CONTEXTE DE PROGRAMMATION INTERNE ET MEMORISATION DE LA PUBLICITE TELEVISEE : APPORT ET LIMITE DE L’EXPERIMENTATION ? Meriem Maazoul* Université Tunis El Manar - Laboratoire de recherche ERMA [email protected] Slim Khalbous Université de Carthage - IHEC Présidence, Laboratoire Marketing - Sfax [email protected] * [email protected] Résumé : L’objectif de cette recherche est de vérifier l’effet des choix méthodologiques sur les recherches dans le domaine publicitaire, à travers une comparaison des résultats d’une étude en laboratoire et des études en situation naturelle d’exposition. C’est ainsi qu’une étude sur l’effet du contexte de programmation interne, mesurées par les variables de contenu et les variables de séquence de passage du spot, sur l’efficacité de la publicité télévisée a été menée en laboratoire. L’efficacité a été mesurée par: la mémorisation spontanée du produit et de la marque, la mémorisation assistée de la position du spot et des éléments créatifs et de la mémorisation globale. Cet indicateur représente une valeur synthétique de cinq indicateurs de la mémorisation, construite à partir d’une analyse factorielle ordinale. Les résultats montrent que si les tests en laboratoire n’affectent pas les résultats des études des variables de contenu, ils peuvent induire un biais méthodologique pour les variables de séquence. Mots clef : approche méthodologique ; expérimentation en laboratoire ; étude en situation naturelle d’exposition ; contexte de programmation interne ; mémorisation publicitaire. INTERNAL PROGRAMMING CONTEXT AND ADVERTISING RECALL: CONTRIBUTION AND LIMIT OF LABORATORY EXPERIMENT? Abstract: This research aims to test the effect of the choice of empirical methodology on the results of advertising research, by comparing the results of laboratory study and natural field. A study which aims to test the effect of internal programming context, measured by the content and passage of the spot sequence variables on the effectiveness of tv advertising, was conducted on laboratory experiment. The measure of effectiveness includes: free recall of the product and the brand, aided recall of the position of the spot and creative elements and global recall. This measure was built from an ACP polychoric on five indicators of recall. The results show that if the laboratory tests do not affect the results of studies of variable content, but they may induce a methodological bias for the sequence variables. Keywords: methodological approach; laboratory experiment; natural field study; internal programming context; advertising recall. CONTEXTE DE PROGRAMMATION INTERNE ET MEMORISATION DE LA PUBLICITE TELEVISEE : APPORT ET LIMITE DE L’EXPERIMENTATION ? Introduction La mémorisation de la publicité télévisée se trouve être un objectif de plus en plus difficile à atteindre par les annonceurs (multiplications des chaines, encombrement publicitaire, développement des nouvelles technologies tel que le zapping par la reconnaissance vocale, etc.). Autant de facteurs qui contribuent à distraire le téléspectateur lorsqu’il est exposé à un message publicitaire et qui incitent les annonceurs à les intégrer lors de l’élaboration de leurs stratégies. Ces décisions peuvent concerner le contenu, à savoir la congruence entre le type de programmes télévisés et le type de publicité ; ou bien la séquentialité de passage des spots par rapport au programme et dans l’écran. Ces choix internes et contrôlables par l’entreprise sont nommés dans cette recherche : les variables de programmation internes. Les chercheurs qui se sont intéressés à l’étude des variables de programmation interne sont souvent arrivés à des résultats contradictoires. A titre d’exemple, certaines études proposent aux annonceurs de placer leurs spots au début de l’écran alors que d’autres leur proposent de les placer à la fin ! Il serait intéressant de s’interroger sur les origines de ces contradictions. C’est dans ce contexte que cet article se propose de présenter des éléments de compréhension de ces résultats divergents. En étudiant l’effet de l’implication dans le programme sur l’efficacité publicitaire, Moorman et al. (2007) ont fait ce même constat. Ils sont parvenus à la conclusion que la divergence des résultats ne peut être due qu’à la différence des approches méthodologiques utilisées par les chercheurs. En effet, pour assurer la validité externe, les études publicitaires utilisent souvent l’expérimentation en laboratoire comme méthode de validation empirique. Or, cette méthode permet certes d’exclure l’effet des variables externes et d’isoler l’effet