Signés par le gouvernement de Khartoum et le Mouvement populaire de libération du
Soudan (MPLS), les Accords de paix de janvier 2005 ont mis fin à plus de vingt ans de
guerre civile au Sud-Soudan. Ils prévoyaient une période d'autonomie de six ans pour
la région sud, surveillée par la Mission des Nations unies au Soudan (MINUS). Et
aussi un partage des recettes de l'économie du pétrole fixé à 50-50.
Les gouvernements de Khartoum et Juba avaient jusqu'au référendum sur l'autonomie
du Sud-Soudan pour négocier les autres points qu’étaient le partage de la dette et la
monnaie. Les Accords de paix ont pris fin avec le référendum sur l'indépendance, le 9
janvier 2011. Mais aucune négociation n'avait abouti à un accord entre les deux États
dans les six années écoulées.
Suite à la sécession, le Soudan du Sud a mis la main sur près de 80 % des réserves de
pétrole. Or, l'économie pétrolière représentait 90 % des exportations du Soudan avant
l'indépendance du Sud-Soudan. Le président soudanais Omar el-Béchir a admis la
nécessité de diversifier l'économie du Nord-Soudan si l'indépendance était approuvée
par les Soudanais du Sud. L'agriculture sera prioritaire mais le Soudan du Nord devra
tout faire pour garder ou regagner la confiance de ses créanciers.
Les violences à la frontière enveniment les négociations
Les bases d’un conflit géoéconomique sont ainsi présentes : le Soudan du Sud possède
la majorité des réserves de pétrole, mais les infrastructures pour son acheminement
sont au Soudan du Nord. Des négociations sont donc nécessaires pour l'acheminement
du pétrole et le respect des contrats avec plusieurs pays. Le Sud-Soudan s'est d'ailleurs
engagé à respecter les contrats signés entre la Chine et le gouvernement de Khartoum.
Celui-ci souhaite taxer l'utilisation de ses oléoducs et de ses ports afin de compenser la
perte de gisements pétroliers et miniers. Pour sa part, le gouvernement du Sud-Soudan
entend payer le même montant que le Tchad, soit une somme plus faible.
Toutefois, les violences à la frontière des deux États enveniment les négociations. Des
groupes armés sont très actifs à la frontière, qui seraient affiliés au SPLM, selon
Khartoum - ce que dément Juba au sud-Soudan. Parallèlement, le gouvernement de
Juba a annoncé son intention d'aider financièrement le Soudan du Nord. En
contrepartie, il demande au gouvernement d'Omar el-Béchir de renoncer à la région
d'Abyei, riche en pétrole, qui subit des violences dues à de nombreux affrontements
armés. De part et d'autre de la frontière, les deux États s'accusent mutuellement de
défendre leurs intérêts par l’entremise de ces milices.
Vers une rencontre au sommet ?
De plus, le Nord-Soudan accuse des milices du Sud de complicité avec les rebelles du
Darfour. Dans cette région, les violences ne se sont pas estompées. Mais le « grand
oublié » des Accords de paix de 2005, le Darfour, devra user de patience : si le conflit
est surtout territorial et concerne la terre, l’intérêt pour le pétrole n’est pas loin puisque
plusieurs experts parlent de découvertes éventuelles sur place ou dans la périphérie.
Pour le moment, l’ancien président sud-africain, et médiateur de l’Union africaine
(UA), Thabo Mbeki, tente d’organiser une rencontre au sommet entre les présidents du
Soudan Omar el-Béchir et du Soudan du Sud Salva Kiir. Un premier rendez-vous a été