Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites

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Psychomotricité dans le cadre du trouble des conduites : une réflexion
sur les conduites impulsives et leur prise en charge chez l’adolescent.
INTRODUCTION GENERALE
L’objet de mon mémoire est de proposer une réflexion autour de la prise en charge psychomotrice
dans le cadre d’un institut de rééducation regroupant des adolescents de 12 à 18 ans dont l’indication
d’internat est le trouble des conduites. Parce que ces adolescents rencontrent des difficultés multiples à
différents niveaux et que leur mode de fonctionnement prédominant est la conduite impulsive se
répercutant sur leur ajustement individuel global, parce que la prise en charge psychomotrice se doit de
prendre en compte en priorité les éléments qui font obstacle au bon déroulement du suivi, éléments qui ne
sont pas forcément sans rapport avec les troubles psychomoteurs constatés en tant que tels, enfin parce
que l’action du psychomotricien se doit de répondre et de s’associer à la demande institutionnelle,
l’essentiel de mon travail thérapeutique s’est porté sur les différentes approches des processus impulsifs et
les moyens de l’endiguer.
Dans un premier temps je décrirai les caractéristiques liées à cette population (éléments se
rapportant à la période adolescente, projet institutionnel, éléments concernant le trouble des conduites et
de l’adaptation, et énumération des troubles associés les plus fréquemment retrouvés). Puis je
m’attacherai à décrire les principaux troubles psychomoteurs rencontrés, et donc définirai d’une façon
large le rôle du psychomotricien dans l’établissement. Ceci constituera une introduction générale de mon
travail.
Dans une seconde partie, ma réflexion s’oriente sur l’impulsivité, trouble d’expression diverse
mais rencontré de façon majeure chez ces adolescents. Mon travail s’évertuera à définir d’un point de vue
clinique les différentes formes d’impulsivité rencontrées chez cette population, puis de faire le lien entre
ces différentes observations et les apports théoriques
et considérations actuels : relations entre
l’impulsivité et les troubles des conduites, commorbidité des troubles impulsifs, mode de fonctionnement
de l’impulsivité au regard des modèles explicatifs neuropsychologiques et psychopathologiques actuels,
impulsivité secondaire ou primaire et cadres de définitions de ces différents types, étiologies possibles.
Après avoir discuter des difficultés de distinction des différentes formes d’impulsivité décrites, et
de ce fait des problèmes diagnostics rencontrés au regard des dossiers et des informations rapportées par
l’ensemble de l’équipe, j’exposerai un mode de fonctionnement hypothétique commun à ces différents
types d’impulsivité en lien avec les autres caractéristiques pathologiques présentées à un niveau
psychomoteur et l’effet possible d’une intervention sur l’impulsivité vis à vis des autres modules
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considérés. Mon travail pratique s’articulera autour de plusieurs points : Synthèse de la partie théorique
sur l’articulation possible entre troubles présentés et impulsivité constatée et donc axes de travail choisis
de ce fait, précautions à prendre aux vues des spécificités présentées par cette population, évaluations
initiales et projets individuels de prise en charge, séances types et réévaluations.
Une discussion sur les difficultés rencontrées et la place de l’impulsivité dans l’évolution des
prises en charges conclura mon travail, et amènera peut-être à de nouvelles perspectives d’actions futures.
PARTIE THEORIQUE
I - Présentation générale de la population concernée.
Mon travail s’est effectué dans l’institut de rééducation « la convention », situé au cœur de Auch,
dans le gers. Cette structure regroupe 43 adolescents et pré-adolescents âgés de 12 à 20 ans, présentant
des troubles du caractère et du comportement. Les jeunes dont j’ai effectué le suivi sont tous adolescents,
leur moyenne d’âge étant de 15 ans.
Pour mieux comprendre le contexte de travail dans lequel se situe le psychomotricien, il me
semble important de dissocier les comportements et modes de pensée revenant aux différentes pathologies
présentées par cette population, et ceux caractéristiques de la période adolescente.
I-1- La période adolescente.
Elle est arbitrairement comprise entre les âges de 11 à 20 ans. Elle se caractérise par de profonds
changements physiques, psychologiques et sociales. Elle débute à un moment précis, variable en fonction
des individus, déterminé par l’apparition de certaines transformations : accélération rapide de la
croissance du squelette et les débuts du développement sexuel sur le plan physique, accélération du
développement cognitif et la consolidation de la formation de la personnalité sur le plan psychologique,
ainsi que l’élaboration du futur rôle de jeune adulte sur le plan social. Il est important de distinguer la
puberté qui est un processus physique de transformation caractérisé par le développement des caractères
sexuels secondaires, et l’adolescence, qui correspond à l’adaptation de la personnalité à toutes ces
transformations. Ces deux processus sont synchrones généralement mais peuvent exister des décalages
(comme une croissance retardée ou précoce) pouvant entraîner des séquelles psychologiques (sentiment
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d’infériorité, faible estime de soi, perte de confiance..) du fait d’une grande dépendance de l’adolescent
envers le regard de ses pairs.
·Transformations hormonales : L’augmentation des hormones sexuelles (oestradiol et
testostérone) est progressive au cours de l'adolescence, avec un pic à 16-17 ans pour se stabiliser ensuite à
l’âge adulte. Ces hormones influent sur le fonctionnement du système nerveux central, notamment sur
l’humeur et le comportement. Des taux élevés de testostérone ont été corrélés à l’agressivité et
l’impulsivité chez certains adultes masculins. Le milieu de l’adolescence est une période où tous les
comportements et expériences sexuels sont possibles.
·D’un point de vue psychologique et cognitif, la pensée devient abstraite, conceptuelle et
orientée vers le futur (stade des opérations formelles et du raisonnement sur un matériel abstrait, d’après
Piaget). Cette période est marquée par une grande créativité (musiques, lectures, écrits, art..), une volonté
d’indépendance en s’opposant fréquemment aux parents. On observe une forme de négativisme où
l’adolescent refuse que lui soient dictés ses conduites, ses choix. Il devient un moyen actif d’exprimer
verbalement la colère. Progressivement, les adolescents intègrent à leur propre système de valeurs
d’autres valeurs et de nouvelles identifications se produisent. Le groupe de pairs est un mode de relation
privilégié, intensifiant le degré de séparation d’avec les parents. Il est généralement constitué de jeunes
d’âge et d’intérêt semblables. Malgré tout, le support social procuré par les parents joue un rôle tampon
dans les situations d’urgence. Les adolescents sont extrêmement sensibles au regard de leurs pairs et tout
écart dans l’apparence, le code vestimentaire, ou le comportement peut entraîner une diminution de
l’estime de soi. L’estime de soi repose sur l’acquisition de la compétence pendant l’adolescence. Un
sentiment de compétence s’acquiert dans l’accomplissement d’une tâche que la société d’aujourd’hui
considère comme importante. L’incapacité de poursuivre une scolarité peut entraîner des difficultés pour
établir une identité professionnelle satisfaisante, et de surcroît, une identité sociale désirable et reconnue.
·Du point de vue du développement moral (partage de certaines valeurs, normes, droits et
devoirs) l’adolescent à ce stade de développement intériorise les principes éthiques et le contrôle de la
conduite. L. Kohlberg (in, Synopsis de Psychiatrie) décrit trois stades de développement du jugement
moral, inspiré des concepts piagétiens : Le premier niveau est la moralité pré-conventionnelle où la
punition et l’obéissance aux parents sont les facteurs déterminants. Le second est la moralité
conventionnelle du rôle où l’enfant essaie de se conformer pour gagner l’approbation et conserver de
bonnes relations avec les autres. Enfin le troisième est la moralité des principes moraux quand l’enfant se
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conforme volontairement aux règles sur la base d’un concept de principes éthiques et fait exception aux
règles dans certaines cas.
·Certains comportements à risque peuvent apparaître durant la période adolescente comme
l’utilisation de l’alcool, du tabac, et d’autres substances, l’activité sexuelle désordonnée (particulièrement
dangereuse en raison des risques de contamination virale), et certains comportements augmentant les
risques d’accidents tels que conduire rapidement, pratiquer des sports dangereux. Dans la plupart des
statistiques de mortalité adolescente, les accidents sont les premières causes e mortalité (40% des
accidents sont routiers). Dans une évolution normale, ces comportements régressent vers des prises de
décision plus responsables. L’étude des phénomènes violents montre que les crimes perpétués par les
jeunes sont en augmentation ces dix dernières années. Les homicides sont la deuxième cause de mortalité
chez les sujets âgés de 15 à 25 ans. Le principal facteur favorisant la violence serait l’absence de soutien
paternel ou équivalent (autorité). Les facteurs niveau socio-économique et niveau d’éducation n’entrent
pas comme déterminants dans les résultats d’étude. La famille rapporte peu d’altercations majeures.
Quand ce n’est pas le cas, cet échec peut provenir de troubles mentaux chez l’enfant, des parents, ou les
deux. Environ 20% des adolescents ont un trouble mental qui peut être diagnostiqué. Parmi les
diagnostics les plus fréquents, on retrouve les troubles de l’adaptation, les troubles anxieux et dépressifs,
troubles souvent associés à un comportement délinquant, à un trouble oppositionnel et à l’échec scolaire,
tous susceptibles de contribuer à une dysharmonie familiale (in, Synopsis de Psychiatrie).
On peut déjà comprendre que ces éléments sont importants pour orienter notre approche auprès de
cette population. En effet, la période adolescente est marquée d’une quête d’autonomie, passant souvent
par un discrédit de l’adulte, des oppositions fréquentes (notamment refus d’aide) et un manque d’intérêt
pour ce qu’on peut proposer. Il est donc essentiel pour cette tranche d’âge de cerner les intérêts du jeune,
mobiliser sa motivation et établir une relation d’adulte, même si les comportements qu’ils adoptent
montrent parfois une réelle immaturité.
I-2- Indications pour un institut de rééducation.
La population reçue à l’institut de rééducation de Auch est constituée d’enfants et d’adolescents
présentant des troubles du caractère et du comportement capables toutefois de bénéficier d’un support de
prise en charge classique (scolarité, formation professionnelle, ateliers éducatifs..) et pour lesquels le
projet individuel est orienté vers une réinsertion ou insertion en milieu ordinaire. La tranche d’âge
accueillie permet une intervention modulable de 1 à 5 ans en fonction des diverses problématiques
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rencontrées et évolutions de projet. Au sein d’un institut de rééducation comme celui-ci, la fonction d’un
placement est avant tout thérapeutique et propose la mise en place d’un cadre visant à permettre à
l’adolescent d’analyser les conflits qu’il vit au sein du milieu familial et qui limitent ses possibilités de
maturation (in, projet institutionnel). Les enfants et adolescents accueillis ont des personnalités
différentes, certes, mais qui possèdent en commun la caractéristique de s’être exprimées à un moment
donné dans le comportement et notamment dans le passage à l’acte, quel qu’en soit la forme. La
traduction de ce type de trouble trouve tout son retentissement sur l’entourage, familial et scolaire
notamment.
Sur un plan clinique, les troubles du comportement sont variables en fonction de l’âge, du milieu
où ils se produisent et de la tolérance de celui-ci. Aussi, c’est surtout pendant la période scolaire que de
tels troubles sont dépistés. Les symptômes d’appel, relevés par l’enseignant, sont essentiellement :
instabilité, indiscipline, comportements agressifs à l’égard des autres enfants ou des adultes, difficultés
scolaires portant sur les apprentissages ou dans les attitudes à l’égard de l’école : absentéisme, fugues,
école buissonnière, refus.
