sont directement impliquées dans la survenue de lésions de l’épi-
thélium bronchique ou si, tout simplement, elles témoignent de
l’activité des polynucléaires.
ß-défensines
Les ß-défensines sont phylogénétiquement plus anciennes que
les -défensines. Chez l’homme, deux ß-défensines ont été
décrites : hBD 1 et hBD 2. Elles sont sécrétées par de nom-
breuses cellules épithéliales (rénales, bronchiques, urogénitales,
intestinales, etc.), et, contrairement aux -défensines, les hBD
ne sont pas stockées dans des granules cytoplasmiques, mais
sécrétées dans le milieu extracellulaire immédiatement après
leur synthèse.
La ß-défensine hBD 1 est synthétisée sous forme d’un propep-
tide de 68 acides aminés, et, selon le site de clivage protéoly-
tique du domaine amino-terminal, plusieurs isoformes peuvent
être obtenues. Le nombre de résidus des différentes isoformes
varie entre 36 et 47 acides aminés. Initialement décrite au niveau
de l’appareil urinaire, son activité bactéricide vis-à-vis des bac-
téries à Gram négatif comme Escherichia coli est efficace à
des concentrations de l’ordre du micromolaire. Néanmoins, à
l’exception de l’isoforme possédant 36 acides aminés, l’acti-
vité antimicrobienne est généralement diminuée par une osmo-
larité élevée du milieu, ce qui est une caractéristique et proba-
blement un inconvénient des défensines. La ß-défensine hBD 2,
identifiée plus récemment, est principalement synthétisée au
niveau de la peau et de l’épithélium bronchique.
Bien que le spectre d’activité antimicrobienne des ß-défensines
soit large, celui-ci prédomine sur les bactéries à Gram négatif
et semble moins efficace sur les bactéries à Gram positif comme
Staphylococcus aureus. Parmi les bactéries à Gram négatif,
Burkholderia cepacia est toujours résistante, contrairement à
Pseudomonas aeruginosa.
Physiologiquement, les concentrations des deux ß-défensines
sont élevées dans les surnageants des lavages broncho-alvéo-
laires (LBA) au cours des pathologies inflammatoires. L’ana-
lyse des surnageants des LBA réalisés chez des volontaires sains
montre que les isoformes de hBD 1 sont retrouvés, mais pas
ceux de hBD 2 (3). Cette observation témoigne d’un mode de
synthèse constitutif pour hBD 1 alors que, pour hBD 2, elle est
induite par des stimuli inflammatoires (infection ou cytokines)
(4). Compte tenu de son spectre d’activité (prédominant pour
les bactéries à Gram négatif), si nous admettons que la défen-
sine hBD 2 est un élément dynamique participant au contrôle
de la flore bactérienne locale au niveau de la peau et de l’épi-
thélium bronchique, il serait tentant de proposer une explica-
tion au caractère inhabituel des infections cutanées et pulmo-
naires à bactéries à Gram négatif.
Chez des patients atteints de mucoviscidose, l’analyse des
expectorations montre que les concentrations en défensines
(hBD 1 et 2) peuvent atteindre de 300 à 1 600 µg/ml. Cepen-
dant, en raison de l’osmolarité élevée des sécrétions bronchiques
observée chez ces patients, l’activité antimicrobienne, et en par-
ticulier vis-à-vis de P. aeruginosa, semble inefficace (5, 6). Ce
déficit de l’activité antimicrobienne peut théoriquement être
rapidement corrigé si l’osmolarité des sécrétions est normali-
sée (5). Bien que la causalité directe entre le déficit fonction-
nel des défensines et les surinfections bronchiques chroniques
au cours de la mucoviscidose ne soit pas encore clairement éta-
blie, ces résultats constituent des arguments suffisamment
convaincants pour encourager la poursuite des recherches dans
cette voie.
Actuellement, certaines équipes essaient d’établir des stratégies
permettant de synthétiser des défensines ayant une structure
plus stable et une activité antimicrobienne indépendante de
l’osmolarité.
Cathélicidines
Cette famille de peptides antimicrobiens est synthétisée sous
forme d’un peptide précurseur de 15-18 kDa au sein duquel il
existe un domaine hautement conservé de 100 acides aminés,
appelé cathéline. Le clivage protéolytique du domaine cathé-
line permet de libérer le peptide appelé cathélicidine, respon-
sable de l’activité antibactérienne. Chez l’homme, une seule
cathélicidine a été décrite. Elle est sécrétée sous forme d’un
propeptide appelé hCAP 18. Le clivage de cette dernière donne
naissance à une cathélicidine de 37 acides aminés agencés en
une structure de type hélice ; il s’agit du peptide LL 37. La
sécrétion de hCAP 18, initialement retrouvée au niveau des cel-
lules de la moelle osseuse, a été récemment mise en évidence
par hybridation in situ au niveau de l’épithélium bronchique
ainsi qu’au niveau de la peau. Le spectre d’activité antibacté-
rienne de la cathélicidine synthétique LL 37 est large, incluant
de nombreuses bactéries à Gram positif et à Gram négatif, dont
les P. aeruginosa, que les souches soient muqueuses ou multi-
résistantes aux antibiotiques. Contrairement à la plupart des
défensines, son activité antimicrobienne n’est pas affectée par
l’osmolarité du milieu, permettant d’envisager son utilisation
dans le traitement local des infections chroniques à P. aerugi-
nosa chez les patients atteints de mucoviscidose. En contre-
partie, le peptide LL 37 ne semble avoir aucune efficacité sur
les bactéries de l’espèce Burkholderia cepacia, qui sont géné-
ralement isolées au cours de la mucoviscidose et le plus sou-
vent résistantes à toutes les classes d’antibiotiques. Outre l’acti-
vité antimicrobienne, le peptide LL 37 semble capable de se lier
avec une très haute affinité au lipopolysaccharide bactérien
(LPS), ce qui suggère sa participation à la limitation de la réac-
tion inflammatoire locale (7).
Protégrines
Les protégrines sont de petits peptides de 16 à 18 résidus
d’acides aminés formant un feuillet ß (brins ß antiparallèles)
stabilisé par deux ponts disulfures. Elles sont sécrétées, comme
les cathélicidines, sous forme d’un propeptide contenant un
domaine cathéline de 100 acides aminés. Outre le clivage du
domaine cathéline, la maturation de la protégrine nécessite
l’activité de l’élastase sécrétée par les granules des polynu-
cléaires neutrophiles (8). Les peptides matures de protégrines
possèdent un large spectre d’activité antimicrobienne (antibac-
térienne, fongicide, virale) à condition que la longueur de la
chaîne peptidique soit d’au moins 16 acides aminés. L’activité
antimicrobienne n’est pas modifiée par des concentrations éle-
VOCABULAIRE
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La Lettre du Pneumologue - Volume III - no6 - nov./déc. 2000