Bollettino n. 1 versione francese

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Bulletin n° 1
Bulletin n°1, Mars 2003
Bulletin du réseau européen relatif à la surdité génétique (GENetic DEAFness): mécanismes
pathogènes, diagnostic clinique et moléculaire, impact social
COMITÉ DE RÉDACTION :
Rédacteur en chef :
Christina Fasser (RETINA International, Zurich) - Suisse
Rédacteurs
Patrizia Ceccarani (Lega del Filo d’Oro ONLUS, Osimo) - Italie
Manuela Mazzoli (U.O.A. Otochirurgia, Padova) - Italie
Vanessa Migliosi (International Federation of Hard of Hearing Young People, Trento) - Italie
Vibeke Leth (Danish Association for Cochlear Implanted Children, Skaevinge) - Danemark
Milon Potmesil (The Palacky University, Pedagogical Faculty, Department of Special Education,
Olomuc) – République Tchèque
Table des matières :
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Lettre de bienvenue à notre nouveau partenaire
Section 1 – LE COIN DE LA RECHERCHE : “Quand une détérioration de l’audition peutelle être associée à un génotype spécifique?” (M. Mazzoli)
Section 2 - “DERNIÈRES NOUVELLES” : “Syndrôme de Usher” (Le groupe de travail
WP3 sur le syndrôme de Usher)
Section 3 - “LE COIN DE L'ASSOCIATION” : “Questionnaire sur le syndrôme de Usher :
projet CAUSE” (P. Ceccarani)
Section 4 - “DIVERS” : Patients, clients et autres ? (M. Potmesil)
Section 5 - “COURRIER DES LECTEURS”
Section 6 -“RÉUNIONS ET ÉVÈNEMENTS”.
--- O --BIENVENUE À NOTRE NOUVEAU PARTENAIRE
Patrizia Ceccarani
Chers lecteurs,
En ce début d’année, le Dr Milon Potmesi, de la Faculté de Pédagogie de l'Université Palacky
d'Olmut, (République Tchèque) a intégré notre groupe de travail.
Chaque membre du groupe s'est engagé, non seulement à communiquer des informations
concernant le projet GENDEAF aux associations de patients impliquées, mais également à
communiquer des informations au grand public des pays membres.
Grâce à notre nouveau membre, les nouvelles du projet GENDEAF atteindront également l'Europe
de l'Est. Notre bulletin peut désormais être également lu en langue tchèque sur le site de Gendeaf,
www.gendeaf.org.
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Bulletin n° 1
J'aimerais profiter de cette occasion pour remercier Anders Lundgren qui, depuis avril 2003,
travaille comme consultant au sein du groupe de travail WP7.
--- O --SECTION 1 – LE COIN DE LA RECHERCHE
QUAND UNE DÉTÉRIORATION DE L’AUDITION PEUT-ELLE ÊTRE ASSOCIÉE À UN
GÉNOTYPE SPÉCIFIQUE?
Manuela Mazzoli
Lorsqu'un individu atteint d'une perte auditive apprend que son état pourrait être héréditaire, de
nombreuses questions auxquelles il est souvent difficile de répondre apparaissent.
Dans le cas de troubles syndromiques, une certaine présentation clinique où plusieurs symptômes
caractéristiques du syndrôme sont présents est, en général, fortement révélatrice du trouble
héréditaire l'ayant provoqué. Malheureusement, la grande majorité des pertes auditives héréditaires
sont non-syndromiques et la perte auditive en est le seul symptôme. Une perte auditive peut
présenter différentes caractéristiques : elle peut affecter différentes fréquences et présenter
différents degrés de gravité, elle peut être clairement familiale ou n'affecter qu'un seul membre de la
famille, être congénitale ou n'apparaître que plus tard, elle peut progresser ou être stable durant
toute la vie, etc. Néanmoins, les caractéristiques cliniques (phénotypes), ne sont pas uniques pour un
génotype spécifique (c'es t-à-dire la constitution génétique d'une personne).