Dans les populations d’adolescents et pré-adolescents accueillis, ce sont les conduites antisociales
et délinquentielles qui s’additionnent ou relayent les précédentes, telles que les vols, toxicomanies,
incivilités importantes. Sur le plan du contexte psychopathologique, l’admission des jeunes, enfants ou
adolescents, qu’elle soit prononcée à la demande des services sociaux ou institutionnels, est souvent
motivée par la présence des dits troubles. L’admission va prendre en compte différents axes : Famille, et
apports pluridisciplinaires possibles, ainsi que les souffrances psychopathologiques pouvant sous-tendre
ces comportements :
- Anxiété, troubles phobiques, obsessions..
- dépression
- Une nette tendance à l’extériorisation des conflits et un déni de la réalité des troubles.
- Une organisation franchement psychopathique de la personnalité caractérisée par des troubles
donnant lieu à des actes sans contrôle ni retenue, perturbant l’intégration sociale.
Ces différentes pathologies ont permis la composition de groupes de jeunes pré adolescents et
adolescents, structurés selon un objectif précis : Permettre une évolution positive dans un cadre
professionnel offrant un soutien scolaire, psychologique, social, pédagogique, et des prises en charge
diverses adaptées aux difficultés de chacun.
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Nous pouvons déjà observer que ces différents constats ne peuvent éclaircir sur le lien causal
possible entre des pathologies psychiatriques et des troubles comportementaux avérés, certains étant le
fruit de l’autre, d’autres étant la cause des uns, parfois plusieurs troubles s’exprimant en agrégats
complexes, se renforçant mutuellement et semblant découler de causes extérieures. La plupart des
dossiers constitués ne peuvent apporter toutes les informations à même de poser un diagnostic clair, et de
plus se limitent à une recherche rétrospective, elle-même ayant ses propres limites d’un point de vue de
l’objectivité, et c’est donc avec toutes ces contraintes qu’il faut agir au mieux pour l’enfant.
I-3- Troubles psychiatriques les plus fréquemment diagnostiqués.
Nous allons développer ces troubles au regard des répercussions les plus fréquemment rencontrées
dans le quotidien du sujet et rappeler les différentes étiologies possibles. Les critères diagnostics sont
répertoriés en annexes (annexe 1,2 et 3).L’ensemble de ces troubles fait partie de l’axe I du DSM IV,
relatif aux troubles cliniques les plus fréquemment retrouvés pendant la première enfance, seconde
enfance ou adolescence, parmi lesquels on retrouve les troubles des apprentissages, les troubles des
habiletés motrices, troubles de la communication, troubles envahissants du développement, troubles
déficitaires de l’attention et comportements perturbateurs, troubles alimentaires et des conduites
alimentaires, troubles anxieux, etc.…
I-3-1- Les troubles du comportement.
Ce trouble regroupe deux pathologies (troubles oppositionnels et trouble des conduites) distinctes
dans les critères diagnostiques mais paraissant intriqués dans leur évolution morbide d’après diverses
récentes études répertoriées ultérieurement. Les problèmes agressifs retrouvés dans les troubles des
conduites, troubles oppositionnels et comportements antisociaux (troubles dits de type externalisé),
touchent environ 25% de la population IR, et 4 à 10% de la population générale (Kazdin, 87).
Le trouble oppositionnel avec provocation est défini comme « un ensemble récurrent de
comportements négativistes, provocateurs, désobéissants et hostiles envers les personnes en position
d’autorité, en l’absence de violations sérieuses des normes sociales ou des droits d’autrui ». En dépit
d’une intelligence adéquate, ils réussissent peu ou échouent à l’école, car ils refusent de participer ou
s’obstinent à résoudre des problèmes sans l’aide de personne. Une faible estime de soi, une faible
tolérance à la frustration, une humeur dépressive et des explosions de colère peuvent être secondaires à
ces difficultés. Souvent le trouble évolue vers un trouble des conduites ou un trouble de l’humeur. Le
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sous-type de trouble oppositionnel évoluant vers un trouble des conduites est celui dans lequel
l’agressivité prédomine.
Le trouble des conduites est décrit comme « des conduites répétitives et persistantes dans
lesquelles sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou les normes ou règles sociales correspondant à
l’âge du sujet ». Sur le plan clinique, ce trouble se traduit essentiellement par de l’impulsivité et de
l’agressivité. On observe chez ces individus une brusquerie avec un aspect répétitif du passage à l’acte.
Devant la moindre frustration, l’enfant agit par des comportements impulsifs, au lieu de réfléchir et de
verbaliser. Les passages à l’acte peuvent être exercés tant contre l’extérieur que contre soi. Les
conséquences ne sont pas envisagées, la fin justifiant les moyens. Ces individus souffrent d’une instabilité
comportementale, affective, scolaire, et professionnelle par la suite. Celle-ci est responsable d’un risque
de marginalisation sociale important. Des conduites de retrait peuvent également être constatées
(désinvestissement, manque d’intérêt, passivité..). D’un point de vue cognitif, le niveau intellectuel est
variable, avec une plus grande fréquence de comportements dits limites (QI entre 50 et 85), un QI verbal
souvent inférieur au QI performance, et peu d’utilisation du langage pour décrire les interactions (in,
cours de psychiatrie, 2ème année).
Pour comprendre et palier aux comportements qualifiés de troubles des conduites et troubles
oppositionnels de nombreux auteurs se sont intéressés à l’étude développementale de patterns
comportementaux s’y rapportant. L’intérêt d’un tel travail est avant tout de repérer les éléments
précurseurs de comportements perturbateurs, et ce afin d’ajuster au mieux les actes préventifs à l’égard de
cette violence sociale et rendre efficace une démarche pas toujours évidente dans l’approche de ces
problèmes. La question de la continuité de comportements agressifs et d’opposition pendant la
première enfance et ceux qualifiés de troubles des conduites et comportements antisociaux à
l’adolescence et à l’âge adulte a posé problème du fait qu’il existe une multitude de comportements
perturbateurs, tant dans leur expression qualitative que quantitative au cours des âges et en fonction des
appartenances sexuelles. Ainsi de toutes les études effectuées sur le sujet, il ressort qu’il existe une
certaine continuité se manifestant par des agressions précoces de forte intensité à mode proactif et des
troubles oppositionnels, jusqu’à un trouble des conduites avéré, plus ou moins manifeste à l’adolescence.
L’évolution vers un comportement antisocial est effective dans 70% des cas à 11 ans, et l’évolution vers
la délinquance dans 55% des cas à 15 ans (White & al, 85).
Les comportements d’opposition avec provocation et les conduites d’agression émergent dans les
premières années de la vie et prennent des formes variées, dont certains types peuvent être prédictifs de
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comportements problématiques futurs. Dans l’évolution normale, l’opposition marque les premières
expériences de socialisation et une certaine volonté d’exercer un contrôle de l’enfant envers ses parents
d’abord, puis envers ses pairs. Ces comportements s’accompagnent d’actes agressifs évoluant assez
rapidement vers des résolutions de conflit de type pro social. Leur déclin est progressif entre 3 et 6 ans
voir un peu au-delà. On peut déjà observer pendant cette période des enfants qui se singularisent par la
fréquence, l’intensité et la persistance de leurs actes d’agression. Certains auteurs ont qualifié les enfants
ayant ce type d’attitude dès le plus jeune âge de « tempérament difficile »(Lee & Bakes, 85;Thomas & al,
68). Ils ont mis en relation ce « tempérament difficile » avec un attachement insécurisé mère-enfant mais
ceci reste une hypothèse théorique dont la seule étude empirique n’a pas réussi à prouver son impact sur
les comportements perturbateurs ultérieurs (Renken & al, in ?). Ce tempérament peut en effet être un trait
hérité par l’enfant, l’amenant à réagir de façon inadéquate aux situations de frustration, et créant en retour
un problème de régulation mère-enfant du fait du sentiment d’impuissance et d’incompétence que
peuvent en retirer les parents (Moffit, 93). Les études de Rutter sur l’héritabilité des comportements
antisociaux montre ainsi qu’une part de la variabilité interindividuelle dans ce domaine est attribuable aux
gènes. Un certain nombre de facteurs de vulnérabilité hérités augmenterait le risque de ces individus à
évoluer de façon morbide dans un même contexte donné. Ces dispositions placeraient les enfants dans des
comportements d’opposition dès les premières années de la vie et contribueraient au développement de
relations perturbées avec leurs pairs. Les comportements d’agression favoriseraient un rejet des pairs qui
en retour renforcerait l’agression (Hay, 84;Browner & Bakerman, 91;Caplan & al, 91). Mais l’agression
peut être tant conséquence que source du rejet. Dodge a observé que les enfants victimes de rejet
percevaient plus les intentions d’autrui comme hostiles et possédaient des patterns cognitifs plus restreints
pour résoudre les conflits. Il semble donc que les troubles oppositionnels avec manifestations agressives
soient en rapport avec des troubles ultérieurs de régulation sociale et d’adaptation. L’étude du climat
familial montre également qu’un manque de structure et de support de l’entourage, des processus
éducatifs déficitaires, incohérents ou sous-tendus par des méthodes oppressives ou violentes, peuvent
favoriser des comportements déviants de l’enfant tout comme ils peuvent, au contraire, participer au
maintien et à l’intensification des comportements agressifs par démission parentale en réponse à un
comportement perturbateur persistant. Dans ce cas les échanges deviennent coercitifs, amenant
progressivement l’enfant à un mode de cognition rigide et auto-satisfaisant, (Patterson). Cependant une
simple séparation du milieu familial ne suffit bien souvent pas à enrayer le problème, (Lipsey, 92),
montrant par-là même l’intrication de facteurs génétiques et environnementaux dans le déterminisme de
tels comportements (Huisinga & al, 94). De plus il a été observé que les actes de délinquance les plus
sévères se retrouvaient en présence de troubles des conduites avec hyperactivité, impulsivité et prise de
risque (White & al, 91;Sonuga-Barke & al, 92). Ces caractéristiques individuelles ne sont pas en soi
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prédictives de comportements antisociaux ultérieurs, mais c’est le type de relation aux autres qu’elles
impliquent qu’il l’est (Russo, 91). L’anxiété et le sentiment de culpabilité seraient par contre facteur de
protection à de telles évolutions morbides (Dollar & Berkovitz ont montré que les sujets à fort degré
d’anxiété étaient plus à même d’inhiber leurs actes d’agression). Loeber & Hay (94;97) ont également
souligné l’importance des comportements dits de contrôle externe dans la prédiction d’une évolution
morbide : Les personnes dites à « contrôle externe », soit attribuant leurs actes ou leurs conséquences aux
conditions extérieures ayant sous-tendu l’action, seraient également plus engagés dans des agressions
hostiles, comme le soulignent Seligman, en 74, et Rotter, en 72. De plus les individus abandonnant les
premiers dans les conduites d’agression seraient les plus à même de devenir délinquants, ceux persistant
dans le combat semblant plus évoluer vers des conduites déviantes complexes (Haapasalo & Tremblay,
94). Ainsi les conditions familiales, les relations avec les pairs et le type de personnalité et de
fonctionnement cognitif peuvent amener à une limitation de la socialisation positive, et par-là même
renforcer le processus de désadaptation.
Très tôt on observe des différences sexuelles dans l’expression de ces comportements perturbateurs,
différences notamment sous-tendues par une variation des conditions de socialisation pendant l’enfance.
Les deux sexes n’appréhendent pas le monde social de la même façon, ce qui les amène à des expériences
différenciées dans la construction des rôles sociaux (Maccoby). L’âge d’apparition de tels comportements
semble plus tardif chez la fille, et marqué d’indices plus discrets que le garçon tels des comportements de
vol, mensonge, généralement en rapport avec des conflits d’intérêt (Robins, 86;Caplan & al, 91).
