VERITE DANS LA SCIENCE, MORALITE S o m m a i r e - n ° 3 5 - Vo l I X Janvier 2002 EDITORIAL ANTIBIOTHÉRAPIE EMPIRIQUE ET INFLATION ANTIBIOTIQUE B. Bouhaja ARTICLES A. BAUMANNII EN MILIEU DE REANIMATION : UN BILAN DE 5 ANNEES T.Bouayed et Coll. INSUFFISANCE RENALE AIGUË ET ETATS INFECTIEUX SEVERES M. Boughalem et Coll. LES FACTEURS PREDICTIFS DE SUPPURATION PANCREATIQUE AU COURS DES PANCREATITES AIGUES GRAVES M. I. Beyrouti et Coll. L’EXPERIENCE DE L’EQUIPE MEDICALE MODIFIE-T-ELLE LA MORTALITE DES INFECTIONS GRAVES DES TISSUS MOUS ? F. Petitjeans et Coll. LES GANGRENES PERINEO-SCROTALES (à propos de 35 cas) M. Alami et Coll. FACTEURS DE GRAVITE DES MENINGITES POST - TRAUMATIQUES PRECOCES M.Khatouf et Coll. ANESTHESIE ET REANIMATION DANS LA CHIRURGIE DES MEDIASTINITES SUPPUREES PAR PERFORATION IATROGENE DE L’ŒSOPHAGE R. Atangana et Coll. SENSIBILITE D’E. COLI AUX ANTIBIOTIQUES : ETAT ACTUEL DANS UN C. H. U. DE LA BANLIEUE NORD DE TUNIS L. Bakir et Coll. INFECTIONS NOSOCOMIALES EN MILIEU DE REANIMATION I. Boutiba-Ben Boubaker et Coll. OPTIMISATION DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE À L’HÔPITAL. ANALYSE DES FICHES DE PRESCRIPTION D’ANTIBIOTIQUES DANS UN C. H. U. B. Bouhaja et Coll. PRISE EN CHARGE DES POLYRADICULONEVRITES AIGUËS GRAVES EN REANIMATION (A PROPOS DE 31 OBSERVATIONS) N. Ech-Cherif El Kettani et Coll. 2 L’ART C o m i t é d e r é d a c t i o n Rédacteur en chef M.S. Ben Ammar 3 6 Rédacteur en chef Adjoint M. Ben Miled 9 Membres 13 16 19 22 A. Balma L. Barrou Dh. Beltaïfa M. Ben Ameur A. Ben Souda B. Bouhajja M.R. Boubezari A. Chérif M. Daghfous A. Dehdouh M. Ferjani B. Griene M. Houissa H. Maghrebi 25 Editeur 28 Publipresse : 9,rue de Bizerte - Bloc A 31 35 CAS CLINIQUE DÉFAILLANCE RESPIRATOIRE AIGUË APRÈS ENVENIMATION PAR DES SERPENTS EXOTIQUES : À PROPOS DE 2 CAS. 39 Y. Brouh et Coll. LES ATTEINTES HÉPATIQUES GRAVES AU COURS DU PALUDISME À P. FALCIPARUM : UNE SÉRIE DE 5 CAS TRAITÉS À ABIDJAN 41 Y. D Ayé et Coll. MISES AU POINT LES ANTI-COX2 : UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D'ANTI-INFLAMMATOIRES NON STÉROÏDIENS E. Viel et Coll. GESTION DES ANTITHROMBOTIQUES EN NEUROREANIMATION A. Caidi et Coll. DANS 43 Appt. 1/4 - 1 0 0 2 - Tu n i s - B é l v é d è r e Tél/Fax : 71 78 98 05 E-Mail : [email protected] Abonnement : BP 40 Carthage 2016 - Tél/Fax 19-216 71 764 845 virement CCP : 2965-35 21 Carthag e- Tunisie Inscription auprés de : ● Algérie : SAARSIU ● Maroc : SMAR - internet : www.smar.org.ma ● Mauritanie : SARUM ● Tunisie : STAAR - internet : http://www.staar-tunisie.net/ Inscription à l’étranger Hors UMA : 80 dollars US/an Le Journal Maghrebin d’AnesthésieRéanimation et de Médecine d’Urgence ISSN n° 0330-6690 47 FLASH LE POINT RAPIDE SUR LES FLUOROQUINOLONES B. Bouhaja 52 I N F O R M AT I O N 54 PROTOCOLE EXTRAITS DES RECOMMANDATIONS DE LA SFAR POUR L’ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE 56 RÉSUMÉS OCTOBRE 2001 61 Dépot légal n° 2744 du 07 Septembre 1995 Fondée en novembre 1993 à Tunis. Responsable de la publication Abdelmajid Daoud J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 1 EDITORIAL EDITORIAL EDITORIAL Antibiothérapie empirique et inflation antibiotique Frapper vite, frapper fort mais surtout…FRAPPER JUSTE ! C e numéro du Journal Maghrébin d’Anesthésie Réanimation et de Médecine d’Urgence (JMAR) a pour thème principal la pathologie infectieuse en réanimation ; tant les problèmes posés par les infections nosocomiales, la résistance bactérienne aux antibiotiques et l’impact pronostique de celles-ci sont au centre des préoccupations des réanimateurs. Il n’est pas de visite en réanimation qui ne comporte son lot de discussions concernant le choix d’un protocole antibiotique ou la façon de stopper une épidémie à germes multirésistants. En réanimation, l’ère « préantibiotique » n’est plus seulement une crainte mais une réalité. Celle–ci se trouve justement bien illustrée par les articles publiés dans ce numéro du JMAR et qui rendent compte du manque, voire de l’absence totale de sensibilité aux antibiotiques ATB de germes comme A. baumannii ou P. aeruginosa que ce soit à l’hôpital Sahloul de Sousse (1) ou à l’hôpital Charles Nicolle de Tunis (2). Plusieurs facteurs sont à l’origine d’une telle situation. Mais parmi ceux-ci, l’utilisation abusive des ATB semble occuper une place essentielle. S’il est une situation qui pourrait favoriser l’emploi abusif des ATB, c’est bien celle de l’antibiothérapie empirique. Ici, le thérapeute, face à une infection grave, cherche légitimement à ne pas faire d’impasse thérapeutique car du caractère approprié de l’ATB empirique pourrait dépendre le pronostic du malade (3). Il en arrive ainsi aux choix ATB maximalistes qui font que très rapidement la majorité des malades d’un service de réanimation va se retrouver sous les mêmes ATB. La dérive économique et écologique surviendrait lorsque ces ATB seront triés parmi les plus récents, les plus coûteux et ceux qui gardent encore une activité sur les germes multirésistants. L’ATB empirique, telle qu’elle est prescrite dans le contexte d’un service de réanimation, vise à frapper vite, fort et juste. Seulement voilà, si les deux premiers objectifs sont relativement faciles à atteindre, frapper juste l’est beaucoup moins. Frapper juste c’est éviter à la fois les choix ATB maximalistes, mais aussi les choix insuffisants. Un exemple de choix insuffisant est fourni par la prescription d’une ATB empirique comportant une pénicilline A et un aminoside au cours des pancréatites aiguës (4). Frapper juste exige de la part du clinicien un niveau d’expertise clinique suffisant permettant d’évoquer le sepsis sans pour autant occulter le Systemic Inflammatory Response Syndrome (SIRS) et inversement. Les examens à visée microbiologique devraient aider à faire cette distinction. Dans de nombreuses situations, une ATB empirique excessive est poursuivie faute d’orientation microbiologique. A l’origine, des prélèvements mal exécutés, mal acheminés jusqu’au laboratoire de microbiologie ou mal « techniqué » par ce dernier ! Frapper juste nécessite de la part du laboratoire de microbiologie une réhabilitation des examens bactériologiques utiles dans un contexte d’urgence et leur disponibilité à tout moment de la journée tels l’examen direct avec coloration de Gram ou la recherche d’antigènes bactériens. Frapper juste exige de la part du laboratoire de microbiologie de tenir à jour auprès des cliniciens, réanimateurs et pédiatres en premier lieu (5), les données qui résument l’état de l’épidémiologie microbiologique au sein de l’hôpital : sensibilité aux ATB, épidémie, … Enfin, Frapper juste exige une parfaite collaboration entre cliniciens, microbiologistes, épidémiologistes et pharmaciens afin d’imposer les restrictions qui s’imposent pour que l’ATB empirique soit efficace sans être ni abusive ni insuffisante. Béchir Bouhaja RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1. Bouayed T, et al. J Magh A Réa 2002 ; 9 : 3 - 6 2. Boutiba Ben Boubaker J, et al. J Magh A Réa2002 ; 9 : 29-31 3. Kollef MH, et al. Chest 1999 ;115 :462-474. 4. Beyrouti MI, et al. J Magh A Réa 2002 ; 9 : 10-13 5. Bouhaja B, et al. J Magh A Réa 2002 ; 9 : 32-35 [email protected] J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 2 ACINETOBACTER BAUMANNII EN MILIEU DE REANIMATION : UN BILAN DE 5 ANNEES. ACINETOBACTER BAUMANNII IN INTENSIVE CARE UNITS : A 5 YEARS STUDY T.Bouayed*, A.Chaouch*, N.Boujaafar**, K.Saidi*, M.A.Cheikh*, R.Said* *:Service d’anesthésie-réanimation ; hôpital Sahloul Sousse - Tunisie ** : Laboratoire de microbiologie ; hôpital Sahloul Sousse - Tunisie Résumé Objectifs : 1- Ressortir l’état actuel de la résistance de Acinetobacter bauumannii (AB) à 6 bêta-lactamines, 2 aminosides et une fluoro- quinolone. 2- Observer l’évolution de cette résistance sur les 5 dernières années. 3- Evaluer la fréquence d’émergence de souches résistantes chez certains malades. MATERIEL ET METHODES : Souches : Prélèvements positifs à AB entre janvier 1995 et décembre 1999 dans la réanimation de l’hôpital Sahloul. La première souche isolée chez un patient est appelée « initiale » et toutes les suivantes sont appelées « répétitives ». Sensibilité aux antibiotiques : Sont considérées résistantes, les souches dont la CMI est supérieure à la concentration critique inférieure. RESULTATS ET DISCUSSION : L’étude de la sensibilité des souches fait apparaître des pourcentages de résistance élevés vis-à-vis de la plupart des molécules, avec d’importantes fluctuations annuelles concernant surtout les bêta-lactamines, rendant compte de la capacité de mutation chez AB. Par comparaison aux souches « initiales », la résistance des souches « répétitives » n’est significativement plus élevée que pour la ticarcilline, avec ou sans acide clavulanique et pour l’imipénème. Enfin, des phénotypes de résistance peuvent émerger en cours de traitement. Ceci a pu être démontré pour l’imipénème et pour la ticarcilline. Mots clés : Acinetobacter ; Antibiotiques ; Infections nosocomiales ; Résistance bactérienne. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 3 Summary Objectives : 1 – to come out the present state of resistance of Acinetobacter baumannii to 6 beta-lactam antibiotics, 2 aminoglycosides and one fluoroquinolone. 2 – to observe the evolution of this resistance on the last five years. 3 – to value the frequency of resistant stumps emergence at some patients. PATIENTS AND METHODS: Strains: positive taking to Acinetobacter baumanii between Januray 1995 and December 1999. The first strain isolated at a patient is called “initial” and all following are called “repetitive”. Sensitivity to antibiotics: Are considered resistant stumps, whose MIC is superior to the lower critical concentration. RESULTS AND DISCUSSION: The study of strains susceptibilities showed a raised percentages of resistance toward the more part of molecules, whith important yearly fluctuations especially concerning beta-lactams, giving account of the mutation capacity at AB. Finally, phenotypes of resistance can emerge under treatment. It could have been demonstrated for imipenem and ticarcillin. Key- words : Acinetobacter baumannii ; Bacterial resistance ; Antibiotics ; Nosocomial infections. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 3 INTRODUCTION Acinetobacter baumannii ( AB ) est un agent causal de nombreuses infections, particulièrement chez les individus débilités dans les services de soins intensifs (1), occupant depuis quelques années une place importante parmis les germes responsables d’infections nosocomiales (2,3). Aujourd’hui, AB est considéré comme l’un des bacilles à Gram négatif les plus résistants, posant de sérieux problèmes thérapeutiques. Ses caractéristiques métaboliques et sa capacité à développer et cumuler des caractères de résistance aux antibiotiques lui permettent de persister dans un environnement hostile et favorisent sa diffusion épidémique, le rendant difficile à éradiquer dans le foyer infectieux (4,5,6). Cette étude a pour premier objectif de ressortir l’état actuel de la résistance de AB à 6 bêta-lactamines dont l’imipénème, 2 aminosides et une fluoroquinolone. Le deuxième objectif est d’observer l’évolution de cette résistance sur les 5 dernières années, et enfin d’évaluer la fréquence d’émergence de souches résistantes chez certains malades. MATERIEL ET METHODES Souches : Les prélèvements positifs à AB effectués chez les patients J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 3 hospitalisés dans l’une des deux unités de réanimation polyvalente de l’hôpital Sahloul, entre janvier 1995 et décembre 1999, sont ressortis à partir de la base de données du laboratoire de microbiologie. Les Acinetobacter sont identifiés par les techniques classiques ( galerie APINE ). AB se distingue par ses caractéristiques biochimiques et sa croissance à 44°C. La première souche isolée chez un patient est appelée « initiale » et toutes les suivantes sont appelées « répétitives ». Quant la même souche est isolée à partir de divers prélèvements à 24 heures d’intervalle, elle n’est prise en compte qu’une seule fois. La fréquence bactérienne des Acinetobacter est définie par le rapport : prélèvements à AB / nombre total de bactéries isolées pendant la même période. Sensibilité aux antibiotiques et détermination des concentrations minimales inhibitrices (CMI): Les antibiogrammes sont effectués par la méthode de disques (Diagnostics Pasteur). La technique de diffusion sur gélose est mise en oeuvre en tenant compte des recommandations du comité de l’antibiogramme de la société française de microbiologie (7). Les antibiotiques testés sont : ticarcilline (TIC), ticarcilline+acide clavulanique (CLV), pipéracilline (PIP), céfotaxime (CTX), ceftazidime (CAZ), imipénème (IMP) , amikacine (AMK) , Correspondance: Dr BOUAYED Tarek Service d’anesthésie-réanimation Hôpital Sahloul 4054 SOUSSE Tél : 73 271 479 E-mail : [email protected] ACINETOBACTER BAUMANII EN MILIEU DE REANIMATION: UN BILAN DE 5 ANNEES. gentamicine (GEN) et péfloxacine (PFL). Les CMI des antibiotiques étudiés sont déterminés à partir des diamètres des zones d’inhibition, à l’aide du logiciel « TOUCAN EXPERT , version 4.0 » (SANOFI-PASTEUR, France). Sont considérées résistantes, les souches dont la CMI est supérieure à la concentration critique inférieure (souches de sensibilité intermédiaire et souches résistantes). RESULTATS Répartition des souches : AB a été isolé dans 508 prélèvements pathologiques. Sur ces isolats, on a pu individualisé 455 souches cliniques, dont 285 sont issues de prélèvements initiaux ( souches « initiales » ) et 170 de prélèvements effectués ultérieurement ( souches « répétitives » ) (tableau n°I). Tableau n°I : répartition des Acinetobacter isolés de 1995 à 1999 Prélèvement F.B* (%) 1995 60 11.2 1996 37 8 1997 149 21.7 1998 149 24.1 1999 113 23.5 Total 508 18 * : fréquence bactérienne N.souches S.initiales S. répétitives 53 36 129 135 102 455 38 29 82 73 63 285 15 7 47 62 39 170 Pour l’ensemble de la période, la fréquence bactérienne des Acinetobacter est de 18%. C’est le germe le plus répandu devant P. aeruginosa (17%) et S. aureus (10%). Cette fréquence a doublé voir triplé les trois dernières années par rapport à ce qu’elle a été au début de l’étude. Origine des souches : Un peu moins de la moitié des souches ( 44% ), qu’elles soient initiales ou répétitives, a été isolée soit au niveau des hémocultures soit à partir des cathéters veineux centraux. Les autres sites d’isolement sont surtout urinaire ( 22% ) et pulmonaire ( 20% ), alors que le reste des localisations y compris la peau ne représentent que 14% de l’ensemble des prélèvements. Etude de la sensibilité des souches : ● Souches « initiales » : Malgré quelques variations annuelles, la résistance à la pipéracilline reste très élevée ( de 82.8 à 100% ). La moyenne des CMI des souches sensibles est de 4.6mg/l (tableau n°II). Tableau n°II : évolution de la résistance aux antibiotiques des souches «initiales» de AB(pourcentage de souches résistantes). CMI modales 1995 (mg/l) 1996 1997 1998 1999 TIC 11.4 94.8 62.1*** 69.6 83.6* 55.6*** CLV 11.4 94.8 58.7*** 68.3 80.9* 55.6*** PIP 4.6 100 82.8* 95.2* 93.2 96.9 IMP 1.9 2.7 3.5 30.5*** 45.2 23.9** CTX 2.5 97.4 100 89.1* 75.4* 87.4 CAZ 3 97.4 96.6 81.8* 72.6 90.5** AMK 1.7 71.1 82.8 80.5 75.4 87.4 GEN 2.1 89.5 86.3 96.4 94.6 87.4 PFL 0.8 73.7 72.5 76.9 90.4* 96.9 * :p<0.05 / ** :p<0.01 / *** :p<0.005 par rapport à l’année précédente T. Bouayed Les pourcentages de résistance à la ticarcilline et aux céphalosporines de troisième génération testés, sont aussi élevés, et surtout ils subissent, durant la période d’étude, d’importantes fluctuations en sens inverse ( fig 1). L’adjonction d’acide clavulanique n’améliore pas la sensibilité des Acinetobacter à la ticarcilline et n’abaisse pas la CMI des souches sensibles. L’imipénème, la bêta-lactamine la plus active sur AB, voit son efficacité se réduire sur les quatre premières années d’études ( 45.2% de souches résistantes en 1998 pour seulement 2.7% en 1995 ). Enfin, en 1999, la résistance à l’imipénème ne concerne qu’un quart des souches. Pour les deux aminosides testés, les pourcentages de résistance de AB à ces molécules sont élevés (de 71 à 87% pour l’amikacine et de 86 à 96% pour la gentamicine) et il n’y a pas eu de fluctuations significatives au cours des années d’étude. L’amikacine, initialement plus efficace, se trouve, en1999, à égalité avec la gentamicine. La résistance à la pefloxacine, stable autour de 75% les trois premières années d’étude, grimpe à plus de 90% à partir de 1998. ● Souches « répétitives » : Par comparaison aux souches « initiales », la résistance des souches « répétitives » n’est significativement plus élevée que pour la ticarcilline, avec ou sans acide clavulanique et pour l’imipénème. Pour les autres molécules, l’efficacité antibactérienne est inchangée, que la souche ait été isolée initialement ou à partir de prélèvements ultérieurs (tableau n°III). Tableau n°III : Résistance des souches « initiales » et « répétitives » aux antibiotiques. Souches « initiales » Souches « répétitives » N=285 (%) N=170 (%) TIC CLV PIP IMP CTX CAZ AMK GEN PFL 207 (72.6) 203 (71.2) 269 (94.3) 75 (26.3) 249 (87.3) 242 (84.9) 227 (79.6) 262 (91.9) 239 (83.8) 146 (85.8)* 143 (84.1)* 166 (97.6) 91 (53.5)* 141 (82.9) 143 (84.1) 143 (84.1) 162 (95.2) 150 (88.2) * : p<0.005 DISCUSSION Nos résultats permettent, d’abord, de confirmer le rôle de AB comme bactérie pathogène opportuniste. Ils mettent en évidence l’incidence croissante des infections nosocomiales à AB. En effet, celui ci représente, au service de réanimation de l’hôpital Sahloul, 18% de l’ensemble des bactéries isolées. Une étude faite entre 1984 et 1988, dans un hôpital parisien ( tout service confondu ), a montré un taux nettement plus bas de 1.85% (8). Par ailleurs, la fréquence d’isolement de AB a doublé, voir triplé, les trois dernières années prenant la place à P. aeruginosa. Quant à l’origine des prélèvements, nos résultats concordent avec ceux de la littérature (5,8,9), puisque la plupart des souches ont été isolé à partir des prélèvements sanguins, pulmonaires ou urinaires. En effet, le tiers des prélèvements positifs à AB sont des hémocultures. De même, AB est responsable du tiers d’infections sur cathéter. L’étude de la sensibilité aux antibiotiques des souches isolées, fait apparaître des pourcentages de résistance élevés vis-à-vis de la plupart des molécules. La résistance aux bêta-lactamines, à l’excéption des carbapénèmes, est essentiellement due à un phénomène de J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 4 ACINETOBACTER BAUMANII EN MILIEU DE REANIMATION: UN BILAN DE 5 ANNEES. résistance enzymatique par l’intermédiaire d’une bêtalactamase (6). En pratique, il est possible de distinguer quatre phénotypes de résistance aux bêta-lactamines selon que la souche ait ou pas une activité pénicillinase ou une activité céphalosporinase (8,9). Les mécanismes de résistance à l’imipénème sont de trois types : imperméabilité membranaire, modification de PLP et production de carbapénèmase (6,10,11). les aminosides sont résistants à AB essentiellement par l’acquisition d’enzymes modificatrices. Pour les fluoroquinolones, il s’agit en premier lieu d’une mutation chromosomique (6). Les pourcentages élevés de souches de AB résistantes à la pipéracilline s’explique par la sensibilité du produit à l’action des pénicillinases. La résistance à la ticarcilline et aux céphalosporines de troisième génération (C3G) a subi d’importantes fluctuations durant les cinq années d’étude. Ceci peut bien s’expliquer par la grande capacité de mutation chez AB modifiant son phénotype de résistance. En effet, le taux élevé de souches à activité céphalosporinase observé en 1996 s’inverse en 1998 au profit des souches à activité pénicillinase, avant de remonter en 1999. l’étude de Joly-Guillon, entre 1984 et 1988, trouve une résistance stable à la ticarcilline alors que la résistance aux C3G progresse fortement la rattachant à la consommation hospitalière de céfotaxime (8). Ruiz et coll, trouvent en 1996 des taux de résistance de 89.4% pour la ticarcilline et 86.8% pour la ceftazidime, alors qu’en 1991, les pourcentages de souches résistantes étaient pour ces deux molécules, respectivement de 70% et 57.4% (12). La non amélioration de la sensibilité de AB à la ticarcilline quand on lui associe l’acide clavulanique, fait évoquer l’hypothèse qu’il pourrait exister une bêta-lactamase insuffisamment inhibée par le clavulanate. Ceci peut inciter à l’utilisation d’autres inhibiteurs de bêta-lactamase comme le sulbactam, plus souvent actif (13), voir même une association de deux molécules inhibitrices (14). L’imipénème reste, à ce jour, l’antibiotique de référence dans le traitement des infections à AB (6,8,9). Même si le RÉFÉRENCES 12- 34- 56789- taux de souches résistantes est élevé par rapport à ce qu’il a été au début de l’étude, on reste encore loin des 80% de souches résistantes rapportés par Ruiz (12). Les aminosides sont des molécules intéressantes vis-à-vis de AB, car très bactéricides. Les taux de résistance à l’amikacine et à la gentamicine, dans cette étude, sont élevés mais relativement stables, alors que d’autres auteurs rapportent des taux de résistance croissants à ces deux antibiotiques (8,12). Les fluoroquinolones sont restés pendant longtemps un des traitements de première intention chaque fois où un bacille à Gram négatif est suspecté être à l’origine de l’infection. En 1999, avec le phénomène évolutif de résistance, 96.9% des souches de AB sont résistantes à la pefloxacine. Celle-ci ne peut plus donc être l’antibiotique de choix des infections sévères chez les malades de réanimation.L’étude de la sensibilité des souches « répétitives », montre que certains phénotypes de résistance peuvent émerger en cours de traitement. C’est en particulier le cas de la résistance à l’imipénème, qui augmente probablement en raison d’un processus d’imperméabilité et la résistance à la ticarcilline, probablement par modification enzymatique. L’ensemble de nos résultats, ainsi celles d’autres auteurs, confirment le fait que AB est un germe de plus en plus multirésistant, ce qui réduit considérablement les choix thérapeutiques. Il faut parfois compter sur les associations multiples dites « non classiques » pour obtenir un effet bactéricide (15,16). CONCLUSION L’augmentation du nombre d’infection à AB en soins intensifs, associée à une résistance envers la majorité des agents antimicrobiens, et à une persistance des souches due à une diffusion dans l’environnement, rend ce problème très préoccupant. Une attention particulière doit être portée sur la prévention de ces infections, passant par un meilleur usage des antibiotiques, et l’instauration des mesures d’hygiène stricte, de manière à maintenir l’endémie à un niveau tolérable. BIBLIOGRAPHIQUES Bouvet. PMJ : Acinetobacter. In : Freney. J. ; Renaud F.; Hansen. W.; Bollet. C. Manuel de bactériologie clinique vol 3,2e éd Elsevier, Paris 1994. pp.1165-1185 Weingarten CM ; Rybak MJ ; Jahns BE ; SteVenson JG ; Brown MJ ; Levine. DP : Evaluation of Acinobacter baumanii infection and colonization, and antimicrobial treatment patterns in an urban teaching hospital. 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Réa. - VOL IX - P. 7 INSUFFISANCE RENALE AIGUË ET ETATS INFECTIEUX SEVERES ACUTE RENAL FAILURE AND SEVERE SEPSIS M. Boughalem, M.A. Samkaoui, K. El Guelaa, M. Zoubir, R. Hssaida, R. Seddiki Service d'Anesthésie Réanimation Hôpital Militaire Avicenne – Marrakech - Maroc Résumé En 4 années, parmi 916 malades hospitalisés en réanimation, 24 (2,6 p100) ont développé en cours d'hospitalisation une insuffisance rénale aiguë organique secondaire à un état septique. Le contexte étiologique révèle une prépondérance des sepsis chirurgicaux (79 p100) principalement les sepsis intra-abdominaux post-opératoires (58 p100), par rapport aux sepsis médicaux (20 p100). Le taux de mortalité globale a atteint (58,3 p100). Il est plus important au cours des sepsis intra-abdominaux post-opératoires (64 p100). L'âge avancé, la sévérité de l'insuffisance rénale aiguë, l'existence de défaillances viscérales associées, le recours à l'épuration extra-rénale et la difficulté de maîtrise du processus infectieux lors des sepsis intra-abdominaux, ont été associés à un mauvais pronostic. A travers nos résultats et les données de la littérature, les auteurs mettent l'accent sur l'intérêt de la prévention de la pathologie nosocomiale en réanimation et la nécessité d'un traitement précoce de l'infection avec le maximum d'efficacité. Mots Clés : Insuffisance rénale aiguë, sepsis, hémodialyse. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 6 Summary In 4 years, among 916 hospitalized patients in intensive care, 24 (2,6 per 100) have developped a secondary acute renal failure diring the hospitalization to a systemic sepsis. The etiologic context reveals a superiority of surgical sepsis (79 per 100) mainly the post-operatory intra-abdominal sepsis (58 per 100) compared to medical sepsis (20 per 100). The rate of the global mortality has reached (58,3 per 100). It is very important during the post-operatory intra-abdominal sepsis (64 per 100). Late age, adverse acute renal failure, the presence of multiorgan failure, applying a extra-renal purification and the mastering difficulty of the sepsis have been associated with a bad pronostic. Through our results and the prevention interest of the nosocomial pathology in intensive care and the nessicity of an early treatment of the infection with maximum efficiency. Key Words : Acute renal failure, sepsis, haemodialysis. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 6 INTRODUCTION Le sepsis est la première cause des Insuffisances rénales aiguës (IRA) admises en milieu de réanimation, et la sévérité de l'IRA apparaît proportionnelle à la gravité du sepsis (1). Le contexte étiologique des infections directement impliquées dans la genèse de l'IRA s'est modifié au cours des années avec prédominance actuelle des sepsis post-chirurgicaux. Le taux de mortalité demeure élevé, particulièrement chez les malades présentant un sepsis intra-abdominal. Cette lourde mortalité s'explique par la difficulté du contrôle du processus infectieux et l'existence de défaillances viscérales associées. D'ou l'intérêt de l'éradication précoce de l'infection à l'aide d'un traitement anti-infectieux optimal d'emblée et/ou d'un traitement chirurgical adéquat. PATIENTS Entre Janvier 1996 et Décembre 1999, sur 916 malades hospitalisés dans le service de réanimation polyvalente de l'hôpital Militaire Avicenne, 162 patients (17,6 p100) ont présenté une altération des paramètres fonctionnels rénaux. Nous avons retenu pour l'étude les malades présentant un état septique accompagné d'une altération franche et durable de la fonction rénale, absente à l'admission à l'hôpital. Nous avons ainsi exclu les malades insuffisants rénaux chroniques, ceux qui ont une IRA fonctionnelle ou d'origine non septique. Au total, 24 patients sont retenus. METHODES La fonction rénale a été appréciée par le dosage de la créatinine plasmatique. Le diagnostic d'IRA a été retenu lorsque la créatinine plasmatique est supérieure à 200 micromol/l. Les indices biologiques étant peu formels, nous avons considéré que l'IRA était organique lorsque la correction de la volémie ne permettait pas sa réversibilité J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 6 contrairement à l'IRA fonctionnelle. Le diagnostic d'état septique grave a été retenu sur l'existence d'un syndrome infectieux clinique et biologique confirmé, associé à des signes de dysfonction d'organes (oligurie, hypotension artérielle, coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), troubles respiratoires ou neurologiques). RESULTATS Vingt quatre malades répondent aux critères d'inclusion. 2,6 p100 de tous les malades hospitalisés et 14,8 p100 des malades ayant présenté une IRA ont développé une IRA organique au cours d'un état septique. La moyenne d'âge est de 54 ans (24-73 ans) ; le sex ratio trouve une légère prédominance féminine (13 femmes pour 11 hommes). L'origine prépondérante de l'état septique est digestive, répartis en 14 sepsis intra-abdominaux post-opératoires, 1 angiocholite et 1 péritonite communautaire. Les autres étiologies se répartissent en infection broncho-pulmonaire (3 cas), urologique (2 cas), liée à un cathétérisme veineux profond (2 cas) et à une cellulite anaérobie (1 cas). Le taux moyen de créatininémie est de 362 micromol/l. Des facteurs aggravants susceptibles de favoriser l'apparition ou d'aggraver l'IRA ont été noté 7 fois dont 4 traitements par aminosides avec une durée moyenne de traitement de 6 jours, l'injection de produits de contraste iodés dans 3 cas, l'ictère dans 3 cas et une CIVD notée chez 2 malades. Sept des 24 patients (29 p100) ont présenté une IRA sévère avec un taux de créatinine supérieur à 800 micromo/1 et des signes d'intolérance (hyperkaliémie, acidose, surcharge pulmonaire). La diurèse était conservée (>400 ml/24h) dans 25 p100 des cas. Le nombre de défaillances viscérales associées à l'atteinte rénale est en moyenne de 0,75 par malade avec prédominance des défaillances hémodynamiques (8 fois) et neurologiques (4 fois) par rapport aux défaillances respiraAdresse de correspondance : Docteur Mohamed BOUGHALEM Service d'Anesthésie Réanimation Hôpital Militaire Avicenne – Marrakech - Maroc INSUFFISANCE RENALE AIGUË ET ETATS INFECTIEUX SEVERES toires (03 cas) et hématologiques (03 cas). Le traitement symptomatique basé sur la réanimation cardiocirculatoire (remplissage vasculaire prudent, drogues vasoactives) et respiratoire (oxygénothérapie voire ventilation artificielle) a été assuré chez tous nos malades. Les mesures visant à contrôler le sepsis sont basées sur une antibiothérapie à large spectre, aux posologies adaptées à la fonction rénale dans tous les cas, sur la suppression de la porte d'entrée avec retrait du cathéter veineux central dans 2 cas et recours à la chirurgie chez 13 malades. L'épuration extra-rénale (hémodialyse conventionnelle) a été réalisée chez 9 patients, pendant une durée moyenne de 13 jours. Quatorze décès sont enregistrés (58,3 p100) alors qu'ils étaient tous en période d'IRA. La mortalité a été attribuée directement à l'IRA dans 3 cas (2 hyperkaliémies et 1 œdème aigu du poumon). Les autres causes de décès sont en rapport avec les autres défaillances d'organes: défaillance hémodynamique (6 cas), SDRA (3 cas) et CIVD (2 cas). Parmi les malades décédés, l'état infectieux était en rapport avec un sepsis abdominal post-opératoire dans 9 cas (64 p100). Sept malades parmi les 9 hémodialysés sont décédés (77 p100).Six patients ont récupéré une fonction rénale normale à la sortie (60 p100) ; les autres ont gardé des taux de créatinine relativement élevés et leur évolution ultérieure n'est pas connue. DISCUSSION L'IRA secondaire aux états septiques demeure une complication fréquente en réanimation. Son incidence reste élevée. Elle varie de 30 p100 dans les états septiques sans état de choc, mais atteint 50 p100 en cas de choc septique au moment du diagnostic (2). Sa pathogénie est encore incertaine. Longtemps considérée comme la conséquence exclusive des manifestations systémiques, l'atteinte rénale survient malgré le maintien d'une volémie adéquate et le rétablissement d'une hémodynamique systémique satisfaisante. Ceci plaide donc en faveur de l'existence de mécanismes intrarénaux responsables d'une vasoconstriction relative ou absolue et d'une inadéquation entre les apports et les besoins en oxygène. L'endotoxinémie et l'activation en cascade de médiateurs cellulaires et humoraux semblent impliquées dans l'atteinte rénale du choc septique. L'utilisation d'anti-médiateurs chez l'animal a permis de préciser le rôle de certains de ces médiateurs et offre la possibilité (tout au moins expérimentale) d'une prévention de l'IRA au cours du sepsis (3). L'aspect étiologique des infections directement impliquées dans la genèse de l'IRA connaît une variabilité liée au type de recrutement et à l'orientation des services de réanimation. Pour Feest et Coll. (4), ce sont les circonstances médicales retrouvées dans 41 p100 des cas qui étaient la cause principale, comparée aux sepsis chirurgicaux et obstétricaux, alors que notre série relève la nette prédominance des causes chirurgicales (66 p100), principalement des sepsis intra-abdominaux post-opératoires (58 p100 des cas). La mortalité est importante (58 p100), comparable à celle de Corwin (5). Elle est supérieure à la mortalité des malades hospitalisés en réanimation médicochirurgicale M. Boughalem pour IRA d'autres origines qui est voisine de 50 p100 (6). Les facteurs influençant le pronostic sont différemment appréciés par les auteurs (7). Bien que notre série soit courte pour avoir une valeur statistique, nous pensons comme d'autres auteurs (8) que l'âge avancé, pris isolement est un facteur de gravité, car les modifications fonctionnelles et structurelles du vieillissement prédisposent à une hypoperfusion rénale. La survenue de l'IRA en milieu hospitalier et le contexte chirurgical prédisposent à une mortalité supérieure à celle des patients médicaux (9). D'autre part, l'éradication de la porte d'entrée par une chirurgie adéquate est également un élément pronostique capital. C'est le cas notamment des sepsis intra-abdominaux post-opératoires. Ainsi les patients chirurgicaux qui survivent sont ceux dont la cause de l'état septique a pu être correctement éradiquée par un traitement chirurgical précoce et une antibiothérapie adaptée. Une défaillance viscérale associée à l'atteinte rénale est un autre facteur de mauvais pronostic. Dans ces conditions la mortalité est voisine de 70 p100, mais peut atteindre 80 p100 en cas de défaillances rénale et respiratoire combinées (10). La sévérité de l'IRA (oligurie, augmentation importante de la créatinine) et la nécessité d'E.E.R. ont été associées chez certains auteurs (11) à un pronostic vital plus sombre chez les patients dialysés que celui des patients ne nécessitant pas d'E.E.R. (69 p100 versus 28 p100). Dans notre série 7 malades sur 9 "épurés" sont décédés (77 p100). L'intérêt de l'institution précoce de l'E.E.R. a été mis en valeur depuis longtemps (12). Coratelli et Coll.(13) ont bien montré l'existence d'une corrélation étroite entre la précocité d'une technique d'E.E.R. et la survie des malades dans une étude rétrospective portant sur 85 IRA associées à un choc septique. Dans cette étude la survie était respectivement de 86 p100, 74 p100, 35 p100 et 24 p100 selon que la dialyse était débutée le 1er, 2ème, 3ème ou 4ème jour de l'anurie. L'hémodialyse séquentielle, continue a être la technique la plus utilisée (14), mais le déséquilibre systémique induit par la dialyse chez des patients en état septique grave, fait qu'actuellement les techniques d'épuration continue sont de plus en plus utilisées. L'hémofiltration continue reposant sur la convection est d'une efficacité moindre que celle de l'hémodialyse mais a une tolérance hémodynamique supérieure lui conférant un avantage décisif dans ces situations. L'autre effet bénéfique supposé des techniques continues dans l'IRA avec état septique est l'épuration des médiateurs impliqués dans la pathogénie des syndromes septiques, dans le but d'atténuer la dysfonction d'organes (15). Cependant le bénéfice de l'hémofiltration continue reste controversé. Neveu et Coll. (16) ont montré dans une étude multicentrique que la mortalité des patients en état septique traités par hémodialyse conventionnelle est moindre que celle des patients traités par les techniques continues, mais la sévérité des premiers est significativement plus faible que celle des seconds patients. La forte mortalité doit donc nous inciter à renforcer nos efforts préventifs : la prévention de l'état septique lui même est sans doute la mesure la plus importante : Il faut s'efforcer de diminuer la prévalence des infections nosocomiales, traiter correctement et éliminer toutes les portes d'entrée. La prévention des sepsis intra-abdominaux doit être l'obJ. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 7 INSUFFISANCE RENALE AIGUË ET ETATS INFECTIEUX SEVERES session du chirurgien et de l'anesthésiste-réanimateur, chacun à son niveau : respect des règles de l'antibio-prophylaxie, préparation colique correcte, technique chirurgicale appropriée, reprise chirurgicale précoce … Un autre impératif est la correction de l'hypovolémie, constante au cours des états septiques, et le maintien d'une volémie efficace permettant un transport d'oxygène optimal aux tissus et prévenant toute baisse du débit de filtration glomérulaire. La relance de la diurèse par le furosémide permet d'augmenter le débit urinaire et de diminuer les phénomènes d'obstruction tubulaire ; par contre, le bénéfice de la dopamine est douteux dans les états septiques car elle risque d'abaisser le débit mésentérique et le pH intra-muqueux gastrique (3). Enfin la suppression des facteurs iatrogènes est une mesure impor- RÉFÉRENCES 1. M. Boughalem tante. Il faut éviter toutes les médications qui majorent leur néphrotoxicité en présence d'une hypovolémie. Les drogues potentiellement néphrotoxiques doivent être prescrites, si elles sont indiquées, aux doses recommandées pour le degré d'insuffisance rénale. CONCLUSION Malgré les progrès considérables tant dans la connaissance de sa physiopathologie que dans la réanimation et les techniques d'EER, l'IRA d'origine septique reste grevée d'un mauvais pronostic. La mortalité élevée doit nous inciter à tout mettre en œuvre pour l'identification et le traitement précoce de l'infection responsable, seuls moyens d'améliorer la survie. BIBLIOGRAPHIQUES Cumming AD, Driedger AH, MC Dondad JW, Lindsay RM, Dolez K, Lanton AL. Vasoactive hormones in the renal reponse to systemic sepsis. Am J Kideney Dis 1988 ; 11 : 23-32. Rayner BI, Willcox PA, Pascor MD. Acute renal failure in community acquired bacterimia. Nephrol 1990 ; 54 : 32-35 Jambou P, Khelefs, Grimaud D. 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S. Kechaou**** *Service de Chirurgie Générale - ** Service d’Anesthésie Réanimation - *** Service de Réanimation - ****Service de Radiologie Hôpital Habib Bourguiba 3029, Sfax - Tunisie. Résumé La pancréatite aiguë nécrotico-hémorragique (PANH) reste une affection au pronostic incertain, la suppuration de la nécrose est sa complication locale la plus grave, elle apparaît chez 30 à 40% des patients ayant une forme sévère de PANH. Eude rétrospective, portant sur une série de 122 malades admis pour PANH graves diagnostiquées dans notre service sur une période de 10 ans, allant du 1er janvier 1990 au 31 décembre 1999. L'évolution de la PANH était favorable chez 71 patients et compliquée d'une suppuration pancréatique chez 30 patients. Les 21 patients restants sont décédés par des complications d'ordre général. Ainsi le taux de suppuration pancréatique était de 29,7%. Cette étude concerne deux groupes de malades : le 1er groupe comporte 71 malades non infectés et le 2ème groupe des malades infectés chez qui la suppuration pancréatique a été confirmée, il comporte 30 patients. Nous avons analysé les circonstances et le pourcentage d'apparition de plusieurs facteurs cliniques, biologiques et radiologiques dans les deux groupes, afin de déterminer les facteurs prédictifs d' une suppuration pancréatique. Nous avons dégagé ainsi cinq critères prédictifs de suppuration pancréatique statistiquement significatifs. En effet, l'étiologie biliaire, la présence d'une insuffisance respiratoire, la présence de troubles neurologiques, le score biologique de Ranson supérieur ou égal à 4 critères et un stade scanographique C, D ou E constituent des facteurs prédictifs de suppuration pancréatique. Par ailleurs, ni la laparotomie diagnostique, ni la présence à l'admission d'un état de choc, d'un ictère, de troubles de l'hémostase, d'une hyperglycémie>11mmol/l, d'une hyperazotémie > 7,4mmol/l et d'une hyperleucocytose >15000 éléments/mm3 ne se sont révélés comme des facteurs prédictifs de suppuration pancréatique dans cette étude. Mots clés : Pancreatite aigue, suppuration, facteurs prédictifs J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - P. 9 Summary The pancreatitis is an affection with uncertain pronostic. The suppuration of the necrosis is its mast dangerous local complication. This complication appears in 30% to 40% of patients with wound form of acuate pancreatitis. Our study is retrospective. It concerns 122 patients with acuate pancreatitis who were hospitalized from Janury 1990 to December 1999. The evolution of PANH was : favorable in 71 patients, 21 decesses during the first ten days due to general complications, 30 patients : presenting necrosis suppuration. We have individualized have two groups of patients ● The first group : non infected or non provied bacteriologically ● The second group : infected patients. (pancreatic suppuration was bacteriologically provide). This group contained 30 patients representing 29.70 % of cases of PANH. We will analyse, the sirconstances and the percentage of multiple clinic; biologic and radiologic factors in the two group infected and non infected. The Aim of this study is the evaluation of necrosis surinfection risk and the determination of factors which can predict the necrosis suppuration. This univariable analysis permitted to abtain 5 predictive factors of pancreatic suppuration, statistically significant. etiology Biliary , respiratory insufficiency, neurologie disorder Ranson score : > 4 in fact the difference is statistically significant beginning With 4 Ranson criteria and it is highly significant at 6 or 7 criteria,The scanographic stage is another predictive factor of surinfection. In fact there are 0% infected patients for B stage, 20% for C, 23.33 % for D and 56.66% for E. The difference is highly significant between the stages (A and B) on one side and between (C, D and E) on the other side (p < 10-7). Then, neither the diagnosic laparotomy nor the presence for admission of a shock, of a icterus, of hemostatic troubles; of hyperglycemia > 11 mmol/l, of a hyperazotémia > 7.4 mmol/l and of a hyperleucocytosis > 15000 elements / rnm3, constituded factors predicting the pancreatic suppuration. Keys word : Acute panceatitis, surinfection, factors predicting J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - P. 9 INTRODUCTION La pancréatite nécrotico-hémorragique (PANH) sévère est caractérisée par un grand polymorphisme clinique et par une variabilité évolutive faisant de la défaillance polyviscérale au cours de la phase précoce et de la surinfection de la nécrose, les principales causes de décès. Le devenir de la nécrose au cours de la P.A.N.H. reste malgré toutes les estimations pronostiques imprévisible. Une suppuration pancréatique désigne toute infection bactérienne de la nécrose pancréatique, péri-pancréatique ou des épanchements liquidiens survenant dans le cadre des complications locales de la P.A.N.H., sans aucune considération du délai d'apparition dans le temps. C'est la complication locale la plus grave de la P.A.N.H., grevée J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 9 LES FACTEURS PREDICTIFS DE SUPPURATION PANCREATIQUE AU COURS DES PANCREATITES AIGUES GRAVES d'une lourde mortalité, elle se voit chez 30 à 40% des patients ayant une forme sévère. Le but de ce travail était d'étudier l'effet de plusieurs facteurs bio-cliniques et radiologiques sur la suppuration pancréatique afin de chercher les variables liées de façon statistiquement significative à cette complication. MATERIEL ET METHODES Nous avons étudié d'une façon rétrospective et consécutive 122 dossiers de patients admis pour PANH graves durant une période allant du 1er Janvier 1990 au 31 Décembre 1999. Les 122 patients se répartissaient en 74 femmes (60,6%) et 48 hommes (39,4%), le sex-ratio (H/F) était de 0,88. L'âge moyen des patients était de 52,6 ans, avec des extrêmes de 27 à 82 ans. Tous les patients ont été admis dans des salles de soins intensifs ou au service de réanimation, le traitement comportait systématiquement : - la correction des perturbations générales de la PANH et une protection gastrique par les anti H2 - une antibiothérapie de première intention à base de pénicillines A et d'un aminoside. La médiane de la prise en charge entre le début des signes cliniques et la date d'admission était de quatre jours avec des extrêmes de 0 à 31 jours. Le diagnostic de PANH a été confirmé par les données cliniques, biologiques et échographiques dans 78 cas, par le scanner dans 25 cas et par la laparotomie dans 19 cas. 78% des patients avaient au minimum 4 critères bio-cliniques de gravité selon le score de Ranson et 82% ont été classés stade C, D ou E selon la classification scanographique de Ranson et Baltazar. L'évolution de la PANH était marquée par le décès dans 21 cas (17%) au cours des 10 premiers jours de la maladie par des complications d'ordre général. Elle était favorable chez 71 patients et pour les 30 patients restants, ils avaient présenté une suppuration pancréatique. C'est ainsi, que nous avons individualisé deux groupes de malades: -Le premier groupe de malades non infectés ou sans preuve bactériologique. Il comporte 71 patients. -Le deuxième groupe de malades infectés chez qui une suppuration pancréatique a été confirmée. Il comporte 30 patients et représente 30% des cas des PANH. Nous avons retenu comme critère de suppuration pancréatique la présence de germes dans les prélèvements pancréatiques et péripancréatiques ou la constatation de pus franc en per-opératoire ou à la ponction percutanée d'une collection pancréatique. Les circonstances et le pourcentage d'apparition de plusieurs facteurs cliniques, biologiques et radiologiques dans les deux groupes de malades infectés et non infectés ont été comparés afin de déterminer les facteurs prédictifs de la suppuration pancréatique. Les facteurs étudiés étaient : l'étiologie de la PANH, la réalisation d'une laparotomie diagnostique, l'ictère, l'hyperglycémie, l'hyperazotémie, l'hyperleucocytose, l'état de choc, l'insuffisance rénale, les troubles respiratoires, les troubles de l'hémostase, les troubles neurologiques, le score bio-clinique de Ranson et le stade scanographie de Ranson-Balthazar. L'analyse statistique mono-factorielle a été basée sur le test de Chi2 et de Student.p < 0,05 a été considéré comme significatif. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 10 M. I. Beyrouti RESULTATS Dans le groupe des 30 patients infectés, qui comporte 15 femmes et 15 hommes, l'âge moyen était de 53 ans, la PANH était d'origine biliaire dans 22 cas. Le diagnostic de PANH surinfectée a été basé sur les données cliniques, biologiques et échographiques chez 10 patients, cliniques et scanographiques chez 14 patients et par la laparotomie chez 6 patients. Les patients avaient 3 à 5 critères selon le score de Ranson dans 53% des cas et plus que 5 critères dans 47 % des cas. Selon la classification scanographique de Ranson et Baltazar, 6 patients ont été classés stade C, 7 patients stade D et 17 patients stade E. Nous avons effectué en moyenne 4 scanners par patient, des coulées de nécrose ont été trouvées 24 fois, leur nombre maximal par patient a été de 5. La médiane du délai d'apparition de l'infection pancréatique était de 20 jours, chez 12 patients soit dans 40 % des cas la suppuration pancréatique est apparue au cours de la 3ème semaine d'évolution de la maladie. Le diagnostic de la suppuration pancréatique a été suspecté devant une fièvre isolée une fois, un syndrome péritonéal cinq fois et une hyperleucocytose isolée onze fois, alors que le tableau était complet associant une fièvre, une hyperleucocytose et une irritation péritonéale dans 11 cas. L'échographie avait évoqué des coulées de nécrose infectées 12 fois. Le scanner qui a été réalisé chez tous les malades, avait montré une bulle d'air dans 5 cas et un abcès dans 17 cas. 1) Analyse des facteurs cliniques : L'étiologie biliaire a constitué un facteur prédictif de suppuration pancréatique, la laparotomie diagnostique ne l'a pas été. La présence d'un état de choc à l'admission n'a pas constitué un facteur favorisant la suppuration pancréatique, de même que la présence d'un ictère. L'insuffisance respiratoire a été définie dans notre étude par une PO2< à 60 mmHg associée à une PCO2 > à 45 mmHg, elle a été trouvée chez 19 patients et elle a constitué un facteur favorisant la surinfection (Tableau I). Tableau I : Analyse des facteurs cliniques Etiologies - Biliaires - Autres Laparotomie diagnostique Etat de choc Troubles respiratoires Troubles neurologiques Troubles hémostase Ictère Non infectés n = 71 infectés n = 30 P 32 39 22 8 0,009 7 6 0,16 6 5 0,45 6 13 0,00004 4 9 0,0008 3 11 3 8 0,24 19 2) Analyse des facteurs biologiques : Les troubles de l'hémostase ont été définis dans notre étude par un taux de plaquettes < 120.000/mm3 et/ou un TP <50%. Ils n'ont pas constitué un facteur associé à la suppuration pancréatique. De même pour l'hyperglycé- LES FACTEURS PREDICTIFS DE SUPPURATION PANCREATIQUE AU COURS DES PANCREATITES AIGUES GRAVES mie>11mmol/l, l'hyperazotémie>7,4mmol/l et l'hyperleucocytose> 15000 élements/mm3, ne se sont pas révélés comme étant des facteurs prédictifs d’infection. Tableau II : Analyse des facteurs biologiques Non infectés infectés P n = 71 n = 30 Hyperglycémie>11 mmol/l 21 11 0,09 Hyperazotémie>7,4 mmol/l 26 7 0,11 Hyperleucocytose 64 24 0,164 >15000/mm3 3) Le score bio-clinique de Ranson : A partir de 4 critères de Ranson, la différence est statistiquement significative et elle devient hautement significative à 6 ou 7 critères. Le score de Ranson constitue donc un facteur prédictif de suppuration pancréatique. Tableau III : Analyse du score de Ranson Score de Ranson 3 4 5 6 7 Non infectés n=71 22 22 15 10 2 Infectés P n=30 5 0,13 (NS) 4 0,003 (S) 7 0,001 (S) 10 0,0008 (S) 4 0,0002 (S) 4) La classification scanographique de RansonBalthazar : Le stade scanographique est un facteur prédictif de surinfection, en effet nous avons 57% de cas infectés pour le stade E, 23% de cas infectés pour le stade D , 20% de cas infectés pour le stade C, mais 0% de cas infectés pour le stade A ou B, la différence est hautement significative entre les stades A, B d'une part C,D, E, d'autre part. Tableau IV : Analyse de la classification scanographique Stade B C D E Non infectés n=71 18 29 19 5 Infectés n=30 0 6 7 17 P 0,002 <10-7 <10-7 DISCUSSION La suppuration pancréatique désigne toute infection bactérienne de la nécrose pancréatique où péri-pancréatique ou des épanchements liquidiens survenant dans le cadre des complications locales de la P.A.N.H., sans aucune considération du délai d'apparition dans le temps, ni de son étiologie (16). Les suppurations pancréatiques se développent chez 3% à 4% de l'ensemble des malades atteints de pancréatite aiguë oedémateuse et nécrotico-hémorragique. Selon BUCHLER (1), elles se développent chez 5 à 10% des patients tous stades confondus et chez 30 à 40% des patients ayant une forme sévère de PANH. Dans la série Tunisienne des PANH présentée par DZIRI (2), la suppuration pancréatique est apparue dans 24,6% des cas. M. I. Beyrouti Dans notre série ce taux était de 27,9% de l'ensemble des PANH graves ayant au moins trois critères de Ranson et un stade scanographique C, D ou E. 1/ Les éléments de diagnostic Plusieurs études ont suggéré que l'origine alcoolique est associée à un taux assez faible de survenue d'infection, en revanche les deux types de PANH qui sont associées à un taux élevé sont la post-opératoire et la post-traumatique, le risque est intermédiaire pour l'origine biliaire et pour les autres étiologies (3). Dans notre série l'origine biliaire des PANH était noté chez 54 patients, parmi eux 22 patients avaient une suppuration pancréatique, l'origine biliaire est un facteur prédictif d’infection. Certains auteurs (15) ont montré la nette supériorité de l'incidence des formes sévères ainsi que des formes compliquées de PANH chez les patients obèses plus que chez les patients non obèses, ceci est expliqué par le ralentissement circulatoire qui favorise l'hypoxie et la diminution des cellules immunitaires chez les obèses (4). L'infection de la nécrose peut survenir à n'importe quel moment de l'évolution de la PANH, les circonstances du diagnostic modifient peu le taux d’infection (2), ainsi la laparotomie diagnostique, n'était pas un facteur prédictif de suppuration pancréatique dans notre série. Bien que BERTRAND (5) a conclu que le taux de suppuration pancréatique est très élévé entre la 2ème et la 3ème semaine pour les patients qui ont subi une chirurgie. La présence d'un état septique à l'admission, l'existence d'un iléus paralytique et l’altération de l’état de conscience favorisent l’apparition d'une infection de la nécrose (3). Dans notre étude, le risque de développer une infection de la nécrose était trois fois plus important pour un patient présentant des troubles neurologiques et deux fois et demi plus important pour celui qui avait une septicémie. 2) Les éléments de pronostic a- Les scores bio-cliniques: La valeur pronostique du score de Ranson et de l'indice de gravité simplifié (IGS) a été démontrée dans plusieurs études (6,16). Ainsi le score de Ranson à critères cliniques et biologiques multiples trouve une utilité dans l'identification des patients à risque de complications précoces. BLAMEY (7) avait montré dans une série de 347 PANH que la morbidité atteint 60% lorsque le score de Ranson était > 3. De même dans notre série, à partir de 4 critères de Ranson la différence entre les malades infectés et les malades non infectés est statistiquement significative et elle devient hautement significative à 6 ou 7 critères, parfois les 11 critères du score de Ranson ne sont pas tous demandés ou parvenus initialement, ce qui fait que certains malades étaient sous classés. Le score APACHE II (Acute Physiology And Chronic Health Evaluation) et le score d'Imrie ont été validés par plusieurs équipes pour évaluer la gravité de la pancréatite aiguë et notamment dans l'infection de la nécrose pancréatique (8). La complexité des scores a poussé les cliniciens et les chercheurs à essayer de trouver d'autres critères paracliniques objectifs plus simples tels que la C/ Reactive Protein (CRP), le peptide d'activation du trypsinogène (TAP), l'interleukine 6 (IL6), l'élastase et la phospholipase A2. C'est probablement l'étude de ces paramètres biologiques qui constitue la voie d'avenir dans l'étude pronostique des pancréatites aiguës (9). Dans notre étude, uniquement le score de Ranson a été J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 11 LES FACTEURS PREDICTIFS DE SUPPURATION PANCREATIQUE AU COURS DES PANCREATITES AIGUES GRAVES étudié. Cette insuffisance peut s'expliquer par son caractère rétrospectif n'ayant pas permis de tester plusieurs paramètres. b/ La valeur pronostique du scanner initial : Elle a été déjà démontrée par Ranson et Balthazar (10,11). Le stade scanographique reste le facteur le mieux corrélé aux risques d'infection, MILLAT (12) trouve 4% d'infections pour les stades A, B ou C contre 45% pour les stades D, E. L’inconvénient de cette classification est qu'elle ne tient pas compte de l'appréciation des lésions après injection du produit de contraste et elle n'explique pas à elle seule que beaucoup de PANH grade D et E avaient évolué favorablement. C'est pour cela que depuis 1985, plusieurs auteurs (13) avaient étudié d'autres signes scanographiques pouvant avoir une valeur pronostique. L’étendue de la nécrose a été étudiée, BUCHLER (1) a montré que les infections se développent beaucoup plus chez les patients ayant des nécroses extensives, avec un taux d'infection de 42% pour les patients ayant plus de 50% de nécrose. Le nombre des coulées de nécrose a été aussi étudié, pour DELABY (14), il existe une corrélation entre un nombre de coulées de nécrose supérieur à trois et une évolution vers une infection ou un faux kyste . La topographie des coulées de nécrose avaient aussi une influence sur le risque d'évoluer vers l'infection. Pour DZIRI (2), Il s'agissait des coulées de l'arrière cavité des REFERENCES 1. épiploons, de l'espace pararénal antérieur gauche, de l'espace pararénal postérieur gauche, du fascia de Toldt gauche, du mésocolon transverse, du mésentère, de l'espace pararénal antérieur droit et du fascia de Toldt droit. Une étude prospective multicentrique de l'Association de Recherche en Chirurgie (3) réalisée en 1994, a étudié un groupe homogène de 222 patients ayant une première poussée de PA., parmi eux 72 ont eu une infection de nécrose, l'analyse statistique avait permis de retenir que le risque d'infection de nécrose augmentait de manière significative en l'absence de visualisation de la veine splénique, lorsqu'il existait un aspect hétérogène d'une collection extra-pancréatique ou une coulée de nécrose de l'espace pararénal postérieur droit (19). CONCLUSION En l’absence de spécificité des éléments cliniques, biologiques et radiologiques, plusieurs facteurs sont prédictifs de suppuration pancréatique. En combinant le score bioclinique (Ranson > 3) et le stade scanographique (D ou E), il est possible de déterminer le groupe à haut risque d'infection, c'est dans ce groupe que la ponction dirigée des collections sous échographie ou scanner, permet d'établir le diagnostic d'infection BIBLIOGRAPHIQUES Buchler MW, Gloor B, Muller CA, Friess H, et al. Acute necrotizing pancreatitis: treatment strategy according to the status of infection. Ann. Surg. 2000 ;232:619-26 2. Dziri C. Les pancréatites aiguës (étude multicentrique) Rapport présenté du XIX congrès de l'association tunisienne de chirurgie Tunis, 5,6,7 mars 1998 3. Widdison A.L., Karanjia N.D. Pancreatic infection complicating acute pancreatitis. Br J Surg, 1993, 80 : 148-54.(5) 4. Suazo-Barahona J., Carmona-Sanchez, Robles-Diaz G. et al. Obesity : a risk factor for severe acute biliary and alcoholic pancreatitis. Am J Gastroenterol, 1998, 93 : 1324-28.(11) 5. Bertrand M., Guillon F. Indices pronostiques dans la pancréatite aiguë. 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Nous avons cherché à évaluer le rôle de l’expérience de l’équipe soignante sur la mortalité de ces infections traitées dans notre centre depuis dix ans. Protocole : Etude rétrospective, concernant 44 patients porteurs d’infections graves des parties molles. Le traitement, identique pour tous les patients, a associé chirurgie précoce, pansements journaliers, réanimation, antibiothérapie, et oxygénothérapie hyperbare. Pour chaque année ont été relevés le nombre de patients traités, le nombre de décès, l’indice de gravité simplifié. Deux groupes ont été individualisés et comparés,avant et après le 01-01-96, date de la montée en puissance de l’équipe médico-chirurgicale. Lieu de l’étude : Service de réanimation, Hôpital du Val de Grâce, Paris. Sélection des participants : Tout patient adressé dans le service avec le diagnostic de « gangrène », toutes localisations confondues, sur la période 1990 – 2000. Critère de jugement principal : décès ou sortie de l’hôpital. Résultats : A gravité égale, il existe une différence significative de mortalité entre ces deux groupes (33 p. 100 avant 1996, 9 p. 100 après 1996, p=0,01). Conclusions : Nos résultats objectivent un rapport direct entre le nombre de patients traités annuellement pour infection grave des parties molles et la mortalité, ce qui nous incite à penser que l'entraînement et l'expérience de l'équipe sont des facteurs prépondérants pour diminuer la mortalité de ce type de pathologie. Mots Clés : Tissus mous, infection, mortalité, compétence clinique. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 13 Summary Aim of the study : Severe soft tissue infections have a mortality between 20 and 50%. We tried to assess whether practical medical experience has affected the mortality of these infections in our unit over the last ten years. Methodology : Retrospective study of 44 patients with severe soft tissue infections. The treatment was the same for each patient, and associated early surgery, daily dressing, intensive care, antibiotherapy, and hyperbaric oxygen-therapy. Each year ; an assessment of the patients seriousness (new Simplified Acute Physiology Score) as well as the calculation of mortality, were carried out. Two groups were selected and compared, before and after 1st January 1996, date of the increase of our activity. Setting : Intensive care unit, Val de Grâce Military Hospital, Paris. Selection of Patients : All the patients sent for necrotizing soft tissue infection, wherever its localization was, over the period 1990-2000. Main outcome measure : Fatal outcome or recovery. Results : even with equal severity, mortality differs significantly between the two groups (33 p. cent before 1996, 9 p. cent after 1996, p=0,01). Conclusions : The number of patients treated yearly for severe soft tissue infection is directly related to mortality, which prompts us to assess that the practice and experience of the medical staff are essential to reduce the mortality of these infections. Key-words : Soft tissue infections, mortality, clinical competence. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 13 La prise en charge des infections graves des parties molles, ou dermohypodermites nécrosantes (DHN), souvent appelées "gangrènes", reste une question d'actualité. Elles peuvent engager rapidement le pronostic vital (mortalité entre 20% et 50%) ou fonctionnel (amputations, mutilations, excisions musculaires) [1,2]. Nous avons cherché à évaluer le rôle de l’expérience de l’équipe soignante sur la mortalité des DHN traitées dans notre centre depuis dix ans. Durant cette période, notre département s’est donné pour but de devenir un pôle d’excellence dans la prise en charge des dermohypodermites nécrosantes avec un accroissement du recrutement depuis 5 ans. RAPPELS : PHYSIOPATHOLOGIE ET TRAITEMENT De multiples classifications ont été proposées, étiologiques, bactériologiques ou anatomiques. Ces dernières différencient les atteintes sous-cutanées (cellulites), du fascia (fasciites), ou des muscles (myonécroses). Aucune de ces classifications n’a d’intérêt pratique, car la clinique est peu spécifique et le traitement toujours identique : chirurgie, antibiothérapie, réanimation et si possible oxygénothérapie hyperbare (OHB) [3]. Trois cir- constances étiologiques peuvent être rencontrées : post traumatiques (plaies souillées), post opératoires (actuellement premières pourvoyeuses de cette pathologie) ou médicales. Dans cette dernière catégorie, le terrain, avec ischémie préexistante, va favoriser l'extension d'un ulcère ou d'une simple effraction du revêtement cutané, et le transformer en tableau de gangrène. C'est le cas du patient diabétique, de l'artéritique mais aussi de tous les patients immunodéprimés [4]. Les premiers germes retrouvés dans l'historique de la "gangrène gazeuse" sont des anaérobies type Clostridium perfringens. Ceci a entraîné une véritable confusion entre "infection des parties molles" et "infections à germe anaérobies". Actuellement, il est communément admis qu'il s'agit d'infections polymicrobiennes aéro-anaérobies [5]. Les germes les plus fréquents sont : Clostridium, Bacteroïdes, bacilles à Gram-négatif (BGN), streptocoques anaérobies, entérocoques, et staphylocoques [6]. Le diagnostic est essentiellement clinique, basé sur l’examen local des tissus infectés : douloureux, ecchymotiques et chauds ou au contraires pâles et froids, odeur “ de souris ”, suintement, œdème. La "crépitation neigeuse" est typique de la présence de gaz sous-cutané. Les signes généraux font la J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 13 L’EXPERIENCE DE L’EQUIPE MEDICALE MODIFIE-T-ELLE LA MORTALITE DES INFECTIONS GRAVES DES TISSUS MOUS gravité de la pathologie : le sepsis peut évoluer vers le choc septique et le décès en quelques jours ou heures. Les examens paracliniques ont pour but d'évaluer le retentissement du choc: acidose lactique, insuffisance rénale, insuffisance respiratoire, syndrome de défaillance multi-viscérale. Le diagnostic étiologique, tardif et parfois peu contributif, repose sur une cueillette bactériologique. Les hémocultures sur milieux spécifiques pour anaérobies et les prélèvements locaux permettent une adaptation de l'antibiothérapie. La prise en charge s'organise en deux temps. La prise en charge immédiate est un traitement non spécifique de réanimation permettant d'amener le patient rapidement au bloc opératoire. Le traitement chirurgical consiste en des excisions, un parage, lavage puis drainage des zones atteintes afin de diminuer l'inoculum bactérien. I1 permet un diagnostic anatomique en recherchant les zones de vitalité tissulaire (évolution plus favorable si fascia non atteint). En cas de localisation aLdominopérinéale ou scrotale, une colostomie de décharge est recommandée dès la première intervention afin d'éviter les souillures du pansement. S'il s'agit d'un membre, le traitement initial se doit d'être conservateur, mais une amputation de sauvegarde peut s'avérer nécessaire après quelques jours d'évolution L'antibiothérapie initiale est empirique, active sur tous les germes habituellement responsables, anaérobies et BGN [7]. Elle consiste en une association d'antibiotiques, par voie parentérale. Un imidazolé, régulièrement actif sur la plupart des anaérobies, est associé à une uréidopénicilline, couvrant en particulier le bactéroïdes et l’entérocoque, et un aminoside à visée anti-BGN [8]. La réanimation doit prendre en charge le terrain du patient : le diabète doit être contrôlé par insulinothérapie et la maladie thromboembolique prévenue par héparinothérapie. L’artériopathie des membres inférieurs nécessite un bon débit vasculaire périphérique. L'obésité est un facteur de gravité avec augmentation du risque nosocomial (surinfections, thromboses veineuses, ...). La réanimation, la chirurgie et l’antibiothérapie sont le trépied de la prise en charge en urgence des infections des parties molles. L’OHB est un moyen adjuvant qui ne doit en aucun cas retarder la prise en charge décrite antérieurement. Bien qu’aucune étude contrôlée randomisée n’ait pu être menée pour confirmer l’efficacité de cette méthode chez l’humain, nous avons néanmoins choisi de la maintenir sur des arguments expérimentaux in vitro [2] et chez l'animal [9-11]. Une activation du potentiel phagocytaire des polynucléaires, une potentialisation de l’effet des antibiotiques (b-lactamines, aminosides) ainsi qu’une stimulation des phénomènes de cicatrisation constituent l’essentiel de son action [12]. Par ailleurs, plusieurs métaanalyses américaines mettent en évidence une nette diminution de mortalité lors de l’utilisation de cette technique, en association à la chirurgie et l’antibiothérapie [2,1315]. Elle pourrait ainsi diminuer de 50% vers 20-30% [16]. La prise en charge secondaire consiste en une réanimation prolongée de patients choqués souvent en défaillance multiviscérale. Les pansements et excisions quotidiens pratiqués au bloc opératoire font souvent maintenir le patient sous sédation. L'antibiothérapie doit être réadaptée après résultats de la culture bactérienne. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 14 F. Petitjeans MATÉRIEL ET MÉTHODE Afin d'évaluer le rôle de l’expérience de l’équipe soignante sur la mortalité des DHN, nous avons réalisé une étude rétrospective sur dix ans, entre les années 1990 et 2000. Elle a été menée à l’Hôpital d’Instruction des Armées du Val de Grâce, qui est un des rares centres hospitaliers de la région parisienne à posséder un caisson hyperbare. Il s’est donc donné pour but de devenir un des pôles de traitement des infections graves des tissus mous, ce qui permet en outre aux chirurgiens, réanimateurs et biologistes militaires de garder une bonne compétence dans le traitement de cette affection réputée comme étant une complication majeure des plaies de guerre. Les critères d’inclusion à posteriori ont été un diagnostic de sortie d’infection grave des parties molles, DHN, ou gangrène quelle que soit la localisation, la profondeur, la bactériologie ou la cause de ces infections. Ce diagnostic a été porté de visu par le chirurgien. Nous avons ainsi rassemblé 44 cas d’infections graves des parties molles, pour lesquelles le traitement a été identique, comportant chirurgie précoce puis pansements journaliers, réanimation, antibiothérapie protocolée (uréidopénicilline, métronidazole, aminoside) puis adaptée aux résultats bactériologiques, et OHB jusqu’au bourgeonnement. Pour chaque année ont été relevés le nombre de patients traités, le nombre de décès, l’indice de gravité simplifié ou IGS II [17]. Deux groupes ont été individualisés (avant et après le 01-01-96), date de la montée en puissance de l’équipe médico-chirurgicale. Les statistiques utilisées ont consisté en une analyse univariée et régression logistique avec test de Wald et p significatif si <0,05. Par ailleurs, dans une optique purement descriptive, nous avons recueilli à partir de sa mise en place (soit pour les 20 derniers patients) le score OMEGA [18], qui quantifie la lourdeur des soins occasionnée par le traitement de réanimation. RÉSULTATS Il n’existe pas de différence significative de l’IGS II moyen entre les deux groupes. Nous les considérons donc comme présentant une gravité similaire (avant 1996 : 35+/-20, après 1996 : 34+/-25). En revanche, nous avons constaté une nette différence de mortalité en fonction de la date de prise en charge (Tableau I). Tableau I. : Recueil des cas de dermohypodermites nécrosautes avant et après janvier 1996 Nombre patients Moyenne annuelle Nombre de décès Taux de mortalité 12 36 2 6.4 4 3 33%* 9%* < 1996 > 1996 * p=0.01 En effet, avant 1996, alors que le service possédait moins d'expérience de cette pathologie, et que le nombre moyen annuel de patients traités pour celle-ci était de 2, nous avons observé une mortalité de 33 p. cent. Après 1996, date de montée en puissance de ce centre de traitement des infections graves des parties molles, avec une moyenne de 6.4 patients par an, le taux de mortalité est ramené à 9 p. cent (p=0.01). Il n'y a pas eu de changement notable durant cette période des personnels séniors impliqués L’EXPERIENCE DE L’EQUIPE MEDICALE MODIFIE-T-ELLE LA MORTALITE DES INFECTIONS GRAVES DES TISSUS MOUS dans cette prise en charge, ni des matériels ou médicaments à disposition. Enfin, l’OMEGA moyen des 20 derniers patients traités a été de 354. DISCUSSION Nos résultats initiaux objectivent un rapport direct entre le nombre de patients traités annuellement pour infection grave des parties molles et la mortalité. Cela nous incite à conclure que l'entraînement et l'expérience de l'équipe sont des facteurs prépondérants pour diminuer la mortalité de ce type de pathologies. En effet, ces infections, qui ont longtemps été la terreur des champs de bataille, sont actuellement assez méconnues. Lors des campagnes napoléoniennes, Larrey ampute de manière préventive en zone saine toutes les plaies souillées pour diminuer l’effroyable mortalité de cette affection. Plus récemment, lors du premier conflit mondial, 5 % des plaies de guerre sont compliquées de gangrène. L’arrivée de la pénicilline en 1945 a porté un coup d’arrêt à cette pathologie qui sera remise au goût du jour dans les années 1970-1980 du fait de l’augmentation de la traumatologie de la voie publique et d’un relâchement dans les prophylaxies chirurgicales et antibiotiques face à une pathologie paraissant désuète. Actuellement, l’incidence de cette affection a été estimée à 0,1 à 0,4 cas pour 100 000 habitants [19], et cette relative rareté est probablement à l'origine des difficultés de REFERENCES F. Petitjeans prise en charge globale d'une affection complexe, mal connue, au pronostic redoutable. Avec, dans notre expérience, un score OMEGA moyen à 354 et un score IGS II moyen à 34, on imagine aisément la lourdeur de la prise en charge de ces patients graves au terrain souvent débilité. C’est pourquoi il paraît raisonnable de recommander à l’heure actuelle de les transférer le plus précocement possible dans un centre multidisciplinaire spécialisé dans cette pathologie. Ce dernier devra disposer d’un personnel médico-chirurgical et paramédical motivé et rodé à cette pathologie, et d’un plateau technique réanimatoire performant si possible à orientation hyperbare. Ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra espérer stabiliser, voire diminuer, la mortalité de ces affections au pronostic redoutable. CONCLUSION Il semble donc que la mortalité liée aux infections graves des parties molles soit directement influencée par l'expérience et l'entraînement de l'équipe soignante. Cela plaide pour le développement de centres spécialisés dans la prise en charge de cette pathologie, de type « Gangrenecenters ». Ces derniers pourraient (mais non obligatoirement) s’organiser autour des - trop rares ? - caissons d’OHB . L’évacuation précoce vers de telles structures permettrait alors d’influencer favorablement le pronostic de cette pathologie redoutable. BIBLIOGRAPHIQUES 1. Mathieu D, Neviere R, Chagnon JL, Wattel F. 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Dans 5 cas la diffusion gagnait la paroi abdominale et dans un cas la paroi thoracique. Tous les patients ont bénéficié d’une triple antibiothérapie à large spectre. Le traitement chirurgical a consisté en un débridement avec excision des zones nécrotiques. L’oxygénothérapie hyperbare a été utilisé chez 18 patients ayant des lésions étendues. On a eu recours à la colostomie 6 fois pour des dégâts ano-périnéaux importants. On a enregistré 4 décès post-opératoires. L’évolution était favorable chez 31 malades. La gangrène périnéo-scrotale est une urgence médico-chirurgicale grave. Son traitement doit être rapide et énergique par l’utilisation d’une antibiothérapie à large spectre, un débridement chirurgical agressif et des soins locaux bi-quotidiens voire tri-quotidiens Mots clés : Gangrène, cellulite, gangrène de Fournier, périnée, oxygénothérapie hyperbare. J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - P. 16 Summary A total of 35 cases of perineo-scrotal gangrene were reviewed between january 1989 and june 2000. Meanage was 46 years (range 20 to 60). The aetiology was identified in 27 cases and no cause is found in 8 cases The mean interval between initial symptome and diagnosis was 7 days. Lesions involve the scrotum and penis in all cases, but extended to the abdomen in 5 cases and thorax in one case. All patients were treated with broad-spectrum triple antimicrobial therapy, surgical broad debridement, exhaustive cleanning of necrotizing tissus. Hyperbaric oxygenation was performed in 18 cases and colostomy in 6 cases how had important ano-perineal lesions. Of 35 patients treated, 4 died postoperatively and 31 survived with favorable outcome. Perineo-scrotal gangrene is a serious medico-chirurgical emergency. The management of this infectious entity should be rapid and aggressive with broad-spectrum triple antimicrobial therapy, surgical broad debridement and biquotidien or triquotidien local treatment. Key-words : Gangrene, cellulitis, Fournier’s syndrome, hyperbaric oxygenotherapy, perineum J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - P. 16 Les gangrènes périnéo-scrotales sont des infections des tissus cutanés, sous cutanés et musculaires .Elle sont graves et rapidement fulminantes. Le point de départ est périnéal avec extension loco-régionale (1). Malgré les progrès thérapeutiques, cette affection reste une entité sérieuse, avec des taux de mortalité pouvant atteindre 50 % (2,3). Nous analysons à travers nos observations les aspects cliniques, étiologiques et thérapeutiques de cette affection . MATÉRIEL ET MÉTHODES Nous rapportons une série de 35 patients traités dans notre service entre janvier1989 et juin 2000. ischiorectales (8 cas) et la région thoracique (1 cas). Les corps caverneux et les testicules étaient intacts dans tous les cas. Le bilan biologique montrait à la numération formule sanguine un taux normal de leucocytes dans 8 cas et une hyperleucocytose dans 27 cas. Les prélèvements bactériologiques ont permis d’isoler streptocoque B hémolytique (20 cas), P.oeruginosa (20 cas), E. coli (10 cas), clostridium perfringens (3 cas), proteus (2 cas), staphylocoque (2 cas). Chez 7 patients aucun germe n’à été retrouvé, 27 patients présentaient une cause sous-jacente et chez 8 patients aucune cause n’a été retrouvée (tableau I). Tableau I : Etiologies des gangrènes périnéo-scrotales RESULTATS L’âge moyen des patients était de 46 ans avec des extrêmes allant de 20 à 60 ans. L’interrogatoire retrouvait dans les antécédents la notion de diabète (11 cas), d’insuffisance rénale chronique (1 cas) et d’HTA (1 cas). Au cours de la phase de début, tous les patients présentaient des douleurs et des œdèmes du périnée avec hyperhémie des bourses. La fièvre était notée dans 30 cas. Les patients sont vus à la phase gangreneuse dans plus de 50% des cas, avec un délai moyen de consultation de 7 jours et des extrêmes allant de 2 à 10 jours. Au cours de cette phase, 14 patients présentaient une altération de l’état général ; parmi eux, 6 patients avaient amorcé un sepsis plus ou moins sévère avec des troubles de conscience (2 cas). L’examen clinique révélait une atteinte du périnée, de la verge et du scrotum dans tous les cas. Une extension à la paroi abdominale (5 cas), aux fosses J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 16 Etiologies Etiologies urologiques - urétrite chronique - orchite négligée - rétrécissement de l’urètre - sondage traumatique - péniflow inapproprié Etiologies Proctologique - abcès anal fistulisé - fissure anale - traumatisme anal Pas d’etiologies Identifiées Nombre de cas 6 3 5 1 1 8 2 1 8 Tous les malades étaient hospitalisés en urgence et avaient bénéficié d’une réanimation préopératoire classique, comprenant une correction de l’état hémodynamique et hydroélectrolytique avec hyper-alimentation LES GANGRENES PERINEO-SCROTALES parentérale en fonction des cas. L’antibiothérapie utilisée après prélèvement bactériologique était basée sur une triple association : métronidazole, pénicilline G, aminoside. L’association aux céphalosporines de 2ème ou de 3ème génération était adoptée selon les cas. Le traitement chirurgical était toujours démarré le plus rapidement possible. Celui ci consistait en un débridement et excision des zones nécrotiques, effondrement des logettes de pus scrotales, périnéales, ischio-rectales et abdominales. La colostomie était pratiquée chez 6 patients. Le drainage des urines était effectué par cystostomie à minima dans 13 cas et sondage vésical dans 6 cas. Les soins locaux bi-quotidiens voire tri-quotidiens, étaient réalisés chez tous les patients. L’oxygénothérapie hyperbare était pratiquée chez 18 patients surtout lorsqu’il existait des lésions étendues. Elle consistait à faire des cycles de 60 à 90 min à une pression absolue de 2,5 atmosphères, avec des cycles allant de 6 à 20. Le traitement en différé consistait en plus du traitement étiologique en la réalisation d’une greffe cutanée libre pour couvrir un défect périnéal important dans 5 cas et une fistule du plancher urétral dans un cas. Le lambeau musculo-cutané au dépens du droit interne avait servi une fois à la couverture du périné. L’enfouissement des testicules à la face interne des cuisses était réalisé 4 fois. Une suture secondaire de la peau scrotale après débridement et décollement était réalisée chez 5 patients. La durée moyenne d’hospitalisation était de 48 jours, avec des extrêmes allant de 20 à 75 jours. Nous avons enregistré 4 décès : les causes de décès étaient 2 états de choc septique, une pneumopathie nosocomiale et un syndrome de défaillance multiviscérale. L’âge moyen de ces patients était de 54 ans ; 3 patients étaient diabétiques ; 2 patients avaient des hémocultures positives et aucun d’eux n’avait bénéficié d’une oxygénothérapie hyperbare. L’issue était favorable chez 31 patients, avec perte de substance modérée chez 23 malades ayant cicatrisé spontanément ; 8 patients présentaient des cicatrices plus ou moins importantes mais non gênantes sur le plan fonctionnel ; 1 patient présentait une nécrose testiculaire ayant nécessité une orchidectomie. DISCUSSION Les gangrènes périnéo-scrotales [appelées aussi cellulite à anaérobie (4), syndrome de Meleney (5), cellulite nécrosante (6), gangrène gazeuse clostridiale (7) , gangrène à germes carnivores (8)] sont des infections et suppurations à point de départ périnéal et extension locorégionale. Elles représentent 20% de toutes les gangrènes (9). Nous avons relevé dans la littérature sur le medline un chiffre de 1807 cas dans le monde depuis 1966 à 2000. Contrairement à ce qu’on pourrait penser cette pathologie n’est pas uniquement l’apanage des pays en voie de développement. Elle touche aussi les pays industrialisés avec des proportions plus élevées. Dans une étude multicentrique sur 1726 cas le taux le plus élevé était enregistré aux USA et au Canada suivi par celui de l’Afrique. Le taux le plus bas se voit au Moyen Orient et en Amérique du sud ( diagramme I ) (10). La prédominance masculine est nette, avec une moyenne d’âge supérieure à 50 ans. L’atteinte de l’enfant a été rapportée aussi. Sa faible prévalence est probablement due à l’absence de facteurs de risque a cet âge (11). Le sexe féminin est touché aussi avec un sex ratio de 1/10 males. Les cas rapportés concernent surtout les femmes avec fasciite nécrosante du post partum(12). Cliniquement, les symptômes locorégionaux à type de douleur, brûlures, œdème, érythème, et plaques M. Alami, de gangrène sont toujours retrouvés. Les signes systémiques, facteurs de mauvais pronostic sont heureusement inconstant. Le délai diagnostique est variable mais souvent tardif dans la majorité des séries (13 ). Dans notre série il est en moyenne de 7 jours. Nous estimons que ce délai reste long et devrait être amélioré, car il est directement corrélé au pronostic. Sur le plan bactériologique la culture des prélèvements peut être stérile dans 20% des cas. L’isolement des germes anaérobies est difficile car nécessitant un prélèvement en anaérobiose, un acheminement rapide au laboratoire et des techniques spéciales rigoureuses. Parfois le germe isolé est unique mais le plus souvent il existe un pluralisme microbien signant la synergie entre aérobieanaérobie (14). En effet les germes aérobies en abaissant le potentiel d’oxydoréduction favorisent la croissance des germes anaérobies et inhibent le pouvoir phagocytaire des polynucléaire (15). De plus, ce pluralisme microbien est générateur de lactamases capables d’hyogolyser les pénicillines (16). Les gangrènes périnéo-scrotales appartiennent à 2 groupes étiopathogéniques différents. Les gangrènes idiopathiques ou aucune cause n’est retrouvée . Elle serait secondaire à une thrombose aiguë des artères scrotales , à une coagulation ou à une endartérite oblitérante des petits vaisseaux consécutive a l’infection locale. Les germes anaérobies provoquent une agrégation des plaquettes et accélèrent la coagulation par fixation du complément alors que certains germes anaérobies produisent l’héparinase. Ces facteurs peuvent expliquer les thromboses vasculaires évidentes lors du débridement d’une fasciite nécrosante (17,18,19). L’hémopathie et l’artérite stade IV ont été rapportées comme étiologies de la gangrène périnéo-scrotale (16,18,19 ).Les gangrènes périnéo-scrotales secondaires sont le résultat de l’infection des fascias périnéaux à partir d’un foyer régional uro-proctologique. Malgré une prise en charge rigoureuse cette pathologie reste grevée d’une mortalité élevée (13 à52%)(14,18) .Les éléments de bon pronostic sont l’âge inférieur à 60 ans (c’est l’un des facteurs qui pourrait expliquer le faible taux de mortalité dans nôtre série ), l’atteinte localisée sans complications septiques avec hémocultures stériles (22,23). En effet l’hémoculture à été rapportée comme un facteur de très mauvais pronostic. Benizri (24) rapporte 100% de mortalité chez les patients avec hémoculture positive. Le diabète, (présent chez 31% de nos patients) est considéré par certains comme un facteur de morbidité (25-27) pour d’autres, cette constatation n’est pas démontrée (6,14,28). La colostomie peut avoir un effet bénéfique surtout pour les patients qui ont un point de départ proctologique. Contestée par certains auteurs elle est de principe pour d’autres (29,30). Dans notre série nous l’avons utilisée pour les mêmes raisons chez 6 patients. Le traitement de cette affection nécessite une prise en charge médico-chirurgicale lourde (31,32). La réanimation en urgence comporte un apport hydro-électrolytique, un rétablissement de l’état hémodynamique et éventuellement selon les cas une transfusion sanguine(2). L’antibiothérapie doit être à large spectre à cause du pluralisme microbien : Métronidazole, céphalosporines de 3ème génération et aminosides. L’alimentation parentérale est défendue par certains auteurs (33,34). Elle n’a pas été utilisée de façon systématique chez nos patients. Le traitement chirurgical consiste et en une excision des zones cutanées est musculaires nécrosées avec effondrement drainage des logettes de pus. L’excision ne doit laisJ. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 17 LES GANGRENES PERINEO-SCROTALES M. Alami, ser aucun foyer de nécrose qui deviendra le point de départ de nouvelles fusées septiques. Elle ne peut se résumer à de simples excisions drainages qui masqueraient des fusées purulentes sous cutanées. La colostomie doit être pratiquée sur le colon transverse et non sur le colon sigmoïde afin d’éviter la diffusion vers la fosse iliaque (16,35). Nous insistons surtout sur les soins postopératoires, qui doivent être biquotidiens voire triquotidiens. Enfin l’oxygénothérapie hyperbare n’est pas utilisée de façon systématique par tous les auteurs. Certaine séries n’en font pas mention (6,25,35), pourtant son efficacité est prouvée actuellement grâce à deux types d’actions : toxicité directe de l’oxygène sur les anaérobies stricts en augmentant le potentiel d’oxydoréduction cellulaire avec inhibition de la production de toxines et un arrêt de la croissance bactérienne. Elle restaure le pouvoir bactéricide des leucocytes et agit de façon synergique avec certains antibiotiques (37,38). La deuxième action est celle de favoriser la cicatrisation par activation de la néoangiogenèse et de l’épithélialisation par augmentation de la qualité et de la quantité du collagène (38). La séquence REFERENCES 1) 2) 3) 4) 5) 6) 5) 6) 7) 8) 9) 10) 11) 12) 13) 14) 15) 16) 17) 18) CONCLUSION La gangrène périnéoscrotale est une urgence médicochirurgicale grave. Grevée d’une mortalité élevée et de séquelles organiques et psychiques parfois lourdes. Heureusement sa prévalence reste faible. L’amélioration du pronostic passe par un diagnostic précoce, une prise en charge rapide, énergique et rapprochée sans perte de temps chez ces malades admis le plus souvent tardivement BIBLIOGRAPHIQUES Hodonou R. , Hounnasso P.P, Gbessi D.G, Akpo C. Les gangrènes péno-périnéoscrotales. Aspects épidémiologiques, dia gnostiques et thérapeutiques. A propos de 32 cas. Progrès en urologie (2000) , 10, 271-276. Ong H.S , Ho Y.H. Genitoperineal gangrene : experience in Singapore . Aust NZJ SURG 1996 , 66 : 291-293. Litchfield W.R. The bittersweet demise of Herold the Great. J. R.Soc .Med. 1998 , 91 :283-284. McLennan J.D. Anaerobie infections of war wounds in middle East. Lancet 1934 , 11 : 177-276. Meleney F.L. A differential diagnosis between certain types of infec tious gangrene of the skin. Surg Gyneco Obstet 1933 , 56 : 847-67. Stone H.H., Martin J.D. Synergitic necrotizing cellulitis Ann. Surg . 1972 .175 : 702-711. Meleney F.L. 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Réa. - VOL IX - P. 18 oxygénothérapie puis chirurgie semble donner les meilleurs résultats à fortiori si les malades sont vus avant la 6ème heure, mais celle ci ne doit pas retarder le geste opératoire. Riseman (39) a montré une diminution de la mortalité statistiquement significative chez les patients traités par oxygénothérapie hyperbare. Pizzorno (40) ne retrouve aucun décès chez 11 patients ayant une gangrène de Fournier traitée par oxygénothérapie hyperbare ; de même, dans notre série nous n’avons pas noté de décès chez les patients ayant bénéficié d’une oxygénothérapie. genitalia . Review article . J.Urol 1979 122 :279-282. 19) Flanigan R.C ,Kursh E.D,McDougal W.S, and persky L. :synergistic gangrene of the scrotum and penis segondary to colorec tal disease . J.Urol 119 :369-371,1978. 20) Fontaine J.L, Grosshan S.E , and Fontaine R. Maladie de fournier . 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Résultats : 38 cas de MPT ont été recensés parmi 1440 traumatismes crâniens soit 2,6%. Toutes les MPT étaient précoces survenant dans les 30 jours suivant le TC. La porte d’entrée était représentée par une fracture de la voûte ou une fracture de la base dans respectivement 67% et 33% des cas. Le tableau clinique était dominé par l’association d’une altération de l’état neurologique à une fièvre. La bactériologie était positive chez 11 patients sur 38 (28%) avec isolement d’un germe à Gram négatif dans 8 cas (P. aeruginosa) d’un pneumocoque dans 2 cas et d’un staphylocoque méticilline résistant dans 1 cas. Tous les patients avaient bénéficié d'une antibiothérapie probabiliste dès la confirmation du diagnostic, adaptée après aux données de l’antibiogramme. La guérison de la méningite a été obtenue dans 86% des cas. La mortalité était cependant lourde (55%) liée à la gravité du traumatisme. Discussion : L’incidence des MPT (2,6%), plus importante par rapport à celle rapportée par la littérature (0,12 à 1,4%), s’explique par la gravité des TC inclus dans cette série. Le facteur favorisant prédominant, dans notre série, était la présence d’une fracture de la voûte associée à une plaie en regard (67%). Les facteurs de gravité retrouvés dans cette série sont la gravité du TC initial et la survenue d’infections nosocomiales. Mots-Clés : Méningite - Traumatisme crânien - Infection nosocomiale. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 19 Summary Object : to evaluate the risks factors of post traumatic meningitis, and factors of severity. Material and method :This retrospective study included all the post traumatic meningitis occurring in succession of a trauma skull. Results : 38 cases of post traumatic meningitis ( PTM) are registered between 1440 skull trauma (2,6%). All the PTM are occurred in the month after the skull trauma. The fractured interested the dome of the skull in 67%. A fever and deterioration of the neurologic status are present in all cases. The bacteriologic study isolated a GNB in 8 cases (P.aeruginosa), S. pneumoniae in 2 cases and S.aureus MR in one case. The sterilisation of LCR is obtain in 86%, but the mortality is higher (55%) and proportional with severity of trauma. Discussion : The severity of skull trauma included in this study explained the incidence (2,6%) higher than other studies of the literature (0,12-1,4%). The fracture of the dome of the skull is the risk factor important in this study. The mortality is explain by the severity of trauma and the associated nosocomiale infections Key words : Meningitis, Brain injury, Nosocomial infections. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 19 INTRODUCTION La méningite post-traumatique représente 10 à 25% des méningites purulentes (1). Cette infection complique un traumatisme crânien (TC) dans 0,12 à 1,4% des cas selon les séries (2 ,3 ). Sa survenue est grevée d’une lourde morbidité et mortalité. Pour une évaluation des facteurs favorisant sa survenue et l’analyse des facteurs de gravité, nous avons étudié 38 cas de méningites post-traumatiques admis dans une unité de soins intensifs. MATERIEL ET METHODE C’est une étude rétrospective concernant 38 cas de méningites post-traumatiques colligés sur une période de 10 ans (1990-2000) sur 1440 traumatisés crâniens admis pendant la même période dans le service de réanimation des urgences chirurgicales à l’hôpital Avicenne de Rabat. Les méningites post-opératoires ont été exclues de cette étude. Ont été recueillies les données épidémiologiques, cliniques, biologiques et évolutives. RESULTATS L’incidence de la méningite post-traumatique était de 2,6%. L’âge moyen des patients était de 37 ans avec des extrêmes allant de 16 à 70 ans. La prédominance masculine était nette (sex ratio : 18/1). La cause du TC était due dans 73% des cas à un accident de la circulation, dans 15% des cas à une chute d’une certaine hauteur et à des agressions dans12% des cas. Le bilan lésionnel de l’atteinte crânienne a été basé dans tous les cas sur les radiographies standards et la tomodensitométrie cérébrale. Les fractures du crâne occasionnées par le traumatisme initial étaient variées : multiples chez le même patient dans 58% des cas et uniques dans 18% des cas. Chez 9 patients aucune fracture n’a été décelée sur les radiographies standards ni sur le scanner cérébral. Les fractures de la voûte sont retrouvées dans 67% des cas, intéressant l’os temporal dans la moitié des cas, l’os pariétal et l’os frontal dans respectivement 26 et 18% des cas. Les fractures de la base ont été retrouvées dans 33% des cas : étage antérieur (10%), rocher (23%). Une plaie du scalp en regard de la fracture de la voûte était présente dans 58% des cas. Dans 30% des cas, il existait une pneumencéphalie. Les signes cliniques évoquant une brèche ostéo-méningée de la base du crâne étaient : 2 cas de rhinorrhée, 4 cas d’otorrhée, une otorragie dans 13 cas et une épistaxis dans 5 cas.Toutes les méningites étaient précoces, diagnostiquées avant le 30ème jour post traumatique. Près de la moitié (47%) étaient apparues avant le 3ème jour du TC. Le délai moyen de survenue était de 6 jours avec des extrêmes allant de 12 heures à 15 jours. Les manifestations cliniques de la méningite étaient dominées, dans tous les J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 19 FACTEURS DE GRAVITE DES MENINGITES POST - TRAUMATIQUES PRECOCES cas, par l’apparition d’une fièvre associée à une aggravation de l’état de conscience avec baisse du Glasgow Coma Scale (GCS) moyen de 10 à 7 au moment de la méningite. Un déficit neurologique était apparu chez 9 patients au moment de la déclaration de la méningite. Ce déficit était représenté par une hémiplégie. L’atteinte des paires crâniennes était notée dans 11 cas dont 6 étaient contemporains de la méningite (15%). La raideur de la nuque n’était pas constante puisque absente dans 27% des cas. Les convulsions généralisée n’ont été notées que chez deux patients. La confirmation du diagnostic de méningite était obtenue par la réalisation d’une ponction lombaire immédiatement après le scanner cérébral; celle-ci était macroscopiquement évocatrice de l’infection méningée (aspect louche ou franchement purulent) dans 40% des cas . Le taux de globules blancs dans le LCR a varié entre 50 et 47000/mm3. L’hyperalbuminorrachie constante a varié entre 0,85 et 7,8 g.l-1, associée à une hypoglucorrachie dans 55% des cas. Sur les 38 cas étudiés, le germe responsable n’a été identifié que chez 11 patients (28%) : 8 cas de méningite à P. aeruginosa, dont un associé en plus à un S. aureus méticilline résistant. Un cas à providencia stuartii, et deux cas à S. pneumoniae. Dans 23 cas, une antibiothérapie a été prescrite avant la déclaration de la méningite, à visée prophylactique pour des actes chirurgicaux de traumatologie ou de chirurgie abdominale associée, ou curative pour une infection nosocomiale associée. Celle-ci a été à base de Pénicilline G dans 9 cas, Ampicilline dans 4 cas, céphalosporines de 3ème génération (C3G) ou fluoroquinolone (FQ) pour pneumopathie nosocomiale dans 6 cas. Dès la confirmation du diagnostic, une antibiothérapie probabiliste comportant une C3G a été instaurée chez tous les malades. Une fois l’étude bactériologique du LCR réalisée, les patients ont été traités par des C3G dans 78% des cas, ampicilline-aminoside dans 18% des cas, association vancomycine-C3G dans 1 cas et association imipénème-aminoside dans 1 cas. Le traitement chirurgical des brèches ostéo-méningées n’a pas été réalisé immédiatement, il a été reporté après stérilisation du LCR et transfert en service de neurochirurgie.La guérison de la méningite est obtenue dans 86% des cas avec un délai de stérilisation du LCR entre 2 et 11 jours ( moyenne de 5 jours). Cependant la mortalité dans cette série restait importante (55%), liée essentiellement aux complications infectieuses pulmonaires (9 décès parmi 21), au traumatisme crânien initial aggravé par la méningite dans 5 cas et à la méningite elle même dans 7 cas. DISCUSSION La méningite post-traumatique représente 10 à 25% des méningites purulentes [1] C’est une pathologie grave mais relativement rare dans le contexte post-traumatique. Dans la littérature, cette infection complique un traumatisme crânien dans 0,12 à 1,4% des cas [2 ,3 ]. Cette incidence varie d’une série à l’autre selon le mode de recrutement propre à chaque service : le tableau 1 montre l’incidence rapportée par les différentes séries de la littérature médicale. Dans notre série, ce chiffre est plus important (2,6 %), ceci s’explique par la gravité des traumatismes crâniens recrutés et donc fréquemment associés à des fractures de la voûte et des fuites de LCR. L’âge moyen des patients (37 ans) ainsi que le sex ratio(18H/1F) était expliqué par l’exposition plus importante du sujet jeune masculin aux accidents de la circulation et aux traumatismes crâniens. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 20 M. Khatouf Tableau 1 : Incidence des méningites post-traumatiques dans la littérature. Etude Traumatismes crâniens(n) Méningites Frederisk (5) Fosse (3) Rousseaux (2) Lau (4) Jemisson (6) Notre série 1100 1107 11200 1587 857 1440 6 (0,55%) 18 (1,4%) 12 (0,12%) 6 (0,38%) 1 (0,20%) 38 (2,6%) Le délai séparant le traumatisme crânien initial du premier épisode méningé peut varier de quelques heures jusqu’à 40 ans [7 ]. Toutes les méningites rapportées dans notre série sont précoces avec un délai inférieur à 30 jours, les méningites post-traumatiques tardives entraînent moins de troubles de la conscience et sont ainsi directement acheminées vers des services de neurochirurgie ou d’infectiologie. Contrairement aux données de la littérature où les méningites compliquent surtout une fracture de l’étage antérieur ou moyen : 81% dans l’étude de Eljamel[8]; dans notre série , ce type de fracture n’est présent que dans 33% des cas , alors que les fractures de la voûte (os frontal, pariétal, temporal) avec plaie cutanée en regard sont retrouvées dans 67% des cas . Le risque d’ensemencement à partir de cette porte d’entrée est maximal au cours des premiers jours et diminue par la suite après cicatrisation de la plaie du cuir chevelu. Les lésions de la voûte sont responsables surtout de méningites post-traumatiques précoces, alors que les lésions de la base avec ou sans fuite de LCR sont responsables de méningites tardives en l’absence de traitement chirurgical. En ce qui concerne le sous groupe des méningites posttraumatiques sur brèche de la base, on note, contrairement aux données de la littérature [8], que les méningites compliquant une fracture de l’étage moyen sont plus fréquentes (23%) par rapport à celle de l’étage antérieur (10%) : ceci est expliqué par la prédominance des fractures de l’os temporal(50%) vu sa fragilité (4mm d’épaisseur) par rapport aux fractures de l’os frontal retrouvées dans 18% des cas (os plus épais :10mm), ainsi le risque d’irradiation du trait de fracture au rocher est beaucoup plus important avec la prédominance des fractures temporales. La présence d’une pneumencéphalie est un facteur favorisant la survenue de méningite post-traumatique et constitue un facteur de risque de survenue d’une méningite post-traumatique. Dans notre série, elle est retrouvée dans 30% des cas. Les manifestations cliniques des méningites post-traumatiques sont moins bruyantes que celles des méningites purulentes spontanées [7]. Elles se traduisent par l’association d’une fièvre à des troubles de la conscience et éventuellement à un déficit moteur. Dans cette série, la fièvre est constante et est associée à une aggravation de l’état de conscience (GCS moyen :10 vs 7). Le déficit neurologique et la raideur de la nuque ne sont pas des signes constants. La méningite peut compliquer un traumatisme crânien même en l’ absence d’écoulement de LCR témoignant d’une brèche ostéo-méningée : celui-ci est présent dans un tiers des cas seulement [1]. Les résultats de l’analyse du LCR sont généralement dif- FACTEURS DE GRAVITE DES MENINGITES POST - TRAUMATIQUES PRECOCES ficiles à interpréter dans ce contexte pour plusieurs raisons : la cellularité est variable du fait de l’œdème cérébral et de l’hémorragie méningée souvent présente, l’hyperalbuminorrachie fréquente, la prescription d’une antibiothérapie à visée prophylactique ou curative avant la déclaration de la méningite. L’identification du germe responsable n’a été obtenue que dans 28% des cas (beaucoup de méningites sont décapitées par les antibiotiques : c’est le cas de 60% de nos malades). Le profil bactériologique retrouvé dans cette série diffère totalement de celui retrouvé dans les méningites tardives où le pneumocoque prédomine 80% des cas, les BGN ne sont retrouvés que dans moins de 5% des cas [7,9,10 ]. En effet, sur les 11 cultures positives, 9 BGN sont isolés dont 8 P.aeruginosa et 2 cas de S. pneumoniae. Ces résultats expliquent la nature nosocomiale des infections et la gravité des malades qui sont colonisés par des germes multirésistants. Les résultats de cette étude se rapprochent de l’étude de Durand [10] concernant les MPT nosocomiales et des études se rapportant aux méningites post-opératoires [3 ] Compte tenu de l’écologie bactérienne, une antibiothérapie probabiliste à base de C3G est prescrite puis adaptée en fonction des résultats bactériologiques. Le traitement chirurgical n’est pas envisagé dans cette série puisqu’il n’est réalisé qu’après transfert des malades au service de neurochirurgie. La guérison de la méningite a été obtenue dans 86% des cas (critères cliniques et examen de LCR), cependant la mortalité reste importante (55%)par rapport aux études rapportées par la littérature : 31% dans l’étude de FOSSE [3], 13% pour STEVENSON[11], 2,5% dans l’étude de WINKLER [12], et 4,1% dans l’étude de ELJAMEL [8]. Cette mortalité s’explique par la gravité du traumatisme crânien chez les patients inclus dans l’étude comme le montre le tableau 2, contrairement aux autres études incluant soit des méningites communautaires soit des malades moins graves admis en service de neurochirurgie ou d’infectiologie. REFERENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. M. Khatouf Tableau 2 : Pronostic en fonction de la gravité de l’état neurologique et de la présence d’infections associées Evolution Décédés GCS A GCS M GCS Moyen 9 6 Infections associées (%) 79% Survivants GCS A GCS M 11 9 37% GCS A : Glasgow Coma Scale Score à l’admission. GCS M : Glasgow Coma Scale Score au moment de la survenue de la méningite. Cette mortalité s’explique également par la fréquence des infections nosocomiales associées, essentiellement pleuropulmonaires comme le montre le tableau 2. L’association d’autres foyers infectieux sur un terrain aussi altéré est un facteur de mortalité et de morbidité supplémentaire. Dans 30% des cas , le décès est directement lié à la méningite post-traumatique. Le pronostic des méningites post-traumatiques tardives est meilleur par rapport aux MPT précoces survenant sur un terrain neurologique déjà grave à cause du traumatisme crânien lui même ( formes comateuses), il est aggravé par les infections nosocomiales associées. La prévention des méningites post-traumatiques a fait l’objet de plusieurs travaux : Deux méta-analyses récentes [13,14] concluent que la prescription d’une antibioprophylaxie ne permet pas de réduire l’incidence des méningites post-traumatiques. Un bon parage des plaies associé au traitement chirurgical précoce des brèches ostéo-méningées diminuerait le risque d’apparition de MPT. CONCLUSION La méningite post-traumatique est une affection redoutable qui met en jeu le pronostic vital du traumatisé crânien. Sa survenue est favorisée par la présence d’une fracture de la voûte. Son pronostic dépend souvent de la gravité des traumatismes associés et la survenue d’infection nosocomiale. BIBLIOGRAPHIQUES Alliez. B. Méningite post-traumatique. La revue du praticien, 1988, 25,1850-51. Rousseaux P., Scherperel et al, Fractures de l’étage antérieur : notre attitude thérapeutique à propos de 1254 cas sur une série de 11200 traumatismes crâniens. Neurochirurgie, 1981, 27, 1, 15-19. Fosse T, Legrix M , Bertrando J , Sethian M. Etiologie et traitement des méningites post-traumatiques et post-opératoires (56 cas), Agressologie 1983, 24, 5 , 215-217 Lui TN, Lee ST. Late post-traumatic meningitis with concealed CSF otorrhea. Pediatr Neurosci, 1989, 15, 2, 85-87. Frederick J, Buckwold FJ, Hand R, Robert R, Hansbout MD, Hospital acquired bacterial meningitis in neurosurgical patients, J.Neurosurg, 1977, 46, 494-500. Jamiesson DL, Kaye HH, Accidental head injury in child hood, Arch. Dis. Child, 1974,49, 376. Martin C, Thomachot L, Albanese J, Infections cérébroméningées iatrogéniques et traumatiques. La revue du praticien, 1994, 44, 12, 2207-2212. Eljamel MS, Foy PM. Post-traumatic CSF fistulae, the case for sur gical repair, British Journal of Neurosurgery,1990, 4, 6, 779-783. 9. 10. 11. 12. 13. 14. Legros B , Fournier P, Krettly P,Perrier M, Stecken J, Laudat P, Lapierre F, Loroy G, Rhinorrhées et otorrhées post-traumatiques : risque infectieux apprecié sur 96 fistules. Agressologie, 1983, 24, 5, 207-208. Durand ML, Calder wood SB, Weber DJ, Acute bacterial meningitis in adults : A review of 493 episodes N. Eng J.Med, 1993, 328, 21-28. Stevenson KB, Murray EW, Sarubbi FA, Enterococcal meningitis : report of four cases and review. Clin Infect Dis, 1994, 18, 2, 233-239. WinklerJ, Bodahn U, Becker G, Durant W, Brunner FX, Mertens HG, Surgical intervention and heparin anticoagulation improve pro gnosis of rhinogenic/ otogenic and post-traumatic meningitis. Acta Neurologica Scandinavica, 1994, 89, 4, 293-298. Villalobos T, Arango C, Kubilis P, Rathore M Antibiotic prophylaxis after basilar skull fractures: a meta-analysis. Clin Infect Dis 1998 Aug;27(2):364-9 Brodie HA Prophylactic antibiotics for posttraumatic cerebrospinal fluid fistulae. A meta-analysis. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1997 Jul;123(7):749-52 J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 21 ANESTHESIE ET REANIMATION DANS LA CHIRURGIE DES MEDIASTINITES SUPPUREES PAR PERFORATION IATROGENE DE L’ŒSOPHAGE ANESTHETIC MANAGEMENT IN SURGERY OF SUPPURATED MEDIASTINITIS SECONDARY TO IATROGENIC PERFORATION OF ŒSOPHAGUS. R. Atangana*, V. Eyenga*, J. Bahebeck*, JJ. Pagbe*, F. Binam* * Département de Chirurgie et Spécialités. Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales Université de Yaoundé I - Cameroun. Résumé Introduction : Les médiastinites suppurées d’origine iatrogène surviennent au décours des manipulations médicales dans la sphère ORL, trachéale ou œsophagienne. Elles sont graves à cause de leur mauvais pronostic. Le but de cette étude était de faire une évaluation en matière d’anesthésie et de réanimation dans les médiastinites suppurées par perforation iatrogène de l’œsophage afin de dégager les facteurs de risque et d’établir le pronostic. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude descriptive menée sur 3 ans au service d’anesthésie et réanimation de l’Hôpital Général de Yaoundé, au Cameroun. Ont été inclus dans ce travail, tous les patients présentant une médiastinite par perforation iatrogène de l’œsophage diagnostiquée à partir des données de l’anamnèse et des examens radiologiques et biologiques. Ces patients ont subi une réanimation pré opératoire et une intervention chirurgicale. Le suivi post opératoire a été fait dans l’unité des soins intensifs, du service d’anesthésie – réanimation. L’évolution a été appréciée à travers la survenue des complications, des séquelles et des décès. Résultats : 11 patients ont été enregistrés, âgés de 32 ans ± 6 ans. L’origine de la médiastinite a été : extraction d’un corps étranger intra œsophagien (n = 6), fibroscopie œsophagienne (n = 2), manœuvre d’intubation (n = 3). Ces patients ont été admis dans l’unité de soins intensifs. Ils ont subi une préparation pré opératoire consistant en une réanimation hydro électrolytique, une alimentation parentérale ou entérale après jéjunostomie, une transfusion sanguine et une antibiothérapie. L’anesthésie générale a été pratiquée chez tous les malades. A la fin de l’intervention chirurgicale, les malades ont été transférés en réanimation et extubés au réveil complet. Les complications enregistrées ont été : choc septique (n = 3), coagulation intra vasculaire disséminée (n = 2). La durée moyenne d’hospitalisation en post opératoire a été de 18 ± 4 jours ; une sténose œsophagienne après 3 mois a été notée. La mortalité post opératoire a été de 45%(n = 5). Conclusion : Les médiastinites par perforation iatrogène de l’œsophage sont rares mais graves. Le diagnostic est le plus souvent tardif. La mortalité est élevée. Le traitement définitif est chirurgical ; le pronostic dépend de la réanimation péri opératoire et de l’institution d’une antibiothérapie précoce. Mots clés : Médiastinite iatrogène, perforation de l’œsophage, sphère ORL, trachée, œsophage. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 22 Summary Introduction : Suppurated Mediastininitis of iatrogenic origin occur during medical manipulations in the E.N.T sphere ; tracheal or oesophageal. They are very severe and of poor prognosis. The aim of this study is to carry out anaesthesia and intensive care evaluation in suppurated mediastinitis due to iatrogenic perforation of the oesophagus in order to determine the prognostic and risk factors. Material and methodology : It is a descriptive study done on a period of 3 years in the Anaesthesia and Intensive Care Unit of the Yaounde General Hospital in Cameroon. Were included in this work, all patients presenting mediatinitis due to iatrogenic perforation of the œsophagus, diagnosed thanks to the medical history, the radiographic and laboratory investigations. These patients underwent pre-operative resuscitation and surgery. The post-operative care was done in the intensive care unit. The clinical course was appreciated by considering complications, sequellae and death. Results : Eleven (11) patients were registered, aged 32 years ± 6 years. The origin of the mediastinitis was : Removal of a foreign body from the oesophageal lumen (n = 6), oesophageal fibroscopy (n = 2), intubation manoeuvres (n = 3). These patients were admitted in the intensive care unit. They underwent adequate pre-operative preparation, water and electrolyte balance, parenteral feeding or enteral feeding after jejunostomy, blood transfusion and antibiotherapy. All the patients received general anaesthesia. At the end of the operation, the patients were taken to the intensive care unit and extubated when completely awake. The complications found were : septic shock (n = 3) and disseminated intravascular coagulation (n = 2). The average post-operative hospitalisation was 18 ± 4 days. There was a case of oesophageal stenosis after 3 months. Post-operative mortality rate was 45, 45% (n = 5). Conclusion : Mediastinitis resulting from iatrogenic perforation of the oesophagus is rare but very severe. Diagnosis is often late. Mortality rate is high. Surgical treatment is indispensible. The prognosis depends on peri-operative intensive care and early antibiotherapy. Key words : Iatrogenic mediastinitis, perforation of the oesophagus, the trachea, the œsophagus. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 22 INTRODUCTION Les médiastinites suppurées d’origine iatrogène sont graves du fait de la mortalité élevée et du coût du traitement. Elles surviennent au décours d’une manipulation médicale dans la sphère ORL, trachéale et œsophagienne (fibroscopie, extraction d’un corps étranger) ou dans le cadre d’une sternotomie pour chirurgie cardiaque ou thoracique. Le but de cette étude était de faire une évaluation J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 22 en matière de réanimation et d’anesthésie dans les médiastinites suppurées graves par perforation iatrogène de l’œsophage à l’Hôpital Général de Yaoundé, afin de dégager les facteurs de risque et d’établir le pronostic. MATÉRIEL ET MÉTHODE Il s’agit d’une étude descriptive menée sur 3 ans dans le service des soins intensifs de l’hôpital général de Correspondances : Dr Antagana René, Anesthésiste-Réanimateur Hôpital Général de Yaoundé B.P : 5408 Yaoundé République de Cameroun. ANESTHESIE ET REANIMATION DANS LA CHIRURGIE DES MEDIASTINITES SUPPUREES Yaoundé au Cameroun. Ont été inclus dans cette étude, tous les patients chez qui le diagnostic de Médiastinite suppurée par perforation iatrogène de l’œsophage a été posé à partir des données de l’anamnèse et des examens biologiques et radiologiques. Ces malades ont été tous admis dans le service des soins intensifs de l’Hôpital Général de Yaoundé pour une réanimation et une préparation pré opératoire. Une consultation anesthésique a été faite et les malades concernés ont subi une intervention chirurgicale, selon la technique de Thal. Le suivi post opératoire a été fait dans le service des soins intensifs. L’évolution a été appréciée à travers la survenue des complications, des séquelles et des décès enregistrés. Les différentes informations ont été interprétées à l’aide des tests statistiques descriptifs. RÉSULTATS 11 patients ont été recrutés au total, 7 femmes et 4 hommes, âgés entre 2 et 71 ans, l’âge moyen était de 32 ± 6 ans. L’origine de la médiastinite a été recherchée, extraction d’un corps étranger intra œsophagien : (n = 6), fibroscopie œsophagienne (n = 2), manœuvre d’intubation (n = 3). Les signes cliniques des malades à l’entrée ont comporté : une hyperthermie avec une température moyenne à 39°8C ± 0, 4°C, une dysphagie solide et liquide, une douleur thoracique sévère associée à une toux, une dyspnée. On a noté également, une altération de l’état général, une anémie, un amaigrissement, une déshydratation. Tous les patients provenaient de formations sanitaires périphériques de la ville de Yaoundé. Le temps écoulé entre l’accident et l’admission était de 17 jours ± 3 jours. La consultation anesthésique a été faite et les malades ont été classés selon la classification ASA (American Society of Anaesthesiologists) : ASA I (n = 6), ASA II (n = 3), ASA III (n = 2). La préparation pré opératoire a consisté en : réanimation hydro électrolytique (n = 3), alimentation parentérale (n = 6), alimentation entérale après jéjunostomie (n = 2), transfusion sanguine (n = 5). Une antibiothérapie à large spectre a été instituée chez tous les patients. Elle a consisté en une association Céfotaxime + Métronidazole + Nétilmicine. Deux malades ont présenté une infection à staphylocoque oxacilline résistant et ont été traités par la vancomycine. La technique anesthésique a été l’anesthésie générale chez tous les patients. La prémédication a consisté en une administration 2 heures avant l’intervention de 0, 5mg d’atropine et de 5mg de Midazolam. L’induction anesthésique a été faite au Thiopental (n = 8) et au propofol (n = 3). L’analgésie a été faite au Fentanyl (5 µg/kg). Les malades ont été curarisés au vécuronium (0, 1mg/kg). Tous les malades ont été intubés et soumis à une ventilation artificielle avec un mélange protoxyde d’azote/oxygène 50% / 50%. L’entretien de l’anesthésie a été assuré par l’halothane. La réanimation per opératoire a consisté en une réhydratation hydroélectrique par du Ringer lactate et un remplissage vasculaire par des macromolécules ainsi qu’ une compensation des pertes sanguines par transfusion. A la fin de l’intervention, les malades ont été transférés en réanimation. Ils ont été extubés au réveil complet. Les complications post opératoires étaient : choc septique (n= 3), saignement avec coagulopathie intravasculaire disséminée (n = 2). 5 malades sont décédés (45%). L’alimentation parentérale stricte a été instituée chez nos malades et poursuivie jusqu’au 10ème jour post opératoire. La sonde naso gastrique a été enlevée au 8ème jour. Le transit œsophagien à la gastroraphine a été fait au 9ème jour. L’alimentation entérale a été commencée au 10ème jour. La durée moyenne d’hospitalisation a été de 18 jours R. Atangana ± 4 jours. Les patients ont été revus 01 mois, 03 mois et 06 mois après l’intervention et les séquelles ont été recherchées. Il a été noté une sténose de l’œsophage au 3ème mois avec dysphagie. DISCUSSION Les médiastinites rapportées dans notre série étaient toutes secondaires à un geste médical intéressant, l’œsophage, l’orophangux ou la trachée. Dans notre série, on note une prédominance du sexe féminin. Pourtant la pathologie trachéale et œsophagienne est à prédominance masculine (1). Les extractions de corps étrangers sont au premier plan des facteurs inducteurs. Ceci est dû au fait que la perforation peut être faite soit par le corps étranger lui même : dentier, épingle à cheveux etc…, ou alors par le médecin lors de l’extraction. Quant aux manœuvres d’intubation elles ont été faites par un mandrin métallique débordant la terminaison de la sonde d’intubation. L’incidence des médiastinites iatrogènes est faible ; de l’ordre de 02 cas pour 1 million de personnes (2). La mortalité est importante de l’ordre de 20% dans la plupart des séries (3). Les facteurs de risque sont : l’âge avancée, la durée d’hospitalisation avant l’intervention, une intervention chirurgicale réparatrice précoce, la réanimation prolongée, les bas débits per et post opératoires (4). Le diagnostic de cette entité pathologique est difficile (3). Dans le cas de perforation trachéale ou œsophagienne suivant une manipulation médicale, il est évoqué en cas de survenue d’une fièvre associée à un syndrome médiastinal. La toux et la dyspnée sont également évocatrices. La radiographie standard est peu spécifique. Elle montre un médiastin élargi à limites floues. Le traitement étiologique et chirurgical fait appel à plusieurs techniques : l’irrigation drainage en un ou deux temps, la mise à plat, l’épiploplastie, la myoplastie (5). Chez nos patients, il a été préconisé la technique de Thal qui consiste à remonter la grande courbure gastrique au niveau de l’orifice œsophagien. Cette technique comporte quelques inconvénients : à savoir la nécessité d’une ouverture de l’abdomen en milieu septique avec risque de contamination péritonéale. La réanimation per et post opératoire est un élément indispensable pour réduire la mortalité chez ces malades (6, 7, 8). Elle est d’autant plus nécessaire que ces patients sont reçus tard. La dysphagie que la perforation œsophagienne entraîne est à l’origine d’une dénutrition importante avec déshydratation et hypoprotidémie. La réanimation pré opératoire vise dans ce cas à corriger cette déshydratation par un apport hydroélectrolytique adéquat et une correction de l’anémie. L’alimentation parentérale a quant à elle un intérêt dans la correction de l’hypoprotidémie et de l’hypoalbuminémie. L’antibiothérapie à large spectre, instituée tôt, permet de réduire la mortalité (5). Tous nos malades ont eu une antibiothérapie à large spectre dès leur admission dans le service. La mortalité post opératoire était élevée 45%. Elle est identique à celle de la plupart des séries (3) qui trouvent environ 50% de mortalité. Elle s’explique dans notre cas par : la prise en charge tardive, nos malades étaient vus environ 02 semaines après l’accident. CONCLUSION Les médiastinites suppurées par perforation iatrogène de l’œsophage sont graves. Le diagnostic est difficile et parfois tardif. Les dysphagies dues à la lésion œsophagienne sont à l’origine de la dénutrition. Le traitement est chirurgical. La réanimation péri opératoire et l’institution d’une antibiothérapie précoce permettent d’améliorer le pronostic. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 23 ANESTHESIE ET REANIMATION DANS LA CHIRURGIE DES MEDIASTINITES SUPPUREES REFERENCES 123- R. Atangana R. BIBLIOGRAPHIQUES Pons. R, Guillen. JC, Aucomie. E, Berger. M A : Anesthésie en chirurgie œsophagienne. Ann Fr Anesth Réanim 1977 ; 4 : 325 – 327. Ace. JV, Fernanez. AS, Pucci. JC, Urzolaf. EG, Flores. EM, Morales. GA : Oesophagectomie totale sans thoracotomie. Ann Chir : Cher thorac Cardio Vasc 1983 ; 37 (2) : 133 – 136. Pagbe. JJ, Andze. G, Guimbous. J, Edzoa. T : Intérêt de la myoplastie pédiculée dans le traitement des médiasti nites. graves à propos d’un cas. Méd Trop 1994 ; 54 : 63 – 66. 45678- Lansenc : Anesthésie dans la chirurgie du cancer de l’œsophage. Soins chirurgie 1983 ; 34 : 12 – 16. Bical. O, Carlet. 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L’ASSOCIATION D’AIDE MÉDICALE URGENTE DE TUNIS organise en collaboration avec LA SOCIÉTÉ DE TOXICOLOGIE CLINIQUE DE FRANCE LE 40 ème CONGRÈS DE TOXICOLOGIE CLINIQUE avec la participation de LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE TOXICOLOGIE ANALYTIQUE Hôtel Palm Beach Palace (Djerba) : 24 - 27 Mars 2002 P R O G R A M M E D U C O N G R È S LUNDI 25 MARS 2002 09h30 : 1ére Séance thématique Conférences (1) sur le thème LES ENVENIMATIONS ●Scorpionisme : Faune internationale, production de sérum et immunothérapie. GOYFFON (Paris) ● Données biochimiques et pharmacologiques des venins de scorpion.M. EL AYEB (Tunis) *Controverse au sujet de l’utilité de l’immunothérapie anti-scorpionique : ● Arguments cliniques défavorables. F. ABROUG (Monastir) ● Arguments biologiques favorables. M.EL AYEB ( Tunis) 11h45 : Conférences (2) sur le thème LES ENVENIMATIONS ● Panorama de la faune vénéneuse et venimeuse de la mer Méditerranée. BAGHDIGUIAN ● Envenimations par serpents et par poissons : expérience du Centre anti-poison de Marseille. ● L.DE HARO (Marseille) Communications sur le thème LES ENVENIMATIONS 15h00 : 2éme Séance thématique organisée sous l’égide de la Société Française de Toxicologie analytique (SFTA) Conférences sur le théme LA SOUMISSION CHIMIQUE ● Produits utilisés et prise en charge dans un service de médecine légale. J.S.RAUL, P. KINTZ, B. LUDES (Strasbourg) ● La soumission chimique en Tunisie : du fait à la prévention. A. HEDHILI (Tunis), F. MIMOUNI ● Aspects analytiques et judiciaires de la Soumission chimique. J.S.RAUL, P. KINTZ, B. LUDES (Strasbourg) Communications sur le thème LA SOUMISSION CHIMIQUE ● Fenêtres de détection des xénobiotiques : Alain VERSTRAETE ● A propos de quelques cas de soumission chimique. G. PEPIN, Y. GAILLARD, M. CHEZE (Paris) Actualités du cannabis: Patrick MURA (...) ● Problèmes liés à l’exposition au GHB : Marc DEVEAUX 18h15 : Conférence de l’invitée d’honneur de la STT Toxicologie des « Rave party»: Chantal BISMUTH (Paris) J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 24 Mardi 26 MARS 2002 8h30 - 10h00 : 3ème Séance thématique Conférences sur le thème LES CAUSTIQUES ● Manifestations systémiques des ingestions de caustiques. R.GARNIER (Paris) ● Traitement médical des brûlures caustiques du tube digestif. M. AMAMOU (Tunis) ● Traitement chirurgical des brûlures caustiques du tube digestif au stade des séquelles. A. ZAOUCH (Tunis) Comunications sur le thème LES CAUSTIQUES ) 15h00 - 17h00 : 4ème Séance thématique Conférences sur le thème LES SOLVANTS ● Les manifestations respiratoires des intoxications par les solvants. A. JAEGER (Strashourg) ● Les solvants chlorés. P. HANTSON (Bruxelles) ● L’addiction aux solvants des colles. N. BEN SALAH (Tunis) Communications sur le thème LES SOLVANTS MERCREDI 27 MARS 2002 éme 8h30 - 10h00 : 5 Séance thématique Conférences sur le thème LES PESTICIDES ● Aspects particuliers des intoxications aiguës par les esters organophosphorés.H. THABET(Tunis) ● Intoxications par l’Endosulfan. F. TSTUD (Lyon) ● A propos des armes chimiques : qu’en est-il des pesticides anti-cholinestérasiques Ch. BISMUTH (Paris) 10h30 - 12h30 : Communications sur le Thème LES PESTICIDES RENSEIGNEMENTS : Pr. Nabil BEN SALAH Centre d’Assistance Médicale Urgente 2 Rue Raspail - 1008 Montfleury- Tunis - TUNISIE Tél. : (00 216) 71 341 665 / 71 335 500 - GSM: (00 216) 98 325 016 Fax : (00 216) 71 337 000 Email : [email protected]. SENSIBILITE D’ESCHERICHIA COLI AUX ANTIBIOTIQUES : ETAT ACTUEL DANS UN CENTRE HOSPITALO - UNIVERSITAIRE DE LA BANLIEUE NORD DE TUNIS ESCHERICHIA COLI ANTIBIOTICS SUSCEPTIBILITY AT AN UNIVERSITY HOSPITAL IN TUNIS NORTH SUBURBS L. Bakir, K. Ben Abdallah, O. Chourou, N. Ben Salah. Laboratoire de Biologie Clinique CHU Mongi Slim de La Marsa - Tunisie Résumé Objectif : Le but de ce travail était de réaliser un relevé de l’état actuel de la sensibilité des souches d’E. coli dans un hôpital universitaire de sorte à optimiser les schémas thérapeutiques. Matériel et Méthodes : C’est une étude rétrospective de deux ans (janvier 1999 – décembre 2000). A partir des données du laboratoire, nous avons recensé les résultats des antibiogrammes de l’ensemble des souches d’ E . coli isolées de prélèvements divers provenant de malades hospitalisés ou de consultants. Résultats : Au total, 978 souches de E. coli ont été isolées en majorité de prélèvements urinaires (88%), de pus (4%) et d’hémocultures (3%). Ces souches ont été retrouvées aussi bien chez des malades hospitalisés qu’ambulatoires avec une prédominance féminine (81.4%). L’étude de la sensibilité aux antibiotiques a montré qu’il n’y avait pas de différence significative de la résistance des souches isolées en milieu hospitalier et en ambulatoire. Le céfotaxime, l’imipénème, la gentamicine, l’amikacine et l’ofloxacine gardent une bonne activité sur les souches étudiées avec des pourcentages de sensibilité aux antibiotiques situées entre 94 p. 100 et 100 p.100. Par contre, les pourcentages de sensibilité aux antibiotiques sont faibles pour : l’amoxicilline (38%), la formulation amoxicillineacide clavulanique (52%) et la céfalotine (61%). Aucune souche n’était productrice de bêta-lactamase à spectre élargi. Conclusion : Ainsi, les protocoles antibiotiques doivent tenir compte de l’état actuel de la sensibilité d’ E. coli. L’antibiothérapie dirigée doit se baser sur les résultats de l’antibiogramme. En revanche, l’antibiothérapie de première intention doit tenir compte du profil épidémiologique propre à chaque hôpital surtout dans les infections graves. Mots clés : E. coli, antibiothérapie adaptée, profil épidémiologique, sensibilité aux antibiotiques. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 25 Summary Objective : The aim of this study was to update and analyze data on E. coli susceptibility to antibiotics in order to optimise therapeutic scheme. Materiel and methods : This two years retrospective study (January 1999-December 2000) was based on laboratory data. We collected antibiogram results of E. coli isolated from hospitalised and ambulatory patients samples. Results : 978 E. coli strains were isolated essentially from urine (88%), pus (4%) and blood culture (3%). There is no difference between antimicrobial susceptibility of E. coli isolated from hospitalised and ambulatory patients samples. E. coli strains were mostly isolated in female patients samples (81.4%). Antibiotics such as cefotaxime, imipenem, gentamicin, amikacin and ofloxacin had the highest sensibility percentage (94% to 100%). Amoxicillin (38%), amoxicillin + clavulanic acid (52%) and cefalotin (61%) represent lower sensibility percentage. None of the isolated strain was shown to possess extended spectrum beta-lactamase. Conclusion : Antimicrobial protocol must depend of the actual state of E. coli antibiotic susceptibility. Directed antibiotherapy must be based on antibiogram results. But, empirical antimicrobial therapy must take into consideration the epidemiological profile of a given hospital essentially in serious infections. Key words : E. coli, antimicrobial susceptibility, epidemiological profile. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 25 INTRODUCTION E. coli ou colibacille est la principale entérobactérie commensale de l’homme et constitue le germe le plus fréquemment en cause dans les infections communautaires et hospitalières [1,2]. Ainsi, le comportement de cette bactérie vis à vis des antibiotiques peut constituer un bon reflet de l’évolution de la résistance bactérienne aux antibiotiques [3,4]. Dans ce cadre, le laboratoire de microbiologie constitue une importante base de données et peut être d’un apport essentiel en contribuant à la surveillance de la résistance bactérienne. Le but de ce travail était de réaliser un relevé de l’état actuel de la sensibilité d’E. coli dans notre hôpital de sorte à optimiser les schémas thérapeutiques. MATERIEL ET METHODES Présentation de l’hôpital : Le Centre Hospitalo-Universitaire Mongi Slim de La Marsa est un hôpital général d’environ 220 lits avec des Correspondance à envoyer à : Mme Bakir Leila Service Laboratoire de Biologie Clinique CHU Mongi Slim de La Marsa Sidi Daoud 2046 consultations externes. Une dizaine de dispensaires y sont également rattachés. Période d’étude : Il s’agit d’une étude rétrospective étalée sur une période de deux ans allant de janvier 1999 à décembre 2000. Echantillonnage : Au cours de cette période, nous avons recensé l’ensemble des souches d’ E. coli isolées de prélèvements divers provenant de malades hospitalisés et ambulatoires. Une seule souche bactérienne par patient a été retenue dans ce travail. Méthodes d’identification : Les isolements ont été réalisés sur des milieux appropriés selon le produit pathologique. L’identification d’espèce a été faite selon les méthodes conventionnelles par galeries en tubes et si nécessaire par galeries API 20 E (bioMérieux). Antibiogramme : Pour chaque souche, l’étude de la sensibilité aux antibiotiques a été pratiquée selon la méthode de Kirby-Bauer J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 25 SENSIBILITE D’ESCHERICHIA COLI AUX ANTIBIOTIQUES : ETAT ACTUEL DANS UN CENTRE HOSPITALO - UNIVERSITAIRE DE LA BANLIEUE NORD DE TUNIS (gélose Mueller- Hinton, disques Diagnostics Pasteur). Les antibiotiques suivants ont été testés : amoxicilline, amoxicilline+acide clavulanique, céfalotine, céfotaxime, imipénème, amikacine, gentamicine, chloramphénicol, colistine, cotrimoxazole, acide nalidixique et ofloxacine. Pour s’assurer de la validité des résultats, un contrôle de qualité interne a été effectué avec la souche de référence : E. coli ATCC 25922 . Les résultats ont été interprétés selon les standards et les recommandations (lecture interprétative) du Comité de l’Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie (CA-SFM) [5]. La catégorie intermédiaire a été comptabilisée dans celle résistante. La production de bêtalactamases à spectre étendu (BLSE) a été recherchée pour toutes les souches à l’aide du test de synergie entre le disque d’amoxicilline+acide clavulanique et le disque de céfotaxime. RESULTATS Fréquence d’isolement d’E. coli par rapport à l’ensemble des isolats : Au total, 978 souches d’E. coli ont été isolées. A l’échelle de l’hôpital, cette bactérie représente 44 p.100 des 2242 souches bactériennes isolées au laboratoire au cours de la même période. Fréquence d’isolement en fonction du type de prélèvement : Le tableau I représente les fréquences d’isolement selon le type de prélèvement. E. coli a été en majorité isolé de prélèvements urinaires (88%) suivis des pus divers (4%) et des hémocultures (3%). Tableau I : Fréquence des isolements en fonction du prélèvement Prélève- Urines Pus Hémo- Péritoments divers cultures néaux % 88 4 3 2 Bile Autres 2 1 Fréquence d’isolement en fonction du statut des malades ambulatoires versus hospitalisés : Sur les 978 souches d’E. coli, 54 p.100 ont été retrouvées dans des prélèvements de patients consultants en externe (Tablau II). Tableau II : Fréquence d’isolement en fonction des malades ambulatoires et hospitalisés. Malades Ambulatoires Hospitalisés Nombre 529 449 54 46 % Pour les malades hospitalisés, le colibacille a été isolé essentiellement de prélèvements provenant des services de Pédiatrie (11,5%), Gynécologie (10,5%), Médecine Interne (10%), Chirurgie (7,6%), Réanimation (3,2%)et Cardiologie (3,2%). Fréquence d’isolement en fonction du sexe : Dans 81,4 p.100 des cas, les souches d’ E. coli ont été retrouvées chez des femmes (tableau III). Tableau III : Fréquence d’isolement en fonction du sexe Femmes Hommes Nombre 796 182 % 81.4 18.6 J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 26 L. Bakir La sensibilité aux antibiotiques : La sensibilité aux antibiotiques des souches d’E. coli a été rapportée dans le tableau IV. Tableau IV : Sensibilité d’ E. coli aux antibiotiques Antibiotiques Amoxicilline Amoxicilline+acide clavulanique Céfalotine Céfotaxime Imipénème Amikacine Gentamicine Chloramphénicol Colistine Cotrimoxazole Acide nalidixique Ofloxacine % de Sensibilité 38 52 61 98 100 97 94 74 100 66 91 96 Dans cette série, aucune différence significative n’a été notée entre les souches isolées en milieu hospitalier et en ambulatoire. Aucune souche n’était productrice de BLSE. Le céfotaxime, l’imipénème, la gentamicine, l’amikacine et l’ofloxacine gardent une bonne activité sur les souches étudiées avec des pourcentages de sensibilité aux antibiotiques situés entre 94 p.100 et 100 p.100. Par contre, les pourcentages de sensibilité aux antibiotiques sont faibles pour l’amoxicilline (38%), l’amoxicilline + acide clavulanique (52%) et la céfalotine (61%). DISCUSSION Dans ce travail, les souches d’E. coli ont été retrouvées aussi bien chez des malades hospitalisés qu’ambulatoires. La place de cette bactérie comme germe fréquemment responsable d’infections communautaires et nosocomiales précoces n’est plus à démontrer. En effet, différentes études ont montré la prédominance de cette espèce parmi les souches isolées, tous prélèvements confondus, en ville et à l’hôpital [4,6-8]. C’est le bacille à Gram négatif le plus souvent isolé dans les laboratoires de microbiologie [1,2]. Cette étude confirme également la prépondérance des prélèvements d’origine urinaire pour l’isolement des souches d’E. coli , ce qui explique la prédominance féminine [4,8-10]. Cependant, certains auteurs ont noté une part plus importante d’isolement de cette bactérie chez les enfants de sexe masculin et cela dans les premiers âges de la vie [3]. Dans la littérature, E. coli reste le premier germe isolé dans les infections urinaires communautaires ou nosocomiales [2,10-12]. En milieu de réanimation, E. coli est responsable de 2,3 p.100 des bactériémies, 4,3 p. 100 des pneumopathies et 17,5 p.100 des infections urinaires [13]. E. coli n’est plus le germe uniformément sensible des débuts de l’antibiothérapie. Les mécanismes de résistance sont nombreux et concernent presque toutes les familles d’antibiotiques [1,2,14]. Ainsi, la sensibilité de cette bactérie aux antibiotiques a subi d’importantes modifications ces dernières années caractérisées notamment par la résistance aux pénicillines de type A et aux céphalosporines de première génération. La production d’enzyme de type pénicillinase constitue le principal mécanisme de résistance aux pénicillines. En revanche, SENSIBILITE D’ESCHERICHIA COLI AUX ANTIBIOTIQUES : ETAT ACTUEL DANS UN CENTRE HOSPITALO - UNIVERSITAIRE DE LA BANLIEUE NORD DE TUNIS les bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) qui peuvent être produites, en milieu hospitalier, par environ 7 p.100 des K. pneumoniae sont rares chez E. coli (< 0,5%) [4,9,12,14]. Dans notre série, aucune souche d’E. coli sécrétrice de BLSE n’a été notée. Cependant, à l’hôpital Mongi Slim, la première souche d’entérobactérie productrice de BLSE a été retrouvée en janvier 1999. Il s’agissait d’une souche de K. pneumoniae isolée d’un prélèvement distal protégé chez un malade hospitalisé en réanimation. Cette résistance étant d’origine plasmidique, elle peut être transférable d’une bactérie à l’autre. Il faut donc rester vigilant car ces souches productrices de BLSE sont multirésistantes aux antibiotiques. Elles peuvent être à l’origine d’épidémies et poser de véritables problèmes thérapeutiques [15]. Leur détection au niveau du laboratoire est devenue une nécessité. Les données actuelles concernant la sensibilité aux antibiotiques des souches d’E. coli isolées dans les infections hospitalières ou communautaires en comparaison avec d’autres séries, sont rapportées dans le tableau V. Il faut noter que les pourcentages de sensibilité aux antibiotiques ont été déterminés sur l’ensemble de l’hôpital et ne reflètent pas la différence entre les services. Les antibiotiques qui restent régulièrement actifs sont les céphalosporines de troisième génération, les aminosides et les fluoroquinolones. Ainsi, les protocoles antibiotiques doivent tenir compte de l’état actuel de la sensibilité d’E. coli. L. Bakir L’antibiothérapie dirigée doit se baser sur les résultats de l’antibiogramme. En revanche, l’antibiothérapie de première intention dans les infections graves (pyélonéphrites, infections intra-abdominales, neuroméningées, gynécologiques…) doit tenir compte du profil épidémiologique propre à chaque hôpital. Etant donné le pourcentage de résistance élevé, des molécules comme l’amoxicilline, l’association amoxicilline + acide clavulanique et les céphalosporines de première génération ne peuvent être utilisées dans le cadre de l’antibiothérapie empirique lorsqu’il s’agit d’une infection grave. CONCLUSION Actuellement, l’optimisation de l’antibiothérapie à l’hôpital est devenue une nécessité. La surveillance régulière de la résistance aux antibiotiques et la connaissance de l’écologie de chaque hôpital est indispensable pour améliorer les schémas thérapeutiques [3,4,12]. L’apport du laboratoire de microbiologie est essentiel dans la détermination des profils de sensibilité des germes aux antibiotiques. Cependant, cet apport peut présenter certaines limites car les renseignements cliniques restent importants pour différencier les infections des colonisations bactériennes. A ce titre, la collaboration entre clinicien et microbiologiste est fondamentale. Ces données devraient être un élément de réflexion incontournable permettant d’optimiser les choix antibiotiques surtout empiriques. Tableau V : Pourcentage de sensibilité d’E. coli à quelques antibiotiques dans différentes études AMX AMC CF CTX IMP AN GM C CS SXT NA OFX (n = 799) 42.6 55.4 99.5 98.7 93.7 64.5 76.6 Akpabie A [6] Péan Y [9] (n = 2710) 57 71 81 99.6 97 76 91 96 Hamze M [16 ] (n = 436) 28.4 47.5 71.1 95.9 100 97 90.1 39.2 98.2 46.6 90.9 78.9 Delarbre JM [10] (n = 3459) 58 72 69 99 100 99 98 88 95 Soussy CJ [3] (n = 1114) 56 69 64 99 98 92 95 Série étudiée ( n = 978) 38 52 61 98 100 97 94 74 100 66 91 96 AMX = amoxicilline, AMC = amoxicilline + acide clavulanique, IMP = imipénème, CF= céfalotine, CTX = céfotaxime, AN = amikacine, Gentamicine = GM, C = chloramphénicol, CS = colistine, SXT = cotrimoxazole, NA = acide nalidixique, OFX = ofloxacine. n = nombre de souches d’E. coli étudiées. REFERENCES 1 2 3 4 5 6 7 8 9 BIBLIOGRAPHIQUES Flandrois JP. Bactériologie Médicale. Lyon: collection Azay. 1997: 174-180. Baraduc R, Darfeuille-Michaud A, Forestier C, Jallat C, Joly B, Livrelli V. 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Réa. - VOL IX - P. 27 INFECTIONS NOSOCOMIALES EN MILIEU DE REANIMATION NOSOCOMIAL INFECTIONS IN INTENSIVE CARE UNIT I. Boutiba-Ben Boubaker, A. Kamoun, S. Guédira*, Ghozzi R, S. Ben Redjeb Laboratoire de Microbiologie - CHU Charles Nicolle - Tunisie * Service d’anesthésie réanimation - CHU Charles Nicolle - Tunisie Résumé Les infections nosocomiales en milieu de réanimation constituent un problème majeur tant au plan de la santé publique que de la prise en charge individuelle des malades. Leur survenue est à l’origine d’une surmorbidité, d’une surmortalité et d’un surcoût financier qui sont loin d’être négligeables. Elles ont pour conséquence l’utilisation importante des antibiotiques favorisant l’émergence de bactéries multirésistantes. Ce travail rétrospectif (janvier 1998- décembre 2000) vise à étudier l’écologie bactérienne du service de réanimation médico-chirurgicale de l’hôpital Charles Nicolle de Tunis et de déterminer la sensibilité des germes aux antibiotiques afin de mieux guider l’antibiothérapie de première intention. Au cours de cette période 614 germes étaient isolés à partir de 497 prélèvements positifs avec une prédominance des prélèvements distaux protégés 54%, suivis des hémocultures 22% et des prélèvements urinaires 17%. A. baumannii et P. aeruginasa occupaient la première place parmi les espèces bactériennes isolées et étaient respectivement résistants à tous les antibiotiques testés dans 7% et 6% des cas. 15% des entérobactéries étaient productrices de b-lactamases à spectre étendu et 20% des S. aureus étaient résistants à la méthicilline. Ainsi, le choix antibiotique empirique doit tenir compte de l’écologie microbienne du service afin d’être le plus efficace possible tout en évitant la pression de sélection par les antibiotiques. Mots clés : Infections nosocomiales, Antibiotiques, Réanimation, Résistance bactérienne. Key Words : Nosocomial infections, Antibiotics, Critical care, Bacterial resistance. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 28 INTRODUCTION Les infections nosocomiales constituent un problème préoccupant en milieu de réanimation (1,2,3), favorisées par la gravité des malades accueillis et l’utilisation large des manœuvres invasives à visée diagnostique et thérapeutique (4,5,6). Elles ont pour conséquence une utilisation importante des antibiotiques qui favorise l’émergence des bactéries multirésistantes. Une surveillance par le laboratoire de bactériologie de l’écologie bactérienne constitue une aide importante pour définir une antibiothérapie présomptive et produire des indicateurs pertinents de la qualité des soins. Une étude rétrospective s’étendant sur 3 ans (janvier 1998 - décembre 2000) a été effectuée permettant de déterminer l’écologie bactérienne dans le service de réanimation médico-chirurgicale de l’hôpital Charles Nicolle , service d’une capacité de 6 lits. MATÉRIEL ET MÉTHODES Au cours de cette période, 614 germes ont été isolés à partir de 497 prélèvements positifs. L’identification des souches a été basée sur les caractères morphologiques, biochimiques et culturaux (Api système Biomérieux) . L’étude de la sensibilité aux antibiotiques a été faite par la méthode de diffusion en milieu gélosé selon les recommandations du National Committee for Clinical Laboratory Standards (NCCLS) . Les souches E. coli ATCC 25922, S. aureus ATCC 25923 et P. aeruginosa ATCC 27853 ont été utilisées de façon régulière pour le contrôle de qualité interne. RÉSULTATS La répartition des souches selon le type de prélèvement a montré une nette prédominance des prélèvements distaux protégés (54%), suivis des hémocultures (22%), des urines (17%), des dispositifs invasifs (5%) et des ponctions (2%) (fig. 1). J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 28 Fig 1 : Répartition des souches selon les prélèvements Fig 1 : Répartition des souches selon les prélèvements Fig 1 : Répartition des souches selon les prélèvements Fig 1 : Répartition des souches selon les prélèvements Concernant la répartition des souches selon les espèces, A. baumannii occupait la première place (21%), suivi de P. aeruginosa (20%), Staphylococcus sp. (17%), E. coli (10%), K. pneumoniae (10%), H. influenzae (6%) et Fig 2 : Répartition des souches selon les espèces E. faecalis (2%) (fig. 2) . Fig 2 : Répartition des souches selon les espèces Fig2 2: Répartition : Répartition des des souches souches selon Fig selonles lesespèces espèces Les bactéries isolées étaient généralement multirésistantes aux antibiotiques en particulier A. baumannii et P. aeruginosa qui en plus de leur résistance naturelle à de nombreux antibiotiques avaient une résistance acquise en particulier à la ticarcilline et à la ceftazidime. 7% des A. baumannii et 6% des P. aeruginosa étaient résistants à tous les antibiotiques testés. 15% des entérobactéries étaient productrices de b-lactamases à spectre étendu INFECTIONS NOSOCOMIALES EN MILIEU DE REANIMATION I. Boutiba (BLSE) et étaient donc résistantes à toutes les b-lactamines excepté l’impénème. 20% des S. aureus étaient résistants à la méthicilline (tableau I). Tableau I : Pourcentages de résistance aux antibiotiques des principales espèces isolées Bacilles Gram (-) Nb Amx Amc Tic Caz Imp Gm Am Cip A. baumannii 124 - - 73 88 9 93 67 91 P. aeruginosa 122 E. coli 60 - - 32 11 26 34 12 27 66 48 61 5 0 7 0 3 K. pneumoniae 60 100 46 100 39 0 33 30 4 Cocci Gram (+) Nb Peni G Oxa Van Pris E Gm S. aureus 78 93 20 0 0 17 12 K Cip 31 9 Amx : Amoxicilline, Amc : Amoxicilline-Acide clavulanique, Tic : Ticarcilline, Caz : Céftazidime, Imp : Imipénème, Gm : Gentamicine, Am : Amikacine, Cip : Ciprofloxacine, PeniG : Pénicilline G, Oxa : Oxacilline, Van : Vancomycine, Pris : Pristinamycine, E : Erythromycine, K : Kanamycine. DISCUSSION Le taux d’infections nosocomiales en unités de soins intensifs et les sites infectés varient selon le type de réanimation (1,2,3). Les infections, peuvent être endogènes ou croisées avec un risque d’épidémies nosocomiales majoré par le terrain fragilisé des patients et les gestes invasifs fréquents (7,8). Les malades hospitalisés dans cette unité de réanimation médico-chirurgicale sont le plus souvent des polytraumatisés, sous ventilation mécanique ; ceci explique le fait que les pneumonies occupent la première place parmi les infections nosocomiales (54%), suivies des septicémies (22%) et des infections urinaires (17%) , ce qui est habituellement rapporté (1,2,7,8). P. aeruginosa et A. baumannii sont les germes prédominants , suivis des entérobactéries (notamment E. coli et K. pneumoniae) et des S. aureus contrairement aux données généralement rapportées par la littérature qui placent les staplylocoques en première position, suivis des entérocoques, P. aeruginosa, Enterobacter sp. et E. coli (4,5,6). Aux USA ainsi qu’en Europe , les problèmes de multirésistance aux antibiotiques se posent essentiellement pour S. aureus résistants à la méticilline et les entérocoques résistants à la vancomycine (3,4,10,11). Dans notre série, ces problèmes se posent essentiellement avec les bacilles à Gram négatif tout particulièrement avec A. baumannii et P. aeruginosa, qui sont naturellement résistants à de nombreux antibiotiques et acquièrent facilement de nouvelles résistances sous l ’effet de la pression de sélection par les antibiotiques à large spectre . De même 15% des entérobactéries sont productrices de BLSE. Dans les unités de réanimation, les infections à bactéries multirésistantes conduisent les cliniciens à des prescriptions empiriques d’antibiotiques à large spectre, afin de donner aux malades toutes les chances de guérison en évitant un retard thérapeutique. Cette pratique est illustrée par une enquête sur la consommation des antibiotiques qui montre que 80% de ces molécules dispensées dans les services de réanimation (ceftazidime, imipénème et van- comycine) sont prescrites en tant que traitement empirique d’une infection hypothétique à bactérie multirésistante (11). Une telle attitude thérapeutique génère des surcoûts. Aussi, au delà de l’aspect économique, l’utilisation extensive de telles molécules a un impact écologique. Leur spectre volontiers large crée une pression de sélection favorable à l’émergence de souches saprophytes naturellement résistantes (Acinetobacter, Pseudomonas, S. maltophilia) ainsi qu’à l’émergence de nouveaux mécanismes de résistance (nouvelles b-lactamases, résistance aux glycopeptides) (12). Par ailleurs, la diffusion épidémique des souches résistantes (diffusion clonale) ou du matériel génétique codant pour ces résistances (plasmides ou transposons) est responsable de leur dissémination. Ainsi, il est recommandé d’utiliser les nouveaux antibiotiques à bon escient. L’antibiothérapie présomptive doit se baser sur l’écologie microbienne du service et doit être évaluée au 3ème jour du traitement en fonction des résultats de l’antibiogramme et de l’évolution clinique du patient, il est alors possible de revenir à un antibiotique moins puissant ou plus ancien (11,12). Ainsi, le changement des habitudes thérapeutiques compte tenu de l ’écologie bactérienne de ces unités permettra une maîtrise des résistances bactériennes. Par ailleurs, la mise en place d’un programme de lutte contre les infections nosocomiales permettra de limiter la diffusion des bactéries multirésistantes. Ce programme est multidisciplinaire et repose sur l’information et la formation du personnel, la détection et la signalisation des patients porteurs, l’isolement géographique dans la mesure du possible, l’isolement technique (hygiène des mains et port de gants) (11,13,14). CONCLUSION Les infections nosocomiales en milieu de réanimation restent un problème de santé publique. Le choix de l’antibiothérapie empirique doit tenir compte de l’écologie microbienne afin d’être le plus efficace possible tout en évitant la pression de sélection par les antibiotiques. De même, le respect strict des règles d’hygiène reste le meilleur moyen de lutte contre ces infections. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 29 INFECTIONS NOSOCOMIALES EN MILIEU DE REANIMATION I. Boutiba REFERENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. BIBLIOGRAPHIQUES CDC NNIS System. National Nosocomial Infections Surveillance (NNIS) system report, data summary from January 1990-May 1999, issued June 1999. Am. J Infect Control, 1999, 27:520-532. Edmond MB, Wallace SE, Mc Clish DK, Pfaller MA, Jones RN, Wenzel RP.Nosocomial bloodstream infections in United States hos pitals : a three-year analysis. Clin Infect Dis 1999 Aug;29(2):239-44. Richards MJ, Edwards JR, Culver DH, Gayes RP. Nosocomial infections in medical intensive care units in the United States. National Nosocomial Infections Surveillance System. 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De Man P, Verhoeven BA, Verbrugh HA, Vos MC, Van Den Anker JN. A antibiotic policy to prevent emergence of resistant bacilli. Lcet 2000 mar 18;355(9208):973-8. L’épidémiologie microbiologique est le guide de l’antibiothérapie empirique ! RELEVE DE SENSIBILITE AUX ANTIBIOTIQUES A L’EPS CHARLES NICOLLE - 2001 EXPRIME EN POURCENTAGE DE SENSIBILITE Bacilles à Gram négatif Escherichia coli Klebsiella spp Proteus mirabilis Proteus indole+ Enterobacter spp Serratia spp Citrobacter diversus Citrobacter freundii Salmonella spp Pseudomonas aeruginosa Pseudomonas spp Acinetobacter spp S. maltophilia Nb 1309 402 212 65 169 91 28 34 18 423 44 174 9 Cocci à Gram positif Staphylococcu aureus Staphylococcus coagulase(-) Streptococcus A,C,G,F Streptococcus B Streptococcus NG Enterococcus faecalis Abréviations Nb 296 189 73 91 63 71 Amx 46 0 32 0 0 0 0 0 83 - Amc 63 64 77 9 0 0 86 0 94 - Peni G Oxa 8 93 25 66 92 86 54 - Tic 46 0 37 58 59 33 0 38 83 64 48 31 11 Tcc 87 72 95 94 68 51 96 55 100 64 55 42 50 Cf 61 65 73 2 0 0 86 0 83 - Ctx 96 75 97 92 71 64 96 65 100 - Cro Caz 96 96 75 75 97 97 92 92 71 71 64 64 96 96 65 65 100 100 75 86 20 44 Amx 8 25 100 100 84 99 Cf 93 66 100 96 87 - Imp 100 100 97 99 Gm 95 65 -* -* -* -* An 78 55 -* -* -* -* Tet 59 66 29 0 40 25 Imp 100 100 100 100 100 100 100 100 100 74 89 90 0 Gm 93 75 91 56 75 43 93 65 100 48 91 19 33 An 96 77 98 97 89 78 100 97 100 63 91 33 44 C 85 70 63 60 69 40 89 62 89 - Cs 100 100 0 0 100 0 100 100 100 100 95 95 78 Nal 86 75 88 69 79 41 93 59 72 0 48 13 100 Ofx 91 82 99 86 92 86 96 74 100 56 91 20 100 Cip 91 82 99 86 92 86 96 74 100 61 93 20 100 Sxt 65 64 79 57 69 41 96 53 89 0 30 23 67 C 91 83 89 81 90 47 E 74 49 88 67 60 15 Cl 96 74 88 71 63 - Pris 100 97 100 96 94 14 Ofx 92 73 - Cip 92 73 - Rif 93 69 100 98 90 55 Sxt 97 77 71 81 84 38 Van 100 100 100 100 100 100 J. Magh. J. Magh. A. A. Réa. Réa. - VOL - VOL VIIIIX- -P.P.286 63 Amx : amoxicilline, Amc : augmentin, Tic : ticarcilline, Tcc : claventin, Cf :céfalotine, Ctx :céfotaxime, Cro :ceftriaxone, Caz :ceftazidime, Imp :imipénème, Gm :gentamicine, An : amikacine, C : chloramphénicol, Cs :colistine, Nal : acide nalidixique, Ofx : ofloxacine, Pef : pefloxacine, Cip : ciprofloxacine, Sxt : sulfamide-triméthoprime, PéniG :pénicilline G, Oxa : oxacilline, Tét : tétracyclines, E : érythromycine, Cl : clindamycine, Pris : pristinamycine, Rif :rifampicine, Van : vancomycine. * Résistance naturelle de bas niveau aux aminosides COMMENTAIRES GENERAUX Les pourcentages de sensibilité indiqués ont été déterminés sur l'ensemble de l'hôpital et ne reflètent pas l'hétérogénéité entre les services. POINTS PARTICULIERS Staphylocoques - La résistance à l'oxacilline implique une résistance à l'ensemble des ß-lactamines, y compris à l'imipénème (Tiénam‚). - Pour les fluoroquinolones, la résistance est croisée à toutes les molécules. Pneumocoques - Les souches de sensibilité diminuée à la pénicilline ont un comportement imprévisible vis à vis des autres les ß-lactamines: Il est nécessaire de déterminer la CMI de la molécule que le prescripteur souhaite utiliser. Streptocoques et entérocoques - La résistance de haut niveau aux aminosides contre indique leur utilisation. Entérobactéries - Les souches résistantes aux céphalosporines de 3ème génération par production de ß-lactamases à spectre étendu (BLSE) ou de céphalosporinase plasmidique représentent 8% de l'ensemble des entérobactéries isolées au cours de cette période avec des fréquences variables selon les services. Parmi les ß-lactamines, seul l'imipénème reste actif. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 30 OPTIMISATION DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE À L’HÔPITAL. ANALYSE DES FICHES DE PRESCRIPTION D’ANTIBIOTIQUES DANS UN HÔPITAL UNIVERSITAIRE. ANTIBIOTHERAPY OPTIMIZATION IN HOSPITAL. ANALYSIS OF ANTIBIOTIC INDEX CARDS IN A UNIVERSITY HOSPITAL B. Bouhaj, N. Ben Hamouda, M.Abbes, L.Bakir°, D. Ben Naceur*, M. Ben Hriz+, A. Mokaddem#, K. Bouslama§, L. Gharbi , N. Ben Aissia°°, MS. Ben Ammar et le comité de lutte contre les infections nosocomiales. Réanimation, °Microbiologie, *Pharmacie, +Pédiatrie, # Cardiologie, §Médecine, Chirurgie, °°Gynécologie. CHU Mongi Slim. La Marsa - Tunisie Résumé Objectif : évaluation de la consommation des antibiotiques utilisés à titre curatif à travers une fiche de prescription d’antibiotiques complétée par les médecins prescripteurs avec centralisation des fiches et saisie informatisée au niveau de la pharmacie de l’hôpital. Type d’étude : étude observationnelle avec analyse rétrospective des datas Lieu : centre hospitalo-universitaire de 220 lits répartis sur six services hospitaliers comprenant la pédiatrie, la gynécologie-obstétrique, la chirurgie, la médecine interne, la cardiologie et la réanimation. Patients : 1236 patients hospitalisés en 1997 (deuxième semestre), 1999 et 2000. Intervention : une fiche de prescription d’antibiotiques a été remplie à chaque demande d’antibiotiques. Recueil des paramètres démographiques, et des indices concernant l’infection et la modalité de prescription antibiotique. Résultats : 1316 fiches de prescription d’antibiotiques ont été saisies ; 1997 (n= 74), 1999 (n=614) et 2000 (n=628). La répartition des fiches selon les services était la suivante : pédiatrie (37%), réanimation (30%), chirurgie (13%), médecine interne (12%), cardiologie (6%) et gynécologie-obstétrique (2%). La modalité de prescription était empirique dans 59% des cas, dirigée dans 15% des cas et non précisée dans 26% des cas. Il s’agissait d’infections communautaires dans les deux tiers des cas. Le site infectieux était respiratoire (38%), urinaire (22%), intra-abdominal (16%), au dépens de l’os et des tissus mous (6%), ou neuroméningé (5%). En tout, 328 prélèvements ont été mentionnés sur les fiches de prescription : urines (33%), hémocultures (23%), crachats (21%), site opératoire (8%) et LCR (8%) ; avec identification de 162 microorganismes ( BGN : 82%, cocci à Gram Positif :10% et levure :1%). Au total 1816 antibiotiques ont été prescrits : Céfotaxime ou ceftriaxone (40%), ofloxacine ou ciprofloxacine (20%), gentamicine ou amikacine (17%), amoxicilline-acide clavulanique (7,5%), fosfomycine (5%), imipénème ( 4%), ceftazidime (4%) et vancomycine ou teicoplanine (2,5%). Conclusions : l’analyse des fiches de prescription d’antibiotiques centralisées au niveau de la pharmacie de l’hôpital permet une évaluation quantitative et qualitative de la consommation des antibiotiques , de la place respective des services consommateurs et de la modalité de prescription des antibiotiques. Elle ne paraît pas pouvoir modifier la consommation des antibiotiques. Pour atteindre cet objectif, la fiche de prescription antibiotique doit être complétée par des mesures visant à restreindre ou à assurer un cycle de rotation pour certains antibiotiques. L’utilisation très large des céphalosporines de troisième génération y incite réellement. Mots clés : antibiotiques, surveillance, résistance aux antibiotiques, optimisation des antibiotiques. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 31 Summary Objective : evaluation of antibiotics consumption used as a curative way, through an antibiotic index card prescription completed by practicians. With centralisation and computed taped data with in the hospital’s pharmacy. Design : observational study with data retrospective analysis. Settings: a 220-bed university-affiliated medical center,spread over six hospital departments including, paediatrics, gynaecology-obstetrics, surgery, internal medicine, cardiology, and critical care unit (CCU). Patients: were included 1236 patients recovered in 1997(second half), 1999 and 2000 Intervention: an antibiotic index card prescription was filled in on each antibiotic request. Collection of demographic parameters, signs of infection and modality of antibiotic prescription. Results: 1316 antibiotic prescription cards were recorded, 1997 (n=74), 1999 (n=614) and 2000 (n=628). The split of the index cards according to the medical departments was as follows: Paediatrics (37%), CCU (30%), Surgery (13%), Internal medicine(12%), Cardiology (6%) and Gynaecology-obstetrics (2%). The modality of prescription was empirical in 59% of cases, aimed in 15% of cases, not specified in 26% of cases. Community acquired infections were observed in the two third of cases. The infectious site was pulmonary (38%), urinary (22%), intra-abdominal (16%),depending on bones and soft tissues (6%), neurological in (5%) of cases. 328 samples have been mentioned on the index cards: urine (33%), blood culture (23%), sputum (21%), operative site (8%), LCR (8%). 162 micro-organism were identified (GNB:82%, gram positive cocci:10% and yeast:1%).In total 1816 antibiotics were prescribed: Cefotaxim or Ceftriaxon (40%), Ofloxacin or Ciprofloxacin (20%), Gentamycin or Amikacin (17%), Amoxicillin-clavulanate (7,5%), Fosfomycin (5%), Imepenem (4%), Ceftazidim (4%) and Vancomycin or Teicoplanin (2,5%). Conclusions: The index card prescription of antibiotics analysis, centralized in the hospital’s pharmacy, allows: quantitative and qualitative evaluation of antibiotics consumption, the rank of the respective consuming departments and the modality of antibiotic prescription. It appears however not able to modify the antibiotic consumption. To reach this objective, the antibiotic prescription index card must completed by measures aiming to restrict or to ensure cycling for some antibiotics. Key words : antibiotics, surveillance, antibiotic resistance, antibiotic optimization J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 31 J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 31 OPTIMISATION DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE À L’HÔPITAL. ANALYSE DES FICHES DE PRESCRIPTION D’ANTIBIOTIQUES DANS UN HÔPITAL UNIVERSITAIRE. INTRODUCTION Les antibiotiques (ATB) sont les médicaments les plus prescrits à l’hôpital du fait de la fréquence de la pathologie infectieuse et du nombre important de prescripteurs. Une démarche d’optimisation de l’utilisation des ATB devrait permettre de limiter les conséquences écologiques et budgétaires d’une consommation accrue d’ATB. L’adoption de fiches de prescription d’ATB, centralisées au niveau de la pharmacie de l’hôpital, constitue une étape de cette démarche. Elle permet dans un premier temps de procéder à une analyse quantitative et qualitative de la prescription d’antibiotiques et d’envisager par la suite un type d’action adapté aux exigences de la situation. MATÉRIEL ET MÉTHODES Il s’agit d’une étude rétrospective, menée au CHU Mongi Slim - La Marsa. L’étude s’est déroulée durant les années 1997 ( deuxième semestre), 1999 et 2000. L’hôpital Mongi Slim compte 221 lits répartis sur six services hospitaliers comme suit: gynécologie (n=61), chirurgie générale (n=45), pédiatrie (n=42), cardiologie (n=36), médecine interne (n=29), réanimation (n= 8). Durant la période de l’étude, les médecins prescripteurs devaient remplir, pour toute demande d’antibiotiques, une fiche de prescription d’antibiotiques. Les fiches étaient centralisées au niveau de la pharmacie de l’hôpital où elles firent par la suite l’objet d’une saisie informatisée. Les prescripteurs étaient les résidents et les médecins seniors de l’hôpital. Les demandes remplies par les internes étaient contre signées par un médecin senior. Les fiches de prescription d’antibiotiques comprenaient des données démographiques concernant les patients (âge, sexe et poids), cliniques (le site infectieux, type d’infection communautaire versus nosocomial, pathologies associées), bactériologiques (nature du prélèvement bactériologique, germe isolé et antibiogramme), ainsi que des données concernant l’antibiotique objet de la demande ( modalité de prescription empirique versus dirigée, posologie, voie d’administration et durée présumée du traitement). Les données bactériologiques étaient issues des résultats communiqués par le laboratoire de microbiologie. Les antibiotiques concernés par cette fiche de prescription étaient les bêta-lactamines (exceptés les pénicillines G et M, l’ampicilline, l’amoxicilline et les céphalosporines de première génération), les aminosides, les fluoroquinolones, les glycopeptides et la fosfomycine. Le choix antibiotique du prescripteur était librement établi et aucune restriction n’était imposée par la pharmacie ou le comité de lutte contre les infections nosocomiales de l’hôpital. De même, aucun protocole antibiotique écrit n’était en cours au niveau de l’hôpital pendant la période de l’étude. RÉSULTATS Au total 1316 fiches, intéressant 1236 malades, ont été saisies: deuxième semestre de l’année 1997 (n= 74), l’année 1999 (n= 614), l’année 2000 (n= 628). L’âge moyen des patients était de 46,8 ± 19 ans et le sex ratio était égal à 1. La répartition des fiches par service est portée sur le tableau I. B. Bouhaja Tableau I. Répartition des fiches par service. Service Nombre de fiches (%) Pédiatrie Réanimation Chirurgie Médecine interne Cardiologie Gynécologie 487 (37) 395 (30) 171 (13) 158 (12) 79 (6) 26 (2) L’infection traitée était de type communautaire dans 2/3 des cas et de type nosocomial dans 1/3 des cas. La répartition des sites infectieux est résumée dans le tableau II. Tableau II. Répartition des sites infectieux. Sites infectieux N (%) Respiratoire Urinaire Intra-abdominal Os et tissus mous Neuroméningé Autres° 500 (38) 290 (22) 210 (16) 79 (6) 66 (5) 171 (13) °endocardites, bactériémies et infections materno-fœtales. L’antibiothérapie était prescrite de façon empirique dans 59% des cas, dirigée dans 15% des cas. La modalité de prescription n’a pas été précisée dans 26% des cas. Au total, 328 prélèvements à visée bactériologique ont été mentionnés sur les fiches de prescription. (Tableau III). Tableau III. Répartition des prélèvements mentionnés dans la fiche de prescription. Nature du prélèvement N (%) Urines Sang Crachats Site opératoire LCR Autre Total LCR : liquide céphalorachidien 109 (33) 76 (23) 70 (21) 26 (8) 25 (8) 22 (7) 328 Les prélèvements de crachat émanaient uniquement du service de réanimation. En tout, 162 microorganismes ont été mentionnés dans les fiches de prescription. La répartition de ceux–ci montrait que les bacilles à Gram négatif (BGN) occupaient la première place dans tous les services hospitaliers et que les cocci à Gram positif ne représentaient que 10% des germes mentionnés. L’isolement de levures (deux cas) ne concernait que le service de réanimation. (Tableau IV) Tableau IV. Répartition des germes mentionnés dans les fiches de prescription d’antibiotiques selon les services. Service hospitalier BGN Réanimation Pédiatrie Médecine interne Cardiologie Chirurgie Gynécologie Total n (%) Microorganisme Cocci + levure 53 34 26 16 11 4 144 (89) 3 5 2 4 1 1 16 (10) 2 0 0 0 0 0 2 (1) BGN :bacilles à Gram négatif ; Cocci + : cocci à Gram positif La prescription d’antibiotiques a porté sur 1816 antibiotiques (Tableau V). J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 32 OPTIMISATION DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE À L’HÔPITAL. ANALYSE DES FICHES DE PRESCRIPTION D’ANTIBIOTIQUES DANS UN HÔPITAL UNIVERSITAIRE. Tableau V. Les antibiotiques prescrits. Antibiotiques Céfotaxime ou céftriaxone Ofloxacine ou ciprofloxacine Gentamicine ou amikacine Amoxicilline-acide clavulanique Fosfomycine Imipénème Ceftazidime Vancomycine ou teicoplanine n (%) 718 (40) 359 (20) 308 (17) 137 (7,5) 94 (5) 84 (4) 69 (4) 47 (2,5) Le tableau VI résume la répartition des principaux antibiotiques prescrits par les médecins de chaque service hospitalier. Tableau VI. Répartition des principaux antibiotiques prescrits selon les services. Céfotaxime° FQ Aminoside Augmentin® fosfomycine Pédiatrie Réanimation Chirurgie Médecine interne Cardiologie 371 174 72 69 29 157 88 80 22 195 91 6 10 6 25 44 24 12 24 71 20 3 °ou ceftriaxone ; FQ : fluoroquinolones. L’analyse de l’évolution de la prescription d’antibiotiques entre 1999 et 2000 montre une baisse de 7% concernant la prescription de céfotaxime et de ceftriaxone, une stabilité des prescriptions des fluoroquinolones et de la formulation amoxicilline - acide clavulanique et une augmentation des prescriptions d’aminosides et de fosfomycine respectivement de 56% et de 47%. DISCUSSION Un grand nombre de travaux originaux (1,2,3), de mises au point (4,5) et d’éditoriaux (6-8) ont attiré, ces dernières années, l’attention de l’ensemble de la communauté médicale et des professionnels de la santé sur le problème croissant de la résistance bactérienne aux antibiotiques comme conséquence à l’utilisation excessive et inappropriée d’antibiotiques de plus en plus puissants. Les propos du directeur général de l’organisation mondiale de la santé dans son rapport annuel 2000 sur les maladies infectieuses ont donné au problème de la résistance bactérienne aux antibiotiques une dimension universelle alarmiste en soulignant que « si le monde n’arrivait pas à consentir de sérieux efforts afin de remporter la bataille contre les maladies infectieuses, la résistance bactérienne aux antibiotiques menace de plus en plus de le (le monde) renvoyer à l’ère pré antibiotique » (8). Partant de cet état de fait, plusieurs stratégies et plans d’action ont été proposés afin de rompre le cercle vicieux « escalade antibiotique – escalade de la résistance bactérienne aux antibiotiques » (9-11). L’évaluation de la consommation des antibiotiques en milieu hospitalier aussi bien sous l’angle quantitatif que qualitatif constitue une étape essentielle et doit précéder les autres mesures qui visent à optimiser l’utilisation des antibiotiques. Conformément à la méthodologie de l’étude, qui n’a porté que sur un certain nombre d’antibiotiques, on a pu établir qu’environ 600 antibiotiques étaient prescrits par an et que le nombre d’ATB prescrits était resté stable entre 1999 et 2000. Ainsi, le fait d’avoir demandé au médecin de remplir un formulaire de prescription d’antibiotiques, sans aucune autre mesure restrictive par B. Bouhaja ailleurs, n’a eu aucun retentissement concernant la consommation globale d’ antibiotiques. Les antibiotiques concernés par cette étude étaient pour la plupart utilisés dans un but curatif. En réalité, la consommation totale d’antibiotiques à l’hôpital Mongi Slim est plus importante que ne le laisse présumer les résultats de cette étude. En effet des antibiotiques comme la pénicilline G, l’oxacilline et les céphalosporines de première génération qui sont couramment utilisés à titre prophylactique n’ont pas été inclus dans ce travail. D’ailleurs, le coût engendré par la consommation d’antibiotiques à l’hôpital Mongi Slim équivaut à 20% du budget global alloué aux médicaments et ce durant les cinq dernières années. En chiffre absolu ce coût a presque doublé entre 1995 et 2000 ( 115/561 mille dinars (MD) versus 187/885 MD). Dans cette étude, 67% des fiches émanaient des services de pédiatrie et de réanimation. Cependant, la prescription de céfotaxime et d’aminosides étaient deux fois plus importante en pédiatrie qu’en réanimation étant donné le nombre plus important de malades hospitalisés en pédiatrie. Les infections traitées étaient dominées par les infections communautaires et le site infectieux le plus fréquent était le site respiratoire. Le choix des antibiotiques a été fait de façon empirique dans plus de la moitié des cas, alors que dans 26% des cas les médecins prescripteurs n’ont pas précisé s’il s’agissait d’un choix empirique ou dirigé. Seulement 25% des fiches mentionnaient un prélèvement à visée bactériologique. Ce dernier était dans la majorité des cas un prélèvement urinaire expliquant ainsi que 89% des germes mentionnés dans les fiches de prescription étaient des BGN. L’analyse de la répartition des antibiotiques ayant fait l’objet d’une prescription révèle que le céfotaxime et la ceftriaxone occupaient la première place suivis par les fluoroquinolones et les aminosides. Ces quatre antibiotiques rendent compte de 77% des antibiotiques prescrits. Ainsi, d’après les résultats de cette étude, l’adoption d’un formulaire de prescription d’antibiotiques permet d’avoir des renseignements d’ordre épidémiologique concernant les infections traitées, les modalités de prescription et les antibiotiques prescrits. Toutefois, cette mesure n’a pas paru pouvoir modifier la consommation des antibiotiques que ce soit en quantité ou en qualité. De même, un grand nombre de prescription était fait de façon empirique et en l’absence de prélèvement à visée bactériologique ce qui revient à donner à l’antibiothérapie probabiliste un caractère définitif. La prescription très large de céphalosporines de troisième génération doit faire craindre l’émergence de souches d’entérobactéries productrices de bêtalactamases à spectre étendu (BLSE) et leur diffusion rapide comme agents responsables d’infections nosocomiales. Cette résistance acquise à médiation plasmidique peut survenir chez K.pneumoniae et E.coli , touche les céphalosporines y compris celles de troisième génération et peut être croisée avec une résistance aux aminoglycosides, aux fluoroquinolones et au cotrimoxazole. La formulation pipéracilline–tazobactam a une activité variable, en revanche les carbapénèmes (imipénème et méropénème) restent les plus actives. Plusieurs travaux ont montré qu’en cas d’épidémies à K.pneumoniae sécrétrices de BLSE, celle-ci a pu être stoppée grâce à la restriction de l’utilisation des céphalosporines (12,13). La prédominance des infections respiratoires communautaires dans cette étude, fait discuter le recours à des antiJ. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 33 ? OPTIMISATION DE L’ANTIBIOTHÉRAPIE À L’HÔPITAL. ANALYSE DES FICHES DE PRESCRIPTION D’ANTIBIOTIQUES DANS UN HÔPITAL UNIVERSITAIRE. biotiques plus anciens, moins coûteux et sans grandes conséquences sur le plan écologique. L’utilisation d’antibiotiques comme les cyclines, les macrolides, le cotrimoxazole, la pénicilline et l’amoxicilline pourrait être justifiée dans le traitement des infections respiratoires et urinaires communautaires en l’absence de critères de gravité (14-16). En conclusion, l’adoption d’un formulaire de prescription d’antibiotiques permet d’avoir des rensei- REFERENCES 1. B. Bouhaja gnements utiles concernant les indications, les modalités de prescription et la nature des antibiotiques prescrits. Elle doit cependant être complétée de mesures interventionnelles ou restrictives (17) ou permettant d’assurer une rotation (18) pour certains antibiotiques particulièrement concernés par le développement de la résistance bactérienne acquise. BIBLIOGRAPHIQUES Fluit AC, Schmitz FG, Jones ME, Acar J, Gupta R, Verhoef J. Antimicrobial resistance among community –acquired pneumonia isolates in Europe : first results from the SENTRY antimicrobial surveillance program 1997. 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Quel antibiotique choisir ? Faut-il opter pour une monothérapie ou une association ? Le recours à la chirurgie est -il nécessaire ? Quelle posologie prescrire ? Quelle voie d’administration choisir ? Quel rythme d’administration ? Quelle durée de traitement ? J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 34 PRISE EN CHARGE DES POLYRADICULONEVRITES AIGUËS GRAVES EN REANIMATION (A PROPOS DE 31 OBSERVATIONS). TREATMENT OF SERIOUS ACUTE POLYRADICULONEUROPATHIES IN INTENSIVE CARE UNIT (ABOUT 31 OBSERVATIONS). N. Ech-Cherif El Kettani, A. Caidi, S. Kabbaj, M.H. Ismaili, A.W. Maazouzi. Service d’Anesthésie-Réanimation. Hôpital des Spécialités. CHU Ibn Sina. Rabat - Maroc. Résumé La polyradiculonévrite aiguë est une neuropathie périphérique ascendante dont la gravité peut justifier une hospitalisation dans un service de réanimation en raison du risque de survenue de troubles de déglutition, de détresse respiratoire ou de manifestations dysautonomiques. La prise en charge symptomatique, associée aux thérapeutiques spécifiques modernes (échanges plasmatiques, immunoglobulines intraveineuses), permettent d’écourter la durée de la phase aiguë de la maladie, de limiter les paralysies et d’améliorer son pronostic à la fois vital et fonctionnel. Nous rapportons, à cet effet, l’expérience de notre service dans la prise en charge de 31 patients hospitalisés pour forme grave de polyradiculonévrite aiguë sur une période de cinq ans. MOTS CLES : Echanges plasmatiques, immunoglobulines intraveineuses, polyradiculonévrites aiguës graves. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 35 Summary Because of the risk of swallowing difficulties, respiratory failure and dysautonomia, patients with acute polyradiculoneuropathy can require an intensive care unit. General care and specific treatments (plasma exchange, intravenous immunoglobulins) are essential to have a decrease of the duration and the severity of the acute phase. We report the experience of our department in the treatment of 31 patients with a serious form of acute polyradiculoneuropathy during a period of five years. KEY WORDS : Acute polyradiculoneuropathy, intravenous immunoglobulins, plasma exchange. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 35 INTRODUCTION Les polyradiculonévrites aiguës primitives (syndrome de Guillain-Barré) ou secondaires regroupent un ensemble de maladies neurologiques qui provoquent typiquement un déficit moteur périphérique, bilatéral, symétrique et ascendant à prédominance proximale, d’origine auto-immune probable, dont les critères diagnostiques ont été établis en 1990 par Asbury et Cornblath [1]. Elles sont caractérisées par une évolution habituellement cyclique, passant successivement par une phase d’invasion rapide, de plateau puis de récupération des paralysies. Elles sont le plus souvent réversibles avec parfois des évolutions prolongées et des séquelles motrices qui ne sont pas rares [2, 3, 4]. Les formes graves peuvent entraîner le décès du patient à la phase aiguë de la maladie. L’importance de la paralysie durant la phase de plateau, l’existence de manifestations respiratoires, de même que la survenue de troubles dysautonomiques constituent des critères majeurs de gravité qui justifient une hospitalisation des patients en réanimation. La prise en charge symptomatique, associée aux approches thérapeutiques modernes (échanges plasmatiques, immunoglobulines IV) ont permi d’améliorer le pronostic de cette maladie, tant sur le plan vital que fonctionnel [2, 3, 5]. L’incidence mondiale de la maladie varie selon les séries, entre 0,4 et 4 pour 100 000 habitants par an, ce qui correspond à un taux moyen de 1,3 à 1,5 pour 100 000 habitants [2, 3, 4]. Au Maroc, selon le service de surveillance de l’épidémiologie, 245 cas de syndrome de Guillain-Barré ont été recensés depuis 1997, soit 59,75% de l’ensemble des paralysies flasques aiguës déclarées. A l’hôpital des Spécialités de Rabat, depuis 1996, le service de Neurologie a admis 124 cas de polyradiculonévrites aiguës (1,33%), dont 31 (1,6%) formes graves. Nous rapportons l’expérience du service d’Anesthésie-Réanimation de l’hôpital des Spécialités de Rabat dans la prise en charge de ces 31 patients hospitalisés sur une période de cinq ans. l’existence de prodromes, le début de la symptomatologie, l’examen clinique, l’existence de dissociation albumino-cytologique, les résultats de l’électromyogramme, la prise en charge initiale (oxygénothérapie, échanges plasmatiques, immunoglobulines IV), les complications observées, l’évolution en réanimation notamment sur le plan respiratoire et enfin la durée de séjour en réanimation. RESULTATS L’âge moyen de nos patients est de 23,5 ans (extrêmes de 13 et 54), avec un sex-ratio de 3/1. Dans 22,6% des cas, la maladie est survenue sur un terrain particulier : un cas de porphyrie aiguë intermittente, un cas en post-partum, deux cas de rechute et trois cas entrant dans le cadre d’une polyradiculonévrite lupique. 45,2% des patients (14 cas) ont présenté des prodromes à type de syndrome pseudo-grippal. Les signes neurologiques sont dominés par une tétraplégie flasque (66,7%). Les manifestations respiratoires ont touché deux-tiers de nos patients, allant de la simple gène respiratoire jusqu’à la détresse respiratoire. D’ailleurs, cinq de nos patients sont admis ventilés. L’atteinte des paires crâniennes a été enregistrée dans deux-tiers des cas également, à type essentiellement de troubles de déglutition (38,4%), parfois associés à une parésie faciale (16%). La dissociation albumino-cytologique a été relevée dans un peu plus de la moitié des cas (51,6%) et l’électromyogramme était typique lorsqu’il était réalisé. Les complications survenues chez nos patients sont surtout d’ordre respiratoire, avec en premier lieu les pneumopathies nosocomiales acquises sous ventilation assistée (58%), le germe le plus souvent incriminé étant le pseudomonas aeruginosa (tableau I). TABLEAU I : COMPLICATIONS RESPIRATOIRES Nbre patients (%) Date Moyenne Pneumopathies nosocomiales acquises sous VM 18 ( 58) Pneumopathies nosocomiales 2 (6,4) Sur une fiche d’exploitation sont relevés : l’âge des patients, leur sexe, l’existence d’un terrain particulier, J1 à J65 J1 et J5 J4,9 MATERIEL D’ETUDE Pneumopathies d’inhalation 2 ( 6,4) J0 et J1 - J3 J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 35 PRISE EN CHARGE DES POLYRADICULONEVRITES AIGUËS GRAVES EN REANIMATION (A PROPOS DE 31 OBSERVATIONS) Les autres complications sont représentées sur le tableau II. TABLEAU II : AUTRES COMPLICATIONS Nbre de Date patients (taux) (moyenne) Particularités - BGN : acinetobacter J0 à J14 - BGN : proteus vulgaris (J6,75) - BGN : klebsiella pneumoniae - BGN : enterobacter cloacae J0 à J90 F e s s e s , s a c r u m , d o s , coude infections urinaires 4 (12,9 ) escarres 6 (19,3) (J34,5) maladie thromboembolique 1 (3,2) J17 infection sur cathéter centrale 1 (3,2) J2 Phlébite du membre inférieur droit / La prise en charge symptomatique a été systématique. Sur un fond de support psychologique, nos patients ont nécessité une surveillance respiratoire stricte, le traitement d’éventuels troubles dysautonomiques, la mise en place d’une sonde gastrique, une vitaminothérapie, la prévention de l’ulcère de stress et de la maladie thromboembolique, une kinésithérapie des membres, un traitement antalgique, et enfin le traitement d’éventuelles complications intercurrentes. La surveillance de la fonction respiratoire est l’élément le plus préoccupant chez ces patients, notamment durant la phase d’extension des paralysies. Elle a consisté essentiellement en l’appréciation de l’ampliation thoracique, de l’encombrement trachéo-bronchique et de l’effort de toux. Uniquement 14 patients (45,2%) ont bénéficié de thérapeutiques spécifiques à savoir les corticoïdes, les échanges plasmatiques ou les immunoglobulines intraveineuses. Seule la corticothérapie a été instaurée précocement puisque les deux autres thérapeutiques posent malheureusement un problème de disponibilité et de prix. Six patients (19,3%) ont reçu des bolus de méthylprédnisolone de 500mg/j pendant trois jours dont trois dans le cadre de leur maladie lupique. La récupération n’a pas été significative et la durée de ventilation était longue avec une moyenne de 75 jours. Quatre patients (12,9%) ont bénéficié de séances d’échanges plasmatiques. Une seule patiente a dû bénéficier de quatre séances d’échanges plasmatiques à base de plasma frais congelé pour des raisons financières (coût prohibitif de l’albumine à cette époque). Les 3 autres cas ont été respectivement échangés par des colloïdes de synthèse (Haemaccel) et de l’albumine diluée. Notons que la seule complication enregistrée était une hypoprotidémie retrouvée chez le dernier patient et qui était en rapport avec l’utilisation d’un liquide de substitution trop dilué (albumine à 0,6%). Quatre patients (12,9%) ont reçu des immunoglobulines IV, à raison de 0,4g/kg/j sur 3 ou 5 jours. Une seule patiente a bénéficié de deux cures à 32 jours d’intervalle. Aucune complication n’a été décelée. Le délai moyen de mise en route du traitement spécifique est de 3 à 4 semaines. Chez deux patients, l’instauration d’un traitement spécifique (échanges plasmatiques ou immunoglobulines IV) durant les 15 premiers jours du déficit a permis une récupération motrice rapide et satisfaisante évitant ainsi le recours à la ventilation mécanique. Vingt-deux patients ont nécessité le recours à la ventilaJ. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 36 N. Ech-Cherif El Kettani tion artificielle avec une durée moyenne de 44 jours. La trachéotomie a été réalisée chez 16 patients entre J4 et J25 (moyenne de J9). Le sevrage a été difficile chez la quasi-totalité des patients ventilés puisqu’un seul parmi eux a pu être sevré définitivement dès la première tentative. Concernant les complications dysautonomiques propres à la maladie, elles se sont résumées dans trois cas à une tachycardie (9,7%) sans conséquences. Enfin, nous déplorons deux décès (6,45%), l’un par choc septique à point de départ urinaire, l’autre par rupture du tronc artériel brachio-céphalique post-trachéotomie. DISCUSSION La population de notre série est plus jeune comparativement aux études étrangères : 23,5 ans versus 40 ans dans la série de J.C Raphaël [2]. Sur le plan clinique, d’autres facteurs favorisants tels la vaccination, la sérothérapie ou le post-opératoire sont rapportés dans 2 à 3% des cas [3, 6]. Un épisode infectieux d’allure virale précède dans 60% des cas l’installation des paralysies [2, 3, 5]. La durée moyenne d’extension des paralysies est de 12 jours. Cependant, les délais d’extension des paralysies peuvent être très courts, inférieurs à 48 heures, définissant ainsi les formes fulminantes [2]. Dans notre série, aucun patient ne s’est présenté dans un tableau de ce genre. Néanmoins, durant la période étudiée, quatre patients ont été admis en arrêt cardio-circulatoire irrécupérable : l’interrogatoire de la famille a retrouvé la notion de paralysie rapidement extensive, faisant fortement suspecter le diagnostic de polyradiculonévrite aiguë. Dans la littérature, de façon générale, l’atteinte neurologique est classiquement moins sévère. L’existence, dans notre série, d’une tétraplégie complète flasque prédominante est sans doute en rapport avec la gravité des patients recrutés en réanimation. L’évolution des paralysies est ascendante ; elle peut être suivie d’une atteinte des paires crâniennes. Les troubles de déglutition sont les plus redoutables. Leur survenue constitue un critère suffisant pour hospitaliser le patient en réanimation [7]. Les troubles cardio-circulatoires font la gravité des dysautonomies et sont responsables de 24% des décès dans les séries étrangères [8]. La prise en charge d’un patient atteint de polyradiculonévrite aiguë nécessite des équipes entraînées et multidisciplinaires comportant des neurologues, des réanimateurs, des kinésithérapeutes et un personnel paramédical qualifié. Elle permet d’éviter le décès du patient à la phase aiguë de la maladie, mais aussi de limiter l’extension des paralysies, de favoriser la récupération motrice, et par conséquent de réduire la fréquence de survenue des complications et la gravité des séquelles. La surveillance de la fonction respiratoire est le point le plus important à la phase d’extension des paralysies. Il ne faut pas attendre les signes cliniques et gazométriques habituels de l’insuffisance respiratoire aiguë. La dyspnée et la polypnée manquent habituellement. La surveillance de l’ampliation thoracique est essentielle. L’hypoxémie artérielle peut traduire l’existence d’un trouble de la ventilation. L’hypercapnie est beaucoup plus tardive pour être utile au diagnostic d’insuffisance respiratoire. Le seul paramètre fiable est la mesure répétée de la capacité vitale [2]. L’indication de la ventilation mécanique dépend à la fois de critères cliniques et spirographiques [9, 10] (tableau III). L’installation d’une diplégie faciale est un signe annonciateur de survenue d’une insuffisance respiratoire [10]. La perturbation de la fonction diaphragmatique est égale- PRISE EN CHARGE DES POLYRADICULONEVRITES AIGUËS GRAVES EN REANIMATION (A PROPOS DE 31 OBSERVATIONS) TABLEAU III : CRITERES D’INDICATION DE LA VENTILATION MECANIQUE Critères cliniques - diminution de l’ampliation thoracique - inefficacité de la toux (débit de pointe < 100-120 l/mn) - troubles de la déglutition Critère spirographique Capacité vitale ≈ 50% (15 à 20 ml/kg) ment significativement corrélée à la survenue d’une défaillance respiratoire. Cependant, sa mesure demeure de réalisation difficile en réanimation [11]. Comme dans notre étude, l’indication de la ventilation mécanique a été posée chez 69% des patients de la série de J.C Raphaël et coll publiée en 1995 [2]. Celle-ci n’est pas sans risques puisque les complications respiratoires infectieuses ne sont pas négligeables (30 à 40%). Concernant les méthodes actuelles de sevrage de la ventilation mécanique, nous avons tendance à préférer de plus en plus la technique d’aide inspiratoire au lieu du tube en T, puisque nous disposons de respirateurs performants comportant ce mode de ventilation. Notons par ailleurs que dans le souci d’un sevrage bien conduit, nos patients ventilés. Depuis 1985, de nouvelles thérapeutiques spécifiques sont utilisées qui ont permis de reporter le délai de trachéotomie à trois semaines. En effet, sachant que la durée de la ventilation mécanique peut être réduite grâce aux thérapeutiques spécifiques, la réalisation de la trachéotomie devient actuellement plus tardive, se faisant chez les patients récupérant peu ou lentement [2, 12]. Dans la littérature, la corticothérapie a été initialement tentée dans les polyradiculonévrites aiguës idiopathiques mais elle s’est avérée inutile voire dangereuse [12, 13]. Ce résultat négatif, assez surprenant pour une pathologie supposée inflammatoire, s’expliquerait par le fait que la corticothérapie nécessite un certain temps pour agir, et qu’elle est administrée à un moment où le processus aigu de démyélinisation est largement débuté [14]. La corticothérapie garde donc son indication uniquement dans le cadre d’un traitement de fond d’une maladie de système, par exemple le lupus érythémateux aigu disséminé (trois cas dans notre série). Le second moyen spécifique proposé est représenté par les échanges plasmatiques qui consistent à remplacer une quantité importante de plasma par des colloïdes, permettant ainsi l’épuration du plasma des auto-anticorps qu’il contient. Leur utilisation se justifie par la mise en évidence d’une activité démyélinisante circulante dans le sérum des patients. Le liquide de substitution préconisé est l’albumine à 4%, et sa quantité est égale à une fois et demi à la masse plasmatique [12, 15]. Trois études ont évalué l’effet des échanges plasmatiques. L’étude menée par Greenword [16] à partir des années 70 n’était pas concluante car l’effectif était faible. Dans les années 80, le Guillain-Barré Syndrome Study Group [17] et la French Cooperative Group [18, 19, 20] ont mené des études qui ont prouvé le bénéfice apporté par les échanges plasmatiques, en réduisant la durée de la phase de récupération, la durée de la ventilation mécanique, la fréquence des pneumopathies et des manifestations neurovégétatives, de même que les séquelles motrices à un an. Les immunoglobulines IV constituent le troisième moyen spécifique. Il s’agit de préparations thérapeutiques d’immunoglobulines G, immunomodulatrices, agissant donc par neutralisation des auto-anticorps circulants. Comme les échanges plasmatiques étaient devenus le traitement N. Ech-Cherif El Kettani de référence du syndrome de Guillain-Barré, les immunoglobulines IV ne pouvaient se comparer qu’avec ce traitement de référence. Dans ce sens, deux grandes études ont été réalisées. La première débutée en 1986 par Van Der Méché et coll a montré la supériorité des immunoglobulines IV [21]. Par contre aucune différence statistiquement décelable entre les immunoglobulines IV et les échanges plasmatiques n’a pu être démontrée par l’étude réalisée par la Sandoglobulin group à partir de 1993 [22, 23]. Si toutes les études étrangères affirment sans contestation le bénéfice apporté par les échanges plasmatiques et les immunoglobulines IV, puisqu’ils permettent de limiter l’extension des paralysies, de favoriser la récupération motrice et de réduire la fréquence des séquelles, aucune ne permet d’affirmer la supériorité de l’une ou de l’autre [2, 8, 22, 24]. Dans notre expérience, ces résultats sont difficilement appréciables étant donné le large délai entre la date d’installation des paralysies et la mise en œuvre de ces thérapeutiques nouvelles (22,5 jours en moyenne). En effet, pour être efficace, le traitement ne doit pas être instauré au-delà du 15ème jour d’évolution de la maladie [9]. La stratégie thérapeutique a été proposée récemment (tableau IV). TABLEAU IV : SCHEMA D’UTILISATION DES TRAITEMENTS SPECIFIQUES DANS LE SYNDROME DE GUILLAIN-BARRE DE L’ADULTE [12] Forme bénigne Forme intermédiaire ou sévère Traitement initial 2 EP 4 EP ou IgG (0,4g/kg/j pendant 5 j) Respect des contre-indications des deux thérapeutiques Aggravation Rechute 2 EP supplémentaires Pas de traitement Pas de traitement ou reprise du premier traitement déjà utilisé Concernant les complications liées à ces thérapeutiques, en plus de l’hypoprotidémie observée chez une patiente, d’autres ont pu être décrites à travers la littérature à savoir des dyscrasies, des réactions allergiques, des infections par défaut d’asepsie, une hypotension artérielle, des troubles du rythme, un œdème aigu pulmonaire, une hypocalcémie ou une anémie [25]. Dans notre contexte, le coût des échanges plasmatiques (4 séances à 6 400 dhs soit 640 euros) est plus abordable que celui des immunoglobulines IV (coût d’une cure : 54 000 dhs environ soit 5400 euros). Ces deux thérapeutiques sont remboursées par la mutuelle, mais sachant que moins de 20% de la population marocaine bénéficie d’une couverture sociale, il est évident que quelque soit le traitement proposé, celui-ci constitue une contrainte économique non négligeable. Actuellement, et grâce à l’utilisation des thérapeutiques nouvelles, le pourcentage de mortalité est réduit à 5% [2, 8]. Dans notre série, ce taux est de 6,9%. Si chez nous, les causes de décès sont purement iatrogènes, ailleurs, elles sont principalement en rapport avec des perturbations dysautonomiques [2]. CONCLUSION La prise en charge des polyradiculonévrites aiguës graves doit être effectuée par une équipe multidisciplinaire, apte à prodiguer un traitement symptomatique optimal, à dépister une atteinte respiratoire ou dysautonomique et à J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 37 PRISE EN CHARGE DES POLYRADICULONEVRITES AIGUËS GRAVES EN REANIMATION (A PROPOS DE 31 OBSERVATIONS) poser correctement l’indication des traitements spécifiques récemment mis en œuvre [8]. Malheureusement, dans notre contexte, la prise en charge globale des patients est souvent tardive du fait d’un retard de consultation de la part de ces patients. Par ailleurs, l’instauration des traitements spécifiques reste limitée par REFERENCES 12- 3456- 7- 8910”. 11- 12- 13- 14- des difficultés financières. Les prochaines années verront sans doute la recherche plus précise de facteurs pronostiques précoces ainsi que l’essai d’autres thérapeutiques visant à diminuer la durée d’évolution de la maladie et le pourcentage de séquelles motrices majeures [12, 26]. BIBLIOGRAPHIQUES Asbury A.K., Cornblath D.R. : Assesment of current diagnostic criteria for Guilllain-Barré syndrome. Ann. Neurol 1990 ; 27 (suppl) : 821-4. Raphael J.C. : Prise en charge d’un syndrome de Guillain-Barré, in GAJDOS P. et LohL. : “ Réanimation et Neurologie ”, Arnette Blackwell, Paris, 1995, 271-287. Lalu T., Adams D. : Syndrome de Guillain-Barré. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Encyclopédie Pratique de Médecine. 5-0930, 1998, 4p. Said G., Goulon-Goeau C. : Syndrome de Guillain-Barré. Editions Techniques. Encycl Méd Chir (Paris-France), Neurologie, 17-095-A-10, 1993, 5p. Guidet B., Gallouedec G., Korach J.M. : Polyradiculonévrite et myasthénie grave en réanimation. 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Ech-Cherif El Kettani 151, suppl. 1, 1S35-1S40. 15- Korach J.M., Berger P., Petitpas D., Chillet P. : Hémaphérèse : Techniques et complications des thérapeutiques par échanges plasmatiques, in “ Traité de réanimation médicale ”, 2001, 60 : 584-587. 16- Greenwood R.J., Neuson-Davis J., Hughes R.A.C., Aslan S., Bourdon A.N., Chadwick D.W. et al : Controlled trial of plasma exchange in acute inflammatory polyra diculoneuropathy, The Lancet 1984 ; 1, 877-9. 17- The Guillain-Barre Syndrome Study Group : Plasmapherisis and acute Guillain-Barré syndrome. Neurology 1985 ; 35 ; 1096-104. 18- French Cooperative Group on Plasma Exchange in GuillainBarre Syndrome : Efficiency of plasma exchange in Guillain-Barré syndrome : role of replacement fluids. Annales Neurol 1987 ; 22 ; 753-61. 19- French Cooperative Group on Plasma Exchange in GuillainBarre Syndrome : Plasma exchange in Guillain-Barré syndrome : one year follow-up. Ann. 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N° 204, 189-191. 24- Van Der Meche F.G.A., Schmitz P.I.M., and The Dutch GuillainBarre Study Group : A randomized trial comparing intravenous immune globulin and plasma exchange in Guillain-Barré syndrome. N. Engl J Med, 1992 ; 326 : 1123-9. 25- Korach J.M., Guillevin L., Petitpas D., Berger P., Chillet P., and The French Registry Study Group : Apheresis Registry in France : Indications, Techniques and Complications. In Therapeutic Apheresis, Blackwell Science, 2000, 4 (3) : 207-210. 26- Raphael J.C. : Aspects épidémiologiques, pronostiques et thérapeutiques, in Raphael J.C. : “ Syndrome de Guillain-Barré : du diagnostic à la thérapeutique ”. Laboratoire Français du Fractionnement et des Biotechnologies, 2000 mar, 1-13. Cas Clinique Ca C as s C Cl li in ni iq qu ue e DÉFAILLANCE RESPIRATOIRE AIGUË APRÈS ENVENIMATION PAR DES SERPENTS EXOTIQUES À PROPOS DE 2 CAS. ACUTE RESPIRATORY FAILURE AFTER EXOTIC SNAKE-BITE ENVENOMING ABOUT 2 CASES. Brouh. Y1, Kouamé. K. E1, Amonkou. A2 et Yapobi. Y3. 1. service de réanimation CHU de Bouaké - 2. service de réanimation CHU de Yopougon (Abidjan) - 3. service de réanimation CHU de Cocody (Abidjan) - Côte d’Ivoire. Résumé Deux cas de défaillance respiratoire aiguë consécutive à des morsures de serpent ont été colligés au cours du mois de juin 2001 dans le service de réanimation du CHU de Bouaké. La manifestation la plus grave a été respiratoire. L’identification du serpent a été formelle dans un cas où il a été tué comme étant un mamba vert. Dans l’autre cas, le diagnostic d’espèce a été faite sur l’existence d’un syndrome muscarinique et d’un syndrome cobraïque. L’essentiel du traitement a fait appel à la ventilation mécanique après intubation de la trachée. L’évolution a été dans les deux cas favorable. Mots-clés : Insuffisance respiratoire aiguë, serpent, venin neurotoxique. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 39 Summary Two cases of acute respiratory failure after snake-bite envenoming were recorded during June 2001 in the intensive care unit of the Bouaké teaching hospital. The more grave manifestation was respiratory. The snake was formally identified in one case, it was a green mamba. In the second case, the muscarinic and cobraïc syndrome have oriented around the species diagnostic. The treatment consists to artificial ventilation after a tracheal intubation. The evolution had been in both cases favourable. Key Words : Acute respiratory failure, snake, neurotoxic venom. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 39 En Afrique, la mortalité liée aux morsures de serpent est estimée à environ 50000 à 150000 décès par an en zone intertropicale [1]. Les serpents incriminés sont les vipères d’Afrique qui sont à l’origine de nécroses locales ainsi que de syndromes hémorragiques et les élapidés (cobras et mambas) responsables de troubles neurologiques aboutissant rapidement à une détresse respiratoire aiguë gravissime [2]. En Côte d’ivoire, ces cas de morsure de serpent à venin neurotrope sont rares en dehors du seul cas décrit par Brouh et al en 1991 [3]. Nous rapportons deux cas de détresse respiratoire aiguë après morsure de serpents identifiés comme étant des élapidés dans la région de Bouaké (Côte d’Ivoire) dont l’évolution a été favorable. CAS N°1 Une dame de 54 ans a été mordue par un serpent qu’elle n’a pu identifier le 25 juin 2001 au niveau de la cheville droite au cours des travaux champêtres dans un village situé à 4 km de bouaké. Après administration d’un traitement traditionnel qu’elle aurait ingéré la patiente va présenter des vomissements abondants, une altération du niveau de conscience et des difficultés respiratoires qui ont motivé son évacuation au CHU de Bouaké 3 heures après la morsure. Le tableau clinique à l’admission en réanimation était constitué d’un coma avec un score de Glasgow à 6 (M4, Y1, V1), d’une ptose palpébrale bilatérale avec ophtalmoplégie, des fasciculations généralisées, d’une hypotonie généralisée et d’une bradypnée Correspondance : Dr Brouh Yapo 22 BP 1771 Abidjan 22 Côte d’Ivoire Email : [email protected] avec pause respiratoire et encombrement trachéo-bronchique. Les pupilles réagissaient normalement et les constantes hémodynamiques étaient bonnes. Elle a donc bénéficié d’une intubation de la trachée avec ventilation mécanique. A ce traitement de réanimation respiratoire, était associée une sérothérapie antitétanique, une antibiothérapie à base d’amoxicilline et de l’atropine à la dose de 0,5 mg en sous-cutanée toutes les 6 heures pendant 24 heures. Le sérum antivenimeux n’a pas été administré. L’évolution a été favorable en moins de 24 heures avec normalisation de l’état de conscience, la reprise de la ventilation spontanée et efficace, une disparition des fasciculations mais la ptose palpébrale persistait encore discrètement. L’extubation a été faite le lendemain et la sortie effectuée après 2 jours d’hospitalisation sans séquelles une semaine plus tard. CAS N°2 Un adulte jeune de 35 ans, cultivateur a été mordu audessus de la malléole externe de la jambe gauche par un serpent le 26 juin 2001 dans une exploitation agricole située à environ 100 km de Bouaké. Le serpent a été identifié comme étant un mamba vert. Un traitement de nature traditionnelle lui aurait été administré sans succès et c’est devant la survenue d’agitation, de trouble de la conscience et d’une gêne respiratoire croissante qu’il sera évacué au CHU de Bouaké 10 heures après la morsure. A l’admission, le patient présentait un coma profond avec J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 39 DÉFAILLANCE RESPIRATOIRE AIGUË APRÈS ENVENIMATION PAR DES SERPENTS EXOTIQUES À PROPOS DE 2 CAS. un score de Glasgow à 3, une hyper sialorrhée, une ptose palpébrale bilatérale, des fasciculations de tout le corps et une bradypnée avec de longues pauses respiratoires. La jambe mordue ne présentait pas de réactions oedémateuses, les pupilles réagissaient normalement et les constantes hémodynamiques étaient normales. Quelques minutes après son admission, il va présenter lors de l’examen clinique, un arrêt respiratoire avec bradycardie et une chute tensionnelle à 80/40 mmhg. Il va donc bénéficier d’une intubation de la trachée avec ventilation mécanique. L’injection d’atropine a été faite à la posologie de 2 mg en IVD toutes les 10 minutes pendant une heure puis 1 mg en sous-cutanée toutes les 6 heures pendant 48 heures. Il a bénéficié d’une sédation à base de midazolam à la posologie de 50 mg le premier jour puis réduit de moitié le deuxième jour et arrêté le troisième jour. A ce traitement était associée une sérothérapie antitétanique de même qu’une antibiothérapie à base d’amoxicilline. Aucun sérum antivenimeux n’a été administré. L’évolution sera marquée au deuxième jour de son hospitalisation par la survenue d’une convulsion tonico-clonique traitée efficacement par une dose supplémentaire d’hypnovel®. Au troisième jour, la conscience était redevenue normale, les fasciculations avaient disparu. La ptose avait complètement régressé et il avait une ventilation spontanée efficace. Le patient a donc été sevré progressivement du respirateur et l’extubation a pu avoir lieu. La sortie du service est intervenue après 4 jours d’hospitalisation et le patient a été revu 10 jours plus tard en consultation sans séquelles. DISCUSSION Les élapidés du genre mamba ont été les serpents incriminés dans ces tableaux d’envenimation ; de façon formelle quand le serpent avait été tué dans un cas et dans l’autre cas devant la symptomatologie associant un syndrome muscarinique (hyper sialorrhée, sueurs, vomissements et fasciculations) et d’un syndrome cobraïque (ptôsis, ophtalmoplégie, paralysie respiratoire). Le fait qu’aucune réaction locale ni trouble de la coagulation n’ait été retrouvée illustre bien ce diagnostic d’espèce de serpent dont le venin est pauvre en enzyme [4, 5]. La sévérité de la défaillance respiratoire chez les 2 patients a pu être à l’origine d’une anoxie expliquant les troubles de conscience et des convulsions [6]. Le mois de juin qui marque le début de la saison pluvieuse et celui des travaux champêtres explique bien le fait que ces morsures aient lieu à cette période de l’année et le caractère arboricole des mambas qui sont agressifs [6]. On évoque deux hypothèses pour expliquer l’action des venins neurotropes. L’une d’elle souligne que le venin de ces serpents contient 2 neurotoxiques dont l’un la dentrotoxine faciliterait la libération d’acétylcholine (ACH) au niveau présynaptique et l’autre la fasciculine serait un anticholinestérasique. De plus il existerait de grandes quantités d’ACH dans le venin ce qui, associée aux 2 actions précédentes, est à l’origine d’un syndrome muscarinique et d’un syndrome cobraïque [1]. L’autre hypothèse compare l’action du venin à celle des pachycurares au niveau de la jonction neuromusculaire en bloquant la libération d’ACH au niveau présynaptique et/ou en occupant les sites post synaptiques [4, 6]. Le délai de prise en charge en réanimation souvent long J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 40 Y. Brouh en Afrique a été encore retrouvé [1]. Ceci pour plusieurs raisons. Dans notre cas, nous incriminons les tentatives infructueuses de traitement à base de médicaments traditionnels, la distance parfois longue qui sépare le CHU des lieux des morsures et enfin l’absence de moyen adéquat d’évacuation sanitaire. Tout ceci expliquerait l’évolution rapide favorable chez l’un des patients qui a pu avoir accès aux soins adaptés seulement 3 heures après la morsure alors que l’évacuation de l’autre ne s’est opéré que 10 heures après l’accident expliquant ainsi l’arrêt respiratoire intervenu au cours de l’examen clinique et la lenteur de l’évolution clinique sous traitement. Le traitement de ces troubles est une urgence et ne peut être réalisé que dans un service de réanimation équipé. Il consistera alors en une ventilation mécanique après intubation de la trachée qui sera poursuivie pendant plusieurs jours [2, 6]. Le sérum antivenimeux a l’avantage de réduire la durée de cette ventilation [1, 6] voire d’atténuer la sévérité de l’atteinte respiratoire évitant ainsi le recours à des techniques lourdes de réanimation si le sérum antivenimeux était administré précocement. Malheureusement, le sérum antivenimeux n’est pas rapidement disponible dans ces villages et son coût limite bien souvent son emploi. L’utilisation de l’atropine se justifie devant les signes muscariniques [6]. Certains auteurs ont proposé l’administration de la néostigmine (prostigmine®) comme antidote de ces venins qui ont une action curare like [7]. CONCLUSION Le traitement des défaillances respiratoires occasionnées par la morsure des serpents à venin neurotrope ne peut se concevoir que dans une unité de réanimation. Le sérum antivenimeux demeure la solution adéquate pour éviter cette complication majeure mais de nombreux problèmes en particulier financiers en limite encore la large utilisation dans notre contexte. 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LES ATTEINTES HÉPATIQUES GRAVES AU COURS DU PALUDISME À PLASMODIUM FALCIPARUM : UNE SÉRIE DE 5 CAS TRAITÉS À ABIDJAN ACUTE HEPATIC FAILURE DURING FALCIPARUM MALARIA : ABOUT 5 CASES TREATED IN ABIDJAN Ayé. Y. D, Brouh. Y, Yapobi. Y, Soro. L, Amonkou. A, Kouamé K. E Polyclinique Internationale Sainte Anne-Marie d’Abidjan (PISAM ) - Côte d’Ivoire. Résumé Nous rapportons 5 cas d’hépatite grave au cours du paludisme à Plasmodium falciparum. Les patients avaient 10, 12, 15, 44 et 51 ans. Les signes cliniques étaient ceux rappelant un neuropaludisme (fièvre, coma, agitation et convulsions) surtout que les tests du paludisme ont été chaque fois positifs. Le bilan biologique systématiquement fait dans ces cas a révélé de façon surprenante une cytolyse massive accompagnée d’une insuffisance hépato-cellualaire sévère chez tous, une anémie chez 2 patients et une atteinte rénale chez 3 autres. Ce diagnostic biologique a précédé de peu une aggravation du tableau clinique avec décès chez 4 patients dans un tableau de syndrome hémorragique et d’acidose métabolique sévère. La question qui reste posée est celle concernant le mécanisme de ces atteintes hépatiques aussi graves. Est-ce des hépatites d’origine palustre comme maintes fois décrites ou une hépatite toxique médicamenteuse. La vigilance dans tous les cas devrait être de mise quant à la prescription de certains antipaludéens tels que les dérivés de la dihydroartémisine jamais incriminés dans ces hépatites et reçus par tous les patients de notre série. Mots-clés : Paludisme grave, plasmodium falciparum, hépatite, antipaludéen. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 41 Summary We report five cases of severe acute hepatic failure during falciparum malaria. The patients were 10, 12, 15, 44 and 51 years old. The clinical manifestations were neurological and the malaria test was positive. The biologic explorations systematic in these cases had showed the acute hepatic failure in the five cases. 2 patients presented anaemia and 3 a light acute renal failure. The biologic diagnosis precedes just an aggravation of the syndrome. 4 patients died in a table of haemorrhage and severe metabolic acidosis. The mechanism of these hepatitis was not known. We have oriented the reflexion around a toxic mechanism or a malarial hepatitis. And we suggest vigilance as to artesunate prescription. It’s true that artesunate was never incriminated in acute hepatic failure. Al these patients received artesunate at the beginning. Key words : Severe malaria, falciparum plasmodium, hepatitis, antimalaric drug. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 41 INTRODUCTION Le paludisme, maladie endémique sous les tropiques, constitue aujourd’hui encore un défi pour la communauté scientifique et médicale [1, 2]. Malgré les succès relatifs remportés dans les alternatives proposées aussi bien au niveau du traitement préventif que curatif, ce fléau est loin de connaître une inflexion quant à sa prévalence [1, 3]. Plus grave, il se présente de plus en plus comme une maladie polymorphe, avec des formes sévères dont certaines sont liées à l’évolution naturelle de la maladie et d’autres à des accidents thérapeutiques [1, 5] ; formes qui mettent en péril la vie du patient à partir de l’atteinte de certains organes nobles dont le foie. Nous rapportons une série de 5 cas d’atteintes hépatiques graves au cours du paludisme à Plasmodium falciparum colligés dans le service de réanimation de la Polyclinique Internationale Sainte Anne-Marie d’Abidjan (PISAM) de janvier 1999 à avril 2001. L’évolution défavorable chez 4 d’entre eux souligne de ces hépatites et tout l’intérêt d’en être sensibilisé. HISTOIRE DES PATIENTS Il s’agit de patients dont l’âge varie de 10 à 51 ans, trois enfants âgés respectivement 10, 12 et 15 ans et 2 adultes de 44 et 51 ans. Il y avait 3 patients de race noire et 2 de race blanche. Deux d’entre eux étaient de sexe féminin et 3 de sexe masculin. Les motifs d’admission en réanimation ont été constamment d’ordre neurologique dans un contexte fébrile pour les 5 : - altération de l’état de conscience chez tous les patients, agitation dans 4 cas et convulsions généralisées dans 1 cas Etaient associés - des troubles digestifs à type de vomissements dans 2 cas - une dyspnée dans un cas et un collapsus cardio-vasculaire dans un autre. Correspondance : Dr Brouh Yapo 22 BP 1771 Abidjan 22, Côte d’Ivoire Email : [email protected] Dans l’ensemble, l’installation des signes d’atteinte hépatique s’est faite progressivement avant de connaître une aggravation brutale. En effet, un délai de 3 jours en moyenne a été retrouvé chez les 5 patients. Dans les 5 cas, la prise d’un antipaludéen (l’artésunate) a eu lieu dès le début de la fièvre ; soit de façon isolée dans 1 cas soit associée à un antipyrétique et/ou un autre antipaludéen dans les autres cas. Aucun antécédent pathologique hépatique, hématologique et allergique n’avait été retrouvé chez eux. Chez les 5 patients, l’atteinte hépatique avait été révélée par la biologie, sauf dans un seul cas où l’ictère s’est manifesté 2 jours après l’admission en réanimation. L’hépatomégalie était absente dans tous les cas. Le tableau biologique (tableau I) qui a permis de poser le diagnostic était celui d’une hépatite aiguë avec cytolyse massive (transaminases supérieures à 50 à 100 fois la normale), associée à une insuffisance hépato-cellulaire dans 4 cas (taux de prothrombine effondré, hypoglycémie). Tableau I : Résultats des examens biologiques à l’entrée Paramètres GPT ou ALT (UI.l-1) TGO ou AST (UI.l-1) Bilirubine T/D (mg.l-1) Taux prothrombine (%) Glycémie (g.l-1) Hémoglobine (g.dl-1) Leucocytes (mm-3) Plaquettes (mm-3) Créatinines (mg.l-1) Kaliémie (mmol.l-1) Natrémie (mmol.l-1) Urée (mg.l-1) HCO3- (mmol.l-1) Cas 1 5440 11060 31/22 28 0,60 9,2 11800 118000 26 3,7 128 0,56 Normal Cas 2 3826 7077 242/226 < 10 0,88 7 10200 169000 5,5 121 Cas 3 Cas 4 Cas 5 5400 860 950 9300 1990 1060 15/13 21/13 212/198 10 26 < 10 0;33 0,39 0,18 14 ;9 13 12 7260 4200 6300 47400 347000 257000 46 29 27 4 3,8 2,9 140 139 120 0 ;44 0,35 0,52 10 5 10 J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 41 LES ATTEINTES HÉPATIQUES GRAVES AU COURS DU PALUDISME À PLASMODIUM FALCIPARUM : UNE SÉRIE DE 5 CAS TRAITÉS À ABIDJAN (RCI) QBC Test pH Sérologie des arboviroses Marqueurs de l’hépatite Positif Normal Négatif Absents Positif Positif Positif Positif Normal 7,26 7,20 7,22 Négatif Négatif Négatif Négatif Absents Absents Absents Absents Les marqueurs viraux de l’hépatite étaient absents chez tous. La bilirubine était toujours élevée, avec une prédominance de la bilirubine directe. Au niveau de l’hématologie, l’anémie était présente dans 4 cas et un taux de plaquettes effondré dans 2 cas. Une atteinte modérée et transitoire a été relevée dans 3 cas. Dans l’ensemble, le QBC test était positif, soit dès le début des signes, soit au moment de l’admission. L’évolution s’est faite vers le décès dans 4 cas dans un contexte de troubles métaboliques sévères dans 3 cas (acidose métabolique, troubles ioniques), associés à un syndrome hémorragique dans les 4 cas de décès. Dans le seul cas favorable ; l’évolution s’est faite au prix d’une longue hospitalisation (3 semaines dont la moitié en réanimation) émaillée de phases de souffrance rénale et cérébrale. Dans 1 cas, une biopsie hépatique faite immédiatement après le décès a mis en évidence une stéatose micro vésiculaire en faveur d’une hépatite d’origine toxique. DISCUSSION Tous ces cas illustrent des tableaux d’hépatite aiguë grave, survenant au décours du paludisme à Plasmodium falciparum et suscitent quelques remarques : - le caractère imprévisible de la survenue de l’atteinte hépatique - l’atteinte hépatique apparaît sévère dès qu’elle est constatée et l’évolution vers une hépatite fulminante inéluctable - la difficulté du diagnostic clinique transparaît car les manifestations cliniques de premier plan ont été neurologiques. Et tous les cas ont évolué dans un contexte fébrile chez des patients à QBC test positif. Ce qui a fait évoquer des manifestations neurologiques dans le cadre d’un neuropaludisme alors qu’elles traduisaient l’encéphalopathie hépatique. D’ailleurs, un des enfants a présenté des convulsions et a été traité à tort comme un neuropaludisme avec sédation au diazépam ; ultérieurement, un bilan hépatique a permis de mettre en évidence un e insuffisance hépato-cellulaire avec hypoglycémie sévère (cause des convulsions) dont l’ignorance a sûrement assombri le pronostic. Aucun signe d’appel hépatique n’a été attiré l’attention dans l’ensemble des cas, notamment il n’a pas été retrouvé d’hépatomégalie chez tous ces patients. L’ictère qui a été retrouvé chez un seul patient n’est apparu qu’au 2ème jour d’hospitalisation - finalement, seul le bilan biologique hépatique presque systématique avait permis de poser le diagnostic à chaque fois. La cytolyse a été massive dans tous les cas. De même que l’insuffisance REFERENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. hépato-cellulaire qui a été sévère d’emblée - les complications hémorragiques associées à des perturbations métaboliques comme l’acidose métabolique et les troubles ioniques terminent souvent l’évolution. Ces manifestations hémorragiques pouvaient faire évoquer une fièvre hémorragique dans le cadre de certaines arboviroses. Des cas d’atteinte hépatique au cours du paludisme à Plasmodium falciparum ont été rapportés et paraissent assez rares [3, 7]. Certains auteurs la lient à l’action primitive des plasmodium [5, 7], d’autres invoquent des accidents thérapeutiques dont de nombreux cas documentés [3, 4]. Concernant notre série, l’histologie hépatique n’a pas été couramment pratiquée en dehors d’un cas de biopsie post mortem ; il paraît alors hasardeux d’affirmer l’origine palustre ou médicamenteux toxique de ces hépatites. Cependant, nous avons relevé que ces 5 patients ont absorbé dès le début des signes de l’artésunate isolement ou association. L’hypothèse de l’accident thérapeutique n’est donc pas à exclure. La seule biopsie hépatique n’oriente t-elle pas vers ce mécanisme ? Par ailleurs, nous avons été frappé par la récurrence des faits et par leurs similitudes quant au délai de survenue de ces manifestations par rapport à la prise de l’antipaludéen. Compte tenu de la gravité des faits, il paraît important de les rapporter en vue d’actions accrues en matière de pharmacovigilance à plus large échelle à l’endroit des dérivés de la dihydroartémisine dont l’usage est de plus en plus répandue dans nos pays à forte résistance plasmodiale à la chloroquine. Il s’agit de molécule dont l’efficacité schizonticide est établie [8, 10] et jusque là présentée comme largement maniable [8, 9] et avec une bonne tolérance [8, 11]. Si certains auteurs ont montré une évolution favorable de ces atteintes hépatiques dans le cadre du paludisme [5, 7] à l’issue d’un traitement antipalustre bien mené ; dans notre série, cette évolution a été particulièrement grave malgré des tests du paludisme devenus négatifs secondairement synonyme de sa guérison. Cette particularité évolutive milite beaucoup plus en faveur d’un processus toxique ce d’autant plus que ni l’hépatomégalie ni l’ictère en faveur d’une hépatite d’origine palustre [6] n’ont été retrouvés. CONCLUSION L’atteinte hépatique est une des formes du paludisme grave et la série de cas que nous présentons laissent ouvertes beaucoup de questions quant au mécanisme des ces atteintes hépatiques qui ne semble pas univoque, et à la responsabilité de certains groupes de médicaments jusque là insoupçonnés. Elles laissent également transparaître les difficultés diagnostiques et thérapeutiques. BIBLIOGRAPHIQUES Warrel D A, Philips R E et Garrard C S. intensive care unit management of severe malaria. Clin. Intens. Care 1991; 2 : 86-96. World Hearth Organization. Severe falciparum malaria. Trans. Soc. Trop. Med. Hyg. 2000 ; 94 supp 1: 35-40. Zitelli B J, Alexander J, Taylor S, Miller K D, Howrie D L, Kuristsky J N, Perez Van Thiel D H. Fatal hepatic necrosis due to pyrimethamine-sulfadoxine (fansidar®). Ann. Intem. Med. 1987 ; 106 : 393-5. Grieco A, Vecchio F M, Natale L, Gasbarini G. Acute fatty liver after malaria prophylaxis with mefloquine. Lancet 1999 ; 353 : 295-6. Anand A C, Ramji C, Narula A S, Singh W. Malaria hepatitis a heterogeneous syndrome ? Natl. med. J. India 1992 ; 5 : 59-62. Ahsan T, Rab S M, Shekhani M S. Falciparum malaria or fulminate hepatic failure ? J. pak. Assoc 1993 ; 43 : 206-208. joshi Y K, Tandon B N, Acharya S K, Babu S, Tandon M. Acute J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 42 Y D. Ayé hepatic failure due to plasmodium falciparum liver injury. Liver 1986 ; 6 : 357-360. 