Le nombre de gènes impliqués dans la perte auditive génétique est inconnu, mais on pense que des
mutations dans au moins 100 gènes peuvent être associées à une perte auditive. Par conséquent, en
dépit du fait que la perte auditive est relativement fréquente (1-2/1000 nouveau-nés souffrent de
perte auditive profonde), l'occurrence de chaque trouble est rare. Pour cette raison, un dépistage de
toutes les maladies génétiques possibles pour chaque individu affecté par une perte auditive serait
trop coûteux et trop long à effectuer. Par conséquent, il serait utile d'identifier des corrélations
spécifiques, des indices, dans la présentation clinique susceptibles d'indiquer la maladie génétique à
l'origine des troubles.
La plupart du temps, il n'est pas facile d'identifier la maladie génétique à l'origine de la perte
auditive d'après sa présentation clinique. Il y a différents aspects qui contribuent à la difficulté de la
mise en corrélation d'un phénotype et d'un génotype dans les cas de perte auditive non
syndromique.
Les troubles génétiques de l'audition ne peuvent être classés de manière rigide entre syndromiques
et non syndromiques car les mécanismes pathogénétiques impliqués peuvent être complexes et les
mutations dans un même gène peuvent donner lieu, dans certains cas, à une perte auditive à la fois
syndromique et non syndromique. Par exemple, des mutations du gène pendrin gene (PDS),
peuvent entraîner une perte auditive autosomique récessive non syndromique(1) (DFNB4) ou
l'apparition du syndrôme de Pendred caractérisé par une perte auditive et un goitre. Un autre
exemple est donné par des mutations du gène USH2A qui peuvent donner lieu à des dépôts
pigmentaires sur la rétine et à une perte auditive (syndrôme de Usher) ou à des dépôts pigmentaires
sur la rétine uniquement.
De même, des mutations d'un même gène peuvent être responsables d'une hérédité sur un mode
autosomique dominant(2) ou sur un mode autosomique récessif. Par exemple, des mutations du gène
MYO7A peuvent être responsables d'une perte auditive autsomique dominante non syndromique
DFNA11 ou d'une perte auditive autosomique récessive non syndromique DFNB2 ainsi que d'un
syndrôme de Usher de type 1B.
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Bulletin n° 1
D'autres mécanismes génétiques complexes peuvent consister en : maladies oligogéniques ou
polygéniques, pénétrance incomplète, interaction entre ADN mitochondrial et nucléaire, interaction
entre des facteurs environnementaux et un profil génétique, co-présence de gènes modificateurs.
Une pénétrance inc omplète représente la probabilité qu'un certain phénotype soit exprimé en
présence d'un certain génotype. Une pénétrance complète (100%) signifie qu'une certaine mutation
génère toujours un phénotype donné. Dans plusieurs cas de pertes auditives héréditair es (le plus
souvent les surdités de type autosomique dominant avec déclenchement tardif), la pénétrance n'est
pas complète. Ceci pourrait partiellement expliquer la variabilité clinique et soulève l'hypothèse
selon laquelle davantage de gènes interagiraient pour déterminer le phénotype ou selon laquelle il
existerait une interaction avec des facteurs environnementaux.
Un nouveau mécanisme génétique impliqué dans la génétique de la surdité a été observé par
Riazuddin et al. (2000). Dans une famille présentant des cas de pertes auditives autosomiques
récessives non syndromiques, ils ont identifié un locus génétique “modificateur”(3) qui protégerait
l'individu contre le développement d'une maladie de l'audition.
Il existe également différents aspects dans la présentation clinique des pertes auditives non
syndromiques qui contribuent à rendre difficile la mise en corrélation entre le génotype et le
phénotype : la présentation clinique est très hétérogène entre les familles, mais également au sein
d'une même famille, il y a un manque de spécificité dans les présentations cliniques (par ex., les
pertes auditives dues à une naissance prématurée, à des infections, au bruit, etc. ne peuvent être
différentiées des pertes auditives héréditaires à partir des simples tests audiologiques) et
l'interaction avec l'âge et les facteurs environnementaux qui peuvent produire des dommages
supplémentaires à la perte auditive héréditaire sous-jacente.
