07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 14:07 Page22 DOSSIER 07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 16:00 Page23 Le dernier acte des travaux de la Manufacture des Œillets a levé le rideau sur le premier acte du Centre dramatique national du Val-de-Marne - Théâtre des quartiers d’Ivry. Un outil culturel qui place Ivry au devant de la scène, ses habitants aux premières loges. Fabrique de pièces P Inaugurons ! Les 10 et 11 décembre, vous êtes cordialement invités au lever de rideau du nouveau théâtre de la place Pierre Gosnat, à la Manufacture des Œillets. Place Pierre Gosnat, au n°1, la Manufacture des Œillets ouvre ses portes au Théâtre des quartiers d’Ivry, unique Centre dramatique national du Val-de-Marne… et du Sud francilien. Sous l’horloge centenaire de l’ancienne fabrique d’œillets métalliques, propriété de la Ville depuis 2009, l’heure est à l’art. Construit en 1891 et classé monument historique, le grand « bâtiment français » abrite désormais une salle de représentation entièrement modulable de près de quatre cents places, sa petite sœur destinée aux répétitions, ainsi qu’une vaste halle arborant fièrement les marques de son passé industriel. À ses côtés, le « bâtiment américain », achevé en 1924, accueille bureaux et cours des ateliers amateurs du théâtre, mais aussi le Crédac (Centre d’art contemporain d’Ivry) et l’Epsaa (École professionnelle supérieure d’arts graphiques et d’architecture de la Ville de Paris). Nouvelle venue, l’extension de bois vêtue, adossée à la halle pour abriter loges et décors, ajoute des perspectives réjouissantes à l’ensemble. IVRY, TERRE DE THÉÂTRE Voir le programme page 29. La métamorphose de cet emblème du patrimoine ouvrier ivryen en fabrique de culture à partager fut pourtant une longue bataille politique et financière, initiée en 2003 par Pierre Gosnat (1948-2015), alors maire de notre commune. Portés par cette impulsion, l’État, la Région, le Département et la municipalité ont uni leurs efforts pour donner aux habitants d’Ivry et des environs un lieu national de création ayant pignon sur rue, ouvert à tous. Ce pour un coût de 20 M €, financé à 38 % (6,5 M € HT) par la Ville. Forte du théâtre municipal Antoine Vitez, des théâtres Aleph et El Duende, de la compagnie Bergers en Scène et du Théâtre des quartiers d’Ivry devenu Centre dramatique national (CDN), Ivry est pavée de créativité en actes. Une richesse culturelle qui se transmet à travers les générations de publics et de pratiquants (plus de deux cents Ivryens suivent les ateliers amateurs fondés par Antoine Vitez !), faisant de ce que d’aucuns voudraient élitiste une réelle pratique de partage. Non, la culture n’est jamais superflue. Elle est un besoin vital, un service public et un droit duquel personne ne doit être exclu. Et c’est finalement revenir aux racines de ce qu’est un CDN que de l’affirmer. Nés au lendemain de la Libération, les centres dramatiques nationaux et régionaux furent créés dans le but avoué de décentraliser le théâtre, de le diffuser en périphérie des capitales symboliques. De lui rendre sa fibre populaire en renouvelant et réinventant son répertoire dans de nouvelles terres de jeu. Aujourd’hui, la France en compte trente-neuf, dont sept en banlieue parisienne. Chacun a sa particularité et offre des choix créatifs qui lui sont propres, mais tous mettent le théâtre à portée de chacun. Il ne saurait en être autrement de notre Théâtre des quartiers d’Ivry, Centre dramatique national du Val-de-Marne, niché dans une manufacture chargée d’Histoire qui, même si elles ne sont plus métalliques, fabrique toujours des pièces ! Dossier réalisé par Florian Guéguen, Catherine Mercadier, Sylvie Moisy et Daniel Paris-Clavel. La halle d’accueil du CDN