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Soudan
pétrole et Darfour
Au ban de la communauté internationale,
à cause de la crise au Darfour,
le Soudan connaît pourtant une croissance économique soutenue
grâce à l’exploitation du pétrole.
Une situation paradoxale
que renforcent encore les fractures internes du pays.
(d'après "le Dessous des Cartes" – novembre 2007)
le Plus vaste État d’Afrique
Le Soudan s’étend sur 2,5 millions de km²,
soit près de 5 fois la superficie de la France.
Il est voisin notamment
de l’Egypte au nord, du Tchad à l’ouest, de la République Démocratique du Congo au sud,
et de l’Ethiopie à l’est.
Une très forte croissance économique
La capitale Khartoum, est située à la confluence du Nil Bleu et du Nil Blanc.
Elle compte 5 millions d’habitants, sur un total de 40 millions pour l'ensemble de ce pays.
Le Soudan a eu un chiffre de 8 % de croissance en 2005, 10 % en 2006,
et ceci alors que le pays est instable sur le plan politique.
le Boom pétrolier
Le Soudan détient les cinquièmes réserves prouvées de pétrole du continent africain.
Sur la carte, les différentes concessions pétrolières du pays.
Actuellement 3 d’entre elles (en orange) fournissent plus de la moitié de la production soudanaise,
et sont exploitées par un consortium qui est formé par :
le Boom pétrolier
- la compagnie chinoise CNPC, à hauteur de 40 %,
- la compagnie malaise Petronas (30 %),
- la compagnie indienne ONGC (25 %),
- et la compagnie nationale Sudapet qui a 5 %.
le Boom pétrolier
En 2006, les trois quarts de la production soudanaise ont été exportés,
principalement vers la Chine et le Japon, via Port-Soudan.
Les revenus pétroliers représentent aujourd’hui 80 % de la valeur des exportations.
les Projets de développement
Le gouvernement peut ainsi développer des projets géants
comme ce nouveau quartier de Khartoum, Al-Mogran,
qui associe des hôtels de luxe, des milliers de villas privées et des appartements.
Le modèle est un peu Dubaï.
Plusieurs facteurs pèsent sur l’unité du pays
Mais le Soudan reste un pays très inégalement développé,
et plusieurs régions de ce pays ont été, ou sont aujourd’hui touchées par des conflits internes.
Le premier facteur qui pèse sur l’unité du pays est son immensité.
Plusieurs facteurs pèsent sur l’unité du pays
Le Soudan s’étend du nord au sud sur plus de 2000 km,
ce qui le place au contact de plusieurs milieux naturels :
- au nord, une zone désertique ou semi désertique,
- au centre, une zone de steppe,
- et au sud, une zone de savane et de marais.
Plusieurs facteurs pèsent sur l’unité du pays
On a aussi des montagnes comme le Djebel Erba et le Djebel Marra.
Ces milieux naturels impliquent des modes de vie différents,
notamment entre éleveurs nomades et agriculteurs sédentaires.
la Diversité ethnolinguistique
Le second facteur est lié à la grande diversité ethnique et linguistique.
On peut distinguer de façon schématique :
- au nord et au centre, des peuples arabes, des Bejas, des Nubiens
(le long de la vallée du Nil).
Ils sont musulmans, comme 70 % de la population soudanaise.
la Diversité ethnolinguistique
- au sud, on a notamment les peuples Dinkas, Nouer, Shillouk.
Ce sont des peuples noirs, majoritairement chrétiens ou animistes
(même si certains de ces peuples noirs ont été islamisés,
comme les Fours, qui ont donné leur nom à la province du Darfour).
la Diversité ethnolinguistique
En outre, plus d’une centaine de langues sont parlées au Soudan,
même si la plus répandue est l’arabe,
qui est la langue nationale.
le Facteur historique
Enfin, l’histoire politique a renforcé le clivage entre le nord et le sud.
D’abord, les populations noires du sud du pays ont subi l’esclavage,
pratiqué notamment par les Egyptiens après leur conquête du Soudan au début du XIXe siècle.
L’objectif était alors de ramener des esclaves
et de les vendre sur les marchés du Moyen-Orient.
le Sud et l’ouest du pays marginalisés
Ensuite, à la fin du XIXe siècle, lorsque le Soudan est passé sous influence britannique,
le colonisateur a surtout mis en valeur les territoires du nord
en y développant la culture du coton, qui était destiné à l’exportation.
Le sud a ainsi été délaissé,
de même que l’ouest du pays, impropre à l’irrigation.
les Germes des conflits actuels
Quand le Soudan accède à l’indépendance en 1956,
les élites arabes du nord s’imposent naturellement au pouvoir à Khartoum,
et les régions périphériques continuent à être marginalisées économiquement et politiquement.