Les problèmes soulevés par la corrélation génotype - phénotype ont été traités lors des projets
suivants financés par l'Union européenne : le projet HEAR (1996-1999) et le projet GENDEAF
toujours en cours. Ces projets ont été importants dans la mesure où ils ont permis de standardiser la
terminologie et les protocoles et de créer le réseau multidisciplinaire nécessaire pour étudier les
maladies rares.
Dans le cadre du projet HEAR, un certain nombre de caractéristiques cliniques a été proposé afin de
classer les troubles génétiques de l'audition. Malgré cela, dans la littérature, la plupart des
informations sont toujours manquantes, notamment en ce qui concerne la fonction vestibulaire,
l'acouphène, la progression, la variabilité inter familiale. Dans le cadre du projet GENDEAF, des
recommandations ont été faites en vue de créer une meilleure définition des maladies décrites dans
les articles scientifiques et d'aider le recueil de données relatives à une corrélation génotypephénotype. Ces recommandations sont publiées sur le site : http://www.gende af.org.
La gravité varie fortement selon les troubles. Les troubles autosomiques dominants tendent à être
moins graves que les troubles autosomiques récessifs. Il est également clair qu'aucune
caractéristique spécifique ne peut être identifiée pour un génotype donné. Par exemple, plusieurs
maladies peuvent donner naissance à une perte auditive au niveau des hautes fréquences ou
impliquer toutes les fréquences. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, une maladie récessive
conduit plus souvent à une perte auditive précoce et profonde tandis que les maladies autosomiques
dominantes peuvent aller d'une perte auditive légère à une perte auditive profonde impliquant
plusieurs fréquences.
Même dans les maladies autosomiques dominantes, lorsque l'histoire de la famille suggère
clairement une forme héréditaire de perte auditive, une certaine caractéristique audiométrique
n'oriente pas notre diagnostic vers le génotype sous-jacent, à cause d'un manque de spécificité.
Ce n'est que dans le cas des pertes auditives impliquant les basses fréquences qu'une corrélation
phénotype/génotype peut être établie.
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Bulletin n° 1
En 1968, Teig a décrit une grande famille caractérisée par des pertes auditives impliquant les basses
fréquences avec une hérédité autosomique dominante. Le locus de cette famille a été désigné
comme étant DFNA6 et relié au chromosome 4p16.3 en 1995 (Lesperance et al. 1995). Un
troisième locus (DFNA14) pour les pertes auditives impliquant les basses fréquences a été relié aux
environs de la région DFNA6, sans toutefois présenter de recouvrement apparent (Van Camp et at.,
1999). Récemment, Bespalova et al. (2001) ont indiqué que DFNA6 et DFNA14 correspondent à la
même maladie et ont identifié des mutations dans le gène du syndrôme de Wolfram de type 1
(WFS1). Simultanément, Young et al. (2001) ont identifié des mutations du gène WFS1 au sein
d'un locus codé DFNA38 qui a été relié à une maladie dont la présentation clinique est
apparemment semblable.
Les familles DFNA6/14 montraient une implication bilatérale, symétrique, à déclenchement
précoce au niveau des fréquences les plus basses. Des mutations dans le même gène sont
responsables du syndrôme de Warfran qui présente un mode d'hérédité autosomique récessif et est
caractérisé par un diabète sucré et une atrophie oculaire, avec des symptômes supplémentaires tels
que diabète insipide, surdité de perception, ataxie, neuropathie périphérique, atonie du canal
urinaire et maladie psychiatrique. La perte auditive chez ces patients affecte les hautes fréquences
(Cremers et. al, 1977; Higashi, 1991). Les mutations à l'origine de la perte auditive n'inactivent pas
les protéines. Les mutations provoquant les syndrômes de Warfran les plus sévères inactivent la
plupart
des
protéines
leur
permettant
de
fonctionner
correctement
(http://www.uia.ac.be/dnalab/hhh/).
Dans ce cas, il était possible de mettre en corrélation le phénotype avec les mutations et le type de
modification dans la fonction induit par le produit du gène. L'avantage du DFN A6/14 est que seule
une autre maladie, la DFNA1, affecte les fréquences les plus basses. Cela semble être moins
fréquent, ce qui réduit la gamme de possibilités de diagnostics en présence de perte auditive
impliquant des basses fréquences. Cet exemple montre également la manière dont la connaissance
d'une maladie est acquise au cours des années ainsi que le besoin de mettre à jour les informations
en permanence.
