" - r -:• "';, N •S- ; - JO // UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS, OU PIÈCE HISTORIQUE EN TROIS ACTES ET EN PROSE. PARIS, IMPRIMERIE DE COSSON, rue Sain t-Gerniain-des-Prés, n« 9. , , UM RÉVOLUTION d AUTnxrois IcES &Q9I«MHlg <£lï!ÊE riÈCE HISTORIQUE Elf EUX TROIS ACTES ET EN PROSE ; Par MM. Yiux PYAT et THÉO. Représentée sur le théâtre royal de l'Odéou le i." mars i83a. OOi 1 PARIS PAULIN, LIBRAIRE-ÉDITEUR, IXACI VU LA liitl RM i83 2 . , N° II. . 1 1 • m tifca fa c S £ . Vdtl'^> Il . I PRÉFACE. » Avons-nous mal fait de déserter lé et le drame moderne pour reprendre tels que nous l'histoire les cette naturalisation française donne, moyen âge les Romains et leur ôter que leur avaient oc- troyée Racine, et depuis Racine tous ses audacieux imitateurs? Notre tentative fut justifiée par le succès. Ainsi la question est résolue dans ces mines première fouille l'antiquité ne sera point Quand tous les la ; et notre fécondes de si dernière. journaux ont encouragé de leurs éloges cet essai consciencieux et hardi , il ap- partenait au plus fort des feuilletons ministériels de nous reprocher le le scandale de l'iinmora-lité et scandale de l'allusion politique feuilleton, : mais dans ce par une double inconséquence, on emploie des mots qui feraient rougir chambre d'une actrice ; et les femme de on ne loue qu'une scène de tout l'ouvrage, précisément tient ces la la scène qui con- prétendues allusions politiques. M. Chas- jure que nous avons fait un crime, une dé- buuche, une priapée... Nous reculons devant les PREFACE, VJ expressions que La pudeur blessée du tées. du chasteté la critique lui a dic- journaliste lui a inspiré des locutions qui sentent plus mauvais encore que verve de collège la V esprit des cafés et Aussi M. Chasles s'appelle Ami de larèle veut dire: comme celui-là, voltes, à tous les il vertu; avec que nous si lui faisons en adresse indécemment et phi- un nom s'attendre à toutes les réindi- M. Chasles à cruellement sa moralité, et ce d'excuse est d'exemple, afin vite à ses lecteurs pour les avoir avertis de notre libertinage en trois actes et en prose. Car le journaliste les : débordemens d'une honnête d'avoir chatouillé si PHILARÈTE Nous demandons pardon gnation. qu'il fallait la (1). , en couvrant auteurs d'impureté, a remué des ordures vives; comme Jocrisse qui tout se jette dans l'eau, par la pluie, de peur de se mouiller. Nous concevons peu M. Chasles trouvant bon au même théâtre, à la même qu'un neveu de ministre fasse du vieux Expressions de (2) On , représentation, cour à la femme Banville (a), et très-mauvais qife Caligula (i) pièce la très- M . Chastes. jouait, le soir de la première représentation de notre YÉcole des Vieillards, de M. Delavigne* PREFACE, lasso cour la à la femme- VÎ] vieux consul. Mais ce d'iiii que nous ne comprenons plus du tout, nous refusons de comprendre, c'est que et ce je lacharnemeut bi/.arredu critique qui nous reproche bientôt après de n'être pas assez immoral, d'avoir caché dités de l'histoire, de n'avoir pas montré Caligula au milieu de ses incestes avec de ses amours avec les qu'il ne bonnes pages de ce mauvais pourquoi donc M. Chasles est- il de voir Caligula, avec choqué de ne pas si M. Chasles une le la le femme livre. pas : il Mais mécontent si d'un autre, et voir avec les hommes? insiste tellement là-dessus qu'il faute d'histoire Caligula s 'agissait de Caligula, et que nous avons la vie entière choisi les ses soeurs, et surtout hommes. Nous répondrons d'abord de nu- les en fait donne pour concubine à jeune Sporus qui fut l'impératrice de Néron. Se peut-il que M. Chasles ait toire ? une faute Nous en avons douté long-temps nous sommes fin fait déliés de M. Chasles en a nous avouer la fait une seconde fondément versé dans toutes , , nous nous long-temps, mais en- première. Lui sées et présentes d'his- ; il a bien fallu savant et si pro- les littératures pas- si M. Chasles qui connaît Homère Viij PliEFA.CE. etShakspeare, qui faits ; les connaît comme s'il les avait M. Chasles qui a lu Tabarin, qui a un prénom grec, qui est lauréat philologue, qui a gagné un prix d'éloquence écrite à la Revue de Paris, qui eût été fils naturel reconnu de avait produit; logique et toire Ce dans si M. Chasles, exact, a fait trois La Harpe si , La Harpe peu poète, si chrono- si deux grosses fautes d'his- colonnes de feuilleton. n'est pas lui qu'il faut en blâmer , dit-on , mais bien un de nos amis, son confrère et son modèle qui , dans un , article élogieux pour nous avait mis Thraséas, celui qui conspira contre Néron, à la place les , de Chéréas qui tua Caligula. M. Chas- joignant à une immense érudition une im- mense modestie , 'étudie toujours certains articles d'un petit journal avant de articles h commencer du Journal des Débats calquer les erreurs de , les grands et s'expose ainsi Nous avons l'original. pourtant peine à tenir compte de ces médisances littéraires; nous aimons mieux avoir savoir extraordinaire de M. Chasles; cité d'auteurs, tant connus ; blement il il a tant il foi dans nous a tant exhumé de noms connus et vu , tant lu , tant su, le in- que proba- aura découvert quelque manuscrit nou- veau pour tout le inonde , quelque autorité bien HUFACF. ix vente et bien irrécusable, établissant clairement et indubitablement que Néron vivait avant Caligula, < li< ( ; Nous nous iras après Traséas. avec les lumières du maître; voulons < S'il - in éclairerons qu'il parle nous , ! résulte de tout ceci mt que nous, il que M. Chastes soit plus faut cpnvenir quiil résulte en- core que M. Chasles est plus immoral que nous, puisqu'il ne se contente pas de l'adultère, et qu'il veut l'inceste et pis encore. Maintenant que nous sommes lavés du reproche d'immoralité arrivons , au scandale plus grave encore des allusions po- litiques. Ici le parterre <»t moment est jeune et si si venu .de rendre justice à ce impressionnable de l'Odéon, de répondre aux injures officielles que lui a pro- diguées le feuilleton des Débats. Auteurs et spectateurs ont eu leur part d'insultes dans cette indi- gnation par ordre. celui qui pérament fait Nous répondrons d'abord nous accuse d'avoir spéculé sur et le patriotisme comme de la jeunesse ces peintres qui exposent des le , tem- d'avoir femmes nues aux sens des hommes, d'avoir caressé idées républicaines et visé à la popularité, répondrons : à les nous X PUÉFACK. . Que dans tout l'ouvrage, d'un bout à l'autre, moqué le peuple est le personnage Que la , , 'cfu'il est le jouet, le niais et ridicule scène qui a politique exquise de ville ^ commence par par de^propps de si du drame bouffon, ; fort blessé la susceptibilité M. Chasles les cris : de et des sergens A bas la république, soldajts privilégiés contre la ré- publique; et que ces cris dbas la république, que , ces propos plus de la Rome, ont vieille murmure, sans tés, ou moins vrais contre la liberté été paisiblement écou- sans un seul par sifflet, toute cette tempétueuse jeunesse en bonnets rou- ges , en chapeaux rouges. Oui, ce parterre, missant et républicain, a eu les sympathies si sensibles et la peau moins tendre que de l'intolérante police insultant ont vu dans le fré- moins agens roi avec leurs et les interprétations de comme un réquisitoire; ils stupides interprétations police ont été savantes le les si : consul Asinius le plus habile de nos avocats, dans les prétoriens la garde royale; Charles X, dans Caligula; dans la conspiration de Ché- réas, la protestation des journalistes; enfin le roi des Français , dans Claude l'empereur malgré C'était bien la peine lui. de remonter à dix huit cents ans de date, Caligula étant empereur, entende/.- PA! I A< I. XJ vous!... Caligula le fou, le dieu, Caligula qui avait trois femmes légitimes ensemble, ses trois sœurs ; eli bien! voilà ce pauvreCaligula forcé d'être Charles X, puisque Claude lice, remarquez bien, veut absolument que Claude soit Louis-Philippe, et la police le Claude est gros, gras, est po- est le roi des Français: car la et bète : veut parce que avouez que la police absurde encore plus qu'intolérante, et que ce n'est pas notre pièce qui devrait être destituée. Si l'histoire est-ce la faute toire, ni du présent ressemble à celle du passé, de ceux qui n'ont point chargé menti à cette religion dégagéede tous d'artiste si pure , les intérêts matériels? Vous dans quelques pages d'ici l'hissî verrez avec quelle intention d'exactitude historique et d'impartiale philosophie nous avons peint les mœurs des vieux Romains. Malheur aux Français qui leur ressemblent ou qui se trouvent ressemblans! pourtant le retombé sur nous pauvres auteurs. par ordre, défense dé jpuer Il mal en est y a relâche la pièce, attentat à la propriété,àl'art,sansdiscussion,sans avertissement, avec une brutalité d'arbitraire qui mais elle ne tuait comment est venu la censure, car elle mutilait, Il reste à expliquer ferait regretter pas. l'ordre de relâche. Le directeur du théâtre, effrayé du Fl',tF\Ch. xij d'applaudissemens qu'avaient tonnerre soulevé passages à la première représentation certains , aux représenta- ne voulut point les laisser dire tions suivantes; chercha d'abord à nous prendre par il terreur, et dit à l'un la La : police sait votre nom, avec l'orthographe; Pyat avec un Y, entendez-vous A 1 Vous vous cachez en l'autre: sous une moitié de prénom, reste : voyant que , police connaît le a découvert que vous êtes professeur elle Puis la vain ! signalement ne nous ce épouvantait pas et que nous refusions obstiné- ment toute correction lui-même, de la de la donna et la fit les une coupures seconde