DÉCEMBRE 2016 l IVRY MA VILLE l 23 07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 14:12 Page24 DOSSIER De gauche à droite : le foyer (halle d’accueil avec bar et librairie) ; le lanterneau (salle de répétition et de petits spectacles) sous la verrière ; la grande salle modulable et l’extension contenant arrière-scène, loges, décors, costumes... I n s t I t u t I o n c u lt u r e l l e L’ADN du CDN Ce mois-ci, le Théâtre des quartiers d’Ivry devient Centre dramatique national du Val-de-Marne, CDN pour les intimes. Que se cache-t-il derrière ce sigle ? C Dn. trois lettres pour désigner le centre dramatique national. le « n » est le plus important car il donne l’ADn du cDn. c’est une scène nationale, disposant d’un lieu dédié, labélisée par le ministère de la culture et dotée d’un cahier des charges. une institution culturelle française emblématique, unique au monde. Dirigé par un ou des artistes, un cDn a pour mission première la création théâtrale : faire découvrir l’écriture contemporaine et revisiter le répertoire. la pratique artistique amateur y est aussi favorisée. Issus de la décentralisation dramatique, ils visent à contrer le désert culturel en région et en banlieue. cofinancés par l’État (majoritaire) et les collectivités territoriales, ils sont conçus comme un service public, avec des tarifs attractifs compris entre 5 et 15 €. Dans les salles parisiennes cet automne, la place pour les Femmes savantes coûtait entre 30 € et 60 €. chaque cDn a son propre projet artistique. celui du théâtre des quartiers d’Ivry, centre dramatique national du Val-de-Marne, est marqué par les collaborations internationales, à travers le « théâtre des quartiers du monde ». Dernier né des cDn, celui d’Ivry a pour spécificité d’être adossé au Département : « c’est une chance pour le Val-de-Marne d’avoir le seul cDn du sud francilien. Dès le début, nous avons été impliqués dans le projet, se réjouit Évelyne rabardel, vice-présidente du conseil départemental. Ça répond à une volonté partagée par Ivry et le Département de permettre à chacun d’accéder à l’imaginaire, au beau, au sensible et à l’excellence pour tous. nous pouvons être très heureux ! » l 24 l IVRY MA VILLE l DÉCEMBRE 2016 07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 14:15 Page25 « J’ai le plaisir de faire le théâtre de ma ville ! » Paul Ravaux Architecte (RCC Architectes) du Centre dramatique national. J ’habite Ivry et j’ai le plaisir de faire le théâtre de ma ville ! Auparavant, j’avais notamment restauré l’opéra Garnier et le Théâtre de l’Athénée à Paris, ainsi que la seconde salle de l’Odéon – les ateliers Berthier. Surtout, il y a vingt ans, j’ai eu l’occasion de rénover le bâtiment américain de la Manufacture pour y installer l’École supérieure des arts décoratifs. Les menuiseries étant en très mauvais état, nous avons dû démonter les façades vitrées, les restaurer et remonter. Un CDN nécessite une polyvalence car il y a de plus en plus de spectacles en coproduction, exigeant de pouvoir monter les mêmes décors d’un théâtre à l’autre. Et peu de théâtres possèdent une salle transformable de quatre cent places comme celle-ci, qui laisse une liberté totale au metteur en scène ! Pour obtenir cette polyvalence, nous avons créés huit blocs de quarante-cinq gradins assemblables comme on veut. Il fallait aussi préserver un espace suffisamment important pour comprendre ce qu’était authentiquement la Manufacture des Œillets et son monde ouvrier. Dans la grande halle, je voulais conserver l’esprit du bâtiment, ne pas restaurer à tout crin. Le fait de récupérer cette moitié de halle pour en faire un vaste foyer ayant la même capacité que la salle est un élément d’accueil moins intimidant qu’un bâtiment neuf, où l’on n’ose rien toucher. On n’a pas l’impression de rentrer dans une institution, notamment parce que l’on n’est pas dans le schéma classique du théâtre avec ses vestibules : en passant la porte, nous sommes tout de suite dedans. Cette notion de proximité tourne autour du foyer, de son caractère inhabituel et accueillant. L’extension, elle, outre de servir de cage de scène pour le rangement des décors, exprime le renouveau de ce bâtiment français, comme le bâtiment américain l’avait précédemment renouvelé. Ainsi, la Manufacture traverse les XIXe, XXe et XXIe siècles !