boom » des IDE chinois au Mexique

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Evolutions récentes de la relation
économique bilatérale Mexique-Chine : vers
un « boom » des IDE chinois au Mexique
Si la Chine est le deuxième partenaire commercial du Mexique, les investissements directs étrangers (IDE)
chinois au Mexique étaient jusqu’à présent extrêmement faibles (moins de 1% des flux d’IDE reçus par le
Mexique). Cependant, les nombreux rapprochements au plus haut niveau entre les deux pays pourraient
générer des flux d’investissements chinois beaucoup plus importants dans les années à venir, et ceci malgré un
litige récent sur l’appel d’offres du TGV México-Querétaro. L’annonce récente d’un investissement massif de
Huawei au Mexique, la création de deux fonds d’investissements sino-mexicains pour une dotation totale de 6,2
Mds USD, et l’entrée au Mexique de la Banque Industrielle et Commerciale de Chine, la plus grande du monde
en termes de capitalisation, témoignent de cette évolution.
1. La relation commerciale entre les deux pays est importante, même
si celle-ci se fait largement au profit de la Chine
La Chine est le deuxième partenaire commercial du Mexique après les Etats-Unis (si l’on exclut l’UE comme
bloc commercial). Les échanges avec la Chine représentaient près de 9% du commerce extérieur mexicain en 2013,
une part en augmentation constante depuis 2000. La balance commerciale est cependant largement déséquilibrée
au profit de la Chine : en 2013, le Mexique enregistrait un déficit commercial de 54,9 Mds USD auprès de la Chine,
soit 90% du volume total des échanges entre les deux pays. Les importations chinoises au Mexique s’élevaient à 61,3
Mds USD en 2013 (16% des importations totales), et se composaient essentiellement de produits électroniques
(téléphone portable, écrans plats, tablette tactiles, ordinateur etc). La Chine est quant à elle la 3ème destination des
exportations mexicaines (6,5 Mds USD soit 1,7% des exportations totales en 2013), mais nettement en retrait par
rapport aux exportations vers les Etats-Unis et le Canada. Le Mexique exporte essentiellement des métaux (28% des
exportations mexicaines vers la Chine en 2013 ; cuivre et fer essentiellement), des véhicules (24%) et du pétrole
(11,1%)1.
Même si ils ne possèdent pas d’accord de libre-échange (ALE), l’ouverture entre les deux pays se poursuit. A
titre d’exemple, la Chine a récemment ouvert son marché à l’importation de viande mexicaine (porc et bœuf)
et de téquila. Concernant la filière porcine, l’ouverture du marché chinois risque cependant d’avoir un impact limité
sur les producteurs de porc mexicains. En effet, le gouvernement chinois a acheté le groupe Smithfield Foods fin 2013,
lequel possède Granjas Caroll, le plus gros producteur de porc mexicain. Selon les spécialistes du secteur, le
gouvernement chinois pourrait ainsi organiser au travers de cette entreprise l’essentiel de l’approvisionnement en porc
depuis le Mexique grâce à des processus d’agrément sanitaire accélérés et facilités.
En outre, les multiples rencontres bilatérales depuis le début de l’ère Peña Nieto2 ont fait l’objet de nombreux
accords de coopération : en juin 2013, douze « accords stratégiques » ont ainsi été signés lors de la visite en Chine
du président mexicain. Ces accords portent sur les secteurs de l’énergie, de la construction et des infrastructures, des
mines, et sur la création d’un groupe de travail coopératif sur les industries émergentes. Ils incluent également un volet
de coopération entre les banques publiques de commerce extérieur des deux pays, ainsi qu’une coopération importante
Ministère mexicain de l’économie à partir des données de la Banque centrale du Mexique.
On peut ainsi signaler trois visites d’Etat, et une réunion bilatérale (avant le sommet du G20 à Saint-Pétersbourg) entre les deux
présidents depuis 2013.
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entre Pemex et de nombreux organismes publics chinois : la banque chinoise de développement, la banque industrielle
et commerciale, et plusieurs entreprises pétrolières publiques (CNOCC, Sinopec, CNPC). On peut également souligner
l’ouverture en septembre 2013 d’une représentation du Ministère de l’économie (SEC) à l’ambassade du Mexique à
Pékin, et l’organisation en 2015 à Mexico de la 9ème édition d’un grand forum d’entreprises Amérique Latine-Chine.
Le rapprochement Chine-Mexique n’exclut pas pour autant la persistance de certaines divergences. Le
principal point de désaccord provient des négociations du Traité de libre-échange transpacifique (TPP3 en anglais).
Défendu par les Etats-Unis pour l’espace Asie-Pacifique, ce traité n’a pas les faveurs de la Chine qui y voit une tentative
menée par les Etats-Unis pour l’isoler de ses partenaires asiatiques. La Chine ne participe donc pas à ces négociations,
alors que le Mexique, à l’inverse, y tient une place prépondérante. Pour sa part, la Chine pousse à la signature d’un
accord de libre-échange élargi et concurrent du TPP, à savoir le FTAAP4, qui serait négocié dans le cadre de l’APEC5.
Cette initiative a été repoussée par le Japon, les Etats-Unis et le Canada lors du récent sommet de l’APEC qui s’est
tenu à Pékin en octobre 2014. Il convient enfin de souligner qu’il existe un certain nombre de litiges commerciaux
entre le Mexique et la Chine, notamment dans les secteurs du textile et de l’acier.