représentation pièce ainsi corrigée. Mais le public s'aperçut fraude : il redemanda à grands De sages supprimés. de directeur, malgré le par nous, signée protestation , et la ville - sergens trouble, les le pas garde municipale. Le rideau baissa de ayant la fin À troisième la là cris les pièce, et la la salle représentation point ouverte, et la , la fut évacuée. salle ne fut bande de relâche fut posée sur l'affiche. Si donc vrage, eût le fini, le -directeur n'avait point censuré l'ou- public'n'aurait rien comme la veille, redemandé ; la pièce sans désordre et san* PRÉFAC*. XII J de paix. Le directeur officiers est donc cause et cause intentionnée de cette fatale interdiction. Ne serait-il pas urgent que les législateurs s'oc- cupassent enfin d'une loi sur les théâtres? car les intérêts des auteurs sont sans cesse vis-à-vis tière. d'un pouvoir qui est absolu en cette En Contre effet le directeur de théâtre?... mais préfet de police? mais il police... du plus fort *ên attendant que forte. la est de il va se Contre se sauve par le d'état et par l'élasticité d'un article raison ma- contre qui donc intenter l'action? mettre à l'ombre du préfet de La compromis la le conseil Charte. toujours la meilleure, meilleure raison soit la plus UNE REVOLUTION D AUTREFOIS. ^ Acteurs. Personnages. C ALIGUL A r tribun , fc du Lokroi. Provost. consul. , Delaistre Arsène. prétoire. tribun. ASINIUS POLLIO Un MM. empereur, , CHÉRÉAS i* LUCULLUS, 2 centurion des gardes prétoriennes. Auguste. Premier soldat du prétoire. Yissot. Deuxième soldat. Tournan. FABTUS CASSIUS .Valkin. . délateur. CIMBER chevalier COLLATINUS, , romain ( Conjurés. VINICIUS, ASPRÉNAS, CLAUDE, oncle Moessard. de César. Premier esclave. Deuxième esclave. Premier accusé. Deuxième accusé. Un édile. QUINTILIA , comédienne , amante de M mes Lagardaire. Lucullus. PRAXINOE, femme GORGO , 'du consul Asiuius. Conjurés, esclaves, soldats prétoriens , sénateurs, chevaliers,' peuple. La scène est à Mélanie. Aube. vivandière des Prétoriens. Rome. UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS, OU HÊCK msttiRlQttE EN TROIS ACTES Et EN PROSE. i ••: • ACTE PREMIER. Intérieur d'.uu appartement à Mouvement parmi Rome les esclaves SCÈNE QUINTILIA et PRAXINOÉ , sur (maison du consul). — au fond du théâtre. I. le devant de la scène, s'oc- cupent à broder. PRAXIHOÉ\ Par Junon ! ma que la fête d'hier était pompe! quel éclat! quelle belle merveilleuse! quelle , variété! J'en suis encore éblouie, fatiguée. Caïus est un grand empereur rais sortir de ! J'ai la foule; les cru que je ne pour- chevaux, les gardes, le i RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. UJNTE comme peuple poussaient vers était dans le cirque des béliers, tout l'uni- ! QUWTILIÀ. Tu en parles à ton aise toi , , femme de consul marcher devant toi les faisceaux qui de qui ta loge domines le théâtre, toi pour qui les gladiafais , teurs ont du sang , les acteurs des poumons , les danseurs du jarret. Mais moi, pauvre comédienne, que je t'amuse que je te fasse rire ou un rude métier et je suis lasse même d'être applaudie. Heureuse Praxinoé tu ne connais plus ces ennuis. Tu as laissé tes couronnes d'emprunt tes passions de commande et ta ceinture dorée, soit dit entre nous, pour devenir noble matrone pour prendre rang parmi nos grandes dames à privilèges, abonne renommée toute faite. il faut aussi , pleurer. C'est , ! , , Par Vénus! notre patrone, tu as ensorcelé ce vénérable Asinius ! le voilà ton époux ! PRAXINOÉ. Et c'est bien ce qui maladroite , j'ai aux pieds mes l'or Rome tous rôles si , entière celui , , ses , par pour prendre j'ai foulé si bien payés par les hurlemens de le de femme légitime; Qu'avais -je besoyn d'Asinius nom, honte: ambitieuse, du jour où beaux par l'enthousiasme , ma fait tout perdu plus insipide de de qui encore ? avec son grand et , milliers d'esclaves blancs , noirs, eu i- ACTE vrés jeunes, forts , famille d'autrefois d* Auguste ! , le triomphe de tous la que suis plus rende les applaudissemens les regards de l'empereur! Je l'actrice d'un seul; et quel specta- ne pas vivre chœurs, , machinale d'un l'existence un peuple! . Quintilia , des c'est à désirer l'obscurité mime du bas étage , d'une danseuse aux jambes torses moi , l'amour des hommes, teur! quel juge pour remplacer tout C'est à sa , bonnes fortunes du temps les jours , haine des femmes, ne 3 1. ses jardins magnifiques , ses me Qu'il SCfcNR I, ! Crois- ne demande rien aux dieux ! quihtilia. Continue, chère amie, continue; quel feu! quelle éloquence tragédie. fais Asimus ! tu parles n'est comme une philosophe romain , de pas ton héros, et tu nous le bien noir, ce cher consul; je t'assure, avec son tirade il est pourtant bien costume révère , sa barbe de sa toge à larges plis et son nez tout ! PRAXIWOÉ. Méchante , c'est ainsi que tù me consoles ! QUINTILIA. Ah! tu veux être consolée! que ne plus tôt! Écoute, et ne te plains plus : le disais-tu ton chagrin à toi est dans le dégoût d'une vie froidement monotone; leprésent avec ses formes régulières, avec ses allures domestiques , toujours les mêmes , te UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 4 ramène maussade et mécontente vers aux distractions brillantes au flux et le passions ; ma , de reflux , monde ainsi va le passé belle : lis une bon maître. épître d'Horace, notre • PRAXINOÉ. Où raliste veux-tu en venir avec ta morale Horace et ton mo- ? QUINTILIA. mon Patience, tour va venir, et tu ne m'épar- gneras pas, Praxinoé j'aime. : PRAXINOÉ Grand malheur! tu n'es pas aimée ( souriant). donc C'est première la fois? ou ? QUINTILIA. Il m'aime, mais rjas comme je le voudrais. PRAXINOÉ. Et quel est le Scythe , le Parthe, le Barbare? QUINTILIA. Lucullus ! PRAXINOK. Ah! permets que Lucullns ! cette boîte je rie! toi , passionnée pour aux parfums, cet homme si malheureux de n'être pas femme! Ma voirLocuste l'empoisonneuse; on t'a jetéun toute belle, va charme! Mais quelle tristesse, Quintilia! quel changement ACTK de ton me veux-tu 5 I. ou plutôt, en dirais-tu vrai? ! SCÈNE I i tète-a-tète, comme tragédienne? vaincre encore QUINTILIA. Mon cœur seul te parité , l'raxinoé. Je souffre de ne pas trouver dans Lucullus plus d amour, plus Il ne m'aime que parce que je suis co- de jalousie. médienne faut Il que le public lui dise est belle! Quintilia a bien joue. premier de Demain , la : Quintilia placé le s'est foule et m'applaudit de plus près peut-être m'aura festin Il fait une chanteuse nouvelle , , ! un oublier. PRAXINOlL Hé bien, après lui un autre: tu auras le choix. QUINTILIA. Ce temps n'est plus , Praxinoé, j'aime. Plus de joie, plus lus! Ah! s'il me je te l'ai dit de bonheur sans Lucul- disait aussi : Quitte le théâtre et ses bru van s succès, foule aux pieds tes vêtemens de courtisane, renonce à ces baisers que tout un peuple te donne de loin en battant des mains, sois à moi , à moi seul ! que je serais heureuse! PRAXINOE. Tu es folle, Quintilia. QUINTILIA. Ah ! oui, bien folle ! maisqu y faire? Je tremble UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. 6 de ce qu'un autre appellerait de tous ses vœux. Apprends que Gaïus un de je le fou a laissé tomber sur moi ces regards qui disent: Je te veux. Mais moi, ne prétends être ni la Danaé notre Jupiter, non pas que fasse trop tôt déesse mieux que nos de Ginna , ; filles je , ni la Sémélé de craigne qu'il vaux Lucullus saura si des Torquatus d'Auguste , je qui se pressent autour du trône concourent pour la me , et couche impériale. praxino^. N'allons pas plus loin, Quintilia vons nous entendre : , nous ne pou- je suis patricienne, et comme moins de scrupule que toi; je ne prévois pas les malheurs ou les félicités de si loin. Notre ambition n'est pas la même, et nous ne sommes contentes ni l'une ni l'autre. Hé bien! telle , sans doute me tu quittes j'ai ? QUINTILIA. Il le toi , je faut : l'heure des jeux m'appelle; et , comme ne puis arriver tard. PRAXINO^. César l'aime, et elle n'est pas heureuse! ACTE SCENE !. 7 SCENE II. • ASIN1US, ï, consul; PRAXINOÉ, uclavm. ASINIUS. meurs de faim Rien n'est prêt encore, et les jeux vont recommencer. Qu'on se hâte Il y va de ma dignité de consul de la faveur ou de la haine Je ! ! , bon visage, rire à propos, comme un germain de la garde il faut avoir l'estomac lesté c'est un fardeau pesant que le consulat sous le successeur de de Gains! Pour faire applaudir à tout rompre , : , Tibère! et les faut préparer les fêtes, nourrir les bêtes Il hommes , surveiller la joie et lui besoin chanter un gladiateur. Il faut soi-même mouvement au et parfois s'oublier donner hymne , le , , et qui pis est une santé de fer. , faire le Le gros Marius n'y aurait pas résisté. Bonjour, Praxinoé, moitié de ma vie, ma Cléo- pâtre; tu oublies donc que ton petit Antoine meurt Que donc mes esclaves? comme on paie un questeur Cette carpe du Rhin que Lucullus m'a envoyée, ces grives de Sicile que m'a données l'emde soif de faim! et font Payez donc un cuisinier ! , pereur , qu'en a-t-on fait ? PRAXINOE. Patience , noble consul d» ordres , tu vas être servi 111) Dieu. (On dresse la table. Asinius cl Praxinoé prennent place sur ( Elle donne aux esclaves. comme ) le même lit. ) UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 8 ASINIUS ( mangeant avec je respire ! je puis parler • Enfin c'est si , : ). ne je sais si un pressentiment que m'envoie Vulcain ce pâté était trop lourd ma vie d'hier, récapitule Caïus avidité , mais je suis inquiet , et je crains d'avoir notre bon maître. Je ma Tu tunique. , je déplu à pourtant à gorge riais déployée devant son acteur Mnester. mouiller ou , m'as vu rire J'ai ri ; à en on ne dira pas que je grimaçais, que je me faisais chatouiller ; quand a paru ton amie tragédienne Quintilia , la aux paroles sombres et aux regards de Melpomène, pleuré comme une amphore fêlée ; au j'ai pleuré chant du jeune Grec Arusbos j'ai marqué la , , mesure. PItAXINOÉ. Oui , mais à faux. ASINIUS. A faux dis-tu ! ? Je suis perdu. Mais ma douce plaisantes , spectacle. Il âme. J'étais a fallu m'apprendre que non , tu tout entier au le philosophe Agathocle, au sortir d'un souper, était mort étouffé que des femmes enceintes n'avaient pas attendu laide de Lucine le ciel serait descendu dans la salle; : sur terre , je ne l'aurais pas vu. (On entend heurter violemment. ) ASIBUUS Grand Jupiter prends , (MJkvaat). piti? de moi ; c'est l'em- ACTE pereur! Que me veut-il gloire ( 9 Praxinoé ? 