Lyon, le 24 octobre 2011
Première mondiale :
L’immunité innée domestique les bactéries chez les insectes
L’équipe “Symbioses et Signalisations Immunitaires” (SymSImm) du Professeur
Abdelaziz Heddi de l’unité “Biologie Fonctionnelle Insectes et Interactions” (BF2I) co-
tutellée
par l’INSA de Lyon et l’Inra annonce une découverte majeure sur les mécanismes de
l’immunité innée.
Les résultats de ces recherches remettent en cause l’idée selon laquelle le système
immunitaire aurait pour seul rôle d’é
liminer toutes les bactéries et les organismes étrangers.
Ils viennent ainsi s’ajouter aux recherches menées par l’équipe de Jules Hoffmann, récent Prix
Nobel de médecine, sur la compréhension des mécanismes de l’immunité innée et ouvrent de
nouvelles voie
s qui pourraient déboucher, à terme, sur des connaissances utiles en médecine
humaine ou en agronomie. Ces travaux menés sur le charançon, un insecte ravageur des
céréales, font l’objet d’une publication dans l’édition du 21 octobre 2011 de la revue Science.
Tous les organismes, dont celui de l’Homme, évoluent dans un milieu non aseptique, c’est-à-
dire
peuplé de microbes comme les virus et les bactéries. On distingue généralement trois types de
bactéries : les bactéries pathogènes, à l’origine des maladie
s, mais également les bactéries
commensales et les bactéries mutualistes qui sont, elles, beaucoup plus nombreuses, vivent en
harmonie à l’intérieur des organismes vivants et sont nécessaires à leur survie.
Depuis Louis Pasteur et Robert Koch, qui ont pe
rmis les principales avancées en bactériologie, l’idée
que la réponse immunitaire a pour rôle d’éliminer les bactéries est prédominante. Les chercheurs de
l’INSA et de l’Inra ont mis en évidence chez le charançon l’existence d’une réponse immunitaire qui n
e
tue pas les bactéries vivant en symbiose avec l’insecte, mais au contraire les maintient et les régule
en contrôlant leur division cellulaire.
« C’est une nouvelle étape dans la recherche sur l’immunité innée et la symbiose »,
Professeur Heddi. «
Contrairement aux idées reçues, nos travaux ont permis de mettre en évidence,
pour la première fois, que les réponses du système immunitaire à la présence de bactéries
symbiotiques pouvaient avoir un rôle de maintien des bactéries. C’est une gr
ande avancée qui ouvre
de nouveaux horizons de recherche. »
Mise en évidence du rôle de la réponse immunitaire sur le maintien et le contrôle des bactéries
Les recherches ont porté sur les interactions des insectes avec leurs bactéries symbiotiques. Le
c
harançon présente la particularité d’être en symbiose avec les bactéries présentes à l’intérieur de
certains de ses organes. Cet insecte se nourrit principalement de l’amidon contenu dans les grains de
céréales. Ses bactéries symbiotiques lui permettent d
enrichir sa teneur en acides aminés et vitamines
et lui apportent la capacité de produire les nutriments essentiels à sa survie.
Chez le charançon, les bactéries sont transmises d’une génération à l’autre par hérédité maternelle et
colonisent les cellule
s dès les premiers stades embryonnaires de l’insecte. Il s’agit là d’une intégration
parfaite des bactéries dans l’organisme de l’insecte. Du point de vue immunitaire, le charançon,
comme tous les invertébrés, n’est doté que d’une immunité innée, un mécani
sme de défense décrit
comme non spécifique et sans mémoire. En réponse à une attaque de bactéries ou d’organismes
étrangers, des peptides antimicrobiens sont produits et libérés dans tout le corps de l’insecte afin de
les éliminer. Cette réponse dite syst
émique ne fait aucune différence entre les bactéries pathogènes
et les bactéries symbiotiques.
