CONSTRUIRE UN BATIMENT-LOUER UNE HABITATION.

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LES SEISMES AU NEPAL.
CONSTRUIRE UN BATIMENT.
LOUER UNE HABITATION.
Kathmandu, mai 2006.
Henri Sigayret.
E-mail [email protected]
Phone : 4.373.982
Le territoire du Népal est exposé aux tremblements de terre.
Ce cahier est destiné aux membres d’O.N.G. construisant des
édifices et aux résidents cherchant à louer une maison d’habitation.
Il expose quelques règles de conception et d’exécution applicables
aux constructions parasismiques permettant de construire sans
commettre de grosses fautes ou de louer une construction ne
présentant pas de trop grands risques d’effondrement. Il ne décrit
que les bâtiments de faible hauteur, ceux qui ont deux à trois
niveaux. Pour les bâtiments de grande hauteur, bien que ce qui est
dit dans ce texte soit applicable, il est indispensable de s’adresser,
d’une part à un bureau d’études géotechniques qui définira la
nature et les caractéristiques mécaniques du sol d’assise, d’autre
part à un bureau d’études spécialisé dans le calcul des structures :
bois, métal, maçonneries, béton armé qui effectuera les calculs de
dimensionnement des éléments participant à la stabilité.
GENERALITES
VOCABULAIRE CONCERNANT LES SEISMES.
En italique, figurent des mots qui sont expliqués dans le cours du
texte.
COLLISION. SUBDUCTION ET SURRECTION. Deux
plaques tectoniques entrent en collision, la plaque la plus lourde se
glisse sous l’autre, ce phénomène est nommé subduction, la plaque
la plus légère est soulevée, ce phénomène est nommé surrection.
Tous les reliefs du Népal, des collines Mahabharat, Churia,
Siwalik… (qui sont situées au droit de la zone de contact entre les
plaques indiennes et tibétaines) au Grand Himalaya ont ainsi été
créés. Ils sont appelés : reliefs de collision. Dans notre cas c’est la
plaque australo-indienne qui s’enfonce sous la plaque euro-asiatique
(Tibet).
EPICENTRE. Point à la surface de la terre qui est situé au dessus
du foyer du séisme.
ECHELLE DE MERCALLI ET DE RICHTER. L’échelle de
Mercalli est descriptive, elle indique ce qui se produit lors d’un
séisme : <<la vaisselle a tinté, des objets ont été renversés…>>.
L’échelle de Richter est quantitative, elle classe les séismes en
fonction de leur magnitude. On dit par exemple d’un séisme qu’il
est de force 5,3
FOYER. Lieu à l’intérieur des terres où se produit la dislocation des
roches (voir citations).
GEOPHYSICIEN. Physicien du <<géo>>, spécialiste des
sciences de la terre, des sols, des mouvements des sols… (théories,
recherches…).
GEOTECHNICIEN. Spécialiste des applications pratiques se
rapportant aux sols. Dans le cas de nouvelles constructions, après
~1~
avoir effectué une campagne de sondages sur le site, il dresse, pour
le bureau d’études de la structure, les coupes géologiques et il
précise les caractéristiques descriptives et mécaniques du sol
d’assise : résistance des couches rencontrées, valeur des tassements
de ces couches sous l’effet du poids de la construction, <<angle de
talus naturel>> des terrains en pente, voire hydrologie du site…
MAGNITUDE. Chiffre indiquant la quantité d’énergie libérée par
un séisme, il exprime la << puissance de ce séisme >>.
PLAQUE TECTONIQUE. La croûte terrestre visible ou noyée au
fond des océans est découpée en plaques dites tectoniques (ou
lithosphériques) de grandes dimensions. On distingue ainsi la
plaque euro-asiatique, la plaque africaine, la plaque australoindienne … Ces plaques, flottant sur un magma pâteux se déplacent,
ce qui explique qu’elles peuvent entrer en collision.
SISMOLOGUE (séismologue). Spécialiste des séismes.
SISMOGRAPHE (séismographe). Appareil permettant
d’enregistrer l’intensité des séismes (magnitude).
TREMBLEMENTS DE TERRE ou séismes ou secousses
telluriques.
WEGENER. Météorologue allemand qui a proposé à un cénacle de
spécialistes alors sceptiques la théorie des plaques tectoniques
mobiles.
QUELQUES CHIFFRES SE RAPPORTANT AUX
SEISMES.
– Le mardi 7 janvier 1995 à 5h45, un tremblement de terre a secoué
la région de Kobé et d’Osaka… La secousse a duré 20 secondes.
Plus de 5500 morts et 35000 blessés ont été recensés. 180000
bâtiments ont été détruits ou gravement endommagés. 300000
personnes se sont retrouvées sans toit.
– Le séisme de El Asman a entraîné la mort de 28000 personnes.
– Le séisme de Yungay libéra une poche d’eau glaciaire qui a été à
~2~
l’origine d’un énorme glissement de terrain qui ensevelit cette
ville : 15000 morts.
– La durée des mouvements des plaques se chiffre en millions
d’années. L’Inde s’est détachée de l’Afrique il y a 70 millions
d’années. La collision Inde Tibet a eu lieu il y a environ 50 millions
d’années.
– Valeur des déplacements des plaques tectoniques : les
déplacements se chiffrent en centimètres. Exemple : la plaque
australo-indienne se déplace vers l’Asie centrale à la vitesse de 5,4
cm par an, 54 m par siècle !
– Disparition des terres. Supposons que chaque année 3 cm de terres
indiennes s’enfoncent sous le Tibet. Supposons que la longueur
frontale de l’Himalaya est de 3000 km. La surface des terres <<
perdues >> est de 90000 m2/an : 9 ha ! L’équivalent de la
superficie d’une grande exploitation agricole !
– Calcul d’énergie. Comparer l’énergie dissipée lorsqu’un véhicule
de une tonne roulant à 100 km/h percute un mur avec celle dépensée
par une tranche de continent pesant un milliard de tonnes avançant
de 3 cm par an lorsqu’elle entre en collision avec un autre continent.
VOCABULAIRE SE RAPPORTANT
AUX CONSTRUCTIONS.
BETON, BETON ARME. Un béton est constitué de ciment, de
sable, de gravier et d’eau. Le béton ayant une résistance à la traction
relativement faible on lui rajoute, à des emplacements parfaitement
définis, des barres d’aciers (armatures), soigneusement calculées
qui équilibrent ces efforts de traction, on obtient du béton armé. Ces
barres d’acier permettent aussi d’assurer entre les éléments de
l’ossature d’un édifice des liaisons efficaces, c’est pourquoi le béton
armé se prête parfaitement à l’exécution de constructions
parasismiques.