2. Malgré un litige sur le TGV Mexico-Querétaro, les investissements
chinois au Mexique devraient décoller dans les années à venir
Le 6 novembre 2014, quatre jours après l’annonce de son attribution, le président Enrique Peña Nieto a fait
annuler l’appel d’offre sur un TGV reliant les villes de Mexico et Querétaro. Sa construction avait été attribuée
à un consortium sino-mexicain, mené par l’entreprise publique China Railway Construction Corporation
(CRCC). L’appel d’offre avait été critiqué pour son délai très court (2 mois), menant toutes les autres entreprises
participantes à ne pas présenter d’offre. La CRCC, dont le cours boursier a chuté de plus de 5% après l’annonce de
l’annulation, aurait sollicité une indemnisation auprès des autorités mexicaines. L’entreprise chinoise a toutefois d’ores
et déjà annoncé son intention de participer au nouvel appel d’offre qui devrait être lancé prochainement en offrant un
délai plus ample aux entreprises.
Il paraît peu probable que cette déconvenue impacte beaucoup l’entrée d’IDE chinois au Mexique, qui devrait
fortement augmenter dans les années à venir. Ainsi, le PDG du groupe chinois de télécommunications et de
technologies de l’information Huawei a annoncé fin octobre que son groupe prévoit d’investir pas moins 1,5 Md USD
au Mexique lors des cinq prochaines années. Cet investissement concerne 6 complexes, principalement situés à
Querétaro, où le groupe prévoit de recruter plus de 1 100 ingénieurs. Par ailleurs, l’entreprise chinoise Risen Energy a
annoncé un investissement de 600 MUSD dans un projet d’énergie solaire dans l’état du Durango. Ces deux
investissements multiplient par plus de 7 le total cumulé des IDE chinois reçus par le Mexique depuis 1999 (294
MUSD).
L’annonce de ces investissements majeurs reflète la volonté des autorités mexicaines d’attirer plus
d’investissement chinois sur leur territoire. Ainsi, un groupe de travail sino-mexicain de haut-niveau (Grupo de
Alto Nivel Empresarial ou GANE), qui réunit 12 des plus grandes entreprises des deux pays, a été créé en 2013 avec
pour objectif de soumettre des recommandations à leurs gouvernements respectifs pour fortifier la relation économique
bilatérale.
Un des principaux axes de travail du GANE a été de préparer la mise en place de deux fonds de cofinancement
sino-mexicain avec une dotation totale de 6,2 Mds USD: le premier, appelé Fondo de Energía Sinomex, sera
capitalisé par Pemex et trois entreprises publiques chinoises, et sera doté de 5 Mds USD pour des travaux
d’infrastructures, notamment le gazoduc de Los Ramones. Le second sera administré par la Société Financière
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Trans-Pacific Partnership
Free Trade Area of the Asia Pacific
5 Asia Pacific Economic Cooperation qui réunit 21 pays dont le Mexique, la Chine et les Etats-Unis.
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Internationale6 (SFI), et capitalisé par quatre institutions publiques des deux pays comme partenaires principaux7, avec
une dotation de 1,2 Mds USD.
Par ailleurs, la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC en anglais8), la plus grande banque du monde
en termes de capitalisation, et dont l’actionnaire principal est l’Etat Chinois, a récemment été autorisée à opérer au
Mexique et pourra ainsi faciliter l’implantation d’investissements chinois dans le pays.
Au-delà des intérêts chinois pour les grands appels d’offres publics, notamment dans le secteur énergétique, les
entreprises chinoises, à l’instar de Huawei, pourraient investir dans un grand nombre de secteurs au Mexique
dans les prochaines années. Alors que dans un grand nombre de pays les investissements chinois ont tendance à se
concentrer dans le secteur primaire, les IDE vers le Mexique bien que diversifiés concernent essentiellement les grands
projets d’infrastructure ainsi que l’industrie manufacturière. Un bureau de représentation d’une centaine d’entreprises
chinoises a ainsi ouvert en septembre 2014 à Mexico pour détecter des opportunités d’investissements dans le pays.
Parmi elles, la CSCEC, la plus grande entreprise de construction du monde, et China Telecom, le principal opérateur
chinois.
Le rapprochement économique entre la Chine et le Mexique est désormais à l’œuvre, et ne concerne
plus seulement le volet commercial, avec des IDE chinois au Mexique qui devraient continuer à
augmenter considérablement dans les années à venir.
Annexe :
80
10%
9%
8%
7%
6%
5%
4%
3%
2%
1%
0%
70
60
50
40
30
20
10
0
1993
1998
2003
2008
part des échanges commerciaux du
Mexique
Millard de dollars
Volume des échanges commerciaux Mexique-Chine
2013
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La SFI qui appartient au Groupe Banque Mondiale est entre autres chargée de la gestion et du soutien aux investissements privés.
La China Investment Corporation, c’est-à-dire le fonds souverain chinois, la China Development Bank, à savoir la Banque Chinoise
de Développement, le Fondo Nacional de Infraestructura, fond d’investissements public mexicain et la Nacional Financiera, une
banque publique d’investissement mexicaine.
8 Industrial and Commercial Bank of China
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