École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris La Villette
DPEA ARCHITECTURE ET PHILOSOPHIE
« L’inhabitable est notre site »
Habiter l’inhabitable comme éthique de l’architecture
Sébastien Chevrier
Travail encadré par M. Jacques Boulet et Mme Chris Younès
septembre 2008
Jury :
Monsieur Jacques Boulet, architecte d.p.l.g., professeur à l’École Nationale Supérieure
d’Architecture de Paris La Villette.
Madame Chris Younès, philosophe, professeur à l’École Nationale Supérieure
d’Architecture de Paris La Villette, professeur à l’École Spéciale d’Architecture de Paris,
directrice du laboratoire GERPHAU (Philosophie Architecture Urbain) UMR CNRS 7145
LOUEST.
Sébastien Chevrier – L’inhabitable est notre site – DPEA ENSAPLV – 2008 2
Sommaire
Introduction........................................................................................................................... 3
1. L’hésitation de l’habiter..................................................................................................... 7
1.1. Habiter comme ouverture............................................................................................ 8
1.2. La demeure, l’exil de l’être – L’exil, demeure de l’être ............................................. 15
2. Donner à habiter l’inhabitable.......................................................................................... 22
2.1. Les ruses de l’habiter ................................................................................................ 23
2.2. Territoires et xénophobie .......................................................................................... 32
3. L’architecture comme expérience de l’inhabitable ........................................................... 40
3.1. L’architecture ne fait pas semblant que tout est rose….............................................. 41
3.2. … mais elle ne rend pas le monde horrible pour autant.............................................. 49
Conclusion .......................................................................................................................... 56
Bibliographie....................................................................................................................... 59
Sébastien Chevrier – L’inhabitable est notre site – DPEA ENSAPLV – 2008 3
Introduction
Sébastien Chevrier – L’inhabitable est notre site – DPEA ENSAPLV – 2008 4
« L’inhabitable est notre site ». Ce passage du chant IV d’Étroits sont nos vaisseaux de
Saint-John Perse est ce qui fonde ici toute notre démarche, à tel point que nous faisons nôtre
cette affirmation, nous l’appropriant jusqu’à en faire le titre du travail présenté ici. Le
renversement, le tremblement compris dans cette sentence proche d’un aphorisme a agi
comme un véritable bouleversement, une remise en question de tout ce qui pouvait nous
apparaître alors comme allant de soi, notamment au niveau des connaissances acquises tout au
long d’une formation d’architecte.
Habiter n’est pas une expérience banale et ordinaire ; la littérature et les recherches à ce
sujet nous font prendre pleinement conscience de toutes les difficultés liées à ce concept.
Habiter a à voir avec notre existence et par là même, avec notre Être. L’« habiter » engage en
tout état de cause notre rapport à l’espace, il met en jeu notre rapport au monde et à Autrui. Il
a à faire avec notre positionnement dans ce monde qui encadre et accueille nos expériences.
Mais comment comprendre, dès lors, l’affirmation selon laquelle nous habitons l’inhabitable ?
Qu’est-ce qui est inhabitable ? De quel « site » nous parle le poète ? Est-ce le monde en
général ? l’espace ? la configuration matérielle de notre cadre expérientiel ? un endroit
particulier et singulier ? Comment même réussir à penser que l’on puisse habiter linhabitable
alors que nous avons le sentiment intuitif d’habiter, d’occuper l’espace, de nous l’approprier
et de le configurer pour qu’il réponde à nos besoins ? Lorsque nous échouons à rendre un
espace habitable, nous n’y habitons pas ou alors si tel est le cas, nous nous sentons relégués,
mis à l’écart d’une certaine « normalité ». Quaurait découvert l’auteur de ce vers lui
permettant de remettre en cause ces évidences toutes faites qui sont souvent les nôtres ?
Qu’est-ce qui lui permet d’affirmer que notre « site » est « l’inhabitable » ? Est-ce une vision
négative et pessimiste, une sorte de nihilisme vis-à-vis de la possibilité même d’habiter ?
Nous révèle-t-il l’échec de toute tentative d’habitation ? ou est-ce une affirmation dénuée de
tout drame, un simple constat de notre condition ?
C’est ce questionnement, appelant plus d’interrogations que de réponses, qui va devenir
la trame du travail présenté ici. D’autant plus en tant qu’architecte, la remise en question de
1 / 61 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !