Une révolution d`autrefois : ou, Les Romains

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•S-
;
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JO
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UNE REVOLUTION
D'AUTREFOIS,
OU
PIÈCE HISTORIQUE EN TROIS ACTES ET EN PROSE.
PARIS, IMPRIMERIE DE COSSON,
rue Sain t-Gerniain-des-Prés, n«
9.
,
,
UM
RÉVOLUTION
d AUTnxrois
IcES &Q9I«MHlg <£lï!ÊE
riÈCE HISTORIQUE
Elf
EUX
TROIS ACTES ET EN PROSE
;
Par MM. Yiux PYAT et THÉO.
Représentée sur
le théâtre
royal de l'Odéou
le
i."
mars
i83a.
OOi
1
PARIS
PAULIN, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
IXACI VU LA
liitl
RM
i83 2
.
,
N°
II.
.
1 1
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S £
.
Vdtl'^>
Il
.
I
PRÉFACE.
»
Avons-nous mal
fait
de déserter
lé
et le
drame moderne pour reprendre
tels
que
nous
l'histoire
les
cette naturalisation française
donne,
moyen âge
les
Romains
et leur ôter
que leur avaient oc-
troyée Racine, et depuis Racine tous ses audacieux imitateurs? Notre tentative fut justifiée par
le
succès. Ainsi
la
question est résolue
dans ces mines
première
fouille
l'antiquité
ne sera point
Quand
tous
les
la
;
et notre
fécondes de
si
dernière.
journaux ont encouragé de
leurs éloges cet essai consciencieux et hardi
, il
ap-
partenait au plus fort des feuilletons ministériels
de nous reprocher
le
le
scandale de l'iinmora-lité et
scandale de l'allusion politique
feuilleton,
:
mais dans ce
par une double inconséquence, on
emploie des mots qui feraient rougir
chambre d'une
actrice
;
et
les
femme de
on ne loue qu'une scène
de tout l'ouvrage, précisément
tient ces
la
la
scène qui con-
prétendues allusions politiques. M. Chas-
jure que nous avons
fait
un crime, une dé-
buuche, une priapée... Nous reculons devant
les
PREFACE,
VJ
expressions que
La pudeur blessée du
tées.
du
chasteté
la
critique lui a dic-
journaliste lui a inspiré
des locutions qui sentent plus mauvais encore que
verve de collège
la
V esprit des cafés
et
Aussi M. Chasles s'appelle
Ami de
larèle veut dire:
comme
celui-là,
voltes, à tous les
il
vertu; avec
que nous
si
lui faisons
en adresse
indécemment
et phi-
un nom
s'attendre à toutes les réindi-
M. Chasles
à
cruellement sa moralité, et ce
d'excuse est d'exemple, afin
vite à ses lecteurs
pour
les avoir
avertis de notre libertinage en trois
actes et en prose. Car le journaliste
les
:
débordemens d'une honnête
d'avoir chatouillé
si
PHILARÈTE
Nous demandons pardon
gnation.
qu'il
fallait
la
(1).
,
en couvrant
auteurs d'impureté, a remué des ordures vives;
comme Jocrisse qui
tout
se jette
dans
l'eau,
par
la
pluie, de peur de se mouiller.
Nous concevons peu M. Chasles trouvant
bon au même
théâtre, à la
même
qu'un neveu de ministre fasse
du vieux
Expressions de
(2)
On
,
représentation,
cour à
la
femme
Banville (a), et très-mauvais qife Caligula
(i)
pièce
la
très-
M
.
Chastes.
jouait, le soir de la première représentation de notre
YÉcole des
Vieillards, de
M. Delavigne*
PREFACE,
lasso
cour
la
à la
femme-
VÎ]
vieux consul. Mais ce
d'iiii
que nous ne comprenons plus du tout,
nous refusons de comprendre,
c'est
que
et ce
je
lacharnemeut
bi/.arredu critique qui nous reproche bientôt après
de n'être pas assez immoral, d'avoir caché
dités
de
l'histoire,
de n'avoir pas montré Caligula
au milieu de ses incestes avec
de ses amours avec
les
qu'il
ne
bonnes pages de ce mauvais
pourquoi donc M. Chasles est- il
de voir
Caligula, avec
choqué de ne pas
si
M. Chasles
une
le
la
le
femme
livre.
pas
:
il
Mais
mécontent
si
d'un autre, et
voir avec les
hommes?
insiste tellement là-dessus qu'il
faute d'histoire
Caligula
s 'agissait
de Caligula, et que nous avons
la vie entière
choisi les
ses soeurs, et surtout
hommes.
Nous répondrons d'abord
de
nu-
les
en
fait
donne pour concubine à
jeune Sporus qui fut l'impératrice de
Néron.
Se peut-il que M. Chasles ait
toire
?
une faute
Nous en avons douté long-temps
nous sommes
fin
fait
déliés de
M. Chasles en a
nous avouer
la
fait
une seconde
fondément versé dans toutes
,
,
nous
nous long-temps, mais en-
première. Lui
sées et présentes
d'his-
;
il
a bien fallu
savant et
si
pro-
les littératures
pas-
si
M. Chasles qui connaît Homère
Viij
PliEFA.CE.
etShakspeare, qui
faits
;
les
connaît
comme
s'il
les avait
M. Chasles qui a lu Tabarin, qui a un
prénom
grec, qui est lauréat philologue, qui a gagné un
prix d'éloquence écrite à la Revue de Paris, qui eût
été
fils
naturel reconnu de
avait produit;
logique et
toire
Ce
dans
si
M. Chasles,
exact, a fait
trois
La Harpe
si
,
La Harpe
peu poète, si chrono-
si
deux grosses fautes d'his-
colonnes de feuilleton.
n'est pas lui qu'il faut en
blâmer
,
dit-on
,
mais bien un de nos amis, son confrère et son
modèle qui , dans un
,
article élogieux
pour nous
avait mis Thraséas, celui qui conspira contre Néron,
à la place
les
,
de Chéréas qui tua Caligula. M. Chas-
joignant à une immense érudition une im-
mense modestie
,
'étudie toujours certains articles
d'un petit journal avant de
articles
h
commencer
du Journal des Débats
calquer les erreurs de
,
les
grands
et s'expose ainsi
Nous avons
l'original.
pourtant peine à tenir compte de ces médisances
littéraires;
nous aimons mieux avoir
savoir extraordinaire de M. Chasles;
cité d'auteurs, tant
connus
;
blement
il
il
a tant
il
foi
dans
nous a tant
exhumé de noms connus et
vu
,
tant lu
,
tant su,
le
in-
que proba-
aura découvert quelque manuscrit nou-
veau pour tout
le
inonde
,
quelque autorité bien
HUFACF.
ix
vente et bien irrécusable, établissant clairement
et
indubitablement que Néron vivait avant Caligula,
<
li<
(
;
Nous nous
iras après Traséas.
avec les lumières du maître;
voulons
<
S'il
-
in
éclairerons
qu'il parle
nous
,
!
résulte de tout ceci
mt que nous,
il
que M. Chastes soit plus
faut cpnvenir quiil résulte en-
core que M. Chasles est plus immoral que nous,
puisqu'il ne se contente pas de l'adultère, et qu'il
veut l'inceste et pis encore. Maintenant que nous
sommes
lavés
du reproche d'immoralité arrivons
,
au scandale plus grave
encore des allusions po-
litiques.
Ici le
parterre
<»t
moment
est
jeune
et si
si
venu
.de
rendre justice à ce
impressionnable de l'Odéon,
de répondre aux injures
officielles
que
lui
a pro-
diguées le feuilleton des Débats. Auteurs et spectateurs ont eu leur part d'insultes dans cette indi-
gnation par ordre.
celui qui
pérament
fait
Nous répondrons d'abord
nous accuse d'avoir spéculé sur
et le patriotisme
comme
de
la
jeunesse
ces peintres qui exposent des
le
,
tem-
d'avoir
femmes
nues aux sens des hommes, d'avoir caressé
idées républicaines et visé à la popularité,
répondrons
:
à
les
nous
X
PUÉFACK.
.
Que dans
tout l'ouvrage, d'un bout à l'autre,
moqué
le
peuple est
le
personnage
Que
la
,
,
'cfu'il
est le jouet, le
niais et ridicule
scène qui a
politique exquise de
ville
^
commence
par
par de^propps de
si
du drame
bouffon,
;
fort blessé la susceptibilité
M. Chasles
les cris
:
de
et des sergens
A bas la république,
soldajts privilégiés
contre
la ré-
publique; et que ces cris dbas la république, que
,
ces propos plus
de
la
Rome, ont
vieille
murmure,
sans
tés,
ou moins
vrais contre la liberté
été paisiblement écou-
sans un seul
par
sifflet,
toute cette tempétueuse jeunesse en bonnets rou-
ges
,
en chapeaux rouges. Oui, ce parterre,
missant et
républicain, a eu les sympathies
si
sensibles et la peau
moins tendre que
de l'intolérante police insultant
ont vu dans
le
fré-
moins
agens
roi avec leurs
et les interprétations
de
comme un réquisitoire;
ils
stupides interprétations
police ont été savantes
le
les
si
:
consul Asinius
le
plus habile de nos
avocats, dans les prétoriens la garde royale; Charles
X, dans
Caligula; dans la conspiration de
Ché-
réas, la protestation des journalistes; enfin le roi
des Français
,
dans Claude l'empereur malgré
C'était bien la peine
lui.
de remonter à dix huit cents
ans de date, Caligula étant empereur, entende/.-
PA!
I
A< I.
XJ
vous!... Caligula le fou, le dieu, Caligula qui avait
trois
femmes légitimes ensemble,
ses trois sœurs ; eli
bien! voilà ce pauvreCaligula forcé d'être Charles X,
puisque Claude
lice,
remarquez bien, veut absolument que Claude
soit Louis-Philippe, et la police le
Claude est gros, gras,
est
po-
est le roi des Français: car la
et bète
:
veut parce que
avouez que
la
police
absurde encore plus qu'intolérante, et que ce
n'est pas notre pièce qui devrait être destituée.
Si l'histoire
est-ce la faute
toire, ni
du présent ressemble à celle du
passé,
de ceux qui n'ont point chargé
menti à cette religion
dégagéede tous
d'artiste si
pure ,
les intérêts matériels? Vous
dans quelques pages
d'ici
l'hissî
verrez
avec quelle intention
d'exactitude historique et d'impartiale philosophie
nous avons peint
les
mœurs
des vieux Romains.
Malheur aux Français qui leur ressemblent ou qui
se trouvent ressemblans! pourtant le
retombé sur nous pauvres auteurs.
par ordre, défense dé jpuer
Il
mal en
est
y a relâche
la pièce, attentat à la
propriété,àl'art,sansdiscussion,sans avertissement,
avec une brutalité d'arbitraire qui
mais
elle
ne tuait
comment
est
venu
la censure, car elle mutilait,
Il
reste à expliquer
ferait regretter
pas.
l'ordre
de relâche. Le directeur du théâtre, effrayé du
Fl',tF\Ch.
xij
d'applaudissemens qu'avaient
tonnerre
soulevé
passages à la première représentation
certains
,
aux représenta-
ne voulut point
les laisser dire
tions suivantes;
chercha d'abord à nous prendre
par
il
terreur, et dit à l'un
la
La
:
police sait votre
nom, avec l'orthographe; Pyat avec un Y, entendez-vous
A
1
Vous vous cachez en
l'autre:
sous une moitié de prénom,
reste
:
voyant que
,
police connaît le
a découvert que vous êtes professeur
elle
Puis
la
vain
!
signalement ne nous
ce
épouvantait pas et que nous refusions obstiné-
ment toute correction
lui-même,
de
la
de
la
donna
et
la
fit
les
une
coupures
seconde représentation
pièce ainsi corrigée. Mais le public s'aperçut
fraude
:
il
redemanda à grands
De
sages supprimés.
de
directeur, malgré
le
par nous,
signée
protestation
,
et la
ville
-
sergens
trouble, les
le
pas
garde municipale. Le rideau baissa
de
ayant
la fin
À
troisième
la
là
cris les
pièce, et
la
la salle
représentation
point ouverte, et
la
,
la
fut évacuée.
salle
ne fut
bande de relâche fut posée
sur l'affiche.
Si
donc
vrage,
eût
le
fini,
le
-directeur n'avait point censuré l'ou-
public'n'aurait rien
comme
la veille,
redemandé
;
la
pièce
sans désordre et san*
PRÉFAC*.
XII
J
de paix. Le directeur
officiers
est
donc cause
et
cause intentionnée de cette fatale interdiction.
Ne
serait-il
pas urgent que les législateurs s'oc-
cupassent enfin d'une
loi
sur
les
théâtres? car les
intérêts des auteurs sont sans cesse
vis-à-vis
tière.
d'un pouvoir qui est absolu en cette
En
Contre
effet
le
directeur de théâtre?... mais
préfet de police? mais
il
police...
du plus fort
*ên attendant que
forte.
la
est
de
il
va se
Contre
se sauve par le
d'état et par l'élasticité d'un article
raison
ma-
contre qui donc intenter l'action?
mettre à l'ombre du préfet de
La
compromis
la
le
conseil
Charte.
toujours la meilleure,
meilleure raison soit
la
plus
UNE REVOLUTION
D AUTREFOIS.
^
Acteurs.
Personnages.
C ALIGUL A
r
tribun
,
fc
du
Lokroi.
Provost.
consul.
,
Delaistre
Arsène.
prétoire.
tribun.
ASINIUS POLLIO
Un
MM.
empereur,
,
CHÉRÉAS i*
LUCULLUS, 2
centurion des gardes prétoriennes.
Auguste.
Premier soldat du prétoire.
Yissot.
Deuxième soldat.
Tournan.
FABTUS
CASSIUS
.Valkin.
.
délateur.
CIMBER chevalier
COLLATINUS,
,
romain
(
Conjurés.
VINICIUS,
ASPRÉNAS,
CLAUDE, oncle
Moessard.
de César.
Premier esclave.
Deuxième esclave.
Premier accusé.
Deuxième accusé.
Un édile.
QUINTILIA
,
comédienne
,
amante de
M mes Lagardaire.
Lucullus.
PRAXINOE, femme
GORGO
,
'du
consul Asiuius.
Conjurés, esclaves, soldats prétoriens
,
sénateurs, chevaliers,'
peuple.
La scène
est à
Mélanie.
Aube.
vivandière des Prétoriens.
Rome.
UNE RÉVOLUTION
D'AUTREFOIS,
OU
HÊCK msttiRlQttE EN TROIS ACTES Et EN PROSE.
i
••:
•
ACTE PREMIER.
Intérieur d'.uu appartement à
Mouvement parmi
Rome
les esclaves
SCÈNE
QUINTILIA
et
PRAXINOÉ
,
sur
(maison du consul).
—
au fond du théâtre.
I.
le
devant de
la
scène, s'oc-
cupent à broder.
PRAXIHOÉ\
Par Junon
!
ma
que la fête d'hier était
pompe! quel éclat! quelle
belle
merveilleuse! quelle
,
variété! J'en suis encore éblouie, fatiguée. Caïus
est
un grand empereur
rais sortir
de
!
J'ai
la foule; les
cru que je ne pour-
chevaux,
les
gardes,
le
i
RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
UJNTE
comme
peuple poussaient
vers était dans le cirque
des béliers, tout l'uni-
!
QUWTILIÀ.
Tu en
parles à ton aise
toi
,
,
femme de
consul
marcher devant toi les faisceaux qui de
qui
ta loge domines le théâtre, toi pour qui les gladiafais
,
teurs ont
du sang
,
les
acteurs des
poumons
,
les
danseurs du jarret. Mais moi, pauvre comédienne,
que je t'amuse que je te fasse rire ou
un rude métier et je suis lasse
même d'être applaudie. Heureuse Praxinoé tu ne
connais plus ces ennuis. Tu as laissé tes couronnes
d'emprunt tes passions de commande et ta ceinture dorée, soit dit entre nous, pour devenir noble
matrone pour prendre rang parmi nos grandes
dames à privilèges, abonne renommée toute faite.
il
faut aussi
,
pleurer. C'est
,
!
,
,
Par Vénus! notre patrone, tu as ensorcelé ce vénérable Asinius
!
le voilà
ton époux
!
PRAXINOÉ.
Et c'est bien ce qui
maladroite
,
j'ai
aux pieds mes
l'or
Rome
tous
rôles
si
,
entière
celui
,
,
ses
,
par
pour prendre
j'ai
foulé
si
bien payés par
les
hurlemens de
le
de femme légitime;
Qu'avais -je besoyn d'Asinius
nom,
honte: ambitieuse,
du jour où
beaux
par l'enthousiasme
,
ma
fait
tout perdu
plus insipide de
de qui encore ?
avec son grand
et
,
milliers d'esclaves blancs
,
noirs, eu i-
ACTE
vrés
jeunes, forts
,
famille d'autrefois
d* Auguste
!
,
le triomphe de tous
la
que
suis plus
rende
les
applaudissemens
les
regards de l'empereur! Je
l'actrice
d'un seul; et quel specta-
ne pas vivre
chœurs,
,
machinale d'un
l'existence
un peuple!
.
Quintilia
,
des
c'est à désirer l'obscurité
mime du bas
étage , d'une danseuse aux jambes torses
moi
,
l'amour des hommes,
teur! quel juge pour remplacer tout
C'est à
sa
,
bonnes fortunes du temps
les jours ,
haine des femmes,
ne
3
1.
ses jardins magnifiques
,
ses
me
Qu'il
SCfcNR
I,
!
Crois-
ne demande rien aux dieux
!
quihtilia.
Continue,
chère amie, continue; quel feu!
quelle éloquence
tragédie.
fais
Asimus
!
tu parles
n'est
comme une
philosophe
romain
,
de
pas ton héros, et tu nous le
bien noir, ce cher consul;
je t'assure, avec son
tirade
il
est pourtant bien
costume révère
,
sa barbe de
sa toge à larges plis et son nez tout
!
PRAXIWOÉ.
Méchante ,
c'est ainsi
que tù me consoles
!
QUINTILIA.
Ah! tu veux
être consolée!
que ne
plus tôt! Écoute, et ne te plains plus
:
le
disais-tu
ton chagrin
à toi est dans
le dégoût d'une vie froidement monotone; leprésent avec ses formes régulières, avec
ses allures
domestiques
,
toujours les
mêmes
,
te
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
4
ramène maussade et mécontente vers
aux distractions brillantes au flux et
le
passions
;
ma
,
de
reflux
,
monde
ainsi va le
passé
belle
:
lis
une
bon maître.
épître d'Horace, notre
•
PRAXINOÉ.
Où
raliste
veux-tu en venir avec ta morale
Horace
et
ton mo-
?
QUINTILIA.
mon
Patience,
tour va venir, et tu ne m'épar-
gneras pas, Praxinoé
j'aime.
:
PRAXINOÉ
Grand malheur!
tu n'es pas aimée
(
souriant).
donc
C'est
première
la
fois?
ou
?
QUINTILIA.
Il
m'aime, mais
rjas
comme
je le voudrais.
PRAXINOÉ.
Et quel
est le
Scythe
,
le
Parthe,
le
Barbare?
QUINTILIA.
Lucullus
!
PRAXINOK.
Ah! permets que
Lucullns
!
cette boîte
je rie! toi
,
passionnée pour
aux parfums, cet
homme si
malheureux de n'être pas femme!
Ma
voirLocuste l'empoisonneuse; on
t'a jetéun
toute belle, va
charme!
Mais quelle tristesse, Quintilia! quel changement
ACTK
de ton
me
veux-tu
5
I.
ou plutôt, en
dirais-tu vrai?
!
SCÈNE
I i
tète-a-tète,
comme tragédienne?
vaincre encore
QUINTILIA.
Mon cœur seul
te parité
,
l'raxinoé. Je souffre de
ne pas trouver dans Lucullus plus d amour, plus
Il ne m'aime que parce que je suis co-
de jalousie.
médienne
faut
Il
que
le
public lui dise
est belle! Quintilia a bien joue.
premier de
Demain
,
la
:
Quintilia
placé le
s'est
foule et m'applaudit de plus près
peut-être
m'aura
festin
Il
fait
une chanteuse nouvelle
,
,
!
un
oublier.
PRAXINOlL
Hé bien, après
lui
un autre: tu auras
le
choix.
QUINTILIA.
Ce temps
n'est plus
,
Praxinoé,
j'aime. Plus de joie, plus
lus!
Ah!
s'il
me
je te
l'ai
dit
de bonheur sans Lucul-
disait aussi
:
Quitte
le
théâtre et
ses bru van s succès, foule aux pieds tes vêtemens
de courtisane, renonce à ces baisers que tout un
peuple te donne de loin en battant des mains, sois
à moi
,
à moi seul
!
que
je serais
heureuse!
PRAXINOE.
Tu
es folle, Quintilia.
QUINTILIA.
Ah
!
oui, bien folle
!
maisqu y
faire? Je
tremble
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
6
de ce qu'un autre appellerait de tous ses vœux.
Apprends que Gaïus
un de
je
le
fou a laissé tomber sur moi
ces regards qui disent: Je te veux. Mais moi,
ne prétends être ni
la
Danaé
notre Jupiter, non pas que
fasse trop tôt déesse
mieux que nos
de Ginna
,
;
filles
je
,
ni la
Sémélé de
craigne qu'il
vaux
Lucullus saura
si
des Torquatus
d'Auguste
,
je
qui se pressent autour du trône
concourent pour
la
me
,
et
couche impériale.
praxino^.
N'allons pas plus loin, Quintilia
vons nous entendre
:
,
nous ne pou-
je suis patricienne, et comme
moins de scrupule que toi;
je ne prévois pas les malheurs ou les félicités de si
loin. Notre ambition n'est pas la même, et nous
ne sommes contentes ni l'une ni l'autre. Hé bien!
telle
,
sans doute
me
tu
quittes
j'ai
?
QUINTILIA.
Il le
toi
,
je
faut
:
l'heure des jeux m'appelle; et , comme
ne puis arriver
tard.
PRAXINO^.
César l'aime, et
elle n'est
pas heureuse!
ACTE
SCENE
!.
7
SCENE II.
•
ASIN1US,
ï,
consul;
PRAXINOÉ, uclavm.
ASINIUS.
meurs de faim Rien n'est prêt encore, et les
jeux vont recommencer. Qu'on se hâte Il y va de
ma dignité de consul de la faveur ou de la haine
Je
!
!
,
bon visage, rire à propos,
comme un germain de la
garde il faut avoir l'estomac lesté c'est un fardeau pesant que le consulat sous le successeur de
de Gains! Pour
faire
applaudir à tout rompre
,
:
,
Tibère!
et les
faut préparer les fêtes, nourrir les bêtes
Il
hommes
,
surveiller la joie et lui
besoin chanter un
gladiateur.
Il
faut
soi-même
mouvement au
et parfois s'oublier
donner
hymne
,
le
,
,
et qui pis est
une santé de
fer.
,
faire le
Le gros Marius
n'y aurait pas résisté.
Bonjour, Praxinoé, moitié de
ma
vie,
ma Cléo-
pâtre; tu oublies donc que ton petit Antoine meurt
Que
donc mes esclaves?
comme on paie un questeur Cette carpe du Rhin que Lucullus m'a envoyée, ces grives de Sicile que m'a données l'emde soif
de faim!
et
font
Payez donc un cuisinier
!
,
pereur
,
qu'en a-t-on
fait ?
PRAXINOE.
Patience
,
noble consul
d» ordres
,
tu vas être servi
111)
Dieu.
(On
dresse la table. Asinius cl Praxinoé prennent place sur
(
Elle
donne
aux
esclaves.
comme
)
le
même
lit.
)
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
8
ASINIUS
(
mangeant avec
je respire
!
je puis parler
•
Enfin
c'est
si
,
:
).
ne
je
sais si
un pressentiment que m'envoie Vulcain
ce pâté était trop lourd
ma vie d'hier,
récapitule
Caïus
avidité
,
mais je suis inquiet
,
et je crains d'avoir
notre bon maître. Je
ma
Tu
tunique.
,
je
déplu à
pourtant à gorge
riais
déployée devant son acteur Mnester.
mouiller
ou
,
m'as vu rire
J'ai ri
;
à en
on ne dira
pas que je grimaçais, que je
me faisais
chatouiller
;
quand a paru ton amie
tragédienne Quintilia
,
la
aux paroles sombres et aux regards de Melpomène,
pleuré comme une amphore fêlée ; au
j'ai pleuré
chant du jeune Grec Arusbos
j'ai marqué la
,
,
mesure.
PItAXINOÉ.
Oui
,
mais à faux.
ASINIUS.
A
faux
dis-tu
!
?
Je suis perdu. Mais
ma douce
plaisantes
,
spectacle.
Il
âme.
J'étais
a fallu m'apprendre que
non
,
tu
tout entier au
le
philosophe
Agathocle, au sortir d'un souper, était mort étouffé
que des femmes enceintes n'avaient
pas attendu laide de Lucine le ciel serait descendu
dans
la salle;
:
sur terre
,
je ne l'aurais pas vu.
(On entend heurter violemment.
)
ASIBUUS
Grand Jupiter prends
,
(MJkvaat).
piti?
de moi
;
c'est l'em-
ACTE
pereur!
Que me
veut-il
gloire
(
9
Praxinoé
?
1
retire-toi; tu
dieu de l'Olympe dans toute sa
le
!
Mecontrnirtnrnt de Praxinoé, qoi te
apercevoir Cèaar.
retire ei fait tous sea effort»
CÉSAR,
tir.
Quai-je donc
fait
Minant
(
est
.
aux dieux pour recevoir un
grand honneur, César ? A
Il
PRAXINOÉ.
les mêmes, excepté
ASIN1US
Oma.)
pour
)
SCENE
Si
III
de voir de près Caïus. Mieux
es bien curieuse
faudrait voir
SCKNK
I,
part,
remarquant
la
entré du pied gauche, c'est
froideurda
fait
de
moi.
CAÏDS
Tu
regardant
la table
.
n'étais pas seid, Asinius? Qu'est
convive
devenu ton
?
ASINIUS.
César,
il
a craint de ne pouvoir contempler dans
son éclat divin
le soleil
du monde
!
CAÏUS.
Et
toi, tu le
peux donc?... Asinius, nous avons
des comptes à régler ensemble.
ASINIUS.
Divin Auguste
!
caius.
Tu
es
un jeune marié
ï
tu aimes ta
femme.
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
io
AS1NIOS.
Si tu le
permets
,
Caïus...
CAÏUS.
Permis à
toi
d'épouser
petite-nièce de Cinna,
cœur
t'en dit;
la fille
de Pompée
même
une Lucrèce
mais une comédienne, une
qui est au peuple
,
nos
,
si
la
le
femme
nous, nous l'enDrusilemasœur, que je
plaisirs, à
lever! c'estune audace, par
ne pardonnerai pas... C'est un rapt, une séduction;
mieux aurait valu pour toi descendre dans le temple de Vesta une vierge est bientôt remplacée
mais une comédienne
Fais venir Praxinoé.
,
;
SCÈNE
IV.
t
Les mêmes
,
PRAXINOÉ
regardant César avec amour.
CAÏUS.
Consul
,
et toi, sa
femme,
je
vous invite à
ner.
ASIIUUS (à part).
Par mes aïeux
,
c'est agir
en maître.
CAÏUS.
Que
dis-tu
?
AS1NIUS.
Je dis que c'est trop de bonheur à
la fois.
dî-
ACTE
CAÏDS ( m
SCÈNE
I,
renversant sur
n
IV.
U lit
d* Asinius).
A ma droite, belle Alcmène.
ASINIUS
(s'aieêyaut sur
an
fauteuil)-
Cela s'explique, je suis Amphitryon.
caïus
Moi et
le
.
peuple, ingrate, nous vous remercions!
Votre adieu est une cruelle injure,
être fier
de
la
et Asinius doit
préférence qu'il a obtenue.
Vous
si
belle!
[(Asinius croit devoir rire.)
CAÏUS
Vous
si
(continuent
).
«admirable , rompre avec nous ? Et pour
qui?
ASINIUS
Exquise plaisanterie
(redoublent).
!
CAÏUS.
•
Saturne aurait mieux valu, ma
pas
la
foi.
Asinius n'aura
peine de dévorer ses enfaus, à moins qu'un
autre...
(
#
Il
ne
Asinius se tient le* côtes.
s'agit
pas de rire
— Regard sévère de Caius.
asinius
Je
Comprends, (n
se
)
!
(
* p»r»
y
met à dormir.
)
CAÏUS.
Bien tu
!
le vois,
nous ne sommes plus que deux,
USE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
la
belle
Praxinoé,
je
tremble pas ainsi
;
puis te parler d'amour.
yeux qui auraient amolli Caton. Incline
que d'un mot
je
Ne
tourne vers moi ces grands
cette tète
pourrais faire tomber.
PRAX NOÉ( effrayée).
Je
comprends
ta
puissance, ne
la fais
pas ter-
rible.
CAÏUS.
Oh
!
ma
belle Praxinoé
exemples dans
la
porte de Vulcain, et
doit faire
Quelle
j'ai de
trop bons
Mars laissait ses armes à
nous n'ignorons pas ce que
,
la famille.
un dieu qui sait
vivre.
parure! quelle mesquine toilette!
triste
Ote cette bague nuptiale
mienne. Jette
et reçois la
sur ces blanches épaules ce collier qui vaut une
province. Veux-tu l'Arabie
veux-tu
l'Asie
et
dans
tes
cheveux?
ses pierres précieuses
?
Tiens
bois cette perle.
( Il
arrache
un de
lors Praxinoé
se
esclave s'avance
En
ce
moment
s?s
pcndans
d'oreille
rapproche de Caïus
Asinius lui prend
Je ne dors pas
••
(
le jette
dans
main pour
dans un vase.
—
set bras lorsqu'un
se saisir
du
vase.
)
à l'esclave).
pour tout
ASIN10S
la
main.
la
ASJNJUS
Carnix! à
;
furtivement et avance
,
elle est
le
monde.....
ftont haut;.
toi l'esclave
!
(a
r*çw
)
Esclave, va-
AC.TK
paieras pour
%
(
IV.
x\
cinquante coups de fouet. (Apin.)
t'en recevoir
Tu
SCÈRR
1,
é*r
(
L'esclave tort loat tremhlunt.
L'ESCLAVE
(
— Asinius m remet
dan*
la
coulisse
à dormir.
)
).
Heu! ha!
(
Asinios ronfle.
— (aligula embrasse bruyamment Praxinoé.
CAÏUS
Tu dors trop haut. (A
(
)
à Asinios.)
Praxinoé
L'heureiuttétt-à-tëte!
)
mais nous passerons toute
jouruée ensemble,
là
Praxinoé: tu viendras avec moi aux jeux publics;
dans
ma loge à ma
cendantes
veux que toutes les da-
droite, je
mes romaines envient ta
place, je
veux que
les
des-
même de Lucrèce soient jalouses de toi...
L'heure approche,
le
sénat et
le
prétoire viendront
nous chercher.... mais, en les attendant, allons ensemble dire adieu à ces pénates trop pauvres pour
toi, visitons ensemble ces modestes jardins que tu
ne dois plus revoir
( Il
se lève de lable.
—
A Asinios.
)
Asinius, Asinius, réveille-toi; tu dormiras
Seill
Cette nuit.
(
Asinius se réveille.
Rt ait
d'armes dans
m
)
le vestibule,
)
mieux
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
i4
SCÈNE
Les précédens
,
CHERE AS
V.
comme
chauve
comme
voûté
l'empereur
et
lui.
CAÏDS.
Voilà Chéréas le tribun et ses prétoriens.
#
CHÉRÉAS
.
(«'inclinant
Caïus, dans, une heure
je viens
prendre
le
mot
les
).
jeux commencent....
d'ordre
du
soir
CAÏUS.
Tu as plutôt l'air d'une danseuse qui demande
un applaudissement, que d'un tribun qui demande
un mot d'ordre. Comme te voilà costumé quelle
!
bon que
coquetterie! Praxinoé sent moins
Chéréas
ta
,
tunique est extravagante de
cette
couronne
comme
est fraîche
les
toi...
plis
joues d'une
vierge de dix ans.
Approche,
tiens,
quatre jours de fête
veux que Ion
nom
retiens bien
le
,
il
mot
passe de
bouche en
Xepea; cuvouxo;
Eh
donc
CHÉRÉAS.
Le mot
est
dur
(
,
pour
donner
d'ordre
est facile à
César.
César sort avec Praxinoé.
)
les
Je
bouche...*.
bien, répète
ACTE
I,
SCÈNE
SCÈNE
VI.
,5
VI.
•
ASINIUS CHÊRÊ AS , LUCULLUS un CEirruaioN, PatTo,
,
CLAUDE, SéifATicas, VALÉRIUS ASCATICUS
DECIMUS VESPASIEN dans le fond de la
aixits,
I
I
M
,
i;
1
1
,
,
scène.
•
CHERRAS.
.
Centurion, voici
mot d'ordre
le
:
e
x. P
ea* ewovxoç.
LE CENTURION.
•
Je ne
comprends pas
(
le grec.
Les prétoriens se retirent dans
le vestibule. )
CHÉRÉAS.
La honte
est le
mot d'ordre
LUCULLUS
Il
( '.aï
riant).
ne peut venir à bout d'être chauve
us
lus,
(
ici.
.
comme
Hier j'avais pour mot d'ordre moi , Lucul-
un tonneau de
,
Falerne.
CLAUDE.
Et moi, son #oncle Claude, un plat de champignons.
che'rë'as.
Quelfe dégradation
traite!
!
avec quel mépris on nous
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
i6
LUCULLUS.
Prends garde au crime de lèse-majesté.
ASINIUS.
Je ne sais quel
dormir toute
mot
d'ordre
il
m'a donné, moi
la nuit.
LUCULLUS.
De quoi
te plains-tu? irt'a fait faire
un bon
dî-
ner, et puis, que de gloire pour toi
!.... tu donnes
une femme à l'empereur; moi j'ai bien eu le plaisir de lui donner mon cheval lncitatus ( mon cheval chez qui nous soupons ce*soir, Chéréas): à la
vérité, il est plus heureux qu'avec moi. César en
a fait un consul, ton collègue, Asinius! Je ne connais pas les jambes de ta femme Praxinoé, mais
les
mon
jambes de
cheval n'ont pas leurs pareilles.
Aussi, pourquoi t'avises-tu 3e te marier, de pren-
dre une
femme bien légitime? Il
moi avec
la
comédienne
fallait faire
comme
Moi
je suis
Quintilia....
l'empereur n'aime point ce qui est
dès lors qu'il a vu Praxinoé à toi seul il
tranquille
permis
,
,
est intervenu.
<
•
CHEKEÀS.
Ainsi, nous
sommes touscontens.
LUCULLUS.
Chéréas,
j'ai
découvert deux
flatteries
admira-
ACTE
SCÈNE
I,
\l
i7
deux pommades prodigieuses, une pour
faire tomber les cheveux, et l'autre pour faire
nous serons plus chauves et
pousser la barbe
plus barbus que César...
blés,
:
CI!KRÉ*AS (hautement.
Ainsi, je le répète
tous
,
,
nous sommes tous contens
à cause d'un seul.
ASINIUS
(cfCr»jé).
Mais l'insensé , que dit-il ?
Il
veut tous nous per-
dre!
CHÉRÉAS
(vivement).
Je veux tous vous sauver!
LCCDLLUS.
Par
Est-ce
les enfers! la
donc
la
•
conversation tourne au noir!
répétition d'une pièce nouvelle,
(Tune conjuration de théâtre pour amuser César?
Où
sont les manteaux et les poignards et
les
mas-
ques sombres? Je ne vois que des fronts chauves
couronnés de
fleurs.
CHÉRÉAS
(ironiquement).
Que dis-tu, Lucullus ? Rien
n'est
changé à Rome.
N'y trouve-t-on pas encore l'austérité
antique, et jamais Catbn
la
fut-il
du costume
plus sévère par
toge que Claude et Asinius? voyez!
Asinius ognt
costume
lei seul*
est
qui portent
une
la
toge antique.)
fidèle copie
du
(Cia.»de*>t
Tout
passé.
leur
Caton
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
18
reviendrait des enfers qu'il vous saluerait
de
connaissances
vieilles
comme
ne dirait-on pas que
:
vous êtes de ceux qui tuèrent Magnus César au
sénat!
CLAUDE.
Chéréas ne plaisante pas
!
ch^réas.
Non, non, je ne plaisante pas! Et sans être drapé
vous serrer mystérieusement la
à l'antique, sans
main, sans hérisser
comme
le sourcil
Brutus, je
vous dire des paroles de sang... (Mouvement
vais
d'effroi
dans
les
d'une
sénateurs.) Il s'agit
fête,
d'une fête
sans regrets, sans remords, sans détourner les yeux.
Car jl dut en coûter à Brutus de frapper César
du jour qu'il médita ce projet , pour lui et pour
:
les
siens
comme
je suis tranquille et
jourd'hui
le
commençait un grand deuil
il
n'y a
pas
joyeux
même
tyran, mais de la honte à
:
;
c'est
voyez
qu'au-
de gloire à frapper
le
laisser vivre. C'est
une bête féroce de plus qui doit tomber dans
cirque aujourd'hui
,
et je
me
fais
le
gladiateur.
LWCULLUS.
Bien dit, Chéréas!
sang tache
les
la
tirade est belle. Mais le
tuniques blanches
!
CHEREAS.
ton aise, Lucullus, bats des mains, mais écoute
jusqu'au bout. Le dénouaient est plus beau que
ACTE
l'exposition
|
I,
SCKNB
M
19
tcène doit se passer dans
la
de l'empereur; et tons
les
acteurs sont
le palais
(Mou.
ici!
vwtoenf.
A 81 NI US.
Si (fest
une
plaisanterie, elle se prolonge trop!
CHKRÉA.S.