~3~
CONTRAINTES. Rapport d’une force (exemple : charges
permanentes : poids propre des éléments porteurs plus poids morts
des matériaux n’ayant aucune fonction dans la résistance, plus
surcharges ou charges d’exploitation : poids des personnes, du
mobilier, des équipements, des véhicules, plus les efforts dus au
vent, aux séismes…) à la surface de la structure (ossature) qui la
supporte. Une contrainte s’écrit : Ce = F / S. Dans le présent
document elles sont exprimées en kilo par cm2. Il faut distinguer les
contraintes de rupture qui entraînent la destruction de l’élément et
les contraintes admissibles qui sont adoptées pour le calcul des
éléments.
FONDATIONS. Elles sont constituées par des élargissements des
éléments verticaux d’une ossature. Exemple comparatif : un
montagnard fixe des raquettes ou des skis sous ses pieds pour ne pas
enfoncer dans la neige. On nomme longrines des poutres en
fondations.
FORCES. Dans une construction elles se présentent sous forme de
tractions, de compressions (pressions), de cisaillements.
MACONNERIES. Ce sont les éléments qui constituent le gros
œuvre (il se différencie du second œuvre : menuiseries, plomberie,
électricité, peintures…) d’une construction : ossature, murs de
façade, murs intérieurs… Parmi ces maçonneries on distingue les
murs porteurs et les murs de remplissage (supportés par l’ossature).
Les maçonneries sont réalisées en béton, en béton armé, en pierres,
en briques, en blocs de béton préfabriqués… Le présent texte
concerne surtout le gros œuvre.
SOL D’ASSISE. Surface du sol sur laquelle s’appuient les
fondations.
STRUCTURE. Elle est constituée par les éléments porteurs
verticaux et horizontaux en élévation : poteaux, murs porteurs,
poutres, chaînages horizontaux et verticaux, planchers…
SUPERSTRUCTURE. Ce mot désigne les éléments coiffant
l’édifice : charpentes, planchers formant terrasses, mais on
~4~
applique parfois ce mot aux éléments porteurs en élévation.
UNITES DE MESURE. Il faudrait normalement adopter pour
quantifier les forces et les contraintes les unités du S.I., Système
international : mètre, newton, pascal… mais ce texte étant destiné à
des non-spécialistes le kilo pour les forces et le kilo par cm2 pour
les contraintes, sont utilisés.
CITATIONS.
Texte du National Seismological Center, department of Mines
and Geology.
Compte tenu du contexte géologique et démographique de la vallée de
Kathmandu ainsi que de l’état de ses infrastructures urbaines, une
catastrophe sans précédent est à redouter lorsqu’un séisme encore plus
important que celui qui s’est produit en Turquie en août 1997 ( magnitude
7, 2 ) se produira… Le séisme majeur, de magnitude supérieure ou égale
à 8, aura lieu à faible profondeur : 20 à 30 km. La secousse durera
plusieurs minutes. On s’attend à un séisme engendrant un déplacement de
plusieurs mètres, affectant une zone de plusieurs centaines de km2, des
montagnes du Nord jusqu’à la plaine du Téraï… Dans les régions
comportant des reliefs, le séisme va provoquer de nombreux glissements
de terrain et des chutes de pierres instables… Au moins 60 à 70% des
édifices et bâtiments de la vallée seront très endommagés ou détruits.
L’aéroport international sera hors de service. Les routes d’accès à la
vallée seront également hors de service… Les canalisations seront
coupées, ainsi que les lignes électriques et téléphoniques ; il n’y aura donc
plus d’eau, plus d’électricité, plus de téléphone, pendant plusieurs jours à
plusieurs semaines. Des incendies risqueront d’éclater aux quatre coins de
la ville… Des épidémies dues aux très mauvaises conditions sanitaires
apparaîtront d’autant plus vite en période de mousson… Des pillages et
des violences seront forcément à redouter.
~5~
Récit d’un témoin du séisme survenu à Mexico en 1985 qui a tué
35000 personnes. Au cours de ce séisme 412 immeubles se sont
effondrés.
Je suis comme dans la cabine d’un voilier en pleine mer, par gros temps, avec
tangage et roulis… impossible de rester debout sans se cramponner au mur
ou au lit. Par la fenêtre de mon hôtel, le spectacle est terrifiant. Les voitures
en stationnement avancent, reculent, s’entrechoquent. Les fils électriques se
tendent, se distendent, ou ils cassent dans des gerbes d’étincelles… Mais le
pire, ce sont ces immeubles de 12 à 14 étages qui nous entourent et se
balancent de gauche à droite avec une amplitude de plusieurs mètres. L’hôtel
penche à gauche, l’immeuble voisin penche à droite, ils se heurtent… Un
gratte-ciel tangue de quatre mètres en avant, puis de quatre mètres en
arrière… et s’aplatit comme un mille feuilles.
PREVISION DES SEISMES
Malgré d’intenses recherches, il est encore impossible de prévoir la
date à laquelle un séisme va se produire. On ne peut que se fier au
dicton :
Dans une région de séisme, plus est ancienne la dernière
catastrophe, plus proche est celle qui va survenir.
SEISMES ET CONSTRUCTIONS
GENERALITES.
FORCES ENGENDREES PAR UN SEISME. Un mouvement se
produit dans le sol à grande profondeur, il se traduit à la surface de
la terre par des déformations entraînant des forces (de toutes
~6~
directions) qui s’appliquent aux constructions. Pour rendre possible
les calculs une force F à la surface du sol, de direction quelconque,
est décomposée en une force horizontale H et une force verticale V.
Voir croquis 16.A.
CONCEPTION, CALCULS ET REALISATIONS.
Il faut faire la différence entre la conception générale d’un bâtiment
: détermination des volumes, des formes, des hauteurs, répartition
des masses, position des éléments porteurs, type d’ossature… et les
calculs qui permettent de donner à ces éléments porteurs les
dimensions nécessaires pour qu’ils résistent aux efforts auxquels ils
seront soumis. La conception est déterminée par un concepteur ou
maître d’œuvre, un architecte très souvent, les calculs sont effectués
par un ingénieur spécialisé, un bureau d’études de structure. On peut
ainsi distinguer dans un bâtiment des fautes de conception (choix
d’un certain type d’architecture par exemple) et les fautes de calculs
(simples erreurs, mauvais choix des charges, des contraintes). On
rencontre aussi les fautes de construction, de réalisation, qui sont le
fait de l’entrepreneur : matériaux de mauvaise qualité, mauvaise
exécution, non respect de certaines prescriptions techniques,
dimensions plus faibles que celles indiquées dans les documents
écrits ou les plans…
ORGANISMES SPECIALISES.
