théâtre ENTREVUE Benoît Drouin-Germain DANS L’ARÈNE ROMAINE Benoît Drouin-Germain dit en général suivre les téléréalités de loin. «Quand je tombe sur une émission de téléréalité, j’ai un réel questionnement qui va au-delà du jugement “j’aime ça ou j’aime pas ça”. J’ai un questionnement social où je me dis: “Pourquoi c’est si fascinant?” Pourquoi on y participe, pourquoi on va exposer notre vie personnelle au grand public?» Le comédien se questionne également sur ce qui fait qu’une personne connaît un succès instantané et sur le concept de compétition sociale, aussi présent sur les réseaux sociaux. «On choisit ce qu’on veut montrer de nous. On va mettre juste les belles photos, raconter les choses qui nous glorifient, nous rendent intéressants. Ça devient une espèce de compétition et, souvent, c’est un jeu cruel parce que des fois on perd; on le voit de façon extrême avec des jeunes qui sont devenus, par un concours de circonstances, des têtes de Turc.» De là est né son désir d’explorer le thème de la téléréalité. parallèles entre la société romaine impériale et notre société actuelle. De plus, j’ai écouté plusieurs émissions de téléréalité et de nombreux talent show. J’ai regardé beaucoup ce qui se passe sur Facebook et je me suis ouvert un compte Twitter, et j’ai fait des lectures philosophiques», explique-t-il. Ainsi, une arène avec une piste de course a été recréée, dans laquelle quatre candidats s’affrontent lors de performances devant l’empereur et le public, qui votent pour sauver son candidat préféré parmi les acteurs qui se prêtent au jeu, soit Sonia Cordeau, Marie-Pier Labrecque, Christophe Payeur et Mathieu Quesnel. «On ne critique pas la téléréalité. On se questionne sur l’idée de se soumettre au jugement populaire», souligne l’auteur et co-metteur en scène de la pièce qui se veut d’abord et avant tout très festive. DE L’ANTIQUITÉ À AUJOURD’HUI PHOTO: GHYSLAIN LAVOIE DE NOS JOURS, LES ÉMISSIONS DE TÉLÉRÉALITÉ SONT MONNAIE COURANTE. ET SI LE PHÉNOMÈNE SE TRANSPOSAIT AU THÉÂTRE? C’EST AUTOUR D’UN QUESTIONNEMENT SOCIAL PORTANT SUR LES TÉLÉRÉALITÉS ET LA GLOIRE QUE LE COMÉDIEN BENOÎT DROUIN-GERMAIN A ÉCRIT LA PIÈCE LUDI MAGNI, PRÉSENTÉE JUSQU’AU 9 MAI À L’ESPACE LIBRE. UN BEAU DÉFI POUR LE JEUNE HOMME QU’ON A PU VOIR DANS O’ ET DANS L’APPART DU 5e ET QUI, DEPUIS FÉVRIER DERNIER, EST LE PAPA D’UNE FILLE. PREMIÈRE AVENTURE EN SOLO Dans la Rome antique, les ludi magni étaient des grands jeux sportifs se déroulant dans des arènes, devant le public. «J’ai lu énormément sur l’histoire de Rome, sur l’Antiquité et sur la place des jeux. Ça m’a permis de faire beaucoup de PHOTO: PRODUCTION Christophe Payeur et Mathieu Quesnel dans Ludi magni. Ayant déjà écrit dans un collectif d’auteurs, c’est toutefois la première fois que Benoît DrouinGermain s’est lancé seul dans une aventure de création d’une pièce de théâtre. C’est une production du Nouveau Théâtre Expérimental (NTE). Les directeurs artistiques du NTE, Alexis Martin et Daniel Brière, qui cosigne la mise en scène avec lui, l’ont épaulé dans ce nouveau projet interactif. La pièce a d’ailleurs un site web (ludimagni.ca). Sur ce site, on peut voir le profil des quatre acteurs, et les gens peuvent voter ou écrire un commentaire au joueur de leur choix pour lui accorder des points. Comme dans tout bon concours de téléréalité, le candidat qui aura obtenu le plus de votes sur internet sera sacré grand champion du NTE lors de la dernière représentation, soit le 9 mai, et jouera dans une prochaine production de la compagnie au cours de la saison 2016-2017. UN NOUVEAU RÔLE Depuis février dernier, l’artiste et sa conjointe, la comédienne Elizabeth Duperré (Mémoires vives), sont les parents de la petite Joséphine. Un nouveau rôle en or pour le comédien qui reprendra en mai les tournages de L’appart du 5e. Et étant donné que Laurent, le personnage qu’il incarne dans O’, est en prison, Benoît ne savait pas encore s’il allait reprendre les tournages ce printemps. Par ailleurs, il sera au théâtre cet automne dans la pièce Tribus, qui sera notamment présentée du 20 au 31 octobre au Théâtre Périscope, à Québec. MARIE-CLAUDE DOYLE