8. Bryskier A, Labro M T. Les antipaludéens d’origine végétales, classification et relation activité-structure de la quinine, de l’artémisine, des quasinoïdes et extraits végétaux. In : paludisme et médicaments, Eds Arnette, pp 101-126. 9. Koné M, Penali L K, Houenou Y, Niango J P. Traitement de l’accès palustre à plasmodium falciparum par artémeter. Méd Afr. Noire 1994 ; 4 : 358-61. 10. Men Lan-Xiang, Li Gang et Peter Winsley. Analyse clinique du traitement du Plasmodium falciparum à l’artésunate. Méd. Afr. Noire 1994 ; 41 : 355-57. 11. Maisonneuve H et Peyron F. Traitement du paludisme. Méd. Afr. Noire 1994 ; 31 : 177-180. MISE AU MISE AU P o i n t LES ANTI-COX2 UNE NOUVELLE GÉNÉRATION D'ANTI-INFLAMMATOIRES NON STÉROÏDIENS SELECTIVE COX-2 INHIBITORS A NEW GENERATION OF NON STEROIDAL ANTIINFLAMMATORY DRUGS E. Viel, S. Jaber, J-J. Eledjam Département d'Anesthésie et Centre de la Douleur, CHU, 30029 Nîmes cedex 9 et Département d'Anesthésie Réanimation B, Hôpital Saint-Eloi, CHU, 34295 Montpellier cedex 5 - France. Résumé Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) produisent une inhibition réversible des cyclooxygénases (COX). Les COX sont présents sous deux isoformes appelés COX 1 et COX 2. Les effets adverses des AINS (gastroduodénaux, rénaux, plaquettaires) résultent pour l'essentiel de l'effet anti-COX 1.La puissance des AINS, correspond classiquement au palier 1 de l'échelle OMS mais varie en réalité avec la dose, la voie d'administration et avec le mécanisme de la douleur. Les anti-COX 2 actuellement proposés sont des anti COX 2 préférentiels, définis par leur ratio antiCOX 1/anti-COX 2 et non des anti-COX 2 sélectifs: leur index thérapeutique plus élevé ne met pas totalement à l'abri d'effets adverses potentiels. L'ambition affichée pour les AINS anti-cox2 est une efficacité identique à celle des AINS traditionnels assortie d'effets adverses moindres ou absents. Le but paraît atteint en termes d'efficacité, mais les conclusions sont à l'heure actuelle plus mitigées concernant les effets collatéraux. La moindre toxicité gastro-intestinale n'est pas controversée, mais d'autres points nécessitent de plus amples investigations. Les effets rénaux sont diminués dans certaines études, mais identiques à ceux des AINS non sélectifs dans d'autres. C'est également le cas d'éventuels effets cardiovasculaires, imposant la prudence dans l'attente de travaux complémentaires. Le gain déjà démontré en termes d'effets gastro-intestinaux, principale source de morbidité iatrogène liée à l'emploi des AINS traditionnels, justifie pleinement leur utilisation chez les malades relevant d'un traitement par les AINS. La mise à disposition prochaine de formes injectables devrait ouvrir des perspectives thérapeutiques spécifiques dans le domaine de l'analgésie périopératoire et en urgence. Mots–clés : AINS, analgésie, cyclo-oxygénases, isoformes, complications, iatrogénie. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 43 Summary NSAIDs induce reversible competitive inhibition of COX enzymes (cyclooxygénases). There are two isoforms of COX, namely COX-1 and COX-2. Adverse effects of NSAIDs (GI tract, kidney, primary hemostasis) are mainly attributed to the anti-Cox-1 effects. Currently available are not fully selective but preferential : their high therapeutic index do not warrant a total absence of adverse effects. Selective cox-2 inhibitors are as potent and efficient as traditional (on selective) NSAIDs are. Reduced gastro-intestinal is no more controversial as several studies brought evidence of reduced incidence and reduced severity of GI complications. Renal effects are more controversial and further studies are necessary before definitive conclusions. Meanwhile, reduction of GI toxicity, that is the main source of iatrogenic complications due to drugs, fully justify the use of selective NSAIDs in patients scheduled for NSAIDs oral administration. Availability of injectable selective COX-2 inhibitors in a near future will certainly lead to specific indications in the setting of perioperative analgesia and also in the emergency department. Mots–clés : NSAIDs, analgesia, cyclooxygenase, isoforms, complications, iatrogenic. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 43 Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont parmi les médicaments les plus fréquemment prescrits dans le monde (4,5% de la consommation médicamenteuse des pays industrialisés) (1,2), prescriptions auxquelles viennent s'ajouter une consommation importante sous forme d'automédication. Leur utilisation s'étend bien au delà des seules maladies inflammatoires ou à composante inflammatoire puisqu'ils viennent au premier rang de la consommation médicamenteuse à visée analgésique, quelle que soit l'origine de la douleur. Durant la dernière décennie, les AINS ont vu leur utilisation s'accroître de manière très importante, notamment dans le domaine de l'analgésie périopératoire. Les AINS génèrent un certain nombre d'effets adverses, qui résultent pour l'essentiel de leur effet inhibiteur de la synthèse des prostaglandines. Il en découle un certain nombre de complications potentielles et des contre indications à leur admiCorrespondance : Dr Eric VIEL, Département d'Anesthésie et Centre de la Douleur, Centre Hospitalier Universitaire, 30029 Nîmes cedex 9. France. Fax: +33 4 66 68 36 24 e-mail : [email protected] nistration. L'arrivée annoncée d'AINS plus sélectifs, dont l'action s'exerce préférentiellement, mais non exclusivement, par inhibition de la cyclo-oxygénase (COX) inductible (de type 2), relance le débat sur leur utilisation et sur la perspective d'indications élargies. Il paraissait donc nécessaire à ce stade de faire le point sur les connaissances pharmacologiques et thérapeutiques de ces agents dont la panoplie devrait rapidement s'élargir dans les mois et années à venir. CLASSIFICATIONS DES AINS Le vocable AINS correspond en réalité à un vaste groupe de molécules qui possèdent des propriétés complexes, associant à la fois des effets anti-inflammatoires, antipyrétiques et analgésiques. Plusieurs classifications sont proposées, basées soit sur la structure des AINS, soit sur leur puissance, soit encore sur leurs modalités d'action J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 43 E. Viel LES ANTI-COX2 et/ou sur leur sélectivité anti-COX. Les classifications basées sur la structure n'ont qu'un intérêt relatif pour la pratique et quatre grands groupes sont décrits : les oxicams (tenoxicam, piroxicam), les pyrazolés, les dérivés de l'acide carboxylique qui comprennent les salicylés (aspirine, diflunisal...), les propioniques (ibuprofène, kétoprofène, naproxène, flurbiprofène...) et les anthraniliques (acide niflumique...) et les dérivés de l'acide acétique qui regroupent les pyrrolacétiques (kétorolac...), les indolacétiques (indométhacine) et les phénylacétiques (diclofénac...). Compte tenu des A.M.M. actuelles, seul le kétoprofène est utilisable par voie intraveineuse en France dans l'indication "analgésie postopératoire", tandis que quelques autres sont utilisés dans cette indication par voie parentérale (naproxène, acide niflumique, diclofénac, diflunisal). Tous les autres relèvent du traitement des pathologies douloureuses chroniques et/ou des pathologies inflammatoires. La classification basée sur la sélectivité anti-COX (3), paraît plus adaptée à rendre compte de la réalité des effets escomptés (4). En effet, les différences de structure ne permettent pas de comprendre les différences pharmacodynamiques entre les inhibiteurs COX 2 et les anti-COX 1. Le tableau I montre les ratio d'activité anti- COX 2 / anti-COX 1 des principaux AINS utilisés ou prochainement utilisables. Tableau I : Ratio de puissance inhibitrice des isoformes COX 1 et COX 2 des principaux AINS; adapté de [3]. chirurgical ou traumatique sont à l'origine de la libération d'une véritable "soupe inflammatoire" qui comprend notamment des prostaglandines (PG), dont le rôle est de sensibiliser récepteurs périphériques et terminaisons libres à diverses substances algogènes. Les PG ont donc un rôle d'amplification des stimulus nociceptifs générés par les lésions cellulaires en diminuant le seuil de stimulation des fibres Aδ et C. De nombreux travaux expérimentaux permettent de schématiser l'action antalgique des AINS de la manière suivante (6) diminution, et non disparition, de l'hyperalgésie consécutive aux processus nociceptifs, action sur divers modèles nociceptifs : viscéral, vasculaire et surtout inflammatoire, sans action spécifique sur des récepteurs mais par l'intermédiaire de processus enzymatiques. L'effet analgésique ne doit toutefois pas être réduit au seul effet anti-inflammatoire et il est probable que d'autres mécanismes d'action interviennent, indépendant des COX, aux niveaux spinal et supraspinal (7-9). Ceci permettrait d'expliquer les effets différents de certains AINS. Une action anti-analgésique propre est en effet vraisemblable, impliquant le NO ainsi que les récepteurs NMDA (N-methyl-D-aspartate) et les récepteurs à la substance P (2,3,10). Les AINS agissent donc également de manière indirecte en modulation la libération de certains neurotransmetteurs et/ou l'expression génique de ces neurotransmetteurs (3). AINS ratio COX 2 / AINS COX 1 ratio COX 2 / COX 1 MECANISMES BIOCHIMIQUES : AINS, COX ET SELECTIVITE ANTI-COX rofecoxib celecoxib nimesulide meloxicam piroxicam 0,005 0,03 0,038 0,04 0,1 0,3 2,6 3,8 5,1 10 Les AINS agissent en inhibant les COX, enzymes qui catalysent le déroulement de la cascade métabolique qui conduit de l'acide arachidonique, lui même formé à partir des phospholipides membranaires, aux PG, aux prostacyclines et aux thromboxanes. Les AINS exercent cette action non seulement au niveau périphérique mais aussi au niveau central (11,12), à la corne postérieure de la moelle, à l'instar du paracétamol (13). Les COX sont présentes dans l'organisme comme deux isoformes (4,14,15) appelés COX 1, ou cyclo-oxygénase constitutive, et COX 2 ou inductible, cette dernière étant synthétisée en réponse à une agression tissulaire. COX 1 et 2 sont encodées par des gènes différents et leurs séquences d'acides aminés ne possèdent que 60% d'homologie, malgré un poids moléculaire identique (3). Leur sites récepteurs pour les AINS et l'acide arachidonique fonctionnent de manière identique, mais le site COX 2 est plus large en raion de l'existence d'une "side pocket" et accepte un plus grand nombre de molécules (16). Cette notion de conformation spatiale plus large est d'une importance clé puisque les molécules anti-COX 2, obtenues par addition de divers radicaux, sont elles-mêmes plus volumineuses et ne peuvent donc se fixer sur les sites COX 1 (17). Les COX 1 sont produites dans de nombreux organes et sont impliquées dans la synthèse des PGE2 au niveau du rein, des prostacyclines au niveau de la muqueuse gastrique et des cellules endothéliales et du thromboxane A2 (TxA2) au niveau plaquettaire. L'activité COX 1, nécessaire à l'homéostasie, prédomine dans les conditions physiologiques. A l'inverse, les COX 2 n'ont qu'une activité faible à l'état de base (3,18) et sont responsables de la synthèse de la plupart des PG produites au décours d'un processus inflammatoire (19). Les COX 2 n'apparaissent qu'au niveau de certains organes, tels que poumon, cerveau, cortex rénal et appareil génital féminin ainsi que dans les diclofenac ibuprofene naproxene ketoprofene indomethacine Le tableau II propose une classification schématique des AINS basée sur leur activité anti-COX 2. Tableau II : Classification des principaux AINS proposés pour le traitement de la douleur postopératoire en fonction de leur sélectivité d'action anti-COX; adapté de [3] [16] [21] [50] [51] Groupe anti-COX 1 préférentiel anti-COX 2 préférentiel meloxicam aspirine nimesulide indomethacine piroxicam anti-COX 2 sélectif anti-COX non sélectif celecoxib diclofenac rofecoxib ibuprofene valdecoxib naproxene MECANISMES ET SITES D'ACTION Les AINS agissent à la fois au niveau central et au niveau périphérique. L'action analgésique repose essentiellement, mais non exclusivement, sur l'inhibition des cyclooxygénases (COX). Expérimentalement, les AINS n'élèvent pas tous les seuils de nociception (5) et ont une action plus importante lorsque la zone stimulée est siège d'une réaction inflammatoire. L'action essentielle des AINS est en fait d'annuler l'hyperalgésie provoquée par une réaction inflammatoire (6), ce qui contraste avec les anti-inflammatoires stéroïdiens qui agissent indirectement et moins rapidement en diminuant l'oedème inflammatoire local. Les destructions tissulaires liées à l'acte J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 44 E. Viel LES ANTI-COX2 cellules endothéliales, les macrophages et les synoviocytes (4,18,19). Cette production est induite par les médiateurs de l'inflammation, notamment les lipopolysaccharides, les cytokines et le TNF ainsi que par l'hypoxie et/ou l'ischémie localisées. De surcroît, cette activité est parfois induite au niveau du rein et du tractus digestif (4). Le gène inductible qui encode la COX 2 appartient à une famille de gènes qui comprend également le gène inductible de la NO-synthase (iNOS), dont l'activité est également accrue lors des processus inflammatoires (la production accrue d'oxyde nitrique ou NO rendant compte de la vasodilatation) (3). A côté des AINS, d'autres agents sont susceptibles d'inhiber les COX 2, notamment les corticoïdes (16). Enfin, il faut se garder de concevoir de manière par trop manichéenne les deux isoformes de cette enzyme car, dans une mesure certes moindre, la COX 1 est également inductible lors de processus inflammatoires (20). De même, la COX 2 possède également des fonctions dans les conditions physiologiques et les effets d'un traitement prolongé par un inhibiteur préférentiel ou sélectif restent pour l'heure peu ou pas connus (21). En résumé, la COX 1 doit être considérée comme une enzyme de régulation homéostatique, tandis que la COX 2 apparaît comme une enzyme d'adaptation de l'organisme. Dans ces conditions, on comprend aisément que l'action différentielle d'un AINS donné sur l'un des deux isoformes de la COX soit d'un intérêt primordial. De manière schématique, l'inhibition de l'activité COX 1 est à l'origine d'une inhibition du rôle physiologique des PG et donc d'un certain nombre d'effets adverses, notamment rénaux, digestifs et hémostatiques. Elle n'est de ce fait pas recherchée à l'inverse de l'effet anti-COX 2 qui ne génère pas ou peu d'effets secondaires et doit être privilégié dans la recherche des effets antalgiques. C'est tout l'objet de la recherche pharmacologique et industrielle actuelle (3,18,22) orientée vers la mise à disposition d'AINS antiCOX 2 sélectifs ou, à tout le moins, anti-COX 2 préférentiels. Ceci devrait permettre d'obtenir des effets antiinflammatoire et analgésique au prix de moindres risques de complications locales ou systémiques. * La sélectivité prévient-elle tous les risques ? La sélectivité anti-COX2 diminue de manière très significative la toxicité gastro-intestinale des AINS, la ramenant au niveau de celle d'un placebo lors d'administrations aiguës (23-25) et lors d'administrations chroniques (26). Laine et al (27) rapportent les résultats de 742 patients ostéo-arthritiques ayant tous eu un contrôle endoscopique à 12 et 24 semaines de traitement par les anti-cox2 et montrent une réduction significative de l'incidence des ulcérations peptiques sous rofecoxib par comparaison à l'ibuprofène. Néanmoins, ces effets sont probablement dépendant de la dose et, en pratique, les anti-COX 2 préférentiels ont souvent une tolérance gastrointestinale moindre qu'escomptée, comme le montre un travail récent avec le nimésulide (28). Un cas clinique fait état d'une perforation digestive après administration de celecoxib (29). Les effets chez les patients aux antécédents d'ulcères gastro-duodénaux n'ont pas fait l'objet d'études contrôlées. Les effets rénaux semblent également minorés. Malgré une rétention sodée transitoire, le rofecoxib n'induit pas de réduction de la filtration glomérulaire, à l'inverse de l'indométhacine (30). L'administration de meloxicam pendant 30 jours ne majore pas l'insuffisance rénale modérée préexistante de patients porteurs d'une polyarthrite rhumatoïde (31). Cet optimisme est toutefois tempéré par le travail de Leone et al (32), qui rapportent un certain nombre d'insuffisances rénales lors de traitements au long cours par le nimésulide et par l'étude de Swan et al [ ] qui rapportent une réduction comparable de la filtration glomérulaire sous indométhacine et sous rofecoxib. Les effets sur la fonction plaquettaire sont mal connus et d'évaluation malaisée dans la mesure où des effets cliniques significatifs sont rarement observés. Le travail de Mengle-Gaw et al (33), utilisant des doses de célécoxib supérieures de 50% à la dose thérapeutique, ne montre aucun effet sur l'agrégabilité plaquettaire et les thromboxanes. Dans l'étude de Lanza et al (25), l'administration de doses de rofecoxib 10 à 20 fois supérieures aux doses thérapeutiques, ne modifiait pas le temps de saignement. * La sélectivité affecte-t-elle l'efficacité analgésique ? La sélectivité ne paraît pas affecter l'efficacité analgésique (34). L'efficacité analgésique du rofecoxib et du celecoxib est identique à celle des autres AINS lors de douleurs chroniques (35) et lors de douleurs dentaires aiguës (36,37). A l'inverse, l'accroissement de la sélectivité, avec le celecoxib (sélectivité x 375) ou le rofecoxib (sélectivité x 800) ne paraît pas non plus augmenter l'efficacité analgésique d'un AINS. L'efficacité au long cours paraît également comparable à celle des AINS traditionnels [Saag]. En résumé, il convient de distinguer des AINS anti-COX 2 préférentiels et des anti-COX 2 sélectifs. Les premiers, parmi lesquels le méloxicam et le nimésulide, possèdent une sélectivité COX 2 100 à 5000 fois supérieure à l'activité COX 1 (15), mais une meilleure tolérance digestive qui semble corrélée à une efficacité analgésique moindre. Les anti-COX 2 sélectifs ou réputés tels, comme le celecoxib et le rofecoxib, paraissent échapper à cet inconvénient mais les résultats varient selon le modèle de douleur étudié D'autres agents sont en cours de développement comme le valdecoxib et le parecoxib. CONCLUSION L'ambition affichée pour les AINS anti-cox2 est l'obtention d'une efficacité identique à celle des AINS traditionnels, non sélectifs, assortie d'effets adverses moindres ou absents. Si le but paraît atteint en termes d'efficacité, les conclusions sont à l'heure actuelle plus mitigées en ce qui concerne l'incidence et l'intensité des effets collatéraux. Il existe à présent, et ce point n'est pas controversé, des arguments solides en faveur d'une moindre toxicité gastro-intestinale [29]. D'autres points nécessitent de plus amples investigations. C'est le cas des effets rénaux, atténués dans certaines études, mais identique à ceux des AINS non sélectifs dans d'autres [29,36]. C'est également les cas d'éventuels effets cardiovasculaires dont l'existence est révélée par un travail statistique [43] basé sur l'analyse des études VIGOR [44] et CLASS [45]. Même si la méthodologie d'analyse est sujette à critique, ce travail attire néanmoins l'attention sur un nouvel aspect de la pharmacologie des anti-cox2 qui impose d'attendre le résultats d'investigations complémentaires [46,47]. Dans l'intervalle, le gain déjà démontré en termes d'effets gastro-intestinaux, principale source de morbidité iatrogène liée à l'emploi des AINS traditionnels, justifie pleinement leur utilisation chez les malades relevant d'un traitement par les AINS [29,48,49]. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 45 E. Viel LES ANTI-COX2 REFERENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 22. 23. 24. BIBLIOGRAPHIQUES Derrier M, Mercatello A. Place des anti-inflammatoires non stéroïdiens en période périopératoire. Intérêt et limites. Ann Fr Anesth Reanim 1997; 16: 498-520 Code W. NSAIDs and balanced analgesia. Can J Anaesth 1993; 40: 401-405 Bejarano PF. Management of inflammatory pain with selective COX-2 inhibitors: promises and facts. Curr Rev Pain 1999; 3: 432-9 Hawkey CJ. COX 2 inhibitors. Lancet 1999; 353: 307-314 Yaksh TL. Central and peripheral mechanisms for the antianalgesic action of acetylsalicylic acid. In: Barnet HJM, Hirsh J, Mustard JF eds, Acetylsalicylic acid: new uses for an old drug, New York: RavenPress, 1982: 137-151 Chauvin M. Anti-inflammatoires non stéroïdiens et analgésie postopératoire. 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Réa. - VOL IX - P. 46 25. 26. 27. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. Lanza F, Rack MF, Simon TJ. Specific inhibition of MK-0966 is associated with less gastrointestinal than either aspirin or ibuprofen. Aliment Pharmacol Ther 1999; 13: 761-7 Fenn GC, Morant SV. Safety of meloxicam: a global analysis of clinical trials. Br J Rheum 1997; 36: 817-819 FitzGerald GA, Patrono C. The coxibs, selective inhibitors of cyclooxygenase-2. N Engl J Med 2001; 345: 433-442 Laine L, Harper S, Simon T, Bath R, Johanson J, Schwartz H et al. A randomized trial comparing the effect of rofecoxib, a cyclooxygenase 2-specific inhibitor, with that of ibuprofen on the gastroduodenal mucosa of patients with osteoarthritis. Gastroenterology 1999; 17: 776-783 Rainsford KD. Relationship of nimesulide safety to its pharmacokinetics : assessment of adverse reactions. Rheumatology 1999; 38 (Suppl 1): 4-10 Reuben SS, Steinberg S. 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Le respect des contre indications de l’anticoagulation, la connaissance des caractéristiques pharmacologiques des antithrombotiques et des modalités de surveillance sont à même de guider le choix thérapeutique avec une sécurité d’emploi optimale. Les principes de la prophylaxie de la maladie thromboembolique, du traitement curatif des manifestations thromboemboliques en neuroréanimation et la conduite à tenir chez les patients présentant un accident cérébral hémorragique lié aux antithrombotiques, ainsi que la conduite péri opératoire chez un patient sous antithrombotiques sont rappelés dans cette revue de la littérature. Mot-clés : thrombose veineuse, embolie pulmonaire, neurologie, neurochirurgie, accident vasculaire cérébral, anticoagulation. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 47 Summary Thromboembolism is a common problem in neurosurgery and neurology patients. Patients at high risk of deep venous thrombosis and pulmonary emboli are those with brain tumor, stroke and patients undergoing neurosurgery. Different strategies reduce thromboembolic risks. Their benefits exceed the risk of severe bleeding. The care of patients with thromboembolic events is problematic, the risk of fatal bleeding is high. Physicians must respect the absolute contraindications of anticoagulation and require anticoagulant pharmacology in the treatment strategies that have proven efficacy and safety. The principles concerning the prophylaxis and management of venous thromboembolic events, and care of patients under antithrombotic agents in perioperativ period of neurosurgery are reminded Key-words: venous thrombosis, pulmonary embolism, neurology, neurosurgery, stroke, anticoagulation. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 47 Les traitements antithrombotiques (AT) en milieu de neuroréanimation demeurent un sujet controversé quant au moment et aux modalités de leur prescription. Ces traitements sont sources de complications hémorragiques cérébrales grevant le pronostic des patients. Dans la série de Palmer et coll. [1] portant sur 6668 interventions neurochirurgicales, l’incidence d’hématomes post-opératoires était de 1.1% avec une mortalité de 32%. Les facteurs de risque les plus fréquemment retrouvés étaient : un traitement par agent antiplaquettaire dans 43% des cas, et un traitement anticoagulant dans 16% des cas. Par ailleurs la maladie thromboembolique ( MTE) est une manifestation fréquente chez les patients porteurs de maladies neurologique ou neurochirurgicales et reste une cause non négligeable de morbidité et de mortalité en neuro réanimation [2]. Nous nous proposons à la lumière de la littérature de faire une mise au point concernant la prophylaxie de la MTE en milieu de neuroréanimation, le traitement curatif des manifestations thrombotiques veineuses cérébrales et périphériques et des complications hémorragiques cérébrales des AT ainsi que la prise en charge periopératoire des patients sous AT en neurochirurgie. I- TRAITEMENT PROPHYLACTIQUE DE LA MTE EN NEURORÉANIMATION La prophylaxie de la MTE engendre un coût de soin moindre que le traitement curatif, ainsi qu’un risque de complications moins important [2]. Il paraît donc imporCorrespondance : Saad Kabbaj service de réanimation, hôpital des spécialités, Rabat. - adresse email : [email protected] tant vu le risque parfois élevé de survenue de manifestations thromboemboliques en neuroréanimation de préciser les modalités de la prophylaxie de la MTE. Diverses anomalies de la coagulation ont associées à ce risque élevé de thrombose : augmentation du fibrinopeptide A et du fragment B ß 15 –42 du fibrinogène [3,4,5], augmentation du taux de plaquettes et du fibrinogène avec une diminution du plasminogéne et de l’adhésivité plaquettaire [6] ; diminution de la fibrinolyse au niveau des membres paralysés des patients atteints d’AVCI [7], coagulation intravasculaire disséminée infraclinique dans les tumeurs cérébrales [8,9], augmentation du facteur VIII et de l’agrégation plaquettaire au cours des traumatismes vertebromédullaires [10]. Les mécanismes de ces modifications ne sont pas parfaitement éclaircis. Le système nerveux, particulièrement le cerveau, contenant la concentration la plus élevée de thromboplastine de l’organisme, il est évoqué que la traumatisme, l’infarctus ou la chirurgie entraînent une libération des thromboplastines tissulaire à l’origine de l’activation de la cascade de la coagulation [11]. 1- La Chirurgie intra crânienne L’incidence de la MTE dans la pathologie tumorale cérébrale est élevée avec une prévalence de 45% de thrombose veineuse profonde (TVP) [9] et de 3.8% à 8.4% d’embolie pulmonaire (EP)[12,13]. Constantini et coll. [14] ont retrouvé comme facteurs de risque de la MTE la localisation supratentorielle, la nature histologique J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 47 GESTION DES ANTITHROMBOTIQUES EN NEUROREANIMATION maligne (glioblastome) et l’existence d’une hémiparésie. L’usage des moyens mécaniques de prévention est hautement recommandé [2,15,16] mais ne saurait être utilisé exclusivement [2,17]. Plusieurs études ont démontré l’efficacité et la sécurité de l’utilisation de l’héparine dans la prévention de MTE. Frim et coll. [18] ont inclus 138 patients ayant reçu 5000 UI d’héparine non fractionnée toutes les 12h débutée le lendemain de l’intervention chirurgicale associée à la compression pneumatique des membres inférieurs, comparé à 473 patients ayant eu un traitement mécanique exclusif. Aucun patient dans le groupe traité par héparine n’a présenté de manifestation TE, alors que l’incidence de la MTE étant de 3,2% dans le groupe traité par le seul moyen mécanique. Les auteurs ne notent pas d’augmentation d’incidence d’hémorragie post opératoire dans le groupe traité par héparine. Constantini et coll. [19] ont également comparé dans une étude prospective randomisée en double aveugle deux groupes de patients opérés pour une tumeur supratentorielle. L’un ayant reçu 5000 unités d’héparine sous cutané débutée 2h avant chirurgie et toutes les 12h en post opératoire durant 7J contre un placebo. Cette modalité ne s’accompagne pas d’une augmentation de manifestations hémorragiques. Les auteurs concluent à l’efficacité et à la sécurité de l’administration péri-opératoire l’héparine en sous cutané débutée en préopératoire : les risques de la MTE et ses complications dépassent le risque de saignement inhérent à l’usage de mini dose d’héparine. Nurmohamed et coll. [16] dans une étude multicentrique ont comparé l’administration des HBPM le lendemain de l’intervention à un groupe de patient ayant eu seulement des moyens mécaniques : 18.7% des patients traités par HBPM et 26.3% dans le groupe contrôle ont développé une MTE ( P < 0.05). La réduction du risque relatif est de 28.9%. 6 patients dans le groupe HBPM ont eu un saignement intracrânien majeur (2.5%) contre 2 patients dans le groupe contrôle (0.8%). Bien que la différence ne soit pas significative, les auteurs concluent que les bénéfices d’un tel traitement dépassent les risques. Par contre Dickinson et coll. [20] ont montré dans une étude prospective randomisée une augmentation de l’incidence d’hémorragie intra crânienne post opératoire après usage des HBPM. Il ressort donc que les HNF utilisées en périopératoire représentent un moyen simple, de moindre coût avec une sécurité optimale d’utilisation en chirurgie intracrânienne, l’association de moyens mécaniques est recommandée. La surveillance du traitement prophylactique comporte outre une numération plaquettaire bihebdomadaire, un TCA quotidien attestant de l’isocoagulabilité, et au moindre signe d’aggravation neurologique une témodensitométrie TDM cérébrale à la recherche d’une complication hémorragique intra cérébrale nécessitant l’arrêt du traitement et une éventuelle prise en charge chirurgicale. 2- La Neuro-traumatologie. Malgré les données limitées de la littérature concernant le risque de MTE en cours des traumatismes crâniens, il est considéré comme modéré. L’incidence de la MTE chez le traumatisé cranien varie de 20 à 24% [21,22]. Dans les traumatismes médullaires l’incidence des TVPvarie de 21,4% à l’autopsie à 100% lorsque le diaJ. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 48 A. Caidi gnostic est posée par le fibrinogéne marqué. Cette incidence élevée est essentiellement due au traumatisme de la moelle épinière puisqu’elle est de l’ordre de 0 à 8,3% seulement lorsque le traumatisme ne s’accompagne pas d’une telle lésion [2]. Les bas de contention élastique, la compression pneumatique intermittente et l’héparine à faibles doses réduisent le risque relatif de TVP respectivement de 64, 73 et 74% [23]. L’innocuité du traitement héparinique à faibles doses paraît établi. Les accidents hémorragiques étant rares, ce traitement peut être débuté dès la première semaine après le traumatisme. Cependant, dans un contexte de traumatisme crânien avec lésions hémorragiques intracrâniennes, la prophylaxie de la MTE doit être retardée de 1 à 2 semaines après TDM cérébrale de contrôle éliminant un saignement actif ou récent. 3-Les AVC à la phase aiguë Des recommandations concernant la MTE en réanimation rappellent que l’AVC hémorragique est une contreindication à la prophylaxie médicamenteuse [24]. Le risque de la MTE étant modéré dans les hémorragies sous arachnoidiennes, de l’ordre de18% [25], les moyens physiques sont recommandés, la prophylaxie médicamenteuse étant retardée de 1 à 2 semaines après contrôle TDM. En ce qui concerne l’AVC ischémique, Lardi et coll [4] ont retrouvé une incidence de TVP de 28.6%, d’EP de 11.4% avec une mortalité de 40%. L’administration de faibles doses d’HBPM ou d’héparine non fractionnée permet de prévenir efficacement la survenue de MTE [26]. II- GESTION DE L’ANTICOAGULATION EN NEURORÉANIMATION. 1- Thrombose veineuse profonde et embolie pulmonaire. Le traitement hypocoagulant des TVP et EP en neuroréanimation expose au risque de complications hémorragiques intracrâniennes parfois gravissimes. Cependant malgré ce risque potentiel, l’usage d’une anticoagulation semble s’accompagner d’une sécurité d’emploi suffisante pour traiter efficacement une manifestation thromboembolique en NR [27,28,29,14,30,31]. Des alternatives thérapeutiques ont été proposées en cas de difficulté de mise en route du traitement anticoagulant, il s’agit essentiellement de l’interruption de la veine cave inférieur (IVCI) à l’aide d’un filtre cave. Brosnan et coll. [32] ont rapporté deux cas d’EP survenus au cours de la 1er semaine postopératoire après chirurgie pour exérèse de méningiome intracrânien. Les deux patients ont reçu une anticoagulation dans la 1er semaine postopératoire. L’évolution s’est compliquée d’un saignement intracérébral nécessitant une reprise chirurgicale pour évacuation d’hématome. Une IVCI a été alors réalisée dans les deux cas. Les auteurs ont conclu au danger de l’anticoagulation dans les 6 premiers jours postopératoires d’une chirurgie intracrânienne. Levin et coll. [33] ont rapporté une série de 42 patients ayant bénéficié d’une IVCI par filtre à l’occasion d’une TVP après chirurgie tumorale cérébrale. L’IVCI s’est accompagnée de complications dans 62% des cas : 12% des patients ont développé une EP récurrente, 57% une thrombose du filtre cave, une thrombose veineuse exten- GESTION DES ANTITHROMBOTIQUES EN NEUROREANIMATION sive ou un syndrome postphlébitique altérant la qualité de vie de ces patients. Devant la fréquence des complications de l’IVCI les auteurs ont proposé l’anticoagulation comme traitement de 1er intention de la MTE après neurochirurgie, l’IVCI étant réservée en cas d’intervention récente ( moins de deux semaines), de chirurgie compliquée d’un saignement majeur, d’hémorragie intra tumorale significative ou de survenue de complications hémoragiques après anticoagulation. Les autres contre-indications de l’anticoagulation sont : l’hémorragie intra cérébrale aiguë d’origine traumatique ou spontanée, l’hématomyelie aiguë et l’hémorragie sous arachnoïdienne secondaire à un anévrisme artériel cérébral non encore traité. L’utilisation d’un filtre cave inférieur constitue une solution temporaire le temps de sécuriser un anévrisme artériel cérébral. L’anticoagulation devra par la suite être instaurée du fait du risque d’extension de la thrombose et du syndrome postphlébitique [18]. Le traitement anticoagulant fait appel à l’HNF après contrôle tomodensitométrique attestant de l’inexistence d’une contre indication absolue à l’héparinothérapie. Le TCA doit être 1.5 à 2 fois le témoin. Les HBPM du fait de la longue demi - vie et de la difficulté d’antagonisation par la protamine, ne devraient pas être privilégiées dans cette indication. 2- AVC ischémique. L’internationnal Stroke Trial [34] a clairement montré que la relative réduction de la récurrence des AVCI lors de l’utilisation de fortes doses d’héparine était contrebalancée par une augmentation des hémorragies cérébrales. Les indications de l’anticoagulation sont restreintes à l’AVC ischémique d’origine cardioembolique ( acfa, valvulopathies…), les états d’hypercoagulabilité, la dissection de l’artère carotide ou vértébrale. Du fait du risque élevé de transformation hémorragique, cette anticoagulation est préconisée à partir du 2ème voire du 5ème jour après la survenue de l’AVC ischémique [26]. Dans les autres cas, l’intérêt de l’aspirine est actuellement démontré. Les essais cliniques confirment que l’aspirine aux doses de 300 mg/J a un effet bénéfique de prévention de la récurrence de l’AVCI. L’IST et la Chinese acute stroke trial retrouvent une diminution significative du risque de récurrence et une baisse légère de mortalité. Une analyse combinée des résultats de ces 2 essais cliniques suggère que la récurrence de l’AVCI et le décès peuvent être prévenu chez un patient sur 100 en utilisant l’aspirine [26,34,35]. 3- Thrombophlébite cérébrale L’anticoagulation est ici impérative, le traitement devant être instauré même en cas de ramollissement hémorragique [36,37]. III- GESTION DE L’ARRÊT DES TRAITEMENT ANTITHROMBOTIQUES. L’arrêt des traitements antithrombotiques est préconisé dans deux situations :en cas d’AVC hémorragique secondaire à ces traitements et en périopératoire chez un patient sous AT au long cours. Cet arrêt peut parfois s’accompagner de rebonds d’accidents thromboemboliques (infarctus du myocarde, thrombose de valve cardiaque ou embolie) [38]. La question de la substitution et de l’arrêt du traitement se pose alors avec acuité. A. Caidi 1- AVC hémorragique secondaire à un traitement antithrombotique. Dans cette situation le risque hémorragique est nettement plus préoccupant que le risque thrombotique. En cas d’accident lié à une prise d’AVK il est recommandé d’utiliser une perfusion de concentré prothrombinique (fraction PPSB) à la posologie de 25-50UI/kg complétée par une injection de vitamine K15-10mg en injection lente pour éviter le risque de réaction anaphylactoïde. La coagulation peut également être corrigée par du PFC à raison de 10-15ml/kg, l’inconvénient étant le volume important à injecter. En cas d’accident lié à une héparinothérapie, l’antidote est la protamine qui n’est toutefois que partiellement efficace avec les HBPM. La posologie est de 1mg pour 100UI d’HNF, l’administration peut être renouvelée si l’héparine est injectée par voie sous cutanée. Pour les HBPM les doses proposées sont très empiriques : 1mg pour 10UI antiXa. Il existe avec la protamine un risque de réaction anaphylactique qui recommande un injection lente et de ne pas dépasser la dose totale de 50mg [38,39]. Si l’accident est lié à un traitement par agent antiplaquettaire, la transfusion de plaquettes à la posologie de un concentré standard pour 7 kg de poids corporel est préconisée [40]. Le moment de la réintroduction de ce traitement est controversé. Kawamata et coll. [41] ont rapporté une série de 27 patients traités au long cours par un AVK et ayant présenté un AVC hémorragique. La réintroduction du traitement anticoagulant 3 jours après l’accident ne s’est pas accompagné de resaignement. A l’opposé Wijdicks et coll. [42] ont rapporté une série de 39 patients victimes d’un AVC hémorragique secondaire à un traitement par AVK au long cours. Chez 26 survivants, les AVK ont été interrompus pendant 2 jours à 3 mois avec une médiane de 8 jours ; aucun patient n’a présenté de récurrence thromboembolique. Les auteurs ont conclu que l’interruption du traitement anticoagulant pendant une à 2 semaines, durée suffisante pour observer l’évolution d’un hématome parenchymateux, clipper un anévrisme, ou évacuer un hématome sous durale aiguë ne s’accompagne pas de risque thrombotique. 