Biogéogaphie de Madagascar, 1996 :575-588 LA BANQUE DE DONNEESDE L’ENVIRONNEMENT A MADAGASCAR:UN OUTIL DE BASE POUR LA RECHERCHE EN BIOGEOGRAPHIE Jean-Marc. HOEBLICH & RASOLOFOHARrNORO Université de Picardie Jules Verne, Chemin du Thil, 80025 Amiens Cedex1,IRANCE Centre National deRecherches sur l‘Environnement,B.P. 1739,Antananarivo 101, MADAGASCAR USTRACT.- As part of Programme 1 of the Madagascar Environmental Action Plan (Fm),the National Environment Office(ONE), with supportof the World Bank, considers it indispensible to carry out an appraisal of the results of scientific research conducted on the Malagasy environment. Under the responsibility of the National Centerfor Environmental Research( C m ) , this work startedin 1993 and involved an inventory of publications and research activitiesin this vast field, both in Madagascar andin research centers throughoutthe world. A databank was created and will allow a global analysis of the Malagasy environment. Through an approach that is both systematic and geographic, references have been integrated into the databank accordingto five thematic areas: (( natural environment D, << aquatic environment )) (excluding the marine environment), (( air D, (( flora and vegetation B, and (( fauna B. Preliminaq results make it possible to identify those areas and specialities which are insdciently covered by research activities, and underscore the need to update much of the available data. In the area of environmental research in Madagascar, this tool, which is unique and corresponds to the needs of researchersanddecisionmakers,requiresconstantupdatingandrevision,particularlythroughthe exchange of information. KEY-W0RDS.- Databank, Environment, Research, Flora, Fauna, Madagascar RESUME.- Dans le cadre du Programme1 du Plan d’Action Environnementaleà Madagascar, l’Office National de l’Environnement, appuyépar la Banque Mondiale, ajugé indispensable defaire un état des acquisdesrecherchesscientifiques sur l’environnementmalgache. Sous la responsabilitéduCentre National de Recherchessur l’Environnement malgache, les travaux qui ont débutéen 1993, ont permis de faire l’inventaire des publicationset recherches dans ce vaste domaine, aussi bien dans la Grande ne que dans les centres de documentation importants à travers le monde. Une banque de données a pu être mise en place, elle est susceptible d’alimenter un tableau de bord de l’environnement malgache. Par une approche systémique et géographique, les références ont été intégrées dans la banque de données en fonctionde 5 thèmes : << milieu naturel )), (( systèmeaquatique))(excepté le domainehalieutique), (< systèmeaérien D, << florehégétation B, faune)>.Lespremiersrésultatsmettent en évidenceles domaines et les spécialités insuflisamment couverts par les recherches la nécessaire et réactualisation des données acquises. Cet outil, unique et réclamé aussi bien par les chercheurs que par les opérateurs désirant intervenirdans le domaine environnementalà Madagascar nécessiteune mise àjour régulière et un enrichissement progressif, en particulier par le biais d’échanges et d‘informations. - - MOTS-CLES.- banque de données- environnement recherche - flore - faune Madagascar In: W.R LOURENçO (Cd.) Editions deI’ORSTOM, Paris 576 J.-M. HOEBLICH & RASOLOFOHARTNORO INTRODUCTION Dans le cadre duProgrammeenvironnementalphase 1 @El) duPland'Action Environnementale (PM) à Madagascar,l'OfficeNational de l'Environnement (ONE), appuyé par la Banque Mondiale, a jugé indispensable de faire un état des acquis des recherches scientifiques sur l'environnement malgache. Un des objectifs est de proposer une orientation à la recherche environnementale,unedes sept composantes duPAE (bénéficiant de 15% du budget du PE1). Des experts et consultantsencadrés par le Centre National de Recherchessurl'Environnement(CNRE) ont dressé le Bilandes Recherches Environnementales Terrestres (BRET) et ont m i s en place une Banque de Données sur l'Environnement Malgache (BDEM), susceptible d'alimenter un Tableau de Bord Environnemental (TBE). Les thèmes retenus ont été regroupés et constituent les volets de la BDEM : Milieux Naturels, Système Aquatique(en excluant pour le moment ledomainehalieutique),SystèmeAérien, FloreNégétation, Faune.Cesdeuxderniers intéressent en particulier la biogéographie de Madagascar. Mais l'approche systémique favorisée par labanque de données, permet d'intégrer l'environnement de la fauneet de la flore malgache.Un rapport y afférent, outre les points forts constatés, a mis en évidence les domaines thématiques et géographiques insuffisamment couverts par les recherches,.et a proposé une orientation compatible à la mise en oeuvre de la politique environnementale malgache. Cet outil, réclamé tant par les chercheurs que par les opérateurs voulant travailler ou intervenir dans le domaine environnemental à Madagascar, nécessite une mise àjour régulière et un enrichissement progressif, en particulier par le biais des échanges et des informations. POURQUOI CE BILAN? L'idée avait rapidement germé lors de concertations, aussi bien à l'échelle locale qu'auniveauinternational, car il n'est pas toujours aisé de savoir où se trouvent les informations susceptibles d'intéresser les chercheurset les opérateurs qui travaillent dans cedomaine. Certains centres sont très connus,mais d'autres mériteraientd'attirer l'attention. Souvent lesmêmes travaux sont effectués, à quelques années de distance, sans tenir compte de ce qui est déjà rpa u...U.y a donc un besoin évident de faire connaître et de coordonner les recherches dans un si vaste domaine où chacun peut y trouver son intérêt. Ainsi, trois objectifs principaux ont été proposés : LESOBJECTIFS L'inventaire analytique des études et recherches en vue d'une bonne connaissance du patrimoine naturel terrestre et de l'orientation de la recherche environnementale. La mise à disposition de ces donnéesauxutilisateurs,quelle que soitleursensibilité environnementale : enseignants,chercheurs,étudiants, agents d'exécution(associations gouvernementales, ONG, aménageurs et opérateurs économiques), les décideurs et les autorités administratives, les touristes et le public en général. La création d'une Banque de Donnéessur l'Environnement Malgache (BDEM) répond dans la mesure du possible à ce souciet contribue à la valorisation desrésultats de recherche. 577 BANQUE DE DONNEES TABLEAU 1 :LISTE DES THEMES ET SOUS-THEMES PAR VOLET THEMES ?édologie Zéologie paléontologie 1pétrographie 1 minéralogie 1 géophysique 1géochimie1tectonique 1 stratigraphie Séomorphologie morphologie 1modelé 1topographie 1 régions naturelles Biogéographie Typologie des milieux 1Ecosystèmes terrestres/ Dynamique de biocénoses 1 Dégradation1Désertification1 Protection, restauration des milieux 1 reconstitution environnementale Géographie générale Topographie 1Paléogéographie/ Paléoclimatologie1 Organisation de l’espace Température 1humidité 1 sécheresse1 dépression / anticyclone 1 Masses d’air Précipitations pluies 1grêle 1 gelée 1précipitations occultes1 pluies provoquées Vent mousson 1 alizé 1foehn 1brises Insolation durée 1évaporation Cyclone cyclogenèse 1pluies 1 vents 1trajectoires 1 dégâts I mesures Qualité des eaux 1ressources biologiques1 régime, hydrographie Lacs etétangs FAUNE (FA) SOUS-THEMES ?édogenèse 1mécanique du sol 1 agropédologie1 dégradation 1conservation1restauration Fleuves et rivières idem Eaux souterraines idem Eaux côtières idem Aménagement hydroélectrique idem+ impact sur l’environnement Aménagement hydraulique Botanique systématique idem + impact sur l’environnement Inventaire floristique1Etudes taxonomiques Ecologie Auto-écologie 1 Synécologie Biologie végétale Morphologie1Anatomie 1Cytologie 1 Physiologie Productions végétales et ressources naturelles Agriculture / Foresterie 1Ethnobotanique 1 Phytochimie Pour chaquet h h e : Systématique, Primates 1 Insectivores1Rongeurs 1 Carnivores 1 Chiroptères1Potamochères1Insectes 1 Faune nuisible Amphibiens 1Reptiles 1 Arachnides 1 Vers (Helminthes)1 Mollusques 1 Myriapodes 1 Protection Crustacés 1 Protozoaires et autres parasites 1 Oiseaux 1 Poissons 1 Biologie autres Mammifees1Faune endogée1 Nature Paléontologie 578 J.