Avant-propos

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Dédicace
A nos regrettés :
– Papa Albert BOENDE et Maman Marie BENKANGA,
– Pierre NGILIMA, Dieudonné BOKOLONGO LONGENYA, Justine
BAFOTO-BOENDE, Lambert BOENDE-WA-BOENDE OMAROU ;
– Madeleine IFASO-BOKOLONGO ;
– Camille
BAKA-BOKOLONGO,
Ferdinand
BOTULI-BOK
OLONGO, Pierre LOBOKO-BOKOLONGO et Joseph BOKOLONGOLINTOMBE.
A vous :
– Paul ELUMBU IS’OFAYA notre oncle ;
– Max BOKONGE EFENDA, Bienvenu IMBOKO-IYANDA, MarieJosée ELUMBU-BOMBINDO, Jeannine NSOMBO YEK’OTULI,
Merveille BOKOKO-EPEKO, Irène LOKOLO-KOKO, Marie-Jeanne
ILEMBA-BOENDE,
Véronique
BOFAYA-BOENDE,
Sébastien
LINGELE-EKONYA, Louis NKUMU-BOTELI, Ambroise BONYOKU.
Ph.D. Nous dédions ce livre.
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Avant-propos
Ce livre qui s’inspire de notre thèse de doctorat en philosophie
présentée à l’Université Libre de Bruxelles en mai 2005, est le résultat des
recherches entreprises depuis quelques années. Nous n’y reviendrons pas
pour des raisons évidentes. Toutefois, il importe de signaler que la
réflexion sur la bioéthique nous impose de prendre en considération deux
types de rapport :
1 – Le rapport interinstitutionnel entre les universités, centres de
recherches, assemblées législatives, hôpitaux, ministères, institutions
internationales, etc. à travers le monde, d’une part ;
2 – Le rapport interdisciplinaire exceptionnel entre les sciences
empirico-formelles, les sciences historico-herméneutiques et les sciences
critiques, d’autre part.
La question de ces deux rapports restera à l’arrière plan des réflexions
que nous proposons dans ce livre. Car ces deux rapports confirment
l’actualité et l’importance de la bioéthique dans l’enceinte de la culture
contemporaine. Aujourd’hui, il y a par-ci et par-là des colloques, des
revues, des chaires de recherches et d’enseignements consacrés à la
bioéthique. La vie enveloppe, l’action développe et l’émancipation projette
l’être-là de la bioéthique qui est à chercher dans l’être-là de l’homme
comme être subjectif, co-subjectif, cosmique et transcendant.
Précisons-nous pour éviter toute méprise à propos de ce livre que la clé
de lecture proposée ici n’est pas dans notre esprit, une clé universelle :
l’explication ne prétend pas être globale et totale, elle ne vise pas à rendre
compte de la bioéthique dans sa complexité. À aucune époque et à aucun
lieu la bioéthique n’est tel qu’un modèle explicatif, en elle coexistent
plusieurs modèles dont certains sont dominants et d’autres sont marginaux.
Nous n’avons qu’essayer de mettre en évidences certains invariants
explicatifs inhérents à la bioéthique comme philosophie.
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Ce livre comme la thèse doctorale dont il est extrait, s’adresse à des
étudiants, c’est-à-dire, à des débutants qui sont censés ne rien encore savoir
ou presque de la bioéthique. Il a donc l’ambition de présenter celle-ci au
premier degré, la nature, le statut épistémologique, les comités et les
courants de la bioéthique. Il n’est pas un ensemble des commentaires
savants des œuvres et des thèses des auteurs illustres en bioéthique et
encore moins une réflexion originale. En ce sens, le livre n’est pas
superficiel.
Au terme de l’avant-propos de ce livre, nous avons l’agréable devoir de
remercier les différentes personnes qui d’une manière ou d’une autre nous
ont accompagnés dans sa réalisation. Notre gratitude s’adresse à Madame
Joséphine NGEPETA notre épouse pour son assistance tous azimuts. Notre
gratitude concerne aussi le Docteur Gérard YONA LIKONGO, fort
proche, et, toujours prêt à tout en faveur de notre couple.
Notre reconnaissance s’adresse à notre frère Pasteur David BOLOMBE
et à Monsieur BETOKO BEKOLUA pour l’hospitalité dont nous sommes
bénéficiaires au Canada.
Nous sommes tout à fait redevables au Révérend Père Boniface
KAMAY M.S.C notre frère et ami depuis le Grand Séminaire de Bamanya
pour plusieurs raisons que nous n’allons pas citer dans cet avant-propos. Le
Père Kamay nous a procuré le gros des livres dont la lecture a orienté la
rédaction de ce livre.
Que notre frère le Professeur José BONYÈME Losandja dont les
discussions concernant plusieurs sujets d’actualité ont chaque fois bousculé
certaines évidences concernant la bioéthique.
La saisie et la mise en pages du livre par Monsieur Petrus MATUTU est
un apport non négligeable. Disons-nous cordialement merci à Monsieur
Matutu.
