INTERNATIONAL
Infos de serre n°34 - Août 2005 - page 2
Les Etats-Unis signent un accord climatique avec
cinq pays d'Asie
Les Etats-Unis, l'Australie et les 4 plus grandes puissances
d'Asie - Chine, Inde, Japon et Corée du sud - ont annoncé le
28 juillet à Vientiane (Laos) leur accord sur la réduction des
émissions des gaz à effet de serre. Cette alliance, baptisée
"Asia-Pacific Partnership for Clean development and
Climate" privilégie la mise en place de technologies propres,
mais sans fixer de contraintes juridiques sur les réductions
d'émissions de CO2! Un tel accord volontaire n'aura aucun
impact significatif pour combattre le changement climatique,
d'autant plus que les six membres de l'accord connaissent
tous une forte envolée de leurs émissions de GES.
Le parti Vert australien a condamné cette initiative en la qua-
lifiant de “pacte du charbon”, puisqu'il inclut quatre des plus
gros producteurs mondiaux de charbon : la Chine, les Etats-
Unis, l'Inde et l'Australie. Pour le gouvernement Bush, qui
refuse de rejoindre Kyoto, cette stratégie est une manière de
“respecter l'environnement” sans renoncer à son modèle de
développement. En effet, l'accord n'est en rien contraignant
et ne fixe aucun calendrier à respecter. L'annonce de cet
accord a suscité des réactions mitigées. La Commission
européenne s'est montrée sceptique sur l'efficacité de ce
nouveau pacte : Même si l'utilisation croissante de technolo-
gies propres est nécessaire, elle n'est pas suffisante pour
faire face aux changements climatiques déjà en cours (…), a
déclaré Barbara Helfferich, porte-parole du commissaire à
l'Environnement Stavros Dimas. La France a elle aussi
considéré ce “pacte climatique” comme une initiative intéres-
sante mais pas suffisante. Du côté des défenseurs de l'envi-
ronnement, le rejet est clair : Un accord sur le changement
climatique qui ne limite pas la pollution est comparable à un
accord de paix qui autorise les coups de feu, a résumé le
WWF.
L’Australie devrait accueillir la réunion inaugurale avec les
pays du “pacte” en novembre, ce qui risque bien de compli-
quer les discussions de la 11econférence des Parties à la
Convention climat qui se tiendra à Montréal du 28 novembre
au 9 décembre.
Rencontre informelle au Groënland
Du 16 au 19 août s'est déroulée, au Groënland, une réunion
informelle sur le réchauffement de la planète, organisée par
le Danemark. Les ministres de l'Environnement de 23 pays
(États-Unis, Inde, Brésil, Chine, Japon, Canada, Indonésie,
Afrique du Sud, Europe, Russie, etc.) ont discuté à huis clos
des conséquences du changement climatique dans la région
polaire, de la coopération climatique internationale après
2012, des conséquences et du coût des impacts si rien n'est
entrepris d'ici-là. Afin de rendre les discussions plus ouvertes
et directes, la conférence était fermée aux médias, et chaque
ministre n'était accompagné que d'un seul conseiller (sauf les
Etats-Unis qui n'ont envoyé que le principal négociateur amé-
ricain, Harlan Watson). Malgré cela, les Etats n'ont pas réus-
si à taire leurs divisions et aucune proposition concrète n'a
été faite. La conférence a permis d'améliorer la compréhen-
sion commune de questions-clés des changements clima-
tiques, a résumé la ministre danoise Connie Hedegaard. De
son côté, notre ministre, Nelly Olin, a déclaré qu'il y a une
grande volonté d'aller de l'avant, en saluant cette prise de
conscience de tout le monde des problèmes urgents à régler
et de la nécessité d'agir. Les ministres ont également pu
constater sur place que la glace du Groenland fond à une
vitesse accélérée. La température moyenne de l'Arctique
pourrait gagner de 4 à 7°C d'ici à 2100, d'après certaines
études.
Cette rencontre d'Ilulissat devait constituer "un préparatif
essentiel" à la 11econférence climatique des Nations Unies
qui aura lieu au Canada en décembre prochain, où les Etats
discuteront de la 2epériode d’engagements du Protocole de
Kyoto. L'objectif n'a, semble-t-il, pas été atteint !
La Biélorussie adhère au Protocole de Kyoto
La Bielorussie a approuvé l'adhésion du pays au protocole de
Kyoto le 13 août dernier. Les émissions de gaz à effet de
serre (GES) de la Biélorussie sont largement inférieures au
quota établi par le Protocole de Kyoto, ce qui lui permettra de
vendre la différence aux pays qui dépassent leurs quotas (60
millions de tonnes de GES, lui assurant entre 325 millions et
1,75 milliards de dollars par an). En rejoignant Kyoto, la
Biélorussie pourra également participer à des projets
d'Application Conjointe, facilitant l'introduction dans le pays
de hautes technologies et modernisant les industries… pour
mieux réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
MDP : 1er projet en Afrique
Le premier projet de mécanis-
me pour un développement
propre (MDP) en Afrique a été
accepté et enregistré le 29
août. Il s'agit également du 1er
projet South South North, certi-
fié par le Gold Standard et
primé par l'initiative anglaise
REEP. Le projet “Kuyasa” inclut 2300 maisons des quartiers
pauvres de Cap Town (Afrique du Sud) pour les équiper de
chauffes eau solaires et de lampes basse-consommation. Au
total ce projet devrait permettre d'économiser 2,85 tonnes de
CO2par maison et par an !
Ce MDP souhaite lier l'approche de projet avec le renforce-
ment institutionnel et les nouvelles politiques publiques en
Afrique du Sud, et ainsi montrer ce qui devrait être entrepris
à une échelle plus globale.
Les objectifs de “Kuyasa” sont également intéressants :
réduction de la pauvreté, création d'emploi dans les quartiers
défavorisés et renforcement de capacité. A noter aussi (pour
les spécialistes) une méthodologie d'élaboration du scénario
de référence supprimée, particulièrement intéressante…
Finalement, il n’est pas exclut que l'Afrique du Sud agisse
par la suite au Mozambique ou au Zimbabwe et renforce sa
coopération régionale.
Pour plus d’information :
www.southsouthnorth.org
www.cdmgoldstandard.org
www.reeep.org/index.cfm?articleid=1198