1 retire-toi; tu dieu de l'Olympe dans toute sa le ! Mecontrnirtnrnt de Praxinoé, qoi te apercevoir Cèaar. retire ei fait tous sea effort» CÉSAR, tir. Quai-je donc fait Minant ( est . aux dieux pour recevoir un grand honneur, César ? A Il PRAXINOÉ. les mêmes, excepté ASIN1US Oma.) pour ) SCENE Si III de voir de près Caïus. Mieux es bien curieuse faudrait voir SCKNK I, part, remarquant la entré du pied gauche, c'est froideurda fait de moi. CAÏDS Tu regardant la table . n'étais pas seid, Asinius? Qu'est convive devenu ton ? ASINIUS. César, il a craint de ne pouvoir contempler dans son éclat divin le soleil du monde ! CAÏUS. Et toi, tu le peux donc?... Asinius, nous avons des comptes à régler ensemble. ASINIUS. Divin Auguste ! caius. Tu es un jeune marié ï tu aimes ta femme. UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. io AS1NIOS. Si tu le permets , Caïus... CAÏUS. Permis à toi d'épouser petite-nièce de Cinna, cœur t'en dit; la fille de Pompée même une Lucrèce mais une comédienne, une qui est au peuple , nos , si la le femme nous, nous l'enDrusilemasœur, que je plaisirs, à lever! c'estune audace, par ne pardonnerai pas... C'est un rapt, une séduction; mieux aurait valu pour toi descendre dans le temple de Vesta une vierge est bientôt remplacée mais une comédienne Fais venir Praxinoé. , ; SCÈNE IV. t Les mêmes , PRAXINOÉ regardant César avec amour. CAÏUS. Consul , et toi, sa femme, je vous invite à ner. ASIIUUS (à part). Par mes aïeux , c'est agir en maître. CAÏUS. Que dis-tu ? AS1NIUS. Je dis que c'est trop de bonheur à la fois. dî- ACTE CAÏDS ( m SCÈNE I, renversant sur n IV. U lit d* Asinius). A ma droite, belle Alcmène. ASINIUS (s'aieêyaut sur an fauteuil)- Cela s'explique, je suis Amphitryon. caïus Moi et le . peuple, ingrate, nous vous remercions! Votre adieu est une cruelle injure, être fier de la et Asinius doit préférence qu'il a obtenue. Vous si belle! [(Asinius croit devoir rire.) CAÏUS Vous si (continuent ). «admirable , rompre avec nous ? Et pour qui? ASINIUS Exquise plaisanterie (redoublent). ! CAÏUS. • Saturne aurait mieux valu, ma pas la foi. Asinius n'aura peine de dévorer ses enfaus, à moins qu'un autre... ( # Il ne Asinius se tient le* côtes. s'agit pas de rire — Regard sévère de Caius. asinius Je Comprends, (n se ) ! ( * p»r» y met à dormir. ) CAÏUS. Bien tu ! le vois, nous ne sommes plus que deux, USE REVOLUTION D'AUTREFOIS. la belle Praxinoé, je tremble pas ainsi ; puis te parler d'amour. yeux qui auraient amolli Caton. Incline que d'un mot je Ne tourne vers moi ces grands cette tète pourrais faire tomber. PRAX NOÉ( effrayée). Je comprends ta puissance, ne la fais pas ter- rible. CAÏUS. Oh ! ma belle Praxinoé exemples dans la porte de Vulcain, et doit faire Quelle j'ai de trop bons Mars laissait ses armes à nous n'ignorons pas ce que , la famille. un dieu qui sait vivre. parure! quelle mesquine toilette! triste Ote cette bague nuptiale mienne. Jette et reçois la sur ces blanches épaules ce collier qui vaut une province. Veux-tu l'Arabie veux-tu l'Asie et dans tes cheveux? ses pierres précieuses ? Tiens bois cette perle. ( Il arrache un de lors Praxinoé se esclave s'avance En ce moment s?s pcndans d'oreille rapproche de Caïus Asinius lui prend Je ne dors pas •• ( le jette dans main pour dans un vase. — set bras lorsqu'un se saisir du vase. ) à l'esclave). pour tout ASIN10S la main. la ASJNJUS Carnix! à ; furtivement et avance , elle est le monde..... ftont haut;. toi l'esclave ! (a r*çw ) Esclave, va- AC.TK paieras pour % ( IV. x\ cinquante coups de fouet. (Apin.) t'en recevoir Tu SCÈRR 1, é*r ( L'esclave tort loat tremhlunt. L'ESCLAVE ( — Asinius m remet dan* la coulisse à dormir. ) ). Heu! ha! ( Asinios ronfle. — (aligula embrasse bruyamment Praxinoé. CAÏUS Tu dors trop haut. (A ( ) à Asinios.) Praxinoé L'heureiuttétt-à-tëte! ) mais nous passerons toute jouruée ensemble, là Praxinoé: tu viendras avec moi aux jeux publics; dans ma loge à ma cendantes veux que toutes les da- droite, je mes romaines envient ta place, je veux que les des- même de Lucrèce soient jalouses de toi... L'heure approche, le sénat et le prétoire viendront nous chercher.... mais, en les attendant, allons ensemble dire adieu à ces pénates trop pauvres pour toi, visitons ensemble ces modestes jardins que tu ne dois plus revoir ( Il se lève de lable. — A Asinios. ) Asinius, Asinius, réveille-toi; tu dormiras Seill Cette nuit. ( Asinius se réveille. Rt ait d'armes dans m ) le vestibule, ) mieux UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. i4 SCÈNE Les précédens , CHERE AS V. comme chauve comme voûté l'empereur et lui. CAÏDS. Voilà Chéréas le tribun et ses prétoriens. # CHÉRÉAS . («'inclinant Caïus, dans, une heure je viens prendre le mot les ). jeux commencent.... d'ordre du soir CAÏUS. Tu as plutôt l'air d'une danseuse qui demande un applaudissement, que d'un tribun qui demande un mot d'ordre. Comme te voilà costumé quelle ! bon que coquetterie! Praxinoé sent moins Chéréas ta , tunique est extravagante de cette couronne comme est fraîche les toi... plis joues d'une vierge de dix ans. Approche, tiens, quatre jours de fête veux que Ion nom retiens bien le , il mot passe de bouche en Xepea; cuvouxo; Eh donc CHÉRÉAS. Le mot est dur ( , pour donner d'ordre est facile à César. César sort avec Praxinoé. ) les Je bouche...*. bien, répète ACTE I, SCÈNE SCÈNE VI. ,5 VI. • ASINIUS CHÊRÊ AS , LUCULLUS un CEirruaioN, PatTo, , CLAUDE, SéifATicas, VALÉRIUS ASCATICUS DECIMUS VESPASIEN dans le fond de la aixits, I I M , i; 1 1 , , scène. • CHERRAS. . Centurion, voici mot d'ordre le : e x. P ea* ewovxoç. LE CENTURION. • Je ne comprends pas ( le grec. Les prétoriens se retirent dans le vestibule. ) CHÉRÉAS. La honte est le mot d'ordre LUCULLUS Il ( '.aï riant). ne peut venir à bout d'être chauve us lus, ( ici. . comme Hier j'avais pour mot d'ordre moi , Lucul- un tonneau de , Falerne. CLAUDE. Et moi, son #oncle Claude, un plat de champignons. che'rë'as. Quelfe dégradation traite! ! avec quel mépris on nous UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. i6 LUCULLUS. Prends garde au crime de lèse-majesté. ASINIUS. Je ne sais quel dormir toute mot d'ordre il m'a donné, moi la nuit. LUCULLUS. De quoi te plains-tu? irt'a fait faire un bon dî- ner, et puis, que de gloire pour toi !.... tu donnes une femme à l'empereur; moi j'ai bien eu le plaisir de lui donner mon cheval lncitatus ( mon cheval chez qui nous soupons ce*soir, Chéréas): à la vérité, il est plus heureux qu'avec moi. César en a fait un consul, ton collègue, Asinius! Je ne connais pas les jambes de ta femme Praxinoé, mais les mon jambes de cheval n'ont pas leurs pareilles. Aussi, pourquoi t'avises-tu 3e te marier, de pren- dre une femme bien légitime? Il moi avec la comédienne fallait faire comme Moi je suis Quintilia.... l'empereur n'aime point ce qui est dès lors qu'il a vu Praxinoé à toi seul il tranquille permis , , est intervenu. < • CHEKEÀS. Ainsi, nous sommes touscontens. LUCULLUS. Chéréas, j'ai découvert deux flatteries admira- ACTE SCÈNE I, \l i7 deux pommades prodigieuses, une pour faire tomber les cheveux, et l'autre pour faire nous serons plus chauves et pousser la barbe plus barbus que César... blés, : CI!KRÉ*AS (hautement. Ainsi, je le répète tous , , nous sommes tous contens à cause d'un seul. ASINIUS (cfCr»jé). Mais l'insensé , que dit-il ? Il veut tous nous per- dre! CHÉRÉAS (vivement). Je veux tous vous sauver! LCCDLLUS. Par Est-ce les enfers! la donc la • conversation tourne au noir! répétition d'une pièce nouvelle, (Tune conjuration de théâtre pour amuser César? Où sont les manteaux et les poignards et les mas- ques sombres? Je ne vois que des fronts chauves couronnés de fleurs. CHÉRÉAS (ironiquement). Que dis-tu, Lucullus ? Rien n'est changé à Rome. N'y trouve-t-on pas encore l'austérité antique, et jamais Catbn la fut-il du costume plus sévère par toge que Claude et Asinius? voyez! Asinius ognt costume lei seul* est qui portent une la toge antique.) fidèle copie du (Cia.»de*>t Tout passé. leur Caton UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 18 reviendrait des enfers qu'il vous saluerait de connaissances vieilles comme ne dirait-on pas que : vous êtes de ceux qui tuèrent Magnus César au sénat! CLAUDE. Chéréas ne plaisante pas ! ch^réas. Non, non, je ne plaisante pas! Et sans être drapé vous serrer mystérieusement la à l'antique, sans main, sans hérisser comme le sourcil Brutus, je vous dire des paroles de sang... (Mouvement vais d'effroi dans les d'une sénateurs.) Il s'agit fête, d'une fête sans regrets, sans remords, sans détourner les yeux. Car jl dut en coûter à Brutus de frapper César du jour qu'il médita ce projet , pour lui et pour : les siens comme je suis tranquille et jourd'hui le commençait un grand deuil il n'y a pas joyeux même tyran, mais de la honte à : ; c'est voyez qu'au- de gloire à frapper le laisser vivre. C'est une bête féroce de plus qui doit tomber dans cirque aujourd'hui , et je me fais le gladiateur. LWCULLUS. Bien dit, Chéréas! sang tache les la tirade est belle. Mais le tuniques blanches ! CHEREAS. ton aise, Lucullus, bats des mains, mais écoute jusqu'au bout. Le dénouaient est plus beau que ACTE l'exposition | I, SCKNB M 19 tcène doit se passer dans la de l'empereur; et tons les acteurs sont le palais (Mou. ici! vwtoenf. A 81 NI US. Si (fest une plaisanterie, elle se prolonge trop! CHKRÉA.S. Sois patient, consul, patient avec nous comme avec Caïus ton divin empereur. Je veux être entendu. Je le sais , que deux hommes parlent ensemble mystérieusement dans quelque coin de Rome, Caius Aussi il dans se trouve être confidence. la n'y a plus de conspiration possible qu'à haute voix et en nombreuse compagnie. La délation est je vous que une arme contre jette mon l'exécution , je dire à César: On du jour où ne demandant la délation, et mûri et vous fais mes complices projet : allez ne t'aime plus, tu es maudit, on prépare ton apothéose ; rapportez mes paroles de haine à ses oreilles le poids , et du crime de maintenant, je vous aussi vous êtes sous lèse -majesté. fais l'appel Répondez qui de vous n'a pas : quelque injure à venger? Je commence par toi, Lucullus. Veux-tu être des nôtres? LUCtJt!.CS. Moi? Tu t'adresses bien! ce qu'on appelle tyrannie? au temps. J'ai En quoi me touche mes mœurs J'ai fait des jardins délicieux , la meilleure UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. io ne table après celle de l'empereur, et je ma envieux; douce, au sénat chaise curule suis pas est assez et puis enfin je m'appelle Lucullus, je sais trop ce que je dois à mon nom,k mes aïeux. J'ac- cepte la république telle qu'elle est , et Caïus à tout prendre m'amuserait assez peur. Ah! si comme Cimber, Gollatinus, noms comme Vous êtes les pour naissance. parfois je n'avais vous je m'appelais Cassius je , ne dormirais pas avec des vôtres la si Il ! faut conspirer, vous ! tyrannie de vrais poignards de L CHÉREAS. Bien parlé, Lucullus. A toi , Claude. Je suis tout tremblant. ASINIUS. Et moi donc chez qui tout se passe! chéhéas. Voyons, noble oncle de l'empereur, ta vie et dis-nous ce qu'a fait pour toi fouille dans l'amour de ton neveu. CLAUDE. Par dire. 11 les mânes me souvient seulement du bain glacé que Caïus m'a fait de Germanicus , je prendre à Lyon dans le n'ai rien à Rhône par ACTE I, SCÈNE accès de belle humeur. J'en m VI. ai froid encore... C'est tout. (I.ucut1tt« ni). CfeiftÉAS. Je ne te demande pas, Asinius as reçu , car cet affront à , quel affront tu Rome c'est un honneur. LUCULLUS. Chéréas, en voici qui ne doivent pas pardonner. Tiens, vois Vespasien , l'édile qui se cache dans une toge toute neuve couverte de boue pendant trois jours il doit la porter. C'est une leçon de propreté que lui donne Caïus. Salut, bala foule , : layeur maladroit de notre belle Chéréas peut compter sur toi. ville de Rome ! Maintenant à un autre. CIMBER. J'arrive C'était lettre lui l'ordre de pour faites pour de Mauritanie, à pied, toujours à pied. le ni bien n'avoir pas César. ri ni , ainsi conçue mal. Joli voyage ! et Ne : cela devant un mauvais baladin y aura deux ans aux ( m'avait donné une Il barbare roi fêtes de Vénus. Plusieurs conspirateurs se présentent. ) , il m UNE RÉVOLUTION ^AUTREFOIS. LUCULLUS" ( Grands dieux cinq à ! toujours riant la fois! ). chacun à son tour et suivant ses droits. PREMIER CONSPIRATEUR. César a fait mon tuer et s'est déclaré fils héritier. C'est assez dire qu'il me veut mon survivre. LUCULLUS. C'est délicieux ! OEUXÏEME CONSPIRATEUR. César a perdu toute fait la semaine au jeu et il m'a sa caution. TROISIÈME CONSPIRATEUR ( le bras droit enTeloppé - ). Quanta moi je ne puis vous servir que de la main gauche la : Caïus a eu la fontaisie de me faire ouvrir veine, ce matin, au bras droit, et cela, a-t-il dit, ?our que je sois moins rouge aujourd'hui ! LUCULLUS. Ingrat! il ne t'a pris qu'une veine sur quatre! Approche donc, n'aie pas honte, mon pauvre ami... Voyez Torquatus au buste si large Caïus lui a fait tourner les jambes parce que, son père était bel ! , homme !... ASINIUS. C'est juste. ACTE L 'nOMMï SCÈNE VU. 1, *3 AUX JAMBES TORSES. Je conspire. CHERÉAS Ah ! trêve de ridicule sez de rieurs dans (* Lucullus). Lucullus, nous avons as- ; Rome : j'accepte ces complices- là. (aux conjuré*). Ainsi | donc demain , dernier jour des fêtes en l'honneur d'Auguste , quand Caius sortira du spectacle dans au palais, la galerie je même qui conduit du cirque vous donne rendez -vous... Je distri- buerai à chacun son emploi pour ce grand drame qui doit clore les jeux les conjurés. A demain LUCULLUS. Si vous jouez bien , j'applaudirai. SCÈNE VIL Les précède* s , CAIUS , PRAXINOÉ (Epouvante parmi les , les Prétoriens. conjuras. J ASIIflUS (*P*rt> L'empereur... Je suis à demi mort UNE RÉVOLUTION D AUTREFOIS. 1 *4 CLA.UDE plus froid J'ai (à part). que dans le Rhône l'empereur. Comme vous voilà tous réunis (Il éclate de rire. ! Rire universel parmi les conjurés. ) . CHRREAS Il rit... ( à part ). Nous sommes perdus (haut). fais-nous part de ta gaîté; rends-nous César, heureux de ton bonheur... sois généreux CESAR. Oh vous ! que d'un je pensais faire massacrer ( ! Les conjurés n'y tiennent plus de CHERE AS Bon! il clin d'œil je puis tous ne ( à part rire. ) ). sait rien. ASIIUUS(àpart). Tir Me ' ramené- »t-il I ma Cfemme? -> LUCULLUS (« Asinius). César ne rend jamais l'argent CAIUS Tu as là une (a Asinius, lui fille emprunte... qu'il montrant sa femme). charmante. ASINIUS. Tu as bien l'âge demande sa main. de la marier... Mon père , je te ACTE SCKNF I. a5 Vil. ASINIUS. Quelle bonté! tu la tiens déjà , César. CAÏDS. Mais il une faut dot... LUCULLUS. L'heureux Asinius ! CA1US. Oui elle que ! je le félicite : même a peut-être une femme adorable cheville du pied mieux c'est la ; Quintilia. LUCULLUS. Grands dieux Quintilia. ! ASINIUS Ne (à Lucullas). t'épouvante pas d'avance, danseuse est à tout le la cheville d'une monde. CAIUS (à Asinius). Heureux père rends grâce à Jupiter rends la bonne Lucine !... Il ne comptait même pas sur un fils de consul..... Il aura un petit-fils (Asinius salue) Tu me paieras un mild'empereur ! ! grâce à lion de sesterces. m ASINIUS Un petit-fils (à de Dieu Caïus, Tirerocnl). ! *6 UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. CAIUS Flatteur L. ( ( a Aàniu». L'empereur )Deux se retire CHERE AS Eh bien, consul, (i Asinius). millions de sesterces, avec sa suite. ) (sortant» à Asini us). hésites- tu encore? ASINIOS. Passe encore pour pour un ma femme d'empereur fils Je conspire sesterces.... ! ! passe encore mais deux millions de ( i*» ooajoré» suivent prétoriens. ) ' FIIC DU PREMIER ACTE. ' les ACTE MU NI» WHWI M ••• » SCÈNE 11, — »»»•• — »,«*—» »«»* ACTE 27 I. II. (PREMIÈRE PARTIE.) Le théâtre représente des couronnes lette , une chambre de comédienne ; des robes, des pots de fard , différais meubles de toi- en désordre. SCENE QUINTILIA sur un , à lit demi échevelée , de repos , àr I. coté de LUCULLUS couché et le regardant avec amour. QUmTILIA. Com ueht veux- tu que LUCULLUS Tiens, comme ( je rae coiffe nonchalamment ? ). ce buste deLaïs. quijîtilia. Quelle réponse! Lucullus, tu ne m'aimes pas. LUCULLUS. Mais femme si je t'aime ( a bâiiu aussi long-temps ),; je n'ai jamais que toi.... ÇUINTILI*. Menteur.... aimé de UNE RÉVOLUTION D AUTREFOIS. Si LUCULLUS. me donner Allons, veux-tu serment... la peine de faire un wt'*a QUINT1L1A. Eh bien comme ! si je te croyais, je quittais le théâtre Praxinoè.... LUCULLUS Quintilia tre, si dans , ( l'interrompant brusquement habille-toi donc comme hier au théâ- de Vénus. le rôle ). Oh ! je t'aime comme ça; tu es jolie à provoquer Jupiter. QUINTILIA. Je comprends, moi sur le théâtre ingrat.... , et toi m aunes tu dans une loge quand je ; regarde de ton côté et quand tout en applaudissant amour n'est : de loin, Heureux le. peuple dit Ljicullus ! Ah ! ton que vanité LUCULLUS. Tu déclames chère amie.... , comme une actrice ou une chrétienne. QUINTILIA Oh! si ( '"' passant la main dans les cheveux )• tu savais combien je dis vrai, moi! tu savais comment je te sacrifierais femme, mon dissemens , si mon orgueil de orgueil de comédienne, nies applau- ma multitude à moi ; comme je don- ACTE seul de tes regards.... 