arXiv:math/0102137v1 [math.GR] 17 Feb 2001
QUOTIENTS ET EXTENSIONS DE GROUPES DE R´
EFLEXION
DAVID BESSIS, C´
EDRIC BONNAF´
E ET RAPHA¨
EL ROUQUIER
Abstract. We give a geometric description of a certain class of epimorphisms between
complex reflection groups. We classify these epimorphisms, which can be interpreted as
“morphisms” between the diagrams symbolizing standard presentations by generators
and relations for complex reflection groups and their braid groups.
1. Introduction
Dans l’´etude des groupes de r´eflexion, il est classique de consid´erer certaines classes de bons
sous-groupes (les sous-groupes paraboliques) et de bons automorphismes (les automorphismes
“de diagramme”). Nous proc´edons ici `a la d´efinition et `a l´etude d’une classe de bons quotients.
Notre motivation originale ´etait de comprendre pourquoi les pr´esentations par g´en´erateurs et
relations classiques (voir les tables de [BrMaRou]) associ´ees `a diff´erents groupes de r´eflexions
pr´esentent certaines similarit´es. Prenons l’exemple du diagramme de Coxeter de type F4.
Quand on en supprime la double-barre, on obtient le diagramme de Coxeter de type A2×
A2. En termes de pr´esentations, supprimer la double-barre consiste `a ajouter une relation de
commutation. Ainsi cette op´eration d´ecrit un morphisme surjectif de W(F4) vers W(A2×A2):
/.-,()*+ /.-,()*+ /.-,()*+ /.-,()*+ ։/.-,()*+ /.-,()*+ /.-,()*+ /.-,()*+
Quelle est la signification g´eom´etrique d’un tel morphisme ? Quelles en sont les cons´equences,
en termes d’arrangements d’hyperplans, d’invariants polynomiaux et de groupes de tresses ?
Des ´epimorphismes semblables apparaissent fr´equemment entre groupes de eflexion com-
plexes. Nous expliquons comment construire des suites exactes
1//G//f
W//W//1
o`u f
Wet Wsont deux groupes de r´eflexion complexes.
Soit f
Wun groupe de r´eflexion complexe, agissant sur un espace e
V. Dans la situation qui
nous int´eresse, Gest un sous-groupe distingu´e de f
Wet l’action de W=f
W /G sur la vari´et´e
quotient e
V /G s’´etend en une action lin´eaire sur l’espace tangent V`a e
V /G en 0.
Nous montrons que West un groupe de eflexion sur Vsi et seulement si e
V /G est une
intersection compl`ete et Wagit trivialement sur TorC[V]
(C[e
V /G],C).
Nous expliquons alors comment relier les degr´es de f
W, son arrangement d’hyperplans, ses
r´eflexions, ses sous-groupes paraboliques, son groupe de tresses `a ceux de W. Par exemple,
dans le cas (crucial) o`u Gne contient pas de r´eflexions, l’image d’une r´eflexion de f
West une
r´eflexion de Wdu mˆeme ordre.
1
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EL ROUQUIER
Nous abordons ensuite (partie 4) le probl`eme de la classification des paires (f
W , G). Un des
r´esultats obtenus est le suivant: lorsque e
Vest de dimension 2 et G=1}, la correspondance
f
W7→ Winduit une bijection entre les classes de conjugaison de groupes de r´eflexion complexes
de dimension 2 engendr´es par des r´eflexions d’ordre 2 et contenant Get les groupes de Coxeter
finis (non triviaux) de dimension au plus 3.
Nous donnons des tables de transformations ´el´ementaires entre diagrammes “`a la Coxeter” qui
permettent de d´ecrire r´ecursivement l’ensemble des paires (f
W , G). Nous expliquons comment
le morphisme f
W։Wpeut ˆetre interpr´et´e comme un “morphisme de diagramme”.
Dans une derni`ere partie, nous traitons le probl`eme inverse : au lieu de construire W`a partir
de f
Wet G, nous ´etudions l’existence d’un groupe de r´eflexion f
W´etant donn´es Wet G.
La classification des groupes de r´eflexion complexes rec`ele de nombreuses co¨ıncidences num´e-
rologiques et correspondances internes. Certaines de ces co¨ıncidences sont bien comprises.
