PATRIMOINE DU XXe SIÈCLE - Maison de l`architecture

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QU’EST-CE
QUE LE LABEL ?
Réponse à une recommandation du Conseil de l’Europe, le label
Patrimoine du XXe siècle fut créé par le ministère de la Culture
et de la Communication en 1999. Il vise à signaler au public,
décideurs et aménageurs, « les édifices et ensembles urbains
qui sont autant de témoins matériels de l’évolution technique,
économique, sociale, politique et culturelle de notre société. »
Sa création illustre la prise en compte progressive de l’architecture
du XX e siècle dans le champ du patrimoine. Sans incidence
juridique ni financière, le label peut être une alternative aux
procédures de protection patrimoniale existantes.
Fin 2008, le préfet de région a attribué ce label à quarante ensembles de logements édifiés en Ile-de-France entre 1945 et 1975.
La sélection fut établie par un groupe d’experts réunis à l’initiative
de la direction régionale des Affaires culturelles. Les ensembles de
logements ont constitué le premier thème retenu pour l’attribution
d’un label car la région capitale en est particulièrement riche ; encore
éloignés du champ d’étude des Monuments historiques, ils sont souvent dépréciés du grand public. Représentativité historique, qualité
de la forme urbaine, valeur d’usage, spécificités techniques, sont
les critères qui ont présidé au choix des ensembles sélectionnés.
1
1945-1975
UNE HISTOIRE
DE L’HABITAT
40 ENSEMBLES «PATRIMOINE DU XXe SIÈCLE»
Commissariat d’exposition :
Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) d’Ile-de-France,
Muriel Genthon, directrice régionale
Coordination scientifique :
Valérie Gaudard, Florence Margo-Schwoebel (Conservation régionale des Monuments historiques, DRAC d’Ile-de-France),
Benoît Pouvreau (service du Patrimoine culturel, conseil général de la Seine-Saint-Denis)
Remerciements :
Direction générale des Patrimoines, ministère de la Culture et de la Communication,
Conseil général de la Seine-Saint-Denis,
École nationale supérieure d’Architecture Paris-Belleville,
Pour la mise à disposition de leur fonds iconographique :
La cité de l’Architecture et du Patrimoine, le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer,
la direction régionale et interdépartementale de l’Équipement et de l’Aménagement Ile-de-France,
le conseil régional d’Ile-de-France, service Patrimoines et Inventaire, les conseils d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement d’Ile-de-France,
les archives départementales, les services municipaux d’archives, les propriétaires, les associations, les architectes et leurs ayants droit,
Pour leur participation :
Bernadette Blanchon-Caillot, Élise Guillerm, Grégoire Bruzulier.
Conception graphique : Emma Brante
Iconographie : Christelle Lecoeur
Les Trente Glorieuses et la transformation
du paysage francilien
1 © DREIF, Gobry / 2 © Artedia / 3 © Vincent Fillon /
4 © MEEDDM / H. Salesse.
Une politique du logement volontariste
1 © Académie d’architecture, Cité de l’architecture et
du patrimoine, Archives d’architecture du xxe siècle /
2 © Claude Dityvon / 3 © SIAF, Cité de l’architecture et
du patrimoine, Archives d’architecture du xxe siècle, photo
Cardot-Joly.
La charte d’Athènes et la rupture
avec la ville ancienne
01 © CNAM, SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du xxe siècle / 02 © Académie
d’architecture, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du xxe siècle / 03 © Région
Ile-de-France Inventaire Général, Département de la SeineSaint-Denis, photo Stéphane Asseline / 04 © OPHLM 92.
La critique du modèle et la naissance d’alternatives
01 © Vincent Fillon / 02 © Agence Soucheyre / Jacques
Bardet / 03 © Vincent Fillon / 04 © OPHLM 94 /
05 © Atelier Christian de Portzamparc
Une exigence nouvelle
01 © OPHLM 92 / 02 © SIAF, Cité de l’architecture et
du patrimoine, Archives d’architecture du XXe siècle /
03 © SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du xxe siècle, photo Cardot-Joly /
04 © Vincent Fillon
Le confort moderne pour tous
01 © SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine / Archives
d’architecture du xxe siècle, photo Paul Cadé / 02, 03 et
04 © Académie d’architecture, Cité de l’architecture et du
patrimoine, Archives d’architecture du xxe siècle.
S’approprier l’espace
01 © Vincent Fillon / 02 © Nicolas Borel / 03 © Archives
de la ville de Grigny / 04 © DRAC Ile-de-France, photo
Florence Margo-Schwoebel.
Innovation, préfabrication, production de masse
01 © SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du XXe siècle / 02 © SIAF / Cité
de l’architecture et du patrimoine, Archives d’architecture
du xxe siècle, photo Paul Cadé / 03 © SIAF, Cité de
l’architecture et du patrimoine, Archives d’architecture
du XXe siècle.