1.IICULLUS Bien! très-bien t entendre.... Fais au *9 II cirque pour être ton esclave, pour lierais tout le un SCÈNE II, ( «ppUudimnl ). mais tu n'as que moi pour ... donc attention que tu n'es pas théâtre.... QUINTILIA. * Cesse de plaisanter! Je suis bien triste, Lucul- lus! LUCULLDS. Par Jupin, jamais Tiens, je t'a le cirque ne t'a vue si belle... mu- tant avec cette tristesse-là, que je vais te confier un grand secret.... SCÈNE Un II. Esclave, les mêmes, l'esclave. L'auteur de Vénus et Adonis, le jeune Sénèque. QUINTILIA. L'importun.... Je n'y suis pas.... ne laisse entrer personne ce matin.... (L'esclave son.) UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 3o SCÈNE III. QUINTILIA,LUCULLTJS. QUINTILIÀ. Ce grand secret.... quelque amour de grande dame, beau Lucullus ?... LUCULLUS. Jalouse, tu te trompes.... Devine donc... QUJNTILIÀ. Non, parle vite.... LUCULLUS. Crains donc d'entendre ce que dire.... vie de Ce grand secret, c'est j'ai craint un complot contre de la César.... QUIKTILIA. Un complot contre la vie de César.... LUCULLUS. Oui, et Chéréas se met à la tête des conjurés... ce soir même.... QUINTILIA.. Le favori Chéréas.... ah! j'espère bien es pas tu n'en du complot; Lucullus, mon Lucullus, tremble pour ta vie malgré que toi.... Ame !... ils je t'auront mêlé là dedans faible.... ne savais-tu pas que ta ACTE H, SCÈNE faime , que tu ne peux pas exposer tes jours..... S'il était temps vie est à moi , que conspirer ?... encore 3t III. je prévenir Caïus, et lui demander d'aller grâce! LUCULLUS ( riant > Allons donc, est-ce que je conspire, que je me donne ne lèverais pas la la moi ? est-ce peine de conspirer, moi?... Je tête de ou pour sauver Caïus mon coussin pour tuer Es-tu folle > Quintilia?... QUIHTILIA. Oui , folle, folle respire.... tu n'as d amour.... Oh! tant mieux, je pas mêlé ta main à leurs mains. LUCULLUS. Moi, je ne ferai que regarder QUINTILIA Ah! je savais bien, brasse-moi ( , (transportée). moi, que tu m'aimais... Em- Lucullus.... Lucullus ne te relève pas. l'embrasse. ! — Quintilia se penche jusqu'à lai , et ) Mais non, tu ne m'aimes pas; tu m'épouserais! LUCULLUS Insensée ! (se relevant vois ce qu'il est Asinius d'épouser Praxinoé. un peu ). advenu à ce vénérable UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 3a QUINTILIA. Tu m'as autre à révélé mon tour un secret, je vais t'en dire un ! lucullus. Vraiment? QUINTILIA (à pouvait entrer dans son cœur! Si la jalousie (Haut.) J'ai eu part). malheur de le plaire à l'empereur... mais ne t'épouvante pas d'avance Praxinoë m'a quiet) quille.... Caius, Mais si (vivement) vois-tu, ou fait , ami ; (d'un ton in- oublier, et je suis tran- cette fantaisie cruelle revenait à oh alors ! faudrait conspirer il , mourir.... SCÈNE IV. Les mêmes, l'Esclave. l'esclave. Un homme veut absolument parler à Quintilia... lucullus. Mais on t'a dit de ne pas faire entrer.... l'esclave. Il a vivement insisté, il LUCULLUS Le se nomme (effrayé). délateur Fabius.... quelle visite ! Fabius.... ACTE II, SCENE SCÈNE Lu mêmes, FABIUS VI. 33 . V. (entrant de force). FABIUS. Au nom de l'empereur, salut.... QointiUa.pato m relevant:) LuCUlluS, ici!... à parler au nom de l'empereur. ( n .'mcUne devant LuClllluS, ( L'eaciave eon j'ai ) LUCULLUS. Adieu, Quintilia! QUIMTILIA.' Pourquoi te retirer? tu n'es pas de trop ici , Lu- cullus... FABIUS C'est au nom ( vivement ). de l'empereur. LUCULLUS. Je me retire.... ( scène n sort. ; vr. QUINTILIA, FABIUS. FABIUS ( ayant pris nn liège devant Quintilia étonnée}. Asseyons-nous.... Maintenant écoute demande d'avance ta protection , Je te car tu seras puis- 3 UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 34 santé; et n'oublie pas cette visite je te fais aujourd'hui.... matinale que Heureuse Quintilia QUINTILIA Il si !... U P»rt;. nie fait peur. FABIUS. Sous quel astre es-tu donc née? i part ) Flattonsia. (i»aut.) Tu es belle autant qu'une vestale, tu es habile dans ton art comme Melpomène. Quelle ( déesse, dis-moi, présida à ta naissance? QUINTILIA. Je comprends à peine. FABIUS. • Allons , prépare tes habits de fête, couronne-toi de fllurs, verse tes parfuns les plus doux sur ta chevelure tu vas débuter au palais, Quintilia; je : t'emmène ce matin même, donc si tu veux; prépare -toi à l'emploi d'impératrice ! ! ! QUINTILIA. Je reste comédienne, je ne veux pas d'autre mé- tier. FABIUS Ah ! je (discrètement:. comprends Lucullus : sort d'ici. QUINTILIA. Je t épargnerai la peine de l'interprétation. Fa- ACTE SGKNC 35 VI. rentrée chez moi , je suis à moi et à celui que veux choisir: jamais ce ne sera Giïus.... bius je II, : FABIUS. Quoi! tu préfères un tribun à l'empereur?... QunrriLiA. Non mais ! chauve î ne il je préfère s'agit une tète jeune à un front pas de couronne ne balance pas entre LucuHus ici: certes je et Caligula... Tu t'at- tendais à une autre réponse, Fabius.... Habile délateur, fais-toi Grec maintenant, fais-toi rhéteur pour porter mon dédain aux pieds de ton bouc couronné ! FABIUS (m Bouc couronné! Je riN DELA PREMIERE n'ai retirant). pas perdu 1»ARTIE ma matinée!... DU DEUXIEME ACTE. UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. 36 ACTE II. (deuxième partie.) Le théâtre représente l'intérieur du SCÈNE palais de l'empereur. I. CALIGULA CHÉRÉAS ASINIUS (un papyrus , , UN ÉDILE , SÉNATEURS, LICTEURS CALIGULA s n r *a Je n'ai point dormi : et ,* GARDES , à la main ESCLAVES. ), * chaise de repos. vous ? ASINIUS. Qu'est-ce qui dort, divin Auguste? quand tu veilles pour le salut de Nous dormir l'empire!... CALIGULA. Eh vu bien ! si cette nuit tes yeux étaient ouverts, où m'as-tu ? Asimus. Divin Auguste, pardon: tu m'avais ordonné de ACTE II SCÈNE , 37 I. D ailleurs n est-ce ^>as téméraire dormir! mes de vouloir pénétrer le aux hom- secret des dieux ? CALIGtfLA (nonchâUiomrtU). Imbécile.... tu pouvais risquer rais ni vu dans mn est les bras de remplacé la un oeil, tu blanche Phébé : m auEndy- !... ASINIUS. Qiravait-il de mieux à faire, divin Auguste? CALÏGULA. On en causera dans l'Olympe, et Jupiter en rira bien. Mais qu'il y prenne garde, le très-haut: aussi ma foudre et mon tonnerre. j'ai CHÉRÉAS. amour, car ton front est encore tout pâle des rayons de ta divine amante, (à part, à Je crois à cet Asmios.) C'est Praxinoé doute qu'avec elle il qu'il s'est prend pour cru dans la lune; sans les cieux.... CAL1GULA. Allons, revenons à la ma condition. Mou règne est bien terre, puisque à présent c'est malheureux, Chéréas jeux, des fêtes, toujours des fêtes dont le cement n'a point ! Des commen- de fin; des combats, quelques sup- plices , des misères de détail Mais aucune de ces grandes calamités qui marquent une époque, de ces fléaux qui promènent le drame sur toute la terre UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 38 qui frappent pectent vit il le les hommes au dieu sur un jour res-r Heureux Auguste ! un amphitéâtre s'écrouler sur n'était que cris et confusion, t<Ju.t les spectateurs. pied de l'autel et le piédestal. Ce harmonie de douleur qui n'a point encore frappé mon oreille. Plus heureux Tibère encore tu peux t'associer la peste pour le bonheur de Rome , et du fond de Caprée tu assistes aux funérailles de l'em! pire. ASINIUS ( humblement ). Divin Auguste la ! n'es-tu donc plus nature et des élémens?... che ne peut-il bouleverser voûtes de l'Olympe CALIGULA Apporte-moi toilette Un la le souffle maître de de ta bou- mer, ébranler les ?... (avec an geste d'impatience). mon miroir, consul; d'empereur. (Asiniui va prendre le faisons notre minoir et le tient Le souvenir de ma nuit est empreint sur visage quelle physionomie blanche et débon- devant Caïu«.) mon ! naire je ressemble à Chéréas.... ! CHERRAS. Tu me flattes , César... c'est m'élever bien haut.. CALIGULA. Non non ! le spéculum.) ! c'est moi qui descends. Dites -moi : (Jeu muet devant suis-je aussi terrible que Tibère au sourcil hérissé ? kCTI U< SCFJ1C II. ASINIUS. Mieux que Tibère, divin Auguste : comme Ju- piter tonnant. Caligula. Alors, mettons-nous à gonverner... ASIÏflUS. Oui, mais arrivé ce f le délateur Fabius n est pas encorr On matin... ne peut donc apurer les comptes... CALIGULA. M Mais il y a un reste d'hier... Àsinius, fais ton de- voir... ( Asinias présente le papyrus a Caïos* et toriennes : deux gardes sortent et fait un signe ramènent nn accusé. SCÈNE Les mêmes , aux gardes pré- ) IL les accusés. CÉSAR (Bsa»tiur»Bpap5hu\ Tu es accusé envers Octave du crime de mon lèse-majesté, aïeul paternel, en Antoine. l'accusé. César , c'est vrai. commis adorant UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 4o CÉSAR. Nous sommes dans notre jour de clémence impériale ( : deux ans de rames Et d'un ! Les gardes emmènent l'accusé , d'autres gardes ramènent un antre accusé.) CÉSAR. Toi, c'est autre chose : tu as adoré Octave, par mon aïeul même peine... conséquent insulté même crime, ( SCÈNE Les mêmes , maternel Antoine L accuse est emmené. : ) III. excepté les accusés. ASIWIUS (à part). Quelle infatigable et expéditive justice! Minos n'aurait pas mieux CÉSAR (pliant le Assez! assez les fait... !... papyrus qu'il rend à Asinius). Quant aux autres, à devons au cirque; il n'a jours. ASINIUS(àpart). Je suis bien inquiet... CHERÉAS. De ta femme ? nous rien depuis deux mort... ACTE SCÈNE II, 4' III. asinius. Oh, non,! de mon colïèguelc cheval. CÉSAR. Retournons aux dieux. Castor et Pollux ont un palaisà part du mien ils sont mes voisins. Édile, : fais continuer mes galeries jusqu'à leur temple. que leur demeure serve de vestibule à ma maison j'aurai des dieux pour portiers ( L'édile s'incline et tort. ) Chéréas veille à ce que les animaux qui Je veux l : , combattent ne mangent pas nous assisterons ce soir à leur repas... Quant à ceux qui ne combattent : point, la pitîînce bien jeûner ordinaire. Mais surtout fais-moi destiné à cet esclave qui a voulu le lion tuer son maître... Son nom... CHÉRÉAS. Androclès... CÉSAR. Ah ! j'oubliais le peuple. bue au peuple m'aime , , et il n'a pas d'amour aujourd'hui. ne puis assister aux jeux ce CHÉRÉAS Que A propos qu'on du blé d'Egypte tant qu'il digè/e sa ration je le reste dit-il? et la ; le distri- peuple encore reçu — Mais j'y pense, soir. (» part). conspiration! (baut.) Caïus, ou- UNE RÉVOLUTION D AUTREFOIS. 