des variables étudiées mais présente l’inconvénient d’ôter le caractère naturel du comportement des sujets, qui sont en situation d’exposition « forcée ». En effet, dans « la vrai vie » le téléspectateur a la possibilité de faire une autre activité : manger, consulter son téléphone, discuter, lire, etc., ou même de zapper vers un autre programme, ce qui n’est souvent pas le cas au moment de l’expérimentation en laboratoire. Pour pallier ces limites, d’autres études utilisent l’expérimentation sur le terrain (Chandon et al., 2013), qui constituent un pont entre le laboratoire et l’exposition naturelle. Sauf que cette méthode garde toujours le côté artificiel de l’étude. L’application de l’expérimentation conviendrait donc plus à l’étude du traitement psychologique des variables tandis qu’une situation naturelle d’exposition serait plus appropriée à étudier les variables dont les effets sont liés au choix de regarder ou non un programme. Cette étude propose de vérifier l’effet de l’approche méthodologique expérimentale en laboratoire sur les résultats des études. Afin d’atteindre cet objectif, une étude des effets des variables du contexte de programmation interne sur la mémorisation publicitaire a été menée à travers une expérimentation en laboratoire. Les résultats de cette étude seront ensuite comparés aux résultats des études similaires menées en situation naturelle d’exposition. Etude des variables de contenu publicitaire : influence de la congruence entre le type de programme et le type de publicité La congruence a été définie par Mandler (1982) comme l’adéquation entre les attributs d’un objet. Pour Hecker et Childer (1992), il s’agit d’un concept bidimensionnel, constitué par : le contenu et le style. La présente recherche s’intéresse à l’étude de l’effet de la congruence du style entre la publicité et le programme sur l’efficacité publicitaire (drame, humoristiques, etc.). Un examen de la littérature montre un consensus autour d’un effet 1 négatif de la congruence cognitive sur la mémorisation de la publicité (Rifon et al., 2004 ; Dahlen et al., 2005 ; Dahlen et al., 2008 ; Cheng et Kao, 2011). Cet effet négatif a été expliqué par l’effet de contraste, entre deux objets qui attire l’attention de l’individu vers cette « chose différente » (Meyers-Levy et Tybout, 1997). Dahlen et al. (2008) expliquent cet effet par l’effet de surprise engendré par un contenu de la publicité incongruent avec le contenu du contexte de programmation. Cet effet de contraste est indépendant du choix du programme par le téléspectateur. L’exposition « forcée » ou en laboratoire n’a donc pas d’effet négatifs sur les résultats de l’étude. Au contraire, cette méthode présente l’avantage de manipuler les variables de contenu, tout en maitrisant les variables externes. Sur la base de ce constat, l’hypothèse H1 peut être avancée : Les études des variables de contenu doivent privilégier l’expérimentation en laboratoire comme approche méthodologique empirique. Etude des variables séquentielles Les variables séquentielles sont étudiées à travers les variables de séquences externes (ordre de passage entre l’écran et le programme) à l’écran et internes (ordre de passage du spot dans l’écran). Influence de l’ordre de passage entre l’écran publicitaire et le programme Les rares recherches qui se sont intéressées à l’effet de l’ordre de passage de la publicité par rapport au programme, avancent la même conclusion : les publicités insérées dans les écrans qui passent avant le programme sont les mieux mémorisées (Newell et al., 2001 ; Newell et Wu, 2003). Ces études menées en situation naturelle d’exposition, se basent sur le phénomène du « zapping » pour expliquer ces résultats. En attendant le début du programme, l’attention du téléspectateur est à son maximum. Ce dernier va zapper et revenir vers la chaîne au moment du passage de l’écran au milieu du programme, car à ce moment il est irrité par l’interruption publicitaire, mais en même temps il attend la reprise de son programme; pour zapper définitivement à la fin du programme, car ayant terminé l’objet de son exposition, il n’a plus de raisons pour continuer s’exposer à la chaîne. Influence de l’ordre de passage de la publicité dans l’écran publicitaire La littérature sur la position séquentielle des spots dans l’écran dégage trois points de vue. Le premier avance une meilleure mémorisation pour les publicités au début de l’écran, appelé « effet de primauté ». Ces études, menées dans des situations naturelles d’exposition (Cronin et Menelly, 1992 ; Zhao, 1997 ; Nwell et Wu, 2003), expliquent