TEXTES LEGISLATIFS.
Le département des mines et de géologie du Népal possède un
Centre de séismologie qui possède 21 centres de détection des
~7~
séismes. Le Laboratoire de Géophysique du C.N.R.S. français
participe aux recherches.
De
nombreux
pays
industrialisés ont établis
des textes (nommés Règles)
qui sont destinés à diriger
la
conception
et le
calcul des constructions
parasismiques. Les U.S.A.,
le Japon, la France…
possèdent des textes très
élaborés. En France on peut
distinguer les Règles de construction parasismiques dites Règles PS
92 – NF P 06-013 qui s’appliquent à toutes les constructions et les
Règles de Construction parasismiques des maisons individuelles et
des bâtiments assimilés nommées.
Règles PS-MI 89 modifiées 92 - NF P 06-014.
Ces dernières règles sont
adaptées à de nombreuses
constructions du Népal qui
sont
en général de faible
hauteur.
Signalons que la stricte
application des règles ne
garantit pas l’absence de
désordres :
fissuration,
déformations … L’objectif principal de ces règles, d’après NF P 06014 :
Il est évident que le Népal aura un jour ses propres règles
parasismiques mais actuellement il n’existe dans ce pays aucun
~8~
texte permettant de calculer une structure aux efforts des séismes.
Les prescriptions contenues dans ce document s’inspirant des
Règles NF P 06-014 peuvent permettre d’éviter les erreurs
fondamentales qu’on remarque lors de la conception et la réalisation
d’une construction.
est la sauvegarde du plus grand nombre possible de vies humaines… En
cas de secousse plus modérée ( que celle servant de base aux calculs ), les
dispositions… doivent aussi permettre de limiter les pertes économiques.
Mais… l’application des règles ne permet pas de couvrir tous les cas.
L’application des textes parasismiques ne met pas à l’abri de tout
désordre : on admet donc des éventualités de déformations du bâtiment
pouvant se traduire par des dégâts mineurs tels que des fissurations dans
les maçonneries, en particulier dans les cloisons, et des bris de matériaux
comme les revêtements et les vitrages…
RISQUES EXTERIEURS A LA CONSTRUCTION.
Une construction, même parfaitement calculée, peut être, lors d’un
séisme, détruite par des causes extérieures.
– Par l’effondrement d’un bâtiment situé au-dessus d’elle.
Croquis 1.
– Par la chute de blocs instables qui sont en haut d’un talus
dominant cette construction ou par le glissement des terres de ce
talus. Croquis 2.
~9~
La norme NF P 06-014, indique :
L’application du présent document ne protège pas un bâtiment qui serait
implanté sans tenir compte de la topographie du site et des risques induits
par une secousse sismique.
LES FONDATIONS.
Les fondations transmettent au sol les efforts de la structure. Elles
sont en général réalisées par des
élargissements des éléments porteurs. On peut
distinguer les fondations superficielles, bâties
près de la surface (ex : 2 m.) et les fondations
profondes qui s’appuient sur des couches de
terrain de haute résistance situées à grande
profondeur (ex : 10 m.). Dans les fondations
superficielles on distingue les semelles qui
sont de simples élargissements des éléments
porteurs. Croquis 3,
et les radiers qui sont constitués de plaques
de béton armé dont la
surface est au moins égale à celle de la
construction. Croquis 4.
Dans les fondations profondes on distingue
les puits et les pieux qui permettent
d’atteindre les couches de bon sol à grande
profondeur, les couches de surface étant de
faible portance.
Les puits sont constitués de massifs en maçonnerie : de pierres,
~ 10 ~
de béton, leur profondeur dépasse
rarement 3,00 mètres. Croquis 5.
Les pieux sont des colonnes de béton
armé qui atteignent de grandes hauteurs :
plus de 10,00 mètres parfois. Croquis 6.
Si, au Népal, les semelles et les puits sont
d’une utilisation courante, la réalisation de
pieux est exceptionnelle. L’auteur ne connaît
qu’un seul exemple de bâtiment fondé sur
pieux, c’est celui de l’Ambassade des U.S.A
située à Maharajganj.
LE SOL D’ASSISE. SONDAGES.
On distingue les sols dits de bonne qualité qui acceptent des
contraintes élevées: rocher, graviers, sables… et les sols dits de
mauvaise qualité qui n’acceptent que des contraintes admissibles
modérées: argiles plus ou moins imbibées d’eau, vase, tourbe… Les
contraintes des bons sols varient de plus de 20 kilos par cm2 pour
les rochers à quelques kilos par centimètres carrés pour les graviers
et les sables. Les contraintes des mauvais sols sont proches ou
inférieures à 1 kilo par cm2. On rencontre des sols (en général
argileux plus ou moins saturés d’eau) qui n’acceptent que des
contraintes voisines de 0,500 kilo par cm2. Ces sols sont très
dangereux en cas de séisme. Des fondations sur des sols vaseux ou
tourbeux sont toujours déconseillées. La résistance admissible est
liée à celle de tassement, des bâtiments construits sur des sols
plastiques, s’enfoncent dans le sol, ils tassent parfois de plusieurs
centimètres. Des tassements de plus de 20 centimètres ne sont pas
~ 11 ~
rares. Au sujet des sols d’assise la norme NF P 06-014 indique :
Sont exclues du domaine d’application du présent document les
constructions fondées sur des sols mal consolidés et/ou de portance ultime
inférieures à 250kN/m2. (0,250 k/cm2). A défaut de connaissance de la
résistance à la compression du sol, sont exclues (des prescriptions de ce
document) les constructions fondées sur des sols tels que vases, tourbes, sables
fins… gorgés d’eau, alluvions non compactées.
Tous les types de sol se rencontrent au Népal, pays de montagne.
Dans les collines alternent des masses rocheuses, des strates de
terrains graveleux, des argiles compactes, mais aussi des lentilles de
matériaux compressibles : argile bleue, grise… et même de la
tourbe, matériau extrêmement compressible donc dangereux. A
Pokhara, se rencontrent de vastes étendues de sols graveleux
<<surconsolidés>> (par le poids des terres ou des glaciers qu’ils ont
supporté). Ces sols, proche des conglomérats, acceptent sans
déformation des contraintes supérieures à 10 kilos par cm2.