4i blies-tu le que théâtre ? la belle Quintilia paraîtra ce soir sur . CAÏDS. pour C'est précisément au cirque elle : je dois la voir passera Le coup est conjurés de plus près ici , même : à part, à Asinios). ( encore manqué ( ! Comment à part, à Cnéréas bien une autre peur, C1ÊSAR Comment ne vais pas je avertir ?... ASINIUS J'ai que nuit au palais... je l'attends. la CIIÉJIÉAS les elle va donc ( ma foi! à Asinios mon ). ). cheval, ton collègue, consul Asinius? J'aime mieux son nom que le tien: Incitatus. ASINIUS. Divin Auguste , il ne lui manque que la parole CÉSAR. C'est ce qui lui donne ASINIUS Grands dieux! s'il la supériorité (à |tf4)l apprenait... sur 'toi. ! ACTE H, SCENfc IV. 4* # SCÈNE Lis mêmes , IV. le délateur FABIUS. CÉSAR. • Te voilà tu es en retard ce matin. Quel air dés- ! appointé! Quelle nouvelle apportes-tu ? ou plutôt tu n'en apportes pas. LE pÊLATEUR. maudis mes Oreilles; lumière des cieûx; j'ai vu , j'ai entendu... Je le voudrais, César.' Je hais la je ASINIUS(iptrt). Je tremble... CHERRAS Sait-il la faite à (* part). conspiration? nous l'avons pourtant découvert. CÉSAR (àf.biai). Parle donc, fais ton métier, pas d'exorde de rhéteur. FABIUS. D'abord, divin Auguste, lncitatus a toussé toute la nuit... son avoine dorée est restée intacte l'auge de marbre... asijuus Nous y voilà... ( à pwt ). dans UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 44 CÉSAR. Par Drusille qu'il aille ma sœur! que au Capitole demander rison... Asinius, toi le sénat tremble, sa prompte gué- son collègue, son collègue ja- loux, tu en es responsable sur ta tête. Mais songe .. Lucullus a-t-il dîné hier chez mon j'y dieval ? CHÉRÉAS. Divin Auguste, avec moi. était y il CÉSAR. Cette maladie est peut-être une vengeance de Lucullus!... • chéri*, a s. Comment «roire?... SABIUS. Peut-être... déplus, En (à paru) bon crime de tout cas^ ce ne serait qu'un crime Ma journée sera bonne, j'ai un lèse-majesté. CHÉRÉAS. Il faut avoir une imagination de délateur pour trouver prise contre Lucullus... Sans doute quel- que bonne conspiration... CÉSAR. Silence, tribuns! chacun son métier... Dis donc, Fabius , as-tu vu doit être Gère de la comédienne Quintilia commencer par où finit ? elle Praxi- ACTE noé : 9CÈNB 11, sans passer par IV. consulat, elle prend rang le d'impératrice tout d'un coup, avec Orestille, avec V. mime et Césonie, avec ma sœur Drusille! FABIUS. Divin Auguste, rester comédienne Quintilia veut la comédienne. Elle main à Fempereùr, le préfère le peuple ro- cirque au palais. césar. Voilà un rival téméraire et bien heureux que ce peuple romain! Ah! s'il n'avait qu'une tête... FABIUS. Peut-être en est-il un encore plus dangereux ? CÉSAR. Lequel donc? FABIUS Ma fortune est procher un faite! homme (à part). (haut) J'ai entendu rap- d'un dieu... Elle a comparé Lucullus à César... Je n'ose... CÉSAR. Texpliqueras-tu? FABIUS. L'impie, infâmes; la sacrilège, elle a elle a raillé ton front sublime... Faut-il dire tout?... CÉSAR. Parle !... prononcé des mots UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. 46 FABIUS. une Elle a fait majestueuse; même le et*, allusion criminelle à ta barbe niant ta divinité, te refusant nom d'homme, elle t'a appelé... bouc couronné! CAÏUS. Misérable! c'était un mot qu'il fallait faire en- tendre et ne pas prononcer. FABIUS. Je ne suis qu'un écho. CÉSAR. Eh bien ! l'écho ne rendra plus de son ! Au cir- que pour demain. FABIUS ( d'une voix suppliante, entraîné par les gardes César, je te fais mon ). héritier. césar. Alors, au cirque pour aujourd'hui! FABIUS. Malédiction ! ( SCÈNE Les mêmes , Les gardes rient. ) V. excepté FABIUS. CÉSAR. Quant à Quintilia, elle restera comédienne je ACTE lui un destine à elle SCtNB 11, rôle VI. 47 nouveau, un rôle qui demandera tout ce quelle a de pleurs dans les yeux, tout ce quelle a de soupirs dans la poitrine tout ce qu'il y a de tragique dans tout son , veux que chacun de ses membres soit un acte de ce drame a elle seule. Je veux qu on corps : je entende crier le fer sur ses os. Croyez-moi, sa gure n'aura pas besoin de masque pour être Tu ne rible. l'aurais jamais trouvée fi- ter- naturelle si dans ses rôles de tragédienne. Le peuple , cet amant jaloux et favorisé en jouira de sa maî, tresse : abandonne je lui aille la saisir et , ses membres. — Qu'on qu'on appelle Lucullus au pré- toire. en ta t as Pauvre Lucullus! pirez donc pas il (•* aimait tant à vivre... Ne cons- ! SCÈNE CESAR VI. LUCULLUS. Les mêmes, Tu P*H). (à Lucullus). connais Quintilia? LUCULLUS (regardant Chéréas qui ne le regarde pas Oui, César. Qui ne la connaît pas, comédienne de Rome? la . première UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 48 CÉSAR. Tu l'aimes?.... LUCULLUS. Oh comme ! tant d'autres. CÉSAR. Tant que tu pis A toi, elle. n'aies pas plus d'amitié Ghéréas l'exécution , homme prétoire et de cœur! d'horreur qu'il comprime aussitôt. si ) comme (Chéréas fait du un mouvement Mais pourtant tU as été Gaules faible à la dernière levée d'impôts dans les que pour tribun Luculius... Maintenant j'ai dit. Moi et le peuple nous attendons le spectacle dans une heure que tout je craindrais de te voir faillir: tu l'aideras, ; soit prêt, question charmer (à Lucuiius. te dira peut-être, à la elle a su te (il sort.) LUCULLUS Il la Elle par quelle secrète magie — , ) condamne à (pevenant la 'de sa stupeur torture: SCÈNE Les mêmes, excepté il ). l'aime, Calfgula.... VII. CALÏGU LA et sa suite. CHÉRÉAS. Elle lui a résisté, cette femme! C'est Fabius qui la dit, et Fabius en mourra. Et nous, nous dons les faveurs deman- qu'une comédien ne 'refuse, nous ACTE II, SCKNR M 49 que des courtisanes, de honteux emplois: on s'agenouille pour être préfet du prétoire on adore pour être consul! abomination! C'est une femme qui nous donne, à nous autres hommes, une leçon* de 'courage. C'est Quintilia qui montre à Lucullus comment on résiste à '"«ésar! lâches que nous sommes! Eh* bien! tu ne sollicitons, plus vils , voulais pas conspirer! (IUm regardent tous les trois en silence pendant an instant.) LUCULLUS. Nous bourreaux voilà faits Lucullus tribun, Chéréas ! le tribun , de consul, patriciens, tous deux devenus licteurs Allons, ôtez-moi le fils ! cette tunique blanche; vite, à rouge nous le 'manteau et la hache. chéréas. Nous licteurs! ô dieux, à nous la hache! jour que Caligula sera Rome nous le jettera la victime , Oh! du du jour que ce sera bien la plus belle fonction de l'empire tout vif, en disant : , Vengez- moi. lucullus. Je suisattéré CHÉRÉAS. Un crime de plus , encore un défi à nos poi- gnards. 4 UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 5o ASINIUS frappant sur l'épaule de Lucullus ( Eh! jeune homme, tu j'ai bien ma Lucullus; fait il me faut dire aussi attendre ma mon tour que Caïus ne m'a pas vengeance. Et quelle vengeance grand Jupiter au moins ce ! moi; mais avoue que raillais hier: revanche aujourd'hui à ). n'était que ma femme, ta maîtresse... LUCULLUS. Horreur ! ASINIUS. Et ton cheval?... Voici Qufntilia. SCÈNE VII. Les mêmes, QUINT1LIA. LUCULLUS. Où Quintilia!... CHÉRÉAS On (la cacher mon trouble ?... voyant venir toute couronnée de fleurs 1 J . a paré la victime! QUIWTILIA L'empereur («ans voir d'abord Lucollua). me demande? Quels singuliers nu s ACTl H. SU M I Ml. 61 d'amour depuis hier; D'abord, lo délateur FabiUs, puis deux gardes du prétoire. (Apercent Lucoihu.) Ah! Lucullus, c'est toi..,, ami , tu vois... irs on me mène à l'amour de César, entre deux (Lucullu» détourne tournes-tu résister... yeux les ne il ?.. ne crains rien m aura quoi Ce trouble? (EHe Et se tourne Ter» de est Caïus?... silence me voyez, ils la Mais pourfuit LVous êtes son regard.) comme (Scène muette.) non plus, ce : je saurai lui douleur... Expliquez- vous... tue... lui me , Chéréas qui Mais parlez donc... ne glaives pourquoi dé- que morte toi aussi, Chéréas, tu frémis les statues M aiS yeux une repondre.) les vieillard.... diront rien, les lâches !... ou Leur Mais Ils ont ) Des hommes qui ont peur! peur Allons, mes* amis, mon Lucullus, je ne crains pas Est-ce la mort? César, je ne crains pas la mort ! (Le» montrant du doigt. AS1NIUS (à Si ce n'était que larmort, mais LE PEUPLE, Les jeui, part). les dans la la rue, crie torture! : jeux, Quintilia... CHÉRÉAS ( à part;. Voilà César qui s'ennuie d'attendre et qui nous envoie chercher. QCINTILIA. Entendez-vous crie : le peuple qui s'impatiente et Les jeux, Quintilia! (Nouvelles rumeurs du peuple.) UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 5a Faites-moi donc vite parler à l'empereur... je ne manque proche, et pas l'heure du que théâtre... l'heure ap- je joue^aujourd'hui... •CHÉRÉAS. Oui. ASINIUS. N'aie pas peur de manquer ton entrée... Tu t'y trouveras, je t'assure; tu auras le premier rôle, que tu ne connais point, hélas! que tu n'as point appris César t'a condamnée à la question un rôle : : le tribun Chéréas et gés de présider le tribun Lucullus sont char- la torture... QUINTILIA. Lucullus... toi... ( A voix basse à Chéréas. ) Chéréas, n'aie pas peur , je sais souffrir... Mieux vaut pour toi et les tiens que tu présides à mon supplice qu'à celui de Lucullus, par exemple... Je sais souffrir... m'a jeté Ce secret de la conspiration qu'il comme un mot d'amour, mort avant ce secret est moi... CHÉRÉAS. le coup plus mon supplice? Et nous! nous ne pouvons porter vite et sauver cette pauvre femme. QU1NTIIIA Qu'importe, ami , (ironiquement). qu'importe ACTE Tu III. RUA VU 53 ton trépas aurais refusé, tu «rrais mort... et sauvé n'eut poitit mien. le S'il faut du sang de femme pour qu'une conspiration vienne à bien mon sang coulera: après tu seras Virginius. , cttrfliÉAs. Oui, vengeance!... la * QUINTILU. La vengeance... ce plaisir des dieux C'est plus que je ne veux, moi, Quintilia la comédienne. ! Allons, allons, Lucullus, parle donc aussi... A ton tour sois acteur, prends l'épée, on jouera ce soir le meurtre du tyran. Frappez, frappez Caligula, ouvrez-lui le du monde, il deux battans; dans l'intérêt ciel à n'est pas trop tôt d'en faire un dieu... LE PEUPLE. Quintilia ! Quintilia ! QUIHTILIA. Les entends-tu, Lucullus? IXCCLLUS Maintenant, emmenez (sortant je suis tribun nous appellent... sa stupeur). du prétoire... Soldats, cette femme... QUINTILIA Vous «le ils êtes prêts... (ironiquement). Vous savez bien vos rôles... UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 54 y a changement on va vous donner une nouvelle tra- Peuple, un peu de patience; de spectacle : il gédie... OtLÉÊÉÊp. Une par tragédie qui commence par lui. FIN DU DEUXIÈME ACTE- toi et finira ACTE III. s, ACTE Le théâtre représente duit au arque. A un i m .55 i. III. vestibule dp plais impérial droite de la scène est , qui con- uu corps -de-garde de prétoriens. SCÈNE I. (Des drapeaux, des armes, des amphores, des coupes.. Prétoriens couchés, buvant et jouant aux dés. assis, UN SOLDAT (montant la C'est malheureux pendant les fêtes d'être publiques! s'amuse au spectacle, de long en il ) garde). de garde aujourd'hui Quand tout le monde faut traîner l'ennui au pas large.