Que représentent le marketing, les marques
et la publicité chez les
11-20
ans ?
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Par Coralie Damay, enseignant-
chercheur en marketing, ISC Paris, et
Nathalie Guichard, Maître de Conférences
– HDR en marketing, Université de Paris 1
Panthéon-Sorbonne
Quartier libre A l’ISc PARIS ET A L’UNI VERSITE PARIS ¡ PANTHEON-SORBONNE
A l’heure où l’hyperconsommation et le développement durable s’affrontent dans le conscient
collectif et où le rôle du marketing est questionné, il paraît pertinent de se tourner vers les jeunes,
déjà consommateurs et futur fonds de commerce des firmes, pour connaître leur perception
de techniques commerciales côtoyées quotidiennement : le marketing, les marques et la
publicité. Dix jeunes âgés de 11 à 20 ans ont ainsi accepté de livrer leurs impressions...
Les jeunes face au marketing
La perception du marketing par les jeunes est
souvent très parcellaire même si elle se fait plus
précise chez les plus âgés d’entre eux. Toutes
les définitions convergent vers l’idée de susciter
l’envie et la consommation de produits : « C’est
l’art de donner envie aux gens d’acheter certains
produits » (G. 11,5 ans). Les manifestations
qu’ils en retiennent sont surtout sa partie la
plus visible : marketing et publicité ne font qu’un
et l’objet commun est de « ‘‘marketer’’ un produit,
le mettre en valeur pour donner envie d’acheter »
(F. 14 ans). Certains évoquent aussi les bons
gratuits ou les produits tests.
Leur perception du marketing est neutre ou
négative, les arguments variant suivant l’âge.
Ils n’imaginent pas vraiment un monde sans
marketing « tout serait pareil sinon » (G. 12 ans) ;
« mais rien ne serait vraiment attirant » (G. 15
ans). Les termes qu’ils utilisent sont cependant
souvent sans équivoque : « obliger », « donner
envie ». Le marketing peut leur paraître légitime
puisqu’il permet à certains de « gagner leur vie »
(G. 11,5 ans). Seuls certains plus âgés ont un
discours tranché : « piège », « manipulation »…
La place des marques
Spontanément, la marque est, pour la grande
majorité des jeunes, associée aux vêtements.
Pour les plus jeunes d’entre eux, la marque
est souvent liée à sa provenance « si on n’a
pas des marques on sait pas d’où ça provient
et on peut pas racheter » (F. 12
ans). Si certains lui asso-
cient une fonction de
repérage, d’autres la
réduisent à ses mani-
festations visuelles :
un nom, un logo ou
un imprimé sur un
vêtement. Le dis-
cours peut chez
les plus âgés se
faire plus abstrait : « elles ne renvoient pas la
même image » (F. 18,5 ans). Certains évoquent
sans conviction des différences de prix, qualité,
d’autres de style. Il y a les marques hype et les
autres, celles qu’il faut avoir au collège ou au
lycée sous peine d’être la cible de moqueries.
Le discours est cependant ambivalent, les jeu-
nes manifestent parfois une certaine résistance
à la dictature de la marque : « il vaut mieux être
nous-mêmes » (F. 14 ans) mais y sont finalement
plutôt favorables « cela offre une grande diversité,
c’est une liberté, chacun est libre de choisir » (F.
18,5 ans).
Leur rapport à la publicité
La publicité fait évidemment partie de leur
quotidien. Tous citent prioritairement la té-
lévision comme canal de transmission mais
l’affichage, l’internet et la presse magazine
sont également mentionnés, plus rarement
le cinéma. A la télévision, beaucoup pensent
qu’elle est trop présente « à la télé c’est un peu
énervant d’avoir tout le temps des pubs » (F. 14
ans), c’est aussi le cas de l’internet pour les
plus âgés « aujourd’hui les pubs nous envahissent,
surtout sur internet, c’est vraiment insupportable »
(F. 18,5 ans) mais au total l’attitude est plutôt
favorable « je trouve ça bien, j’aime bien, c’est
comme ça » (F. 14 ans).
Pour les jeunes, la publicité a pour objet d’in-
former les clients potentiels des nouveau-
tés et de manière générale de présenter les
produits sous leur meilleur jour pour inciter à
l’achat « quand on aime bien la pub, on va al-
ler dans le magasin et ont va acheter » (G. 10
ans), « on dévoile tous les atouts du produit »
(G. 11,5 ans). S’ils ne contestent pas son utilité,
au contraire, – « c’est un moyen de faire découvrir
un produit. C’est un des liens entre le produit et le
consommateur». (F. 18,5 ans) –, ils ne sont pas
dupes et perçoivent bien que la réalité peut être
différente ce qui est annoncé « c’est plus pour
attirer, le sandwich dans la pub il est énorme et en
vrai il est tout petit petit » (G. 11,5 ans).
Les annonces publicitaires qu’ils préfèrent sont
celles qui les font rire, qui sont « drôles » ou
« marrantes », celles « dont la chanson accroche,
avec des blagues, c’est plus fun » (F. 18,5 ans),
les slogans ou les refrains qu’ils reprennent en-
tre eux, parfois pour parodier les marques. Ils
apprécient aussi les publicités originales et inte-
ractives « j’aime la publicité sur internet car c’est
plus vivant, on peut parfois choisir l’histoire qu’on
veut, il y a une distraction ce n’est plus uniquement
l’aspect marque » (F. 19 ans). En revanche, ils
rejettent les publicités dont ils ne sont
pas la cible « les pubs pour la
lessive cela n’a pas
d’intérêt pour moi »
(F. 15 ans).
Interrogés sur la
possibilité d’un monde
sans marketing, marque ni publicité, ils sont
partagés, sans doute parce que l’éventualité
leur paraît peu réaliste « ça serait compliqué, on
n’aurait plus les mêmes repères » (F. 14 ans).Ils
se rejoignent sur la perception d’un
envahissement publicitaire qui
les conduit fréquemment
à zapper.
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