-M. HOEBLICH & RASOLOFO"NOR0 Une meilleure gestion des ressources naturelles au service du développement estle corollaire des pointsprécédents. MATERIEL ET METHODES La BDEM est informatisée.Le logiciel pour la basede données est PARADOX 4.5 (sous Windows) qui procède du principe du tableur, mais qui pourrait enregistrer des informationsscannérisées.Celogiciel est prévupour être couplé à un Système d'InformationsGéographiques pour pouvoirvisualiser et spatialiserlesinformations environnementales. Un manuel et un accès simplifié permettent d'accéder à différents niveaux d'informations, selon l'utilisateur. Pour le moment, elle est localisée au CNRE (Antananarivo), maisune mise en réseau a été envisagée, du moins au niveau duP m . La méthodologie appliquée comprendtrois étapes: - la conception et la mise en place de la BDEM compte tenu des résultats des enquêtes et consultations auprès de différents typesde banques ou bases de données dans le pays et à l'étranger, - collecte de données, relatives aux thèmes d6Eis par chaque volet, à l'aide de fiches de prospection et de bordereaux de saisie,dansdivers sites documentaires, préalablement contactés et listés,sisaussi biendans l'île qu'à l'extérieur.Cesfiches respectent les normes reconnuespar un grand nombre de centres de documentations, - travaux informatiquesnécessaires à la mise à disposition aux utilisateursdes données collectées( saisie, validation, mise au point des techniques d'interrogation). Les données se présentent sous formederéférencesbibliographiques avec 70 champsd'indexation,relatifs aux types et niveaux de données(documents,titres, auteurs, dates, état...), leurs sites détenteurs, les régions concernées, les sujets traités, les résumés, les remarques faitespar les consultants (pointsforts et lacunes). LES RESULTATS &PFUZ"TION DE L'INFORMATION Les informations sont nombreuses et ici, il n'est pas question d'extraire toutes les informations, mais il est déjà possiblede faire les constatations suivantes: D'une manièregénérale,la rechercheenvironnementale sensu stricto est très limitée, comme onpeut s'en douter, puisque ce terme n'a fait son entrée dans les sciences que récemment. Mais la recherche sur l'environnementaexistédepuislongtemps, associée à d'autres recherches. Souvent sous le terme c a d r e général, milieu, géographie)), etc.. se profilent des notions environnementales. Cet etat de fait a entraîné une relecture de certains vieux documents, comme par exemple les anciennes notices géologiques. et la nécessité de prospecter un peu partout. BANQUE DE DONNEES 579 Les références identifiées en octobre 1994 s'élevaient à 29774 inventoriées et 11 121 indexées (HOEBLICH & RASOLOFOHARINORO, 1994).Cela représente untravail considérable, sachant que pour chaque référence, plus de 70 informations doivent être saisies... U faut supprimer les doublonsrelativementnombreux, surtout entre les informations récupérées de l'étranger et les plus facilement accessibles dans le pays. Les résultats sont très variables d'un voletà l'autre. La faune et la flore représentent plus de la moitié des références, ceci, en raison de la grande part de la systématique propre à ces deux volets, d'oh l'intérêt de cette BDEM pour la recherche biogéographique à Madagascar. Les sitesdétenteursd'informations surl'environnement sont nombreux,aussi bien à Madagascar que dansles autres pays prospectés. Ainsi à Madagascar les références sur la flore sont concentrées dans un nombre moins important de sites (37 sites) que pour celles sur la faune ( 5 1). Pourle nombre de références,c'est la flore qui en possède le plus , pratiquement le tiers du total, alors que la faune, ne représente qu'un cinquième. Les documents identifiés sont essentiellement sur support