Kathmandu, comme Grenoble, Annecy… sont des villes bâties dans
des cuvettes entourées de collines. A ce relief correspond un type de
sol très hétérogène : les states graveleuses voisinent avec les
lentilles d’argiles, de tourbe… Les problèmes de fondations y sont
nombreux. Un bâtiment à cheval sur un sol de bonne qualité et un
sol de mauvaise qualité va tasser inégalement, on parle de tassement
différentiel.
Toute construction doit être précédée d’une
campagne de sondages, réalisée par un
géotechnicien, qui permet de connaître la
nature et la résistance des couches sur
lesquelles la construction s’appuiera. Il faut
toujours réaliser, sous une construction,
plusieurs sondages pour savoir si le sol est
homogène.
Le croquis 7. indique les conséquences d’une
habitation bâtie sur un sol hétérogène :
~ 12 ~
poches d’argiles compressibles 1 et 2 noyées au
milieu d’un sol graveleux.
Le croquis 8, montre un immeuble ayant subi
un tassement différentiel. Une telle construction
a été bâtie par moitié sur un sol graveleux et sur
un sol argileux. On trouve dans différents pays
de nombreux exemples de Tour de Pise.
PHENOMENE DE LIQUEFACTION.
Lorsque les poids lourds circulent sur une chaussée, la mise en
compression alternée des couches humides du sol entraîne une
remontée des éléments fins de ce sol (que les géotechniciens
appellent les fines du sol.). Il y a désorganisation de la structure
interne de ce sol. Lorsqu’une ménagère veut parfaitement remplir
un pot de sel, elle l’agite ou elle le frappe avec une cuillère, ce
faisant elle tasse le sel à l’intérieur du bocal. Lorsqu’un ouvrier veut
augmenter la compacité d’un béton, il l’agite, après sa mise en
place, avec une aiguille vibrante nommée pervibrateur. Un séisme a
sur les sols le même effet que ceux produits par les camions, la
ménagère ou l’ouvrier, il modifie la structure interne du sol. En
particulier il liquéfie les sols plastiques saturés d’eau (eau et fines
du sol remontent à la surface). La plastification qui en résulte
entraîne de telles déformations du sol que l’édifice peut être détruit.
Les techniciens de structure et les géotechniciens citent souvent
l’exemple d’un bâtiment japonais parfaitement parasismique qui, au
cours d’un séisme, s’est incliné de 30 degrés sans autre dommage.
Dans le même ordre d’idées un séisme peut diminuer ce que les
géotechniciens nomment l’angle de talus d’un terrain (c’est-à-dire la
pente de stabilisation d’un versant) et faire glisser une pente jusque
là stable, voir croquis 2.
~ 13 ~
REGLES CONSTRUCTIVES
APPLICABLES A DIFFERENTS TYPES DE
FONDATIONS
SEMELLES.
On distingue les semelles continues (on
dit filantes) et les semelles ponctuelles
(on dit isolées). Il faut renforcer les
semelles continues par des chaînages et
lier les semelles
ponctuelles par des longrines.
Chaînages et longrines sont des poutres
en béton armé. Croquis 9.
Voici ce qu’indique la norme P.06-014 :
Dans le cas de semelles…, celles-ci doivent former un réseau maillé et
continu. Un chaînage doit être prévu au niveau des fondations, chaînage
comportant au moins deux lits de deux armatures longitudinales en acier
Haute adhérence de nuance Fe E 500 et de diamètre d’au moins… 12 mm…
L’espacement de deux armatures ne doit pas dépasser 20 cm. Des cadres
transversaux doivent être disposés à un espacement au plus égal à la hauteur
du chaînage sans excéder 25 cm.
Les semelles et les longrines doivent être reliées avec l’ossature de
la structure :
Des liaisons doivent être réalisées entre les éléments de fondation et la
structure. Les armatures des chaînages verticaux et des poteaux en béton
armé doivent être descendues jusqu’en face inférieure des fondations et
ancrées totalement au-dessous de l’axe de chaînage horizontal le plus bas.
~ 14 ~
SEMELLES SUR SOL EN PENTE.
La norme NF P06-014 indique:
Les constructions prévues sur un
terrain en pente dont la pente
naturelle ultime excède 10 %
doivent faire l’objet d’une étude
particulière.
En zone non sismique le
dénivelé entre fondations sur
sol en pente doit respecter le
rapport 2/3, croquis 10 et 11. Il
faut donc être encore plus
prudent en adoptant un rapport
plus faible.
RADIER. Les principes de calcul de tels ouvrages sont connus de
tous les bureaux d’études de béton armé, mais il faut insister sur la
précision du dimensionnement des dépassées (surfaces du béton
hors murs) : le centre de gravité des charges doit correspondre au
centre de gravité du radier sous peine de voir se produire un
tassement différentiel. Cet équilibre est souvent obtenu en créant
des débords du radier inégaux.
RADIER-DALLAGES. On nomme ainsi des dallages en béton
armé calculés pour supporter un bâtiment de poids faible : un ou
deux niveaux maximum. Ce type d’ouvrage est intéressant car il est
monolithe, il est, de plus, souvent économique.
PUIT. Les dimensions en plan sont calculées en fonction de la
charge et de la résistance du sol. Leur profondeur correspond au
niveau du bon sol d’assise. Les puits doivent être liés entre eux par
un réseau de longrines. Un dallage épais, soigneusement armé peut
remplacer ces longrines.
~ 15 ~
PIEUX. Seul exemple de fondations dont les dimensions sont plus
faibles que celles des ouvrages de structure. Il est vrai que les
couches profondes sur lesquelles vont s’appuyer les pieux sont très
résistantes : plus de 30 kilos par cm2. Comme les puits, les pieux
doivent être armés puis être reliés en tête par un réseau de longrines
en béton armé.
Sur le croquis 12, on distingue un pieu
P, un massif béton armé A qui sert
d’assise à la maçonnerie de la
superstructure, M, une longrine de
liaison L. S = couche compressible. G =
bon sol.