2- CAT devant un patient sous traitement AT devant subir une intervention neurochirurgicale. La prise préopératoire d’agents antiplaquettaires semble de augmenter le risque hémorragique périopératoire la chirurgie intracrânienne(niveau de preuve III ) [40]. Un arrêt d’AAP de 8 à 10 jours est nécessaire pour une disparition complète de l’effet pharmacologique. Leur substitution est possible par du flurbiprofene à la dose de 50mg deux fois par jour avec arrêt 24 heurs avant l’intervention [38]. Un traitement par un AVK devrait être arrêté 48 à 72h avant une intervention neurochirurgicale, un INR=1,5 autorisant une intervention chirurgicale [37,38]. La reprise postopératoire du traitement anticoagulant à doses efficaces est également ici un sujet controversé. Lazio et coll. [43] ont proposé un schéma thérapeutique selon le niveau de risque TE (Tableau 1) J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 49 GESTION DES ANTITHROMBOTIQUES EN NEUROREANIMATION A. Caidi Groupe de patient Groupe 1 : haut risque TVP-EP<3mois Option thérapeutique Thrombus intracardiaque<1mois AVCI-AIT<1mois,sténose carotidienne haut grade inopérable ou ACFA Pontage artériel périphérique à haut risque<9mois Autre accident thromboembolique artériel<1mois Filtre cave inférieur Si TVP des ms. Héparine sous cutanée en postopératoire Anticoagulation 3-5jour postopératoire Héparine sous cutané en postopératoire Anticoagulation 3-5ème jour postopératoire Groupe 2 : risque modéré Thrombus intracardiaque >1mois Accident Thromboembolique artériel>1mois AVCI-AIT avec acfa ou sténose carotidienne inopérable, 2mois à 1an après dernier évènement Prothèse valvulaire avec ACFA Valve mitrale mécanique Pontage artériel periphérique à haut risque datant de 9mois à 3ans Dissection carotidienne Héparine sous-cutanée en postopératoire Anticoagulation 5-7ème jour postopératoire Groupe 3 : risque faible AVCI-AIT avec ACFA>1an Pathologie vavulaire sans ACFA Valve mécanique aortique Valve bioprothétique ACFA isolée TVP-EP>3mois Pathologie vasculaire périphérique Héparine sous cutané en postop Anticoagulation 7-14ème jour postop Discuter l’arrêt du traitement anticoagulant Tableau 1 : anticoagulation postopératoire. AVCI :accident vasculaire cérébral ischémique, AIT :accident ischémique transitoire, ACFA : arythmie complète par fibrillation auriculaire d’après [43] . REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 1- Palmer JD, Sparrow OC, Iannotti F. Postoperatoire Hematoma : A 5- Year Survey and Identification of Avoidable Risk Factors. Neurosurgery, 1994;6 : 1061-1065. 2- Hamilton M.G. Hull .R.D, Pineo.G.F. Venous thromboembolism in Neurosurgery and Neurology Patients : A Review. Neurosurgery, 1994; 34 : 280-296. 3- Bostrom S, Holmgren E, Jonsson O, Lindstrom B, Stigendal L; Fibrinopeptide A and fibrinogen fragment B(bta) 15-42 and their relation to the operative trauma and post-operative thrombembo lism in neurosurgical patients. Acta Neurochir (Wien), 1987; 88 : 4955, 7. 4- Landi G, d’Angelo A, Boccardi E, Candeise L, Mannucci PM, Morabito A, Orazio EN : Venous thromboembolism in acute stroke. Prognostic importance of hypercoaguability. 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Résumé Les fluoroquinolones sont des dérivés de synthèse des quinolones qui, en comparaison aux premières quinolones dites de première génération, se distinguent par une activité antibactérienne plus puissante et des propriétés pharmacocinétiques remarquables en raison d’une biodisponibilité et d’une diffusion optimales. Les quinolones ont subi une évolution constante dans le temps passant du stade d’agents actifs uniquement sur les entérobactéries responsables d’infections urinaires à celui d’agents doués d’une activité anti P.aeruginosa avec une activité modérée vis à vis des cocci à Gram positif, à celui d’agents actifs sur S.pneumoniae et enfin à celui d’agents dotés d’une activité anti anaérobie. Les quinolones ont une propension à sélectionner des micro organismes résistants d’où l’utilité de les utiliser en association avec d’autres antibiotiques. La résistance bactérienne acquise aux quinolones est quasi exclusivement d’origine chromosomique. Les principaux effets secondaires des quinolones intéressent le tube digestif, la peau et le système nerveux central et paraissent intimement liés à la structure chimique de chaque molécule. Mots clés : fluoroquinolones, classification, pharmacocinétique, toxicité. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 52 Summary Fluoroquinolones are synthetic quinolone derivatives wich, in comparison with first generation quinolone, are characterized by a potent antibacterial activity and remarkable pharmacokinetic properties according to higyhly bioavailability and diffusion. The quinolones have evolving over the years from agents effective against enterobacteriaceae in urinary tract infection to those agents with antipseudomonal activity and minimal Gram-positive coverage, to those agents with good antipneumococcal coverage, and finally to agents with anaerobic activity. Acquired bacterial resistance to quinolones occurs by spontaneous mutations in chromosomal genes and can be limited by combination therapy. The most common adverse effects involve the gastrointestinal tract, skin and central nervous system and vary according to the structural modifications of the particular molecule. Key Words : fluoroquinolones, classification, pharmacokinetic, toxicity. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 52 Les quinolones constituent un groupe d’antibiotiques qui connaît un regain d’intérêt ces dernières années. L’introduction des quinolones en clinique a commencé avec l’acide nalidixique en 1962 comme chef de file des quinolones de première génération. Les limites des molécules appartenant à cette génération étaient en rapport avec leur spectre d’activité antibactérienne, limité uniquement aux bacilles à Gram négatif à l’exception du pyocyanique, à leurs propriétés pharmacocinétiques qui en avaient fait des antibiotiques à visée urinaire exclusive, à leurs effets secondaires et à leur aptitude à sélectionner des germes résistants (1,2). Ultérieurement, la recherche pharmaceutique s’est poursuivie afin de pallier les insuffisances des molécules de première génération. L’avènement des fluoroquinolones a mis à la disposition du clinicien une classe d’antibiotiques synthétiques dont les principales propriétés communes sont un large spectre antibactérien, une excellente biodisponibilité après administration orale, des propriétés pharmacodynamiques favorables et une toxicité modérée. L’action antibactérienne des quinolones est liée à l’inhibition de la réplication de l’ADN bactérien. Ce mécanisme d’action est commun à toutes les quinolones et résulte de l’inhibition de la DNA gyrase et de la topoisomérase IV bactérienne engendrant ainsi un effet bactéricide. La résistance bactérienne acquise aux quinolones se fait quasi-exclusivement par mutation de gènes chromosomiques. Cette résistance est croisée, à des degrés divers, entre les fluoroquinolones et reflète la conséquence de la modification structurale de la gyrase. Lorsqu’elles sont utilisées en monothérapie, les quinolones ont une aptitude particulière à sélectionner des micro-organismes résistants. Actuellement, la classification des quinolones fait distinguer quatre générations ; chaque génération se distingue par un renforcement et une extension du spectre antibactérien par rapport aux générations précédentes (3,4) (Tableau 1). Ainsi : - Les molécules de première génération sont destinées au traitement des infections urinaires à entérobactéries et ne sont pas utilisées dans le traitement des infections sysJ. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 52 témiques. Néanmoins, la mise au point d’une forme injectable par voie veineuse d’acide nalidixique a permis quelquefois son emploi dans les infections systémiques. - Les molécules de deuxième génération, correspondent aux premières fluoroquinolones (FQ). Les FQ sont des molécules synthétiques qui possèdent un atome fluor en position 6. L’addition d’un atome fluor est responsable d’une amélioration de l’efficacité, d’un renforcement de l’activité antibactérienne et d’une modification des propriétés pharmacocinétiques ce qui procure d’importants avantages par rapport à l’acide nalidixique. Les FQ de deuxième génération comprennent les FQ réservées au traitement des infections urinaires et les FQ systémiques. Le spectre antibactérien de ces molécules englobe, en plus des entérobactéries, P. aeruginosa et S. aureus. La ciprofloxacine reste la fluoroquinolone systémique la plus active sur P. aeruginosa. La péfloxacine était au départ très active sur S. aureus l’émergence de la résistance bactérienne chez S.aureus en limite actuellement l’utilisation dans le traitement des infections à staphylocoque notamment en réanimation. Les fluoroquinolones sont également actives sur les germes à multiplication intracellulaire pouvant être responsables de pneumopathies comme M. pneumoniae, Chlamydia et Legionella (5). - Les FQ de troisième génération, introduites depuis 1997, comme la lévofloxacine, la sparfloxacine et la grépafloxacine ont une activité plus marquée sur les cocci à Gram positif incluant S. pneumoniae et S. aureus sensible à l’oxacilline. En revanche, S. aureus résistant à l’oxacilline est beaucoup moins sensible. - Enfin, les molécules de quatrième génération, trovafloxacine, gatifloxacine et moxifloxacine sont actives sur les anaérobies. Le spectre très large des fluoroquinolones permet leur utilisation dans plusieurs types d’infection englobant les infections respiratoires, urinaires, cutanées et des tissus mous. En plus du spectre spécifique à chaque molécule, la sparfloxacine, la moxifloxacine, la gatifloxacine, la ciprofloxacine et l’ofloxacine sont actives sur les mycobactéries. LE POINT RAPIDE SUR LES FLUOROQUINOLONES B. Bouhaja Les profils pharmacocinétiques et pharmacodynamiques des fluoroquinolones sont très variables. Globalement, toutes les fluoroquinolones ont une bonne biodisponibilité. La biodisponibilité après administration orale varie entre 70% pour la ciprofloxacine, à 98% pour la gatifloxacine et 99% pour la lévofloxacine. Les concentrations sériques au pic varient entre 1,5 mg/l pour la grépafloxacine, à 1,6 mg/l pour la sparfloxacine et 5,9 mg/l pour la lévofloxacine. Les demi-vies des nouvelles fluoroquinolones sont assez longues pour permettre leur utilisation en dose unique journalière. Les taux de liaison aux protéines plasmatiques sont de 20% pour la gatifloxacine, 25% pour la lévofloxacine et 70% pour la trovafloxacine. L’excrétion est essentiellement rénale pour la lévofloxacine et la gatifloxacine et hépatique pour les autres (3,5). Malgré que les fluoroquinolones soient bien tolérées, plusieurs d’entre elles peuvent être cependant à l’origine d’effets secondaires spécifiques sévères. Les effets secondaires les plus fréquents concernent le tractus gastrointestinal, la peau et le système nerveux central (vertiges, céphalées). Les effets secondaires sont intimement liés à la structure chimique de chaque molécule (6). A titre d’exemple, le groupe halogène en position 8 rend compte de la phototoxicité de la sparfloxacine et de la clinafloxacine. Le groupe difluorophenyl est à l’origine de l’hépatotoxicité de la témafloxacine et de la trovafloxacine. La grépafloxacine peut entraîner des troubles gustatifs, la trovafloxacine provoque des vertiges chez environ 10% des malades traités. L’allongement de l’intervalle QT à l’électrocardiogramme peut se voir avec la sparfloxacine, la moxifloxacine et la grépafloxacine. La grépafloxacine a été d’ailleurs retirée du marché après sa commercialisation en raison d’une toxicité cardiaque sévère. Il en est de même pour la sparfloxacine en raison de sa toxicité dermatologique. La liaison des fluoroquinolones au magnésium explique les tendinites et les ruptures tendineuses qui peuvent survenir sous traitement. Les antiacides administrés par voie orale interfèrent avec l’absorption digestive des fluoroquinolones. La ciprofloxacine peut entraîner une diminution du métabolisme de la théophylline et des bases xanthiques majorant ainsi leurs taux sériques. Les quinolones sont contre-indiquées chez l’enfant et la parturiente en raison de leur chondrotoxicité. Néanmoins la toxicité des quinolones pour le cartilage osseux ne paraît pas aussi importante que ce qui a été présumée initialement. En résumé, introduites il y a quatre décennies, les quinolones forment un groupe d’antibiotiques qui ne cesse de se renouveler. Il offre, grâce aux spécificités des spectres antibactériens des molécules qui le composent, des possibilités thérapeutiques fort intéressantes. Ces molécules apportent un plus aussi bien dans le traitement des infections communautaires comme c’est le cas au cours des pneumopathies communautaires, que dans le traitement des infections nosocomiales. Leurs propriétés pharmacocinétiques et pharmacodynamiques permettent de les administrer par voie orale même dans le contexte d’infections systémiques. Néanmoins, des problèmes persistent concernant leur avenir à moyen et à long terme. D’une part leur toxicité paraît très liée à leur structure pharmacologique et a fait que certaines nouvelles molécules n’ont jamais été commercialisées ou ont été rapidement retirées du marché. D’un autre côté, bien qu’elles ne soient pas concernées par les mécanismes de résistance plasmidique, les quinolones ont une propension particulière à favoriser la résistance bactérienne par mutation chromosomique notamment sous traitement lorsqu’elles sont utilisées en monothérapie. Cette tendance, associée à l’utilisation assez large des quinolones en médecine vétérinaire, pourrait compromettre la place future des fluoroquinolones (7-9). Tableau 1. Classification, sites d’action et particularités du spectre antibactérien des quinolones Première génération ( à partir des années 1960) Urines Acide nalidixique (Negram®) Acide oxolinique (Urotrate®) Cinoxacine Entérobactéries Deuxième génération Urines (1986 – début des années 90) Enoxacine (Enoxor®) Norfloxacine (Noroxine®) Loméfloxacine (Logiflox®) Systémiques (1987 – début des années 90) P.aeruginosa Ciprofloxacine° (Ciflox®) S.aureus Ofloxacine° (Oflocet®) Germes atypiques* Péfloxacine (Péflacine®) Troisième génération (1997 ) Lévofloxacine (Tavanic®) Sparfloxacine° (Zagam®) Grépafloxacine (Raxar®) Clinafloxacine= Rosoxacine (Eracine®) Pneumocoque Quatrième génération (1998 - 2000) Trovafloxacine (Trovan®) Anaérobies Gatifloxacine° Moxifloxacine°(Avelox®) *Germes atypiques : Mycoplasma, chlamydia, legionella ; °molécules actives sur les mycobactéries. REFERENCES 1. 2. 3. 4. 5. BIBLIOGRAPHIQUES Le Goffic. Les quinolones, mécanismes d’action. In :JJ Pocidalo, F Vachon, B Regnier. 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Faculté de Médecine de Casablanca : Dr Abdelaziz Chlilek Promotion janvier 2002 / Faculté de Médecine de Rabat : Saad Kabbaj Adil Ababou Hicham Balkhi Ahmed Hijri Liste des nouveaux professeurs assistants : Juillet 2001 : Khatouf M Fès Septembre 2001 : Seifeddine Nejmi Casablanca Drissi Hammoudi Fatiha Hida Décembre 2001 : Mustapha Harrando Fès Ahmed Dlimi Marrakech Il s’agit de noms connus des lecteurs du JMAR. La qualité de leur contribution à l’épanouissement de l’anesthésie réanimation maghrébine a été hautement appréciée. Les titres de professeur ou de professeur assistant seront un stimulant supplémentaire que nos collègues jeunes chercheurs universitaires utiliseront pour faire progresser l’anesthésie réanimation maghrébine. 1 CONGRÈS MAGHRÉBIN D’ANESTHÉSIE RÉANIMATION : er La fédération des sociétés maghrébines d’anesthésie –réanimation ( FSMAR) organisera son premier congrès les 12 et 13 Avril à Casablanca ( centre des conférences Agora – Californie II ). Le XVe congrès de la SMAR aura lieu conjointement, même dates et lieu. Le programme scientifique comprendra des conférences d’actualisation et des communications libres. Les conférences d’actualisation en anesthésie, douleur, réanimation et urgences seront animées par des conférenciers français et Maghrébins. La SMAR fera un effort exceptionnel pour assurer la réussite de cette manifestation dont le rôle dans la promotion des liens inter-maghrébins est incontestable. La prise en charge totale (billets d’avion exclus) des conférenciers maghrébins et des délégations représentants les bureaux des sociétés membres de la FSMAR sera assurée par la SMAR. Les communicants tunisiens et algériens bénéficieront d’une prise en charge de 50% des frais de logement par la SMAR. Enfin tous les collègues maghrébins ( non originaires du pays organisateur ) bénéficieront d’une inscription gratuite. Voici l’une des offres de logement qui nous est parvenue : Hôtel Idou Anfa par personne avec petit déjeuner : en chambre double 442 dirhams TTC soit 45 Euro en chambre single = 632 dirhams TTC soit 63 Euro pour toute réservation contacter l'agence " Aux zones Libres" Tel : 00 212 22 47 27 47 - Fax : 00 212 22 47 27 69 Email : [email protected] L’ANESTHÉSIE – RÉANIMATION MAGHRÉBINE SUR LE WEB : En attendant la mise en place d’un site maghrébin d’anesthésie – réanimation la STAAR et la SMAR ont développé leur site Internet. www.staar-tunisie.net J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 54 www.smar.org.ma La vie d’un site dépend du nombre de visiteurs qu’il reçoit. Quotidiennement 2000 sites sont crées beaucoup sont voués à une disparition rapide. Si en réalité, il s’agit d’un phénomène de mode, il n’en demeure pas moins que chaque corporation se doit aujourd’hui d’avoir un espace de communication. La survie de nos sites, qui disposent de modestes moyens par rapport aux autres sites, dépend du niveau de participation des confrères. La richesse, l’attrait de nos sites résident dans l’effort d’imagination et de créativité de chacun d’entre nous. LE CLUB D’ANESTHÉSIE – RÉANIMATION AFRICAINE FRANCOPHONE : La troisième réunion du CARAF aura lieu à Paris. Les deux thèmes suivants ont été choisis : ● Médecine pré-hospitalière dans un pays en voie de développement. ● SIDA et Anesthésie – Réanimation. Les confrères africains qui souhaitent participer sont priés de contacter le président du CARAF, le professeur Wajdi Maazouzi ([email protected]). 7ème CONGRÈS PAN-ARABE - ALGÉRIE : 14-15 Septembre 2002 Arrivée des participants. 16-19 Septembre 2002 Programme scientifique. 20-22 Septembre 2002 Programme social. Contact :le Professeur Mohamed Dhrif au [email protected] LA VIE DE LA STAAR : Assemblée générale extraordinaire de la STAAR le 08 juin 2002 : La première partie de l’assemblée générale ordinaire qui a eu lieu le 26 janvier 2002 s’est déroulée dans une excellente ambiance. Un nombre record, plus de 100 médecins anesthésistes réanimateurs, ont participé à cette AG. Les rapports, moral et financier, ont été approuvés à une très large majorité. Plusieurs propositions de modifications du règlement intérieur ont été faites par les participants. Nous sommes 161 médecins anesthésistes – réanimateurs tunisiens en 2001 et ce chiffre augmentera annuellement de 20%. Une bonne majorité d’entre nous exerce dans le privé. Le poids du secteur hospitalier et de la capitale s’est atténué. L’implication de la STAAR dans les congrès internationaux nécessite une continuité dans l’action. Bref, l’actuel règlement intérieur nécessite un sérieux dépoussiérage, c’est probablement l’une des conclusions de cette assemblée générale. D’ailleurs, les élections qui ont eu lieu par la suite n’ont pas permis d’élire un nouveau bureau suite à une contestation du règlement intérieur. Voici le rapport moral lu par le président de la STAAR, le Professeur Abdelmajid Daoud. RAPPORT MORAL STAAR 2001 Chers Amis, Chers Collègues. Je voudrais d’abord vous souhaiter la bienvenue et vous présenter mes meilleurs vœux et ceux de tout le bureau pour une bonne et heureuse année 2002. Cette assemblée générale s’inscrit dans le cadre du statut de notre association. Elle est élective puisque les membres du bureau sont élus pour deux ans. Comme vous le savez le bureau compte désormais 8 membres au lieu de 5 depuis l’exercice 2000-2001. Cet élargissement du bureau a permis à mon avis une concertation et un échange d’idées plus larges. Cette dynamique a donné l’occasion à des jeunes de se roder à la vie associative et s’est traduite par une amélioration qualitative de notre activité scientifique aussi bien pour la formation continue (jeudi de la staar) I N F O R M AT I O N S pour les journées d’enseignement post universitaire ou pour le congrès national. Durant ces deux mandats 98-99 et 2000-2001 et grâce à votre contribution et notamment celle des membres du bureau nous avons institué les bases d’un travail démocratique, bannissant tout centralisme rigide, pour le bien de notre association et de notre spécialité. Un règlement intérieur a été adopté en assemblée générale. Il précise les moyens d’action de notre association, sa composition, et surtout son organisation administrative qui limite la présidence à 4 ans d’affilée au maximum. J’espère que cet esprit de transparence et de démocratie qui nous a animé pendant ces 4 années fera du chemin pour les années à venir. ACTIVITE 2001 : ● 20 Avril :Informatique médicale (en collaboration avec la STIM) ● 19 Mai : aspects médico-légaux et responsabilité en anesthésie. Pr J.M.Desmonts ● 23 Mai : L’anesthésie en ophtalmologie.(en collaboration avec la société d’ophtalmologie) Service d’anesthésie CHO Mongi Slim ● 24 Mai : La posture en neuro-chirurgie(Sce d’anesthésieréanimation Pr L.Skandrani) ● 23 –24 Octobre :L’ETO en anesthésie-réanimation.J.P. Goarin et B.Cholley ● 25 Octobre :Journées satellites du 19ème CNAR : Le don d’organes en Tunisie(Ph.Tuppin et S.Cohen) ● 26-27 Octobre : Le 19ème CNAR avec la participation de la STMU ● Le 11ème congrès de L’ATTAR COMITES DE LA STAAR : Comité de la formation continue ( MS Ben Ammar ) : Les jeudis de la STAAR qui ont connu un succès en 2001.Préparation des trois premiers jeudi. Comité de l’informatique ( M Ben Cheikh ) : création du site de la STAAR ( www.staar-tunisie.net) Comité de consensus ( M Houissa ) : N’a pas fonctionné Comité de la douleur ( A Chérif ): N’a pas fonctionné RELATIONS INTER-MAGHREBINES : Création de la Confédération Maghrébine des sociétés d’anesthésie réanimation regroupant les sociétés Tunisienne, Marocaine, et Algérienne. La société Mauritanienne a été représentée au derniers congres de la STAAR et son adhésion est acquise. Le premier congrés Maghrébin aura lieu au mois d’avril 2002 au Maroc. Il y aura deux conférences qui seront présentées par des tunisiens à part les dix ou quinze communications ou posters qui seront proposés par le bureau après le 31/01. Il a été prévu des facilités de transport ,d’hébergement et d’inscription pour les non marocains. Le deuxième CMAR aura lieu en Tunisie en 2004. Toujours dans le cadre des relations inter-maghrébines ,vous avez constaté que la revue Tunisienne d’anesthésie réanimation est devenue le Journal Maghrébin d’Anesthésie réanimation et il est largement diffusé au Maroc, en Algérie, en Afrique Francophone et en France. RELATIONS INTER-AFRICAINES : L’idée d’une confédération africaine regroupant les sociétés africaines francophones d’anesthésie réanimation fait du chemin ; déjà il y a le CARAF qui était à sa deuxième édition au mois de septembre dernier dans le cadre du congres de la SFAR. La STAAR a été présente au premier CPAAR d’anesthésie réanimation tenu en Afrique du sud au mois de septembre en la personne de son secrétaire général. La Tunisie a été choisie parmi d’autres candidatures pour organiser le 3 ème CPAAR en 2005. RELATIONS AVEC LA SFAR : Nous entretenons de bonnes relations avec la SFAR,ceci n’est pas nouveau. Ces relations se sont consolidées ces dernières années. Il y a déjà le CARAF ; j’étais invité au dernier congrès de la SFAR et comme mes collègues maghrébins j’ai coprésidé une séance consacrée à l’anesthésie loco-régionale. RELATION AVEC L’ IASP : Il y a le problème du chapitre tunisien qui n’a pas trouvé encore de solution, bien que les médecins anesthésistes réanimateurs soient largement majoritaires. La trésorerie de la STAAR débourse chaque année une importante somme d’argent pour inscrire ses membres à l’IASP mais on n’arrive pas à trouver un compromis avec la direction actuelle du chapter tunisien. ACQUISITION DE MATERIEL : Le bureau de la STAAR a fait un effort pour acquérir du matériel de micro-informatique (ordinateurs, imprimantes, scanners ) , photocopieuses ,destinés à encourager les équipes membres de la STAAR à l’élaboration de travaux scientifiques et à la formation des jeunes dans le domaine de l’anesthésie réanimation.. Il est clair que ce matériel doit rester à la disposition de l’équipe et non dans un bureau personnel. PROPOSITIONS : Le bureau a jugé utile de vous soumettre des propositions concernant l’activité scientifique et l’organisation administrative. L’activité scientifique : Vous savez que le bureau a déjà retenu l’idée de changer la périodicité de la journée du printemps. Elle sera organisée une fois tous les deux ans . Il y a aussi un problème qui concerne la date du CNAR. La proximité des congres de la SFAR et de l’ASA , des concours d’assistanat et d’agrégation ,rend nécessaire la révision de cette date , d’autant plus qu’il est important de coordonner avec les congrès de la SAARSIU (novembre) et de la SMAR (mars). La STAAR doit être, en principe, représentée lors de ces manifestations par des membres du bureau ou de la base. On peut donc proposer l’organigramme suivant : ● 2002 : Journées du printemps au mois d’avril. ● 2003 : 20ème CNAR au mois de juin ● 2004 : 2ème Congres Maghrébin au mois de juin avec le 21ème CNAR ● La journée du printemps qui sera dénommée journée d’hiver sera organisée au mois de décembre. ● 2005 : 3ème ( AAAC ) Congrès Pan Africain d’Anesthésie réanimation qui sera jumelé avec le 22 ème CNAR ● 2006 : 23 ème CNAR (juin) Journée d’hiver (décembre) 3ème Congrès Maghrébin L’organisation administrative de la STAAR : -Le règlement intérieur doit être revu et amendé pour éclaircir certains points comme : -Les conditions d’éligibilité au sein du bureau -Les conditions d’électeur (membre titulaire, radiation temporaire……) -Les élections ( renouvellement de la moitié, déroulement……) -La représentativité des régions autres que la capitale ou du privé au sein du bureau -L’adoption et l’application de la carte d’adhérent de la STAAR -La procuration : modalités d’établissement de la procuration qui est actuellement libre selon le règlement intérieur. Le président de la STAAR Abdelmajid DAOUD J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 55 Protocole P rr oo tt oo cc oo ll ee P EXTRAITS DES RECOMMANDATIONS DE LA SFAR POUR L’ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE Mars 1999 actualisation des recommandations issues de la conférence de consensus de Décembre 1992 PRINCIPES GÉNÉRAUX DU CHOIX D'UN ANTIBIOTIQUE POUR L'ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE Prescription de l'antibioprophylaxie : Cette technique thérapeutique s'applique à certaines chirurgies "propres" ou "propre-contaminées". Pour les chirurgies "contaminées" et "sales", l'infection est déjà en place et relève d'une antibiothérapie curative dont les règles sont différentes notamment en terme de durée de traitement, la première dose étant injectée en période préopératoire. Néanmoins, lorsque le patient est pris en charge précocement (traitement chirurgical avant la 6e heure), ce traitement curatif précoce s'apparente alors à une prophylaxie ; il doit prévenir non la contamination, mais l'évolution de l'infection déjà en place. Ces situations sont abordées en tant que telles dans ce document. L'antibioprophylaxie doit s'adresser à une cible bactérienne définie, reconnue comme la plus fréquemment en cause. Elle ne doit pas chercher à prendre en compte toutes les bactéries éventuellement rencontrées. Le protocole d'antibioprophylaxie doit comporter une molécule incluant dans son spectre cette cible bactérienne. Des travaux méthodologiquement acceptables doivent avoir validé son activité, sa diffusion locale et sa tolérance dans cette indication. Il est indispensable de sélectionner des molécules à spectre étroit d'activité et qui ont obtenu une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. L'antibioprophylaxie (administrée généralement par voie intraveineuse) doit toujours précéder l'acte opératoire (dans un délai maximum de 1h à 1h30) si possible lors de l'induction de l'anesthésie et durer un temps bref, période opératoire le plus souvent, parfois 24 heures et exceptionnellement 48 heures. Elle doit tendre vers un raccourcissement si des études l'autorisent. La présence d'un drainage du foyer opératoire n'autorise pas à transgresser ces recommandations. Il n'y a pas de raison de prescrire des réinjections lors de l'ablation de drains, sondes ou cathéters. Le caractère ambulatoire de la chirurgie ne fait pas modifier les protocoles habituellement utilisés. La première dose (ou dose de charge) est habituellement le double de la dose usuelle. Des réinjections sont pratiquées pendant la période opératoire, toutes les deux demi-vie de l'antibiotique, à une dose similaire, ou de moitié de la dose initiale. Les protocoles d'antibioprophylaxie sont établis localement après accord entre chirurgiens, anesthésistes et réanimateurs, infectiologues, microbiologistes et pharmaciens. Ils font l'objet d'une analyse économique par rapport à d'autres choix possibles. Leur efficacité est régulièrement réévaluée par une surveillance des taux d'infections postopératoires et des microorganismes res- ponsables chez les malades opérés ou non. L'alternance systématique avec d'autres molécules également valables pour la même indication peut être envisagée. Ainsi, dans chaque service de spécialité, faut-il établir une politique de l'antibioprophylaxie c'est-à-dire une liste des actes opératoires regroupés selon leur assujettissement ou non à l'antibioprophylaxie avec, pour chaque groupe, la molécule retenue et son alternative en cas d'allergie. De plus, les malades à risque infectieux élevé (ou toute autre situation justifiant) font l'objet d'une antibioprophylaxie particulière que l'on peut dire "personnalisée" (ou "à la carte"). Dans un même service, il est recommandé de choisir distinctement les molécules utilisées en antibioprophylaxie et en antibiothérapie curative. Les protocoles sélectionnés doivent être écrits, validés par le CLIN et le comité du médicament de l'établissement. Ces protocoles doivent impérativement être affichés en salle d'intervention. Les tableaux ci-après présentent l'actualisation 1998 des recommandations de la Conférence de consensus de 1992 (Promoteur : Société Française d'Anesthésie et de Réanimation). MALADES PRÉSENTANT UN RISQUE INFECTIEUX PARTICULIER 1. Sujets potentiellement colonisés par une flore bactérienne nosocomiale Il s'agit de sujets hospitalisés dans des unités à haut risque d'acquisition de ce type de flore : unités de réanimation, centres de long séjour ou de rééducation... le risque existe alors d'une colonisation par des entérobactéries multirésistantes ou du staphylococcus aureus méticilline-résistant. Il s'agit aussi de patients soumis à une réintervention précoce pour une cause non infectieuse. Pour tous ces patients, un dépistage du portage de ces bactéries "à problème" peut être préconisé. Le choix habituel de l'antibioprophylaxie peut être modifié par l'emploi isolément ou en association de molécules antibiotiques utilisées habituellement en traitement curatif (céphalosporines de 3ème génération, quinolones systémiques, aminosides de type amikacine et vancomycine). Les dérogations aux protocoles habituels doivent rester exceptionnelles. Le bénéfice potentiel pour le malade doit être évalué par rapport aux inconvénients pour la communauté : apparition de résistances bactériennes, coût. Le risque infectieux potentiel doit être clairement identifié. L'utilisation reste courte, limitée en général à la période opératoire. Coordinateur: Th. Pottecher (SFAR) J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 56 EXTRAITS DES RECOMMANDATIONS DE LA SFAR POUR L’ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE Les patients ayant reçu une radiothérapie, soumis à une chimiothérapie ou une corticothérapie, les patients présentant un diabète déséquilibré, ceux très âgés, obèses ou très maigres sont à haut risque d'infection postopératoire. Cependant ils présenteront des infections dues aux "bactéries cibles" de l'antibioprophylaxie. Aucune transgression des protocoles habituels n'est justifiée chez ces patients. 2. Sujets porteurs d'une cardiopathie congénitale (sauf CIA) ou d'une prothèse Si l'ABP pour un site chirurgical donné est antinomique avec celle prévue pour la prévention de l'endocardite, c'est cette dernière qui doit prévaloir. Chaque fois que cela est possible, il faut cependant essayer de prévenir le risque infectieux de la chirurgie et celui de l'endocardite. Lors d'une intervention chez un sujet porteur d'une prothèse articulaire, c'est la prophylaxie pour l'acte chirurgical prévu qui s'impose. 3. Transplantations La prévention des infections opportunistes liées à l'immunodépression (virales, fongiques et parasitaires) ne peut être envisagée ici. En ce qui concerne l'infection bactérienne, on peut schématiser deux situations : ● malade ambulatoire : l'infection post-opératoire est liée à des bactéries communautaires. L'ABP est choisie en fonction de l'organe greffé. ● malade potentiellement colonisé par une flore nosocomiale : l'ABP est adaptée en fonction de l'écologie locale et inclut des molécules habituellement réservées aux traitements des infections déclarées. CONCLUSIONS La prescription de l'antibioprophylaxie fait partie intégrante de la consultation préopératoire. L'anesthésisteréanimateur et le chirurgien disposent de tous les éléments nécessaires à la prise de la meilleure décision : acte opératoire prévu, antécédents du malade (allergiques, infectieux...), écologie de l'unité de soins...L'efficacité de l'antibioprophylaxie est prouvée pour de nombreux actes chirurgicaux, mais sa prescription doit obéir à certaines règles, établies au gré des nombreuses études menées sur ce sujet : ● Elle doit utiliser un antibiotique adapté à la fois à la cible bactériologique et à l'intervention concernée, afin ● d'obtenir des concentrations tissulaires efficaces sur le site de l'infection potentielle. ● Elle doit être débutée avant l'acte chirurgical, de manière à ce que l'antibiotique soit présent avant que ne se produise la contamination bactérienne. ● La durée de la prescription doit être brève, afin de réduire le plus possible le risque écologique de germes résistants entraîné par toute antibiothérapie. Une injection unique préopératoire a prouvé son efficacité dans de nombreuses spécialités chirurgicales. ● Des taux tissulaires efficaces doivent être maintenus tout au long de l'intervention, jusqu'à la fermeture. La couverture d'interventions de longue durée est assurée soit en utilisant un antibiotique à demi-vie longue, soit à l'aide de réinjections per-opératoires. ● Enfin, à efficacité égale, le praticien doit opter pour le produit le moins cher. ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE ET TRAUMATOLOGIQUE La fréquence de l'infection postopératoire en chirurgie prothétique articulaire est de 3 à 5 %. L'ABP doit permettre de réduire le taux d'infection à moins de 1%. Son bénéfice est d'autant plus net que l'intervention est réalisée en l'absence de flux laminaire. L'intérêt de l'antibioprophylaxie locale par ciment imprégné d'antibiotique n'est pas établi. Les reprises opératoires précoces pour un motif chirurgical non infectieux (hématome, luxation...) nécessitent une ABP différente de l'ABP initiale. On recommande la vancomycine dans cette indication. En outre, il peut être nécessaire de tenir compte des conditions écologiques propres au service ce qui peut conduire à l'adjonction d'une molécule AB active sur les bacilles à Gram négatif (BGN) hospitaliers (C3G par exemple). A l'inverse, les reprises tardives pour des causes mécaniques chez un patient ambulatoire ne nécessitent pas de modification de l'ABP initiale. Pour la mise en place d'une prothèse articulaire, il est possible de limiter la durée de l'antibioprophylaxie à la période opératoire. Bactéries cibles : S. aureus, S. epidermidis, Propionibacterium, streptocoques, E. coli, K. pneumoniae. ORTHOPEDIE - TRAUMATOLOGIE Acte chirurgical Prothèse articulaire Produit céfazoline céfamandole céfuroxime allergie : vancomycine* Posologie 2g préop (réinjection de 1g si durée > 4h) puis 1g/8 heures. Durée 48 h (ou limitée à la période opératoire) 1,5g préop (réinjection de 0,75g si durée > 2h) puis 0,75g/6 heures 48 h (ou limitée à la période opératoire) 1,5g préop (réinjection de 0,75 g si durée > 2h) puis 0,75g/6 heures 15 mg/kg préop puis 10 mg/kg/8 heures 48 h (ou limitée à la période opératoire) 48 h (ou limitée à la période opératoire) Coût (FF) 1999 106 171 233 936 J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 57 EXTRAITS DES RECOMMANDATIONS DE LA SFAR POUR L’ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE Chirurgie orthopédique avec mise en place de matériel, greffe osseuse, ligamentoplastie, fracture fermée céfazoline allergie : vancomycine* Chirurgie orthopédique autre et arthroscopie diagnostique Chirurgie du rachis Fracture ouverte (grades I et II de Gustilo et Anderson) Même type de fracture avec plaie souillée 15 mg/kg préop 31 à 46 dose unique 234 48 h 106 pas d'ABP voir neurochirurgie céfazoline péni A + IB** + gentamicine allergie : clindamycine + gentamicine péni A + IB** Polytraumatisme avec choc hémorragique dose unique (réinjection de 1g si durée > 4h) 2 g préop allergie : clindamycine + gentamicine 2 g préop (réinjection de 1g à la 4ème heure) puis 1g/8 heures 2g préop (réinjection de 1g si durée > 2h puis 2g/8h) 2 à 3 mg/kg/24h 600 mg (réinjection de 600 mg si durée > 4h) puis 600 mg/6h 2 à 3 mg/kg/24h. 2 g préop 600 mg 3 mg/kg 48h 278 48h 48h dose unique (réinjection de 1g si durée > 2 h) dose unique 440 31 à 47 76 * Indications de la vancomycine : ● allergie aux bêta-lactamines ● colonisation suspectée ou prouvée par du staphylocoque méticilline-résistant : réintervention chez un malade hospitalisé dans une unité avec une écologie à staphylocoque méticilline-résistant, antibiothérapie antérieure... ** Péni A + IB** : aminopénicilline + inhibiteur de bêta-lactamases. ANTIBIOPROPHYLAXIE POUR LA CHIRURGIE DIGESTIVE La chirurgie du tube digestif et/ou de ses annexes correspond soit à une chirugie propre (classe 1 d'Altemeier) en l'absence d'ouverture du tube digestif, soit le plus souvent à une chirurgie propre-contaminée de classe 2 lorsque le tube digestif est ouvert. Les données de la littérature sont maintenant suffisamment concordantes pour préconiser dans la majorité des cas une antibioprophylaxie limitée à une injection pré-opératoire éventuellement renouvelée pendant l'intervention en fonction de la pharmacocinétique de la molécule et de la durée de l'intervention (tableau ci-dessous). La coeliochirurgie obéit aux mêmes principes que la chirurgie traditionnelle car l'intervention sur le site est identique, sauf que la voie d'abord est différente ; une conversion en laparotomie est toujours possible et les complications infectieuses sont les mêmes. Il est souhaitable d'insister dans le cadre de cette chirurgie sur l'utilité d'uniformiser le protocole d'ABP dans une même unité de chirurgie, ce qui permet d'éviter les dérogations aux règles générales par multiplication des protocoles "à la carte". Cette attitude permet en outre une meilleure évaluation des résultats et des conséquences écologiques. Bactéries cibles : E. coli, S. aureus méticilline sensible, bactéries anaérobies (chirurgie sous-mésocolique). Le rôle pathogène de Enterococcus est discuté pour la chirurgie avec ouverture du tube digestif. CHIRURGIE DIGESTIVE Acte chirurgical Chirurgie digestive sans ouverture du tube digestif* Chirurgie gastro-duodénale (y compris gastrostomie endoscopique) Chirurgie biliaire Chirurgie pancréatique sans anastomose digestive Chirurgie hépatique Chirurgie oesophagienne (sans plastie colique) Hernie simple J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 58 Produit Posologie Durée céfazoline 2 g préop dose unique (réinjection de 1 g si durée > 4 h) allergie : clindamycine + gentamicine pas d'ABP 600 mg 2 à 3 mg/kg Dose unique (réinjection de 600 mg si durée > 4h pour la clindamycine) Coût (FF) 1999 31 à 46 71 à 120 EXTRAITS DES RECOMMANDATIONS DE LA SFAR POUR L’ANTIBIOPROPHYLAXIE EN CHIRURGIE Hernie ou éventration avec mise en place d'une plaque prothétique Chirurgie colo-rectale, appendiculaire** et de l'intestin grêle (y compris anastomose biliodigestive et plastie colique) céfazoline 2 g préop Dose unique (réinjection de 1g si durée > 4 h) 21 à 32 allergie : clindamycine + 600 mg 71 à 120 gentamicine 2 à 3 mg/kg Dose unique (réinjection de 600 mg si durée > 4h pour la clindamycine) céfotétan 2 g préop dose unique (réinjection de 1g si durée > 3h) céfoxitine 2 g préop péni A + IB*** 2 g préop dose unique (réinjection de 1 g si durée > 2 heures) dose unique (réinjection de 1g si durée > 2 heures) allergie : imidazolé + gentamicine imidazolé voir ci-dessus chirurgie colorectale Chirurgie proctologique Plaies de l'abdomen 135 à 170 1 g préop et 2 à 3 mg/kg pour la dose unique gentamicine 0,5 g préop dose unique voir ci-dessus c h i r u r g i e 48h colorectale 43 à 64 31 à 46 88 13 * la prophylaxie des infections tardives post splénectomie n'entre pas dans le cadre de ces recommandations. ** appendice normal ou inflammatoire et absence d'abcès, de perforation, de gangrène... Antibioprophylaxie en chirurgie gynécologique et en obstétrique Pour les hystérectomies par voie vaginale, l'efficacité de l'ABP et ses modalités (dose unique avant l'induction) sont bien documentées (tableau ci-dessous). Pour la chirurgie gynécologique par voie haute, malgré les résultats contradictoires de certaines études, l'analogie avec la chirurgie abdominale de classe 2 justifie de préconiser une antibiothérapie similaire y compris pour la coeliochirurActe chirurgical CHIRURGIE GYNECOLOGIQUE ET OBSTETRICALE Produit Posologie Durée Hystérectomie et autres interventions par voie vaginale. Hystérectomie par voie abdominale Coeliochirurgie. allergie : Césariennes céfazoline Interruption volontaire de grossesse Chirurgie mammaire : ● tumeur du sein : Patey ● pose de gaines vectrices pour curithérapie ● reconstruction mammaire (prothèse ± lambeau du grand dorsal ou lambeau libre ou pédiculé du grand droit) ● chirurgie plastique du sein Tumeur du sein tumorectomie simple gynécomastie Plastie aréolo-mamelonnaire Dispositif intra-utérin Coût (F) 1999 2g préop (réinjection de 1g si dose unique 31 à 46 durée > 4h) dose unique 64 dose unique 31 dose unique 43 doxycycline 600 mg/6h 2 à 3 mg/kg/24h 2 g après clampage du cordon ombilical 600 mg après clampage du cordon ombilical 200 mg per os céfazoline 2 g préop 600 mg + 2 à 3 clindamycine + gentamicine céfazoline allergie : clindamycine ● ● gie. Pour les césariennes, il existe un consensus pour n'injecter l'antibiotique qu'après clampage du cordon ombilical. L'ABP en chirurgie mammaire n'a été validée que par une étude. Une céphalosporine active sur les staphylocoques (céfazoline, céfamandole, céfuroxime) peut être préconisée. Bactéries cibles : bactéries anaérobies, streptocoques, E. coli, S. aureus allergie : clindamycine + gentamicine 600 mg 2 à 3 mg/kg 1 heure avant l'aspiration dose unique (réinjection de 1g si durée > 4h) dose unique (réinjection de 600 mg à la 4ème heure pour la clindamycine) 31 à 46 71 à 120 pas d'ABP pas d'ABP pas d'ABP J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 59 XVe Congrès National de la SMAR 1er Congrès de la Fédération des Sociétés Maghrébines d’Anesthésie et de Réanimation Les 12/13 Avril 2002 Casablanca- Centre de conférences l’Agora PROGRAMME SCIENTIFIQUE Ve n d re d i 1 2 Av r i l 8h30-10h00 : - Seance Posters I - Séance Posters II 10h30-13h00 - Conférences d’actualisation : Salle Agora - Evaluation du risque cardiaque en chirurgie non cardiaque - Age, anesthésie et cerveau : implications pour l’anesthésie du sujet âgé - La transfusion sanguine : nouvelles recommandations - Conseils pour le bon usage des antibiotiques en réanimation 13h00 -14h30 14h30-16h30 17h00-18h30 Salle Chawqi Salle Fès - Table ronde I « coopération SFAR-Sociétés maghrébines » Salon Minzah - Conférences d’actualisation : Salle Agora - Ventilation non invasive au cours de l’IRA post-opératoire - Arrêt circulatoire : quoi de neuf ? - Places des anticox 2 dans l’analgésie post-opératoire - Analgésie post - opératoire en chirurgie ambulatoire - Séance posters III - Séance Posters IV - Séance Posters V (M. Pinaud) (A. Léon) (A. Lienhart) (P. Montravers) (A. Chérif) (L.Louardi) (J.J. Eledjam) (M. Nejmi) Salle Agora Salle Chawqi Salle Fès Samedi 13 Avril 8h30-10h00 10h30-13h00 - Séance posters V I - Séance posters V II - Table ronde II “ La rédaction médicale” Salle Chawqi Salle Fès Salle Agora - Conférences d’actualisation : Salle Agora - Blood patch = pourquoi, quand, comment? - Règles d’hygiène pour la prise en charge anesthésique du patient contaminant ou septique - Quel moteur pour l’amélioration des soins = la crainte du procès ou l’analyse du risque ? - Complications post-opératoires de la chirurgie de l’aorte abdominale - Prise en charge des hémorragies intracérébrales (J.J.Eledjam) (P.Montravers). (A. Lienhart) (A. Azzouzi) (A. Léon) 14h00 -16h00 - Séance posters VIII Salle Agora Salle Chawqi - Table ronde III « Y aura-t-il pénurie en anesthésistes réanimateurs au Maroc ? » (réunion de la Fédération Nationale des Anesthésistes Réanimateurs) - Table ronde IV Salle Fès ( Réunion de l’Association Marocaine des Infirmiers Anesthésistes Réanimateurs) 16h30-18h00 - Conférences d’actualisation : Salle Agora - Pourquoi je ne mets plus de Swan Ganz - Sédation en réanimation : nouvelles approches - Comment optimiser la gestion du bloc opératoire - Quel monitorage pour un pays en voie de développement ? Réservations Hôtels : [email protected] Sit internet : www.smar.org.ma J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 60 (M. Pinaud) (M.S Ben Ammar) (W. Maazouzi) (J.M. Desmonts) J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 63 Journal Maghrébin d’Anesthésie-Réanimation et de Médecine d’urgence R É S U M E O C T O B R E - Vol. VIII- 2 0 N° 0 34 1 LA MORBIDITE ANESTHESIQUE DE LA COELIOCHIRURGIE EN URGENCE A Guartite, MA Boudrka, A Bouaggad, O Abassi, H Louardi. J. MAGH. A. RÉA. - VOL VIII - P. 227 le but de cette étude est d'analyser les contraintes et les accidents per- anesthésiques liés a la réalisation de la cœlioscopie en urgence. Durant 15 mois, 200 patients opérés sous cœlioscopie au bloc des urgences viscérales sont étudiés. 