
Les sprays nasaux vont devenir quatre fois plus chers
Sofie Merckx a sursauté quand elle a appris la nouvelle. « À ma maison médicale, j’ai des dizaines de
patients qui ont besoin d’un spray nasal anti-inflammatoire. Ils sont aux prises avec une inflammation
chronique des sinus ou avec une allergie. Désormais, le prix va augmenter de 10 ou 15 euros. C’est
cher pour bon nombre de mes patients. »
« Les antibiotiques ne sont pourtant pas un traitement de confort ? »
De même, les antibiotiques et les antiacides vont devenir plus chers. Tous deux sont trop prescrits en Belgique et c’est
pourquoi Maggie De Block veut faire payer plus au patient. « Les antibiotiques et les antiacides ne sont pas des bon-
bons », dit-elle. À partir de l’année prochaine, ils seront considérés comme des médicaments de confort et, de ce fait,
le remboursement sera diminué. Sofie Merckx insiste toutefois sur le fait que bien des patients ont réellement besoin
de ces médicaments. « Les antibiotiques n’ont quand même rien d’un traitement de luxe, que je sache ? »
La surconsommation, une excuse pour faire
des économies
En faisant payer davantage par le patient, Maggie De Block veut surtout épargner
sur son budget. Pourtant, il est possible de s’y prendre autrement. Avec le modèle
kiwi, les entreprises pharmaceutiques sont contraintes de baisser leurs prix. Meil-
leur marché, et pour le patient, et pour nos soins de santé. Pour le seul antibiotique
le plus prescrit, cela pourrait rapporter 15 millions d’euros. C’est plus que ce que
Maggie De Block pense économiser aujourd’hui sur tous les antibiotiques réunis.
Sofie Merckx : « On ne s’en prend pas à la surconsommation en augmentant les
prix. Aux Pays-Bas, les prix sont plus bas et, pourtant, on y consomme moins
d’antibiotiques. »
Les factures augmentent,
le personnel diminue
Aller à l’hôpital, cela n’est jamais agréable. Par la suite,
quand on reçoit la facture, c’est bien souvent encore moins
agréable. Les hôpitaux sont dans le rouge, ils sont forcés de
chercher des sources supplémentaires de revenus. Les mé-
decins sont encouragés à demander de nombreux examens
même s’ils ne sont pas toujours nécessaires. Entre-temps,
le personnel se plaint amèrement des très nombreuses
lacunes en tous genres.
« Ce n’est plus au scalpel de précision mais à la cognée
de bûcheron qu’elle y va »
Dès son entrée en fonctions, Maggie De Block avait promis une solution, mais deux ans plus tard, rien n’a en-
core changé. Qui plus est, il faut désormais économiser 900 millions d’euros. Les hôpitaux ont déjà fait savoir
quelles seraient les conséquences : réaliser des économies sur le personnel et répercuter une partie des coûts
sur les patients.
Les honoraires des
spécialistes hors
d’atteinte ?
« Il n’est pas normal que des spécialistes
gagnent tellement plus que des infir-
mières », dit Luc Van Gorp, président des
Mutualités chrétiennes. Certains spécia-
listes gagnent jusque 25 000 euros bruts
par mois. « Où est le courage politique
d’aborder cette situation ? », ajoute
Van Gorp. « Quand il s’agit des revenus
des spécialistes, Maggie De Block est
introuvable. Pourtant, aborder ces excès
pourrait rapporter jusqu’à 2 milliards
d’euros. »
« Nous nous heurtons à un mur »
Saskia Deceuninck est généraliste à Médecine pour le Peuple. Elle parle de son expé-
rience des malades de longue durée. « De plus en plus souvent la maladie est liée à de
mauvaises conditions de travail. Ne pensons qu’au burn-out, ou aux douleurs dorsales
dues à la surcharge de travail. Un travail adapté serait une solution, mais, souvent,
nous nous heurtons à un mur chez l’employeur. Les patients ne sont les bienvenus
que s’ils sont guéris à 100 %. Quand, lors d’un contrôle, ils sont forcés de reprendre le
travail plus tôt que prévu, la frustration est parfois très grande, chez nous, en tant que
médecins. »
Plus dur, plus vite, plus longtemps
Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, dans notre pays. Jamais encore autant de gens n’avaient été
malades et inaptes au travail. D’où cela vient-il ? Selon les chires ociels de l’INAMI et de Securex, cela
est dû au fait que les gens doivent travailler plus longtemps, ainsi qu’à la pression accrue du travail.
