la vie des réseaux
vécu
INFORMATIQUE ET WEB / LE QUOTIDIEN DU MEDECIN / P A G E 12 / MERCREDI 6 DECEMBRE 2006
Avec 6 500 dossiers
partagés, le réseau breton
de prise en charge des
patients cardiaques est
utilisé en routine par une
centaine de professionnels.
Il va s’élargir à l’ensemble
des disciplines vasculaires.
De Saint-Malo à Dinan, en passant par
Dinard et Dol-de-Bretagne, ses utili-
sateurs l’appellent « DMP », mais
sans ambiguïté : il s’agit du « dossier médi-
cal partagé » qui fait partie intégrante des six
objectifs que s’est assignés le réseau
CardioRance, dès sa constitution, afin
d’améliorer la prise en charge des malades
cardiaques. Dans ce secteur sanitaire de
235 000 habitants, une fédération interhos-
pitalière a commencé par se mettre en place,
il y a six ans, associant les trois services de
cardiologie de Dinan, Dinard et Saint-Malo.
Elle a rapidement vu la nécessité de s’ouvrir
à la ville (paramédicaux et associations de
patients compris) avec laquelle une conven-
tion constitutive de réseau et une charte
étaient signées en février 2003.
Son ambition : assurer la continuité de la
prise en charge, élaborer des protocoles
communs (et en évaluer les effets), former
les adhérents – professionnels et patients*.
Ses résultats sont aujourd’hui suffisam-
ment probants pour que l’ARH et l’Urcam
montrent CardioRance en exemple, avec
l’objectif de mutualiser son application de
dossier partagé, et pour que le Sros recom-
mande son élargissement à l’ensemble des
disciplines vasculaires. RivaRance a donc
succédé à CardioRance lors de sa derniè-
re assemblée générale, en juin, et doit
accueillir diabétologues, néphrologues,
neurologues, etc.
« Nous sommes à un tournant et nous
allons adapter notre système d’informa-
tion à cet élargissement », commente la
présidente et coordinatrice du réseau, le
Dr Florence Revault d’Allonnes, cardio-
logue au CH de Saint-Malo.
C’est son prédécesseur, le Dr Maurice
Richard, chef de service à Saint-Malo et
aujourd’hui secrétaire du réseau, qui a
conduit la mise en place du dossier infor-
matisé. Il en prépare actuellement la ver-
sion 3. « Elle devrait faciliter l’emploi du
dossier par les libéraux, leur page d’ac-
cueil offrant notamment une vue plus
synthétique de l’historique des patients »,
explique-t-il.
LE RELAIS DU MÉDECIN TRAITANT
La notification d’une hospitalisation, déjà
en place à l’attention des cardiologues,
concernera également le médecin traitant.
Ce dernier recevra d’ailleurs automatique-
ment un code d’accès, de la part du secré-
tariat du réseau, dès lors qu’il aura été dési-
gné par son patient. « L’ouverture et
l’alimentation du dossier viennent le plus
fréquemment des cardiologues », précise
le Dr Revault d’Allonnes ; mais « actuel-
lement les libéraux prennent largement
le relais des hospitaliers », ajoute le
Dr Richard.
« Les généralistes ne l’utilisent encore
qu’en lecture, indique la coordinatrice,
mais nous sommes en train de l’adap-
ter afin qu’il réponde mieux à leur pra-
tique. »
« L’un des principaux intérêts de ce sys-
tème d’information réside dans sa sou-
plesse, souligne Maurice Richard : il est
utilisable de façon différente, sans
méthode imposée. » Au CH de Saint-Malo,
qui ne s’est pas équipé de dossiers infor-
matisés mais s’est doté d’ordinateurs por-
tables (et bornes Wi-Fi), pour la pres-
cription des examens biologiques
notamment, le DMP est exploité dans son
intégralité. Au CH de Dinand, en revanche,
c’est la fonctionnalité comptes rendus de
sortie qui est privilégiée. « Dans les cabi-
nets libéraux de cardiologie, on retrou-
ve le même éventail de modalités d’em-
ploi, décrit Maurice Richard. Le cabinet
de Dinard a par exemple pleinement
adopté le DMP. »
Au-delà de la continuité des soins, le dos-
sier va maintenant être mis à profit pour
évaluer la qualité de la prise en charge dans
le réseau au regard des protocoles établis
par ses adhérents, annonce Florence
Revault d’Allonnes. La fonction Recherche
par mot clé facilitera en effet la sélection
de dossiers et l’étude de leur conformité
aux recommandations. ■
Dominique Lehalle
* CardioRance gère un centre Educœur, à
Dinard, qui assure, entre autres, prévention,
réadaptation et éducation thérapeutique.
CardioRance, du cœur aux vaisseaux
Repères
Promoteur
Le réseau est géré par l’association Car-
dioRance. Son conseil d’administration est
ouvert aux libéraux, paramédicaux, admi-
nistrations hospitalières et associations
de patients.
Utilisateurs
Cent cinquante professionnels adhèrent
au réseau, dont la quasi-totalité des car-
diologues du secteur. Une centaine utilise
le DMP au quotidien. Six mille cinq cents
dossiers sont ouverts.
Financement
La Drdr a accordé 800 000 euros pour la
période 2003-2006. Environ 150 000 euros
ont été consacrés à la création du systè-
me d’information. La poursuite du finan-
cement est acquise, après une évaluation
réalisée en juin, mais son financement pas
encore précisé.
Développement
Le DMP CardioRance a été mis en œuvre
par la Ssii malouine Novelios, en colla-
boration avec le SIB (Syndicat interhos-
pitalier de Bretagne). Il est hébergé par la
plate-forme Télésanté Bretagne (www.tele-
santeouest.org), construite sur le réseau
haut débit Megalis, développée sous la
maîtrise d’ouvrage de l’ARH Bretagne, de
l’Urcam et de l’Urml, et sous la maîtrise
d’œuvre du SIB. Elle facilite, entre autres,
l’identification unique du patient
via
l’ou-
til IdeoPass.