Sois patient, consul, patient avec nous
comme
avec Caïus ton divin empereur. Je veux être entendu. Je le sais , que deux hommes parlent ensemble mystérieusement dans quelque coin de
Rome, Caius
Aussi
il
dans
se trouve être
confidence.
la
n'y a plus de conspiration
possible qu'à
haute voix et en nombreuse compagnie. La délation est
je
vous
que
une arme contre
jette
mon
l'exécution , je
dire à César:
On
du jour où
ne demandant
la délation, et
mûri et
vous fais mes complices
projet
:
allez
ne t'aime plus, tu es maudit, on
prépare ton apothéose ; rapportez mes paroles de
haine à ses oreilles
le
poids
,
et
du crime de
maintenant,
je
vous aussi vous êtes sous
lèse -majesté.
fais l'appel
Répondez
qui de vous n'a pas
:
quelque injure à venger? Je commence par
toi,
Lucullus. Veux-tu être des nôtres?
LUCtJt!.CS.
Moi? Tu
t'adresses
bien!
ce qu'on appelle tyrannie?
au temps.
J'ai
En quoi me touche
mes mœurs
J'ai fait
des jardins délicieux
,
la
meilleure
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
io
ne
table après celle de l'empereur, et je
ma
envieux;
douce,
au sénat
chaise curule
suis pas
est assez
et puis enfin je m'appelle Lucullus, je sais
trop ce que je dois à
mon nom,k mes
aïeux. J'ac-
cepte la république telle qu'elle est , et Caïus à tout
prendre m'amuserait assez
peur. Ah!
si
comme
Cimber, Gollatinus,
noms comme
Vous
êtes
les
pour
naissance.
parfois je
n'avais
vous je m'appelais Cassius
je
,
ne dormirais pas avec des
vôtres
la
si
Il
!
faut conspirer, vous
!
tyrannie de vrais poignards de
L
CHÉREAS.
Bien parlé, Lucullus.
A toi
,
Claude.
Je suis tout tremblant.
ASINIUS.
Et moi donc chez qui tout se passe!
chéhéas.
Voyons, noble oncle de l'empereur,
ta vie et
dis-nous ce qu'a
fait
pour
toi
fouille
dans
l'amour de
ton neveu.
CLAUDE.
Par
dire.
11
les
mânes
me
souvient seulement du bain glacé que
Caïus m'a
fait
de Germanicus
,
je
prendre à Lyon dans
le
n'ai
rien à
Rhône par
ACTE
I,
SCÈNE
accès de belle humeur. J'en
m
VI.
ai froid encore...
C'est
tout.
(I.ucut1tt« ni).
CfeiftÉAS.
Je ne te demande pas, Asinius
as reçu
,
car cet affront à
,
quel affront tu
Rome c'est un
honneur.
LUCULLUS.
Chéréas, en voici qui ne doivent pas pardonner.
Tiens, vois Vespasien
,
l'édile
qui se cache dans
une toge toute neuve couverte de boue
pendant trois jours il doit la porter. C'est une leçon de propreté que lui donne Caïus. Salut, bala foule
,
:
layeur maladroit de notre belle
Chéréas peut compter sur
toi.
ville
de
Rome
!
Maintenant à un
autre.
CIMBER.
J'arrive
C'était
lettre
lui
l'ordre de
pour
faites
pour
de Mauritanie, à pied, toujours à pied.
le
ni bien
n'avoir pas
César.
ri
ni
,
ainsi
conçue
mal. Joli voyage
!
et
Ne
:
cela
devant un mauvais baladin
y aura deux ans aux
(
m'avait donné une
Il
barbare
roi
fêtes
de Vénus.
Plusieurs conspirateurs se présentent. )
,
il
m
UNE RÉVOLUTION ^AUTREFOIS.
LUCULLUS" (
Grands dieux cinq à
!
toujours riant
la fois!
).
chacun à son tour
et suivant ses droits.
PREMIER CONSPIRATEUR.
César a
fait
mon
tuer
et s'est déclaré
fils
héritier. C'est assez dire qu'il
me
veut
mon
survivre.
LUCULLUS.
C'est délicieux
!
OEUXÏEME CONSPIRATEUR.
César a perdu toute
fait
la
semaine au jeu
et
il
m'a
sa caution.
TROISIÈME CONSPIRATEUR
(
le
bras droit enTeloppé
- ).
Quanta moi je ne puis vous servir que de la main
gauche
la
:
Caïus a eu la fontaisie de
me
faire ouvrir
veine, ce matin, au bras droit, et cela, a-t-il dit,
?our que
je sois
moins rouge aujourd'hui
!
LUCULLUS.
Ingrat!
il
ne
t'a
pris qu'une veine sur quatre!
Approche donc, n'aie pas honte, mon pauvre ami...
Voyez Torquatus au buste si large Caïus lui a fait
tourner les jambes parce que, son père était bel
!
,
homme
!...
ASINIUS.
C'est juste.
ACTE
L 'nOMMï
SCÈNE VU.
1,
*3
AUX JAMBES TORSES.
Je conspire.
CHERÉAS
Ah
!
trêve de ridicule
sez de rieurs dans
(* Lucullus).
Lucullus, nous avons as-
;
Rome
:
j'accepte ces complices-
là.
(aux conjuré*).
Ainsi
|
donc demain
,
dernier jour des fêtes en
l'honneur d'Auguste , quand Caius sortira du spectacle
dans
au palais,
la galerie
je
même
qui conduit du cirque
vous donne rendez -vous... Je
distri-
buerai à chacun son emploi pour ce grand drame
qui doit clore
les
jeux
les conjurés.
A demain
LUCULLUS.
Si
vous jouez bien , j'applaudirai.
SCÈNE VIL
Les précède* s
,
CAIUS
,
PRAXINOÉ
(Epouvante parmi
les
,
les Prétoriens.
conjuras. J
ASIIflUS (*P*rt>
L'empereur... Je suis à demi
mort
UNE RÉVOLUTION D AUTREFOIS.
1
*4
CLA.UDE
plus froid
J'ai
(à part).
que dans
le
Rhône
l'empereur.
Comme
vous voilà tous réunis
(Il éclate
de
rire.
!
Rire universel parmi
les conjurés. )
.
CHRREAS
Il
rit...
(
à part
).
Nous sommes perdus
(haut).
fais-nous part de ta gaîté; rends-nous
César,
heureux
de ton bonheur... sois généreux
CESAR.
Oh
vous
!
que d'un
je pensais
faire
massacrer
(
!
Les conjurés n'y tiennent plus de
CHERE AS
Bon!
il
clin d'œil je puis tous
ne
(
à part
rire. )
).
sait rien.
ASIIUUS(àpart).
Tir
Me
'
ramené- »t-il
I
ma Cfemme?
->
LUCULLUS
(« Asinius).
César ne rend jamais l'argent
CAIUS
Tu
as là
une
(a Asinius, lui
fille
emprunte...
qu'il
montrant sa femme).
charmante.
ASINIUS.
Tu
as bien l'âge
demande
sa main.
de
la marier...
Mon
père
,
je te
ACTE
SCKNF
I.
a5
Vil.
ASINIUS.
Quelle bonté! tu
la
tiens déjà
,
César.
CAÏDS.
Mais
il
une
faut
dot...
LUCULLUS.
L'heureux Asinius
!
CA1US.
Oui
elle
que
!
je le félicite
:
même
a peut-être
une femme adorable
cheville du pied mieux
c'est
la
;
Quintilia.
LUCULLUS.
Grands dieux
Quintilia.
!
ASINIUS
Ne
(à
Lucullas).
t'épouvante pas d'avance,
danseuse est à tout
le
la
cheville d'une
monde.
CAIUS
(à Asinius).
Heureux père rends grâce à Jupiter rends
la bonne Lucine !... Il ne comptait même
pas sur un fils de consul..... Il aura un petit-fils
(Asinius salue) Tu me paieras un mild'empereur
!
!
grâce à
lion
de sesterces.
m
ASINIUS
Un
petit-fils
(à
de Dieu
Caïus, Tirerocnl).
!
*6
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
CAIUS
Flatteur L.
(
(
a
Aàniu».
L'empereur
)Deux
se retire
CHERE AS
Eh bien, consul,
(i Asinius).
millions de sesterces,
avec sa suite.
)
(sortant» à Asini us).
hésites- tu encore?
ASINIOS.
Passe encore pour
pour un
ma femme
d'empereur
fils
Je conspire
sesterces....
!
!
passe encore
mais deux millions de
(
i*» ooajoré» suivent
prétoriens. )
'
FIIC
DU PREMIER ACTE.
'
les
ACTE
MU NI»
WHWI M
•••
»
SCÈNE
11,
— »»»•• — »,«*—»
»«»*
ACTE
27
I.
II.
(PREMIÈRE PARTIE.)
Le
théâtre représente
des couronnes
lette
,
une chambre de comédienne ; des robes,
des pots de fard
,
différais
meubles de toi-
en désordre.
SCENE
QUINTILIA
sur un
,
à
lit
demi échevelée ,
de repos
,
àr
I.
coté de
LUCULLUS couché
et le regardant avec
amour.
QUmTILIA.
Com ueht
veux- tu que
LUCULLUS
Tiens,
comme
(
je rae coiffe
nonchalamment
?
).
ce buste deLaïs.
quijîtilia.
Quelle réponse! Lucullus, tu ne m'aimes pas.
LUCULLUS.
Mais
femme
si
je t'aime
(
a bâiiu
aussi long-temps
),;
je n'ai jamais
que
toi....
ÇUINTILI*.
Menteur....
aimé de
UNE RÉVOLUTION D AUTREFOIS.
Si
LUCULLUS.
me donner
Allons, veux-tu
serment...
la
peine de faire
un
wt'*a
QUINT1L1A.
Eh bien
comme
!
si
je te croyais,
je quittais le théâtre
Praxinoè....
LUCULLUS
Quintilia
tre,
si
dans
,
(
l'interrompant brusquement
habille-toi
donc comme hier au théâ-
de Vénus.
le rôle
).
Oh
!
je t'aime
comme
ça; tu es jolie à provoquer Jupiter.
QUINTILIA.
Je comprends,
moi sur le théâtre
ingrat....
,
et toi
m aunes
tu
dans une loge quand je
;
regarde de ton côté et quand tout
en applaudissant
amour
n'est
:
de loin,
Heureux
le. peuple dit
Ljicullus
!
Ah
!
ton
que vanité
LUCULLUS.
Tu déclames
chère amie....
,
comme une actrice
ou une chrétienne.
QUINTILIA
Oh!
si
(
'"'
passant
la
main dans
les
cheveux )•
tu savais combien je dis vrai, moi!
tu savais comment je te sacrifierais
femme, mon
dissemens ,
si
mon orgueil de
orgueil de comédienne, nies applau-
ma
multitude à moi
;
comme
je
don-
ACTE
seul de tes regards....
1.IICULLUS
Bien! très-bien
t
entendre.... Fais
au
*9
II
cirque pour être ton esclave, pour
lierais tout le
un
SCÈNE
II,
(
«ppUudimnl ).
mais tu n'as que moi pour
...
donc attention que tu
n'es pas
théâtre....
QUINTILIA.
*
Cesse de plaisanter! Je suis bien
triste,
Lucul-
lus!
LUCULLDS.
Par Jupin, jamais
Tiens, je
t'a
le
cirque ne
t'a
vue
si belle...
mu- tant avec cette tristesse-là, que je
vais te confier
un grand
secret....
SCÈNE
Un
II.
Esclave, les mêmes,
l'esclave.
L'auteur de Vénus et Adonis,
le
jeune Sénèque.
QUINTILIA.
L'importun.... Je n'y suis pas.... ne laisse entrer
personne ce
matin....
(L'esclave son.)
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
3o
SCÈNE
III.
QUINTILIA,LUCULLTJS.
QUINTILIÀ.
Ce grand secret.... quelque amour de grande
dame, beau Lucullus ?...
LUCULLUS.
Jalouse, tu te trompes.... Devine donc...
QUJNTILIÀ.
Non,
parle
vite....
LUCULLUS.
Crains donc d'entendre ce que
dire....
vie
de
Ce grand secret,
c'est
j'ai
craint
un complot contre
de
la
César....
QUIKTILIA.
Un
complot contre
la vie
de
César....
LUCULLUS.
Oui, et Chéréas se met à
la tête
des conjurés...
ce soir même....
QUINTILIA..
Le
favori Chéréas.... ah! j'espère bien
es pas
tu n'en
du complot; Lucullus, mon Lucullus,
tremble pour ta vie
malgré
que
toi....
Ame
!...
ils
je
t'auront mêlé là dedans
faible....
ne savais-tu pas que
ta
ACTE H, SCÈNE
faime , que tu ne peux pas
exposer tes jours..... S'il était temps
vie est à
moi , que
conspirer
?...
encore
3t
III.
je
prévenir Caïus, et lui demander
d'aller
grâce!