Le gouvernement nous rebat les oreilles à propos du problème des malades de longue durée, mais fait-il
quelque chose pour s’en prendre à ses causes ? Pas vraiment.
Une loi de 2007 qui oblige les employeurs à prévoir du travail
adapté n’est toujours pas entrée en application. Les entre-
prises où la pression du travail est élevée, avec beaucoup de
stress et de surcharge de travail, continuent dans cette voie
comme si de rien n’était.
Maggie De Block impute la faute
aux malades
En attendant, Maggie De Block applique d’autres mesures.
Elle va engager des médecins afin d’eectuer plus de
contrôles encore. « Les vrais malades resteront hors
d’atteinte », arme-t-elle. En réalité, un médecin que vous
ne connaissez pas va décider en dix minutes si vous pouvez
travailler ou pas. C’est tout ou rien. Quant à ceux qui ne
collaboreront pas, Maggie les menace de sanctions :
10 % d’indemnités de maladie en moins. Saskia : « Les
indemnités des malades sont déjà si basses, aujourd’hui.
La moitié d’entre eux ont du mal à s’en sortir. »
LES MÉDICAMENTS DONT VOUS AVEZ BESOIN,
CE N’EST PAS UN LUXE, QUAND MÊME ? ÉCONOMISER D’ABORD, PUIS RÉFORMER ? JAMAIS ENCORE AUTANT DE GENS
N’AVAIENT ÉTÉ MALADES
MAGGIE AUGMENTE LE PRIX DES MÉDICAMENTS MAGGIE PRATIQUE DES COUPES SOMBRES DANS LE BUDGET DES HÔPITAUX MAGGIE ORGANISE LA CHASSE AUX MALADES DE LONGUE DURÉE
Prix usine Ticket Ticket Prix usine
modérateur modérateur Pays-Bas
après 1-1-2017
€ 9,56 € 3,50 € 8,60 € 3,62
€ 19,90 € 9,11 € 34,15 € 1,75
€ 10,12 € 3,71 € 15,81 € 2,48
Antibiotiques
- ex. Augmentin
Antiacides
- ex. Pantoprazole
Sprays nasaux anti-inflam-
matoires - ex. Flixonase
Aux Pays-Bas, où l’on applique une forme du modèle kiwi, la diérence de prix
saute aux yeux.
10 ANS DE KIWI
Voici 10 ans, Dirk Van Duppen lançait
le modèle kiwi. Pour chaque médica-
ment, un appel public d’ores décide
de celui que l’État remboursera. En
Nouvelle-Zélande, cela s’est soldé
par de spectaculaires baisses de prix.
Si nous appliquions le modèle kiwi
aux 25 médicaments les plus rem-
boursés, l’État pourrait économiser
un demi-milliard d’euros.
SOUTENEZ LA PROPOSITION DE
LOI DU PTB AU PARLEMENT.
Contact : Sofie Merckx
HALTE À LA « PRESTATITE » ET
À LA « SUPPLÉMENTITE »
Généraliste à MPLP, le Dr Dirk Van Dup-
pen a émis une proposition alternative,
en guise de réponse : donnez à tous les
spécialistes le traitement d’un professeur
d’université. Un spécialiste peut bien
gagner un peu plus, mais pas trois fois
plus que le Premier ministre. Le revenu des
médecins ne dépendrait plus alors du nombre de prestations
eectuées. Terminé, dès lors, les suppléments d’honoraires
faramineux et les examens superflus.
UN TRAVAIL SAIN DURE
PLUS LONGTEMPS
Pourquoi tant de gens tombent-ils
malades ? La question est trop rarement
posée. Médecine pour le Peuple travaille
à un livre noir reprenant des témoignages
entendus dans les cabinets de consulta-
tion. Les récits montrent également la né-
cessité d’un travail adapté pour ceux qui
désirent reprendre le travail. En France, il
existe des quotas pour chaque entreprise.
Pourquoi pas alors chez nous aussi ?
AIDEZNOUS À COLLECTER DES
TÉMOIGNAGES.
www.maladeslongueduree.be