papier (livres, thèses, mémoires, articles de périodiques...). Les autres supports sont par ordre décroissant : les disquettes provenantgénéralement de centres documentaires importants (Muséum d'Histoire Naturelle,ORSTOM, BDPA, bibliothèques universitaires,...) les microfiches (à Madagascar),films et microfilms(WWF,BibliothèqueuniversitairedeTananarive)les cassettes et les diapositives( WWF, UNESCO,...) Ces derniers documents intéressants, certes font partie d'un système qui mériterait une attention particulière, mais ils restent difficiles à exploiter d'une manière scientifique, car ils sont le plus souvent utilisés à des fins médiatiques. Pour les documents sur papier, il faut noter que leur accessibilité est souvent bien limitée, car dans l'ensemble, plus de 90% des documents sont exclus du prêt, mêmes'il ne sont que rarement confidentiels : bon nombre d'ouvrages n'existent qu'en très peu d'exemplaires, ce qui ne permet que la consultation dansles bibliothèques elles-mêmes. De plus sur Madagascar,lesCD-ROM sont encore très rares et ne se limitentqu'àdesréférences et non à des textes. Une particularité de labanquede données a été de référencer une bonne partie de la dittérature grise>> (mémoires, études, travaux non identifiés habituellement) qui serventde base à des articles plus synthétiques ou des ouvrages généraux (38,4% du total des références). Les.articles et tirés-à-part de périodiques représentent 29,4% de la production, contre 16,8% pour les ouvrages ou monographies et seulement13,2% pour les thèses, mémoires et autres manifestations scientifiques(colloques,séminaires),c'est à direla littérature la mieuxconnueen principe. On peut 'déjà en déduire que la littérature scientifique sur Madagascar n'est réellementconnue qu'à travers certainsouvragesincontournable,maispas toujours représentatifs de la recherche fondamentale. Cette faibleaccessibilité des résultats de recherches est unedes contraintes à leur diffusion nationaleet internationale. Les périodes de recherches peuvent se limiter à cinq tranches que l'on peut faire correspondre à l'histoirepolitique de laGrandeIle. Les années 1930 marquentune charnière pour l'époque coloniale ; suitlapériode1960-1972, correspondant à la Première République.La Seconde République peut être divisée en deux : de 1972 à 1982 et de 1982 à nos jours (pour le moment, la Troisième République est trop récente pour être significative dans les chiffres). Entre 1972 et 1982, il y eut une forte baisse de la production d'ouvrages en relation avec la fermeture de centres de recherche (ORSTOM, IRfW, CTFT,...) et le départ de chercheurs étrangers. Après 1982, une reprise certaine s'est amorcée. 930-60 J.-M. HOEBLICH & RASOLOFOHARINORO s I Avant 1930 198294 +MN *AE 1 1 t 1 197262 d r A Q +FV +FA Sid’unemanièregénérale,les auteurs fiançais dominentdansla recherche effectuée sur lanature malgache, detout temps, et quels que soientlesdomaines d’études, interviennent ils davantage pour la faune (753%) que pour la végétation(73,3%). Mais la part des auteurs fiançais tend à diminuer constamment, car de96%au début de lacolonisation,ellearriveactuellement à 5 1% tous volets confondus. Parallèlement, on assiste à une participation croissante des autres étrangers (Anglais,Allemands,Suisses,. ..) de 3,5%pendantlapériodecoloniale à 20,1% actuellement. Ce fait atteste unintérêtgrandissantpourlanaturemalgachechez les chercheurs. Le plus spectaculaire est la contribution des nationaux. qui, de 0% avant 1930, passe à 28,7% de nos jours; et ceci dans tous les domaines,mêmesi le volet ((systèmes aériens))et ((flore-végétatiom sont les plus concernés. Il està noter cependant que la langue de recherche la plus utilisée demeure le fiançais pour environ 85% des références. ETATDES CONNAISSANCESS U R L’ENVIROM\TEMENTA MADAGASCAR Les connaissances sur l’environnement malgache sont regroupées par thème et par région. BANQUE DE DONNEES 581 Le bilan thématique Ce bilan permet de dégager précisément certains