LUCULLUS
(
riant
>
Allons donc, est-ce que je conspire,
que
je
me donne
ne lèverais pas
la
la
moi ?
est-ce
peine de conspirer, moi?... Je
tête
de
ou pour sauver Caïus
mon
coussin pour tuer
Es-tu folle
>
Quintilia?...
QUIHTILIA.
Oui ,
folle, folle
respire.... tu n'as
d amour.... Oh! tant mieux, je
pas mêlé ta main à leurs mains.
LUCULLUS.
Moi,
je
ne
ferai
que regarder
QUINTILIA
Ah!
je savais bien,
brasse-moi
(
,
(transportée).
moi, que tu m'aimais... Em-
Lucullus....
Lucullus ne te relève pas.
l'embrasse.
!
—
Quintilia se
penche jusqu'à
lai
,
et
)
Mais non, tu ne m'aimes pas; tu m'épouserais!
LUCULLUS
Insensée
!
(se relevant
vois ce qu'il est
Asinius d'épouser Praxinoé.
un peu
).
advenu à ce vénérable
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
3a
QUINTILIA.
Tu m'as
autre à
révélé
mon
tour
un
secret, je vais t'en dire
un
!
lucullus.
Vraiment?
QUINTILIA (à
pouvait entrer dans son cœur!
Si la jalousie
(Haut.) J'ai
eu
part).
malheur de
le
plaire à l'empereur...
mais ne t'épouvante pas d'avance
Praxinoë m'a
quiet)
quille....
Caius,
Mais
si
(vivement)
vois-tu,
ou
fait
,
ami ;
(d'un ton in-
oublier, et je suis tran-
cette fantaisie cruelle revenait à
oh
alors
!
faudrait conspirer
il
,
mourir....
SCÈNE
IV.
Les mêmes, l'Esclave.
l'esclave.
Un homme veut absolument parler à Quintilia...
lucullus.
Mais on
t'a
dit
de ne pas
faire entrer....
l'esclave.
Il
a vivement insisté,
il
LUCULLUS
Le
se
nomme
(effrayé).
délateur Fabius.... quelle visite
!
Fabius....
ACTE
II,
SCENE
SCÈNE
Lu
mêmes,
FABIUS
VI.
33
.
V.
(entrant de force).
FABIUS.
Au nom de l'empereur, salut....
QointiUa.pato m relevant:) LuCUlluS, ici!...
à parler au
nom de l'empereur.
(
n .'mcUne devant
LuClllluS,
(
L'eaciave
eon
j'ai
)
LUCULLUS.
Adieu, Quintilia!
QUIMTILIA.'
Pourquoi
te retirer? tu n'es pas
de trop
ici
,
Lu-
cullus...
FABIUS
C'est
au
nom
(
vivement
).
de l'empereur.
LUCULLUS.
Je
me
retire....
(
scène
n
sort.
;
vr.
QUINTILIA, FABIUS.
FABIUS
(
ayant pris nn liège devant Quintilia étonnée}.
Asseyons-nous.... Maintenant écoute
demande
d'avance ta protection
,
Je te
car tu seras puis-
3
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
34
santé; et n'oublie pas cette visite
je te fais aujourd'hui....
matinale que
Heureuse Quintilia
QUINTILIA
Il
si
!...
U P»rt;.
nie fait peur.
FABIUS.
Sous quel astre es-tu donc née? i part ) Flattonsia. (i»aut.) Tu es belle autant qu'une vestale, tu es
habile dans ton art comme Melpomène. Quelle
(
déesse, dis-moi, présida à ta naissance?
QUINTILIA.
Je
comprends
à peine.
FABIUS.
•
Allons , prépare tes habits de fête, couronne-toi
de fllurs, verse tes parfuns les plus doux sur ta
chevelure tu vas débuter au palais, Quintilia; je
:
t'emmène ce matin même,
donc
si
tu veux; prépare -toi
à l'emploi d'impératrice
!
!
!
QUINTILIA.
Je reste comédienne, je ne veux pas d'autre
mé-
tier.
FABIUS
Ah
!
je
(discrètement:.
comprends Lucullus
:
sort
d'ici.
QUINTILIA.
Je
t
épargnerai
la
peine de l'interprétation. Fa-
ACTE
SGKNC
35
VI.
rentrée chez moi , je suis à moi et à celui que
veux choisir: jamais ce ne sera Giïus....
bius
je
II,
:
FABIUS.
Quoi! tu préfères un tribun à l'empereur?...
QunrriLiA.
Non mais
!
chauve
î
ne
il
je préfère
s'agit
une
tète
jeune à un front
pas de couronne
ne balance pas entre LucuHus
ici:
certes je
et Caligula...
Tu
t'at-
tendais à une autre réponse, Fabius.... Habile délateur, fais-toi Grec maintenant, fais-toi rhéteur
pour porter mon dédain aux pieds de ton bouc
couronné
!
FABIUS (m
Bouc couronné! Je
riN
DELA PREMIERE
n'ai
retirant).
pas perdu
1»ARTIE
ma
matinée!...
DU DEUXIEME ACTE.
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
36
ACTE
II.
(deuxième partie.)
Le théâtre représente
l'intérieur
du
SCÈNE
palais
de l'empereur.
I.
CALIGULA CHÉRÉAS ASINIUS (un papyrus
,
,
UN ÉDILE , SÉNATEURS, LICTEURS
CALIGULA
s n r *a
Je n'ai point dormi
:
et
,*
GARDES
,
à la
main
ESCLAVES.
),
*
chaise de repos.
vous ?
ASINIUS.
Qu'est-ce qui dort, divin Auguste?
quand
tu veilles
pour
le salut
de
Nous dormir
l'empire!...
CALIGULA.
Eh
vu
bien
!
si
cette nuit
tes
yeux étaient ouverts, où m'as-tu
?
Asimus.
Divin Auguste, pardon: tu m'avais ordonné de
ACTE
II
SCÈNE
,
37
I.
D ailleurs n est-ce ^>as téméraire
dormir!
mes de vouloir pénétrer
le
aux hom-
secret des dieux
?
CALIGtfLA (nonchâUiomrtU).
Imbécile.... tu pouvais risquer
rais
ni
vu dans
mn
est
les
bras de
remplacé
la
un
oeil, tu
blanche Phébé
:
m auEndy-
!...
ASINIUS.
Qiravait-il
de mieux à
faire, divin
Auguste?
CALÏGULA.
On
en causera dans l'Olympe,
et Jupiter
en rira
bien. Mais qu'il y prenne garde, le très-haut:
aussi ma foudre et mon tonnerre.
j'ai
CHÉRÉAS.
amour, car ton front
est
encore
tout pâle des rayons de ta divine amante,
(à part, à
Je crois à cet
Asmios.) C'est
Praxinoé
doute qu'avec
elle
il
qu'il
s'est
prend pour
cru dans
la
lune; sans
les cieux....
CAL1GULA.
Allons, revenons à
la
ma condition.
Mou règne est bien
terre, puisque à présent
c'est
malheureux, Chéréas
jeux, des fêtes, toujours des fêtes dont le
cement
n'a point
!
Des
commen-
de fin; des combats, quelques sup-
plices , des misères
de détail
Mais aucune de ces
grandes calamités qui marquent une époque, de
ces fléaux qui
promènent le drame sur toute la terre
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
38
qui frappent
pectent
vit
il
le
les
hommes au
dieu sur
un jour
res-r
Heureux Auguste
!
un amphitéâtre s'écrouler sur
n'était que cris et confusion,
t<Ju.t
les spectateurs.
pied de l'autel et
le piédestal.
Ce
harmonie de douleur qui n'a point encore frappé
mon oreille. Plus heureux Tibère encore tu peux
t'associer la peste pour le bonheur de Rome , et du
fond de Caprée tu assistes aux funérailles de l'em!
pire.
ASINIUS ( humblement ).
Divin Auguste
la
!
n'es-tu
donc plus
nature et des élémens?...
che ne peut-il bouleverser
voûtes de l'Olympe
CALIGULA
Apporte-moi
toilette
Un
la
le
souffle
maître de
de ta bou-
mer, ébranler
les
?...
(avec an geste d'impatience).
mon miroir, consul;
d'empereur.
(Asiniui va prendre
le
faisons notre
minoir
et le tient
Le souvenir de ma nuit est empreint sur
visage quelle physionomie blanche et débon-
devant Caïu«.)
mon
!
naire je ressemble à Chéréas....
!
CHERRAS.
Tu me
flattes
,
César... c'est m'élever bien haut..
CALIGULA.
Non non
!
le
spéculum.)
!
c'est
moi qui descends.
Dites -moi
:
(Jeu muet devant
suis-je aussi terrible que
Tibère au sourcil hérissé
?
kCTI U< SCFJ1C
II.
ASINIUS.
Mieux que Tibère, divin Auguste
:
comme
Ju-
piter tonnant.
Caligula.
Alors, mettons-nous à gonverner...
ASIÏflUS.
Oui, mais
arrivé ce
f
le
délateur Fabius n est pas encorr
On
matin...
ne peut donc apurer
les
comptes...
CALIGULA. M
Mais
il
y a un reste
d'hier... Àsinius, fais ton
de-
voir...
(
Asinias présente le papyrus a Caïos* et
toriennes
:
deux gardes
sortent et
fait
un
signe
ramènent nn accusé.
SCÈNE
Les mêmes
,
aux gardes
pré-
)
IL
les accusés.
CÉSAR (Bsa»tiur»Bpap5hu\
Tu
es accusé
envers Octave
du crime de
mon
lèse-majesté,
aïeul paternel, en
Antoine.
l'accusé.
César
,
c'est vrai.
commis
adorant
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
4o
CÉSAR.
Nous sommes dans notre jour de clémence impériale
(
:
deux ans de rames Et d'un
!
Les gardes emmènent l'accusé
,
d'autres gardes
ramènent un antre
accusé.)
CÉSAR.
Toi, c'est autre chose
:
tu as adoré Octave, par
mon aïeul
même peine...
conséquent insulté
même
crime,
(
SCÈNE
Les mêmes
,
maternel Antoine
L accuse
est
emmené.
:
)
III.
excepté les accusés.
ASIWIUS (à
part).
Quelle infatigable et expéditive justice! Minos
n'aurait pas
mieux
CÉSAR
(pliant le
Assez! assez
les
fait...
!...
papyrus
qu'il
rend à Asinius).
Quant aux autres, à
devons au cirque;
il
n'a
jours.
ASINIUS(àpart).
Je suis bien inquiet...
CHERÉAS.
De
ta
femme
?
nous
rien depuis deux
mort...
ACTE
SCÈNE
II,
4'
III.
asinius.
Oh,
non,!
de
mon
colïèguelc cheval.
CÉSAR.
Retournons aux dieux. Castor et Pollux ont un
palaisà part du mien ils sont mes voisins. Édile,
:
fais
continuer mes
galeries jusqu'à leur temple.
que leur demeure serve de vestibule à ma
maison j'aurai des dieux pour portiers ( L'édile s'incline et tort. ) Chéréas veille à ce que les animaux qui
Je veux
l
:
,
combattent ne mangent pas nous assisterons ce
soir à leur repas... Quant à ceux qui ne combattent
:
point,
la pitîînce
bien jeûner
ordinaire. Mais surtout fais-moi
destiné à cet esclave qui a voulu
le lion
tuer son maître... Son nom...
CHÉRÉAS.
Androclès...
CÉSAR.
Ah
!
j'oubliais le peuple.
bue au peuple
m'aime
,
,
et
il
n'a pas
d'amour aujourd'hui.
ne puis
assister
aux jeux ce
CHÉRÉAS
Que
A propos qu'on
du blé d'Egypte
tant qu'il digè/e
sa ration
je
le reste
dit-il? et la
;
le
distri-
peuple
encore reçu
— Mais
j'y
pense,
soir.
(» part).
conspiration!
(baut.)
Caïus, ou-
UNE RÉVOLUTION D AUTREFOIS.
4i
blies-tu
le
que
théâtre
?
la belle
Quintilia paraîtra ce soir sur
.
CAÏDS.
pour
C'est précisément
au cirque
elle
:
je dois la voir
passera
Le coup
est
conjurés
de plus près
ici
,
même
:
à part, à Asinios).
(
encore manqué
(
!
Comment
à part, à Cnéréas
bien une autre peur,
C1ÊSAR
Comment
ne vais pas
je
avertir
?...
ASINIUS
J'ai
que
nuit au palais... je l'attends.
la
CIIÉJIÉAS
les
elle
va donc
(
ma foi!
à Asinios
mon
).
).
cheval, ton collègue,
consul Asinius? J'aime mieux son
nom que le tien:
Incitatus.
ASINIUS.
Divin Auguste
,
il
ne
lui
manque que
la
parole
CÉSAR.