C’est la réaction à cette situation qui est à l’origine du conflit du sud-Soudan (jusqu’en 2005),
puis du Darfour aujourd’hui.
le Conflit du sud-Soudan
Le conflit du sud-Soudan est l’un des plus longs qu’ait connus l’Afrique ces dernières décennies.
Dès l’indépendance du Soudan,
les partis politiques du sud du pays ont réclamé l’autonomie de leur région,
ouvrant sur une guerre contre le gouvernement central de Khartoum.
le Conflit du sud-Soudan
Le conflit reprend en 1983, lorsque le chef de l’Etat soudanais de l’époque,
le général Neimayri, impose la charia à l’ensemble du pays.
Pendant plus de 20 ans ce conflit va opposer les troupes du gouvernement
au Mouvement de Libération du sud Soudan (SPLA), dirigé par John Garang.
Le SPLA est soutenu par l’Ethiopie, qui lui sert de base arrière, puis par l’Erythrée et l’Ouganda.
l’Accord de paix de 2005
Le conflit du sud-Soudan s’interrompt en 2005 grâce à un accord de paix,
obtenu notamment sous la pression des Etats-Unis.
Deux facteurs ont permis d’y parvenir :
l’Accord de paix de 2005
- d’abord, le régime soudanais cherche à sortir de son isolement diplomatique.
Depuis 1997 il subit des sanctions américaines pour son soutien à divers mouvements islamistes
en Egypte, en Ethiopie, en Erythrée ou encore en Palestine.
Jusqu’en 1996 Oussama Ben Laden suspecté d’y avoir développé des camps d’entraînement.
Après le 11 septembre 2001, le Soudan est donc sous la pression directe et forte des Etats-Unis.
l’Accord de paix de 2005
- ensuite, si le Président soudanais Omar el-Bechir décide de conclure la paix avec le sud-Soudan,
c’est aussi pour favoriser l’exploitation du pétrole qui a débuté à la fin des années 1990.
Ainsi est signé en janvier 2005 un accord qui prévoit un gouvernement d’union nationale,
mais aussi un référendum d’autodétermination pour le sud-Soudan d’ici 2011.
l’Accord de paix de 2005
Au total, cette guerre civile entre le nord et le sud du pays aura causé près de 2 millions de morts,
plusieurs millions de déplacés internes,
et 600 000 réfugiés dans les pays voisins (Ethiopie, Kenya, Ouganda, Egypte).
le Darfour
Ce conflit à peine terminé, un autre se déclenche à partir de 2003, au Darfour.
Le Darfour est cette province de l’ouest du pays, grande comme la France,
qui compte 6 millions d’habitants
et de nombreuses ethnies, dont les Fours.
le Darfour
Cette région connaît un retard de développement,
aggravé par des famines récurrentes liées aux sécheresses
qui touchent de façon endémique la zone sahélienne depuis les années 1980.
Et ces famines sont facteurs de tensions inter ethniques.
le Déclenchement de la guerre
Au début de l’année 2003, deux mouvements armés, le SLA et le JEM,
composés surtout de peuples Fours, Massalits, et Zaghawas,
revendiquent un partage du pouvoir et une meilleure redistribution des richesses.
Le Darfour pourrait posséder d’importantes réserves en pétrole,
ce qui évidemment incite le gouvernement central à garder son contrôle sur cette région.
la Répression de Khartoum
Le gouvernement de Khartoum ne veut pas négocier,
il s’appuie sur des miliciens armés essentiellement arabes, appelés Djanjawids,
qui en 4 ans ont pillé, brûlé et détruit quelque 1600 villages dans le Darfour.
La carte montre les principales zones de destructions.
Un bilan catastrophique
Depuis 2003, le conflit du Darfour a causé plus de 200 000 morts,
et entre 150 000 et 250 000 réfugiés
au Tchad et en Centrafrique.
les Déplacés internes
Le conflit a aussi créé quelque deux millions de déplacés internes,
qui s’entassent dans des dizaines de camps
(en bleu sur la carte).
Au Darfour l’ethnicité ou la religion ne sont que
des facteurs aggravants d’un conflit qui est lié à l’histoire
et à l’absence de perspectives de développement,
en tout cas économique.
La manne du pétrole au Soudan,
qui n’est pas redistribuée, ou mal redistribuée,
devient en fait un facteur aggravant,
car cette ressource accroît les rivalités internes.
La Chine, on le sait, pour satisfaire ses besoins énergétiques,
livre des armes au gouvernement de Khartoum,
la Russie aussi.
Rien ne dit que l’arrivée des casques bleus début 2008,
rétablira la paix.
À cela, s’ajoute qu’au Sud-Soudan, l’enjeu n’a pas disparu :
le référendum prévu pourrait bien déboucher
sur la création d’un nouvel Etat en Afrique.
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