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Thompson étudient le jeu complexe du regard ; et Laetitia Salamin semble s'amuser à
brouiller nos repères en plaçant par exemple son point de vue au ras des herbettes ! Il
soufflera donc entre les cimaises un courant d'air novateur et rafraîchissant, à l'image des
affiches et flyers de l'exposition réalisés par l'artiste sierroise Nicole Pacozzi.
Signalons aussi les ateliers interactifs conçus dans le cadre de l'exposition par la
plasticienne Patricia Vicarini et soutenus par Etincelles de culture à l'école : en compagnie
d'une médiatrice culturelle, les jeunes visiteurs des Caves de Courten pourront fouler la
Terre d'interactions et explorer le Jardin des naissances...
Les natures mortes de Marie Maturo Salamin
Véhicule de la nostalgie de l'artiste, des végétaux collectés au fil de ses balades dans la
nature qu'elle connaît si bien constituent le matériau privilégié des natures mortes de
Marie Maturo Salamin : feuilles de ginkgo comme enchâssées dans du papier de soie
marouflé sur toile ou panneau, monnaie-du-pape dans un écrin de verre, racines de
papyrus serties sur la page jaunie d'un livre ancien... Et par la magie de l'art, nous voilà
reconnectés aux souvenirs d'une vie, la nôtre peut-être : des cheveux d'ange (tiges de stipa
pennata) évoquant l'innocence éphémère de l'enfance, une ronde de feuilles d'eucalyptus
rescapées d'un bouquet de mariée, des feuilles de ginkgo voltigeant dans une nuit d'orage
à Mercier, d'autres collées en herbier sur un vieux texte allemand peut-être en souvenir de
ces vers de Goethe : « Dieses Baums Blatt, der von Osten / Meinem Garten anvertraut, / Giebt
geheimen Sinn zu kosten, / Wie's den Wissenden erbaut »...
Les graines, les herbes, les arbres de Laetitia Salamin
Laetitia Salamin expose depuis 2009 ses paysages minéraux et ses fascinantes
cartographies de lichens (Galerie Grande-Fontaine , Ferme-Asile à Sion, etc.). Plus
récemment, elle a tourné son regard de peintre sur un monde végétal plus varié : herbes et
tiges, troncs ou ceps, graines et même une ou l'autre fleur... A l'image peut-être de
certaines herbes folles, le trait s'est libéré et la palette s'est élargie tout en privilégiant
toujours les semi-teintes. Attentive aux imprévus, heureux ou malheureux, surgis de la
toile, Laetitia Salamin accumule si nécessaire les interventions successives sur des
semaines, voire des mois. Ses toiles prennent parfois des allures de palimpsestes où
affleurent encore les vestiges des étapes antérieures. Jaillissent alors comme d'une brume
légère tiges, feuilles ou brins d'herbe, frêles silhouettes végétales qui donnent une
mystérieuse profondeur au tableau. Dans d'autres œuvres, c'est un véritable plongeon
dans la nature, au ras du sol, le regard grimpant le long des herbes, que nous propose