* TJIf SECOND SOLDAT Et l'on dit que posé; d'abord , le (•»«> spectacle est très-bien les gladiateurs, ça com- ne compte pas : puis un intermède de bêtes féroces; on finira par les tortures yeux d'une jeune et jolie noirs, à la peau blanche. comédienne aux UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 56 LE PREMIER SOLDAT, Funeste sort qui nous a désignés pour de la journée! Je les entends rire, je au cirque sans pouvoir aller rire le poste les vois aller comme eux. Tan- qui n'a du vin que jusqu'au menton est aussi malheureux que moi! Que ce soleil est chaud! tale LE DEUXIÈME SOLDAT. • Tiens, une rasade de Falerne. LE PREMIER Merci Je fonds ! dent de pas de temps: comme (buvant). la cire sous ce C'est qu'il n'y a pas pluie, pas de neige*, toujours les ciel ar- un nuage l'Italie. le ici, beau Champs-Elysées ne m'ennuieraient pas ne peux pas respirer de du citron ou de l'orange ou du myrte, c'est une infection! Àh! vive notre Germanie où l'air ne sent rien, où les femmes sont davantage l'air ici : et puis je ; c'est blanches et ne ressemblent pas à des échappées d'enfer. LE DEUXIÈME SOLDAT. Eh bien ! moi, j'aime noirs ; dites-en ce l'Italie et le soleil et les que vous voudrez boire : yeux et man- ger, l'amour et les spectacles,. voilà notre vie à nous, notre joyeuse vie: l'empereur nous aime ACI1 III. SCÈNF plus que ses maîtresses, et dans roi mon même pays, jt; 5 I 7 ne retournerais pai pour y épouser fille la du des Teutons. LE PREMIER SOLDAT. Mais gentille Gorgo... je vois la SCÈNE Les mêmes, II. GORGO avec du vin et des fruits. LE PREMIER SOLDAT (â On ne passe Gorgo). pas.... GORGO ( à l'oreille du soldat ). Xtpeaa euvouyoa. • LE PREMIER SOLDAT. Passe. • LE DEUXIÈME SOLDAT. * Tiens, nos cruches sont vides pos: et puis voilà que allons , le brune Romaine , ; tu viens à pro- mal du pays les fais-leur oublier prunelles bleues des prêtresses d'Irminsul , ; prend; toi et , les pour nous égayer, chante-nous quelque ode bien vive bien dansante. LE PREMIER SOLDAT. Oui! une chanson d'Horace, le . bon vivant. et UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. 58 GORGO. Bah ! c'est trop vieux. LE PREMIER SOLDAT. Alors une autre.... GORGO. Une toute nouvelle.... écoutez. PREMIER SOUDÂT. LE Ëcdutez... (Les soldats font cercle autour de Gorgo et attendent en silence.) GORGO, Sur l'enfant de Caïus et de sa sœur. LE PREMIER SOLDAT. Oh ! je la connais Quand A ( Le soldat le on ferma fait nez , t la un geste en couche bouche expressif. ) Et Ton nous dit que cette fille Drusille Est eu nourrice chez les dieux. Rire des prétoriens. Ainsi l'enfant tient la mamelle De notre grand'-mère Cybèlej Chaque déesse Minerve à , et puis les yeux... De l'empereur et de ( vous je vais mom Drusille l'enfant Et puis , l'instruira faire Junon à se parer Vénus i... de : la toile du voile , ) la , chanter. ACTE SCENE III, SCÈNE Lu MÊMES , un Centurion III 5c) III. entrant' brusquement. , LE CENTURION. Par les livres sibillyns, s agit il bien déchanter... De quoi vous occupez-vous à cette musicien de l'enfer, chanter aux mystères va-'t'en heure? Arrière, ou dans la maison de Proserpine Prétoriens, vous ne savez donc pas? On conspire à Rome. d'Isis ! LE DEUXIEME SOLDÂT. Nous savons bien. le (« Gorgo. ) Chante, ou verse à boire. LE CENTURION. Eh bien vous ne vous remuez pas ! ? LE DEUXIÈME SOLDAT. Pourquoi ? après celui-là un autre. On conspire contre César et non contre nous. LE CENTURION. Mais notre existence est attachée à l'em- pereur. LE DEUXIÈME SOLDAT. Tu veux n'importe , dire à l'empire pourvu qu'il : y en Caïus ou un autre ait un. LE CENTURION. Mais votre Caligula, le sang de Gernrariicus, UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. 6o votre élève, né au milieu de vous, votre camarade, qui porte des brodequins comme vous, qui vous accable de privilèges et vous laisse Rome étrangers dans jour à la Mais vous que vous mariez chaque , mode de Romulus. le serment de fidélité !... LE DEUXIÈME SOLDAT Le Ah serment.... turion , libres, si ! bonne la quel âge as-tu (riant). Cen- plaisanterie... ? LE CENTURION. trente ans de service... J'ai LE DEUXIEME SOLDAT Eh pée , bien ! tu as à Antoine , fait (comptant par un serment à ses doigts)* César, à Pom- à Auguste, à Séjean, à Tibère et à Caligula, n'est-ce pas? LE PREMIER SOLDAT. nous D'ailleurs Caïus jours de fait monter la garde les fête. LE DEUXIÈME SOLDAT. Et puis Caïus nous doit continuer tacles qu'il comme il va , trois jours avec de solde les fêtes et les : à spec- donne au peuple, il nous ferait faillite; nous gagnons aux changemens. laissons-le tuer: LE CENTURION. Nous paix ? laisserons donc les conjurés agir en' ACTE SCÈNE III, III. 61 LE DEUXIEME SOLDAT. Mais ils un travaillent pour nous. Ils nous apprêtent d'avènement.* droit quatre jours de par jour, pendant un mois LE CENTURION vous voyez tous Si rangeons pas : la ( paie ! ioz Prétoriens chose ainsi ). ne nous dé- , mais certain bruit saugrenu de ré- publique, certains projets malheureux de liberté ont circulé vaguement par on disait qu'un de nos tribuns voulait abattre notre trône milila ville: taire. TOUS LES SOLDATS. A bas la république ! à bas république vive la ! l'empereur. LE DEUXIÈME SOLDAT. Il me faut un empereur • ! j'aime trop LE CENTURION. N'ayez pas peur pour vos privilèges peur que hommes les toges des bavards qui portent rons bien la cuirasse nous empêche- : vieux sénat. LE PREMIER SOLDAT. ! légions bourses ! point de république soir , et n'ayez pas : commandent aux qu'ils rétablissent leur Non non du matin au l'Italie. : ils " babilleraient nous deviendrions simples romaines avec point d'argent dans nos , point de chaussures aux pieds : on nous ' UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. 62 enverrait à notre tour en garnison à Minturnes à Carthage non ! , en Mésopotamie ou nous sommes gardes du prétoire les défendrons nos droits : Non ailleurs... qu ils tuent les , ! nous ; empereurs tant qu'ils voudront, nous nous chargeons de les remplacer. LE DEUXIEME SOLDAT. Il pousse toujours quelque bourgeon autour de l'arbre. Oh! j'en empereur, oh! connais un la , ma pour part, un meilleure pâte d'empereur; est imbécile des pieds à la tête ce sera la ; il crème des empereurs. Figurez- vous qu'il est gros, gras et bête; qu'il mange plus que tu ne bois; qu'il reste à table plus qu'un prétorien à sa faction vous connaîtrez mon Claude , : quand vous ne regretterez pas Caligula. LE PREMIER SOLDAT. J'aurai soin de stipuler au contrat qu'on ne mon- tera plus la garde les jours de fête. LE CENTURION. Les conjurés doivent leur laissons ( donc la se réunir bientôt ici place libre ; la sentinelle , à la porte même dn nous rentrons... Les prétoriens rentrent tons an corps de garde scène que : : il ne reste sur corps-de-garde. ) lar 4CTK SU III, SCÈNE M- IV. VI. LE PREMIER SOLPAT, CIIERÉAS, ASINIUS, et autres conspirateurs. LK PREMIER SOLDAT. Oh! oh! boDDes dos coospirateurs déjà tètes Il ! a y de parmi eux. ( CHERRAS ( Le* conspirateurs se groupent. «'avançant rera ) la sentinelle). Retire-toi. (Le prétorien de garde rentre.) . CHERÉAS ( »«x conjurés ). Sommes-nous tous réunis? Claude seul est absent; il eût été de trop. Vos épées se détachentelles du fourreau? sont-elles bien aiguisées? UN Tiens, la DES CONJURÉS (frappant une colonne). mienne entame CHÉRÉAS cette pierre. (souriant). Le cœur de Caïus n'est pas plus dur • Amis, voici le mot d'ordre; ce n'est pas ! donne; il entendre ni à dire, il gula qui homme, le le et l'on n'est va bien dans la Cali- celui-là ni à bouche d'un ne rougit pas aie prononcer. Après premier coup porté, alors... humiliant je crierai vous redoublerez. : Redouble, et UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 64 LES CONJURÉS Redouble , (àjvoix basse). redouble. CHÉRÉAS. Je réclame l'honneur de porter Toi,Vinicien, tu seras a toi, ma le droite; Cimber, vous passerez de premier coup. Asprénas, toi, l'autre côté du mur, de manière à mettre César entre nous. Vous tous, amis, vous 'suivrez, rangés derrière moi, l'œil ou- vert, l'oreille ouverte, prêts à frapper à ce cri libé- rateur : Redouble. Romains, vous vous Rome du êtes offerts tyran. Faites plus pour délivrer délivrez^vous de , tyrannie. Plus d'empereur; comptez depuis la Au- guste jusqu'à Gaïus, sur trois maîtres nous avons eu Tibère fct Caligula L'empereur ne nous réussit pas! à nous la î et sainte république LE SOLDAT RENTRÉ ! (entrouvrant passant porte du corps- de- garde, et vous en donnera, comptez là-dessus. ( Ces mots prononcés UN Il la la tête ). ( On vieille , le soldat se retire. ) DES CONJURÉS. ne sortira donc pas du spectacle! rait sa vie manger. au spectacle; il y perdrait le il y laisse- boire et le UN. III. M.KNF ASIMI Il (Ill-lih\> Silence Rien ! («-contint). !... (On entend une l'empereur. s. ma femme oublie tout avec IV. espèce d'hymne chanté en chœur qni finit par ) , rien , ce sont les prétoriens là-dedans qui boivent à sa santé. ASIMUS. Mais il n'a donc pas faim CHER Ê AS 11 cet empereur ? (arec ironie). niante du gladiateur là-bas. ASINIUS. Si le COmplot découvert. était Nous conspirions les ( A part avec hnraenr. ) portes ouvertes, hier; quel- qu'un nous aura entendus ; voilà pourquoi sans doute Caîus ne sent pas son estomac aujourd'hui. (Levant le» mains au ciet) Praxinoé, Praxinoé ma douce , âme, ma reine , tu me CHÉRÉAS Hé bien ! il protégeras ! (impatient, hors de lui). faut prévenir la colère impériale hâter le coup, tuer Caïus dans sa loge. 5 UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. 