● Ci-contre : l’horloge de la Manufacture restaurée et la grande halle d’accueil. Page 24 : les gradins modulables de la salle de théâtre. DÉCEMBRE 2016 ● IVRY MA VILLE ● 25 07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 14:19 Page26 DOSSIER ET LE CDN FÛT… Des coulisses à la scène Comment le Théâtre des quartiers d’Ivry est-il devenu un Centre dramatique national ? Histoire d’un heureux évènement. C ’est en 1972 que naît le Théâtre des quartiers d’Ivry (TQI) à l’instigation d’Antoine Vitez, l’un des plus grands dramaturges du XXe siècle, et avec le soutien de Jacques Laloë, maire de la ville. « Le terme Quartiers amené par Vitez a son importance, relève Adel Hakim, actuel co-directeur artistique du TQI. Ivry a toujours été une ville à la périphérie de Paris, sensible à la diversité sociale et culturelle. » Avec cette volonté farouche de faire « théâtre de tout », Antoine Vitez investit des lieux ordinaires pour y monter des textes classiques et imagine une école ouverte à tous, faisant le lien entre amateurs et professionnels (lire page 28). Les directeurs successifs du TQI, de Philippe Adrien à Adel Hakim et Elizabeth Chailloux, en passant par Catherine Dasté, auront à cœur d’enraciner chacun à leur manière ce « petit arbre de théâtre », cher à Antoine Vitez. Devenu une figure incontournable du théâtre populaire et décentralisé, le TQI se voit décerner en 2003 le prestigieux label de « Centre dramatique national (CDN) en préfiguration ». Le 20 juin 2015, il devient CDN à part entière lors de la pose de la première pierre de la Manufacture des Oeillets, prenant ainsi le relais d’un autre théâtre, CDN depuis 1982 : le Campagnole. SUR LA ROUTE L’histoire du Campagnole, créé en 1975, est celle d’un théâtre vagabond. Après dix ans passés à Chatenay-Malabry, il emménage à Corbeil-Essonnes avant d’en être chassé en 1995 par Serge Dassault, le nouvel édile qui décide tout-à-trac d’amputer le théâtre de la moitié de ses subventions. C’est le début d’une période d’errance pour le théâtre, qui trouve d’abord refuge à Paris puis Arcueil. Avant son transfert au Théâtre des quartiers d’Ivry, en 2003, avec le soutien de la Ville et du Département. « Je dois être le recordman français du déménagement de théâtre, sourit Dominique Lerminier, aujourd’hui directeur technique du TQI et ancien compagnon de route du Campagnole. Nous avons été un CDN itinérant pendant de nombreuses années, ballotés au gré des affres politiques. Jusqu’à ce que nous soyons accueillis au TQI, dans une ville où le théâtre signifie vraiment quelque chose. » Désormais Centre dramatique national, ne manquait plus au TQI qu’un lieu conforme aux exigences du nouveau label. C’est chose faite en 2009, avec l’acquisition par la Ville de la Manufacture. « Nous sommes peut-être le seul CDN du département, mais quelle beauté…, s’émerveille aujourd’hui Elizabeth Chailloux, directrice artistique. C’est magnifique ! Et c’est grâce à la ville d’Ivry et ses habitants que ce projet est né. » ● TRAVAIL D’ÉQUIPE Derrière le rideau Une pléiade de personnes s’active en coulisse pour la réussite de chaque spectacle. L es gestes sont sûrs et précis. Le tissu, d’abord brut, commence progressivement