Par exemple, certains groupes de r´eflexion sont des sous-groupes paraboliques d’autres groupes
de r´eflexion. D’autres co¨ıncidences sont expliqu´ees par la th´eorie des ´el´ements eguliers de
Springer ([Sp]). D’autres encore peuvent ˆetre intepr´et´ees grˆace `a la correspondance de McKay.
Le pr´esent travail permet d’expliquer un nouveau type de correspondance entre groupes de
r´eflexion.
Outre le fait qu’elle permet de mieux comprendre la classification de Shephard-Todd, un
des int´erˆets de la correspondance d´ecrite ici est de relier des groupes de Coxeter, dont la
combinatoire est bien connue, `a certains groupes de r´eflexions complexes (non eels) pour
lesquels des pr´esentations ne sont connues que de fa¸con empirique.
Nous d´etaillons par exemple le cas du groupe exceptionnel G31 qui admet comme quotient
de r´eflexion le groupe sym´etrique S6, faisant apparaˆıtre une hypersurface S6-invariante remar-
quable de C5. Or, si un diagramme pour G31 est propos´ee dans [BrMaRou], la question de
savoir si ce diagramme donne aussi une pr´esentation du groupe de tresses associ´e est toujours
ouverte. Ce diagramme est compatible, via le morphisme G31 ։S6, avec la pr´esentation de
Coxeter de S6, indice qui renforce la conviction qu’il est probablement le “bon” diagramme
pour G31.
Reste bien entendu `a pr´eciser quelles propri´et´es exactes doivent v´erifier de “bons” diagrammes
des groupes de r´eflexion complexes. Le pr´esent travail fournit une nouvelle condition de com-
patibilit´e `a inclure dans le cahier des charges.
2. Pr´
eliminaires
Soit kun corps de caract´eristique nulle. Si nest un entier naturel non nul, on notera µn(k)
le groupe des racines n`emes de l’unit´e dans k.
QUOTIENTS ET EXTENSIONS DE GROUPES DE R ´
EFLEXION 3
2.1. Soit Wun groupe fini agissant sur une k-alg`ebre A. Si Iest un id´eal de A, on notera WI
(ou WSpec A/I ) le groupe d’inertie de I. Si χest un caract`ere irr´eductible de W, on notera AW
χ
la composante χ-isotypique de A.
2.2. Soit Vun espace vectoriel (tous les espaces vectoriels consid´er´es seront de dimension
finie) sur k. On notera Vle dual de Vet k[V] = S(V), l’alg`ebre sym´etrique de V. Nous
confondrons parfois le sch´ema Spec k[V] et l’espace vectoriel de ses points sur k,i.e.,V. Soit
Iun id´eal de k[V]. On dira que I(ou Spec k[V]/I) est une intersection compl`ete si le nombre
minimal de g´en´erateurs de Iest ´egal `a dim Vdim(Spec k[V]/I).
Une graduation sur Vest une action de k×avec poids strictement positifs. On dira qu’une
graduation est standard si les poids sont tous 1. Si Vest muni d’une graduation, alors l’alg`ebre
k[V] h´erite d’une graduation, c’est-`a-dire, d’une action de k×avec poids positifs ou nuls.
2.3. Soit Aune k-alg`ebre commutative de type fini, munie d’une graduation. Soit Anla
composante de degr´e nde A. On pose A+=i>0Ai. On suppose que A0=k: en particulier,
A+est un id´eal maximal de A. Soit X= Spec Aet soit 0 le point de Xcorrespondant `a l’id´eal
maximal A+de A. Si Iest un id´eal homog`ene de A, alors le nombre minimal de g´en´erateurs
homog`enes de l’id´eal Iest dim I/A+Ipar le lemme de Nakayama.
L’espace tangent V= (A+/(A+)2)au scema Xen 0 est un k-espace vectoriel gradu´e. Le
lemme suivant est classique :
Lemme 2.1. Soient p1,... ,pndes ´el´ements homog`enes de A+. Alors Aest engendr´ee par
p1,... ,pnsi et seulement si les images de p1,... ,pndans V=A+/(A+)2engendrent V.
En particulier, dim Vest le nombre minimal de g´en´erateurs de A.
D’apr`es le lemme 2.1, une scission gradu´ee VA+du morphisme surjectif A+Vinduit
un morphisme surjectif de k-alg`ebres gradu´ees k[V]։A, c’est-`a-dire une immersion ferm´ee de
Spec Adans son espace tangent en 0. Si Aest une alg`ebre de polynˆomes, alors l’application
construite est un isomorphisme.