Dans le cadre du projet GEDEAF, nous analysons actuellement la corrélation possible entre les
différentes mutations du gène de la connexe 26 et les caractéristiques cliniques correspondantes,
cette maladie étant plus fréquente que les autres et une grande quantité de données ayant été
recueillie. D'autres projets plus ou moins en rapport étudient les maladies héréditaires complexes de
l'audition telles que la surdité provoquée par le vieillissement (projet européen ARHI http://www.uia.ac.be/u/arhi/) et l'otosclérose. Ces projets pourraient contribuer à une meilleure
compréhension de certains des mécanismes qui interviennent dans l'expression des gènes et dans la
fonction de l'audition et peut-être même apporter quelques lumières sur les mécanismes qui
interviennent dans d'autres troubles.
Notes :
Hérédité autosomique - La transmission d'un allèle transporté par un autosome. L'hérédité
autosomique est suspectée lorsqu'un caractère peut être transmis par un parent (père ou mère) à un
enfant (garçon ou fille).
1. Autosomique récessive – Le modèle de pedigree observé lorsqu'un allèle d'un locus autosomique
cause un caractère récessif.
Description du pedigree de l'hérédité autosomique récessive. Les hommes comme les femmes
peuvent être affectés. Si les parents des individus affectés sont consanguins, alors l'hérédité
récessive est la plus probable, mais pas certaine. Généralement, seuls les individus d'une seule et
même fratrie sont affectés; les parents et les autres membres de la famille ne sont généralement pas
affectés. Dans la plupart des cas, il n'y a qu'un seul individu de la famille affecté, ce qui rend le
modèle de pedigree difficile à identifier comme autosomique récessif.
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Bulletin n° 1
2. Autosomique dominant – Le modèle de pedigree observé lorsqu'un allèle d'un locus autosomique
cause un caractère dominant.
Description du pedigree de l'hérédité autosomique dominante . Les hommes comme les femmes
peuvent être affectés. Le trouble est transmis de génération en génération et peut être transmis de
toutes les manières possibles ; de femme à femme, de femme à homme, d' homme à femme et
d'homme à homme. Des études de ségrégation formelles visant à déterminer si le ratio est 1:1
affecté: non affecté dans la famille de l'individu sont généralement impossibles. Dans les petites
familles, le mode d'hérédité peut être difficile à déterminer, mais la transmission d'une maladie rare
à travers trois générations est une bonne preuve que l'hérédité est dominante. De nombreuses
maladies dominantes sont variables (même au sein des familles) et peuvent sauter des générations.
3. Locus – Il s'agit de la position qu'occupe un gène sur un chromosome. Les gens ayant une paire
de chaque autosome, une personne possède deux allèles (identiques ou différents) sur chaque locus
autosomique.
BIBLIOGRAPHIE
Bespalova IN, Van Camp G, Bom SJH, Brown DJ, Cryns K, DeWan AT, Erson AE, Flothmann K,
Kunst HPM, Kurnool P, Sivakumaran TA, Cremers CWRJ, Leal SM, Burmeister M, Lesperance
MM. Mutations in the Wolfram syndrome 1 gene (WFS1) are a common cause of low frequency
sensorineural hearing loss. Human Molecular Genetics 2001; 10: 2501-2508.
Cremers C.W.R.J., Wijdeveld P.G., Pinkers A.J. Juvenile diabetes mellitus, optic atrophy, hearing
loss, diabetes insipidus, atonia of the urinary tract and bladder, and other abnormalities (Wolfram
syndrome). A review of 88 cases from the literature with personal observations on 3 new patients.
Acta Paediatr Scand Suppl. 1977; 264:1-16.
Higashi K. Otologic findings of DIDMOAD syndrome. Am J Otol, 1991; 12:57-60.
Lesperance MM, Hall JW III, Bess FH, Fukushima K, Ja in PK, Ploplis B, San Agustin TB, Skarka
H, Smith RJH, Wills M, Wilcox ER. A gene for autosomal dominant nonsyndromic hereditary
hearing impairment maps to 4p16.3. Human Molecular Genetics, 1995; 4: 1967-1972.