A l’adolescence, les troubles sont plus extériorisés et les différences sexuelles plus
marquées. Les garçons se différencient par des actes agressifs plus intenses mais cela ne doit pas aboutir à
une ignorance des signes précurseurs féminins, même s’ils sont plus discrets et plus insidieux (Musk &
Sharpe, 47). La stabilité des comportements perturbateurs semble plus grande chez la fille, mais de
prévalence moindre par rapport aux garçons. Elle semble d’autant plus grande que les symptômes sont
sévères et qu’ils sont marqués d’agression. Les opportunités d’affiliation peuvent aussi jouer un rôle dans
l’exacerbation des symptômes. Le choix de fréquentations déviantes semblerait favoriser plutôt
qu’enrayer les problèmes de conduites et actes délictueux. Ainsi, les enfants placés en foyer ne
bénéficient pas toujours de relations permettant d’offrir des modèles pro sociaux suffisants, ceci
accroissant un comportement perturbateur bien souvent à l’origine de leur placement (Zoccolillo & al,
92). Telle est la problématique actuelle des instituts de rééducation. Cependant, il faut garder à l’esprit
que lors de la période préadolescente les enfants peuvent satisfaire leur opposition aux règles et à
l’autorité parentale en vue d’une démarcation et d’une construction identitaire en se liant temporairement
9
à des activités de bandes (Moffitt). De plus, certains comportements antisociaux peuvent émerger à
l’adolescence sans jamais avoir eu de signes prédictifs d’une telle évolution (Widom, 95). Ce type
d’attitude peut être également lié à un type de contexte particulier, comme par exemple les quartiers
défavorisés, où les actes d’agression répondent à un désir de progression sociale par l’accès à un statut de
dominant.
Une étude réalisée dans le Missouri souligne que les deux sexes bénéficient du même mode de
structuration des comportements délinquants : problèmes d’ordre scolaire, engagement sexuel précoce,
prise de drogue, indiscipline.. Ainsi on a pu voir que les interactions entre le milieu de vie de l’enfant et
ses dispositions personnelles peuvent déterminer des difficultés d’ajustement social.
A l’âge adulte la continuité de tels comportements peut s’observer dans tous les domaines de la vie.
Les personnes délinquantes rencontrent plus de difficultés à trouver un travail, soit dû au fait de leurs
difficultés scolaires associées et manque de diplôme, soit par leur rapport à la justice leur empêchant
l’accès à certains domaines professionnels, soit enfin par leur faible capacité à choisir des moyens légaux
pour parvenir à leurs fins (Farrington, 89). L’usage de drogue amène des handicaps sociaux semblables,
en favorisant un ralentissement cognitif, l’isolement et le manque, et par là même l’impulsivité et les
comportements antisociaux (Block & al, 90). Ces comportements d’addiction se retrouvent également en
proportion non négligeable dans les instituts de rééducation. Certains symptômes peuvent cependant
décroître en intensité ou se stabiliser. D’autres semblent évoluer vers la criminalité, la violence et une
dysrégulation émotionnelle persistante.
Le pronostic semble donc dépendre de la sévérité et précocité des symptômes, des comportements
typiques ou non de genre (les filles utilisent la force physique plus rarement et ceci est prédictif d’une
évolution morbide), de comportements attribués à une causalité externe ou non, du mode d’agression dans
sa composante émotionnelle (distinction établie par Feshbach en 64), de la présence ou non de traits
antisociaux et psychopathiques et des commorbidités associées (anxiété, troubles de l’humeur,..).
L’association traits psychopathiques et troubles des conduites semble significativement prédictive d’une
évolution vers un diagnostic de personnalité antisociale (Christian & al, 97).
Ainsi, l’intrication de ces différents facteurs fait que la continuité des comportements est
hétérogène, expliquant l’échec de certaines prises en charge. Un travail sur les habilités sociales, sur la
revalorisation de l’action parentale et sur la découverte de nouvelles expériences sociales positives semble
jouer en la faveur d’une décrue des symptômes (Zigler & al, 92). Une intervention précoce peut être
bénéfique sur la continuité des comportements agressifs et délinquants (Offord & Bennett, 94). Il faut
rester cependant prudent quant à l’orientation de la prise en charge, car il existe de nombreuses
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pathologies où les troubles du comportement sont associés mais dont l’étiologie semble faire appel à des
facteurs autres que ceux évoqués, comme le trouble déficitaire de l’attention, le retard mental, les
incapacités d’apprentissage non verbal, les syndromes frontaux, certaines maladies cérébrales évolutives..
I-3-2. Autres troubles présentés : troubles des apprentissages, troubles anxio-dépressifs, et
trouble déficitaire de l’attention.
Le trouble des apprentissages se définit par un fonctionnement scolaire inférieur à celui attendu
à l’âge et au niveau intellectuel du sujet concerné. Il se manifeste dans des difficultés d’acquisition
portant sur la lecture et/ou le calcul et/ou l’expression écrite. Il est associé généralement à des
manifestations psychologiques de dépréciation, faible estime de soi, et entraîne des déficits dans les
capacités adaptatives. Ce trouble se retrouve dans 10 à 25% des cas associé à un trouble des conduites,
trouble oppositionnel, trouble déficitaire de l’attention, dépression, dysthymie.. Il est également très
fréquemment associé aux troubles d’acquisition de la coordination »…
Ces constats, issus de la définition DSM IV, montrent encore une fois comme il est difficile de
cerner la position d’un trouble comme étant à l’origine ou conséquente d’un autre. Cependant ce trouble
spécifique engendrant un échec scolaire important ne doit pas être confondu avec le dit échec scolaire, qui
est retrouvé chez la majorité de la population IR du fait de troubles comportementaux ne pouvant être
compatibles avec un apprentissage effectif ou une rigueur disciplinaire exigée à l’école.
Les troubles anxio-dépressifs sont souvent rencontrés dans la population IR, du fait de situations
d’échecs rencontrées de façon répétitive, d’un manque de savoir faire dans le domaine des interactions
sociales et du rejet conséquent de leurs comportements perturbateurs. Ces enfants et adolescents ont des
difficultés importante de gestion émotionnelles et la perception de leur fonctionnement mental et des
situations d’interactions ou de réalisation est souvent distordue, amenant à des troubles plus importants de
type dévalorisation, anxiété, sentiment d’incompétence, peur de l’échec et évitement, réactions de
prestance et agitation. Cependant, les troubles anxieux et dépressifs peuvent eux aussi amener à des
troubles importants du comportement se manifestant par de l’agitation, des difficultés de concentration,
des passages à l’acte auto et hétéro agressifs et de l’irritabilité. Ces mêmes troubles de la concentration se
répercutent sur la fonction mnésique et les processus cognitifs de contrôle et d’élaboration, amenant à un
tableau pseudo démentiel parfois (Rous de Feynerols, cours manuscrits troisième année).
Le trouble déficitaire de l’attention est classifié dans le DSM IV avec les comportements
perturbateurs. Etant un trouble psychomoteur, je le développerai de façon plus concise au chapitre
11
suivant, qui se rapporte aux troubles psychomoteurs les plus fréquemment retrouvés en IR. Les
manifestations
principales,
outre
les
troubles
attentionnels
associés
ou
non
à
de
l’impulsivité/hyperactivité, sont une intolérance à la frustration, des accès de colère, de l’autoritarisme, de
l’entêtement, de l’insistance, une forte labilité émotionnelle, une baisse importante des motivations, un
rejet important des pairs, une faible estime de soi, des résultats scolaires médiocres, un manque
d’application, un refus de responsabilité, et une attitude forte d’opposition. Dans les formes les plus
sévères, les répercussions se font à tous les niveaux : social, scolaire et familial. Une corrélation
importante a été retrouvée avec le trouble des conduites et troubles oppositionnels, les troubles anxieux,
de l’humeur, troubles des apprentissages et de la communication. Le caractère impulsif est fortement
représenté à l’adolescence.
Conclusion : L’ensemble de ces pathologies et constats reflètent de toutes les combinaisons
possibles retrouvées chez les adolescents pris en charge en IR et soulignent ainsi la difficulté d’identifier
ce qui revient à quoi dans les troubles globaux d’adaptation que rencontre cette population. Mc Gee et
collaborateurs (90) décrivent ainsi l’interaction entre les quatre principales catégories de troubles à l’âge
adolescent :
Trouble déficitaire attention
Troubles anxieux
Trouble des conduites
Troubles dépressifs
I-4- Troubles psychomoteurs les plus fréquemment retrouvés.
Parmi les troubles psychomoteurs les plus fréquemment retrouvés, nous allons quelque peu
développer les axes suivants : Troubles toniques, troubles spatiaux, troubles des ajustements moteurs fins,
ADHD, troubles perceptifs (et notamment troubles de l’organisation des perceptions), troubles de la
lecture et de la réalisation de patterns expressifs faciaux et gestuels et troubles instrumentaux (écriture). Je
ne décrirai ici que brièvement les principales caractéristiques qui peuvent être propres à cette population.
Ceci n’exclut pas la présence de troubles plus classiques. Il est important de noter qu’aucune étude n’a été
réalisée pour essayer de répertorier les troubles psychomoteurs les plus fréquemment associés aux
12
troubles du comportement. Les observations qui suivent sont issues d’un travail clinique, ainsi que des
expériences de différents professionnels auprès de ce public.
La plupart des troubles toniques rencontrés ont un lien direct avec les troubles du comportement
et une difficulté de gestion des affects. Les jeunes adolescents d’IR présentent pour la plupart un
développement psychomoteur normal, mais sont dans l’incapacité de produire des ajustements toniques
corrects en situation de stress. La plupart des comportements se font sur un mode impulsif ou au contraire
sur un mode de contrôle excessif, faisant que leurs ajustements posturaux et de rééquilibration sont
étriqués, grossiers, et retardés. S’ils sont au contraire excessifs, la contrepartie est qu’un second
déséquilibre est alors induit, nécessitant de nouveaux réajustements. Ils possèdent généralement une
hypertonie importante avec des paratonies dans les épreuves de chute, résolutives après coup. Leurs
gestes sont brusques et ils ne prennent pas en compte les feed-back que peuvent apporter les différents
composants du mouvement en cours. Ces problèmes d’ajustement tonique se manifestent également
fréquemment au niveau de l’écriture (douleurs au poignet, attitude crispée et irrégularités du graphisme),
des coordinations dynamiques (nécessitant des adaptations vives et une anticipation) ainsi que dans les
tâches de dextérité manuelle (précision et ajustements fins). Tout se passe comme s’ils avaient des
difficultés dans la prise d’information intéroceptive, difficulté qui se retrouve dans l’anticipation d’un
comportement et l’analyse d’une action après coup. On peut se demander si cette tendance à une analyse
« bâclée » et/ou déficitaire ne se répercuterait pas sur la motricité.
Les troubles spatiaux sont très répandus et concernent tant l’organisation spatiale que
l’orientation dans l’espace. Prendre un système allocentrique comme système de référence, leur est
difficile. La construction de plans se fait souvent sur un mode itinéraire, et il existe des difficultés à
extraire des règles communes abstraites régissant les orientations dans le milieu. Outre un problème de
prise de repères qui peut se retrouver lors d’agitation et manque de concentration, ils ont une difficulté à
se décentrer, et agissent dans la précipitation et l’immédiateté pour élaborer des stratégies de
déplacement. De plus ils semblent très dépendants du milieu.
