Titre : (en français) L’urbanisation de l’est de la Chine : entre mégalopolisation et métropolisation
Mots clés : urbanisation, métropolisation, mégalopolisation, villes chinoises, finances publiques,
marché immobilier, développement durable
Résumé : L’héritage historique de l’économie planifiée centralisée et le système du hukou ont
provoqué un retard de l’urbanisation chinoise jusqu’à la réforme de 1978. La Chine est ensuite en
plein processus d’urbanisation accélérée pendant ces trois dernières décennies, avec une forte
migration de population rurale vers les grands pôles urbains côtiers, avec un relâchement du de
contrôle par le hukou. Face à ces dynamiques qui poussent les pôles urbains à l’explosion
démographique, le gouvernement chinois envisage de reprendre en main la croissance urbaine et de
la rationnaliser à l’échelle de vastes mégalopoles urbaines. En fait, la dynamique de l’urbanisation en
Chine est née et s’est adaptée au cadre particulier chinois suivant un modèle qui n’est ni Marshall, ni
Krugman, ni Scott. Le mouvement urbain a connu une vraie accélération après 1990. Dès lors, la
Chine est entrée dans une nouvelle étape de l’urbanisation : celle de la mégalopolisation. Face aux
nombreuses infrastructures publiques à mettre en place et à moderniser, une plateforme de
financement des gouvernements locaux a été créée pour la captation de la plus-value foncière, qui
dynamise le marché immobilier et conduit à des coalitions financières locales comportant plusieurs
risques, et surtout à une bulle immobilière. Paradoxalement, le hukou et la segmentation
administrative du marché des biens et services pour les ménages conduit au maintien d’écarts
importants entre villes et campagnes (phénomène absent en Inde). Cet effet de « pull » grossit la
masse des 200 millions de migrants hors hukou, et réalise un « bais urbain » caractéristique, facilité
par la bulle immobilière et les IDE, qui rendent l’urbanisation littorale à la fois irrésistible et mal
contrôlée. Les spécificités du modèle d’urbanisation chinois, en lien avec les facteurs institutionnels
et les politiques publiques d’accompagnement mises en place, se focalisent sur les trois grandes
agglomérations de l’est de la Chine : le delta Pearl River, le delta du Yangtsé et l’agglomération de
Beijing-Tianjin. La question analysée est de savoir comment ces trois mégalopoles, prenant la suite
des métropoles classiques de Shanghai et Beijing, peuvent continuer à produire majoritairement le
modèle de Scott, ou au moins des externalités positives. L’étude de cas de l’agglomération de Beijing-
Tianjin montre que les principales faiblesses actuelles relèvent du domaine de la gouvernance.