Le croquis 13 figure un sinistre
survenu à un bâtiment japonais A
de plus de 10 étages fondé sur
pieux. Ces pieux 1 étaient bien
dimensionnés et ils s’appuyaient
sur une couche de sol B de bonne
qualité
mais
ils
étaient
insuffisamment armés, lors d’un séisme, sous l’effet des forces
horizontales F, les pieux 2 ont été sectionnés et le bâtiment s’est
déplacé horizontalement de plusieurs centimètres.
FOURREAUX. Toutes les canalisations et les câbles électriques
enterrés traversant les ouvrages doivent être placés dans des
fourreaux évitant leur rupture lors
d’un séisme. Le croquis 14
indique une canalisation C et son
fourreau P. Il est conseillé
d’envelopper
la
zone
de
pénétration d’un matériau résilient
M: bourrelet d’argile…
~ 16 ~
LA SUPERSTRUCTURE.
REGLES CONSTRUCTIVES.
NOTA. Ce sont rarement les séismes qui
causent directement des accidents aux
personnes mais les constructions.
Paradoxe : ce qui est fait pour protéger
les hommes peut parfois les tuer. Croquis
15. Où se réfugier !
FORCES
HORIZONTALES.
Comme nous l’avons écrit, les techniciens
en structure admettent que les efforts F
transmis par un séisme à la surface du sol
peuvent se décomposer en une force horizontale H et une force
verticale V, croquis 16 A. Ces techniciens effectuant les calculs de
dimensionnement de la structure admettent aussi que les forces
verticales s’appliquent aux poteaux et aux murs et que les forces
horizontales s’appliquent
la
aux
nœuds de
construction qui sont les
surfaces à l’intersection des
ossatures verticales : murs
M ou poteaux P, et
horizontales :
poutres,
planchers P, croquis 16.B ;
16.C ; 16.D.
Les forces verticales sont souvent bien acceptées par une ossature,
ce sont les forces horizontales qui causent le plus de dégâts aux
édifices.
Les efforts engendrés par un séisme peuvent être calculés d’après
~ 17 ~
les prescriptions d’un des textes législatifs qui existent dans certains
pays. Rappelons que pour les bâtiments de grande hauteur, ils sont
très complexes et, en conséquence, ne peuvent être réalisés que
grâce à l’utilisation de machines électroniques utilisant des
programmes précis.
Ce sont toujours les habitants des pays pauvres qui payent le plus
lourd tribut aux séismes car l’ossature de leurs maisons présente de
faibles résistances mécaniques. De plus ces maçonneries ne sont pas
monolithes et elles n’ont qu’une faible stabilité dans le sens
transversal. Ainsi les murs en briques, en blocs de béton
préfabriqués, en pierres sont souvent maçonnés avec un mortier
d’argile ou un mortier de ciment peu dosé. Aucune liaison sérieuse
n’existe entre les planchers et les murs et il n’existe aucun chaînage
rigidifiant la construction.
CHAINAGES. On nomme chaînages des
éléments qui assurent la liaison entre les
différents composant d’une ossature. Que
seraient les tonneaux si les douves n’étaient
pas chaînées par des cerces métalliques ?
Croquis 17. Dans les montagnes, dans les
régions non desservies par des routes ( 80%
au Népal, ne l’oublions pas), lorsque des
chaînages en béton armé ne peuvent pas être réalisés, il est parfois
possible de chaîner un bâtiment en pierres, en blocs de béton, en
briques en utilisant des bois :
solives, madriers, voire de
simples planches, ces éléments
étant bloqués aux extrémités
par des assemblages tel que
celui qui figure sur le croquis
18. Chaque fois que cela est
possible, des chaînages en
~ 18 ~
béton armé sontà créer. On distingue les chaînages horizontaux et
les chaînages verticaux. Sur les croquis 19. figurent différents types
de chaînages.
Le croquis 19. A. indique un
chaînage en béton rmé horizontal
(ou vertical) classique. Il est
composé de quatre armatures
longitudinales (filantes) et de
cadres de liaison. Le croquis 19.B.
indique un chaînage horizontal
composé
de
deux
aciers
longitudinaux et d’aciers de
liaison nommés épingles. Le
croquis 19.C. indique un chaînage
composé d’une seule barre, ce type
de chaînage est placé dans les
joints entre blocs de béton ou de
briques. Le croquis 20. indique un
chaînage vertical composé de deux
aciers placés dans le vide d’un
bloc de béton préfabriqué. Les
épingles de liaison ne sont pas
visibles.
Le croquis 21. montre la position
des chaînages horizontaux dans
une construction. Ces chaînages se
placent à l’intersection des
planchers et des murs.
Le croquis 22. indique la position
de chaînages verticaux dans les
murs. Ils sont à placer à chaque
intersection et à l’extrémité de
murs libres.
~ 19 ~
Sur le croquis 23. figure
l’ensemble des chaînages
horizontaux et verticaux à placer
dans un mur. C1 indique les
chaînages
au
droit
des
planchers, C2 indique les
chaînages intermédiaires placés
de part et d’autre des ouvertures.
Tous ces chaînages doivent être reliés entre eux par des aciers de
liaison nommés aciers de couture. La norme P 06-014 indique la
position des chaînages :
– Horizontaux :
– au niveau bas.
– au niveau de chaque plancher.
– au niveau du contreventement du haut des murs en l’absence de plancher
sous comble.
– Verticaux, au moins :
– en bordure des panneaux de contreventement.
– à tous les angles saillants ou rentrants de la construction.
– aux jonctions de murs.
– aux encadrements d’ouvertures de hauteur supérieure ou égale à 1,80 m.
Les espacements des armatures transversales doivent être espacées au
maximum de 25 cm… La continuité et le recouvrement des armatures des
divers chaînages concourants en un même nœud doivent être assurées dans
les trois directions.
Un chaînage doit être réalisé en partie haute des murs des combles.
Et les sections d’armatures minimales les composant :
Les armatures doivent être composées d’au moins quatre barres en acier à
haute adhérence de nuance Fe E 500 de diamètre 12 mm ( recouvrement 50
cm) …
Chaînages autour des ouvertures :
Deux armatures en acier de nuance Fe E 500 et de diamètre… 12 mm.
~ 20 ~
Les croquis 24. et 25. montrent la manière de couler les chaînages
verticaux, l’ordre d’exécution des travaux est le suivant :
– 1.- Montage des maçonneries.
– 2.- Exécution du béton des chaînages.
Cette façon de procéder est exceptionnelle à Kathmandu. Dans cette
ville, les entreprises montent d’abord les poteaux puis viennent
plaquer les maçonneries de remplissage entre ces poteaux. Il n’y a
donc aucune liaison entre ces éléments.