Jean-Robert Boende-wa-Boende, Ph.D.
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Introduction
Notre époque présente deux faces fort différentes. D’une part, elle
semble être à l’apogée du progrès, c’est-à-dire de la lutte contre
l’immobilisme, les développements démographique, économique et
intellectuel n’ont jamais été aussi rapides et massifs qu’aujourd’hui-, et
d’autres part, ces mêmes développements n’ont encore jamais soulevé tant
des questions fondamentales. Le pouvoir de la technoscience a atteint la
côte d’alerte. Le danger est lié à la possibilité « technique » de détruire
l’humanité entière, par l’arme atomique ou par la pollution de
l’environnement, et d’autre part également, la possibilité d’introduire la
« mutation » génétique de l’homme. La technique, comme praxis,
représente le rapport instrumental de la personne au monde.
Plus les hommes deviennent puissants, plus leurs états semblent
précaires. Plus ils connaissent le monde et sa présence en eux, plus ils sont
insatisfaits de leurs accomplissements, comme si le pouvoir générateur de
leur pouvoir engendrait en même temps aussi des inquiétudes. La
problématique dont il est présentement question, est surtout et avant tout
celle de la société occidentale, car la science et la technique sont des
phénomènes de l’Occident. Les développements de nature fondamentale
dans les sphères éthique, politique et économique au point d’en constituer
un problème pour la philosophie et les philosophes de notre temps sont du
ressort de la biotechnique.
L’action de la science et de la technique sur l’éthique, la politique et
l’économie présente deux faces. D’une part il y a des effets de
déstructuration et, d’autre part des nouvelles possibilités de fondation
éthique, politique et économique. À ce Propos, Jean-François Mattei écrit
ceci : « Les réalisations apparues dans le domaine de la technoscience
paraissent éclatantes. La technoscience nous a conduit à une meilleure
compréhension du monde dans lequel nous vivons. Elle a aussi accru notre
maîtrise du vivant. C’est particulièrement vrai de la génétique qui nous
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permet, dès à présent, de concevoir des enfants sur ordonnance, de prédire
des maladies qu’une personne est susceptible de développer d’ici trente
ans, ou encore à modifier l’espèce humaine au moyen de la manipulation :
la procréation médicalement assistée, le diagnostic prénatale, la
transplantation des organes, les examens génétiques sont autant de
progrès qui marquent la recherche de ces cinquante dernières années.
Progrès rendus possibles par l’évolution des connaissances et techniques.
Ces nouvelles connaissances touchent au sens de la vie, à la valeur de la
mort, à la signification de la souffrance, au destin de l’homme. Elles
placent chacun de nous devant des situations nouvelles et des choix
nouveaux »1
L’ampleur des problèmes liés à la médecine nouvelle, à l’économie
libérale, à la politique totalitaire et au désastre écologique nous convie à
remettre à l’honneur la notion de responsabilité car la survie de l’homme et
de l’écosystème en dépend. Les progrès de la science et de la technique
moderne est la conséquence logique d’une conception du monde qui s’est
imposée dans les sociétés occidentales et qui livrent le contexte naturel à la
recherche, à l’utilisation et à la domination de l’homme. Petit à petit, nous
avons pris conscience des conséquences destructrices de l’intervention
humaine dans leurs capacités de régénération.
Les limites deviennent visibles en ce qui concerne la disponibilité de
terres agricoles et l’accès à l’eau potable, sans parler des conséquences de
l’échauffement de l’atmosphère terrestre par suite de l’émission de gaz,
surtout du CO2. Les effets sont connus : l’inondation des terrains habitables
près des côtes, avec le déplacement des populations que cela entraîne, et le
glissement de zones climatiques avec changement des conditions de vie. Il
est clair qu’on ne peut échapper à une logique d’ensemble car la relations
des sociétés humaines contemporaines avec l’environnement est un autre
défi fondamental. Les événements de Seveso, Bhopal et Tchernobyl ont
fait comprendre comment on peut arriver au désastre écologique par
manque de normes de production adaptées aux industries et aux usines ;
d’autre part, on a pu constater comment des bandes côtières entières et
même la mer ont été touchées par la dégradation de l’environnement due à
l’industrie et à l’utilisation des substances chimiques en agriculture.
L’équilibre du cosmos et de la biosphère devra dorénavant être considéré
comme l’un des devoirs essentiels de la société dans le cadre de la
législation et de l’éducation, en mettant tout particulièrement l’accord
environnemental.
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J-F, MATTEI ; Les droits à la vie, Paris, éd. Odile Jacob, 1996, pp 11-12.