2.4. Soit e
Vun k-espace vectoriel gradu´e et soit Gun sous-groupe fini de GLgrad(e
V), o`u
GLgrad(e
V) est le sous-groupe de GL(e
V) des ´el´ements commutant `a l’action de k×. On note
N(G) le normalisateur de Gdans GLgrad(e
V) : N(G) est un groupe r´eductif (non n´ecessairement
connexe) dont la composante connexe de l’´el´ement neutre est le centralisateur de Gdans
GLgrad(e
V).
L’alg`ebre k[e
V]Gest une k-alg`ebre commutative gradu´ee de type finie et k[e
V]G
0=k. Le
groupe N(G) agit de mani`ere gradu´ee sur la k-alg`ebre k[e
V]Get, puisqu’il est r´eductif et que k
est de caract´eristique 0, on peut choisir une scission gradu´ee N(G)-´equivariante Vk[e
V]G
+
du morphisme k[e
V]G
+։V, o`u V= (k[e
V]G
+/(k[e
V]G
+)2). On identifiera e
V /G avec le scema
Spec k[e
V]G. Alors Vest l’espace tangent `a e
V /G en 0 et la scission pr´ec´edente induit une
immersion ferm´ee N(G)-´equivariante e
V /G V.
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E ET RAPHA¨
EL ROUQUIER
On note Ile noyau du morphisme surjectif d’alg`ebres k[V]։k[e
V]G, c’est-`a-dire l’id´eal de
d´efinition du sch´ema e
V /G dans V. On dit que Gest d’intersection compl`ete si l’id´eal Il’est ou,
de mani`ere ´equivalente, si dim I/k[V]+I= dim Vdim e
V(en effet, Krulldim k[e
V]G= dim e
V).
L’ensemble des degr´es de Gest l’ensemble des poids de k×agissant sur V(pris avec multi-
plicit´es). C’est aussi l’ensemble des degr´es d’un syst`eme minimal d’invariants fondamentaux ho-
mog`enes de Gdans son action sur k[e
V]. L’ensemble des deges des relations de Gest l’ensemble
des poids de k×sur I/k[V]+I. On notera N(G, rel) le sous-groupe de N(G) des ´el´ements qui
agissent trivialement sur I/k[V]+I.
On appelle eflexion de Vun automorphisme gd’ordre fini tel que ker(g1) est un hyperplan
de V. On dira que Gest de eflexion s’il est engendr´e par ses r´eflexions. Le th´eor`eme de
Shephard-Todd-Chevalley [Ben, Th´eor`eme 7.2.1] donne plusieurs caract´erisations des groupes
de r´eflexion en termes de leur alg`ebre d’invariants :
Th´eor`eme 2.2 (Shephard-Todd-Chevalley).Les assertions suivantes sont ´equivalentes :
(i) Gest de r´eflexion,
(ii) k[V]Gest une alg`ebre de polynˆomes,
(iii) k[V]est un (k[V]G)[G]-module libre de rang 1.
L’´equivalence entre les assertions (i) et (ii) du th´eor`eme 2.2 montre qu’un groupe de r´eflexion
est d’intersection compl`ete.
On appelle double r´eflexion de Vun endomorphisme gd’ordre fini tel que ker(g1) est
de codimension 2 dans V. Kac et Watanabe [KaWa, Th´eor`eme A] ont montr´e que, si Gest
d’intersection compl`ete, alors Gest engendr´e par ses r´eflexions et ses doubles r´eflexions (la
r´eciproque n’est pas vraie).
2.5. Si Vest un k-espace vectoriel, West un groupe de r´eflexion dans GLgrad(e
V) et Lest
un sous-espace de V, alors le groupe WLest de r´eflexion sur V[Ste, Th´eor`eme 1.5]. On note
A(W) l’ensemble des hyperplans des r´eflexions de W. Si West un groupe de r´eflexion sur V,
on dira que f:WWest un morphisme de groupes de r´eflexion si c’est un morphisme de
groupes et si l’image d’une r´eflexion de West 1 ou une r´eflexion de W.
