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25 septembre 2013 0
douleurs de l’hypochondre droit
Douleurs biliaires
Dans la pratique clinique, il est important de distinguer
une douleur biliaire simple (lithiase vésiculaire symptoma-
tique) d’une douleur biliaire compliquée (migration de
calcul ou cholécystite).
La prévalence de la cholécystite est de 5% parmi les
patients se présentant pour des douleurs abdominales aux
urgences.1 C’est la pathologie la plus fréquente (50-60%)
touchant l’hypochondre droit. Dans plus de 90% des cas, la
cause est un calcul de la vésicule biliaire, enclavé dans le
canal cystique ou le collet de la vésicule.2
Environ 10-15% de la population occidentale serait por-
teuse de calculs biliaires, dont seuls 1-4% deviendraient
symptomatiques.3 La douleur de la colique biliaire est de
type viscéral et le résultat d’un spasme du canal cystique.
Elle est d’abord ressentie au niveau de l’épigastre et peut
irradier dans l’épaule droite. Environ 75% des patients qui
présentent une cholécystite aiguë ont des antécédents de
colique biliaire. La symptomatologie de la colique biliaire
simple dure moins de six heures. Les douleurs sont sou-
vent précipitées par un repas riche en graisses, qui stimule
la contraction de la vésicule biliaire via la libération de
cholécystokinine.2 Si la douleur dure plus de six heures,
une cholécystite est suspectée. Après six heures, la stase
biliaire et la surinfection bactérienne engendrent une in-
flammation de la paroi, avec ischémie et nécrose secon-
daires potentielles.
L’examen physique montre une défense localisée et un
signe de Murphy positif. On retrouve une leucocytose et
fréquemment une élévation de la phosphatase alcaline et
des transaminases. Le traitement de choix dans le cas d’une
cholécystite aiguë est la cholécystectomie dans les 72 heures
après le début des symptômes.
Selon l’ACR, l’échographie est la modalité la plus appro-
priée pour différencier une douleur biliaire simple d’une
douleur biliaire compliquée et poser un diagnostic de cho-
lécystite. L’ultrason permet de mettre en évidence les
signes suivants de cholécystite : distension de la vésicule
biliaire, boue biliaire
(sludge)
ou calcul intraluminal, épais-
sissement de la paroi avec aspect feuilleté dû à l’œdème,
liquide libre autour de la vésicule biliaire et signe échogra-
phique de Murphy. Ses sensibilité et spécificité atteignent
jusqu’à 83 et 95%, respectivement.4 A noter qu’un épaissis-
sement de la paroi vésiculaire peut survenir dans certaines
situations cliniques (ascite, hypoprotéinémie, VIH, hépa-
tite…). Il est important d’intégrer ces paramètres avant de
poser le diagnostic de cholécystite. L’échographie est un
examen plus sensible que le CT pour détecter des calculs
vésiculaires. Toutefois, les calculs cholédociens sont sou-
vent non détectables à l’échographie, car ils peu vent être
masqués par des gaz ou être trop petits pour être vus. Pour
cette raison, l’absence de visualisation de calculs cholédo-
ciens à l’échographie (ou au CT) ne permet pas d’exclure
une lithiase. En cas de dilatation des voies biliaires sans
obstacle détecté à l’échographie ou au CT, le choix de l’exa-
men complémentaire à effectuer dépend de la situation
clinique : 1) en situation d’urgence (obstruction aiguë avec
besoin de traitement immédiat), l’ERCP (cholangiopancréa-
tographie rétrograde endoscopi que) peut être associée au
traitement médical et 2) en cas d’impossibilité technique
de réaliser une ERCP (anastomose biliodigestive ou sté-
nose du canal digestif supérieur), la cholangiographie per-
cutanée avec un geste de drainage ou de désobstruction
peut être recommandée. Dans des situations électives, le
bilan peut parfois être complété par une cholangiographie
par IRM.
douleurs abdominales diffuses
et épigastriques
Occlusion intestinale et perforation d’organe
L’ASP peut être réalisé en première intention dans les
douleurs abdominales diffuses suggérant une occlusion in-
testinale ou une perforation d’organe, car cette imagerie
est facilement accessible et peut rapidement orienter le
diagnostic. On doit cependant souvent compléter l’examen
par un CT, afin de mettre en évidence la cause exacte de
l’obstruction ou de la perforation. Les signes radiologiques
classiques d’iléus sont les niveaux hydro-aériques (L 3) et
la distension de l’intestin grêle sur le cliché réalisé en po-
sition débout.2 Ils peuvent être absents en cas d’occlusion
du duodénum ou du grêle proximal.
Lors d’une perforation, on retrouve parfois de l’air sous-
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HCD • Biliaire (cholécystite, cholédocholithiase, colique
biliaire, cholangite)
• Hépatique (hépatite, néoplasie, abcès, foie de stase,
syndrome de Budd-Chiari, périhépatite de Fitz-Hugh-
Curtis)
• Paroi abdominale (musculaire, zona, radiculite)
• Ulcère perforé
• Pulmonaire (pneumonie, pleurésie, pneumothorax)
• Pathologie du côlon (colite, tumeur, diverticulite,
appendicite rétrograde)
• Rénale (pyélonéphrite, stase, infarcissement, lithiase)
HCG • Rate : infarctus splénique, traumatisme
• Pancréas : pancréatite, néoplasie
• Maladie pulmonaire : pneumonie, abcès sous-phrénique,
embolie pulmonaire, pneumothorax
• Estomac (comme épigastre/milieu)
• Radiculite
• Côlon descendant/angle splénique : colite ischémique
segmentaire
Epigastre/ • Etiologies cardiaques : ischémie, IM inférieur, péricardite
milieu • Ischémie ou infarctus du myocarde inférieur :
dissection, anévrisme de l’aorte abdominale, angor
abdominal
• Œsophage : reflux, infections
• Estomac : gastrite aiguë, ulcère perforé ou non, tumeur,
trouble de la vidange
• Paroi : hernie, compression nerveuse
• Toutes les étiologies biliaires
• Pancréas : tumeurs, pancréatite
Douleur Péritonite, iIéus obstructif, ischémie mésentérique,
diffuse anévrisme aortique en cours de rupture, porphyrie,
urémie, acidocétose diabétique, hypercalcémie, hématome
rétropéritonéal, fièvre méditerranéenne, gastroentérite,
IBD, crise hémolytique, angiœdème héréditaire, sevrage
d’opiacés, intoxication aux métaux lourds
Tableau 1. Douleurs abdominales selon la localisation
(Adapté de réf. 2,5).
HCD : hypochondre droit ; HCG : hypochondre gauche ; IM : infarctus du
myocarde ; IBD : syndrome de l’intestin irritable.
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