Un de ces peptides, la coléoptéricine, est pourtant retrouvé dans les tissus sont localisées les
bactéries (bactériome). Le rôle de ce peptide ne consiste pa
s à tuer les bactéries mais à les maintenir
RECHERCHE
tout en inhibant leur division. Lorsqu’on retire la coléoptéricine de l’organisme de l’insecte, les
bactéries se multiplient à nouveau et sortent du bactériome pour aller coloniser l’ensemble du corps.
Les cherc
heurs ont ainsi mis en évidence le rôle joué par la réponse immunitaire sur le maintien et le
contrôle des bactéries. La coléoptéricine joue un rôle décisif pour éviter que les bactéries ne
prolifèrent et pour qu’elles conservent toute leur efficacité dans
leur fonction symbiotique d’assistance
à la survie de l’insecte.
De nouvelles voies pour des recherches en médecine humaine ou en agronomie
Cette première scientifique s’ajoute aux travaux menés par l’équipe de Jules Hoffmann, qui vient de
recevoir le
Prix Nobel de médecine, et qui a découvert l’importance des peptides antimicrobiens chez
les insectes. Elle ouvre de nouvelles voies pour la connaissance fondamentale des mécanismes de
l’immunité innée qui pourraient déboucher, à terme, sur des recherches en médecine humaine.
Dans les applications agronomiques, la mise en évidence du rôle majeur que joue la coléoptéricine
dans la survie du charançon pourrait déboucher dans les prochaines années sur la mise au point de
moyens de lutte contre les insectes nu
isibles, à l’aide de molécules capables d’agir sur la symbiose
entre l’insecte et sa bactérie. Ces solutions, plus respectueuses de l’environnement, devraient
permettre des alternatives aux insecticides et pesticides.
Références :
Antimicrobial peptides
keep insect endosymbionts under control
. Science 334 (362), 21 octobre 2011,
DOI 10.1126/science.1209728
Frédéric H. Login
1,2
, Séverine Balmand
1,2
, Agnès Vallier
1,2
, Carole Vincent-Monégat
1,2
,
Aurélien Vigneron
1,2
, Michèle Weiss-Gayet
2,3
, Didier Rochat
4
, and Abdelaziz Heddi
1,2
1
INSA-Lyon, INRA, UMR203 BF2I, Biologie Fonctionnelle Insectes et Interactions, F-69621 Villeurbanne, France,
2
Université de
Lyon, F-69003, Lyon, France,
3
Université Lyon 1, CNRS UMR5534, Centre de Génétique et de Physiologie Molécul
aire et
Cellulaire, F-69622 Villeurbanne, France,
4
INRA, Université Pierre et Marie Curie, UMR1272 Physiologie de l’Insecte
Signalisation et Communication, F-78026 Versailles, France
Contacts Presse : Agence Amalthea
Clément Moulet – Tél : 04 26 23 41 55 – Email : [email protected]
Anne-Laure Fogliani – Tél : 04 26 23 41 50 – Email : [email protected]
Contact scientifique : UMR203 BF2I (Biologie Fonctionnelle Insectes et Interactions)
Abdelaziz Heddi – Tél : 04 72 43 88 68 – Email :
a
A propos du laboratoire Biologie Fonctionnelle, Insectes et Interactions (BF2I) – bf2i.insa-lyon.fr
Implantée sur le domaine scientifique de la Doua (Campus LyonTech à Villeurbanne
), l'Unité Mixte de Recherche
"Biologie Fonctionnelle, Insectes et Interactions" (BF2I) est l'un des 20 laboratoires de l'INSA de Lyon.
Associée à l'Inra (Institut National de la Recherche Agronomique), l'unité est rattachée au département "
Santé
des Plantes et Environnement
" dont une mission principale est d'acquérir les bases cognitives permettant de
prévoir et de gérer les interactions des plantes cultivées avec leur environnement biotiq
ue (agresseurs
microbiens, insectes ou autres groupes animaux).
Tournées à la fois vers la formation et la recherche, les activités de l'unité sont conduites par une équipe de 30 à
40 personnes dont environ 25 permanents.
http://twitter.com/insadelyon
http://www.facebook.com/INSAdeLyon
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