C'est ce qui lui
donne
ASINIUS
Grands dieux!
s'il
la supériorité
(à |tf4)l
apprenait...
sur 'toi.
!
ACTE H,
SCENfc
IV.
4*
#
SCÈNE
Lis mêmes
,
IV.
le délateur
FABIUS.
CÉSAR.
•
Te
voilà
tu es en retard ce matin. Quel air dés-
!
appointé! Quelle nouvelle apportes-tu
?
ou plutôt
tu n'en apportes pas.
LE pÊLATEUR.
maudis mes Oreilles;
lumière des cieûx; j'ai vu , j'ai entendu...
Je le voudrais, César.' Je
hais la
je
ASINIUS(iptrt).
Je tremble...
CHERRAS
Sait-il la
faite à
(*
part).
conspiration? nous l'avons pourtant
découvert.
CÉSAR
(àf.biai).
Parle donc, fais ton métier, pas d'exorde de
rhéteur.
FABIUS.
D'abord, divin Auguste, lncitatus a toussé toute
la nuit...
son avoine dorée
est restée intacte
l'auge de marbre...
asijuus
Nous y
voilà...
( à
pwt ).
dans
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
44
CÉSAR.
Par Drusille
qu'il aille
ma sœur! que
au Capitole demander
rison... Asinius, toi
le
sénat tremble,
sa
prompte gué-
son collègue, son collègue ja-
loux, tu en es responsable sur ta tête. Mais
songe
..
Lucullus
a-t-il
dîné hier chez
mon
j'y
dieval
?
CHÉRÉAS.
Divin Auguste,
avec moi.
était
y
il
CÉSAR.
Cette maladie est peut-être une vengeance de
Lucullus!...
•
chéri*, a s.
Comment
«roire?...
SABIUS.
Peut-être...
déplus,
En
(à paru)
bon crime de
tout cas^ ce ne serait qu'un crime
Ma
journée sera bonne,
j'ai
un
lèse-majesté.
CHÉRÉAS.
Il
faut avoir
une imagination de délateur pour
trouver prise contre Lucullus... Sans doute quel-
que bonne
conspiration...
CÉSAR.
Silence, tribuns! chacun son métier... Dis donc,
Fabius
,
as-tu
vu
doit être Gère de
la
comédienne Quintilia
commencer par où
finit
?
elle
Praxi-
ACTE
noé
:
9CÈNB
11,
sans passer par
IV.
consulat, elle prend rang
le
d'impératrice tout d'un coup, avec Orestille, avec
V.
mime et
Césonie, avec
ma sœur
Drusille!
FABIUS.
Divin Auguste,
rester
comédienne Quintilia veut
la
comédienne. Elle
main à Fempereùr,
le
préfère
le
peuple ro-
cirque au palais.
césar.
Voilà un rival téméraire et bien heureux que
ce peuple romain! Ah!
s'il
n'avait
qu'une
tête...
FABIUS.
Peut-être en
est-il
un encore plus dangereux ?
CÉSAR.
Lequel donc?
FABIUS
Ma
fortune est
procher un
faite!
homme
(à part).
(haut) J'ai
entendu rap-
d'un dieu... Elle a comparé
Lucullus à César... Je n'ose...
CÉSAR.
Texpliqueras-tu?
FABIUS.
L'impie,
infâmes;
la
sacrilège, elle a
elle a raillé
ton front sublime... Faut-il
dire tout?...
CÉSAR.
Parle
!...
prononcé des mots
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
46
FABIUS.
une
Elle a fait
majestueuse;
même
le
et*,
allusion criminelle à ta barbe
niant ta divinité, te refusant
nom d'homme,
elle t'a
appelé...
bouc
couronné!
CAÏUS.
Misérable! c'était un
mot
qu'il fallait faire en-
tendre et ne pas prononcer.
FABIUS.
Je ne suis qu'un écho.
CÉSAR.
Eh
bien
!
l'écho
ne rendra plus de son
!
Au
cir-
que pour demain.
FABIUS
(
d'une voix suppliante, entraîné par les gardes
César, je te
fais
mon
).
héritier.
césar.
Alors, au cirque
pour aujourd'hui!
FABIUS.
Malédiction
!
(
SCÈNE
Les mêmes
,
Les gardes rient.
)
V.
excepté
FABIUS.
CÉSAR.
Quant
à Quintilia, elle restera
comédienne
je
ACTE
lui
un
destine à elle
SCtNB
11,
rôle
VI.
47
nouveau, un
rôle qui
demandera tout ce quelle a de pleurs dans les
yeux, tout ce quelle a de soupirs dans la poitrine
tout ce qu'il y a de tragique dans tout son
,
veux que chacun de ses membres soit
un acte de ce drame a elle seule. Je veux qu on
corps
:
je
entende crier
le fer
sur ses os. Croyez-moi, sa
gure n'aura pas besoin de masque pour être
Tu ne
rible.
l'aurais
jamais trouvée
fi-
ter-
naturelle
si
dans ses rôles de tragédienne. Le peuple , cet
amant jaloux et favorisé en jouira de sa maî,
tresse
:
abandonne
je lui
aille la saisir
et
,
ses
membres.
— Qu'on
qu'on appelle Lucullus au pré-
toire.
en ta t as
Pauvre Lucullus!
pirez
donc pas
il
(•*
aimait tant à vivre...
Ne cons-
!
SCÈNE
CESAR
VI.
LUCULLUS.
Les mêmes,
Tu
P*H).
(à Lucullus).
connais Quintilia?
LUCULLUS
(regardant Chéréas qui ne le regarde pas
Oui, César. Qui ne la connaît pas,
comédienne de Rome?
la
.
première
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
48
CÉSAR.
Tu
l'aimes?....
LUCULLUS.
Oh comme
!
tant d'autres.
CÉSAR.
Tant
que tu
pis
A toi,
elle.
n'aies pas plus d'amitié
Ghéréas l'exécution
,
homme
prétoire et
de cœur!
d'horreur qu'il comprime aussitôt.
si
)
comme
(Chéréas
fait
du
un mouvement
Mais pourtant tU as été
Gaules
faible à la dernière levée d'impôts dans les
que
pour
tribun
Luculius... Maintenant j'ai dit. Moi et le peuple nous
attendons le spectacle dans une heure que tout
je craindrais
de
te voir faillir: tu l'aideras,
;
soit
prêt,
question
charmer
(à Lucuiius.
te dira peut-être, à la
elle a
su te
(il sort.)
LUCULLUS
Il la
Elle
par quelle secrète magie
—
,
)
condamne à
(pevenant
la
'de
sa stupeur
torture:
SCÈNE
Les mêmes, excepté
il
).
l'aime, Calfgula....
VII.
CALÏGU LA
et sa suite.
CHÉRÉAS.
Elle lui a résisté, cette
femme!
C'est
Fabius qui
la dit, et Fabius en mourra. Et nous, nous
dons
les faveurs
deman-
qu'une comédien ne 'refuse, nous
ACTE
II,
SCKNR
M
49
que des courtisanes, de honteux emplois: on s'agenouille pour être préfet du
prétoire on adore pour être consul! abomination!
C'est une femme qui nous donne, à nous autres
hommes, une leçon* de 'courage. C'est Quintilia
qui montre à Lucullus comment on résiste à
'"«ésar! lâches que nous sommes! Eh* bien! tu ne
sollicitons, plus vils
,
voulais pas conspirer!
(IUm regardent
tous
les trois
en silence pendant an instant.)
LUCULLUS.
Nous
bourreaux
voilà faits
Lucullus
tribun,
Chéréas
!
le
tribun
,
de consul, patriciens,
tous deux devenus licteurs
Allons, ôtez-moi
le
fils
!
cette tunique blanche; vite, à
rouge
nous
le
'manteau
et la hache.
chéréas.
Nous
licteurs!
ô dieux, à nous
la
hache!
jour que Caligula sera
Rome nous
le jettera
la
victime
,
Oh!
du
du jour que
ce sera bien la plus belle fonction de l'empire
tout vif, en disant
:
,
Vengez-
moi.
lucullus.
Je suisattéré
CHÉRÉAS.
Un
crime de plus
,
encore un défi à nos poi-
gnards.
4
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
5o
ASINIUS
frappant sur l'épaule de Lucullus
(
Eh! jeune homme, tu
j'ai
bien
ma
Lucullus;
fait
il
me
faut dire aussi
attendre
ma
mon
tour
que Caïus ne m'a pas
vengeance. Et quelle vengeance
grand Jupiter au moins ce
!
moi; mais
avoue que
raillais hier:
revanche aujourd'hui à
).
n'était
que ma femme,
ta maîtresse...
LUCULLUS.
Horreur
!
ASINIUS.
Et ton cheval?...
Voici Qufntilia.
SCÈNE
VII.
Les mêmes, QUINT1LIA.
LUCULLUS.
Où
Quintilia!...
CHÉRÉAS
On
(la
cacher
mon
trouble
?...
voyant venir toute couronnée de
fleurs
1
J
.
a paré la victime!
QUIWTILIA
L'empereur
(«ans voir d'abord Lucollua).
me demande? Quels singuliers
nu
s
ACTl
H.
SU
M
I
Ml.
61
d'amour depuis hier; D'abord, lo délateur
FabiUs, puis deux gardes du prétoire. (Apercent
Lucoihu.) Ah! Lucullus, c'est toi..,, ami , tu vois...
irs
on me mène à l'amour de César, entre deux
(Lucullu» détourne
tournes-tu
résister...
yeux
les
ne
il
?..
ne crains rien
m aura
quoi Ce trouble? (EHe
Et
se tourne Ter»
de
est Caïus?...
silence
me
voyez,
ils
la
Mais pourfuit
LVous
êtes
son regard.)
comme
(Scène muette.)
non plus, ce
:
je saurai lui
douleur... Expliquez- vous...
tue... lui
me
,
Chéréas qui
Mais parlez donc...
ne
glaives
pourquoi dé-
que morte
toi aussi, Chéréas, tu frémis
les statues
M aiS
yeux une repondre.)
les
vieillard....
diront rien, les lâches
!...
ou
Leur
Mais
Ils
ont
) Des hommes qui ont peur!
peur
Allons, mes* amis, mon Lucullus, je ne crains pas
Est-ce la mort?
César, je ne crains pas la mort
!
(Le» montrant du doigt.
AS1NIUS (à
Si ce n'était
que larmort, mais
LE PEUPLE,
Les jeui,
part).
les
dans
la
la
rue, crie
torture!
:
jeux, Quintilia...
CHÉRÉAS
(
à part;.
Voilà César qui s'ennuie d'attendre et qui nous
envoie chercher.
QCINTILIA.
Entendez-vous
crie
:
le
peuple
qui s'impatiente et
Les jeux, Quintilia!
(Nouvelles rumeurs du peuple.)
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
5a
Faites-moi donc vite parler à l'empereur...
je
ne manque
proche, et
pas l'heure
du
que
théâtre... l'heure ap-
je joue^aujourd'hui...
•CHÉRÉAS.
Oui.
ASINIUS.
N'aie pas peur de
manquer
ton entrée...
Tu
t'y
trouveras, je t'assure; tu auras le premier rôle,
que tu ne connais point, hélas! que tu n'as
point appris César t'a condamnée à la question
un
rôle
:
:
le
tribun Chéréas et
gés de présider
le
tribun Lucullus sont char-
la torture...
QUINTILIA.
Lucullus... toi...
(
A
voix basse
à Chéréas. )
Chéréas, n'aie pas peur , je sais souffrir... Mieux
vaut pour
toi et les tiens
que
tu présides à
mon
supplice qu'à celui de Lucullus, par exemple... Je
sais souffrir...
m'a
jeté
Ce
secret de
la
conspiration qu'il
comme un mot d'amour,
mort avant
ce secret est
moi...
CHÉRÉAS.
le
coup plus
mon
supplice?
Et nous! nous ne pouvons porter
vite et sauver cette
pauvre femme.
QU1NTIIIA
Qu'importe, ami
,
(ironiquement).
qu'importe
ACTE
Tu
III.
RUA
VU
53
ton trépas
aurais refusé, tu «rrais mort... et
sauvé
n'eut poitit
mien.
le
S'il
faut
du sang de
femme pour qu'une conspiration vienne à bien
mon sang coulera: après tu seras Virginius.
,
cttrfliÉAs.
Oui,
vengeance!...
la
*
QUINTILU.
La vengeance... ce plaisir des dieux C'est plus
que je ne veux, moi, Quintilia la comédienne.
!
Allons, allons, Lucullus, parle donc
aussi...
A
ton
tour sois acteur, prends l'épée, on jouera ce soir
le
meurtre du tyran. Frappez, frappez Caligula,
ouvrez-lui
le
du monde,
il
deux battans; dans
l'intérêt
ciel
à
n'est
pas trop tôt d'en faire un
dieu...
LE PEUPLE.
Quintilia
!