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La position paradoxale à laquelle se trouve la philosophie morale
aujourd’hui sous la pression de l’avancée scientificotechnologique qui
engage le destin planétaire de l’humanité rend nécessaire le besoin d’une
éthique universelle. Max Weber, l’un des diagnostiqueurs de notre époque
prône le dépassement de l’éthique de la conviction au bénéfice de l’éthique
de la responsabilité. Son diagnostic, si pertinent soit-il, est resté proche de
la rationalité instrumentale, d’où ses cris d’alarme : « perte du sens »,
« désenchantement du monde », etc. Accordons la parole à Jean-Marc
Ferry :
« Aux yeux de Max Weber, il est claire que en politique, l’éthique de la
responsabilité, la verantwortungsethik, doit prendre le pas : le responsable
politique met ses convictions entre parenthèse ou plutôt les relativise sous
d’autres considérations, lorsqu’il doit prendre une décision engageant la
collectivité, tandis que les normes qui régulent ces interactions des
individus, dans les sociétés modernes pour autant qu’il s’agisse de droits,
doivent être drastiquement séparée de la morale »2
L’éthique Wébérienne de la responsabilité, cette grandiose découverte
de la théorie wébérienne de la société telle que prolongée par l’éthique
Jonassienne, retrouve sa vocation d’une éthique conséquente au progrès de
la technique et de la science contemporaines, c’est-à-dire d’une éthique
procédurale de la discussion dans l’éthique apelienne que nous allons
analyser au quatrième chapitre de notre recherche.
Aujourd’hui, dans toute méditation sur l’éthique et la politique, le droit
et l’économie, la médecine et la biologie, les hommes de culture et de
science ne peuvent pas ne pas tenir compte de deux faits caractéristiques de
notre époque : « la planétarisation du progrès technoscientifique » et la
« communication qui s’accomplit dans l’intersubjectivité ». Le premier
exprime la rationalisation de la vie tandis que le second, présuppose la
prétention à l’universel par la discussion argumentée.
La discussion en bioéthique rejoint la responsabilité lorsqu’il s’agit
d’expliciter et de clarifier la problématique au cours d’un débat procédural,
ensuite d’arriver à prendre une décision non fragmentée. La discussion
devient ainsi un moyen pour la culture technoscientifique. Un moyen qui
consiste à rendre la science accessible et utile aux choix démocratiques.
Elle fait passer chacun des partenaires dialogaux de la sphère du simple
consommateur des soins de santé à l’acteur proprement dit. La discussion
s’impose en bioéthique afin d’aboutir à une normativité transculturelle
pour le respect de la vie humaine et le progrès de la biotechnique.
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J-M, FERRY ; L’éthique reconstructive, Paris, éd. Cerf, 1996, p. 84.
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La responsabilité ne peut se penser sans discussion préalable à l’acte.
Apel :
« Tout savant argumentant même en solitude présuppose toujours une
communauté de communication qui n’est pas sans nous rappeler le monde
social, le monde des personnes en tant que partenaires dialogaux. Cette
communauté est un impératif moral en tant qu’a priori de toute démarche
scientifique. Selon notre approche heuristique, poursuit l’auteur, c’est à ce
niveau de compréhension intersubjective de sens et de la validité des
énoncés (…) qu’une éthique est présupposée. »3
Les situations « artificielles » créées par le développement de la techno
science sont évolutives. La praxis de la réflexion éthique et politique est
donc appelé à se renouveler de façon continue. Le rôle des éléments
d’ordre pragmatique (au sens de la théorie du langage) dans le
développement de la science, éclaire très utilement l’élaboration d’une
méthodologie éthique, politique, juridique et même économique. Une tâche
philosophique actuellement indispensable est l’élaboration d’une
méthodologie capable d’articuler, de façon fondée, systématique et
efficace, la réflexion épistémologique et la réflexion éthico-politique. Cette
tâche nous incombe en vue de la réalisation de la présente recherche. Elle
préconise la transformation des avis des comités de bioéthique en des
instruments juridiques contraignants, en consensus légalement coercitifs et
applicables par une autorité consensuellement acceptée et légalement
instituée par une assemblée d’élus. Il est donc question des implications
des applications de la biotechnique dans la vie de l’homme comme être
subjectif, co-subjectif, cosmique et transcendant. A ce sujet Jacques Ellul
s’implique : « Nous constatons sans peine que les anciens procédés pour
résoudre nos problèmes et ceux du monde ont perdu toute efficacité.
La politique est totalement déphasée. L’éducation et la pédagogie doivent
être totalement revues si on veut intégrer l’informatique et la télévision.
Les relations interhumaines sont ridiculement inefficaces, et tout l’ancien
système juridique qui réglait une société est absolument inutile en présence
de nouveaux problèmes posés par les nouvelles applications de la
science »4.
Les plus grands défis posés par la biotechnique contemporaine ne sont
pas ceux de l’horizon immédiat, mais ceux qui viendront peut être dans
quelques décennies ou quelques générations. Ce qu’il importe de
3
K-O, Apel, L’a priori de la communauté de communication et le fondement de l’éthique,
Lille, P.U.L, 1987, p. 3
4
J.Ellul ; « Esquisse sur les idéologies de la science » in Les pouvoirs de la science, Paris,
éd. J.Vrin, 1987, p. 129.
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