D’un point de vue de l’organisation spatiale, les praxies visuoconstructives sont déficitaires pour
une large proportion d’entre eux, les réalisations et la prise d’information sont bâclées. Ils éprouvent
également des difficultés de prise en compte des différentes orientations des éléments entre eux, et
d’extraction de formes isolées d’un ensemble global structuré. A l’inverse ils agencent mal les différents
éléments d’une figure pour construire un ensemble cohérent présenté en modèle. Les troubles spatiaux
peuvent donc être dévolus à des causes multiples : troubles perceptifs, inattention, troubles spatiaux purs,
impulsivité…
13
Pour un développement psychomoteur global correct, des difficultés importantes se posent
toujours pour les facteurs vitesse-précision et motricité fine. Celles-ci sont souvent à relier à une
difficulté de concentration et à une mauvaise prise en compte des informations intéroceptives. Sans aller
jusqu’à parler de problème digito-praxique, le déliement digital est souvent problématique et entraîne des
syncinésies importantes, peut-être à mettre en rapport avec une répartition tonique de mauvaise qualité
ou une impossibilité de prise en compte d’informations simultanées. Cela peut s’expliquer par un manque
de disponibilité psychologique (distractibilité forte et inattention en réponse à des préoccupations
psychologiques), un manque de patience ou des comportements impulsifs. Ces difficultés impliquent une
écriture de mauvaise qualité bien souvent.
Les troubles perceptifs se caractérisent par une difficulté à prendre en compte l’information
pertinente. Quelles qu’en soient les causes, la méthode exploratoire est médiocre, les temps d’exploration
insuffisants et les informations proprioceptives souvent peu mentalisées de façon volontaire. Ils sont très
dépendants visuellement et fonctionnent de façon stéréotypée dans la prise d’information, faisant qu’une
partie de l’information est omise et donc que la réalisation perceptivo-motrice est inadaptée à l’originalité
d’une situation donnée.
Comme nous avons commencé à le définir d’un point de vue psychiatrique, le trouble déficitaire
de l’attention, dit ADHD, est fortement corrélé aux conduites déviantes d’opposition et comportements
perturbateurs. Si bien qu’il est bien difficile de faire la part des choses sur la primauté d’un trouble par
rapport à un autre si tous les éléments d’anamnèse ne peuvent être récoltés. D’un point de vue
psychomoteur, ce trouble pose problème dans la prise d’information, son traitement et son organisation.
L’exploration visuelle est inefficace, la performance se dégrade rapidement et l’enfant a des difficultés à
rester concentré sur une tâche. Le traitement d’informations simultanées est déficitaire, les réponses sont
souvent rapides et erronées, et il existe une faible sensibilité aux renforcements, peu de précision dans les
mouvements, ce qui a une répercussion au niveau des ajustements fins. Ce trouble est très fréquent dans la
population IR, mais peu diagnostiqué par le psychiatre. La majorité des adolescents d’IR possède les
caractéristiques du type dominance hyperactivité/impulsivité ou type combiné. Cependant les
manifestations comportementales de type trouble des conduites priment la plupart du temps sur le
diagnostic de trouble déficitaire de l’attention. Les critères de ces différentes catégories sont présents sur
le plan comportemental, quoique plus de l’ordre de l’impulsivité, mais la plupart des tests à disposition du
psychomotricien ne permettent pas d’objectiver complètement la nature étiologique des difficultés
présentées. La plus grosse difficulté revient au fait que ces jeunes adolescents présentent un agrégat de
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symptômes divers et appartenant à des tableaux nosologiques différents, faisant que l’on pourrait penser
que certains signes sont en rémission partielle ou qu’ils se sont développés suite aux conséquences
négatives issues de troubles primaires comme le trouble déficitaire. En effet, un comportement d’agitation
peut être tout autant l’expression d’un comportement de fuite face à une tâche incomprise, trop difficile,
qu’une des manifestations TDAH. De ce fait, ce seront les nombreuses investigations cliniques qui
permettront de déterminer le poids de chacun des facteurs en présence et leur lien de causalité.
Les troubles de l’acte graphique sont très fréquents. L’écriture est chaotique, irrégulière, déliée,
et reflète la traduction de composantes toniques, spatiales, mais aussi de réalisations impulsives et non
investies. En effet, bien souvent, l’investissement de l’écrit n’est pas la priorité compte tenu que les
situations scolaires sont fortement connotées par l’échec ou les difficultés majeures d’apprentissage. De
ce fait, les réalisations graphiques ne peuvent s’automatiser en des patterns adéquats, et se fixent comme
telles. On retrouve également des difficultés dans la distinction de sons et l’expression du langage
(syntaxe et vocabulaire), ainsi que des dysorthographies massives relevant d’une prise en charge
orthophonique.
Les adolescents placés en IR ont des difficultés par rapport à l’écoute de leur corps. Ces notions
peuvent rejoindre les troubles perceptifs, mais il semble qu’il existe un trouble de l’image du corps audelà des simples perceptions. Généralement, ces adolescents sont brusques, maladroits, et ont une
mauvaise écoute de leurs sensations. La verbalisation de leurs sensations leur est difficile et ils semblent
avoir une faible disponibilité corporelle. Du fait de l’adolescence, l’image sociale revêt plus d’importance
(notion de comparaison et d’identité sociale) et de ce fait leur apparence leur donne accès à un statut. Elle
est donc très contrôlée, tant dans la présentation esthétique que dans les attitudes et gestuelle Les filles
sont peu féminines, les garçons très turbulents. Bien au-delà du trouble des conduites, cette attitude
frustre et étriquée est assimilée à leur propre image et ils ne vont pas plus loin dans l’analyse. Ils ont peu
de conscience corporelle, explorent peu les sensations, prennent peu de distance face aux émotions. De
ce fait, la structuration de l’espace corporel, la structuration temporelle par le rythme, l’engagement
global du corps dans l’action et la régulation comportementale dans les interactions sociales peuvent être
déficitaires, entraînant notamment un trouble de l’acquisition ou de l’utilisation de comportements
prosociaux.
II- Point central, l’impulsivité.
II-1- Petite introduction.
15
Dans les différents lieux de vie de l’institut de rééducation (scolarité, foyer, prises en charge
individuelles) sont observés et rapportés des comportements de type impulsifs que les différents
professionnels rapportent comme étant des manifestations agressives et violentes, une forte agitation et
une difficulté de maintien attentionnel dans une activité, des comportements perturbateurs, de la
distractibilité. Les échanges sociaux peuvent être brutaux, la motricité de réalisation bâclée et le discours
non structuré, inapproprié, irréfléchi. Les conséquences en sont une répercussion majeure sur l’ensemble
des apprentissages et régulations, et un ajustement décroissant tant au niveau social que scolaire. Etant
donné que ces caractéristiques font obstacle la plupart du temps à la prise en charge psychomotrice des
troubles instrumentaux, et qu’elles jouent un large rôle sur les ajustements individuels et groupaux, il me
paraissait intéressant d’effectuer une recherche approfondie sur ces phénomènes impulsifs et de l’inclure
dans mes investigations de prise en charge.
L’impulsivité est une notion largement employée pour décrire un comportement, mais n’est hélas
reconnue habituellement à un niveau diagnostique par le psychomotricien que dans le trouble déficitaire
de l’attention. Ceci est fort regrettable dans la mesure où le psychomotricien en IR y est sans cesse
confronté, et ne peut s’appuyer sur des mécanismes précis pour agir. Les motifs de prise en charge
concernant l’impulsivité supposent d’identifier à quelles caractéristiques précises du fonctionnement
cognitif ou de la perturbation comportementale elle renvoie, et quelles sont les possibilités d’action du
psychomotricien en fonction de des composantes présentes et identifiables. D’où la nécessité d’un
recensement minutieux des processus en jeu dans le/les comportement/s impulsif/s.
Dall’ava (1997) dit ainsi : « A l’adolescence, la majorité des consultations concerne les troubles
des conduites allant de l’agression à la violence ainsi que les troubles oppositionnels avec provocation…
L’agressivité est essentiellement liée à l’impulsivité. Le défaut de contrôle des impulsions semble être
un dénominateur commun à ces difficultés propres à la psychopathologie des adolescents. L’impulsivité
sous toutes ses formes est certainement la cible thérapeutique première pour le psychomotricien ».
La définition donnée de l’impulsivité dans « le Larousse » est la suivante : « L’impulsivité au sens
le plus commun de la langue définirait une tendance pour un individu à poser des actes spontanés et
irréfléchis. Un élève impulsif lit rapidement un problème, commence irrésistiblement à faire des calculs,
écrit la réponse sans indiquer l’unité appropriée et ne fait pas de retour sur sa démarche. Il ne procède
pas de façon rigoureuse dans la progression de la résolution et les traces de sa démarche sont souvent
entremêlées et réparties aux quatre coins sur sa feuille. Les états associés à l’impulsivité peuvent être
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l’impatience, l’inattention, l’inconséquence, l’irréflexion et la précipitation. On y oppose les états de
calme, détente, discernement, réflexion, la maîtrise et la patience.
·Whiteman & Novotni (1995) ont essayé de répertorié les grandes idées actuelles reliées au
concept d’impulsivité. Ainsi pour eux :
-
L’impulsivité est vue comme une des caractéristiques les plus importantes du syndrome
déficitaire de l’attention.
-
Beaucoup considèrent cette impulsivité comme le problème le plus durable et le plus
sérieux de l’adolescence et de l’âge adulte (Copeland & Love, 91).
-
L’impulsivité augmenterait proportionnellement à la décrue des manifestations
hyperactives, comme si elle était une forme plus acceptable de mouvements.
-
L’impulsivité est un symptôme prégnant dans le syndrome déficitaire de l’attention, mais
apparaît également dans de nombreux autres syndromes.
· Pour Schachar & Tennock, (93) l’impulsivité fait référence à des actions réalisées trop
rapidement ou dans une direction irraisonnée (dans le sens de non réfléchies), des actions ne pouvant
être soumises à un processus de délibération (analyse des conséquences et de la pertinence de son
application), des actions dirigées vers des gratifications immédiates par rapport à des gratifications à
plus long terme, des actions ne pouvant être stoppées ou modifiées une fois initiées, même si les
conséquences impliquent un effet indésirable pour l’entourage ou non plaisant pour le sujet lui-même.
· Corraze (1985), cite quelques exemples d’emploi se rapportant à ce terme : impulsivité comme
difficulté à mener à bien une tâche, comme difficulté à organiser le présent en fonction du futur, comme
agitation motrice, absence de cohérence interne, difficulté de contrôle des sphincters, problème de
passage à l’acte dans les sociopathies et problème de contrôle des pulsions sexuelles… Quoi qu’il en
soit, l’impulsivité sous-tend toujours un problème de contrôle ne laissant pas un temps possible
d’organiser une action ou de réfléchir à une action.
Etant donné l’étendue de l’utilisation de ce terme, prenant des sens divers selon les contextes dans
lequel il est employé, il est important de poser les bases du type d’impulsivité étudié dans mon travail.
Ainsi dans cette seconde partie, nous allons tenter de définir cette notion à travers des cadres de
références précis : psychopathologie, psychologie cognitive, psychologie sociale, psychologie
différentielle, psychologie évolutionniste et neuropsychologie. A chacun de ces cadres, nous tenterons de
17
répertorier les principaux modèles théoriques expliquant les processus impulsifs tels qu’ils ont été
envisagés.
II-2- L’impulsivité au regard de la psychopathologie.