Quintilia
!
QUIHTILIA.
Les entends-tu, Lucullus?
IXCCLLUS
Maintenant,
emmenez
(sortant
je suis
tribun
nous
appellent...
sa stupeur).
du prétoire...
Soldats,
cette femme...
QUINTILIA
Vous
«le
ils
êtes prêts...
(ironiquement).
Vous savez bien vos
rôles...
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
54
y a changement
on va vous donner une nouvelle tra-
Peuple, un peu de patience;
de spectacle
:
il
gédie...
OtLÉÊÉÊp.
Une
par
tragédie qui
commence par
lui.
FIN
DU DEUXIÈME
ACTE-
toi et finira
ACTE
III.
s,
ACTE
Le
théâtre représente
duit au arque.
A
un
i
m
.55
i.
III.
vestibule
dp plais impérial
droite de la scène est
,
qui con-
uu corps -de-garde
de prétoriens.
SCÈNE
I.
(Des drapeaux, des armes, des amphores, des coupes..
Prétoriens
couchés, buvant et jouant aux dés.
assis,
UN SOLDAT (montant la
C'est
malheureux
pendant
les fêtes
d'être
publiques!
s'amuse au spectacle,
de long en
il
)
garde).
de garde aujourd'hui
Quand
tout
le
monde
faut traîner l'ennui au pas
large.*
TJIf
SECOND SOLDAT
Et l'on dit que
posé; d'abord
,
le
(•»«>
spectacle est très-bien
les gladiateurs, ça
com-
ne compte pas
:
puis un intermède de bêtes féroces; on finira par
les tortures
yeux
d'une jeune et
jolie
noirs, à la peau blanche.
comédienne aux
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
56
LE PREMIER SOLDAT,
Funeste sort qui nous a désignés pour
de
la
journée! Je
les
entends rire, je
au cirque sans pouvoir
aller rire
le
poste
les vois aller
comme eux. Tan-
qui n'a du vin que jusqu'au menton est aussi
malheureux que moi! Que ce soleil est chaud!
tale
LE DEUXIÈME SOLDAT.
•
Tiens, une rasade de Falerne.
LE PREMIER
Merci Je fonds
!
dent de
pas de
temps:
comme
(buvant).
la cire
sous ce
C'est qu'il n'y a pas
pluie,
pas de neige*, toujours
les
ciel ar-
un nuage
l'Italie.
le
ici,
beau
Champs-Elysées ne m'ennuieraient pas
ne peux pas respirer de
du citron ou de l'orange ou du
myrte, c'est une infection! Àh! vive notre Germanie où l'air ne sent rien, où les femmes sont
davantage
l'air
ici
:
et puis je
;
c'est
blanches et ne ressemblent pas à des échappées
d'enfer.
LE DEUXIÈME SOLDAT.
Eh
bien
!
moi, j'aime
noirs ; dites-en ce
l'Italie et le soleil et les
que vous voudrez boire
:
yeux
et man-
ger, l'amour et les spectacles,. voilà notre vie
à
nous, notre joyeuse vie: l'empereur nous aime
ACI1
III.
SCÈNF
plus que ses maîtresses, et
dans
roi
mon
même
pays,
jt;
5
I
7
ne retournerais pai
pour y épouser
fille
la
du
des Teutons.
LE PREMIER SOLDAT.
Mais
gentille Gorgo...
je vois la
SCÈNE
Les mêmes,
II.
GORGO avec du vin
et des fruits.
LE PREMIER SOLDAT (â
On
ne passe
Gorgo).
pas....
GORGO
(
à
l'oreille
du soldat
).
Xtpeaa euvouyoa.
•
LE PREMIER SOLDAT.
Passe.
•
LE DEUXIÈME SOLDAT.
*
Tiens, nos cruches sont vides
pos: et puis voilà que
allons
,
le
brune Romaine
,
;
tu viens à pro-
mal du pays
les
fais-leur oublier
prunelles bleues des prêtresses d'Irminsul
,
;
prend;
toi
et
,
les
pour
nous égayer, chante-nous quelque ode bien vive
bien dansante.
LE PREMIER SOLDAT.
Oui! une chanson d'Horace,
le
.
bon
vivant.
et
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
58
GORGO.
Bah
!
c'est
trop vieux.
LE PREMIER SOLDAT.
Alors une autre....
GORGO.
Une
toute nouvelle.... écoutez.
PREMIER SOUDÂT.
LE
Ëcdutez...
(Les soldats font cercle autour de
Gorgo
et attendent
en
silence.)
GORGO,
Sur
l'enfant
de Caïus
et
de sa sœur.
LE PREMIER SOLDAT.
Oh
!
je la connais
Quand
A
(
Le soldat
le
on ferma
fait
nez
,
t
la
un geste
en couche
bouche
expressif. )
Et Ton nous dit que cette
fille
Drusille
Est eu nourrice chez
les
dieux.
Rire des prétoriens.
Ainsi l'enfant tient
la
mamelle
De notre grand'-mère Cybèlej
Chaque déesse
Minerve à
,
et puis les yeux...
De l'empereur et de
(
vous
je vais
mom
Drusille
l'enfant
Et puis
,
l'instruira
faire
Junon
à se parer
Vénus
i...
de
:
la toile
du
voile
,
)
la
,
chanter.
ACTE
SCENE
III,
SCÈNE
Lu
MÊMES
,
un Centurion
III
5c)
III.
entrant' brusquement.
,
LE CENTURION.
Par
les livres sibillyns,
s agit
il
bien déchanter...
De quoi vous occupez-vous
à cette
musicien de l'enfer,
chanter aux mystères
va-'t'en
heure? Arrière,
ou dans la maison de Proserpine Prétoriens,
vous ne savez donc pas? On conspire à Rome.
d'Isis
!
LE DEUXIEME SOLDÂT.
Nous
savons bien.
le
(« Gorgo.
)
Chante, ou verse
à boire.
LE CENTURION.
Eh
bien
vous ne vous remuez pas
!
?
LE DEUXIÈME SOLDAT.
Pourquoi
?
après celui-là
un
autre.
On
conspire
contre César et non contre nous.
LE CENTURION.
Mais notre
existence
est
attachée
à
l'em-
pereur.
LE DEUXIÈME SOLDAT.
Tu veux
n'importe
,
dire à l'empire
pourvu
qu'il
:
y en
Caïus ou un autre
ait
un.
LE CENTURION.
Mais votre Caligula,
le
sang de Gernrariicus,
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
6o
votre élève, né au milieu de vous, votre camarade,
qui porte des brodequins
comme
vous, qui vous
accable de privilèges et vous laisse
Rome
étrangers dans
jour à
la
Mais
vous
que vous mariez chaque
,
mode de Romulus.
le
serment de
fidélité
!...
LE DEUXIÈME SOLDAT
Le
Ah
serment....
turion
,
libres,
si
!
bonne
la
quel âge as-tu
(riant).
Cen-
plaisanterie...
?
LE CENTURION.
trente ans de service...
J'ai
LE DEUXIEME SOLDAT
Eh
pée
,
bien
!
tu as
à Antoine
,
fait
(comptant par
un serment à
ses doigts)*
César, à
Pom-
à Auguste, à Séjean, à Tibère et
à Caligula, n'est-ce pas?
LE PREMIER SOLDAT.
nous
D'ailleurs Caïus
jours de
fait
monter
la
garde
les
fête.
LE DEUXIÈME SOLDAT.
Et puis Caïus nous doit
continuer
tacles qu'il
comme
il
va
,
trois jours
avec
de solde
les fêtes et les
:
à
spec-
donne au peuple, il nous ferait faillite;
nous gagnons aux changemens.
laissons-le tuer:
LE CENTURION.
Nous
paix
?
laisserons
donc
les
conjurés agir
en'
ACTE
SCÈNE
III,
III.
61
LE DEUXIEME SOLDAT.
Mais ils
un
travaillent
pour nous. Ils nous apprêtent
d'avènement.*
droit
quatre jours de
par jour, pendant un mois
LE CENTURION
vous voyez tous
Si
rangeons pas
:
la
(
paie
!
ioz Prétoriens
chose ainsi
).
ne nous dé-
,
mais certain bruit saugrenu de ré-
publique, certains projets malheureux de liberté
ont circulé vaguement par
on disait qu'un
de nos tribuns voulait abattre notre trône milila ville:
taire.
TOUS LES SOLDATS.
A
bas
la
république
!
à bas
république vive
la
!
l'empereur.
LE DEUXIÈME SOLDAT.
Il
me faut un empereur
•
!
j'aime trop
LE CENTURION.
N'ayez pas peur pour vos privilèges
peur que
hommes
les
toges des bavards
qui portent
rons bien
la cuirasse
nous empêche-
:
vieux sénat.
LE PREMIER SOLDAT.
!
légions
bourses
!
point de république
soir
,
et
n'ayez pas
:
commandent aux
qu'ils rétablissent leur
Non non
du matin au
l'Italie.
:
ils
"
babilleraient
nous deviendrions simples
romaines avec point d'argent dans nos
,
point de chaussures aux pieds
:
on nous
'
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
62
enverrait à notre tour en garnison à Minturnes
à Carthage
non
!
,
en Mésopotamie ou
nous sommes
gardes du prétoire
les
défendrons nos droits
:
Non
ailleurs...
qu ils tuent
les
,
!
nous
;
empereurs
tant qu'ils voudront, nous nous chargeons de les
remplacer.
LE DEUXIEME SOLDAT.
Il
pousse toujours quelque bourgeon autour de
l'arbre.
Oh!
j'en
empereur, oh!
connais un
la
,
ma
pour
part,
un
meilleure pâte d'empereur;
est imbécile des pieds à la tête
ce sera la
;
il
crème
des empereurs. Figurez- vous qu'il est gros, gras et
bête; qu'il
mange plus que
tu ne bois; qu'il reste
à table plus qu'un prétorien à sa faction
vous connaîtrez
mon
Claude
,
:
quand
vous ne regretterez
pas Caligula.
LE PREMIER SOLDAT.
J'aurai soin
de stipuler au contrat qu'on ne mon-
tera plus la garde les jours de fête.
LE CENTURION.
Les conjurés doivent
leur laissons
(
donc
la
se réunir bientôt ici
place libre
;
la sentinelle
,
à la porte
même dn
nous
rentrons...
Les prétoriens rentrent tons an corps de garde
scène que
:
:
il
ne reste sur
corps-de-garde.
)
lar
4CTK
SU
III,
SCÈNE
M- IV.
VI.
LE PREMIER SOLPAT, CIIERÉAS, ASINIUS,
et autres
conspirateurs.
LK PREMIER SOLDAT.
Oh! oh!
boDDes
dos coospirateurs
déjà
tètes
Il
!
a
y
de
parmi eux.
(
CHERRAS
(
Le* conspirateurs se groupent.
«'avançant rera
)
la sentinelle).
Retire-toi.
(Le prétorien de garde rentre.)
.
CHERÉAS
(
»«x conjurés
).
Sommes-nous tous réunis? Claude seul est absent; il eût été de trop. Vos épées se détachentelles du fourreau? sont-elles bien aiguisées?
UN
Tiens,
la
DES CONJURÉS
(frappant une colonne).
mienne entame
CHÉRÉAS
cette pierre.
(souriant).
Le cœur de Caïus n'est pas plus dur
•
Amis, voici le mot d'ordre; ce n'est pas
!
donne;
il
entendre ni à dire,
il
gula qui
homme,
le
le
et l'on
n'est
va bien dans
la
Cali-
celui-là ni à
bouche d'un
ne rougit pas aie prononcer. Après
premier coup porté,
alors...
humiliant
je crierai
vous redoublerez.
:
Redouble, et
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
64
LES CONJURÉS
Redouble
,
(àjvoix basse).
redouble.
CHÉRÉAS.
Je réclame l'honneur de porter
Toi,Vinicien, tu seras a
toi,
ma
le
droite;
Cimber, vous passerez de
premier coup.
Asprénas,
toi,
l'autre côté
du mur,
de manière à mettre César entre nous. Vous tous,
amis, vous 'suivrez, rangés derrière moi,
l'œil
ou-
vert, l'oreille ouverte, prêts à frapper à ce cri libé-
rateur
:
Redouble.
Romains, vous vous
Rome du
êtes offerts
tyran. Faites plus
pour délivrer
délivrez^vous de
,
tyrannie. Plus d'empereur; comptez depuis
la
Au-
guste jusqu'à Gaïus, sur trois maîtres nous avons
eu Tibère fct Caligula
L'empereur ne nous réussit pas! à nous la
î
et sainte
république
LE SOLDAT RENTRÉ
!
(entrouvrant
passant
porte du corps- de- garde, et
vous en donnera, comptez là-dessus.
(
Ces mots prononcés
UN
Il
la
la tête ).
(
On
vieille
,
le
soldat se retire.