points: - lagrandediversitédesthèmes : onpeutreteniren gros 25 thèmes(sur115 proposés souvent disparates). Dans l'ensemble,cesthèmes portent surl'inventaire, l'écologie,larépartition,ladynamique et sesproblèmes,lesformations(végétalesen particulier); - l'aspectplusfondamentalqu'appliquédesrecherches : la grande majoritéde celles-ci porte soit sur la biodiversité dans sa globalité (richesse floristique, faunistique, ressources en eau,...), soit sur une ou quelques espèces (anatomie, physiologie,. ..) ; pour les sciences de laterre, les éléments sont parfois pris séparément (roches granitlques, sols ferrallitiques,...). En effet, les recherches sont dans l'ensemble d'obédience universitaire; - des travaux plusdescriptifsqu'analytiques : ilsprivilégientl'inventaireetla systématique,parfois l'écologie desespèces ouéléments étudiés. Ces travaux sont nécessairement ponctuels, localisés; - la discontinuité des thèmes dans le temps (voir figure) : Chaque volet n'entraîne pasunmême intérêt suivant les périodes : parexempledans les années1960les recherches sur laflore étaient de loin plus nombreusesque pour la faune, phénomène qui s'est nettement inversé après 1982. Avant l'indépendance, la systématique faunistique, alors qu'après 1960 c'est surtout la protection qui prévaut. Dans l'ensemble les travaux récents paraissent plus sensibles aux problèmes environnementaux et intègrent davantage les relationsentre les milieux, les êtres vivants et leurs activités. Le bilan géographique Certesles études généralessurMadagascar nemanquentpas,avec 45,4% des références tous volets confondus et ils'agit surtout deréférencesanciennesqui permettentdes études diachroniquesrévélatrices. Mais dans le pays, certaines zones d'études sont privilégiées. - L'Est intéresse les chercheurs à plus d'un titre : son étirement longitudinal face aux alizésprésente un climat tropical humide, favorableà un équilibre physico-biologique remarquable (exubérance végétale, richesse faunistique)mais c'est également une région malgache à problèmesmajeursavecrisques d'ordre écologique(cyclones,érosion, dbforestation) et biologique(menaced'extinctiond'espèces). Les localitéslesplus cernéesparles études sont les grandes zonesagricoles (Lac Alaotra,Moramanga, Ivoloina), les domaines forestiers, aussi bien les forêts littorales que celles de transition (Périnet/Andasibe) et égalementlesmilieuxaquatiquescomme les lacs, les stations piscicoles ou certaines rivières. - Le Centre présente une situation assez contradictoire : s'il est bienétudié pour les milieux naturels et la climatologie, il l'est moins pour la florehégétation et surtout pour lafaune. En effet,la pauvreté relativeenfaune terrestre liée à la déforestation, aux aménagements hydro-agricoleset urbains, à l'installation dense de la population explique le peud'intérêt porté par les spécialistesenfaune. Il estcependant prouvé quedes espèces ne sontpas encore inventoriées. J.-M. HOEBLICH & RASOLOFOHARINORO 582 - Le Sud attire les chercheurspar son originalité.Sadiversitéécologique et biologique, liée à l'existence d'un domaine semi-aride enclavé dans un domaine tropical humide (Côte-Est) et un domaine tropical sec (Ouest), alliée à un environnement socioéconomique assez différent du reste de Madagascar, constitue autant d'attraits que de contraintes. Les formations et productionsvégétales y sont particulièrement étudiées ainsi que les surfaces forestières (bush et fourré à épineux) avec une cristallisationautour des aires protégées de Berenty, Bezaha-Mahafaly ou Andohahela, sans oublierles vallées fluviales. - Par contre, l'Ouest et le Nord sont des régions les moins étudiées de l'île, aussi bien globalement que spécifiquement. Les raisons qui peuvent être avancées peuvent se résumerauxdifficultésd'accèsenraisondel'éloignementetaumauvais état des infrastructures de communication. Pourtant, ce ne sont pas les régions les moins riches en biodiversité. Pour l'ouest, on peut exclure les aires forestières de