66 ASINIUS. Attendez encore; je vais jusqu'au cirque voir se dispose à le quitter. s'il SCÈNE V. Les mêmes, excepté ASINIUS. CHÉREAS Va , («'adressant à Asinins qui sort) et hâte- toi. UN S'il sille, me DES CONJURES. reste cette fois nous ne le comme aux fêtes de Dru- tuerons qu'après demain; car je rappelle qu'il a passé deux jours entiers au théâtre. CHÉRÉAS. Je n'y tiens plus... différer trop; avec des c'est craindre. une heure hommes comme serait déjà nous, attendre Allons! allons à Caïus , en plein du peuple. Il applaudira ce peuple esclave; c'est un dernier appel que nous ferons au souvenir des Romains; mais non... ils ont tout oublié... Tant mieux... Ils accepteront leur vieille liberté par amour du nouveau. théâtre, en face Partons ! , IK \( III. S< I SCÈNE M Ml VI. ' Lis uécioiNs, ASINIUS. \ Le voilà... 11 il (Tireinfi quitte les jeux... passage et Jamais MIS si les foule faisceaux ont de ne fut plus aimé... ma femme i La 11 la encom- besogne... marche lentement sa droite. CHÉRÉAS. tranquille, Asinius, nous ne frapperons is •té. SCÈNE VIL Les PHÉcEDEifs LL CL'LLLS Vous encore èîre des vôtres ( LUCULLUS. brusquement ici ! , ! Rien , les habits en désordre). n'est donc Je vous cherchais fait , et je puis ! CHÉRÉAS. Quel au est cet homme ? on n'entre pas ainsi vêtu palais. LUCULLUS. Tu ne me reconnais pas, ChéréasPmoi \< ux frapper Caligula. aussi je UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 68 CHERRAS. Toi ? comment t'appelles-tu ? LUCULLUS. Lucullus. CHERRAS. Va-t'en dîner. LUCULLUS. Oui, je m'appelle Lucullus et je vous vaux bien tous, qui vous croyez le droit de ne dirai pas comme vous me la patrie , la mépriser Je ! république, La patrie c'est mon palais; la répumes ricbesses, mes esclaves; la liberté, mon repos et mes plaisirs. Je puis tout perdre avec la liberté! blique, Caïus, et je veux tout garder. de cruauté par que en j'aimais la Il m'a mis en goût mort de ma maîtresse, femme fait pitié; je veux peu, mais qui m'a finir!.... CHÉRÉAS. J^evoilàdonc passionné? Honte à vous, Romains. Ce n'était pas assez de vous avoir décimés taxés d'hommes et d'argent. Ce n'était pas assez qu'il eût condamné vos sénateurs à combattre dans l'arène, vos chevaux à être consuls. Ce n'était rien qu'il , vous eût forcés à brûler l'encens au pied des autels qu'il s'élève. Il a fallu encore les cris d'une co- médienne torturée pour vous remuer! Malheur a ACTE m, SCÈNE Vous! car vous n'avez pas la TIII 69 volonté d'être libres.... (Brait de fanfares.) LB PEUPLE (dsnsU coalisée). César! vive César! ASimus. Voilà le ventre du peuple qui crie ! ch£r£as. Il vient une dernière ! politesse. Allons au de- vant de lui! ( Les conjurés s'élancent hors do théâtre. rat les suivre Consul , : — Au consul Asinins qui ) ta place est ici ; aie l'œil sur les préto- riens. Asmius. Merci. SCÈNE ASINIUS, là VIII. seul d'abord. Qui aurait jamais pensé que j'en serais venu C'est Je frissonne de tous mes membres avoir trop de courage O ciel !... les prétoriens 5* ! UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. yo SCÈNE IX. ASINIUS, le Centurion. LB CENTURION. Toi ici! consul, toi on va donc la cuirasse de l'empereur? frapper!... AS1N1US. Comment, ( En ce frapper !... moment un grand tumulte se fuit entendre. ) LE CENTURION. N'entends-tu pas ? on travaille là-bas. UNE VOIX (dant la coulisse). Redouble! redouble! ÇAÏUS (succombant). Je ne suis pas mort. LES CONJURÉS L'empereur est ( dans mort, vive LE CENTURION (aux L'empereur est la la coulisse). république! prétoriens). mort! vive l'empereur! Allons chercher Claude... ( Les prétoriens sortent et les conjurés entrent. ) ACM AS1NIUS L empereur ( Il ; IU. SCfcNl \ ;i haletant et d'un atr de triomphe mort, je reprends est reprend aa feutme qui reutre ). ma femme. cheveux épara avec le» las cuu- jarfc.) SCÈNE X. AS1NIUS, LU CONJURÉS PRAXINOE, SÉNATEURS, CHEVALIEM , , rEUPLE. ASIMUS ( s'avançant fièrement au milieu de Nous avons sauvé rendre la patrie! allons foule la ). au Capitole grâces aux dieux immortels Peuple ! nous rétablissons ton sénat, ton tribunat maintenant de reconnaître qui sacrifient tout pour Dites-moi elle! tes de ceux courage le , Rome Permis à élections sur la place publique Reste : consul et je resterai consul... ( 11 croisés veut continuer... , reate des conjuré» l'interrompt... C.bëréas, les braj le DES CONJURÉS Uflf Il an en silence sur ( devint de »e faisant la Aiinius ) offrir aussi sauvé j'ai m'adjoins à ce grand pour vous ) jour au milieu des autres vous faut deux consuls; trie, et je scène. homme ™ ' la les consuls 1 pa- monuant de plus longs services. LE PEUPLE. Vive Asinius! vivent ). 7 UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. s UN AUTRE CONJURÉ SÉNATEUR. , Moi aussi sauvé j'ai vieux sénateur. la patrie! Peuple, écoutez n'y a de félicité stable Il un pour vous qu'en rétablissant les privilèges du sénat. LE PEUPLE. Oui, vive sénat! le UN CHEVALIER. Et moi aussi tez. Il n'y a de j'ai sauvé la patrie! bonheur pour le Écoutez, écou- peuple qu'en re- levant l'ordre des chevaliers. LE PEUPLE Vivent ( applaudissant) vivent les chevaliers ! ! lucullus. Pour moi, peuple, je ne demande rien; demain mes jardins vous seront ouverts. Je me fais votre hôte; un festin somptueux vous sera préparé et des fêtes vous attendent chez Lucullus. LE PEUPLE. Vive! vive Lucullus! LUCULLUS ( Allons , parle , s 'approchant de Chëréat Chéréas; cela ne ). me regarde plus. CHÉRÉAS A mon ( sortant de si stopsur). tour, maintenant, Asinius, Vinicius, vous Il \( me III. Vous n'oubliez que peuple.... Ici, le . 1« m m'y . ;.* en parlant au peuple rien nous sommes tous peuple; sénateurs, ni chevaliers, ni consuls Cest au champ de Mars que la voix du maître nommera.... Ce maître s XI. volontiers place pour arriver à faisiez plus César. il SCÈNE , cest peuple.. le .. LE PEUPLE. Vive le peuple! CHÉRËAS. Je n ai ( Il jette plus besoin de poignard son poignard Un grand brait se fait entendre. ) SCÈNE XL Les précédées, CLAUDE, le Centurion, les Prétorien;». LES PRÉTORIENS. Vive Claude ( ! Vive Claude ! ( Mourement parmi Les prétoriens traînent Claude tout tremblant , et *c débattant an milieu d'eux. la les con- robe tonte souillée ) CLAUDE. Laissez-moi donc tranquille. LE CEHTURIOlf ( aux Vous avez assez fait , conjurés assez dit ; ). à notre tour. : UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS. j LE PEUPLE. Ecoutons, écoutons. ( Les prétoriens lâchent Claude, qui veut se s;iuver. Les prétoriens le reprennent. ) LE CENTURION Entre nous et toi qu'il faut faire , il ( à s'agit librement. Clande ). d'un grand marché — Vous tous à l'empereur. Soyez témoins. — Voici , respect nos con- ditions. LE PEUPLE. Écoutons écoutons. , CLAUDE. De grâce ! lâchez-moi : je suis mort ! LE CENTURION. Divin Auguste sesterces , , comme sera caution; il ne il nous faut cent millions de Le peuple pas manquer l'oncle de droit d'avènement. laissera son Germanicus. UN SOLDAT. C'est bien le moins. LE CENTURION. Accordé. Le droit d'élection pour nos chefs t ordê. V^ — Ne plus camper hors des murs de Rome M \< toge. Accordé. une misère; de plus, la paie double. ) I. tOUt? un instant, garde ( s'arançanl on ne montera plus de C'est bon à stipuler. fête. (plaçant la couronne sanglante d« Caïus snr de Claude, Nous quelles conditions Alors Chéréas se baisse ( Aux Quant conjures. à vous ( l'empire Les conjurés , car ta couronne a , et ramasse son poignard. parleurs , , vous s'il le nous allons , qui n'êtes pas de la l'empereur et le saluent.) (rassuré.) dieux m'ont donné l'empire allons les ! Vos les ) vous prend jamais fantaisie CLAUDE Romains, du sang. paierez plus cher. se tournent vers les remercier. j ) famille d'Auguste tir la tête empereur.... N'oublie pas à faisons te ). instant! jours de les LE CENTURION ( — : OR SOLDAT Uu 75 la Aux prétoriens st \l pas sur \\oii accordé. ( SCÈNE Ml. fêtes n'ont été qu'interrompues; reprendre plus riches et plus belles. Nous continuerons de Caïus ce qu'il avait de bon pour vous. Le luxe de ses largesses s'effacera devant les libéralités de votre nouvel empereur. LE PEUPLE. \ i\e Claude ! vive l'empereur! UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS. 76 CHÉRÉAS. Tuer Caligula pour avoir Claude , c'était peine! FIN DU TROISIEME ET DERNIER ACTE. Lieu la £u# PQ 2383 Pyat, Félix Une révolution (^autrefois P93U PLEASE CARDS OR DO NOT REMOVE SLIPS UNIVERSITY FROM THIS OF TORONTO POCKET LIBRARY