)
DES CONJURÉS.
ne sortira donc pas du spectacle!
rait sa vie
manger.
au spectacle;
il
y perdrait
le
il
y
laisse-
boire et
le
UN.
III.
M.KNF
ASIMI
Il
(Ill-lih\>
Silence
Rien
!
(«-contint).
!...
(On entend une
l'empereur.
s.
ma femme
oublie tout avec
IV.
espèce d'hymne chanté en
chœur qni
finit
par
)
,
rien
,
ce sont les prétoriens là-dedans qui
boivent à sa santé.
ASIMUS.
Mais
il
n'a
donc pas faim
CHER Ê AS
11
cet
empereur
?
(arec ironie).
niante du gladiateur là-bas.
ASINIUS.
Si le
COmplot
découvert.
était
Nous conspirions
les
(
A part
avec hnraenr.
)
portes ouvertes, hier; quel-
qu'un nous aura entendus ; voilà pourquoi sans
doute Caîus ne sent pas son estomac aujourd'hui.
(Levant le» mains au ciet) Praxinoé, Praxinoé ma douce
,
âme,
ma
reine
,
tu
me
CHÉRÉAS
Hé
bien
!
il
protégeras
!
(impatient, hors de lui).
faut prévenir la colère impériale
hâter le coup, tuer Caïus dans sa loge.
5
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
66
ASINIUS.
Attendez encore; je vais jusqu'au cirque voir
se dispose à le quitter.
s'il
SCÈNE
V.
Les mêmes, excepté ASINIUS.
CHÉREAS
Va
,
(«'adressant à Asinins qui sort)
et hâte- toi.
UN
S'il
sille,
me
DES CONJURES.
reste cette fois
nous ne
le
comme aux
fêtes
de Dru-
tuerons qu'après demain; car je
rappelle qu'il a passé deux jours entiers au
théâtre.
CHÉRÉAS.
Je n'y tiens
plus... différer
trop; avec des
c'est craindre.
une heure
hommes comme
serait déjà
nous, attendre
Allons! allons à Caïus
,
en plein
du peuple. Il applaudira ce peuple esclave; c'est un dernier appel que nous ferons
au souvenir des Romains; mais non... ils ont tout
oublié... Tant mieux... Ils accepteront leur vieille
liberté par amour du nouveau.
théâtre, en face
Partons
!
,
IK
\(
III.
S<
I
SCÈNE
M
Ml
VI.
'
Lis uécioiNs, ASINIUS.
\
Le
voilà... 11
il
(Tireinfi
quitte les jeux...
passage et
Jamais
MIS
si
les
foule
faisceaux ont de
ne fut plus aimé...
ma femme i
La
11
la
encom-
besogne...
marche lentement
sa droite.
CHÉRÉAS.
tranquille, Asinius, nous ne frapperons
is
•té.
SCÈNE VIL
Les PHÉcEDEifs
LL CL'LLLS
Vous encore
èîre des vôtres
(
LUCULLUS.
brusquement
ici
!
,
!
Rien
,
les
habits en désordre).
n'est
donc
Je vous cherchais
fait
,
et je puis
!
CHÉRÉAS.
Quel
au
est cet
homme ? on
n'entre pas ainsi vêtu
palais.
LUCULLUS.
Tu ne me reconnais pas, ChéréasPmoi
\<
ux frapper Caligula.
aussi je
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
68
CHERRAS.
Toi
?
comment
t'appelles-tu
?
LUCULLUS.
Lucullus.
CHERRAS.
Va-t'en dîner.
LUCULLUS.
Oui,
je m'appelle
Lucullus et je vous vaux bien
tous, qui vous croyez le droit de
ne
dirai pas
comme
vous
me
la patrie
,
la
mépriser Je
!
république,
La patrie c'est mon palais; la répumes ricbesses, mes esclaves; la liberté,
mon repos et mes plaisirs. Je puis tout perdre avec
la liberté!
blique,
Caïus, et je veux tout garder.
de cruauté par
que
en
j'aimais
la
Il
m'a mis en goût
mort de ma maîtresse, femme
fait pitié; je veux
peu, mais qui m'a
finir!....
CHÉRÉAS.
J^evoilàdonc passionné? Honte à vous, Romains.
Ce n'était pas assez de vous avoir décimés taxés
d'hommes et d'argent. Ce n'était pas assez qu'il eût
condamné vos sénateurs à combattre dans l'arène,
vos chevaux à être consuls. Ce n'était rien qu'il
,
vous eût forcés à brûler l'encens au pied des autels qu'il s'élève. Il a fallu
encore
les cris
d'une co-
médienne torturée pour vous remuer! Malheur
a
ACTE m, SCÈNE
Vous! car vous n'avez pas
la
TIII
69
volonté d'être
libres....
(Brait de fanfares.)
LB PEUPLE (dsnsU
coalisée).
César! vive César!
ASimus.
Voilà
le
ventre
du peuple qui
crie
!
ch£r£as.
Il
vient
une dernière
!
politesse. Allons
au de-
vant de lui!
(
Les conjurés s'élancent hors do théâtre.
rat
les
suivre
Consul
,
:
— Au consul Asinins qui
)
ta place est ici
;
aie l'œil sur les préto-
riens.
Asmius.
Merci.
SCÈNE
ASINIUS,
là
VIII.
seul d'abord.
Qui aurait jamais pensé que j'en serais venu
C'est
Je frissonne de tous mes membres
avoir trop de courage
O ciel
!...
les prétoriens
5*
!
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
yo
SCÈNE
IX.
ASINIUS, le Centurion.
LB CENTURION.
Toi
ici!
consul, toi
on va donc
la cuirasse
de l'empereur?
frapper!...
AS1N1US.
Comment,
(
En
ce
frapper
!...
moment un grand tumulte
se fuit entendre. )
LE CENTURION.
N'entends-tu pas ? on travaille là-bas.
UNE VOIX
(dant la coulisse).
Redouble! redouble!
ÇAÏUS
(succombant).
Je ne suis pas mort.
LES CONJURÉS
L'empereur
est
(
dans
mort, vive
LE CENTURION (aux
L'empereur
est
la
la coulisse).
république!
prétoriens).
mort! vive l'empereur! Allons
chercher Claude...
(
Les prétoriens sortent et
les
conjurés entrent.
)
ACM
AS1NIUS
L empereur
( Il
;
IU. SCfcNl \
;i
haletant et d'un atr de triomphe
mort, je reprends
est
reprend aa feutme qui reutre
).
ma femme.
cheveux épara avec
le»
las
cuu-
jarfc.)
SCÈNE
X.
AS1NIUS, LU CONJURÉS PRAXINOE, SÉNATEURS, CHEVALIEM
,
,
rEUPLE.
ASIMUS
(
s'avançant fièrement au milieu de
Nous avons sauvé
rendre
la patrie! allons
foule
la
).
au Capitole
grâces aux dieux immortels
Peuple
!
nous rétablissons ton sénat, ton tribunat
maintenant de reconnaître
qui sacrifient tout pour
Dites-moi
elle!
tes
de ceux
courage
le
,
Rome
Permis à
élections sur la place publique
Reste
:
consul et je resterai consul...
( 11
croisés
veut continuer...
,
reate
des conjuré» l'interrompt... C.bëréas, les braj
le
DES CONJURÉS
Uflf
Il
an
en silence sur
(
devint de
»e faisant
la
Aiinius
)
offrir
aussi sauvé
j'ai
m'adjoins à ce grand
pour vous
)
jour au milieu des autres
vous faut deux consuls;
trie, et je
scène.
homme ™
'
la
les
consuls
1
pa-
monuant
de plus longs services.
LE PEUPLE.
Vive Asinius! vivent
).
7
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
s
UN AUTRE CONJURÉ SÉNATEUR.
,
Moi
aussi
sauvé
j'ai
vieux sénateur.
la
patrie! Peuple, écoutez
n'y a de félicité stable
Il
un
pour vous
qu'en rétablissant les privilèges du sénat.
LE PEUPLE.
Oui, vive
sénat!
le
UN CHEVALIER.
Et moi aussi
tez.
Il
n'y a de
j'ai
sauvé
la patrie!
bonheur pour
le
Écoutez, écou-
peuple qu'en re-
levant l'ordre des chevaliers.
LE PEUPLE
Vivent
(
applaudissant)
vivent les chevaliers
!
!
lucullus.
Pour moi, peuple, je ne demande rien; demain
mes jardins vous seront ouverts. Je me fais votre
hôte; un festin somptueux vous sera préparé et
des fêtes vous attendent chez Lucullus.
LE PEUPLE.
Vive! vive Lucullus!
LUCULLUS (
Allons
,
parle
,
s 'approchant
de Chëréat
Chéréas; cela ne
).
me
regarde
plus.
CHÉRÉAS
A mon
(
sortant de si stopsur).
tour, maintenant, Asinius, Vinicius, vous
Il
\(
me
III.
Vous n'oubliez
que
peuple.... Ici,
le
.
1«
m
m'y
.
;.*
en parlant au peuple
rien
nous sommes tous peuple;
sénateurs, ni chevaliers, ni consuls
Cest au champ de Mars que la voix du maître
nommera.... Ce maître
s
XI.
volontiers place pour arriver à
faisiez plus
César.
il
SCÈNE
,
cest
peuple..
le
..
LE PEUPLE.
Vive
le
peuple!
CHÉRËAS.
Je n
ai
( Il jette
plus besoin de poignard
son poignard
Un
grand brait
se fait entendre.
)
SCÈNE XL
Les précédées,
CLAUDE,
le Centurion, les Prétorien;».
LES PRÉTORIENS.
Vive Claude
(
!
Vive Claude
!
(
Mourement parmi
Les prétoriens traînent Claude tout tremblant ,
et *c débattant
an milieu d'eux.
la
les
con-
robe tonte souillée
)
CLAUDE.
Laissez-moi donc tranquille.
LE CEHTURIOlf ( aux
Vous avez
assez fait
,
conjurés
assez dit
;
).
à notre tour.
:
UNE REVOLUTION D'AUTREFOIS.
j
LE PEUPLE.
Ecoutons, écoutons.
(
Les prétoriens lâchent Claude, qui veut se s;iuver. Les prétoriens le
reprennent.
)
LE CENTURION
Entre nous
et toi
qu'il faut faire
,
il
(
à
s'agit
librement.
Clande
).
d'un grand marché
—
Vous tous
à l'empereur. Soyez témoins.
— Voici
,
respect
nos con-
ditions.
LE PEUPLE.
Écoutons
écoutons.
,
CLAUDE.
De
grâce
!
lâchez-moi
:
je suis
mort
!
LE CENTURION.
Divin Auguste
sesterces
,
,
comme
sera caution;
il
ne
il
nous faut cent millions de
Le peuple
pas manquer l'oncle de
droit d'avènement.
laissera
son Germanicus.
UN SOLDAT.
C'est bien le moins.
LE CENTURION.
Accordé. Le droit d'élection pour nos chefs
t
ordê.
V^
— Ne plus camper hors des murs de Rome
M
\<
toge. Accordé.
une misère; de plus,
la
paie double.
)
I.
tOUt?
un
instant,
garde
(
s'arançanl
on ne montera plus de
C'est bon à stipuler.
fête.
(plaçant
la
couronne sanglante d« Caïus snr
de Claude,
Nous
quelles conditions
Alors Chéréas se baisse
(
Aux
Quant
conjures.
à vous
(
l'empire
Les conjurés
,
car ta couronne a
,
et
ramasse son poignard.
parleurs
,
,
vous
s'il
le
nous allons
,
qui n'êtes pas de
la
l'empereur
et le saluent.)
(rassuré.)
dieux m'ont donné l'empire allons
les
!
Vos
les
)
vous prend jamais fantaisie
CLAUDE
Romains,
du sang.
paierez plus cher.
se tournent vers
les remercier.
j
)
famille d'Auguste
tir
la tête
empereur.... N'oublie pas à
faisons
te
).
instant!
jours de
les
LE CENTURION
(
—
:
OR SOLDAT
Uu
75
la
Aux prétoriens
st
\l
pas sur
\\oii
accordé.
(
SCÈNE
Ml.
fêtes n'ont été
qu'interrompues;
reprendre plus riches et plus belles.
Nous continuerons de Caïus
ce qu'il avait de
bon
pour vous. Le luxe de ses largesses s'effacera devant les libéralités de votre nouvel empereur.
LE PEUPLE.
\ i\e
Claude
!
vive l'empereur!
UNE RÉVOLUTION D'AUTREFOIS.
76
CHÉRÉAS.
Tuer Caligula pour avoir Claude
,
c'était
peine!
FIN DU TROISIEME ET DERNIER ACTE.
Lieu
la
£u#
PQ
2383
Pyat, Félix
Une révolution (^autrefois
P93U
PLEASE
CARDS OR
DO NOT REMOVE
SLIPS
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