Riazuddin S, Castelein CM, Ahmed ZM, Lalwani AK, Mastroianni MA, Naz S, Smith TN, Liburd
NA, Friedman TB, Griffith AJ, Riazuddin S, Wilcox ER. Dominant modifier DFNM1 suppresses
recessive deafness DFNB26. Nature Genetics 2000 Dec. 26(4):431-4.
Teig E. Hereditary progressive perceptive deafness in a family of 72 patients. Acta
Otolaryngologica, 1968; 65: 365-372.
Van Camp G, Kunst H, Flothmann K, McGuirt W, Wauters J, Marres H, Verstreken M, Bespalova
IN, Burmeister M, Van de Heyning PH, Smith RJH, Willems PJ, Cremers CWRJ, Lesperance MM.
A gene for autosomal dominant hearing impairment (DFNA14) maps to a region on chromosome
4p16.3 that does not overlap the DFNA6 locus. Journal of Medical Genetics, 1999; 36: 532-536.
Van Camp G, Smith RJH. Hereditary Hearing Loss Homepage (HHH). Van Camp G. and Smith
RJH. Disponible sur le site : http://www.uia.ac.be/dnalab/hhh. Dernier accès : mars 2003.
Young T-L, Ives E, Lynch E, Person R, Snook S, MacLaren L, Cator T, Griffin A, Fernandez B,
Lee MK, King M-C. Non-syndromic progressive hearing loss DFNA38 is caused by heterozygous
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Bulletin n° 1
missense mutation in the Wolfram syndrome gene WFS1. Human Molecular Genetics, 2001; 10:
2509-2514.
SECTION 2 – DERNIÈRES NOUVELLES
SYNDRÔME DE USHER
Claes Möller, Any Koppen, Sandro Martini, Berit Öie, Lisbeth Tranebjaerg (Groupe de travail
WP3 sur le syndrôme de Usher)
Le syndrôme de Usher (US) est une combinaison de perte visuelle et de perte auditive/surdité. D'un
point de vue fonctionnel, une personne atteinte du syndrôme de Usher doit être, bien souvent,
considérée comme sourde et aveugle. Ce syndrôme est présent dans le monde entier.
Hérédité
Le syndrôme de Usher est un trouble héréditaire autosomique récessif. Les deux parents sont
porteurs du gène. Lorsque les deux gènes identiques de chaque parent sont combinés, le nouveau-né
est atteint du syndrôme de Usher. À ce jour, nous connaissons trois types différents de syndrômes
de Usher. Dans chacun de ces types, il existe différents sous -types générés par différentes mutations
génétiques.
Le syndrôme de Usher est le trouble le plus commun de la cécité/surdité. Environ 40% des
personnes souffrant de cécité/surdité sont atteintes par le syndrôme de Usher.
Audition
Type 1 :
Les personnes atteintes du syndrôme de Usher de type 1 (US1) sont nées avec une surdité profonde.
Parfois, une audition résiduelle subsiste dans les fréquences les plus basses mais sans implant
cochléaire une personne atteinte par le US1 ne peut entendre ou développer un langage oral. Ainsi,
la plupart des personnes sourdes souffrant du US1 utilisent la langue des signes.
Type 2 :
Les personnes atteintes du syndrôme de Usher de type 2 (US2) sont nées avec une perte d'audition
bilatérale de modérée à sévère. À l'aide d'un appareillage adapté, elles peuvent entendre et
développer un langage oral. La perte d'audition des personnes souffrant du US2 est dans la majorité
des cas stationnaire : ces personnes deviennent rarement sourdes.
Type 3 :
Les personnes qui en sont atteintes sont, comme dans le cas des types 1 et 2, nées avec une perte
d'audition mais cette dernière diffère du type 2 car elle est progressive. Cela signifie qu'à l'âge de
30-50 ans, la plupart des personnes affectées souffrent d'une perte d'audition profonde voire de
surdité.
Vision
Le trouble de la vision US est appelé retinitis pigmentosa (rp). Les premiers symptômes sont une
légère sensibilité, une perte de vision dans l'obscurité et, plus tard, une diminution du champ visuel.