l'Ankarafantsika, d'hpijoroa et du Bemaraha mieux étudiées, alors que le Nord est la région la plus marginalisée en matière de recherche, un peu moins pour la faune (8,8% du total) que pour la florehégétation (7,4% du total). Bien des aspects demeurent peu ou pas étudiés, comme les productions animales et végétales, la protection, la conservation des espèces et même l'inventaire systématique. QUELQUES DONNEES SPECIFIQUES AUX VOLETS SPECIALEMENT LIESA LA BIOGEOGRAPHIE - Flore Végétation La compilation des résultats a misen évidence une évolution dans le temps en fonctiondes dates depublication,desthèmes traités d'unepartet de leurfréquence d'autre part. L'époque précoloniale et lapremièremoitié de lacolonisationpeuvent être considérées comme phase d'exploitation. Les thèmesmajeursétudiésétaient alors les inventaires floristiques, la biogéographie, l'exploitation des ressources naturelles (caoutchouc, latex), l'introduction d'espèces pour des cultures de rente (cacao, vanille, girofle, café) ainsi que des guides culturaux sur les plantes alimentaires autres que le riz. Les ouvrages datant de cette période présentent une valeur inestimable. Ces archives uniquesdonnentdesinformationssurl'environnementmalgachedel'époque et la comparaison avec les écosystèmes actuels montrent un net recul du couvert forestier originelainsi que son évolution en formations végétales secondairesdeplusenplus dégradées. De la fin de la colonisation jusqu'en 1970,les études sont moins exhaustives et les thèmes majeurs poursuivent la voie de la première période. Vers 1950, les activités de recherchesimplantées dans le paysontcommencé à fournirdesrésultats pour cinq thèmes principaux : - le maintiendel'équilibre dumilieu naturel : conservationdeseaux, dusol, agroforesterie 583 BANQUE DE DONNEES REPARTIiTlON DES REFERENCES PAR THEME ET PAR REGlON "FAUNE" Figure 2 3 I 4 Th NTSIRANANA 46,4% - Madagascar 4 28x 1 5,2% - 40% 584 J.-M. HOEBLICH & RASOLOFOHARINORO - les forêts naturelles et plantées, principalement la connaissance de ces milieux et les techniques d'aménagement; - les recherches pour l'amélioration génétique des essencesforestières - les produits forestiers et leur technologie - l'exploitation des ressources piscicoles. Les dernières décennies (de1970 à nos jours) sont une période de mise en placede nouvelles structures après ledépartdeschercheursfiançaisayanttravaillédans les instituts de recherche. Danslesnouveaux centres de recherchenationaux (CNRE, FOFIFA-CENRADERU, DRFP) les thèmes de recherche s'orientent vers la recherche appliquée : lasylviculture et foresterie,l'agroforesterie,l'ethnobotaniqueavec une prospection régionale et identification de nouvellesplantes.Dansles départements universitaires, recherche la aborde davantage les études écologiques et phytosociologiques des écosystèmes malgaches, tout en se penchant sur les exigences écologiques des espèces. Les études phytochimiques connaissent également un certain intérêt, en vue de la valorisation des ressources naturelles. A travers ces travaux, souvent d'une manière indirecte, ily a eu une remise àjour de la connaissance systématique de la flore malgache et une meilleureappréciation des écosystèmesnaturelsainsi que des menaces sur ces derniers. Mais les lacunes sont nombreuses : l'inventaire systématique est loin d'are achevé et n'intéresse piuspour iui seul ; il y a peu de références ayant trait directement à l'environnement, notion, faut-il le rappeler, récente en ces termes. Malgré unesensibilisation assez forte, peu d'études ont porté sur les espècesmenacées de disparition, tout comme les applications pour les études d'impact liées auxgrands travaux d'aménagement, à l'utilisationde produits chimiques, à l'exploitationirrationnelledes ressources naturelles. La Faune L'analyse des référencesrelativesaux groupes d'animauxétudiésrévèle que certains le sont plus que d'autres. La majoritédesdocumentsconcernantla faune malgache porte depuis longtemps sur la description, la