Dans l’approche des comportements impulsifs au niveau de la psychopathologie, plusieurs facteurs
sont à prendre en compte : la vitesse de réponse cognitive, le manque de contrôle, la recherche
d’aventure et d’extraversion (notion de Eysenck développée ultérieurement) ainsi que la prise de
risque, notamment observées à l’adolescence à travers le choix de sports à sensation, la prise de toxiques
et des conduites délinquentielles ou le mensonge, l’école buissonnière et les fugues.
Les comportements impulsifs se retrouvent dans le trouble déficitaire de l’attention, la personnalité
antisociale, les troubles obsessionnels compulsifs et états maniaques, les personnalités limites, la
cleptomanie, … Ils ne sont diagnostiqués comme tels que quand ils sont perturbateurs et aboutissent à un
non contrôle des actes, (Albaret et Aubert, 2001).
· Pour Matthys, Cuperus & Van Engeland (99), ce sont les déficits spécifiques dans la
résolution de problèmes sociaux qui entraîneraient de l’agressivité, et des actes impulsifs. Ces déficits
concerneraient des problèmes d’encodage, d’interprétation, de générations de réponses en nombre
suffisant, d’évaluation des réponses et de son efficacité personnelle ainsi que de sélection de la réponse.
Ces difficultés seraient d’autant plus prégnantes que ces troubles seraient associés au trouble déficitaire
de l’attention.
· Une étude a été réalisée par un centre psychiatrique dans le Nebraska pour répertorier
l’ensemble des manifestations impulsives. En effet, la littérature est nombreuse sur l’impulsivité associée
au trouble déficitaire de l’attention ou aux conduites agressives ou violentes. Mais elle ne remplit qu’une
part de la définition de l’impulsivité comme perte de contrôle de soi, ceci ne reflétant pas toutes ses
manifestations. Voici leur point de vue sur la question : « Par impulsivité, il est précisé qu’un individu
échoue à considérer la lecture du comportement qu’engagent ses pulsions. Par exemple dans les
compulsions d’achat, il va acheter impulsivement quelque chose sans regarder s’il en a besoin ou non.
Hormis le fait de s’adonner à des impulsions, la personne impulsive agit toujours dans la précipitation.
Cependant une action réalisée avec précipitation ne peut toujours être qualifiée d’impulsive si elle est
isolée ou rare. » L’impulsivité est donc envisagée dans le cadre d’une conduite et non d’un acte isolé. Par
conduite, sont entendus les versants comportemental et cognitif de toute réalisation individuelle. « La
personne impulsive multiplie les actes précipités comme la prise de décision, conclure, organiser et
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planifier une action, se préparer aux situations, attaquer plusieurs activités de front. C’est pourquoi il est
important d’identifier au préalable quel rôle cela joue dans les comportements et l’adaptation du sujet, et
ce qui contribue à développer cette impulsivité… Les comportements addictifs relèvent partiellement de
l’impulsivité. Ils se définissent par l’impossibilité pour l’individu de réfreiner ses pulsions à rechercher un
plaisir immédiat et se retrouvent dans les rapports sexuels violents, non protégés, la prise de substance…
En soi l’impulsivité ne génère pas l’addiction, mais la majore selon la structure de personnalité que
possède le sujet. L’impulsivité peut entraîner un langage désordonné tout comme un débordement de la
pensée peut entraîner une production stérile et impulsive. La distractibilité peut également être source
d’impulsivité. La personne a des problèmes de centration de l’attention sur un sujet ou un objet, et elle est
submergée d’informations, présentant un délai court de focalisation et provoquant une recherche de
stimuli nouveaux. Le comportement qui en découle est un va et vient incessant d’une tâche à une autre.
Cette caractéristique est surtout observée chez les ADHD. Les sujets impulsifs auraient également un
problème de report de délai. Leur empressement affecterait de nombreuses fonctions mentales et
physiques, qui en retour affecteraient le comportement en produisant des dysfonctionnements variables
touchant l’attention, la motivation, les émotions, les conduites, la température corporelle… Il existe de
nombreux traits compensatoires pouvant dissimuler l’impulsivité. Celle-ci est en effet rarement isolée et
interagit avec de nombreux autres traits comme les problèmes de généralisation ou de comparaison
d’information… L’impulsivité a de multiples conséquences négatives comme des difficultés de pensée
individuelle, de mise en place de processus informationnels, au niveau du langage, et de la résolution de
problèmes. La pensée est simpliste, peu développée, abrégée… Parce que l’esprit fonctionne par à coups
brusques, la pensée se déconnecte des autres pensées temporairement. Les sujets impulsifs manquent de
réflexion, et quand ils sont confrontés à la nouveauté, ils ne peuvent organiser l’information en fonction
des acquis préalables. Ils ont des difficultés de prise de décision, de conclusion, car ils ne considèrent pas
l’ensemble des informations à disposition, ils ont des difficultés de planification, manquent de
préparation, ne peuvent rechercher des procédures de façon systématique et progresser étape par étape, et
ne peuvent nommer celles-ci. Leur langage est pauvre, peu élaboré, ils perdent facilement le cours de
leurs idées et manquent d’associations. La solution de rapidité est celle qui est préférée pour résoudre un
problème car ils privilégient l’action à court délai. L’écriture manque de précision. Ils ont un jugement
diminué car ils agissent sans penser et passent trop rapidement à la conclusion, souvent sans préparation.
Ils refont souvent les mêmes erreurs car ils ont une difficulté à analyser après coup ce qui s’est passé et
pourquoi. Cette analyse conditionne l’encodage de procédures pour un nouveau modèle d’action future,
et cette étape est souvent négligée. De plus les impulsifs ont une faible tolérance aux stress
environnementaux qui peut s’expliquer ainsi : Les individus normaux font systématiquement et
méthodiquement leurs actions étape par étape et sont donc mieux protégés d’évènements soudains. Les
19
impulsifs réagissent dans l’urgence aux évènements soudains, et ne prennent pas le temps de pause
nécessaire pour observer et rechercher les éléments confirmant ou non l’urgence. De ce fait, d’un point de
vue émotionnel, ils ne sont pas à même de gérer leurs émotions dans ce type de contingence. Ils agissent
et réagissent précipitamment, et ont ainsi une faible tolérance à la frustration. »
Boudon (2001), note que l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité sont cliniquement
handicapantes chez un enfant et peuvent être l’expression d’un ADHD, mais aussi de troubles
oppositionnels et du comportement, troubles bipolaires, et plus rarement d’épilepsies et
traumatismes crâniens. Pour lui l’impulsivité serait une perception accélérée du temps qui passe,
associée à un manque de contrôle de soi, résultant de mécanismes différents selon le trouble.
· Dans le trouble déficitaire de l’attention à dominance impulsive « L’impulsivité se
manifeste par de l’impatience, par une difficulté à attendre avant de répondre, le sujet laissant échapper la
réponse avant que la question n’ait été entièrement posée, par une difficulté à attendre son tour, et par une
tendance fréquente à interrompre les autres ou à imposer sa présence, à un point qui crée des problèmes
dans les situations sociales, scolaires ou professionnelles. Les autres peuvent se plaindre de ne plus
pouvoir placer un mot. Typiquement, les sujets atteints de déficit de l’attention/hyperactivité font des
commentaires quand on ne leur en demande pas, n’écoutent pas les consignes, entament la conversation à
tort et à travers, imposent leur présence, arrachent les objets des mains des autres, touchent à ce qu’ils ne
devraient pas, et font le pitre dans leur entourage. L’impulsivité peut être source d’accidents (renverser
des objets, heurter des gens, attraper une casserole brûlante..) et conduire le sujet à se lancer dans des
activités potentiellement périlleuses, sans réfléchir à leur possible conséquence (par exemple faire de la
planche à roulettes sur un terrain extrêmement accidenté). » (Définition DSM IV). Les critères
diagnostiques sont : agitation distale des membres fréquente, agitation inadaptée aux différentes
situations, court et grimpe excessivement dans des situations inappropriées (activité intellectuelle pour les
adolescents ou adultes), problèmes d’engagement dans des occupations de loisir, répond souvent avant la
fin des questions, laisse échapper des réponses, difficulté d’attente dans une file, des jeux ou des
situations sociales.
Ainsi le syndrome déficitaire de l’attention avec manifestations impulsives est associé à un déficit
de contrôle exécutif de l’action, un déficit de l’inhibition de la réponse et des processus de
réengagement de la réponse. L’impulsivité est comparable dans ses défauts de contrôle de l’action à une
classe d’élèves sans enseignant, une compagnie sans dirigeant, une perte du pouvoir de dire non sur ses
actes, un véhicule sans système de freinage (Whiteman & Novotni, 95). Quoi qu’il en soit, la limite entre
ce qui relève de l’impulsivité ou de l’hyperactivité semble flou. Certains auteurs y voient un continuum,
où l’hyperactivité décroîtrait au profil de comportements plus organisés mais encore non soumis à un
20
contrôle adéquat, l’impulsivité. D’autres enfin y voient un même élément, qui tantôt s’exprimerait sous la
forme hyperactive (notamment dans les situations d’activité libre ou de simple écoute), tantôt
s’exprimerait sous la forme impulsive (notamment dans des tâches de résolution de problème, des tâches
sensori-motrices où le sujet est directement impliqué).
· Les troubles anxieux peuvent également avoir des répercussions majeures sur l’adaptation du
sujet. Chez le sujet anxieux, on peut noter une baisse de concentration entraînant notamment des troubles
mnésiques importants au niveau de la restitution informationnelle, des difficultés attentionnelles (oublis),
une sensibilité importante aux interférences, des difficultés de réalisation de deux tâches simultanées et un
sentiment d’incapacité pour 80% des sujets. Les capacités d’inhibition comportementale et de contrôle
s’en voient fortement diminuées, pouvant entraîner des manifestations impulsives (Rous de Fénerol,
2002).
· L’impulsivité peut être présente dans le cadre du retard mental, se caractérisant par des
explosions de colère, décharges agressives brutales, une forte instabilité, associées à une difficulté de
représentation. Ce déficit dans la représentation, du fait d’une limitation intellectuelle, induit des erreurs
d’attribution sur les réactions de l’entourage et des défauts de verbalisation quant à ses ressentis corporels
(Bénavidès, 97). Isolées de l’arriération mentale, les erreurs d’attribution peuvent être également source
de comportements impulsifs de l’ordre de l’agression chez les adolescents souffrant de troubles des
conduites.
Dans le cadre de l’efficience mentale supérieure, parallèlement, une étude a également été réalisée
dans le Connecticut par Cramond en 1995 : Les individus d’intelligence supérieure présenteraient souvent
(mais pas de façon systématique) des manifestations impulsives, parmi lesquelles des conduites à risque,
avec difficulté de concentration et activité incessante pouvant être diagnostiquée à tort trouble
déficitaire de l’attention. Ces comportements provoquent des désajustements scolaires importants, et
peuvent aboutir à des troubles psychologiques comme les troubles de l’humeur (Hersman & Lieb,
88 ;Jamison, 93). Cependant, alors que les individus souffrant d’un trouble déficitaire de l’attention
nécessitent un dispositif d’aide pour une résorption des symptômes ou tout du moins une meilleure
adéquation au milieu, les personnes créatives et d’intelligence supérieure progressent d’eux même vers un
ajustement social et académique.
II-3- L’impulsivité au regard de la psychologie cognitive.