cet effet par une forte attention de l’audience au début qui risque de se dissiper au fur et à mesure de l’exposition. Le deuxième point de vue supporte « l’effet de récence », selon lequel les publicités qui passent à la fin de l’écran bénéficient des meilleurs scores de mémorisation. Tse et Lee (2001) ont expliqué ce résultat par le fait que l’individu zappe lors de la diffusion de l’écran, pour s’exposer à nouveau à la fin de l’écran, lorsqu’il pense que le programme va reprendre. Ce constat est valable pour les écrans qui passent avant ou au milieu du programme. Le troisième point de vue propose une relation sous la forme de U. D’après ces études, effectuées dans des situations naturelles d’exposition (Pieters et Bijmolt, 1997) ou en laboratoire (Terry, 2005 ; Riebe et Dawes, 2006), la mémorisation publicitaire est bonne au début de l’écran, elle décroit pour atteindre son minimum pour les spots qui passent au milieu et reprend pour les spots qui passent à la fin. Il est à noter que les scores de mémorisation des publicités qui passent au début restent plus élevés que ceux qui passent à la fin. Les chercheurs qui ont mené les travaux sur les effets de séquence cités plus haut ont expliqué les résultats de leurs études par le phénomène de zapping. Or, les effets de ce phénomène ne peuvent être vérifiés en laboratoire, pour deux raisons. Premièrement, les 2 sujets exposés à des programmes en laboratoire n’ont pas la possibilité de zapper physiquement. Deuxièmement, lors d’une étude menée en laboratoire, il est souvent demandé aux répondants de ne pas quitter la salle afin de répondre au questionnaire après l’exposition. Ils seront donc « forcés » de regarder les spots qui passent après le programme. Ce constat est confirmé par Ducan (2000), qui précise qu’il y a effet de récence lorsque les répondants sont interviewés à la fin de leur exposition à l’écran. A la lumière de ces données, il est possible d’avancer la proposition P2: Les études des variables de séquence devraient privilégier les études en situation naturelle d’exposition comme approche méthodologique empirique. Méthodologie et mise en place de l’expérimentation La validation empirique des hypothèses a été faite en deux phases. Une étude exploratoire par enquête par sondage auprès de 300 étudiants, dont le but est de choisir les outils expérimentaux (type et langue des programmes et de spots), suivie d’une expérimentation pour tester les liens entre les variables étudiées. Expérimentation La validation des hypothèses a été faite par une expérimentation sur le terrain auprès d’un échantillon de 630 étudiants, choisis selon la méthode des quotas. Ces étudiants sont de niveaux d’étude, de spécialités et de régions à niveaux de prospérité très différents. Les étudiants ont souvent été utilisés dans les études publicitaires, vu qu’ils constituent un échantillon homogène qui garantit une meilleure validité externe (Terry, 2005 ; Nau, 2011). La conception du matériel expérimental a été faite par un montage vidéo des programmes et des spots en fonction des résultats de l’étude exploratoire. 4 programmes (film, jeux, série et documentaire) ont été choisis selon les centres d’intérêts de la cible et manipulés de sorte à avoir une durée égale (entre 30 et 35mins). Pour les spots, par soucis d’éliminer l’effet de la familiarité, ces derniers ont été enregistrés à partir d’une télévision suisse qui ne passe pas sur le stellite. Ainsi 6 spots (Vogèle, Radion, Merker, Newchatoise, SFR et Ricqles) correspondants aux 6 catégories des produits (habillement, produits d’hygiène, électroménager, produits financiers, téléphonie et boissons) dégagées par l’étude exploratoire ont été utilisés dans chaque programme. Encadré 1- Déroulement de l’expérimentation Selon le design expérimental, les individus étaient affectés aléatoirement à l’une des 9 conditions expérimentales : (spot test inséré dans un écran qui passe au début, au milieu ou à la fin du programme) x (spot test qui passe au début, au milieu ou à la fin de l’écran). Les groupes expérimentaux étaient constitués d’une quinzaine de sujets. Au début de chaque expérimentation, l’enquêteur présentait l’étude (« allaient être exposés à un programme télévisé, suite auquel ils devaient répondre à un questionnaire ») et donnait les consignes aux sujets, qui devaient se comporter d’une manière naturelle : ils pouvaient boire, manger, discuter, ou même quitter la pièce, à condition de revenir pour répondre au questionnaire. Suite à ça il y a eu la projection du programme et des spots. A la fin duquel les sujets devaient