L`éducation au goût, un enjeu majeur pour la jeunesse

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L'éducation au goût, un enjeu majeur pour la jeunesse
Aujourd'hui, 40% des enfants mangent moins d'un fruit et d'un légume par jour !
Lorsque l'on sait qu'une alimentation saine et variée revêt une importance capitale pour la
santé de chaque être humain, il apparaît aujourd'hui plus que nécessaire de développer
une éducation au goût et une alimentation responsable dès le plus jeune âge. En effet,
l'alimentation des jeunes est devenue une préoccupation majeure, du fait notamment des
problèmes de surpoids liés à des pratiques alimentaires en dérive.
L'assertion d'Hippocrate qui écrivait « Que ton alimentation soit ton médicament » prend
aujourd'hui tout son sens et impose que des mesures soient adoptées au niveau national,
afin que la plus large partie de la population puisse disposer d'une éducation au goût.
Certes, un certain nombre d'initiatives ont vu le jour avec, par exemple, l'idée développée
en 2009, de constituer un réseau national pour fédérer les initiatives pédagogiques liées
au goût, ou la reconnaissance, par le Programme National pour l'Alimentation de
l'importance de l'éducation au goût. Mais force est de constater que ces amorces, bien
qu'essentielles, demeurent jusqu'à ce jour marginales et ne contribuent pas à l'enrayement
de cette dérive alimentaire.
C'est ainsi qu'il apparaît que l'école peut être un vecteur fort visant à développer, auprès
des plus jeunes, une conscience aigue de la nécessité d'adopter une alimentation
responsable.
Ainsi, de même que l'on apprend à lire aux plus jeunes, on peut insérer dans les
programmes des compétences visant à la sensibilisation des enfants aux produits du
terroir et au patrimoine alimentaire français. Cela aurait pour effet d'élargir le répertoire
alimentaire des jeunes à travers le développement de plusieurs axes, tels que la
découverte et l'exploration des aliments, lesquelles passeraient par une étude détaillée de
leurs caractéristiques et de leur goût. Les élèves découvriraient ainsi le plaisir de goûter
différents produits et s'ouvriraient à une plus grande variété d'aliments.
Dans cette perspective, il serait intéressant de mettre l'enfant en contact avec le produit
brut et le producteur, afin qu’il puisse avoir une idée précise de la « traçabilité » de ce
qu'il a dans l'assiette. Ainsi, de même que l'école sensibilise la jeunesse à l'histoire de
notre pays, elle pourrait l'emmener vers la compréhension de son identité culturelle
alimentaire. De là, on pourrait développer la curiosité alimentaire des élèves et mettre en
exergue le fait qu'aujourd'hui, nombre de produits consommés dans les ménages, sont de
plus en plus transformés, industrialisés et étrangers aux écosystèmes locaux puisque
chargés de colorants, conservateurs ou additifs divers. (+ importés, souvent de très loin,
avec un coût carbone non négligeable)
De cette manière, l'enfant pourrait conjuguer le plaisir de bien manger et les bienfaits
pour la santé. Des initiatives intéressantes existent et méritent d'être citées :
En Haute-Savoie, une petite école de village a ainsi décidé de développer un jardin
pédagogique, cultivé selon les principes de la permaculture et visant à sensibiliser les
élèves à une culture saine des fruits et légumes qu'ils sont ensuite amener à cuisiner en
classe. Les recettes proposées aux cuisiniers en herbe sont très variées, depuis la soupe de
légumes aux gratins, en passant par gâteaux, compotes ou confitures. Une spirale
aromatique a été créée par les élèves, et s'enorgueillit de nombreuses herbes, elles aussi
proposées en assaisonnement des plats, sirops ou tisanes. Les élèves découvrent alors des
saveurs qu'ils ne connaissaient pas forcément, apprennent à les cuisiner, à les marier
entre elles et, de fait, développent l'acuité de leurs papilles.
Au lycée technique Savoie-Leman, la brigade verte, une équipe de jeunes encadrés par
un chef et un professeur de sciences, travaille chaque année sur un thème (le cochon dans
tous ses états, le miel, le safran) dans le but d’élargir ses connaissances et de rencontrer
des producteurs. Les actions menées autour du thème sont ensuite présentées au public
lors des journées portes ouvertes de l’école. De plus, en travaillant les jardins plantés dans
la cour de l’école, les participants appréhendent l’importance du travail de la terre pour
obtenir un produit de qualité. Cette expérience enseigne en effet la patience : avant de
pouvoir contempler le résultat, il faut enlever les mauvaises herbes, retourner la terre,
organiser le jardin en fonction de la symbiose des plantes, réaliser des semis, rempoter,
planter, arroser, entretenir. Le temps et l’énergie dépensés donnent ainsi toute sa valeur à
la production finale et permettent de mieux mesurer le rôle primordial des producteurs
locaux dans la qualité des plats qui sont ensuite proposés. Cette « green team », c’est
donc beaucoup d’apprentissages, de beaux échanges entre les élèves et les professeurs et
des rencontres avec des professionnels passionnés. Cette proximité avec les acteurs du
terroir est essentielle et permet une meilleure connaissance du produit et de son histoire.
Il serait impossible de lister toutes les actions entreprises et à entreprendre pour éduquer le
goût des jeunes générations. Beaucoup d’initiatives soulignent en tous cas le rôle
fondamental du producteur, le choix crucial du bon produit et l’important travail de
valorisation de ce dernier. En initiant dès le plus jeune âge les futurs consommateurs à ces
exigences, on peut en tous cas, espérer infléchir la tendance et modifier les enjeux de la
restauration de demain.
Alexandre CHAMBAT,
apprenti en BTS 1e année option B à FERRANDI Paris
Avril 2015
Article proposé dans le cadre du
Concours Campus du meilleur article de presse et du meilleur reportage vidéo
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