70 en urgence (GI) et 130 programmées (GII). Nous avons comparé dans les deux groupes les modifications hémodynamiques (Pouls,TA), les modifications respiratoires (Spo2, PteCo2) et les différents accidents survenus en per-anesthésie. Les caractères démographiques et la classe ASA étaient comparables pour les deux groupes. Les patients du GI étaient opérés pour péritonite (54%), occlusion (17%) et cholécystite (14%). la durée moyenne d'intervention était de 3 heures. les patients du GII étaient opérés pour une lithiase biliaire dans 92% des cas. la durée moyenne d'intervention était de 1h 30 minutes. les modifications hémodynamiques et respiratoires globales étaient identiques dans les deux groupes. les accidents respiratoires étaient significativement plus fréquents dans le cadre de l'urgence ( 10% vs 0,7% avec p = 0,001) en rapport essentiellement avec la pathologie chirurgicale urgente (péritonite, occlusion) qui s'accompagne d'une élévation de la pression intra- abdominale et la durée de l'intervention plus longue, exposant ainsi à une diffusion importante du CO2. Ces résultats suggèrent la nécessité d’une sélection des patients selon leur terrain et la pathologie chirurgicale pour une meilleure sécurité pour le patient. Mots clés : cœliochirurgie - anesthésie - urgence - morbidité LA CURARISATION EST- ELLE NÉCESSAIRE POUR LE PNEUMO-PÉRITOINE LORS DE LA CELIOSCOPIE ? M. Daghfous1, A. Cherif1, R. Nouira2, H. Ellouze1, S. Ouerghi1, N. Najah2, A. Daoud1 J. MAGH. A. RÉA. - VOL VIII - P. 230 Il a été démontré, sur un modèle animal, que la curarisation ne modifie pas la compliance abdominale lors du pneumopéritoine chez les porcs. Le but de cette étude prospective a été de vérifier cette hypothèse chez l’homme. Matériel et méthodes : Nous avons inclus dans cette étude les patients ASA I, prévus pour une cholécystectomie sous coelioscopie. L’induction de l’anesthésie générale a été faite par du Propofol (2 mg / kg) et du Fentanyl (2 mg / kg). L’intubation a été réalisée sous Succinylcholine (1 mg / kg). L’entretien de l’AG a été fait par le Propofol en perfusion, un mélage N2O / O2 et des réinjections de Fentanyl. La curarisation a été monitorée par un Twitch tester. Une fois la curarisation initiale levée, On insuffle le pneumopéritoine jusqu’à atteindre une pression intra abdominale (PIA) de 12 mm Hg. on note, alors les Pressions intratrachéales (PIT) et le volume de CO2 insuflé. On injecte ensuite le Vécuronium (0.1 mg / kg). On refait les mêmes mesures après installation de la curarisation. Les critères de jugement ont été les PIT et la compliance abdominale avant et après curarisation.Les résultats ont été exprimés en moyenne ± DS. Nous avons utilisé le test non paramétrique de Wilcoxon pour séries appariées. Un p<0.05 a été considéré comme seuil de signification. Résultats : Nous avons inclus 10 malades. La compliance abdominale a augmenté de façon significative après l’injection de curare : 0.28 ± 0.13 L / mmHg versus 0.33 ± 0.09 L / mm Hg. Les PIT n’ont pas été modifiées par la curarisation. Conclusion : Contrairement au modèle animal, la curarisation améliore la compliance abdominale lors du pneumopéritoine. Mots clés : coelioscopie, curarisation LES VARIATIONS HEMODYNAMIQUES EN COELIOCHIRURGIE (A propos de 30 cas de cholécystectomie) R. Badaoui, G. Galan, M.Ouendo, N.Hassi, M. Riboulot, M. Ossart. J. MAGH. A. RÉA. - VOL VIII - P. 232 Objectif : I'évaluation des variations hémodynamiques au moyen d’un doppler oesophagien (ODM II) lors de cholecystectomie par voie laparoscopique Matériel et méthode : un effectif de 30 patients (90% ASA I et II, 10% ASA III) bénéficiant d'un monitorage ODM Il.Les paramétres fournis par l'appareil et retenus pour l'étude sont les suivant: - Le débit cardiaque : COe en l.min- 1 - Le volume d'éjection SVe en ml - Le parcours d'éjection ( stroke distance ) SD en cm - Le pic de vélocité PV en cm.s -1 -La durée d'éjection corrigée FTc en ms -L'accélération moyenne MA en cm.s -2 Ces paramétres sont mesurés aux différents temps de l'intervention Résultats : La constitution du pneumopéritoine s'accompagne d'une baisse de débit de 25%a et n'est pas aggravée secondairement par la mise en proclivité. Le paramétre reflet de la précharge (FTc) n'est que peu abaissé, grâce au maintien d'une pression d'insufflation basse (12 mmHg) et une mise en proclivité modérce (15°). A l'inverse, la post-charge dont rend compte le pic de vélocité (PV), le parcours d'éjection (SD) et pour une moindre part l'accélération moyenne MA, sont trés augmentés, malgré le recours aux halogénés. Conclusions : Les variations restent similaires à celles retrouvées lors d'études identiques menées par d'autres moyens de monitorage, essentiellement invasifs. L'inocuité de la surveillance hémodynarnique par doppler transoesophagien et la validité des résultats obtenus méritent d'être précisés lors d'études ultérieures. Mots clés: doppler oesophagien - coeliochirurgie- hémodynamique L’ÉRYTHROCYTAPHÉRÈSE : UNE NOUVELLE TECHNIQUE D’AUTOTRANSFUSION Kolsi K 1,Rekik H 2, Masmoudi A 1, Ayoub N 1, Charfi M 1, Khemakem A 1, Gargouri J 2, Karoui A 1. J. MAGH. A. RÉA. - VOL VIII - P. 237 But de l’étude : L’hémodilution normovolémique préopératoire par érythrocytaphérèse a été proposée comme alternative à la TAP quand celle ci est impossible à réaliser. L’objectif de cette étude prospective est d’évaluer l’intérêt de la pratique de cette nouvelle technique d’autotransfusion en terme d’épargne de produits sanguins homologues et surtout de vérifier sa tolérence pendant et après l’aphérèse. Matériel et Méthodes : Après accord du comité d’éthique de notre établissement, vingt quatre patients programmés pour une intervention potentiellement hémorragique et dont le programme de transfusion autologue programmé est impossible à réaliser, avaient donné leur consentement écrit pour la pratique de l’hémodilution normovolémique préopératoire par érythrophérèse. Les critéres d’exclusion de cette étude prospective sont : L’âge supérieur à 70ans ou inférieur à 18 ans,un taux d’hémoglobine inférieur à 12 g.dl-1, l’infection, Ag HBs ou HIVpositif, la cirrhose, les cancers,l’insuffisance cardiaque sévère décompensée ou l’insuffissance coronarienne. Le protocole d’hémodilution est réalisé au Centre Régional de Transfusion Sanguine(CRTS) 24 à 72h avant l’intervention, à l’aide d’un séparateur de cellules à flux discontinu MCS 3p (Haemonetics) utilisé habituellement pour la plasmaphérèse. Il est équipé d’un kit spécial.Le sang total est prélevé, anticoagulé avec du CPD 50. La séparation des globules rouges, de la couche leuco-plaquettaire et du plasma se fait instantanément dans un bol de centrifugation. Lorsque le volume de globules rouges atteint 250 ml, la phase de prélèvement est interrompu. Les érythrocytes sont transférés dans la première poche de recueil, tandis que le plasma et la couche leuco-plaquettaire sont restitués au patient par la même voie veineuse. Le volume globulaire prélevé est compensé à 200 % par une solution éléctrolytique type Ringer Lactate.Analyses statistiques : Les résultats sont exprimés en moyenne avec les extrêmes ou+ DS. Résultats : L’âge moyen des patients est de 50,3 ans avec des extrêmes de 18 et 70 ans. Les 3/4 des malades sont de la classe ASA I ou II. L’hémodilution a été assez bien toléré cliniquement ; en effet, on a noté un léger malaise dans deux cas à la fin du prélévement, Une hypotension artérielle dans 1cas, des nausées ou vomissements dans deux cas,des céphalées dans 1cas et des paresthésies des extrémités dans 1cas. Très souvent ces incidents entraînnent l’arrêt de la procédure. Un seul incident technique (perforation du kit) est survenu lors de la réalisation du 1er cas. Le volume total de GR prélevé par patient est en moyenne de 2,75 CGR + 0,4.A la fin de l’aphérèse l’hématocrite moyen est de 34,4% + 3,3 .83,4% des malades n’ont pas necessité le recours à transfusion homologue. Conclusion : L’érythrocytaphérèse est une technique réalisable en routine, elle ne présente pas de risque pour les malades. Elle devrait permettre d’élargir encore l’éventail des techniques d’autotransfusion. Mots clés : Hémodilution, érythrophérèse, transfusion autologue. BILAN TOPOGRAPHIQUE DES LESIONS TRAUMATIQUES CHEZ 300 ACCIDENTES OBSERVES A L’HÔPITAL GENERAL DE YAOUNDE. J, Bahebeck 1. M, Ngowe Ngowe2 . F, Binam3 . A, Essomba2 . M, A, Sosso2. J. MAGH. A. RÉA. - VOL VIII - P. 246 Objectif : le but de ce travail était de ressortir Le bilan sectoriel des lésions traumatiques dans une série de patients traumatisés observés en phase hospitalière à l’Hôpital Général de Yaoundé pendant une période de 5 ans. Methodologie : Nous avons consécutivement sélectionné 300 dossiers complets de patients admis vivants pour traumatisme sur une période de 5 ans. Ces dossiers ont été rétrospectivement analysés sur le triple plan clinique, imagérique et opératoire. Les lésions ont étés classées par système neurochirurgical permettant de calculer la fréquence d’atteinte de chaque secteur . Resultats : L’âge moyen de la série était de 30 ans, le sex-ratio de 2,8 en faveur des hommes et 60 pour cent des traumatismes étaient dus à un accident de la voie publique. Les systèmes moteur et neurochirurgical étaient affectés chacun chez respectivement 59 et 38 pour cent des patients. 10 % des patients présentaient une association de ces 2 secteurs . Trois quarts des lésions motrices étaient des fractures; la majorité des lésions neurochirurgicales étaient complexes et de pronostic réservé .Quant aux autres quatre secteurs , le thorax était affecté chez 10 % des patients, la face et ltabdomen chez 6 % chacun ; et, en fin l’arbre urogénital chez 3,3 % des patients. Conclusion : Notre étude montre que les secteurs moteur et neurochirurgical sont les plus vulnérables au traumatismes comme dans la grandes majorité des séries littéraires. On est donc amené à admettre qu’il s’agirait là d’un phénomène universel auquel les sociétés à faible revenu n’échappent pas. Mots clés : Secteur Moteur, Secteur Neurochirurgical, Traumatisme, Bilan Sectoriel . J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 61 L’EMBOLIE GRAISSEUSE POST-FRACTURAIRE A PROPOS DE HUIT OBSERVATIONS 24 49 9 M. Boughalem, M.A. Semkaoui, K. El Guelaa, M. Zoubir, R. Hssaida, R. Seddiki - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 2 L’embolie graisseuse post-fracturaire est une complication peu fréquente des traumatismes osseux portant sur les os longs. Son diagnostic est souvent difficile du fait de sa présentation clinique polymorphe et de l’absence d’examen paraclinique spécifique. Son traitement est purement symptomatique et son pronostic est actuellement favorable, lié à l’atteinte respiratoire et/ou neurologique. Nous rapportons dans ce travail 8 cas d’embolie graisseuse post-fracturaire colligés rétrospectivement en 6 années. Il s’agit de 8 hommes dont l’âge moyen est de 27 ans. L’intervalle libre était en moyenne de 6 heures. Les manifestations neurologiques rencontrées chez tous les patients ont été les plus évocatrices, suivies des manifestations respiratoires et cutanéomuqueuses notées respectivement dans 62 p.100 et 50 p.100 des cas. Sur le plan biologique, les anomalies hématologiques et l'hypocholestérolémie ont été inconstamment notées. L’évolution a été favorable chez 6 patients. Les auteurs insistent sur l'intérêt du diagnostic précoce et le renforcement des mesures préventives gage d'un meilleur pronostic Mots clés : embolie graisseuse- fracture des os longs- fractures multiples. LA COELIOSCOPIE EST-ELLE LA METHODE PREFEREE POUR CHOLECYSTECTOMIE EN CAS D’OBESITE MORBIDE ? 25 52 2 Kolsi. K 1- Frikha. N 1 - Masmoudi. A 1 - Mesddi. A2 - Beyrouti. I 1 2 - Karoui. A 1 - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 2 1-Service d’Anesthésie - réanimation, 2-Service de chirurgie viscérale, CHU H. Bourguiba Sfax, Tunisie. La cœlioscopie présente un bénéfice post opératoire certain en cas d’obésité majeure, avec une diminution du risque respiratoire et thromboembolique en particulier. Par contre, les difficultés du management anesthésique per opératoire sont moins bien documentées. Nous rapportons l’observation d’un homme de 43 ans avec une obésité majeure ( Index de masse corporelle égale à 42.4 kg.m-2) opéré pour cholécystectomie sous cúlioscopie. Aprés insufflation péritonéale, on a noté une forte augmentation de la pression intra thoracique ( pression de crête à38 cm d’H2O) et deux épisodes de désaturation (SpO2 à 88%). Mots clés : Obésité morbide, laparoscopie, anesthésie. BLOC NEUROMUSCULAIRE PROLONGÉ APRÈS SUXAMÉTHONIUM PAR DÉFICIT EN PSEUDOCHOLINESTÉRASES PLASMATIQUES 25 54 4 M. Harandou*, A. Mahmoudi**, A. El Hijri*, M. Merbouh**, A. Taj**, A. Atmani*** - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 2 Le suxaméthonium, curare de choix pour l’induction à séquence rapide, a comme particularité d’avoir une durée d’action courte du fait de son hydrolyse rapide par les pseudocholinestérases. Ce métabolisme explique néanmoins la possibilité de bloc neuromusculaire prolongé en cas de déficit en cholinestérases plasmatiques. Nous rapportons l’observation d’une curarisation de 4 heures après une dose unique de 1mg. kg-1 de sucinylcholine chez une femme de 30 ans, du fait d’un déficit en cholinestérases (1322 UI. L-1 pour une normale de 2800 à 7400 UI. L-1). Les causes de déficit acquis ayant été éliminées, l’inhibition enzymatique par la dibucaïne à 66,25% était en faveur du variant génétique atypique. Mots clés : Suxaméthonium – Curarisation prolongée – Déficit en cholinestérares plasmatiques. PANCREATITE AIGUE GRAVE COMPLIQUEE DE PERFORATIONS DIGESTIVES ETENDUES 25 57 7 B. Hmamouchi, M.A. Bouderka, M. Ouafi, O. Abassi - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 2 Les auteurs rapportent un cas de pancréatite aigue grave (PAG) compliquée de perforations digestives chez une patiente de 38 ans. Les données cliniques et paracliniques ont conclu à une PAG stade E de Baltazar. Une première intervention était décidée devant l'absence d'amélioration clinique et qui a montré une PAG avec nécrose étendue sans perforations digestives, quatre jours après, une deuxième intervention a été indiquée devant la suspicion d'une péritonite et dont l'exploration a montré des perforations multiples : de la petite courbure de l'estomac, du colon transverse, du duodénum, du cœcum et une thrombose vasculaire dans le mésocolon, la conduite était l'abstention chirurgicale. A travers cette observation, les auteurs insistent sur la rareté des complications mécaniques notamment les perforations digestives dont le diagnostic est difficile et souvent tardif. Le doute diagnostique doit conduire à une chirurgie précoce avec une exploration minutieuse, car ces complications peuvent être méconnues et rapidement évolutives, leur présence met en jeu le pronostic vital des patients. Mots clés : Chirurgie - Pancréatite aigue grave - Perforation digestive - Réanimation ASCITE CHYLEUSE DUE A UNE PANCREATITE AIGUEA PROPOS D'UN CAS 25 59 9 F.Noomane ; K.Zouari ; M. Nasr ; M. Ketata ; A. Hamdi - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 2 Les auteurs rapportent une observation d'ascite chyleuse aiguë (chylopéritoine aigu) d’étiologie inhabituelle. La pathologie causale était une pancréatite aiguë œdémateuse. La symptomatologie clinique était faite d'un syndrome appendiculaire. Le diagnostic était alors posé en per-opératoire. L’évolution était favorable avec disparition rapide de l’ascite qui était concomitante avec la régression de la pancréatite. L'ascite chyleuse est une entité rare, définie par un aspect lactescent du liquide d'ascite associé à un taux de triglycérides dans l'ascite supérieur à 1,5 mmol/l. Son pronostic est généralement bon. Son traitement dépend de l’étiologie causale, mais nécessite dans tous les cas l’évacuation de la chyle qui est dotée des propriétés irritatifs et adhéranciels sur le péritoine. A la lumière de cette observation, la pathogénie ,la symptomatologie clinique et l’attitude theurapeutique sont discutées. Mots clés : Ascite chyleuse. Pancréatite LE PNEUMOPERITOINE : UNE COMPLICATION EXCEPTIONNELLE DE LA CHIMIOEMBOLISATION ARTERIELLE HEPATIQUE P .. 2 26 62 2 I.BENZEKRI, A.ABABOU, M.KHATOUF, A.AMAROUCH, C.LAZREQ, A.SBIHI - J. MAGH. A. RÉA. - VOL VIII - P Le carcinome hépatocellulaire représente 90% des tumeurs malignes primitives du foie, il se développe le plus souvent sur un foie cirrhotique. La chimioembolisation, utilisée quand la chirurgie est contre indiquée, peut être responsable de complications souvent bénignes, exceptionnellement fatales. Le pneumopéritoine post chimioembolisation est une complication exceptionnelle non retrouvée dans la littérature consultée. La chimioembolisation induit une nécrose hépatique avec formation de gaz en intra tumoral. Le pneumopéritoine est dû à la rupture de la tumeur avec passage de ses contenus gazeux et liquidien dans la cavité péritonéale. Cette rupture tumorale est favorisée par la taille et /ou le siège de la tumeur. Mots clés : Carcinome hépatocellulaire – Chimioembolisation – Pneumopéritoine. TROUBLE DE L’HÉMOSTASE ET RISQUES HÉMODYNAMIQUES AU COURS DE L’INSUFFISANCE HÉPATIQUE AIGUË GRAVE (À PROPOS D’UN CAS AU CNHU-C) 26 65 5 D. Atchadé*, A-RAguémon*, A. T. Diallo*, K.O. Bagnan** - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP.. 2 L’hépatite aiguë est une affection relativement fréquente en Afrique, où elle constitue un problème de santé publique. L’insuffisance hépatique aiguë grave est une complication rare (1%) mais sévère de l’hépatite aiguë. Sa mortalité reste toujours très élevée (75% des cas) malgré d’indiscutables progrès dans les connaissances physiopathologiques ainsi que dans les traitements. De nombreux traitements existent actuellement (la transplantation hépatique, le foie bioartificiel). Toutefois, le simple traitement médical bien conduit garde toujours sa place. Les auteurs insistent également sur les risques hémodynamiques par spoliation sanguine et sur certains signes cliniques pouvant faire égarer le diagnostic comme en témoigne leur observation. Mots clés : Hépatite fulminante, Encéphalopathie, Œdème vasogénique et cytotoxique. UTILISATION DES THROMBOLYTIQUES ET ANTITHROMBOTIQUES DANS L’ACCIDENT VASCULAIRE CEREBRAL ISCHEMIQUE A LA PHASE AIGUE. P .. 2 27 74 4 S. KABBAJ, H. ISMAILI, W. MAAZOUZI. - J. MAGH. A. RÉA. - VOL VIII - P L’accident vasculaire cerebral ischémique(AVCI) est une véritable urgence médicale nécessitant un diagnostic rapide et un traitement adequat. Les auteurs se proposent de passer en revue les différents moyens pharmacologiques thrombolytiques et antithrombotiques utilisés dans l’accident vasculaire cérébral ischémique à la phase aiguë afin d’offrir une approche thérapeutique pratique. Il ressort de revue de la littérature que la thrombolyse intraveineuse par le t-PA est recommandée dans les 3 premières heures après la survenue de l’AVCI en respectant certains critères d’exclusion. La thrombolyse intraartérielle est réservée aux AVCI vus plus tardivement (entre la 3ème et la 6ème heure). L’aspirine a prouvé son efficacité dans la prévention de la récurrence des AVCI. L’héparine utilisée à faibles doses prévient efficacement la thrombose veineuse chez les patients hémiplégiques. L’héparine à fortes doses est réservée aux AVCI d’origine cardioembolique, aux états d’hypercoagulabilité et à la dissection de l’artère carotide ou vertébrale. Mots-cles : accident vasculaire cérébral ischémique, thrombolytiques, antithrombotiques, antiplaquettaires. PHYSIOPATHOLOGIE DE LA DOULEUR EN RHUMATOLOGIE Samir Kochbati* ; Fatma Boussema* ; Ben Fadhel Kamel** ; Golsom Ben Amor* ; Moadh Ben Miled** ; ***M. Montasser Kchir ; Lilia Rokbani 27 78 8 * - J. Magh. A. Réa. - VOL VIII - PP .. 2 La douleur est un symptôme omniprésent en rhumatologie. Sa physiopathologie reste un phénomène complexe faisant intervenir des mécanismes locaux, mais également des modifications des structures centrales impliquées dans les voies de la douleur. La complexité de l’étude de la douleur, en particulier articulaire est accentuée par les multiples influences environnementales, psychologiques ou constitutionnelles. Les progrès récents de la neurophysiologie et de la neuro-anatomie ont conduit à la découverte de médiateurs impliqués dans la physiopathologie de la douleur. Nous envisageons successivement l’origine anatomique de la douleur, les mécanismes physiopathologiques locaux et centraux et enfin les facteurs psychosociaux qui peuvent influencer la douleur. Mots-cles : douleur, thysiopathologie, rhumatologie. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 62 J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 66 R E C O M M A N D A T I O N S A U X A U T E U R S Le Journal Maghrébin d’Anesthésie-Réanimation et de Medecine d’Urgence.(Fédération Maghrébine des sociétés d’Anesthésie-Réanimation) FMSAR publie des mémoires originaux, des revuesgénérales, des mises au point, des notes techniques, des faits cliniques, deslettres, des éditoriaux concernant l’anesthésie, la réanimation et la médecine d’urgence. Ces travaux doivent être conformes aux instructions ci-dessous. Elles sont dénvées des nommes de présentation des manuscnts proposées par le comité international des rédacteurs de joumaux médicaux, connu sous le nom de groupe de Vancouver(Internationa Committee of Medical Journal Editors.Uniform requirements for manuscripts submitted to biomedical journals.N E ngl J MED 1997; 336: 309-316. Les travaux soumis sont conformes aux recommandations éthiques de la déclaration d’Helsinki et doivent avoir été soumis, s’ils le requièrent, à un comité d’éthique. Quand un travail a été soumis à cette institution, il doit en étre fait mention dans le texte. S’il s`agit d’accidents en relation avec un médicament, ils doivent avoir été signalés, avant publication, au centre régional de pharmacovigilance dont dépendent l’(les) auteurs(s), conformément aux bonnes pratiques de pharmacovigilance. S’il s’agit d’accidents en relation avec un dispositif médical, ils doivent avoir été signalés, avant publication, au ministère de la Santé (Direction des Hôpitaux, équipements médicaux). ENVOI DES TEXTES Les manuscrits sont adressés au rédacteur en chef en quatre exemplaires (un original et trois photocopies). Les auteurs doivent joindre à leur manuscit une version sur MAC ou PC (saisie sous Word de préférence) en précisant le logiciel utilisé. Le manuscrit est accompagné d’une lettre comportant le nom, le prénom, I’adresse, le numéro de télépnone, le numéro de télécopieur, I’E.mail de l`auteur avec lequel communiquera la redaction. Dans cette lettre, I’auteur précise que le texte n’est pas simultanément soumis à un autre journal scientifique en vue de publication.Il declare en outre qu’il cède à la STAAR les droits de l’article dans tous les pays et dans toutes les langues pour la durée de La propriété littéraire telle que protégée en vigueur. L’auteur principal signe pour le compte de tous les auteurs après avoir obtenu leur accord. PRÉSENTATION DU MANUSCRIT Le texte est dactylographié en corps 12, en double interligne, sur le recto de feuilles A4 (210 x 297 mm), avec une marge de 35 mm, sans ratures ni additions. Les pages sont numérotées dans le coin superieur droit. Le manuscrit est rédigé en français en anglais ou en arabe. Le texte comporte dans l’ordre et sur des feuilles séparées:[1] la page de titre, [2] le résumé français avec les mots clés en ordre alphabétique,[3] le résumé anglais et arabe (non obligatoire) avec les mots clés en ordre alphabétique,[4] le texte proprement dit, [5] les référence-graphiques, [6] les tableaux (un par feuille) avec leurs légendes en français et anglais,[7] les figures (une par feuille),[8] les légendes des figures en français et en anglais groupées sur une feuille separée). ■ Page de titre La page de titre (page 1) comporte les mentions suivantes: • Le titre, concis, indique de manière précise le sujet du travail : il ne comporte pas d’abréviations. • La traduction du titre en langue anglaise et/ou en arabe. • L ‘(les) initiale du ou des prénoms et le nom du ou des auteurs; un nom est donné en lettres minuscules avec une majuscule à l’initiale; quand les auteurs appartiennent à des services différents leurs noms comportent des astérisques en exposant pour préciser le service d’origine. • Les intitulés et adresses des services ou organismes d’origine des auteurs. • Le nom et l’adresse complète de l’auteur auquel doivent être envoyés la correspondance concernant l’article. Le bon à tirer et la demande de tirés-à-part. • Le cas échéant, la date et le lieu de la réunion où le travail a été présenté, la mention de l’origine des sources de financement ou du contrat de recherche, les remerciements pour L’aide technique à la réalisation et à la dactylographie du travail. • Le titre courant (40 caractères au maximum, lettres et espaces compris), destiné à figurer en haut de chaque page de l’article imprimé. ■ Résumé et mots clés Le résumé constitue la page 2. Le résumé anglais et /ou arabe (summary) la page 3. Pour les mémoires originaux, il est demandé un résumé structuré {Instructions for preparing structured abstracts JAMA 1993: 270: 34-36 ). Il comporte huit paragraphes avec un titre pour chacun: [1] But de l’étude (objectifs):[2] Protocole, méthodes d’étude (design); [3] Lieu de l’étude (setting): [4] Sélection des participants (patients or other participants); [5] Méthodes thérapeutiques (intervention (s)); [6] critère(s) de jugement principal (main outcome measure(s)): [7] Résultats-results-; [8] Conclusions (conclusions). Le résumé ne comporte pas plus de 250 mots (une page dactylographiée, double interligne). Il s’écrit au passé composé ou à l’imparfait. Il ne comporte que des mots indispensables, aucune référence. aucune abréviation sauf si le mot apparait au moins quatre fois.La première apparition est notée en touts lettres et l’abréviation est donnée entre parent héses. les conclusions répendent clairement aux questions posées au début de l’étude. Les mots clés pertenents ou descripteurs. tirés ou traduits de l’index médicus: medical subject headings (MesH) renouvelés chaque année. figurent au bas des résumés au nombre de cinq au maximum. ■ Texte Il débute à la page 4, Le titre du travail. sans indication d’auteur (s) ni d’origine est répeté en haut de la première page. Le texte est rédigé dans un style clair, concis et précis, sans verbiage ni jargon. Il doit être compréhensible pour un lecteur qui n’appartient pas à la spécialite ou dont le français n’est pas la langue maternelle. La première personne n’est pas licite dans un document scientifique. On doit éviter les retours à la ligne trop fréquents. Les evénements passés sont rapportés à l’imparfait ou. plus souvent. au passé composé. Tel est le cas des rubriques patients et méthodes, résultats, présentation d’une observation, discussion au commentaires (présentation de l’experience rapportée par d’autres auteurs). Pour ne pas surcharger le texte, il est préférable de ne pas citer le nom des auteurs. Cette restriction ne s’applique pas aux auteurs de publications princeps portant sur un médicament, un appareil ou une technique. En cas de mention de noms d’auteurs dans le texte, s’ils ne sont que deux, les deux sont cités. s’ils sont plus de deux, le nom du première auteur est suivi de la mention: et collaborateurs. On ne doit employer que des abreviations courantes. Le terme en entier doit précéder l’abréviation, entre parenthèses, lors de sa première apparition dans le texte, sauf s’il s’agit d’une unité de mesure internationale. L’emploi des abréviations est proscrit dans le titre et, si possible. évité dans les résumés. les médicaments sont identifiés par leur dénominaton commune internationale (sans majuscule à l’initiale), éventuellement suivie, entre parenthèses, du nom de specialité (majuscule à l’initiale) avec le sigle ® et le nom de la firme pharmaceutique, si le médicament est peu connu. Le nom de vente d’un appareil porte le sigleTM et. entre parenthèses le nom du fabricant ou du distributeur. Dans une phrase les chiffres de zéro à dix s’écrivent en toutes lettres, sauf s’ils sont suivis d’une unité de mesure abregée. Au debut d’une phrase, tous les chiffres s’écrivent en toutes lettres. Le pourcentage est indiqué par p. 100 dans une phrase, par % dans un tableau, une figure ou une parenthèse. Les noms latins taxinomiques s’écrivent en italique, le nom de genre avec une majuscule, le nom d’espèce avec une minuscule (Staphylococcus aureus). Les isotopes sont notés avec la masse atomique en exposant à gauche du symbole. ■ Références bibliographiques Les références figurent sur une (des) page (s) séparée (s) et numérotée (s). Les réferences sont numérotées dans l’ordre d’apparition dans le texte. Elles sont identifiées dans le texte, les tableaux et les légendes par des chiffres arabes entre crochets. Les références citées uniquement dans les légendes les tableaux ou les figures sont numérotées de telle façon qu’elles succèdent à la dernière référence citée dans le texte avant l’appel du tableau. Les numéros sont séparés par des virgules quand il s’agit de deux chiffres consécutifs ou non et par un trait d’union quand il s’agit de deux chiffres consécutifs ou non et par un trait d’union quand il y a plus de deux chiffres consécutifs. Seuls les chiffres extrêmes sont alors cités:[5,7], [9-11], [5,7,9,11,13]. L’article ne comporte que les références à des textes qui ont été consultes pour la rédaction du travail. Les références citées doivent être accessibles aux lecteurs. Les références de travaux publiés dans des revues non indexées dans l’index Medicus ne sont pas acceptées. sauf pour des documents historiques ou des articles princeps. Toutes, les références citées dans le texte figurent dans la liste des références et vice versa. Seuls les résumés publiés depuis moins de cinq ans révolus sont acceptés et la mention (résumé) ou [Abstract] figure après le titre selon que la référence est en langue francaise ou anglaise. Les lettres à la rédaction comportent la mention [lettre] ou [letter] après le titre. Des articles acceptés mais non encore publiés peuvent être référencés. On cite le journal, I’année et le tome avec la mention (sous presse). Les références à des communications personnelles. des thèses, des mémoires, des manuscrits en préparation ou soumis à des revues, ne sont acceptées qu’en citation bas de page et appel dans le texte par un numéro en exposant (numérotation continue). Les références sont vérifiées par les auteurs avec les documents originaux. La présentation des références est conforme aux règles suivantes: • référence d’un article de revue périodique Lister tous les auteurs. Si leur nombre est superieur à six, citer les six premiers suivi de al. Si une revue est publiée en pagination continue, on omet le mois et le numéro. Nom(s) et initiale(s) du(des) prénom(s) de l’(des) auteur(s), titre complet de l’article en langue originale (en anglais s’il s’agit d’une langue à alphabet non latin). abréviation du titre de la revue conforme à celle de l’lndex Medicus, année de parution. volume, première et dernière pages. Il n’y a pas d’epaces avant ou après les signes de ponctuation du groupe numérique de la référence. Un point termine la référence. Safar P. Ventilatory efficacy of mouth-to-mouth artificial respiration. Airway obstruction during manual and mouth-to mouth artificial respiration.JAMA 1958;167:335-341. • référence d’un article de revue périodique publié en deux ou plusieurs parties Depaul J. Mémoire sur l’insufflation de l’air dans les voies aériennes chez les enfants qui naissent dans un état mort apparente. J Chir(Paris) 1845:3:135-145:164-178. • référence d’un article du supplément d’une revue périodique Homadahi. MH. Two early swedish contributions to the understanding of lung ventilation during anaesthesia. Acta Anaesthesiol Scand 1990; 34 (Suppl 94): 82 85. • référence d’un livre Nom(s)et initiale(s) du (des) prénom(s) de l’(des) auteur(s), titre du livre, numéro d’édition (à partir de la seconde), ville d’édition, maison d’édition, année de parution, première et dernière pages à consulter. Perret C, Tagan D, Feihl F, Marini JJ. Le cathétérisme cardiaque droit en soins intensifs. 2e éd. Paris: Amette Blackwell. 1997: 211-215. • référence du chapitre d’un livre ou du volume d’une collection, le ou les auteurs n’étant pas les éditeurs Nom (s) et initiale(s) du (des) prénom(s) de l’(des) auteur (s) du chapitre, titre du chapitre éditeur (s) du livre. titre du livre, numéro d’édition. ville d’édition, maison d’édition, année de parution, première et dernière pages à consulter Morch ET. History of mechanical ventilation. In: Kirby RR. Downs JB. Clinical applications of ventilatory support, New-York;: Churchill Livingstone, 1990: 1-61. ■ Tableaux Chaque tableau est présenté sur une feuille séparée et dactylographique en double interligne. Chacun comporte en haut le numéro d’appel (en chiffres romains) et le titre (pas plus de 50 caractères), en bas les notes explicatives éventuelles (abréviations, sigles) Les unités sont données en tête de ligne ou de colonne. Les tableaux ne font pas double emploi ave les figures. Le titre et la légende sont donnés en français et en anglais. ■ Illustrations Les figures, en noir sur fond blanc doivent être d’excellente qualité, car elles seront éditées sans retouches (mais réduites). Les auteurs fournissent l’original ou des photographies sur papier brillant. non plié. Les schémas sont présentés sur une feuille A,logiciel graphique et imprimante laser). Si la figure est dans le sens vertical, aucun caractère n’est plus petit que 4 mm. Si la figure est dans le sens horizontal. aucun caractère n’est plus petit que 6 mm. Les traits des schémas ont au moins 0.4 mm de large. Les symboles sont normalisés (● ❍, ■ ❏, ▲). Les signes + et x sont réservés aux operations mathématiques. Les figures portent au dos, sur une étiquette autocollante, le numéro d’appel dans le texte (en chiffres arabes) le nom de l’auteur principal, les premiers mots du titre de l’article. Le haut de la figure est indiqué par une flèche. Les radiographies sont présentées sous forme de photographies, bien constrastées. Les figures empruntées à un autre travail ne peuvent être reproduites qu’avec l’accord écrit de leur(s) auteur(s) et de l’éditeur. Les légendes des figures sont regroupées sur une feuille à part et sont données en français et en anglais. Une figure et sa légende forment un tout qui doit être compris sans recours au texte. REVUE DES MANUSCRITS Les manuscrits sont analysés par deux lecteurs appartenant de préférence mais non obligatoirement à la discipline et par le redacteur en chef. Les lecteurs ne connaissent pas les auteurs. Les analyses sont réalisées habituellement dans un délai d’un mois. Si des modifications sont demandées, la nouvelle version doit être envoyée dans un délai de trois semaines accompagnée de sa disquette mise à jour. Un délai plus long peut être donné après accord avec le rédacteur en chef. Les corrections des épreuves envoyées par l’éditeur (bon à tirer) ne portent que sur des erreurs de typographie. Le comité de rédaction se réserve le droit de renvoyer aux auteurs, avant toute soumission à l’avis des lecteurs, les manuscrits qui ne seraient pas conformes aux recommandations. Les auteurs doivent conserver un exemplaire du manuscrit, des tableaux, des figures et de la disquette. J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 63 67 R E C O M M A N D A T I O N S A U X A U T E U R S FICHE RÉCAPITULATIVE À RETOURNER À LA RÉDACTION AVEC VOS TRAVAUX ☞ Les manuscrits sont adressés au rédacteur en chef en 4 exemplaires (un original et trois photocopies) avec la présente fiche dument remplir à l’adresse suivante : BP 40 Carthage 2016 Tunisie. ☞ Les auteurs sont priés de conserver sur disquette une copie de leur travail, des corrections ultimes pouvant être demandées jusqu’à la remise du manuscrit à l’imprimerie. ☞ Les auteurs dont les articles sont acceptés pour publication aprés avoir été modifiés doivent impérativement fournir leur texte définitif sur disquette (Mac ou PC), et l’envoyer par e-mail à : [email protected] Le manuscrit ci-joint : ❑ N’a fait l’objet d’aucune publication antérieure et n’est pas soumis simultanément à une autre revue ❑ Est dactylographié en double interligne avec une marge à gauche ❑ Est fourni en quatre exemplaires (photocopies de bonne qualité) La page de titre inclut : ❑ Un titre précis et concis, sans abréviation ❑ La traduction anglaise du titre ❑ L’initiale du prénom et le nom de chaque auteur, suivis du renvoi à son adresse ❑ L’adresse complète des services ou laboratoires concernés ❑ Le nom, l’adresse, les numéros de téléphone et de fax, l’adresse e-mail de la personne à laquelle seront envoyés la correspondance, les épreuves à corriger et les tirés à part Le résumé : ❑ Comporte 250 mots au maximum ❑ Est rédigé sans abréviation ❑ Comporte quatre rubriques pour les articles originaux : but de l’étude, matériel et méthode, résultats, conclusion. ❑ Est suivi de 5 mots clés maximum ❑ Mêmes régles pour le résumé anglais Les abréviations : ❑ Sont en nombre limité et sont explicitées lors de leur premier emploi ❑ Sont conformes aux normes internationales ❑ Sont reprises systématiquement et sous la même forme dans l’ensemble de l’article Les références bibliographiques : ❑ Sont appelées dans le texte ou les tableaux (entre crochets) ❑ Sont classées par ordre d’apparition dans le texte ❑ Comportent des noms de périodiques abrégés suivant l’Index Medicus ❑ Sont présentées en conformité avec les normes de Vancouver (indiquer nommément les six premiers auteurs suivis de la mention et al.) Les tableaux : ❑ Sont numérotés en chiffres romains et appelés dans le texte ❑ Sont dactylographiés sur une seule page, sans réduction par photocopie, et comportent leur numéro, leur titre et les notes explicatives éventuelles au-dessous ❑ Se suffisent à eux-mêmes sans que l’on doive se référer au texte Les figures : ❑ Sont en quatre exemplaires ❑ Sont sur papier, de bonne qualité et en noir et blanc ❑ Sont appelées dans le texte ❑ Comportement au dos leur numéro, l’indication d’orientation et éventuellement de cadrage ❑ Sont numérotées en chiffres arabes ❑ Comportent une légende dactylographiée à part Noms et Signatures de tous les auteurs Lieu et date . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J. Magh. A. Réa. - VOL IX - P. 64