MYÉLOPATHIE CERVICALE SECONDAIRE À UNE OSSIFICATION DU LIGAMENT COMMUN VERTÉBRAL POSTÉRIEUR AU COURS DE L'HYPEROSTOSE VERTÉBRALE ANKYLOSANTE
mique. Il existe, par ailleurs, une ossification du LCVP
commençant au sommet de l'odontoïde et descendant le
long du mur postérieur des corps des vertèbres cervicales
(figure 4),
La myélographie, réalisée par voie sous occipitale, montre
une image d'arrêt incomplet en regard de C3 - C4 . Les
coupes tomodensitométriques confirment la présence d'une
ossification asymétrique du LCVP s'étendant de C2 jusqu'à
C7 entraînant un retrécisssement du canal rachidien et une
compression importante de ]a moelle cervicale (figure 5),
Une ]aminectomie C3 - C7 est réalisée en Novembre 1994.
A 4 mois de recul, l'état du patient est stationnaire.
COMMENTAIRES
Le LCVP s'étend de l'os cccipita] jusqu'au sacrum et tapis-
se la face postérieure des corps vertébraux et des disques
intervertébraux. L'ossification de ce ligament peut être à
l'origine d'une compression médullaire.
La première description remonte à 1838 par Key, suivie de
2 cas: Knaggs (1925) et Oppenheimer, (1942) (21).
Tsukimoto (1960) a relancé ]'interêt pour les affections
ossifiantes des ligaments rachidiens. Son premier cas est
celui d'un patient opéré pour une tétraparésie due à l'ossifi-
cation pluri étagée du LCVP occupant les 2/3 antérieurs du
canal rachidien (19).
Terrayama (1964) (6)a introduit ]e terme d'ossification du
LCVP par opposition aux autres affections ostéo-construc-
trices du rachis: spondylarthrite ankylosante, hyperostose
vertébrale ankylosante et arthrose rachidienne.
L'étiologie de cette ossification est inconnue, elle prédomi-
ne dans les populations asiatiques notamment chez les
Japonais avec une prévalence de 3% (8). Dans les autres
populations elle est plus rare. La fréquence est prés de 10
fois supérieure à celle observée chez les caucasiens (II).
Le mécanisme de cette ossification est inconnue, elle com-
mence probablement au niveau des couches superficielles
du ligament en regard de la dure mère (15),puis s'étend vers
les couches profondes. Les zones non ossifiées donnent une
image radio-transparente entre les corps vertébraux et
l'ossification. Elle se fait par ostéoformation endochondrale
(15)pouvant aller jusqu'à la formation d'un os compact avec
deux corticales et une spongieuse comportant de la moelle
osseuse.
Resnick (16)à partir d'une étude radiologique du rachis cer-
vical chez 74 patients atteints d'HV A note la présence
d'une ossification du LCVP dans 50% des cas.
Arlet et Coll (3) rapportent 17 cas de myélopathie cervicale
avec sténose du canal rachidien secondaire à des proliféra-
tions osseuses développées à ]a face antérieure du cana]
cervical du type de celles décrites par Forestier et Rotes-
Quero] sur les faces antérieures et latérale de la colonne
vertébrale. Ils trouvent des images radiologiques différentes
de celles de nos observations et remarquent leur analogie
avec les images d'hyperostose ankylosante antérieure.
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Bastin (5)rapporte quatre observations d'ossification du
LCVP, trois d'entre elles comportent une localisation cervi-
cale dont une associée à une HV A et compliquée d'une
compression médullaire.
La laminectomie n'a permis qu'une récupération fort par-
tielle (5).
L'ossification du LCVP survient dans 70 à 75% des cas au
rachis cervical de C2 à C7 mais prédomine entre C3 et C5
(17)]a longueur de l'ossification varie d'une à plusieurs ver-
tèbres et peut s'interrompre en regard des risques interver-
tébraux. L'épaisseur de l'ossification varie de 1 à 8 mm.(6)
Elle peut également sièger au rachis dors a] (15 à 20% des
cas) ou au rachis lombaire (10% des cas). ru
Cette affection touche ]e sujet de plus de 40 ans mais ]a fré-
quence augmente avec l'âge (10% aprés 60 ans chez les
Japonais). L'âge moyen de nos malades est de 60,5 ans. Il
existe une prédominance masculine. Nos 3 malades sont de
sexe masculin. L'ossification du LCVP est généralement
asymptomatique, mais parfois et comme c'est ]e cas dans
nos 3 observations, ]e mode de révélation est neurologique.
Dans ce cas, il s'agit d'une para ou tétraparésie spastique,
d'installation habituellement progressive. Les troubles
sphinctériens sont tardifs. Cependant dans 20% des cas, le
déficit révélateur peut s'être constitué de façon aigue sou-
vent aprés un traumatime minime (11)(cas de notre observa-
tion n° 3) les cervica]gies, les atteintes radiculaires avec
troubles sensitifs des membres sont fréquentes.
Les aspects anatomopatho]ogiques des lésions médullaires
ont fait l'objet de quelques publications notamment par les
auteurs Japonais (Tsukimoto (II) , Murakami (12».
Macroscopiquement, ]a moelle épinière est ondulée et ap]a-
tie. En microscopie optique ]a substance grise est le siège
d'infarctus avec nécrose. Les cordons postérieurs et ]até-
raux sont siège de démyé]inisation avec prolifération d'une
néovascu]arisation.
Dans ]e déterminisme de ]' atteinte médullaire intervient la
réduction du diamètre antéro-postérieur du canal rachidien.
D'aprés une étude de 74 patients, Nose (14)conclut qu'une
réduction de 30% du diamètre antéro-postérieur constitue
un seuil critique pour ]a survenue d'une atteinte médullaire.
Cependant dans certains cas, il est difficile d'invoquer ce
seul facteur; un mécanisme ischémique, comme ]e suggè-
rent les études anatomiques, intervient trés probablement et
expliquerait l'absence de paralle]isme entre l'étendue des
lésions osseuses et l'importance des lésions médullaires.
D'autres facteurs comme l'étroitesse canal aire congénitale,
les frictions entre ]a moelle et l'ossification lors des mouve-
ments du rachis cervical, les traumatismes peuvent égale-
ment intervenir.<21.5)
Le diagnostic d'ossification du LCVP repose sur la radio-
graphie du rachis de profil qui montre une opacité linéaire
se projetant ]e long du bord postérieur des corps vertébraux,
passant en pont derrière les disques intervertébraux, s'insè-
rant sur les corps vertébraux sauf parfois aux extrémités où
elle reste libre.
La tomographie sagittale médiane du rachis est un examen