La perte de vision est progressive mais la plupart des personnes atteintes par le syndrôme de Usher
ont toujours une vision centrale vers l'âge de 50-60 ans. Des cataractes peuvent également
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Bulletin n° 1
apparaître dans de nombreux cas. Il n'existe aucune différence claire en terme de rp entre les
différents types de syndrômes de Usher.
Équilibre
Les personnes atteintes par le US1 reçoivent un nombre insuffisant de signaux des organes de
l'équilibre de l'oreille interne. Ceci a pour conséquence un apprentissage retardé de la marche, de la
maladresse et des difficultés en terme d'équilibre, notamment dans l'obscurité. Les personnes
atteintes par le US2 reçoivent des signaux d'équilibre normaux de l'oreille interne et celles atteintes
du type 3 voient ces signaux diminuer avec l'âge. La combinaison de la perte de vision et de la perte
auditive entraîne des problèmes dans différentes situations liées à la communication, la mobilité et
l'évaluation de différentes sortes d'informations. Ces problèmes sont importants à considérer
notamment dans les environnements bruyants ou dans l'obscurité.
SECTION 3 – LE COIN DE L'ASSOCIATION
QUESTIONNAIRE SUR LE SYNDRÔME DE USHER: LE PROJET CAUSE
Patrizia Ceccarani
Le projet de recherche sur les maladies rares, “CAUSE”, a été financé par l'Union européenne et a
pour objectif d'améliorer la connaissance des syndrômes de Usher et de Charge en Europe.
Le projet a été dirigé par l'association anglaise “Sense” et a été soutenu par six autres organisations
européennes (d'Italie, de France, d'Irlande, d'Allemagne, de Grande-Bretagne et d'Espagne) qui ont
travaillé avec des personnes atteintes des syndrômes de Usher et de Charge.
Une partie du projet CAUSE était destinée à trouver des solutions concernant les problèmes que les
personnes atteintes du syndrôme de Usher doivent traiter dans leur vie quotidienne et aux
changements auxquels ils doivent faire face pour conserver leur indépendance. Une étude pilote a
été lancée en utilisant un questionnaire traitant de ces sujets particuliers.
Le questionnaire a été rempli par 67 personnes souffrant du Usher Syndrome et vivant dans les six
pays participant au projet. Les personnes interrogées étaient âgées de 16 à plus de 75 ans. Les
personnes de la tranche d'âge 46-55 ans représentaient le plus fort pourcentage. De toutes les
personnes interrogées, 34 souffraient du syndrôme de Usher de type I, 24 du syndrôme de type II, 5
du syndrôme de type III et 4 ne connaissaient pas le type de syndrôme dont elles souffraient.
Les questions posées concernaient la communication, l'accès aux informations et la mobilité. Vous
ne trouverez ici qu'un petit nombre des points qui ont été soulevés dans les réponses
Le traitement des réponses a montré que concernant la communication et ses effets sur le style de
vie, la détérioration de l'audition et de la vue menait à l'adoption d'autres stratégies de
communication.
Pour de nombreuses personnes souffrant des syndrômes de Usher de type II et III, la
communication verbale est leur première ressource. Comme leur vue se détériore, elles ont de plus
en plus de difficultés à lire sur les lèvres : elles ne voient plus assez pour compenser leur mauvaise
audition ou elles n'entendent plus assez pour compenser leur vision déficiente. Elles ont donc besoin
d'apprendre la communication tactile.
La perte de vision et la perte auditive empirant avec le temps, les personnes atteintes du syndrôme
de Usher doivent sans cesse s'adapter si elles ne veulent pas s’isoler socialement. Les personnes
souffrant de problèmes d'audition graves ou chroniques n'entendent pas les annonces et dans la
mesure où elles souffrent également de dépôts pigmentaires au niveau de la rétine, elles ne
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Bulletin n° 1
parviennent pas à lire les avis au public, comme par exemple les horaires des trains dans les gares.
Un autre problème pour les personnes malentendantes est qu'elles ne peuvent identifier le sens de la
circulation puisqu'elles ne reçoivent aucune information auditive leur permettant de ce repérer.