systématique, l'inventaire et la répartition géographique. Viennent ensuite la biologie, l'écologie et l'étude des comportements. Un thèmeparticulier a attiré certainschercheurs, à savoirlafaune nuisible, les dégâts et la lutte contre cette faune. Les préoccupations sur la sensibilisation à la protection et laconservationdela nature n'apparaissentquetardivementmais prennent une place de plus en plus importante. Par contre pour la paléontologie, les subfossiles et fossiles, les références sont peu nombreuses. Les documents anciens portent surtout sur les descriptions et la systématique,alors que les plus récents privilégient la biologie et la conservation des espèces. Les groupes animaux les plus étudiés sont les Insectes (44,7% des documents) en particulier pour la faune nuisibleavec les ravageurs de cultures et les vecteurs de maladies. Viennentensuite lesMammifères où les Lémuriensoccupent une placeprépondérante (12,6% des documents) et sont mieuxconnus(biologie,écologie,éthologieet protection). Les Oiseaux et les Reptiles nereprésententchacun que 7% du total avec toujours une prédominance de la systématique et de la biologie. Les lacunes pour la faune malgache sont nombreuses: les Amphibiens, les Mollusques, les Crustacés, les Batraciens sont très peu étudiés, bien que certainesespèces sont réputées utiles et/ou menacées. Les BANQUE DE DONNEES 585 recherches in situ sur l’écologie et l’éthologie des espèces animales sont insuffisantes; la quasi-absence de données sur les stocks ou les capacités de régénération des espèces, notamment cellesqui sont actuellement commercialisées, a été maintes fois déplorée. Le volet e milieux naturels>> et les autresvolets Ce volet comporte ungrandnombred’informationssusceptiblesd’intéresserla biogéographie et un sous-thème développe plus particulièrement certains de ces aspects : la typologie desmilieux,lesécosystèmes terrestres, ladynamiquedesbiocénoses,la dégradation, la désertification, la protection et la restauration des milieux, ainsi que la reconstitution environnementale. Les autres sous-thèmes, pédologie, géologie, géomorphologie, géographie générale peuvent être utiles dans le cadre d’une étude du milieu pour une espèce ou un écosystème. L’analyse des références permet de dégager des descriptions détailléeset souvent illustrées pardes cartes et graphiques et une grande diversité des domaines embrassés, donnant une vision globale et évolutive des milieux naturels et une approche environnementalisteplusconfirmée.Labiogéographie reste malgré tout un parent pauvre, par rapport à la géologie, la géomorphologieet surtout la pédologie qui représente à elle seule 30% des documents. Bon nombre d’ouvrages sont relativementanciens et il faut noter l’insuffisance de donnéesdiachroniquesqui permettraient de mieux suivre l’évolution et la dégradation des milieux. Pour le volet <<systèmes aquatiques)), la faune et la flore sont enregistrées dans le sous-thème << ressources biologiques qui regroupe les travaux sur la biologie,la biotypologie et la biogéographie propres à cesmilieux.L’hydrobiologie est presque exclusivement consacrée à l’étude des poissons et il y a un recoupement avec la faune ainsi que la florehégétationdans une moindre mesure. D, DISCUSSION Il faut reconnaître deslimites à laBDEM,enparticulier pour lesthèmesde recherche eux-mêmes. - L’orientationde cetteBDEM ne répond pastout à fait au terme <<biogéographie>> mais à celui<<d’environnement>>qui est plus vaste et devraitcependantengloberle premier, tout en laissant de côté certains travaux trop spécialisés. Les résumés et études critiques sont rédigés dans cet esprit - Oh arrêter les investigations? Il a fallu se poser la question pour faire fonctionner cette BDEM, dont l’optique est plus envlronnementaliste. La présence et les comportements d’un lémurienest intéressante à connaître, si l’onveut définir et préserver la biodiversité. Mais est-il indispensable pour laBDEM de prendre en compte un article parlant de la longueur de ses phalanges? - La fiabilité de la BDEM n’est pas à mettre en cause, étant donné que la collecte et l’analyseont été faites pardesspécialistes.Cependant,ils’agitessentiellementde référencesbibliographiques assorties derésumés etde commentaires orientés vers l’environnement et non des données exhaustives sur les résultats de recherches sur telle ou telle autre espèce. J.