Diversité de styles, multiplicité de réponses
De gauche à droite et de haut en bas :
© Artedia / © DRAC Ile-de-France, photo Florence
Margo-Schwoebel / © CAUE 94 / © CAUE 94 / © DREIF /
© SIAF / Cité de l’architecture et du patrimoine / Archives
d’architecture du xxe siècle, photo Augustin Dumage /
© DRAC Ile-de-France, photo Florence Margo-Schwoebel /
© DRAC Ile-de-France, photo Florence Margo-Schwoebel /
© SIAF / Cité de l’architecture et du patrimoine / Archives
d’architecture du xxe siècle / © Artedia, Luc Boegly
Des architectes engagés pour le logement
De gauche à droite et de haut en bas :
© Association Les Pierres Sauvages de Belcastel, photo
J. R. Roustan / © Ville de Meudon, photo Renaud Douci /
© SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine, Archives
d’architecture du xxe siècle / © SIAF, Cité de l’architecture
et du patrimoine, Archives d’architecture du xxe siècle /
© CNAM, SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du xxe siècle, photo Laboratoire
photographique du CNAM / © CNAM, SIAF, Cité de
l’architecture et du patrimoine, Archives d’architecture du
xxe siècle / © SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du xxe siècle / © Vincent Fillon.
Les 40 ensembles
01 © SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du XXe siècle, photo Michel Moch /
02 © Nicolas Borel / 03 © Vincent Fillon / 04 © Linkef,
Lilian Le Guevellou / 05 © Centre Pompidou, Paris,
Bibliothèque Kandinsky, photo Cardot-Joly / 06 © Académie
d’architecture, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du xxe siècle / 07 © DREIF, Gobry
/ 08 © SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine,
Archives d’architecture du xxe siècle, photo MRU /
09 © Vincent Fillon / 10 © Vincent Fillon / 11 © Vincent
Fillon / 12 © JF Noël / 13 © DRAC Ile-de-France, photo
Florence Margo-Schwoebel / 14 © Paul Chemetov, / 15 ©
DRAC Ile-de-France, photo Florence Margo-Schwoebel /
16 © OPHLM 92 / 17 © Association Les Pierres Sauvages de
Belcastel, photo Franck Gautré / 18 © MEEDDM / H. Salesse /
19 © DRAC Ile-de-France, photo Florence MargoSchwoebel / 20 © SIAF, Cité de l’architecture et du
patrimoine, Archives d’architecture du xxe siècle /
21 © Mairie d’Aubervilliers, photo Willy Vainqueur /
22 © Région Ile-de-France Inventaire Général, Département
de la Seine-Saint-Denis, photo Stéphane Asseline /
23 © Benoît Fougeirol / 24 © SIAF, Cité de l’architecture
et du patrimoine, Archives d’architecture du xxe siècle,
photo Cardot-Joly / 25 © DREIF, Gobry / 26 © Vincent
Fillon / 27 © DRAC Ile-de-France, photo Florence
Margo-Schwoebel / 28 Académie d’architecture, Cité de
l’architecture et du patrimoine, Archives d’architecture
du xxe siècle / 29 © Région Île-de-France Inventaire
Général, Département de la Seine- Saint-Denis, photo JeanBernard Vialles / 30 © CNAM, SIAF, Cité de l’architecture
et du patrimoine, Archives d’architecture du xxe siècle /
31© Région Ile-de-France Inventaire Général, Département
de la Seine-Saint-Denis, photo Jean-Bernard Vialles /
32 © Jean-Michel Léger / 33 © Région Ile-de-France
Inventaire général, Département de la Seine-SaintDenis, photo Stéphane Asseline / 34 © Vincent Fillon /
35 © CAUE 94 / 36 © Vincent Fillon 37 © OPHLM 94 /
38 © SIAF, Cité de l’architecture et du patrimoine, Archives
d’architecture du xxe siècle, photo Jean Biaugeaud /
39 © OPHLM 94 / 40 © Vincent Fillon.
© Adagp Paris 2010 Jean Balladur, Paul Chemetov,
André Lurçat, Christian de Portzamparc, Jean Prouvé.
2
01
HISTOIRE
LES TRENTE
GLORIEUSES ET
LA TRANSFORMATION
DU PAYSAGE
FRANCILIEN
02
Les Trente Glorieuses ont marqué durablement le paysage francilien.
De la Reconstruction à l’urbanisation intensive puis raisonnée, la
région parisienne connaît un développement exceptionnel. Souvent
associée à l’idée de croissance économique, cette période est cependant plus complexe. Entre 1945 et 1975, baby-boom, exode
rural, décolonisation et immigration entraînent une forte pression
démographique en Ile-de-France où la population passe de 6 à
10 millions d’habitants. Face à une crise du logement sans précédent, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) se
donne très tôt comme objectif la lutte contre l’habitat insalubre et
la suppression des bidonvilles.
Pour accélérer la construction, le MRU encourage fortement la préfabrication et l’industrialisation du bâtiment. Dans les années 1950,
architectes et maîtres d’ouvrage édifient les grands ensembles,
dont Sarcelles est l’exemple emblématique. Très vite contesté, ce
modèle de grand ensemble est repensé dans les années 1960 et
1970, au profit d’une échelle plus maîtrisée. À l’urbanisation s’ajoutent les infrastructures routières puis le futur réseau de transports
en commun en lien avec le projet des villes nouvelles.
En trente ans, le schéma urbain traditionnel de la région parisienne
éclate et les paysages s’en trouvent profondément modifiés.
03
03. Pantin,
quartier de l’Église
(architecte :
Denis Honegger,
1950-1973,
tranche d¹opération
labellisée). L’opération
du quartier de l’Église
permet de résorber l’habitat
insalubre qui compose
le paysage de nombreux
centre-villes au sortir
de la guerre.