Ainsi, lorsque leur vue se détériore, elles ont besoin d'aides supplémentaires.
La combinaison de la perte de vision et de la perte auditive, impose aux personnes atteintes du
syndrôme de Usher des conditions de choix en matière de style de vie. Certaines mentionnent
qu'elles souffrent davantage de stress et de symptômes physiques tels que fatigue, manque de
concentration et maux de tête.
Normalement, dans nos vies, nous choisissons nos amis et avons un certain contrôle sur nos
situations sociales. Les personnes souffrant du syndrôme de Usher aimeraient également être
capables de choisir les professionnels et les bénévoles dont elles ont besoin pour les aider, mais
pour cela, elles ont besoin d'informations sur les différents services proposés.
La dernière question du questionnaire qui était “En tant que personne souffrant du syndrôme de
Usher, que considérez-vous comme votre plus grand défi dans la vie pour vous adapter au
changement ?”, a généré les réponses suivantes :
ü Ne pas devenir isolé, me faire de nouveaux amis, trouver un nouveau travail et de nouveaux
loisirs.
ü Vivre bien et apprendre de nouvelles choses.
ü Demeurer autonome, faire mes propres choix en ce qui concerne ma place dans la société,
comme par exemple, avoir les mêmes droits et les mêmes valeurs que les autres. Être accepté par
les autres.
ü M'adapter aux changements.
L'indépendance est un aspect de la vie des personnes souffrant du syndrôme de Usher qui change
continuellement. Pour pouvoir maintenir cette indépendance, ces personnes ont besoin :
ü D'un diagnostic précoce et précis.
ü D'informations et d'une assistance pratiques
ü D'un soutien de la part des parents et des amis
ü D'une vision positive
Une analyse complète des données issues des questionnaires est disponible sur le site Internet de
l'International Deafblind Association (www.deafblindinternational.org) qui est impliquée dans le
projet CAUSE.
Tous les documents concernant le projet et toutes les informations sur la conférence “S'adapter au
changement” qui s'est tenue en Angleterre du 27 au 30 mars 2003 sont également disponibles sur le
site. Le site est également disponible dans les cinq langues des pays partenaires (italien, espagnol,
français, allemand et anglais) et accessible aux personnes handicapées.
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Bulletin n° 1
SECTION 4 - DIVERS
PATIENTS, CLIENTS ET AUTRES ?
Milon Potmesil
Traduction : Katerina Jerabkova
Actuellement nous devons affronter le problème d'une terminologie précise et appropriée lorsque
nous travaillons avec des personnes ayant des besoins spécifiques. Nous considérons qu'il est
nécessaire, notamment dans le cadre d'approches multidisciplinaires, de souligner que nous parlons
d'une relation qui implique toujours deux parties – la première est composée des médecins,
enseignants et thérapeutes et la seconde de la personne handicapée. Dans certains cas, il existe
également une troisième personne – un parent ou une personne responsable de l'enfant. S'agissant
de terminologie, il faut toujours utiliser le terme le plus précis possible pour s'adresser à la personne
handicapée. Nous préconisons l’utilisation de la terminologie la plus précise pour éviter toute
confusion concernant l'approche de la personne handicapée et également pour ne pas heurter ou
blesser la sensibilité de la personne handicapée ou de sa famille. Nous savons qu’au sein de la
communauté des personnes handicapées auditives, il existe un groupe qui se considère une minorité
linguistique et qui n'accepterait jamais des termes tels que patient, handicapé ou invalide. Le terme
client est largement utilisé au sein des services sociaux, psychologiques ou pédagogiques.
Nous savons pertinemment que le terme patient n'est approprié que lorsqu'il est utilisé par rapport à
un diagnostic ou à une approche médicale et que le terme client n'est approprié que dans le cadre de
services sociaux ou thérapeutiques. Nous pensons que les termes élève ou étudiant sont les plus
fréquents dans le domaine spécial de la pédagogie. L'utilisation d'une terminologie précise peut
rendre l'orientation des non-professionnels plus facile et également éviter de terribles méprises. Par
exemple, le terme patient utilisé dans le cas d'un enfant sourd lorsque le trouble est diagnostiqué
peut entraîner la formule: patient – malade – hôpital – docteur – guérison – et aboutir à une
mauvaise conclusion qui peut provoquer de faux espoirs et plus tard une plus grande déception. Les
termes, notamment ceux mentionnés ci-dessus - patient et client, définissent également assez bien
la position des personnes handicapées dans les processus médicaux ou autres. Le patient est
quelqu’un qui se laisse faire alors que l’on attend du client qu’il coopère et participe activement
dans toutes les décisions. En outre, la part de responsabilité prise par le client est bien plus
importante.
