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RÉFÉRENCE :
ERIC GIRAUD ET AL. Legumes
Symbioses : Absence of Nod
Genes in Photosynthetic
Bradyrhizobia, Science, 1er juin
2007.
MOTS-CLEFS :
SYMBIOSE, AZOTE,
BRADYRHIZOBIUM,
AESCHYNOMENE, LÉGUMINEU-
SES, BACTÉRIES, GÈNE NOD,
NODULES
viennent de mettre en évidence un nouveau
mode de communication à l’échelle molécu-
laire entre ces deux organismes. La bactérie
de ce modèle original possède sa propre voie
de photosynthèse, propriété unique chez les
rhizobiums (2). Ce caractère particulier lui
confère la capacité exceptionnelle et rare de
former des nodules sur les tiges de sa plante-
hôte. Celle-ci acquiert ainsi la possibilité de
fi xer des quantités d’azote bien supérieures
à celles mesurées habituellement chez les
légumineuses qui ne possèdent des nodules
que sur leurs racines.
Les chercheurs ont séquencé (3) le
génome de deux souches bactériennes de
Bradyrhizobium, ORS278 et BTAi1, afi n de
connaître leur patrimoine génétique et d’iden-
tifi er les gènes impliqués dans cette sym-
biose particulière. Ils ont ainsi découvert que
ces bactéries sont dépourvues des gènes
nod, indispensables à la formation des nodu-
les. Bradyrhizobium utiliserait par conséquent
des mécanismes faisant intervenir d’autres
gènes. Ces résultats surprennent d’autant
plus qu’ils remettent en question le modèle
universellement reconnu de dialogue molé-
culaire provoquant la symbiose rhizobiums/
légumineuses. Ce modèle commun exige la
présence de plusieurs gènes nod permettant
la synthèse d’un facteur Nod. Ce dernier est
une molécule fabriquée par la bactérie qui
lui permet d’être reconnue par la plante et de
pouvoir rentrer à l’intérieur au niveau de poils
sur les racines. Sans cette molécule signal,
il ne peut y avoir de nodules conduisant à la
symbiose. Quelle voie de signalisation utilise
alors Bradyrhizodium pour s’introduire dans
la plante et induire la nodulation ?
Les chercheurs ont tout d’abord constaté
que la bactérie pénètre dans les racines de
sa plante-hôte non pas par les poils mais en
utilisant des « zones de crack » que l’on peut
comparer à des zones de blessures. Ils ont
ensuite tenté d’identifi er les gènes impliqués
dans la fabrication de la molécule signal
inconnue, jouant le rôle du facteur Nod. A
la lumière de l’ensemble des résultats obte-
nus, ils ont émis l’hypothèse qu’une molécule
proche d’une hormone végétale (4), la cytoki-
nine, pourrait intervenir dans les mécanismes
déclenchant la nodulation.
La découverte de la nature de la molécule
signal elle-même, qui reste encore à déter-
miner, laisse entrevoir de futures applications
agronomiques.
En effet, de nombreux végétaux vivent en
symbiose avec des bactéries, mais seul le
fonctionnement d’un petit nombre de ces
interactions est connu. La mise en évidence,
chez certains rhizobiums, de voies alternatives
capables de déclencher le signal de nodula-
tion donne l’espoir d’associer ces bactéries à
des plantes différentes des légumineuses. Il
deviendrait alors envisageable d’accroître la
production agricole d’un nombre plus impor-
tant de plantes, notamment dans les pays
tropicaux, en limitant l’utilisation d’engrais.
(1) Ces recherches ont été conduites au
Laboratoire des Symbioses Tropicales et
Méditerranéennes, UMR 113 (IRD, CIRAD,
AGRO-M, INRA, Université Montpellier 2),
avec la collaboration du Génoscope d’Evry,
du CEA, du DOE Joint Genome Institut, de
l’Université du Minnesota et de l’Université
du Missouri.
(2) Voir fi che n°154 accessible à www.ird.
fr/fr/actualites/fi ches/2002/fi che154.htm
(3) séquençage : méthode de biologie molé-
culaire permettant de connaître toutes les
séquences d’ADN d’un organisme, et donc
ses gènes.
(4) les hormones végétales jouent un rôle
de communication au sein de la plante
Rédaction – IRD : Stéphane Sapolin
Pour en savoir plus
Marie Guillaume-Signoret, coordinatrice
Délégation à l’information et à la communication
Fiche n°269 - Juin 2007
Symbiose A.Sensitiva Bradyrhizobium contrôle (gau-
che) inoculation racine (droite) et inoculation tige
(milieu)
© IRD/ Eric Giraud