01. Rocquencourt,
le Parc (architecte :
Jean Dubuisson,
circa 1964-1974).
La résidence prend place
dans le parc d’un château
devenu le siège de la
Compagnie générale de
télégraphie sans fil (CSF).
La vue aérienne montre
parfaitement comment
l’environnement boisé
de ce château se trouve
profondément transformé
par l’extension des
infrastructures routières,
ici le fameux triangle de
Rocquencourt.
02. Nanterre,
quartier Pablo Picasso
(architecte : Émile Aillaud,
1972-1981).
Les vingt-quatre tours
arrondies d’une trentaine
de mètres de hauteur
émergent au milieu des
pavillons de Nanterre
comme les signes d’une
modernité faisant écho
au quartier d’affaire, tout
proche, de La Défense.
Les motifs et les couleurs
des façades, créés par
Fabio Rieti, temporisent
toutefois cette modernité
en atténuant leur présence
dans le paysage.
04
04. Sarcelles, les Lochères
(architecte : Jacques-Henri
Labourdette, 1955).
La construction du
Grand Ensemble de
Sarcelles constitue le
plus important chantier
de la région parisienne et
même d’Europe. La « ville
nouvelle » compte au total
plus de 12 000 logements,
proposés tout d’abord aux
petits fonctionnaires et
ouvriers mal logés de Paris
et de sa proche banlieue.
Après Lochères, deuxième
opération du Grand
Ensemble, sont réalisés
d’autres quartiers qui ont
aussi reçu le label : l’Entrée
de ville et les Flanades.
3
01
HISTOIRE
UNE POLITIQUE DU LOGEMENT
VOLONTARISTE
Créé en novembre 1944, le MRU (ministère de la Reconstruction
et de l’Urbanisme) intervient dans cinquante-huit villes de la région
parisienne sinistrées par la guerre. Engagé dans la Reconstruction,
il se consacre dès les années 1950 à la construction de nouveaux
logements. Tandis que la rénovation des centres anciens permet
d’éliminer l’habitat insalubre et surpeuplé, les créations en périphérie pallient leur insuffisance numérique. Pour la première fois, une
politique nationale concertée de l’habitat se met en place avec le
MRU et les financements de l’État qui subventionnent les logements
neufs, privés et publics (HLM).
L’appel de l’abbé Pierre, le 1er février 1954, marque une autre étape
et mobilise l’opinion publique. L’État renforce alors son action et
crée les sociétés d’économie mixte (SEM) d’aménagement et de
construction, comme la SCIC qui s’appuie sur la puissante Caisse
des dépôts et consignations. Il développe le « 1 % patronal » affecté
au logement neuf et institue, pour la seule région parisienne, le
Commissariat à la construction et à l’urbanisme qui en répartit les
crédits. Le District de la région parisienne, qui lui succède, réorganise
la région, en 1964, en huit départements. Il y prévoit l’implantation
de « villes nouvelles », dont la création se veut en rupture avec les
grands ensembles. Par le biais de concours, l’État cherche également des solutions alternatives : les concours « Villagexpo », puis
« Chalandon », permettent de renouveler l’habitat individuel tandis
que le Plan construction encourage l’habitat intermédiaire, mêlant
collectif et individuel.
02
03
01. Villepinte,
les Mousseaux
(architectes :
Marcel Lods,
Paul Depondt,
Henri Beauclair,
1969-1972).
Ici en visite aux
Mousseaux, Albin
Chalandon, ministre de
l’Équipement et du
Logement, lance en 1969
le « concours international
de la maison individuelle ».
Ce projet de maison
métallique fut lauréat du
concours, ainsi que,
sur la même commune,
les Pyramides de Michel
Andrault et Pierre Parat,
également labellisées.
03. Bobigny, l’Étoile
(architectes :
Georges Candilis,
Alexis Josic,
Shadrach Woods,
1954-1960).
Répondant à la crise du
logement de l’après-guerre,
Emmaüs propose une cité
d’habitations économiques
fondée sur la réponse au
concours Million, qui invite
maîtres d’œuvre et maîtres
d’ouvrage à construire un
logement pour un million
de francs. À l’Etoile,
l’aspect plastique des
immeubles et des jeux
d’enfants est
particulièrement soigné.
02. Nanterre, bidonville
(1967). Les bidonvilles
témoignent de la crise
du logement dans toute
son ampleur. En 1965,
environ 75 000 personnes
vivent dans les cent dixneuf bidonvilles recensées
en région parisienne.
Les travailleurs immigrés
d’Afrique du Nord y
côtoient des Gitans, des
Espagnols, des Français,
des Portugais, des
Yougoslaves.
4
01
FORME URBAINE
LA CHARTE D’ATHÈNES
ET LA RUPTURE
AVEC LA VILLE ANCIENNE
02
03
04
01. Saint-Denis,
cité Paul Langevin
(architecte : André Lurçat,
1946-1953). Dessin d’un
premier projet comprenant
quelques logements
individuels. À partir d’une
trame orthogonale, André
Lurçat travaille sur un juste
équilibre dans la répartition
entre espaces bâtis et
espaces libres. Dans la
cité Paul Langevin, chaque
logement dispose d’une
vue dégagée sur
les espaces verts.
04. Châtenay-Malabry, la Butte-Rouge
(architectes : Joseph Bassompierre, Paul de Rutté, Paul Sirvin,
Pierre Sirvin ; paysagiste : André Riousse, 1930-1964).
