Rev Med Brux - 2016 171
coude sur une radiographie de face ou de profil1,3,6. Si
la ligne passant par le col et la tête du radius croise en
avant le centre du capitulum sur une radiographie de
profil, on parlera de luxation antérieure de la tête du
radius. La déformation ulnaire se diagnostique sur une
radiographie de profil par la ligne de Mubarak. La ligne
postérieure de l’ulna joignant l’olécrane proximalement
et la métaphyse ulnaire distalement intercepte
normalement la diaphyse de l’ulna qui est convexe sur
une radiographie de profil. En cas de déformation
plastique de l’ulna, la diaphyse ulnaire devient concave
et s’écarte de plus de 1 mm de cette ligne. Il est
important de noter qu’une luxation isolée de tête radiale
chez l’enfant reste exceptionnelle et qu’il faut toujours
rechercher une déformation plastique de l’ulna qui peut
ne pas être flagrante5.
L’évolution est péjorative en l’absence d’une
réduction précoce. Les patients mentionnent une
douleur, une instabilité, une déformation, une perte de
force ou de mobilité au niveau du coude. Une
neuropathie radiale peut également survenir à plus long
terme par compression du nerf interosseux postérieur
par la tête radiale luxée en antérieure ou en
antérolatéral (déficit d’extension des articulations
métacarpo-phalangiennes). La neurapraxie radiale se
résout typiquement après réduction de la tête radiale.
Dans le cas contraire, une neurolyse peut être
proposée. A noter qu’une neuropathie ulnaire est
décrite en cas de luxation postérieure2,13,14,15.
Le traitement orthopédique est le traitement de
première ligne. Il s’agit d’une réduction par manœuvres
externes dirigées dans le sens inverse de la
déformation plastique de l’ulna et de la luxation de tête
radiale. Les chances de réduction à foyer fermé
diminuent à partir du moment où la lésion devient
chronique, c’est-à-dire à partir de la 4e semaine après
le traumatisme. La réduction de l’ulna se fait par une
traction longitudinale avec correction de l’angulation
pour restaurer l’alignement et la longueur. La réduction
de la tête radiale se retrouve facilitée après correction
de l’ulna et se fait par une supination et une flexion du
coude à plus de 90° avec ou sans pression à direction
postérieure (pour une luxation antérieure).
L’immobilisation consiste en un plâtre brachio
antébrachial en supination et en flexion à 110° pendant
3 à 6 semaines1.
Le traitement chirurgical est indiqué en cas
d’échec de la réduction à foyer fermé de la fracture de
l’ulna ou de la luxation de la tête radiale. Le but du
traitement chirurgical est de réduire et de stabiliser la
fracture ulnaire et la luxation de tête radiale en étant le
moins invasif possible. C’est la restauration de
l’alignement et de la longueur de l’ulna qui permet une
réduction stable de la tête radiale. La voie chirurgicale
latérale de Boyd est la plus souvent utilisée. Diverses
techniques chirurgicales sont associées à la réduction
à foyer ouvert et décrites dans la littérature. Une
ostéotomie d’allongement et d’angulation postérieure
(pour une luxation antérieure) de l’ulna fixée par une
plaque vissée, un clou centro médullaire, une broche
de Steinmann ou un fixateur externe est souvent
nécessaire pour réduire la luxation de tête
radiale1,13,14,16,17. Selon Hirayama, l’ostéotomie se fait à
5 cm de l’olécrane avec un allongement de 1 cm et
une angulation postérieure de 15°16. Pour Nakamura,
l’ostéotomie se fait au niveau du 1/3 proximal de l’ulna
permettant la mise en place de trois vis proximales, la
première étant située à hauteur du processus
coronoïde, de trois vis distales et d’une vis
intermédiaire fixant une éventuelle greffe osseuse.
L’allongement moyen est de 7,8 mm pour une
angulation postérieure de 15,8°14. La plastie du ligament
annulaire est également décrite pour augmenter la
stabilité de la réduction1,13,14,16,17. Elle ne doit pas être
utilisée seule. Il n’y a pas de consensus clairement
définis. Son utilité est controversée en raison de ses
effets indésirables comme la constriction du col du
radius par une plastie trop tendue limitant la mobilité
(Hourglass syndrome) et l’ossification ligamentaire17.
Pour reconstruire le ligament annulaire, Speed et Boyd
en 1940 utilisent le fascia de l’extenseur ulnaire du
carpe et de l’extenseur des doigts1,13,14,16,17. Watson
Jones en 1955 prend le tendon du long palmaire sous
la forme d’une greffe libre qu’il suture au reliquat de
ligament annulaire1,13,14,16,17. Bell Tawse emploie en 1965
une bandelette médiale du fascia du tendon du triceps
alors que Lloyds Roberts et Bucknill se servent en 1977
d’une bandelette latérale de ce même fascia18,19. Burnei
a également décrit en 1985 l’utilisation du tendon du
long extenseur radial du carpe en remplacement du
ligament annulaire. Celui-ci peut également être réparé
lorsque son intégrité est conservée1,13,14,16,17. La mise
en place d’une broche intra-articulaire capitulo radiale
transitoire permet également de stabiliser la réduction13.
Une ostéotomie de raccourcissement du radius est
parfois nécessaire afin de réduire la luxation de tête
radiale1,13,14,16,17. La résection de tête radiale n’a pas sa
place chez l’enfant. Elle est responsable d’une
instabilité en valgus et d’une migration proximale du
radius entraînant une douleur au niveau du poignet.
Elle est utile uniquement pour un coude douloureux
une fois la croissance terminée (procédure de
sauvetage)13.
Grag montre que l’ostéotomie selon Hirayama
combinée à une reconstruction du ligament annulaire
par une greffe libre du tendon du long palmaire est la
meilleure option thérapeutique notamment par rapport
à une ostéotomie transverse simple et une Bell Tawse
procedure20. Bhaskar montre que l’ostéotomie ulnaire
est la technique la plus importante et le plus souvent
suffisante dans la stabilité de la tête radiale. Il dit
également que la reconstruction du ligament annulaire
n’est pas toujours nécessaire et qu’elle se base sur la
stabilité per opératoire en pronation de la tête radiale
après une ostéotomie ulnaire adéquate. Il est préférable
d’augmenter l’angulation de l’ostéotomie ulnaire que
de réaliser une plastie ligamentaire pour augmenter la
stabilité de la réduction de tête radiale21.
Les résultats postopératoires sont influencés par
l’âge du patient au moment de la chirurgie et par le
délai entre le traumatisme et la chirurgie. Plus l’âge du