-M. HOEBLICH & RASOLOFOHARINORO 586 REPARTITION DES REFERENCES PAR ET PAR REGLON "MILLE'UXNAT'URELS" Figure 3 35% 4 Nord BANQUE DE DONNEES 587 - Les thèmes et sous thèmes sont définis à partir des documentsconsultés,ils peuvent donc évoluer enfonction des consultations ultérieures nécessaires pour la mise à jour et l'enrichissement. C'est un système ouvert. Cette BDEM n'est pas achevée et les résultats restent provisoires. Comme dans toute banque de données, les travaux se poursuivent au fil des jours et des recherches. Certains centres devraient être encore étudiés et lesomissions les plus flagrantes ne peuvent être révélées que par des utilisateurs avertis. A l'étranger, il n'a pas été possible de recueillir les informations sur Madagascar dans tous les pays. Par exemple au Japon, il existe descentres qui s'intéressent , au moins récemment, à Madagascar et qui doivent posséder des information en biogéographie. Par ordre décroissant, ont été prospectés la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, et plus ponctuellement d'autres pays (Suisse, Allemagne,. ..). Silesouvrages sont repérés dansleurlieu,leuraccessibilitén'endemeurepas moins limitée - comme cela a kté dit auparavant - sans oublier la rétention d'information par certains centres de documentation. Cependant, cette BDEM présenteuncertainnombre d'avantages commela centralisationdesréférencesd'informations sur l'environnement, la localisationdes données (accessibilitéet facilités) lessujets et les régionsétudiés. Ce bilan des recherches environnementales terrestres à Madagascar (BRET) est une source bibliographique et documentaire bienvenue, tant pour les chercheurs que les opérateurs quiveulenttravaillerdans le domaineenvironnementalengénéral et en biogéographieenparticulier.Cetinventairepermettraaussideréactualisercertaines références parfiois méconnues sans nécessairement reprendre l'étude ou le protocole à zéro. Il assure, avec un minimum d'exhaustivité, les éléments de base pour orienter les recherches environnementalesà venir. Une mise en réseau est à envisager dans un avenir proche, tant dansle pays qu'avec certains centresde recherche à travers le monde. CONCLUSION Si en apparence, l'environnement malgache pardit assez bien connu, lorsqu'on se base sur le nombre de références et leur répartition par thème et par région, et si le domainebiogéographique a ététraité depuisdesdécennies, voire quelquessiècles d'après les premiers ouvrages des naturalistes, les recherchessont surtout fondamentales, plusdescriptivesqu'analytiques et lesaspectsgénéraux de l'îleprédominentdansles travaux, tous volets confondus. Il y a eu jusqu'à présent un certain déséquilibre dans le choix des zones de recherche, et sur les espèces ou les milieux, nécessitant une véritable politique et relance des recherches biogéographiques en tenant compte de ce quiest désormais acquis. REMERCIEMENTS Nos remerciements vont à l'Office National de l'Environnement et à la Banque Mondiale qui ont soutenu et financé cette recherche, aux responsables des centres de 588 HOEBLICH J.-M. & RASOLOFOHARINORO documentation qui ont fourni les informations nécessaires à la création de cette banque de donnees. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES HOEBLICH, J.M. & RASOLOFOHARINORO, 1994. Bilan des recherches environnementales terrestres, CNREYONE, Antananarivo, 79p. et annexes; avec la contribution des responsables desvolets((systèmesaériens)) : Mme RandrianarisonJosette,<<systèmeaquatique>>: Mme RanaivosoaJoséphine, (dlorehégétatiom : Mme RajeriarisonCharlotte,<(faune)> : M. Rakotondravony Daniel