21
·Baron, en 1982, définit des styles cognitifs, qui seraient des modes caractéristiques individuels
de perception et de pensée. Parmi ceux-ci est décrite la dimension réflexion-impulsivité qu’a étudié
Kagan en 1964 dans une épreuve d’appariements d’images, le MFFT. Cette épreuve consiste à associer à
une carte modèle une des 6 cartes présentée dont 5 différent par certains détails. Cette épreuve fait appel à
une recherche visuelle de différences, et à la résolution de problèmes (notion de choix). Le temps mis
pour obtenir la bonne réponse et le temps de première réponse sont mesurés, donnant après différents
calculs quatre profils d’individus : Impulsifs, réfléchis, lents et inefficaces, rapides et efficaces. Ainsi la
définition de l’impulsivité cognitive ne tient qu’à une vitesse de réponse et à nombre d’erreurs faisant
que le sujet agit de façon inefficace. Ce type de test n’apporte pas la raison de cette impulsivité, seules
quelques hypothèses sont émises pour l’illustrer :
1- Les sujets décrits impulsifs suite au test MFFT ne prendraient pas en compte toutes les informations
leur permettant une prise de décision adéquate, soit auraient un encodage des informations déficitaire
(ceci fait appel au concept de traitement dirigé par données, Messer, 1976).
2- Ces sujets répondraient la première réponse s’imposant à eux sans en évaluer les conséquences et la
pertinence, soit auraient un traitement inadéquat des informations (ceci fait appel au concept de
traitement dirigé par concepts, Kagan et Kogan, 1970).
3- Ces sujets éprouveraient des difficultés à différer la réponse, d’où un nombre d’erreurs conséquent,
c’est un problème d’inhibition de la réponse (Messer, 1976).
·L’impulsivité motrice est décrite comme une difficulté ou une incapacité à freiner ou à inhiber
un comportement dans une situation dont les caractéristiques demanderaient ce temps d’arrêt. Dans une
tâche ne demandant pas de contrainte particulière, les sujets impulsifs ont une vitesse de réalisation plus
grande que les autres, à leur grand désavantage, car au détriment de la précision et de l’exactitude. Il y a
incapacité à différer une réponse motrice, ce qui rejoint l’hypothèse avancée par Messer à propos de
l’impulsivité cognitive citée plus haut. Une réponse motrice rapide en effet ne permet pas un temps
suffisant d’analyse des différents paramètres de la situation et donc ne peut être précise si elle n’est pas
automatisée, soit réalisée avec un haut degré d’expertise. Ce temps de réflexion nécessaire, s’il n’est pas
respecté, rejoint alors la définition de l’impulsivité cognitive. La distinction impulsivité cognitive et
impulsivité motrice est loin d’être évidente et l’on peut même se poser la question de l’existence d’une
impulsivité motrice seule. L’impulsivité motrice ne serait alors que l’expression clinique d’un défaut de
procédure cognitif ? L’impulsivité ne serait-elle différentiable que par les domaines dans lesquelles elle
22
s’exprime ? Pour Barratt (mais aussi White, Moffit, Caspi, Bartusch, Needle & Stouthamer-Loeber, 94),
l’impulsivité est en partie fonction de la méthode de mesure utilisée et elle est jugée avoir deux
dimensions, soit cognitive, soit comportementale de ce fait.
·Hamilton (in Rohrbach, 88) expose l’impulsivité au regard des processus moteurs. Pour lui,
l’action motrice n’est pas forcément superposable aux processus cognitifs. Cette impulsivité se
caractériserait par une forte automatisation et préférence pour des décharges motrices rapides.
Cependant d’autres facteurs sont à prendre en compte, d’un point de vue cognitif, comme le degré de
motivation, l’anxiété, les croyances, habitudes, valeurs, et perception de soi (de ses capacités et déficits).
·D’après les recherches de Witkin et Huteau (85), les individus dépendants du champ perceptif
(soit les sujets ayant plus de difficultés à dissocier un élément de son contexte et à le réutiliser dans un
contexte différent), seraient plus impulsifs, plus réduits dans leurs possibilités de contrôle émotionnel
car plus influencés par leurs perceptions et émotions dans l’analyse des situations. Plus la situation est
concrète et plus ils ont du mal à s’en extraire. Ils seraient de même plus sensibles au stress et aux
interférences et moins autonomes dans les activités ludiques (Bergès et Goldberger, 79). Ainsi
l’impulsivité est plutôt vue ici dans le cadre d’une impossibilité de se soustraire de données
émotionnelles immédiates pour résoudre un problème, un manque d’analyse de la situation et de ses
exigences.
·La littérature est nombreuse en ce qui concerne les défauts de traitement de l’information
sociale, ou distorsions cognitives (les individus ont un point de vue égocentrique de la situation de conflit
interpersonnel), dans les phénomènes de violence chez les délinquants (Novacco & Welsh, 89 ;Serin &
Kuriychuk, 94). La violence est effectivement décrite comme de l’impulsivité, en ce sens qu’elle est une
déficience de maîtrise et d’autocontrôle du comportement. Elle est considérée soit comme l’incapacité à
réfléchir, soit comme l’intervalle entre un événement donné et la réaction de l’individu. L’agression est
associée à l’impulsivité sous divers aspects : activité motrice (agir sans réfléchir), activité cognitive
(prendre des décisions trop rapides), et absence de planification (désintéressement au sujet des
conséquences). Pour maîtriser l’impulsivité ou améliorer l’autocontrôle, il faut reconnaître qu’il y a une
activation accrue des processus de résolution chez ces individus et recourir à des stratégies concurrentes
de prise d’information (Barratt, 94).
Cattell a exposé deux types d’intelligence : l’intelligence fluide et l’intelligence cristallisée. Ce
cadre de référence est actuellement la base de recherches et tests neuropsychologiques sur les processus
23
de vieillissement cognitif et les signes précurseurs de démence. L’intelligence fluide est définie comme
l’ensemble des capacités permettant de résoudre des problèmes nouveaux, dépendant de la capacité
d’évaluation des situations nouvelles et des capacités de rapidité d’adaptation à cette nouveauté.
L’intelligence cristallisée serait l’accumulation d’expériences et la restitution et l’utilisation des
connaissances permettant un traitement automatisé des informations. Tout dysfonctionnement de
l’intelligence fluide entraînerait des difficultés d’adaptation, avec déficit d’organisation efficiente de
l’information, de perception des traits pertinents et d’inhibition des informations accessoires et
redondantes. Les sujets atteints auraient des problèmes pour changer de stratégie, ou appliquer une
stratégie apprise dans un contexte différent, et utiliseraient préférentiellement des traitements
automatisés par rapport à des modes de raisonnement plus logiques, écologiques et acceptables
socialement. Celle-ci est notamment reliée au niveau d’instruction et au niveau d’efficience mentale.
II-4- L’impulsivité au regard de la psychologie sociale.
Ici est entendue la conduite impulsive comme perte de contrôle dans le passage à l’acte hétéroagressif.
·Pour Bandura, auteur de la « théorie de l’apprentissage social », l’apprentissage se fait par
renforcements positifs et négatifs du comportement du sujet. Celui-ci peut acquérir de nouveaux patterns
de comportements impulsifs d’agression par imitation et observation des conséquences du comportement
modèle. L’exposition à des modèles violents favoriserait les passages à l’acte. Les codes normatifs de
l’individu vont régir la légitimité de l’agression dans une interaction donnée (Moser, 87), ces codes étant
le résultat d’une intériorisation des codes des modèles successivement présentés dans le milieu de vie du
sujet.
·Les croyances ont été également analysées comme pouvant être à l’origine de comportements
inadaptés et notamment de conduites agressives. Pelletier & Dionne (99), ont ainsi étudié la relation entre
les attributions causales et les comportements délinquants : les passages à l’acte seraient fortement
déterminés par le style d’attribution du sujet (Mac Kay & Fanning, 91). Ces réflexions découlent de la
théorie de l’attribution de Kelley (67) et Heider (58) où est analysé la façon dont les individus expliquent
leur comportement et celui d’autrui. D’une façon générale, l’individu aurait tendance à attribuer ses
propres succès à des causes internes (ses capacités), et ses échecs à des causes externes (malchance par
exemple). De même, l’idée que le sujet se fait de ses possibilités de contrôle sur les évènements (notion
de « locus of control », introduit par Rotter en 1961), soit contrôle externe, soit interne, influe de façon
massive sur les conduites futures d’adaptation, notamment l’apprentissage de conduites plus adaptées, la
24
persistance dans une tâche, la notion de perception de responsabilité et de possibilité de changement… et
donc le facteur motivation au changement. Beauvois (94), a insisté sur la nécessité des explications
internes de nos actes dans l’internalisation des valeurs morales sous-tendant les relations sociales. Ce
serait une des composantes à l’inférence causale et donc à une possibilité de mise en relation des
conséquences et causes d’une action en vue d’une adaptation maximale. Ces traits cognitifs cependant
semblent plus intervenir dans les possibilités de changement vers des modes de fonctionnement plus
adaptatifs, plutôt qu’à l’origine de conduites impulsives, mais souligne encore une fois la complexité des
déterminismes de cette pathologie.
·Seligman (75), expose le concept de résignation apprise comme la non-perception par le sujet de
la relation systématique entre ses comportements et leurs conséquences, faisant qu’il y a baisse de
motivation et des performances sociales et donc incapacité de percevoir les conséquences futures de ses
actes, celles-ci permettant un ajustement adéquat des réponses à la situation donnée.
II-5- L’impulsivité au regard de la psychologie différentielle.
·Eysenck, en 85, conceptualise la personnalité en trois traits biologiques de base, dits
tempérament : l’extraversion, le névrotisme et le psychotisme (Théorie de base des traits de personnalité
de Eysenck) :
-
L’extraversion est définie comme une personne bavarde, enjouée, possédant des affects positifs,
ayant besoin de stimulations externes. L’auteur relie cette dimension à des mécanismes de l’éveil, où les
sujets possédant ces traits seraient en recherche permanente de stimulations du fait d’un seuil d’éveil
cortical en deçà de celui requis pour des performances optimum. Les personnes impulsives se situeraient
à ce pôle, recherchant sans cesse la nouveauté, la sensation et dépendants de renforcements et de
récompenses dans leur régulation comportementale. Les individus se situant au pôle inverse de cette
dimension, soit les introvertis, auraient au contraire un seuil d’éveil bien supérieur et auraient donc besoin
d’apaisement pour être au maximum de leurs performances.
-
Le névrotisme ou dimension émotionnelle, se caractériserait à un pôle névrotisme par des niveaux
élevés d’affects négatifs comme la dépression ou l’anxiété. Pour Eysenck, cette dimension serait en
rapport avec des degrés d’activation du système sympathique responsables des comportements de
fuite/attaque face au danger. Les individus ayant une activation faible auraient des expériences affectives
négatives face à des agents stressants mineurs (forte réactivité). Quand les niveaux d’activation sont
25
élevés, au contraire (pôle de stabilité émotionnelle), les émotions seraient plus stables et les expériences
affectives négatives ne surviendraient qu’en cas d’agents stressants majeurs.
-
Le psychotisme, se caractériserait par des pensées rigides, non conformes, une certaine hostilité et
imprévisibilité comportementale, appelé encore psychopathie. Pour Eysenck, cette dernière dimension
serait liée à des taux hormonaux (testostérone) élevés.
Pour Eysenck, l’impulsivité se rattache à la résultante combinée de quatre habitudes de base (terme
employé pour signifier une collection de comportements) : Une impulsivité variable selon l’approche
motivationnelle, pas de planification, une vivacité, et une prise de risque.
·Gray, en 81, propose quant à lui un modèle bidimensionnel de personnalité où le comportement
impulsif est vu comme un comportement appétant de système d’approche, contrairement à l’anxiété
qui serait basé sur un système d’inhibition comportementale. Les traits impulsifs correspondraient à la
dimension extraversion de Eysenck, alors que l’anxiété serait plus liée à la dimension névrotisme.