à prendre forme entre les mains expertes de Dominique Rocher, la costumière attitrée du Théâtre des Quartiers d’Ivry (TQI). « Je fabrique un tablier pour les serveurs du bar, commente-t-elle tout en repassant l’étoffe fraîchement découpée. C’est la priorité en vue de l’inauguration. Ensuite, je m’attèlerai aux costumes pour la pièce d’Adel Hakim, Des roses et du jasmin. Une petite quarantaine de tenues à préparer, un jeu d’enfant », rigole celle qui habille comédiens et comédiennes depuis une trentaine d’années. Comme Dominique, ils sont nombreux à s’activer en amont de chaque représentation. Car la scène d’un théâtre est le lieu dans lequel se concrétise, l’espace d’un instant, le travail de toute une équipe. Il y a bien sûr la mise en scène et la scénographie. Mais aussi toute une partie technique moins connue : régisseur lumière et plateau, machiniste, électricien, régisseur son et vidéo... Sans oublier les missions administratives et de relation avec le public. Anticipant leur installation à la Manufacture, le TQI a ainsi procédé à l’embauche de huit personnes, passant de quatorze à vingt-deux permanents. Pour que le jour de la première, seul le spectacle compte.● Dominique Rocher, ici dans son nouvel atelier de couture à la Manuf’. 26 ● IVRY MA VILLE ● DÉCEMBRE 2016 07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 14:22 Page27 ENTRETIEN Duo de la Manuf’ Rencontre avec Elisabeth Chailloux et Adel Hakim, co-directeurs depuis 1992 du Théâtre des Quartiers d’Ivry, devenu Centre dramatique national du Val-de-Marne. Que pensez-vous de votre nouvel espace de travail ? Adel Hakim : C’est, en soi, un symbole de l’histoire ouvrière et militante d’Ivry. Que le conseil municipal ait nommé le parvis « Place Pierre Gosnat » est aussi un symbole qui renforce la mémoire des luttes ivryennes. Car Pierre Gosnat aura été le principal meneur de cet ambitieux projet. Elisabeth Chailloux : Ouvrir son propre théâtre n’arrive qu’une fois dans une vie, et encore... « Passer de l’abri à l’édifice », disait Vitez. La rencontre avec l’architecte Paul Ravaux a été exceptionnelle. Nous avons adoré le fait qu’il laisse la halle dans sa vérité, sa beauté. Quant à la salle, il y a quelque chose d’intime, le spectateur est en contact avec l’acteur. Nous avons envie de faire vivre cet endroit, que le foyer – la halle avec un bar et une librairie – devienne un lieu de rencontre avec des lectures, des cafés littéraires, des débats. Qu’apporte le CDN aux Ivryens ? E. C. : Parce que c’est grâce à Ivry et ses habitants qu’il existe, c’est leur maison. Le théâtre est un miroir de la vie, un enrichissement de la pensée. La culture permet l’émancipation du genre humain. Et cette ville a une culture politique qui détermine une politique culturelle à contre-courant. Ivry est une ville de théâtre ! C’est aussi un enrichissement financier pour la ville : notre budget de fonctionnement est de 2,5 M €, dont 50 % apportés par l’État. Donc pour un quart de ce budget, les Ivryens récupèrent les bénéfices culturels de cet équipement. Il leur appartient et leur profite, ainsi, bien sûr, qu’à tous les Val-de-marnais et Franciliens. A. H. : Vivre à proximité d’une institution d’envergure nationale et internationale éveille la curiosité et l’attention. Et, nous l’espérons, le désir de découvrir les activités qui s’y déroulent. Y compris pour des Ivryens qui n’ont jamais assisté à une représentation théâtrale. Le théâtre a un rôle d’éducation populaire. Pas seulement à travers la pratique amateur, mais aussi par les moments festifs de partage et le développement de l’esprit critique qu’il génère. C’est un endroit où l’on évoque les réalités du monde pour comprendre les injustices et les contrer par des expressions d’amour et