3. Quotients de groupes de r´
eflexion
Soient f
Wun groupe de r´eflexion sur un k-espace vectoriel e
V,Gun sous-groupe distingu´e
de f
Wet W=f
W /G. Soit Vl’espace tangent `a e
V /G en 0. On fixe un plongement N(G)-
´equivariant e
V /G V. On pose B=k[e
V], A=k[V] et on note Il’id´eal de Ad´efinissant la
sous-vari´et´e ferm´ee e
V /G. On a Bf
W= (A/I)W=AW/IW.
On note A(f
W) le sous-ensemble des ´el´ements Hde A(f
W) tels que f
WH6=GH. On d´efinit
A(f
W) comme le quotient de A(f
W) par la relation d’´equivalence qui identifie Het Hsi f
WH
QUOTIENTS ET EXTENSIONS DE GROUPES DE R ´
EFLEXION 5
et f
WHont la mˆeme image dans W. Pour H∈ A(f
W), on fixe une forme lin´eaire αHB
d´efinissant H. Pour C⊆ A(f
W), on pose αC=QHCαeH
Ho`u eH=|GH|.
Dans cette partie, nous allons donner une condition n´ecessaire et suffisante pour que le
groupe Wsoit de r´eflexion sur V(cf. th´eor`eme 3.2). Lorsque cette condition est r´ealis´ee, nous
comparons les propri´et´es des groupes Wet f
W(sous-groupes paraboliques, ordres des r´eflexions,
arrangements d’hyperplans, degr´es des invariants, groupes de tresses associ´es...).
3.1. Bons sous-groupes distingu´es des groupes de r´eflexion. Dans ce paragraphe, nous
allons montrer que West de r´eflexion sur Vsi et seulement si Gest d’intersection compl`ete et
Wagit trivialement sur I/A+I. Cette deuxi`eme condition a plusieurs interpr´etations qui sont
donn´ees par le lemme suivant :
Lemme 3.1. Les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes :
(i) le sch´ema e
V /f
W×V/W Vest r´eduit ;
(ii) l’application canonique e
V /G e
V /f
W×V/W Vest un isomorphisme ;
(iii) on a I=AIW;
(iv) Wagit trivialement sur TorA
1(A/I, A/A+)I/A+I.
Proof. On a e
V /f
W×V/W V= Spec AW/IWAWA= Spec A/(AIW). D’autre part, l’application
canonique e
V /G e
V /f
W×V/W Vest bijective sur les points ferm´es. Il r´esulte alors du Null-
stellensatz que l’application canonique A/(AIW)A/I est un isomorphisme si et seulement
si A/(AIW) est r´eduit. En outre, c’est un isomorphisme si et seulement si Iest engendr´e par
des ´el´ements W-invariants.
On a TorA
1(A/I, A/A+)I/A+I. Ainsi, Wagit trivialement sur ce module si et seulement
si I=AIW+A+I. D’apr`es le lemme de Nakayama, I=AIW+A+Iimplique I=AIW.
Le r´esultat suivant est dans la mˆeme veine que les §3.3.2 et 3.3.3 de [Go].
Th´eor`eme 3.2. Le groupe West de r´eflexion sur Vsi et seulement si Gest d’intersection
compl`ete et Wagit trivialement sur I/A+I.
Proof. Supposons que Wagit trivialement sur I/A+Iet que A/I est une intersection compl`ete.
Alors, Ipeut ˆetre engendr´e par r´el´ements W-invariants, o`u r= dim Vdim e
V(Lemme 3.1,
´equivalence entre (iii) et (iv)). Par cons´equent, l’id´eal IWde AWest engendr´e par r´el´ements.
Puisque AW/IW=Bf
West une alg`ebre de polynˆomes en dim e
Vvariables, AWest engendr´e par
dim e
V+r´el´ements. Comme Krulldim AW= dim V= dim e
V+r, on en d´eduit que AWest une
alg`ebre de polynˆomes, donc que West de r´eflexion sur V.
Supposons Wde r´eflexion sur V. Alors, Aest un AW-module libre de rang |W|, donc
AW/IWAWAest un AW/IW=Bf
W-module libre de rang |W|. Puisque BBf
W[f
W] comme
Bf
W[W]-modules, on a BGBf
W[W] comme Bf
W[W]-modules. Par cons´equent, A/I =BGest
un Bf
W-module libre de rang |W|. Finalement, la surjection canonique AW/IWAWAA/I
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