La Butte-Rouge illustre les évolutions de l’urbanisme au XXe siècle,
de la cité-jardin au logement de masse. Ici, la place Jean Allemane
construite avant-guerre : les tours-escaliers à l’architecture
Art déco soulignent l’entrée dans le quartier, en retrait de la route
principale.
02. Marly-le-Roi,
les Grandes Terres
(architectes : Marcel Lods,
Luc et Xavier Arsène-Henry,
Jean-Jacques Honegger,
1955-1958). Les Grandes
Terres suivent à la lettre
la charte d’Athènes.
De part et d’autre d’un
grand parc collectif
agrémenté de terrains
de sport, sont disposés
vingt-sept immeubles.
Les équipements prennent
place en bordure de
l’ensemble : parkings,
écoles, centre commercial,
station-service et garage.
03. Bagnolet, les Rigondes
(architecte Jean Balladur,
1957-1964). L’ensemble
constitue un signal urbain
fort dans le sillage
de l’autoroute A3.
C’est également une
référence ouverte à
l’Unité d’habitation de
Le Corbusier chez qui
Balladur fit un stage en
1945 : béton brut, duplex
et loggias, immeubles sur
pilotis, autant d’éléments
caractéristiques.
À la Libération, les cités-jardins perdurent, comme à ChâtenayMalabry où les nouveaux logements s’inscrivent dans la continuité
des réalisations d’avant-guerre. Issue d’une réflexion collective
menée par les architectes et urbanistes modernes en 1933, publiée en 1943 par Le Corbusier, la charte d’Athènes s’impose
car elle préconise une séparation dans l’espace des différentes
fonctions qui s’entremêlent dans la ville : habiter, travailler, circuler, se cultiver, et veut offrir aux habitants « air, soleil et verdure ».
Cette réorganisation par zones génère une nouvelle forme urbaine
en rupture complète avec la ville ancienne. Rationnelle, « fonctionnelle », la ville moderne se compose dès lors de tours et de
barres créant de vastes espaces libres comme aux Grandes Terres
(Marly-le-Roi) que conçoivent Marcel Lods et les frères Honegger,
ou aux Rigondes (Bagnolet) réalisées par Jean Balladur.
5
01
FORME URBAINE
LA CRITIQUE DU MODÈLE
ET LA NAISSANCE
D’ALTERNATIVES
03
02
04
Dès les années 1960, le modèle de la charte d’Athènes est très
contesté : avec la « Sarcellite », on parle alors de l’urbanisme comme
d’une maladie. Pour rompre avec la monotonie, on donne une entrée de ville à Sarcelles. Architectes, urbanistes, maîtres d’ouvrage
travaillent à une alternative mêlant les logements collectifs et individuels et surtout ville et campagne. « L’habitat intermédiaire »,
qui se veut mixte à tous égards, est ainsi expérimenté à BoussySaint-Antoine par Jacques Bardet avec l’ensemble de la Nérac
mais aussi à Villepinte par Michel Andrault et Pierre Parat avec les
Pyramides. À Ivry-sur-Seine, Jean Renaudie et Renée Gailhoustet
proposent, quant à eux, de renouer avec la ville ancienne tout en la
renouvelant radicalement. Enfin, avec les Hautes Formes, à Paris,
Christian de Portzamparc achève la réconciliation avec la ville héritée qui s’est entre-temps profondément modernisée.
01. Boussy-Saint-Antoine,
la Nérac (architecte :
Jacques Bardet, 19631968). La Nérac se
compose de petits
immeubles collectifs avec
terrasses. L’architecte
décline le module cubique
et les formes orthogonales
dans les façades qui
contrastent avec les cages
d’escalier ajourées.
02. Boussy-Saint-Antoine,
la Nérac (architecte :
Jacques Bardet, 19631968). Le plan-masse de
la Nérac illustre la volonté
de l’architecte de mettre en
œuvre un urbanisme d’un
nouveau genre, celui d’une
« ville à la campagne ». Le
développement organique
du plan respecte la
topographie du site et
distribue le long de voies
sinueuses des bâtiments
de hauteurs différentes.
03. Sarcelles, le Grand
Ensemble, l’Entrée de ville
(architecte : Jacques-Henri
Labourdette, 19691973). Elevées de part et
d’autre de l’avenue du
8-mai-1945, ces tours
monumentales confèrent
à la voie d’accès au Grand
Ensemble les accents
d’une ville moderne, audelà du simple quartier
d’habitation.
04. Ivry-sur-Seine,
centre Jeanne Hachette
(architectes :
Renée Gailhoustet,
Serge Renaudie,
1970-1975).
L’opération Jeanne
Hachette s’insère dans un
plan-masse composé par
Renée Gailhoustet pour
la rénovation du centreville. Conçu comme un
condensateur de toutes
les énergies d’une ville,
le centre Jeanne Hachette
en réunit les activités :
logements, bureaux,
commerces, offre culturelle,
parkings. S’inspirant de
la complexité du vivant,
Jean Renaudie réalise une
« colline habitée », sillonnée
de cheminements piétons,
dont l’architecture change
sans cesse grâce aux
plantations qui recouvrent
les terrasses.
05. Paris 13e
arrondissement,
les Hautes Formes
(architectes :
Christian de Portzamparc,
Georgia Benamo,
1975-1979).
