de teinte gênante, par un acte thérapeutique
dentaire de restauration esthétique. Il n’est pas question de dire que
ceci est « faux », seulement de préciser que la dent n’est pas « que »
ça ! Cette approche d’outil de socialisation peut même être regar-
dée comme une première émanation perçue de la valeur identitaire
de la dent. Des dents mal placées, de couleur dérangeante, cariées
et rebouchées plus que réparées, sont bien entendu associées à la
même valeur de « soi » dans l’image identitaire. Mais la dent n’est
pas dans sa fonction naturelle du vivant une parure, alors qu’elle le
devient ! Presque tous les acteurs et artistes qui ouvrent la bouche
en spectacle se sont fait refaire les dents de devant… Porcelaine
blanche, alignement parfait sont ressentis comme nécessaires à la
poursuite d’une carrière. Et nombreux parmi eux sont ceux qui, lors-
qu’ils ouvrent la bouche, découvrent les dents du fond « abandon-
nées », délaissées, parce qu’elles ne se voient pas ! De belles dents
est donc important, mais pas essentiel ! C’est ce que je souhaite vous
faire découvrir ici…
Un acte de nature « esthétique » ne peut être la motivation pre-
mière et certes pas l’unique motivation de nos actes thérapeutiques.
Ceci est indiqué dans notre code de déontologie… Une inter-
ventionàviséeesthétiqueestunemodicationdel’imagedesoi,
d’ailleurs l’accompagnement psychologique est de rigueur dans la
chirurgie esthétique de toute autre partie du corps. Or, modier
l’image de soi par un changement des dents est une atteinte des plus
profondes de cette donnée psychologique. En refaisant des dents,
très différentes de ce qu’elles sont « naturellement », c’est chan-
ger d’identité, devenir un « autre ». Certains ne demandent que ça,
d’autres ne s’y préparent pas… Tout est fonction du résultat obtenu,
durésultatnal,quidoitprésenterun«gain»manifestepourquele
système accepte cet « autre » qu’il est devenu. La pratique du déco-
dage dentaire m’a montré l’ampleur du stress grégaire et le besoin
dereconnaissancedel’humain.Lareconnaissancesigniantàlabase
que lorsqu’un des miens me croise dans la rue, il me reconnaisse ! Si
un individu devient par trop « un autre », il y a ce danger fondamen-
tal que les siens ne le reconnaissent plus. Mais, si un individu souhaite