de paix, non par des slogans de haine et de guerre. l DÉCEMBRE 2016 l IVRY MA VILLE l 27 07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 15:57 Page28 David Merle DOSSIER Le TQI propose treize ateliers pour amateurs : huit pour enfants et adolescents, cinq pour adultes. AT E L I E R T H É ÂT R A L D ’ I V R Y À bonne école Chaque année, les ateliers du TQI initient deux cent amateurs à la pratique théâtrale, concrétisant ainsi le vœu de Vitez : proposer « un théâtre élitaire pour tous. » Moi, fils de David et roi de Jérusalem […], j’ai vu que tout est vanité et poursuite du vent. J’ai vu que ce qui est courbé ne peut pas être redressé. J’ai vu que ce qui manque ne peut être compté. » Silence. La toute nouvelle salle de répétition de la Manufacture des Œillets semble encore résonner de la puissance du monologue d’Ernesto, le personnage central de La pluie d’été (Marguerite Duras), interprété ce soir-là par l’un des seize amateurs de l’Atelier théâtral d’Ivry. Puis très vite, les conseils fusent : « Exprime-toi avec plus de lenteur, tout en conservant l’énergie du phrasé. Fais sourdre le texte de toi. Puis offre-le nous. » À la baguette, Christian Germain, au service du Théâtre des quartiers d’Ivry (TQI) depuis près de trente-cinq ans. Son travail cette année ? Une exploration de l’écriture de Marguerite Duras, à travers ses pièces et ses scénarios. « Nous changeons d’œuvre chaque semaine, au gré de l’envie de mes élèves, explique Christian. Ils lisent d’abord le texte chez 28 l IVRY MA VILLE l DÉCEMBRE 2016 eux. Puis ils s’entraînent ensemble, dans cette splendide salle de répétition de la Manuf’. Avant de se présenter face au public, en juin.» Durant la séance, les élèves travaillent leur diction, leurs attitudes corporelles, la justesse de leur ton. « C’est très exigeant comme exercice, témoigne Sébastien, qui débute au sein de l’atelier. Mais ce que j’aime ici, c’est qu’on ne se sent jamais jugé. Du coup, ça donne envie de se libérer. » « UN THÉÂTRE LIBRE » Au TQI, pratiques amateurs et professionnelles sont intimement liées. Imaginés dès janvier 1972 par Antoine Vitez, les ateliers pour amateurs entendent proposer une initiation ouverte mais exigeante du théâtre. « L’École est le plus beau théâtre du monde car l’École est un théâtre libre », affirmait le géniteur du TQI. Dans les années qui suivent, sous l’impulsion de ses successeurs, les ateliers se développent et s’ouvrent aux enfants. Ils essaiment aussi hors les murs, comme au lycée Romain Rolland, à la maison d’arrêt de Fresnes ou à l’Institut national des jeunes aveugles. Une manière de démocratiser la pratique théâtrale. « Mes élèves ont entre 17 et 82 ans. Certains sont débutants, d’autres plus aguerris. Quelques-uns deviendront même professionnels. Mais ici, ce qui compte avant tout, c’est l’épanouissement artistique de chacun », s’enthousiasme Christian. Une recette qui, visiblement, fait ses preuves. « J’ai commencé il y a neuf ans et depuis je reviens chaque année, confie Valérie, habitante du quartier Louis Bertrand. C’est ma bulle d’oxygène. Pendant la séance, tous vos tracas s’évanouissent. Vous êtes là sur scène, dans la lumière des projecteurs, et le reste n’importe plus. Vous vous sentez libre. » l Atelier théâtral d’Ivry : 1 place Pierre Gosnat Renseignements : 01 43 90 49 44. [email protected] 07 Dossier décembre 2016_Mise en page 1 28/11/2016 15:56 Page29 InTERVIEw Olivier Beaubillard adjoint au maire en charge de la culture et de la mémoire I N A U G U R AT I O N : L E P R O G R A M M E David Merle Samedi 10 décembre 11 h : Inauguration de la place Pierre Gosnat. Accueil musical par Fanfaraï. 11 h 30 : Ouverture du Centre dramatique national du Val-de-Marne, Théâtre des quartiers d’Ivry. Prises de paroles, cocktail déjeunatoire et performance de Pierre Kauffmann (Pika Monuments). 