Cet îlot met en pièce les
vingt dernières années
d’urbanisme. Portzamparc
structure une parcelle
contraignante par la prise
en compte du vide. Créant
ainsi un espace intérieur
pourtant commun
et traversant, il met
en place la notion d’îlot
ouvert, leitmotiv de
son œuvre.
05
6
01
PAYSAGE
UNE EXIGENCE
NOUVELLE
02
01. Châtenay-Malabry,
la Butte-Rouge
(architectes : Joseph
Bassompierre, Paul de
Rutté, Paul Sirvin, Pierre
Sirvin ; paysagiste :
André Riousse, 1930-1964).
La Butte-Rouge est
une vaste cité-jardin
inscrite dans un site
vallonné. Constructions
et cheminements jouent
avec la topographie pour
ménager un équilibre entre
le bâti et l’espace ouvert
offrant, malgré la densité
de logements, des lieux
à partager.
Contrairement à une idée reçue, le paysage n’est pas absent des
ensembles édifiés entre 1945 et 1975. La charte d’Athènes, modèle
des architectes jusque dans les années 1960, fait la part belle à la
« verdure » en libérant le sol des pieds d’immeubles. La création
en 1945 de la section Paysage à l’école nationale d’horticulture de
Versailles favorise la prise en compte de celui-ci par ces premiers
architectes paysagistes, qui s’intéressent au rapport au territoire, à l’articulation des volumes bâtis avec les espaces ouverts.
Leur intervention a permis de garantir une strate végétale pérenne.
À Sarcelles, l’ensemble des Lochères s’articule avec le parc Kennedy
qui en constitue de cœur.
Dans nombre de projets se retrouve le motif de l’allée plantée,
déclinable du mail à la coulée verte : les catalpas traversent la pente
de la Butte-Rouge (Châtenay-Malabry), les tilleuls serpentent à
l’Abreuvoir (Bobigny). Les jardins de voisinage ont souvent leur place
dans les ensembles comme aux Grandes Terres (Marly-le-Roi) où
ils entourent l’espace central collectif ouvert sur l’horizon. Nombre
de projets s’inscrivent également dans des parcs préexistants,
par exemple à Louveciennes et à Rocquencourt. Enfin, associé
à la création en nombre plus important de logements individuels,
« l’espace vert » s’apprécie comme lieu d’échanges convivial, créant
le lien, au Val d’Yerres (Boussy-Saint-Antoine) comme à Villagexpo
(Saint-Michel-sur-Orge), entre espace privé et espace partagé.
02. Louveciennes,
le Parc (architectes :
Jean Le Couteur,
Paul Herbé, 1957-1960).
Inscrits dans l’ancien parc
d’un château, les seize
bâtiments côtoient les
arbres qui en constituaient
l’ornement. La résidence
peut apparaître comme
une référence à la ville-parc
de Le Corbusier.
03
04
03. Pantin, les Courtillières
(architecte : Émile Aillaud,
1958-1964). Emancipées
de l’orthogonalité, les
barres sinueuses délimitent
de larges espaces verts en
cœur d’îlots. L’architecte
dit avoir voulu constituer un
paysage de vingt hectares
« paraissant avoir existé
avant la construction ».
04. Boussy-SaintAntoine, le Menhir
(architecte : Heikki Siren,
1963-1970). La société
centrale immobilière de
la Caisse des dépôts et
consignations (SCIC) crée
une « ville à la campagne »
où le Finlandais Siren
construit des maisons
individuelles regroupées
aux larges espaces verts
partagés
7
01
VALEUR D’USAGE
LE CONFORT
MODERNE
POUR TOUS
02
Après 1945, les architectes font du confort une préoccupation majeure. Avec les ensembles de la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry
ou ceux dessinés par André Lurçat à Saint-Denis, ils poursuivent
l’héritage des théories hygiénistes d’avant-guerre, en introduisant
systématiquement salle de bains et WC. La cuisine à usage de
salle commune qui représentait le cœur de l’habitation française
disparaît au profit d’une cuisine séparée et équipée. Le logement
est désormais doté de placards, de vide-ordure, voire d’une cuisine
« américaine » et d’un living room, autant de nouveautés importées,
présentes au Salon des Arts ménagers.
Sous l’effet des progrès techniques qui permettent l’aération des
pièces aveugles, la distribution du logement est modifiée. Plus
spacieux, les appartements des années 1950 et 1960 tendent à
s’organiser selon une partition jour-nuit : d’un côté séjour et cuisine, de l’autre chambre(s) et salle(s) de bains, au même niveau ou
répartis en duplex et triplex. Plébiscité, le duplex permet aussi de
distinguer l’espace des parents de celui des enfants. Bien connu
dans les « cités radieuses » de Le Corbusier, le modèle est repris en Ile-de-France par exemple aux Rigondes (Bagnolet) ou à la
Peupleraie (Fresnes). Prolongement du logis, le balcon et la loggia
se généralisent. Jacques Bardet, Michel Andrault et Pierre Parat,
Jean Renaudie vont jusqu’à étendre le domaine de vie de chacun
par un usage remarquable des terrasses. Ainsi, l’architecture de
logements devient le terrain de recherches sur les nouveaux modes
de vie d’une société en pleine mutation.