En cas de séisme, croquis 26. le mur non stabilisé par l’ossature se
renversera.
CONTREVENTEMENTS.
Observons le croquis 27., on
remarque deux personnes qui
subissent
une
poussée
horizontale. La première n’a
rien pour s’appuyer, à
l’évidence, si la poussée est
forte, elle tombe. La deuxième
s’appuie sur une canne (ou un mur), sa stabilité est sérieusement
améliorée. Il en est de même pour les constructions: les efforts
horizontaux seront d’autant mieux supportés qu’ils seront repris par
des éléments raides non déformables. Ces éléments sont nommés
contreventement. Evidemment, ils reportent sur le sol les efforts
horizontaux par l’intermédiaire des fondations.
~ 21 ~
La norme P 06-14 indique :
Le résistance aux forces sismiques horizontales doit être assurée par les
façades et les pignons, qui doivent constituer les éléments verticaux de
contreventement, ou pans de contreventements, auxquels peuvent venir
s’ajouter les refends. Ces pans de contreventement doivent être répartis sur
le pourtour des planchers de telle façon que, sur chaque façade, les longueurs
cumulées des pans de contreventements soient proportionnés (à 20% près)
aux longueurs des façades augmentées de deux fois celles, perpendiculaires à
la façade, des décrochements…
Les pans de contreventement doivent être superposés sur toute la hauteur du
bâtiment.
Autres contreventements :
Sur le croquis 28.a. figure
un bâtiment dans lequel les
efforts 1 induits par un
séisme sont transmis à un
mur transversal très raide
(de très grande inertie pour
les
techniciens
en
structures) qui augmente la stabilité. Par contre dans le sens 2, aucun
élément ne s’oppose à ces efforts horizontaux, la structure risque
d’être endommagée.
Sur le croquis 28. b. figure un bâtiment comportant, en son centre,
des murs en forme de rectangle. Dans le sens 1, les murs ayant une
grande inertie, les efforts seront supportés sans dommage, ce qui est
moins sûr dans le sens 2, les murs n’ayant pas une grande inertie.
Dans ce croquis les murs stabilisateurs peuvent être constitués par
les murs d’une importante cage d’escalier. On admet que les efforts
horizontaux sont transmis aux contreventements par les planchers
fonctionnant en poutres (on les nomme diaphragmes). Même les
planchers en bois peuvent assurer cette transmission, voici ce
qu’indique la norme NF P 06-014 :
~ 22 ~
Dans un bâtiment, les planchers en bois des combles doivent assurer un rôle
de diaphragme. Pour cela, leurs dispositions constructives et les fixations des
éléments doivent assurer la rigidité en plan.
Le bâtiment qui figure sur le croquis 29. est bien contreventé par les
murs de façades et le mur de refend central.
De même le bâtiment du croquis 30. Dans ce genre de bâtiment les
planchers augmentent la stabilité croquis 31 : il est plus difficile
d’écraser une boite qu’un solide formé par quatre feuilles.
Sur le croquis 32. figure un bâtiment dans lequel les
contreventements sont placés aux angles de l’ouvrage. Ces
contreventements en forme de V reprennent les efforts horizontaux
dans les deux directions H1 et H2.
NOTA IMPORTANT. Il est possible de réaliser des ossatures
stables sans contreventement, mais il faut pour cela utiliser une
ossature en béton armé ou en métal. A Kathmandu, les constructions
nouvelles sont ainsi composées de files de poteaux en béton armé
entre lesquels sont construits après coup les murs de remplissage (
murs de contreventement malgré eux !). Ces murs n’ayant aucune
liaison avec le béton armé des poteaux on doit se demander quelle
~ 23 ~
sera l’efficacité de cette solution. Voir croquis 26. Il serait sans
doute plus judicieux de créer en premier des maçonneries bien
conçues parfaitement reliées par des chaînages dans toutes les
directions : croquis 24 et 25.
NOTA : dans une construction, les chaînages assurent son
monolithisme, les contreventements transmettent au sol
d’assise les efforts horizontaux et les stabilisent.
FAUTES DE CONCEPTION.
La norme P 06-014 indique :
Le présent document vise les bâtiments en plan dont le contour extérieur
présente une forme rectangulaire ou s’écartant peu du rectangle.
Indiquons quelques fautes commises.
Croquis 33. Une charge très importante s’appuie sur une poutre, un
plancher. Le séisme augmentera l’intensité de cette charge qui
pourra entraîner la rupture de l’élément porteur.
Croquis 34. Dissymétries dans les
éléments de contreventement. Dans
la construction figurée en 34.D.,
une façade est constituée par deux
simples poteaux P, alors que la
façade qui lui est opposée est
composée par un mur continu AB.
L’élément raide étant le mur, la plus
grande partie des efforts F1 sera
dirigée vers lui, les poteaux ne
reprenant qu’une faible part F, ce
qui va entraîner un pivotement de
l’ensemble, 34.E. Remarquer que
dans le sens Fa aucun élément ne
s’oppose aux efforts horizontaux.
~ 24 ~
Croquis 35. Refuser les masses
importantes en partie haute des
constructions. Dalles en béton armé
supportées par des murs en
maçonneries fragiles, bâtiment ou
partie de bâtiment de plusieurs
étages supportés par de simples
poteaux…
Croquis 36 et 37. Tout type de
porte à faux, consoles, bowwindows, balcons importants … est
à proscrire. Les bacons sont des
pièces très simples à calculer
(systèmes isostatiques) mais ce sont
des ouvrages qui présentent
plusieurs défauts : leur mise en
oscillations augmentent leur poids,
elles nécessitent des charges
d’équilibre dans
le corps du bâtiment. Bien rares
sont les constructions népalaises
qui ne comportent aucun porte à
faux !
Croquis 38 et 39. Il faut strictement
prohiber toute dissymétrie en
élévation comme en plan. Il faut
absolument éviter les masses
différentes d’une partie à l’autre de
la construction. Sur ces croquis sont
figurées différents types de villas
très nombreuses dans les quartiers
résidentiels de Kathmandu ou dans
sa proche banlieue. Les Népalais
~ 25 ~
adorent les bâtiments complexes, les architectures tarabiscotées !
NOTA. Remarquer, à Kathmandu, l’architecture de la
nouvelle Ambassade des U.S.A. qui a été étudiée par des
spécialistes. On remarque qu’elle est d’une grande
simplicité : les masses sont égales, il n’y a pas de porte à faux,
les murs sont continus, sans décrochements…
Ce qui est dit ci-dessus s’applique
aux structures intérieures, toute
mezzanine, tout porte à faux… est à
proscrire.Croquis 40.