14 h 30 : Présentation de la 1ère saison du Théâtre des quartiers d’Ivry, CDN du Val-de-Marne*. 17 h : Lecture de Stanislas Nordey, Ce que signifie la vie pour moi, de Jack London*. 18 h : Apéritif dans la Halle. 19 h 30 : Concert du Trio Joubran*. Dimanche 11 décembre 14 h : Visites accompagnées du Théâtre des Quartiers d’Ivry et du Crédac. 15 h : Impromptu d’Ivry, par l’Atelier Théâtral d’Ivry (troupe d’amateurs)*. 16 h : Cabaret Levin par l’Atelier Théâtral d’Ivry*. 18 h : Petite présentation de saison avec les Sea Girls*. Et pendant les deux jours : exposition et projection d’un film (Remontages de Loaiza) au Crédac, cadeau souvenir par les étudiants de l’EPSAA... * Sur réservation au 01 43 90 11 11 ou par mail : [email protected] Infos pratiques Théâtre des quartiers d’Ivry, Centre dramatique national du Val-de-Marne. 1 place Pierre Gosnat. Administration : 01 43 90 49 49 / Billetterie : 01 43 90 11 11. Les tarifs des spectacles s’échelonnent de 5 à 15 € (9 € maximum pour les Ivryens et Val-de-Marnais). Début de saison à la Manufacture des Œillets avec Antigone de Sophocle, dans une mise en scène d’Adel Hakim. Du 5 au 15 janvier (relâche le 10 janvier). Programme complet de la saison à retrouver sur theatre-quartiers-ivry.com P Une chance, une fierté Pourquoi créer un projet d’une telle envergure ? Ce Centre dramatique national (CDN) est le résultat du profond engagement que la Ville porte depuis les années 60-70, autour de cette idée que la culture appartient à tout le monde. Jean Vilar disait que « le théâtre doit être un service public, tout comme l'eau, le gaz et l'électricité ». L'art et la culture, loin d'être un luxe, sont une nécessité pour le développement social et l'épanouissement des individus. Cet accès à la culture pour tous est inscrit au programme municipal en tant que facteur d'émancipation. Car en s'interrogeant sur le réel, l’art et la culture interpellent. Ils provoquent la pensée et nous confrontent à la complexité de notre monde. Cet équipement est un investissement important et courageux, partagé avec l'État, le Département, la Région. La Ville l’a financé à hauteur de 6,5 M€ HT (8 M€ TTC). Un investissement à relativiser comparé aux 20 M€ nécessaires pour construire une école. Nous avons su convaincre nos partenaires par notre crédibilité et légitimité. Qu'un nouveau CDN se créé dans une ville populaire comme Ivry est une chance dont nous pouvons être fiers. Au-delà du CDN, c'est un pôle culturel qui naît... Absolument, c'est la création d'un pôle public de culture. Il n'y a, à ma connaissance, pas d'équivalent en France. La Manufacture des Œillets regroupe dans un même lieu trois dynamiques de formation, de création et de diffusion : un centre dramatique national ; un centre d'art contemporain, le Credac ; et une école supérieure publique, l'Epsaa, école de graphisme de la ville de Paris. Il y a là des conditions tout à fait originales pour inventer et dynamiser des projets. Quelles vont être les articulations entre les différents équipements culturels ivryens ? Le théâtre Antoine Vitez a toujours existé avec le Théâtre des quartiers d’Ivry. Le départ du TQI au CDN implique bien sûr pour le théâtre Antoine Vitez de construire un projet nouveau. Outre la chanson française et la création jeune public, sa programmation va s'ouvrir à de nouvelles pratiques, notamment celles des amateurs, à des productions plus en lien avec le territoire. Des passerelles et des synergies vont se développer entre l'ensemble des lieux de création et de diffusion. Plus l'offre est large, plus il y a diversité des propositions, et plus il y a une stimulation des publics. DéCEMBRE 2016 l IVRY MA VILLE l 29