·Pour Cloninger, 87, l’impulsivité est un comportement de soustraction aux contraintes
situationnelles (punitions, conséquences négatives d’une action). Y est associé une recherche intense de
stimulations, de nouveauté, et une forte dépendance aux récompenses immédiates.
Quels que soient les auteurs (Eysenck, 85 ;Zuckerman, 84 ;Cloninger, 87), un consensus est
dégagé : L’impulsivité recouvre pour une large part la définition de la recherche de sensations positives,
conduisant à une désinhibition comportementale. De ce fait, la théorie de Eysenck est utilisée pour
mesurer ce trait, par l’intermédiaire des questionnaires de personnalité et inventaires de personnalité. De
plus ce trait semble fortement corrélé à l’abus de substances.
II-6- L’impulsivité au regard de la psychologie développementale.
II-6-1- Notions de langage comme processus d’émergence du contrôle de l’action.
·Le soliloque ou le « parler à haute voix » a été étudié par Vygotsky dans une perspective
développementale. Pour lui, cette fonction serait primordiale pour que l’enfant puisse accéder à une
maîtrise de l’action. Elle accompagnerait, complèterait et renforcerait l’activité motrice. Pour lui, la
socialisation, le langage et l’apprentissage sont étroitement liés. Les aspects de son environnement que
l’enfant est prêt à maîtriser constituent la zone proximale de développement, soit un ensemble de tâches
que l’enfant ne peut accomplir sans l’aide d’un adulte ou d’un autre enfant les maîtrisant déjà. Cette aide
26
consiste en la transmission de directives et stratégies que l’enfant va progressivement intégrer à son
soliloque pour les utiliser ensuite seul devant la tâche. Au fur et à mesure que l’enfant apprend à se
maîtriser le soliloque s’amenuise pour devenir inaudible (notion de langage intériorisé). Cette
intériorisation se ferait entre les âges de 4 et 6 ans. Des expériences réalisées sur la question montrent que
le soliloque favorise la maîtrise de soi mais n’entraîne pas de bénéfices immédiats. Le soliloque de type
auto-encourageant aide l’enfant à se concentrer sur la tâche, et les enfants qui passent le plus rapidement
d’un langage audible à un langage intériorisé sont ceux qui peuvent le mieux contrôler leur activité
motrice et leur concentration. Il permet progressivement de structurer la pensée et est plus corrélé à
l’apprentissage qu’à la performance immédiate, (Berk, 93). Ces expériences ont permis de développer la
réflexion sur les enfants présentant des troubles des apprentissages et du comportement. Ceux ci
présenteraient des discours audibles plus nombreux et plus longtemps. La transition du discours audible
au discours intériorisé serait plus tardive. Berk insiste sur le fait que ce discours est essentiel à l’enfant
pour se structurer et contrôler son action, et donc qu’il peut être intéressant de créer toutes les
conditions le favorisant. Ici, on peut voir le contrôle de l’action comme son organisation orientée vers
un but défini, ainsi qu’une concentration et donc protection contre les interférences du milieu
environnant. Dans une même perspective, Camp (77) parle d’agressivité comme défaut d’inhibition des
comportements impulsifs du fait d’une médiation verbale inadéquate. Cette idée est à rapprocher de
comportements impulsifs et hyperactifs retrouvés chez certains enfants déficients mentaux. Maîtrisant
mal la fonction langagière, ils ont des difficultés pour structurer l’information et anticiper sur les
situations, faisant qu’ils ne peuvent prévenir les conséquences d’une action, l’issue d’une situation et
développent une forte anxiété, pouvant se traduire comme telle. L’enrichissement des processus de
communication et la transmission de stratégies anticipatoires permet une réduction de ces manifestations
inadaptées. (N. Noack, B. Coustès, in cours manuscrit 3ème année).
Pour Luria (61), il existerait trois stades dans le développement de l’autocontrôle : Le contrôle du
comportement par la verbalisation de l’entourage est la première étape. Progressivement l’enfant utilise
lui-même le contrôle par le langage pour réguler son comportement. Enfin le langage est progressivement
intériorisé. Cette progression rejoint les observations effectuées par Berk ci-dessus. Pour Luria, un déficit
dans l’acquisition de ces étapes peut amener à des régulations inadaptées et des comportements impulsifs.
Ici l’impulsivité est définie comme un défaut de contrôle moteur et cognitif. C’est à partir de ces
constats et postulats théoriques qu’ont été développées les techniques d’auto-instruction, pour reconstituer
ces étapes. Cette technique semblerait pertinente surtout avec les adolescents, associée à des auto-
27
évaluations, auto-observations et auto-renforcements progressifs appropriés au comportement produit
(Dush et Schroeder, 89).
II-6-2- Les émotions comme précurseurs de la mentalisation et du contrôle de soi.
·D’après Brun et Tremblay (2001), au début du développement des connexions innées entraînent
des réactions affectives globales et indissociées impliquant en même temps un processus d’évaluation,
une représentation expressive et un état émotionnel congruent. La maturation des mécanismes inhibiteurs
et de développement cognitif permettent ensuite à l’enfant d’apprendre progressivement un certain
nombre de stratégies de modulation qui interfèrent dans l’exécution des programmes affectifs
biologiquement déterminés. Enfin, à maturation, les compétences de contrôle moteur permettent à
l’enfant d’initier volontairement des expressions et inhiber des expressions spontanées. Le contrôle facial
permet un contrôle émotionnel et donc des manifestations moins impulsives face aux variations
émotionnelles. La composante expressive du processus émotionnel participe à la réalisation de deux
fonctions adaptatives distinctes : Communiquer son propre état interne et activer ou réguler l’expression
émotionnelle vécue (Frijda & Tcherkassof, 97). Ici c’est la notion d’impulsivité en tant que difficulté de
contrôle des affects qui est avancée. Cette notion, même si elle n’est pas directement reliée à ce qui nous
intéresse, est importante du fait que certaines techniques (décrites plus en aval) de mobilisation de
patterns émotionnels faciaux vont permettre une meilleure catégorisation de ceux-ci et induire un meilleur
contrôle tant émotionnel que comportemental, par identification précoce d’états internes et possibilités
d’action et de modulation anticipatoires.
Cette conception se rapproche de celle exposée par Damasio (cité par Barkley, 97), qu’il nomme
théorie des marqueurs somatiques, que je décrirai dans une perspective neuropsychologique.
II-6-3- L’impulsivité rattachée à la notion de style moteur de stamback (68).
L’auteur envisage le style moteur comme les modalités d’exécution d’un acte moteur associées
aux possibilités motrices d’un individu (habiletés liées à l’équipement neuroanatomique et à l’intégration
neurophysiologique). Des étapes successives du développement vont conduire à la maîtrise progressive
comportementale, amenant à une économie toujours plus grande des mouvements dans l’effort, la
sélection de groupes musculaires intervenant dans le mouvement et l’inhibition des effecteurs inutiles
pour une plus grande efficacité de l’acte moteur. Cette progression se traduit à un niveau psychomoteur à
la disparition des syncinésies, des possibilités de coordination de plus en plus fines, une augmentation de
28
la vitesse d’exécution. Ces styles moteurs seraient le reflet de l’adaptation tonico-émotionnelle. Ces
différents modes d’exécution peuvent être observés dans la marche, la gestuelle, le langage, les attitudes
spontanées, l’écriture et le tempo. Ces styles sont au nombre de quatre (décrits par Wallon, 32) et l’on
compte parmi eux le style impulsif et instable, qui serait dévolu à un dysfonctionnement à minima d’ordre
supérieur. Le style moteur est donc défini en termes de régulation et de contrôle moteur (synergie,
régulation, inhibition ou activation). Une étude portant sur des adolescents normaux a montré une
corrélation de .45 entre la réussite professionnelle et le style moteur « possibilités de contrôle », contre
seulement .17 entre la réussite professionnelle et les possibilités motrices.
II-7- Le point de vue évolutionniste :La conception de Ohman sur les passages à l’acte
hétéro-agressifs et le type de relations intra familiales d’un point de vue phylogénétique.
·Filley, Nell, Morgan, Weissberg, Kelly (2001), expliquent les comportements impulsifs
d’agression comme étant la base d’un répertoire codifié et essentiel à la survie de l’espèce, des
comportements adaptatifs de type fuite/attaque, qui à un moment donné ne répondraient plus à cette
finalité.
·Pour Ohman et collaborateurs (85), ces comportements sont la résultante d’un programme
génétique concernant l’établissement des hiérarchies et se traduiraient par des pertes de contrôle, comme
réponses inadaptées à la frustration que peut entraîner un modèle parental de soumission-dominance
écologiquement inadapté (comme des parents ayant des problèmes pour imposer un cadre autoritaire, ou
qui oscilleraient entre des attitudes fortement permissives et fortement rigides, de façon non constantes et
donc imprévisibles) . De ce point de vue, le comportement impulsif est vu comme perte de contrôle et
comportement d’agression, en réponse à un type particulier de milieu..
II-8- L’impulsivité au regard de la neuropsychologie.
Les études de neuropsychologie se sont longtemps portées sur les conséquences de lésions
cérébrales au niveau cognitif et comportemental, avant de pouvoir explorer l’activité cérébrale
d’individus sains par le développement des techniques d’exploration (imagerie cérébrale et potentiels
évoqués). Ainsi, la population traumatisée crânienne a permis d’attribuer à des zones corticales
spécifiques des fonctions variées entrant en jeu dans les actes perceptivo-moteurs.
·Ainsi dans les lésions de type frontal, les troubles associés sont complexes, et parmi eux on
peut retrouver l’impulsivité. Les troubles de type frontal sont caractérisés par : des troubles du
29
mouvement avec désorganisation motrice importante (planification, organisation séquentielle et aspects
temporels du mouvement), une lenteur de traitement, des troubles de l’attention, de la mémoire, de
l’orientation, du décodage des communications non verbales, parfois une héminégligence, des troubles
perceptifs et sensoriels. Sont associées à ces déficits cognitivo-moteurs des troubles neurologiques de
type spasticité, syndrome cérébelleux, troubles de l’équilibre autres, lenteur de réalisation ainsi que des
troubles comportementaux souvent prégnants : désihnibition de type forte impulsivité, violence,
provocations boulimie… entraînant une désadaptation sociale importante. Au contraire, les troubles du
comportement peuvent prendre des formes hypokinétiques, avec réduction de l’initiative et de l’initiation
motrice.
La levée des inhibitions va de paire avec une absence de contrôle de l’action par le langage, et on
peut observer des persévérations motrices importantes. Les sujets victimes de telles lésions sont bien
souvent dans l’incapacité de mener à terme une série d’actes adaptés à une fin. Ces dysfonctionnements
sont dévolus à une atteinte lobaire au niveau du cortex préfrontal, structure responsable des aspects les
plus élaborés du comportement. Ces différentes observations sont à rapprocher de ce qui peut être observé
dans les troubles du comportement où sont notés des comportements stéréotypés (reproduction des
mêmes erreurs et peu d’ajustement à la nouveauté), des difficultés de planification et de correction de
l’action, des comportements agressifs explosifs, un manque de verbalisation de l’action et des affects, un
problème de gestion attentionnelle…
·Les observations et recherches émanant de l’étude des démences montrent également un rôle
prépondérant des structures sous-corticales dans les fonctions exécutives, définies comme les processus
de contrôle et d’élaboration de stratégies de résolution (in, Dr. Voisin, cours manuscrit 3ème année). Le
fait que les fonctions perceptivo-motrices soient la résultante de multiples interactions entre structures
corticales et sous-corticales est un problème pour établir des causes dysfonctionnelles, mais a cet
avantage qu’une certaine récupération reste toujours envisageable.