JOINTS STRUCTURAUX.
La norme P 06-014 indique :
Les constructions ayant des décrochements extérieurs en élévation doivent
soit être scindés par des joints de fractionnement en blocs élémentaires sans
décrochements, soit, dans le cas de la maçonnerie, recevoir des chaînages
verticaux renforcés.
Observons le croquis 41. on remarque
deux bâtiments accolés de hauteurs
différentes. Supposons qu’un séisme se
produise, chacun des bâtiments, soumis à
des efforts horizontaux (voir récit page 4),
va se déformer (déplacements D et d) , le
bâtiment haut plus que le bâtiment bas. Le
bâtiment haut va donc frapper (ou s’appuyer) sur le bâtiment bas et
ce choc (ou cette poussée) peut entraîner leur dislocation. On a vu à
Agadir, où a eu lieu un séisme très important, des bâtiments
contigus s’écrouler comme des châteaux de cartes parce qu’ils
avaient été projetés l’un contre l’autre.
~ 26 ~
Il faut donc séparer les structures par des vides <<e>> nommés
joints,
croquis 42. Signalons que des joints de
dilatation-retrait coupent les bâtiments,
ils sont de 2 cm. La distance de
déplacement d’un immeuble se calcule,
mais les calculs sont complexes. Il faut
retenir que pour les constructions de faible hauteur ces joints
doivent (norme P 06-014) être supérieurs à 4 cm. La norme NF P 06014 précise :
Les joints de fractionnement doivent être vides de tout matériau. Leur
largeur minimale est de 4 cm.
Au Népal, combien de maisons mitoyennes sont séparées par de tels
joints ?
Le croquis 43. indique un joint
en forme de baïonnette, ce type
de joints est déconseillé.
Le croquis 44. montre comment
concevoir des bâtiments de
masse différente : il faut
absolument séparer chaque bloc
par des joints. 4 cm étant un
minimum.
AUTRES FAUTES A
EVITER.
Croquis 45. Placer des éléments
mobiles près du vide : Pots de fleurs
par exemple (les Népalais adorent les
aligner au bord d’un balcon !).
~ 27 ~
Croquis 46. Les réservoirs d’eau
simplement posés en élévation sur la
terrasse d’immeubles sur de simples
poteaux en briques sont dangereux. Ces
réservoirs sont de plus d’une importance
primordiale, puisque, en cas de séisme, la
plupart des canalisations seront cassées.
C’est pourquoi il faut sceller ces éléments
dans des poteaux en béton armé, eux
même solidaires de l’ossature du
bâtiment.
Solution conseillée, croquis 47., ces
réservoirs sont supportés par une ossature
métallique triangulée M, sérieusement
liée à l’ossature S.Attention aux
maçonneries en bord de vide
(acrotères…). Combien voit on à
Kathmandu et dans sa banlieue
d’acrotères, d’émergences en simple
maçonnerie ! Croquis 48.
CHARPENTES.
Les charpentes au Népal s’inspirent davantage des dessins de
bandes dessinées que des lois de la statique, des calculs de
résistance des matériaux, de la conception des systèmes triangulés.
On voit les pires choses : des charpentes sans tirants, les faibles
sections réservées aux pièces les plus sollicitées, des éléments
fléchis placés à plat au lieu d’être placés sur chant, des faîtières sans
liaisons avec les fermes, des charpentes entièrement articulées sans
raidisseur ou contreventement ni dans le sens transversal ni dans le
sens longitudinal. Rares sont les charpentes construites comme celle
~ 28 ~
du croquis 49. qui comportent un
tirant H reprenant les efforts
horizontaux, un contreventement
cvt transversal, des chevrons placés
au droit des barres verticales, des
goussets G formant raidisseurs…
Quant aux liaisons entre charpente
et structure mieux vaut ne pas
en parler. Extraits de la norme NF P 06-014 :
La qualité de l’exécution des charpentes peut être déterminante pour la
stabilité du bâtiment, en ce qui concerne la réalisation du contreventement
de la charpente et de celui de la construction en partie haute, spécialement
dans les cas suivants :
– stabilité des pignons assurée par la charpente.
– absence de plancher de comble, nécessitant un contreventement horizontal
à ce niveau…
LOUER UNE MAISON.
Avant de louer une maison, il suffira de la visiter en reprenant les
règles énoncées dans le présent texte. Résumons les :
– vérifier que la maison est construite sur un site sans risque, choisir
une maison :
– qui n’est pas surplombée par une autre.
– qui n’est pas dominée par un talus, surtout s’il comprend des
blocs instables.
– construite sur un terrain plat,
– isolée,
– choisir une construction bâtie sur un sol dur. Si possible, une
enquête, sur la nature du sol et les fondations, est à mener. Retenir
que les talus constituent parfois une coupe géologique des sols de
surface. Observer l’état des maisons voisines, elles donnent une idée
de la qualité du sol de fondation. Une fissuration des murs est-elle
~ 29 ~
visible ? Elle peut indiquer un tassement différentiel causé par un
sol hétérogène. Il n’est pas rare de rencontrer dans les collines, dans
des zones réputées comme ayant un bon sol, des lentilles de tourbe,
d’argile bleue. Un sondage peut être exigé. Attention aux effets des
eaux souterraines.
– Repérer les fautes de conception (l’observation de la construction
suffit en général).
– Demander si des plans existent, vérifier ensuite in situ qu’ils
correspondent bien à la réalité. Se pencher sur les points suivants :
– valeurs des masses, des hauteurs, des volumes inégaux,
– porte à faux importants.
– des joints séparant les bâtiments ou les blocs de bâtiments
existent-ils ? Noter qu’en ce qui concerne la structure, les maisons
isolées sont également plus intéressantes. De plus, elles disposent
parfois d’un terrain sur lequel il sera possible de se réfugier
– existe-t-il une ossature béton armé ? Des chaînages ? Attention,
la fourniture d’un plan ne garantit pas que la construction possède
une ossature. Pour être certain qu’elle existe, une seule solution :
procéder à des sondages avec burin et massette aux intersections de
murs, au niveau des planchers… Signalons que des renforcements
peuvent parfois être demandés au propriétaire. Le bâtiment abritant
l’Ambassade de France possédait, devant l’entrée, un énorme porte
à faux. Des poteaux ont été créés en bout de cet élément, ils ont
supprimé son instabilité. La stabilité d’un réservoir d’eau est facile
à améliorer…
– observer les ouvrages secondaires : acrotères, édicules en
terrasse, maçonneries supportées.