01. Pantin, quartier de
l’Église (architecte :
Denis Honegger, 19501973, tranche d’opération
labellisée). L’opération du
quartier de l’Église a pour
but de résorber l’habitat
insalubre du centre de
Pantin. Les quelque
sept cents logements
d’Honegger offrent ainsi
le confort moderne à une
large population. La salle
de bains qui s’adosse
à la cuisine forme un
« bloc-eau », selon la
formule activement
soutenue par le ministère
de la Reconstruction et de
l’Urbanisme.
02. Aubervilliers,
la Maladrerie (architecte :
Renée Gailhoustet,
1975-1983). La Maladrerie
s’inscrit dans un projet
de résorption d’habitat
insalubre (RHI) et de
réalisation de logements
sociaux. La générosité
des espaces intérieurs
est primordiale dans la
conception de Gailhoustet
qui utilise le duplex comme
un leitmotiv. Avec leur
escalier implanté dans
la salle de séjour, les
logements bénéficient
d’un espace à vivre en
double hauteur d’une
grande luminosité.
03
04
03. Marly-le-Roi, les Grandes Terres (architectes : Marcel Lods,
Luc et Xavier Arsène-Henry, Jean-Jacques Honegger, 1955-1958).
Aux Grandes Terres, la modernité du plan des appartements
s’exprime dans la distinction entre la partie jour (cuisine + séjour)
et la partie nuit (salle de bains + chambres) ainsi que dans la
position du séjour qui « commande » la partie nuit.
04. Marly-le-Roi, les Grandes Terres (architectes : Marcel Lods,
Luc et Xavier Arsène-Henry, Jean-Jacques Honegger, 19551958). Moitié en retrait et moitié en saillie, le balcon-loggia est
une solution constructive économique et un bon compromis
pour l’usage. Il témoigne de l’attachement de Lods au concept
d’héliotropisme et aux préceptes de la charte d’Athènes.
8
01
VALEUR D’USAGE
S’APPROPRIER
L’ESPACE
02
01. Évry, les Pyramides
(architectes : Michel
Andrault, Pierre Parat,
1973-1975). Avec leurs
Pyramides, Andrault et
Parat synthétisent des
années de recherches
pour renouveler l’habitat et
adoptent un urbanisme en
rupture avec les schémas
habituels. Les immeubles
complexes découpent
l’espace extérieur en de
multiples sous-espaces
que les habitants
peuvent s’approprier
plus facilement. Chaque
logement est doté d’un
jardin suspendu individuel,
une belle terrasse de 36 m2.
02. Paris 13e
arrondissement,
les Hautes Formes
(architectes : Christian
de Portzamparc, Georgia
Benamo, 1975-1979).
L’architecture de hauteur
différente laisse pénétrer
le soleil à l’intérieur de l’îlot,
tandis que la disposition
des bâtiments évite les
vis-à-vis.
Tout au long de la période, les architectes tentent de résoudre la délicate équation entre espace privé (le logement) et espace partagé (de
la ville à l’immeuble). Pour André Lurçat et Émile Aillaud, les espaces
collectifs comme les escaliers et les paliers doivent être spacieux et
éclairés en lumière naturelle pour favoriser la convivialité. D’autres
architectes préfèrent travailler sur une gradation des échelles entre
l’urbain et l’humain, c’est-à-dire un passage progressif de la ville
au logement. Grâce à leurs espaces verts, à leurs places, des cités-parcs comme la résidence du Parc à Louveciennes ou des îlots
ouverts comme les Hautes Formes à Paris multiplient les espaces
de transition. Avec l’habitat intermédiaire, les logements s’organisent autour d’un espace extérieur individuel (terrasse ou jardin) qui
jouxte l’espace collectif et constitue un accès à part entière.
Par ailleurs, l’appropriation des espaces collectifs par les habitants
est favorisée par la mise en place d’équipements associés à la
résidence. Il peut s’agir de commerces (les Flanades à Sarcelles ou
le centre Jeanne-Hachette à Ivry-sur-Seine), de services (crèche
des Courtillières, centre d’action sociale des Lochères à Sarcelles)
ou d’équipements de loisirs (jeux d’enfants de la Grande Borne à
Grigny, terrains de tennis des Rigondes à Bagnolet). Dans de nombreux cas, architectes et maîtres d’ouvrage ont à cœur de valoriser
ces espaces par le recours au « 1% artistique » et l’installation
d’œuvres plastiques : les sculptures de François Stahly, de Laurence
Aillaud ou de François-Xavier et Claude Lalanne se retrouvent ainsi
au cœur de certains ensembles de logements.
04
03. Boulogne-Billancourt,
le Point du Jour
(architecte : Fernand
Pouillon, 1957-1963).
Au cœur de la résidence,
la cour des Longs Prés
accueille une fontaine,
œuvre du sculpteur
François Stahly.
03
04. Grigny, la Grande Borne (architecte : Émile Aillaud,
1963-1974). Une aire de jeu, la « femme-toboggan »,
par Laurence Rieti, fille d’Émile Aillaud. L’art n’est plus réservé
à quelques lieux privilégiés, il s’introduit dans la vie quotidienne
des habitants, sous forme de fresques, de mise en couleur des
façades ou de sculptures intégrées dans le sol qui peuvent servir
de jeux pour enfants. L’architecture et le paysage deviennent ainsi
les supports d’une expression plastique et sculpturale qui marque
toute la production d’Émile Aillaud.