Les termes, élève et étudiant, sont si spécifiques qu'ils sont généralement bien compris et par
conséquent, rarement mal interprétés.
Le but de cette note est de servir de rappel aux professionnels qui, en raison des nombreuses
discussions auxquelles ils prennent part, ne font parfois pas attention aux termes qu’ils utilisent.
Même les meilleurs résultats obtenus par un travail de longue haleine peuvent être amoindris aux
yeux des personnes handicapées ou de leur famille si nous utilisons une terminologie inappropriée.
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Bulletin n° 1
SECTION 5 – COURRIER DES LECTEURS
Après la publication du bulletin, P. Ceccarani a reçu la lettre suivante :
Cher Dr. Patrizia,
Merci pour votre bulle tin. Je pense que la section sur la recherche est très importante. Mon
principal problème lorsque mon frère et ma sœur ont su qu'ils étaient atteints du syndrôme de
Usher a été, en premier lieu, le manque total d'informations disponibles. Les gens vous disent qu'il
existe un traitement, par exemple à Cuba ou au centre de Piseet, vous voulez y croire mais ces
informations s'avèrent erronées. Je pense que l'information sur la recherche est de la plus haute
importance. La section Courrier est également importante, car pouvoir partager des expériences
sur la maladie avec d'autres familles vous donne du courage. J'aimerais faire une suggestion. Je ne
sais pas comment elle pourrait être mise en pratique (peut-être existe-t-elle déjà ?). Un système de
bourses constamment supervisé par des experts ou des institutions pourrait-il être mis en place ?
Merci pour votre travail. Si jamais vous passez à Macerata, j'aimerais beaucoup vous rencontrer.
Bonne semaine.
Anna
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Bulletin n° 1
SECTION 6 – RÉUNIONS ET ÉVÈNEMENTS
ANNONCES - RÉUNIONS
Conférence CAUSE
La conférence “S'adapter au changement” a été organisée par l'équipe du projet CAUSE et
rassemble les réseaux européens concernés par les syndrômes de Usher et de CHARGE.
Cause est un projet financé par le programme European Union Rare Diseases programme qui vise à
promouvoir la connaissance et la compréhension des syndrômes de Usher et de CHARGE en
Europe.
La conférence s'est tenue à Hinckley (R.-U.) du mardi 27 mars 2003 au dimanche 30 mars 2003. La
conférence CAUSE a rassemblé des personnes ayant un intérêt dans les syndrômes de Usher ou de
CHARGE en Europe, dont :
• Des personnes souffrant des syndrômes de Usher ou de CHARGE
• Des parents, des partenaires, des familles et des amis
• Des professionnels
Un lien CAUSE sera inséré sur le site Internet de International Deafblind Association. Tous les
documents concernant ce projet seront inclus ainsi que toutes les informations détaillées sur les
Conférences. Le site a été traduit dans les cinq langues des pays partenaires (italien, espagnol,
français, allemand et anglais) et est accessible aux handicapés.
13 ème Deafblind International (DbI) World Conference on Deafblindness, du 5 au 10 août 2003, à
Mississauga, Ontario, Canada
7ème Congrès mondial IFHOH (International Federation of Hard of Earing Adults), du 4 au 9 juillet
2004, à Helsinki, Finlande www.ifhoh-helsinki2004.org
Cette année est l'année européenne des handicapés :
www.eypd2003.org (Site Internet EDF)
Vous pouvez retrouver les informations sur le site Internet d'EDF : www.edf -feph.org
Site Internet : http://www.malattierare.iss.it
Site Internet : http://www.malattierare.iss.it/NEPHIRD
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