– en ce qui concerne les ouvrages du second œuvre technique, noter
qu’il est préférable d’avoir des canalisations apparentes que des
constructions encastrées.
– Observer la charpente.
~ 30 ~
CONSTRUIRE.
MATERIAUX.
BRIQUES OU BLOCS DE BETON PREFABRIQUES.
– Briques. Il existe plusieurs catégories de briques, certaines sont de
bonne qualité (porosité faible, résistances mécaniques élevées),
d’autres ne sont guère plus résistantes que des briques dites crues.
– Blocs de béton. Ils sont de mauvaise qualité car ils comprennent
trop d’éléments fins et ils sont sous dosés en ciment… Néanmoins
ils sont préférables à la plupart des briques. Ils offrent de plus la
possibilité de réaliser des chaînages verticaux dans le vide entre
parois.
– Bétons : un problème, à Kathmandu, les granulats sont rares.
Ceux de bonne qualité sont prélevés dans la Dudh koshi ou la Trisuli
kola fort éloignées. La plupart sont du type concassé donc de qualité
moindre et ils possèdent trop de <<fines>>. Cet inconvénient
n’existe pas à Pokhara où coule la Séti kola.
– BETONS, BETONS ARMES.
– Granulats, même remarque que ci-dessus.
– Ciments. Il faut noter que le Népal possède des ciments de bonne
qualité (ciments naturels sans ajouts : absence de clinker), leur
retrait est faible. Choisir des ciments de la classe 45. Attention aux
dosages, un dosage de 250 kilos par m3 est souvent jugé suffisant.
– MORTIERS. Ils sont également souvent sous dosé en ciment.
Une détestable habitude au Népal, les ouvriers ne mouillent pas les
briques ou les blocs avant de les mettre en oeuvre, ce qui a des
conséquences désastreuses sur la qualité des joints (l’eau nécessaire
à la réaction chimique est absorbée par le bloc ou la brique).
CONCEPTION.
– Chaque fois que cela est possible des bâtiments de un niveau
seront réalisés. Choisir un bon sol d’assise. L’architecture choisie
~ 31 ~
sera des plus simples :
– pas de volumes différents, des structures symétriques…
– pas de porte à faux,
– en ce qui concerne l’ossature prévoir de nombreux chaînages,
de sérieux contreventements.
– Les bâtiments à ossature métal ou bois avec éléments menuisés de
remplissage, cloisons légères (à la japonaise) sont conseillés. Le
métal se prête parfaitement à la réalisation d’ossatures
économiques. Un soubassement (h voisin de 1,00 mètre) en
maçonnerie est admissible. Charpente métallique, couverture à
double paroi (isolation phonique lors des pluies, isolation
thermique). Attention à la conception et à la réalisation. Attention
aux liaisons entre les éléments entre eux et avec les fondations,
attention à la qualité des contreventements. Pour les constructions
en bois voici ce qu’indique la norme P 06-014:
L’attention est attirée sur la réalisation du <<monolithisme>> des maisons à
ossature en bois à l’aide de liaisons entre toiture et ossature, entre ossature et
fondations et entre les éléments d’ossature aussi bien verticalement
qu’horizontalement, en particulier dans les angles. Pour les façades il est
conseillé d’utiliser des bardages légers plutôt que des maçonneries de
doublage.
CONSTRUIRE UNE ECOLE
OU UN BATIMENT RECEVANT DES ENFANTS.
Utiliser exclusivement une ossature comme celle qui vient d’être
décrite. Dans les campagnes le soubassement pourra être en pierres.
La hauteur restante sera composée par un panneau menuisé. Les
pierres de la maçonnerie seront bien taillées. Un chaînage bois sera
posé en partie haute du mur. Un contreventement en croix de saint
André sera noyé dans le plafond suspendu. Ces bâtiments pourront
s’appuyer sur un radier-dallage en béton armé comportant une bêche
hors gel formant butée.
~ 32 ~
SURELEVER. RENFORCER.
– SURELEVATION. Croquis 50.
Malgré toutes les précautions
prises,
un
bâtiment
en
surélévation bâti sur un bâtiment
existant non parasismique sera, en
cas de séisme, détruit ou
fortement endommagé par la
chute de son support. Ce dernier
doit donc être renforcé. Il faut
absolument éviter les surélévations en maçonneries. Choisir des
panneaux menuisés pour les murs. Ancrer soigneusement l’ossature
dans un élément de l’existant dont on est sûr. A défaut créer des
poteaux dans l’existant. Pour les toitures, adopter des charpentes
métalliques ou en planches de contreplaqué clouées (bois
déconseillé dans certaines régions de basse altitude : termites). En
l’absence actuelle de panneaux isolants (polystyrène expansé,
polyurétane…) prévoir des couvertures en tôles ventilées (2 tôles
superposées, une tôle et un plafond suspendu). Ne pas omettre de
placer des contreventements en croix de Saint André et des goussets
aux angles.
– RENFORCEMENT.
Il est possible de renforcer de
nombreux bâtiments existants.
Prévoir aux angles des équerres
intérieures
et
extérieures
E,croquis 51 (elles peuvent être
continues sur toute la hauteur ou
partielles). Ces équerres sont
boulonnées entre elles et avec des
~ 33 ~
chaînages t. Croquis 52 ces
chaînages t sont, par exemple,
composés de fers plats formant
tirants. Leur nombre sur la
hauteur est à définir.
Des poteaux métalliques pourront
être nécessaires :
choisir des profilés en U, en I…
parfois il faudra réaliser des croix
de Saint André : croquis 53.
MOBILIER.
Le mobilier est une source d’accident en cas de séisme : chute
d’une étagère lourdement chargée… Les objets lourds seront fixés
préférentiellement par des attaches traversantes (boulons, écrous,
larges rondelles et non des chevilles) fixés à l’ossature. Il a été
constaté que les espaces situés sous les tables sont protégés : le
plateau a des faibles portées, les pieds d’une table travaillent à la
compression et sont donc résistants. Les résidents pessimistes
pourront donc faire construire des tables à ossature métallique qui
seront, lors de leur départ, transmises à des nouveaux résidents. De
même ils pourront faire faire des mezzanines au-dessus des lits de
leurs enfants.
~ 34 ~
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