répondre à un premier questionnaire sur la mémorisation spontanée. Après avoir ramassé ce premier questionnaire, un deuxième a été distribué portant sur la mémorisation assistée, les variables individuelles et une question sur le contrôle de la familiarité à l’égard des spots. Opérationnalisation des variables Les mesures adoptées dans l’étude sont résumées dans le tableau suivant : Tableau 1 : Mesures des variables Variables Contexte d’exposition interne Congruence type spot / type programme Ordre de passage écran / programme Mesure Evaluée par 4 experts Manipulation des spots de façon à passer avant, au milieu et après le programme 3 Ordre de passage spot / écran Manipulation des spots de façon à passer au début, au milieu et à la fin de l’écran Variable dépendante Mémorisation publicitaire (de chacune des 6 marques testées) Mémorisation spontanée (rappel) de la marque et du produit. Mémorisation assistée de la position du spot par rapport au programme (reconnaissance) et éléments créatifs du spot (couleurs, personnages, etc.) Mémorisation globale mesurée à travers une valeur synthétique des 5 indicateurs : mémorisation spontanée du produit, de la marque et de la position par rapport au programme et assistée de la position et des éléments créatifs. une ACP a été réalisée sur les corrélations polychoriques entre ces 5 variables (de nature ordinales et de comptage). La mémorisation globale est représentée par 1 axe pour les 6 marques Résultats de l'expérimentation La validation des hypothèses a nécessité le recours à différentes méthodes d’analyses : Khi2, ‘d’ de Somers, GZLM avec la fonction de lien de Poisson, ANOVA et calcul des moyennes. Les principaux résultats sont présentés dans le tableau 2. Influence de la variable de contenu Les résultats montrent que pour les 5 mesures, la mémorisation est meilleure lorsque le type du spot est incongruent avec le type de programme. Ces résultats rejoignent les conclusions des études précédentes et permettent de confirmer l’hypothèse H1. Influence des variables séquentielles Influence de l’ordre de passage entre l’écran publicitaire et le programme Les études citées plus haut avancent que les meilleurs scores de mémorisation d’un spot sont obtenus lorsqu’il passe avant le programme, suivie de la position du milieu, et enfin celle après le programme. Les tests menés dans cette étude ne permettent pas de trancher. D’après les résultats dans le tableau 2, l’ordre de passage de l’écran par rapport au programme n’a pas d’effet sur la mémorisation du produit et des éléments créatifs. Pour les indicateurs où il a un effet, les tendances ne sont pas homogènes et parfois contradictoires. En effet, ces résultats montrent que les répondants ont tendance à mieux mémoriser les noms des marques des spots qui passent après le programme, alors qu’ils ont tendances à mieux mémoriser la position des spots qui passent avant le programme. Influence de l’ordre de passage du spot dans l’écran La littérature, en particulier en situation naturelle, avance une meilleure mémorisation des spots qui passent au début et/ou à la fin de l’écran publicitaire, avec une meilleure mémorisation des spots du début. Le tableau 2 montre des résultats différents que ceux prévus par la littérature. En fait, l’ordre de passage du spot dans l’écran n’a pas d’effet sur la mémorisation globale, du produit et de la position. Et même quand cet effet existe il est contraire à la logique proposée par les chercheurs dans le domaine. En effet, le tableau 2 montre des tendances vers une meilleure mémorisation des éléments créatifs des spots qui passent à la fin et même au milieu de l’écran. Pour ce qui est de l’ordre de passage de l’écran, d’après le tableau2 il n’y a pas d’effet de l’ordre sur la mémorisation du produit et des éléments créatifs. Toutefois les tests montrent que la mémorisation du nom de marque est meilleure pour les spots placés dans l’écran qui passe après le programme que pour les deux écrans précédents. Les résultats différents et parfois contradictoires avec les études précédentes confirment la théorie du biais méthodologique. Lors d’une expérimentation en laboratoire, les répondants se sentaient obligés de regarder la télévision même au moment de l’interruption du programme par un 4 écran publicitaire. Ce qui peut expliquer qu’ils mémorisent aussi bien les spots diffusés avant ou au milieu du programme. Tandis que, dans une situation naturelle, les téléspectateurs changent souvent de chaine ou quittent la pièce une fois le programme, objet de l’exposition, terminé. Dans le cadre de cette étude, les sujets devaient rester pour répondre au questionnaire, leur attention était donc dirigée vers l’écran qui passe après le programme. Ce qui peut expliquer le niveau de mémorisation des spots qui passent dans cet écran. Ces résultats ont souvent été expliqués par la théorie du zapping (Tse et Lee, 2001). Ce phénomène, difficilement mesurable à travers une expérimentation en laboratoire, reste la piste la plus logique pour expliquer la différence de résultats entre les études. Ce constat permet ainsi de valider la proposition P2. Tableau 2 : Principaux résultats Mémorisation spontanée Variable de contenu Variables séquentielles Congruence type de programme / type de spot Ordre de passage écran / programme Ordre de passage spot / écran Liens sig. Meilleure mémorisation Produit Marque 6/6 5/6 Incongruence (4/6) incongruence (3/5) incongruence (3/4) 4/6 Avant (1/4), Milieu (1/4), Après (2/4). 3/6 Début (3/3), Milieu (1/3), Après (0/3). 4/6 Avant (3/6), Milieu (2/6), Après (1/6). Liens sig. Meilleure mémorisation n.s. Liens sig. Meilleure mémorisation Mémorisation assistée Eléments Position créatifs 4/6 4/6 n.s. n.s. Incongruence (2 éléments et +) n.s. Mémorisation globale 6/6 incongruence (4/6) 3/6 Avant (1/3), Milieu (1/3), Après (1/3). 4/6 Début (0/4), Milieu (1/4), Après (3/4). Conclusion Les études publicitaires utilisent souvent l’expérimentation pour la validation empirique. Or les conditions artificielles peuvent, dans certains cas, compromettre la validité interne de l’étude, puisqu’ils « forcent » les sujets à s’exposer au matériel expérimental, ce qui affecte un certains nombres de réponses. L’objectif de cet article était donc d’étudier l’effet de l’approche méthodologique par expérimentation sur les résultats des recherches. Afin d’atteindre cet objectif, une étude ayant pour objectif la vérification des effets des variables du contexte de programmation interne sur la mémorisation publicitaire a été menée par expérimentation. Les résultats de cette étude comparés à ceux des études précédentes menées en situation naturelles d’exposition ont confirmé le biais dû à cette méthode pour les variables liées à la séquence du passage du spot. Ils ont par ailleurs éliminé l’effet de la méthodologie sur l’étude des variables relatives au contenu du programme ou du spot. Il est donc recommandé aux chercheurs dans le domaine de la publicité de privilégier la situation naturelle d’exposition pour des études des variables liées au choix d’exposition (chaînes, programmes, etc.) en général et aux séquences de passage des publicités en particulier. Il est clair que pour certaines études la nécessité de manipuler les variables impose l’utilisation de l’expérimentation. Dans ce cas, il est recommandé de mesurer la mémorisation à moyen et / ou à long terme, afin de neutraliser l’effet de l’exposition « forcée » sur la mémorisation des derniers spots auxquels se sont exposés les répondants. Moorman et al. (2007) ont constaté l’effet du biais méthodologique sur les études relatives à l’implication dans le programme. Cette recherche a confirmé ce constat sur l’étude des variables liées à la séquence de passage du spot. D’autres études doivent être menées pour vérifier l’effet de l’approche méthodologique sur la fiabilité des résultats des recherches faites 5 n.s. sur d’autres variables de programmation tel que les émotions générées par le programme. Il serait également intéressant de vérifier l’effet du zapping sur l’influence des variables de séquence dans une situation d’exposition artificielle. De plus, cette étude a été faite auprès d’étudiants, il serait intéressant de vérifier la validité des résultats trouvés sur des sujets ayant des caractéristiques sociodémographiques différentes de point de vue âge, niveau d’instruction, etc. Références Chandon J-L., Maazoul M. et Khalbous S. Effet de l’encombrement et de la présence de marques concurrentes sur la mémorisation des spots publicitaires, Revue Française de Marketing, 244/245, 4-5, 9-26. Cheng S. et Kao Y. (2011), Wich colour is better ? The influence of website photo colour on consumer: the incongruity viewpoint, The Buisiness Review, 17, 2, 117-123. Cronin J. et Menelly N. (1992), Discrimination vs avoidance: « zipping » of television commercials, Journal of Advertising, 21, 2, 2-7. Dahlén M., Rosengren S. et Torn F. (2005), Brand affect slogans affect brands? Competitive interference, brand equity and the brand-slogan link, Journal of Brand Management, 12, 3, 151164. Dahlén M., Rosengren S., Törn F. et Öhman N. 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