vécu la vie des réseaux CardioRance, du cœur aux vaisseaux Avec 6 500 dossiers partagés, le réseau breton de prise en charge des patients cardiaques est utilisé en routine par une centaine de professionnels. Il va s’élargir à l’ensemble des disciplines vasculaires. D e Saint-Malo à Dinan, en passant par Dinard et Dol-de-Bretagne, ses utilisateurs l’appellent « DMP », mais sans ambiguïté : il s’agit du « dossier médical partagé » qui fait partie intégrante des six objectifs que s’est assignés le réseau CardioRance, dès sa constitution, afin d’améliorer la prise en charge des malades cardiaques. Dans ce secteur sanitaire de 235 000 habitants, une fédération interhospitalière a commencé par se mettre en place, il y a six ans, associant les trois services de cardiologie de Dinan, Dinard et Saint-Malo. Elle a rapidement vu la nécessité de s’ouvrir à la ville (paramédicaux et associations de patients compris) avec laquelle une convention constitutive de réseau et une charte étaient signées en février 2003. Son ambition : assurer la continuité de la prise en charge, élaborer des protocoles communs (et en évaluer les effets), former les adhérents – professionnels et patients*. Ses résultats sont aujourd’hui suffisamment probants pour que l’ARH et l’Urcam montrent CardioRance en exemple, avec l’objectif de mutualiser son application de dossier partagé, et pour que le Sros recommande son élargissement à l’ensemble des disciplines vasculaires. RivaRance a donc succédé à CardioRance lors de sa dernière assemblée générale, en juin, et doit accueillir diabétologues, néphrologues, neurologues, etc. « Nous sommes à un tournant et nous allons adapter notre système d’information à cet élargissement », commente la présidente et coordinatrice du réseau, le Dr Florence Revault d’Allonnes, cardiologue au CH de Saint-Malo. C’est son prédécesseur, le Dr Maurice Richard, chef de service à Saint-Malo et aujourd’hui secrétaire du réseau, qui a conduit la mise en place du dossier informatisé. Il en prépare actuellement la version 3. « Elle devrait faciliter l’emploi du dossier par les libéraux, leur page d’accueil offrant notamment une vue plus synthétique de l’historique des patients », explique-t-il. LE RELAIS DU MÉDECIN TRAITANT La notification d’une hospitalisation, déjà en place à l’attention des cardiologues, concernera également le médecin traitant. Ce dernier recevra d’ailleurs automatiquement un code d’accès, de la part du secrétariat du réseau, dès lors qu’il aura été désigné par son patient. « L’ouverture et l’alimentation du dossier viennent le plus fréquemment des cardiologues », précise le Dr Revault d’Allonnes ; mais « actuellement les libéraux prennent largement le relais des hospitaliers », ajoute le Dr Richard. « Les généralistes ne l’utilisent encore qu’en lecture, indique la coordinatrice, mais nous sommes en train de l’adapter afin qu’il réponde mieux à leur pratique. » « L’un des principaux intérêts de ce système d’information réside dans sa souplesse, souligne Maurice Richard : il est utilisable de façon différente, sans méthode imposée. » Au CH de Saint-Malo, qui ne s’est pas équipé de dossiers informatisés mais s’est doté d’ordinateurs portables (et bornes Wi-Fi), pour la prescription des examens biologiques notamment, le DMP est exploité dans son intégralité. Au CH de Dinand, en revanche, c’est la fonctionnalité comptes rendus de sortie qui est privilégiée. « Dans les cabinets libéraux de cardiologie, on retrouve le même éventail de modalités d’emploi, décrit Maurice Richard. Le cabinet de Dinard a par exemple pleinement adopté le DMP. » Au-delà de la continuité des soins, le dossier va maintenant être mis à profit pour évaluer la qualité de la prise en charge dans le réseau au regard des protocoles établis par ses adhérents, annonce Florence Revault d’Allonnes. La fonction Recherche par mot clé facilitera en effet la sélection de dossiers et l’étude de leur conformité aux recommandations. ■ Dominique Lehalle * CardioRance gère un centre Educœur, à Dinard, qui assure, entre autres, prévention, réadaptation et éducation thérapeutique. Repères Promoteur Le réseau est géré par l’association CardioRance. Son conseil d’administration est ouvert aux libéraux, paramédicaux, administrations hospitalières et associations de patients. Utilisateurs Cent cinquante professionnels adhèrent au réseau, dont la quasi-totalité des cardiologues du secteur. Une centaine utilise le DMP au quotidien. Six mille cinq cents dossiers sont ouverts. Financement La Drdr a accordé 800 000 euros pour la période 2003-2006. Environ 150000euros ont été consacrés à la création du système d’information. La poursuite du financement est acquise, après une évaluation réalisée en juin, mais son financement pas encore précisé. Développement Le DMP CardioRance a été mis en œuvre par la Ssii malouine Novelios, en collaboration avec le SIB (Syndicat interhospitalier de Bretagne). Il est hébergé par la plate-forme Télésanté Bretagne (www.telesanteouest.org), construite sur le réseau haut débit Megalis, développée sous la maîtrise d’ouvrage de l’ARH Bretagne, de l’Urcam et de l’Urml, et sous la maîtrise d’œuvre du SIB. Elle facilite, entre autres, l’identification unique du patient via l’outil IdeoPass. INFORMATIQUE ET WEB / LE QUOTIDIEN DU MEDECIN / PAGE 12/ MERCREDI 6 DECEMBRE 2006