9
01
TECHNIQUES
INNOVATION,
PRÉFABRICATION,
PRODUCTION DE MASSE
02
Avec la Reconstruction, s’ouvre une période d’expérimentations
techniques. Elles visent à abaisser le coût de la construction et à
pallier la pénurie de matériaux. Industrialisation et préfabrication
sont prioritaires pour le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme. Dans la rénovation du centre ville de Pantin, il est fait un
usage exclusif de la préfabrication, des composants de la façade
aux fenêtres. Le secteur du Bâtiment se modernise. Il devient un
moteur de la croissance économique, élevant les entreprises au rang
mondial. La multiplication des procédés constructifs, les murs-rideaux, la préfabrication en usine, « lourde » ou « légère », le modèle
que constitue l’automatisation dans l’industrie automobile participent du climat d’innovation qui règne durant les Trente Glorieuses.
Le béton domine, tandis que sa mise en œuvre se diversifie : banches et coffrages tunnels assurent sa suprématie.
Cependant, les techniques traditionnelles perdurent tout
comme les plus petites des entreprises du Bâtiment. Grand bâtisseur, Fernand Pouillon privilégie la pierre dans ses réalisations.
À Saint-Germain-en-Laye, le chantier expérimental du SHAPE met
en concurrence technique traditionnelle défendue par Félix Dumail
et panneaux préfabriqués utilisés par Jean Dubuisson. Si parpaing,
brique, pierre, bois, verre, acier et aluminium sont toujours présents,
leur mise en œuvre et l’échelle de production évoluent cependant
profondément. Rationalité, fonctionnalité mais aussi rentabilité, économie de main d’œuvre et urbanisme utilitaire détournent certains
architectes de l’industrie du Bâtiment. À Créteil, Paul Bossard fait
le choix d’une mise en œuvre artisanale intégrant pierre et béton.
À Vigneux, Paul Chemetov mêle béton, bois, brique et meulière
sous des toits de tuiles.
01. Saint-Germain-en-Laye,
SHAPE-Village
(architecte :
Jean Dubuisson,
1951-1952).
L’architecte choisit de
disposer des panneaux
préfabriqués en béton
perpendiculairement aux
façades. Ainsi allégées,
ces dernières sont
largement ouvertes,
offrant un ensoleillement
exceptionnel aux
appartements.
02. Pantin,
quartier de l’Église
(architecte :
Denis Honegger,
1950-1973, tranche
d’opération labellisée).
La « préfabrication
légère » met en œuvre
des éléments de petite
taille d’un poids inférieur
à 300 kg. Expérimentée
dès les premières années
de la Reconstruction, elle
permet, entre autres,
le montage de panneaux
de façade en béton armé,
comme ici pour
la rénovation du cœur
ancien de Pantin.
03
03. Marly-le-Roi,
les Grandes Terres
(architectes : Marcel Lods,
Luc et Xavier Arsène-Henry,
Jean-Jacques Honegger,
1955-1958).
Dans les années 1950
et 1960, les architectes
recourent au « chemin de
grue ». Ces rails, rectilignes
ou courbes, sur lesquels
circule la grue, permettent
de rationaliser le processus
de construction. Ici, dans
l’ossature porteuse en
béton armé viendront
se loger des panneaux de
façade légers, réalisés
en usine.
10
DIVERSITÉ DE STYLES,
MULTIPLICITÉ DE RÉPONSES
Du verre …
Des briques…
Du béton incrusté de pierre…
Des serpentins…
Des courbes…
Des pyramides…
Des collines habitées...
Des contre-courbes…
Et de l’habitat individuel.
11
DES ARCHITECTES ENGAGÉS POUR LE LOGEMENT
La première liste du label Patrimoine du XXe siècle distingue l’œuvre de Fernand Pouillon et d’Émile Aillaud,
dont l’Ile-de-France est particulièrement riche. La presque totalité de leurs réalisations concernant l’habitat
est ainsi retenue, témoignant de leur apport majeur à l’architecture du logement. Les créations d’André Lurçat
et de Jean Dubuisson sont également bien représentées dans la sélection.
Fernand Pouillon
Émile Aillaud
(1912 – 1986)
(1902 – 1988)
Formé à l’école des Beaux-Arts de Marseille et diplômé en 1942,
Fernand Pouillon travaille notamment à la reconstruction de Marseille
de 1949 à 1955. Il poursuit sa carrière en Algérie. Ambitieux, volontiers polémique, Fernand Pouillon est un bâtisseur très entreprenant.
Fondateur du Comptoir national du Logement en 1954, il est à la
fois maître d’œuvre et maître d’ouvrage, situation périlleuse qui lui
vaut des problèmes avec la Justice. Marquée par Auguste Perret,
son œuvre aux proportions et aux volumes équilibrés, empreinte
de classicisme, est le plus souvent en pierre pré-taillée. Le label a
été attribué à la résidence Victor Hugo (Pantin), la résidence Buffalo
(Montrouge), le Parc (Meudon-la-Forêt), le Point du Jour (BoulogneBillancourt).
Émile Aillaud est diplômé de l’école nationale des Beaux-Arts
en 1928. À la Libération et jusqu’en 1950, il est architecte-urbaniste des Houillères de Lorraine. C’est au cours des années 1950
qu’il se spécialise dans le logement social. Il construit également
de nombreux groupes scolaires, ainsi qu’une église à Forbach.
Son opposition aux principes de la charte d’Athènes se manifeste
dans une vision poétique de l’architecture, aux formes originales
et polychromes. De 1972 à 1983, il est chargé de l’achèvement
de la Défense, opération dite « zone Tête Défense ». Le label a
été attribué à quatre de ses réalisations : l’Abreuvoir (Bobigny), les
Courtillières (Pantin), la Grande Borne (Grigny), le quartier Pablo
Picasso (Nanterre).
André Lurçat
Jean Dubuisson
(1894 – 1970)
(né en 1914)
Formé à l’école des Beaux-Arts de Nancy puis de Paris, André
Lurçat participe, aux côtés de Le Corbusier, à la fondation des
Congrès internationaux d’architecture moderne (CIAM) en 1928.
La reconnaissance vient en 1933 notamment avec le groupe scolaire Karl Marx à Villejuif. A la Libération, il est nommé architecte
en chef de la reconstruction de Maubeuge et devient architecte et
urbaniste de Saint-Denis puis du Blanc-Mesnil. Sa pratique de l’architecture repose sur des principes techniques déjà expérimentés
avant-guerre, comme les éléments préfabriqués de façade ou le
plan type de logement, qu’il définit à partir de sa conception de la
cellule. Quatre de ses réalisations situées à Saint-Denis ont reçu
le label : les cités Paul Langevin, Colonel Fabien, Auguste Delaune
et Guynemer.
À l’issue d’une formation classique, Jean Dubuisson obtient le
Premier Grand Prix de Rome en 1945. Retenu à la villa Médicis
durant la Reconstruction, il développe un style empreint de culture
classique et nourri de l’avant-garde qui lui permet de s’imposer
dès son retour en France en 1950. Jusqu’à la fin des années
1960, il édifie des programmes immobiliers, du logement social
aux résidences privées, répercutant ses trouvailles d’un secteur
sur l’autre. L’esthétique graphique de la façade et la recherche
d’un ensoleillement exceptionnel, la conception du plan ou le soin
accordé aux détails intérieurs, comme la prise en compte de la
végétation caractérisent ses apports à la modernité des Trente
Glorieuses. Ont reçu le label le SHAPE-Village (Saint-Germain-enLaye), Maine-Montparnasse II (Paris, 14e arrondissement), le Parc
(Rocquencourt).
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01 Paris 12e, 11-15, rue Érard
02 Paris 13e, les Hautes Formes
03 Paris 14e, Maine-Montparnasse II
04 Paris 19e, les Orgues de Flandre
05 Louveciennes, le Parc
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Marly-le-Roi, les Grandes Terres
Rocquencourt, le Parc
Saint-Germain-en-Laye, SHAPE-Village
Boussy-Saint-Antoine, la Nérac
Boussy-Saint-Antoine, le Menhir
Évry, les Pyramides
Grigny, la Grande Borne
Saint-Michel-sur-Orge, Villagexpo
Vigneux-sur-Seine, les Briques Rouges
Boulogne-Billancourt, le Point du Jour
Châtenay-Malabry, la Butte Rouge
Meudon-la-Forêt, le Parc
Meudon, maisons
Montrouge, résidence Buffalo
Nanterre, quartier Pablo Picasso
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Aubervilliers, la Maladrerie
Bagnolet, les Rigondes
Bagnolet, ensemble Édouard Vaillant
Bobigny, l’Étoile
Bobigny, l’Abreuvoir
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Pantin, quartier de l’Église
Pantin, résidence Victor Hugo
Pantin, les Courtillières
Saint-Denis, cité Paul Langevin
Saint-Denis, cité Colonel Fabien
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Saint-Denis, cité Auguste Delaune
Saint-Denis, cité Guynemer
Villepinte, les Pyramides
Villepinte, les Mousseaux
Créteil, les Bleuets
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Fresnes, la Peupleraie
Ivry-sur-Seine, cité Maurice Thorez
Ivry-sur-Seine, tour Raspail
Ivry-sur-Seine, centre Jeanne Hachette
Sarcelles, Lochères, Entrée de ville, Flanades
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VAL-D’OISE
SARCELLES
VILLEPINTE
SAINT-DENIS
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SEINE-SAINT-DENIS
AUBERVILLIERS
DRANCY
BOBIGNY
SAINT-GERMAIN-EN-LAYE
NANTERRE
PANTIN
PARIS, 19e
MARLY-LE-ROI
PARIS, 14e
BOULOGNEBILLANCOURT
ROCQUENCOURT
BAGNOLET
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PARIS
LOUVECIENNES
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HAUTS-DE-SEINE
PARIS, 12e
PARIS, 13e
MONTROUGE
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YVELINES
IVRY-SUR-SEINE
MEUDON
CRÉTEIL
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VAL-DE-MARNE
CHATENAYMALABRY
FRESNES
VIGNEUX-SUR-SEINE
BOUSSY-SAINT-ANTOINE
GRIGNY
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ESSONNE
ÉVRY
SAINT-MICHEL-SUR-ORGE
Exposition présentée à La Maison de l’architecture en Île-deFrance, du 5 juillet au 15 septembre 2011.
Ouvert du lundi au vendredi de 10h à 22h et le week-end de 12h
à 22h.
Entrée Libre.
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