·Barkley (97),
a établi un modèle théorique des processus sous-tendant le contrôle
comportemental et cognitif chez le sujet ADHD (individu ayant les critères DSMIV correspondant au
sous-type trouble attentionnel à dominance impulsivité/hyperactivité). Chez ces individus, l’impulsivité
est variable selon le contexte (présence de l’adulte ou non), la nature de la tâche (jeux vidéo, tâches
complexes ou non, nécessitant de nombreuses contraintes ou non), le niveau de stimulations émanant du
cadre, le moment de la journée. Elle est d’autant plus importante que la tâche est complexe, que la
supervision adulte est réduite, qu’il n’existe aucune conséquence immédiate liée à la tâche, et que les
contraintes augmentent. Pour Barkley, ce syndrome est corrélé de façon significative avec des troubles
30
cognitifs de type : coordinations motrices et séquentielles, opérations symboliques et mentales,
anticipation et planification, fluence verbale et communication, distribution de l’effort, application de
stratégies organisées, internalisation du langage, régulation émotionnelle, raisonnement moral… Ces
mécanismes relèvent de deux fonctions : les fonctions exécutives et la métacognition, qui seraient en
rapport avec un dysfonctionnement frontal ou préfrontal. Le trouble déficitaire de l’attention est un
syndrome neuro-développemental en relation avec des dysfonctionnements métaboliques, constitutionnels
et génétiques. Dans ce cadre, l’impulsivité se caractérise par une difficulté d’inhibition de la réponse
préférentielle, trop rapide et empêchant une démarche construite, une capacité faible d’élaboration de
stratégies, une mauvaise organisation de la prise d’information et de production de la réponse, un manque
de flexibilité, des difficultés attentionnelles (notamment dans la discrimination auditive, la modification
de son tempo en des rythmes contraints), une dépendance au champ, une difficulté dans la résolution de
problèmes impersonnels et interpersonnels, un état tentionnel fort avec ralentissement du traitement des
données constaté en condition d’interférence, des difficultés de prise en compte des réafférences du fait
d’une absence de temps d’arrêt, nécessaire à la planification d’une tâche. Cette inhibition
comportementale serait possible grâce à la capacité d’auto-contrôle du sujet, capacité qui se développerait
seulement si l’individu a des préférences pour les gratifications à long terme, dans un but de
maximalisation des bénéfices. C’est la zone cortico-frontale qui permettrait d’inhiber et reporter une
réponse, le temps d’organiser le comportement en fonction des contraintes temporelles. L’auto-contrôle et
l’inhibition comportementale permettent une autorégulation individuelle, tant au niveau émotionnel que
cognitivo-comportemental. Le modèle théorique de Barkley peut se conceptualiser en un diagramme,
mettant en interrelation différents déficits cognitifs prédictifs de déficits dans l’inhibition
comportementale chez le sujet ADHD. Ce diagramme, qu’il nomme « modèle hybride des fonctions
exécutives », explique les différents facteurs cognitifs en jeu dans l’impulsivité telle que la définit
Barkley, soit un déficit dans l’inhibition comportementale et l’autorégulation et l’autocontrôle (se
conférer au schéma suivant).
→ Inhibition comportementale (niveau 1) :
- inhibition des réponses préférentielles
- interruption des réponses émergentes
- protection du délai d’inhibition (contrôle des interférences)
Ces trois étapes permettent :
→ Un fonctionnement efficient de la mémoire de travail non verbale (niveau 2) :
- sélection, manipulation et organisation des évènements en rapport avec la tâche
31
- imitation de séquences complexes de comportements
- fonction rétrospective et prospective
- anticipation
- contrôle de soi
- sens du temps
- établir des règles régissant le comportement
- organisation temporelle du comportement
→ L’internalisation du langage (mémoire de travail verbale) (niveau 2) :
- description et réflexion
- auto-questionnement et résolution de problèmes
- règles verbales régissant le comportement (auto-instruction)
- génération de buts et sous-buts
- compréhension de la lecture
- raisonnement moral
→ Auto-régulation des affects, des motivations et de l’éveil (niveau 2) :
- auto-régulation des affects
- objectivité, et perspectives sociales
- autorégulation des motivations
- autorégulation de l’éveil, au service d’actions orientées vers des buts
→ Reconstitution (pour actualisation) (niveau 2) :
- analyse et synthèse du comportement
- fluence verbale et comportementale (flexibilité)
- créativité et diversité de buts définis
- simulation de comportements
- « Syntaxe comportementale » : planification et agencement
Enfin, le bon déroulement de ces différents modules amène à la maîtrise des domaines suivants :
→ Contrôle moteur, fluence et syntaxe (niveau 3), soit :
- inhibition de réponses inadaptées
- exécution de réponses orientées vers des buts définis
32
- exécution de séquences motrices complexes et nouvelles
- persistance des buts (maintien des motivations)
- sensibilité aux feed-back en rapport avec la réponse produite
- flexibilité comportementale
- réengagement de la réponse
- contrôle comportemental par internalisation des informations (représentation et abstraction)
Le modèle établi par Barkley est issu d’un travail long et complexe de mise en lien de synthèse de
nombreux autres travaux réalisés dans ce même domaine. Ainsi, ce modèle a pris en compte :
·La théorie de Damasio sur les marqueurs somatiques
(in Barkley, 97), qui sous-tend
l’association constante des expériences vicariantes aux expériences émotionnelles. Ainsi, chez les
individus ayant des déficits dans l’autocontrôle, l’information sur les évènements passés serait réactivée
selon les besoins liés à la situation en mémoire de travail. Cependant celle-ci serait dissociée des aspects
affectifs et motivationnels (qu’il nomme aspects somatiques) présents lors de l’encodage initial, et de ce
fait la capacité de décision sur la vie personnelle serait affectée car de telles décisions sont influencées par
les marqueurs somatiques (décisions concernant les issues positives ou négatives de tels choix
comportementaux, à un moment donné). Les individus affectés par cette « dissociation » pourraient
rappeler un événement prévisible mais échoueraient à initier un changement de comportement ou à
motiver des comportements dans de nouvelles perspectives. Ces constats sont issus d’observations sur des
patients souffrants de lésions de la région ventromédiale du cortex préfrontal. Cette région serait
responsable de l’association de sensations émotionnelles, implicites et automatiques, à un stimulus, qui
serait réactivée lors d’une situation présentant un stimulus similaire, et aidant à la prise de décision et à
l’élaboration d’un plan d’action. Ainsi les individus présentant ce type de lésion n’auraient pas de
variations de la réponse électrodermale lors de la présentation de stimuli émotionnels en opposition à un
groupe contrôle, de même lors de la génération d’images mentales sur des évènements personnels chargés
émotionnellement. L’évaluation subjective de cette réponse émotionnelle serait également sous-estimée.
·Les travaux de bronowski (de 1967-7977), qui est un des premiers à exposer un modèle
explicatif du défaut d’inhibition comportementale, amenant à des actes impulsifs et irréfléchis. Pour lui
quatre étapes sont nécessaires au bon déroulement des processus de contrôle de l’action : Un acte réfléchi
ne peut être généré que s’il y a possibilité d’inhibition de la réponse, ce processus sous-tendant la notion
de respect d’un délai dans la réponse, délai pendant lequel il y aura élaboration d’une décision d’action, et
vérification de celle-ci en comparaison avec les attentes du milieu et les buts préalablement définis. Cette
phase de délai permettrait un détachement de la charge émotionnelle liée à la situation amenant à une
33
prise de décision : Ainsi les réponses émotionnelles responsables de réponses stéréotypées, automatiques,
seraient inhibées, permettant l’accès à une auto-régulation émotionnelle, à un raisonnement et à
l’objectivation. Si l’on s’en réfère à la théorie de Damasio, le délai permettrait de séparer partiellement les
marqueurs somatiques issus d’une situation immédiate de ceux issus de faits intériorisés.
·La conception de Fuster (95), pour qui les aspects temporels et motivationnels sont au premier
plan. L’inhibition de l’action et le contrôle des interférences lors de l’établissement d’un délai de la
réponse conditionnent les fonctions rétrospectives (buts, intentions, expériences et motivations) et
prospectives (organisation temporelle, préparation à l’action, anticipation des évènements, élaboration de
comportements nouveaux et complexes). Le fait de manquer de buts d’accomplissements empêcherait la
création de nouvelles conduites. Les conduites et motivations seraient régies par le même système que
celui gouvernant les émotions (Lang, 95). Les sujets impulsifs seraient alors plus réactifs à un contexte
immédiat et donc moins capables de générer des réponses nouvelles et réfléchies, soient adaptées aux
données issues de la situation du fait de l’impossibilité de définir des buts, conditions de la structuration
temporelle de l’action. L’absence de buts comme précurseur de comportements impulsifs est
cependant à prendre avec précaution, car une étude réalisée par Newman & Wallace (93), sur
l’autocontrôle chez les délinquants, a montré que certains sujets se désinhibaient quand leur
comportement était orienté vers un but. Par contre d’autres avaient ce type de réaction quand ils
subissaient des désordres affectifs ou avaient ingéré des substances illicites.
·Les travaux de Goldman-Rakic (in Barkley, 97), contribuant à la compréhension des mécanismes
anatomiques et neurophysiologiques sous-tendant la mémoire de travail : Ces mêmes expériences ont été
plus tard retrouvées chez l’homme (D’Esposito, 95) : Certains neurones du cortex préfrontal seraient
activés uniquement pendant la période de délai de réponse, et participeraient ainsi à une représentation
visuo-spatiale de l’information, permettant une comparaison des informations pour un ajustement le plus
favorable de la réponse. D’autres, également activés pendant cette période de délai, inhiberaient des
neurones supportant des informations non pertinentes des entrées et sorties possibles. Pour lui, en accord
avec Baddeley (86) sur les processus mnésiques et notamment le rôle de la mémoire de travail, la celle-ci
serait la constitution d’une représentation visuo-spatiale des stimuli émanant du milieu, articulée à un
processus phonologique (rôle du langage), et centrale d’exécution des éléments sélectionnés permettant
un contrôle des processus affectifs, moteurs et motivationnels, eux-même activant en retour les
représentations sensorielles.
·Les études de Quay’s (96), enfin, étudiant le rapport entre le faible contrôle de soi et les
variations émotionnelles. Pour lui, une forte anxiété serait inhibitrice de l’activité cérébrale, et donc
34
freinatrice des systèmes de contrôle et de sensibilité aux signaux telle la punition. Ceci expliquerait
l’impulsivité et la faible sensibilité aux punitions des sujets ADHD. Cependant d’autres études montrent
au contraire que le facteur anxiété est protecteur de comportements dits externalisés comme l’agression,
l’impulsivité, l’hyperactivité (Dollar & Berkovitz). Mais Taylor avance dans ce cas qu’il s’agit d’une
anxiété particulière, relevant d’une anticipation de la réprobation sociale de la conduite du sujet.
II-9- Impulsivité et neurophysiologie.
·Des études portant sur les rythmes circadiens et le degré d’impulsivité ont été une tentative
d’explication fonctionnelle de l’impulsivité. Anderson & Revelle (1994) ont mesuré cette impulsivité par
l’échelle de Eysenck (inventaire de personnalité, EPI) à différents moments de la journée. De ses études
ressort que si l’impulsivité est élevée, les performances sont altérées. Mais des effets ont été retrouvés
selon le moment de la journée : ainsi le matin, les rythmes d’éveil sont moins élevés que l’après midi,
faisant qu’une forte impulsivité va améliorer les performances (l’étude portait sur des tâches de
reconnaissance mobilisant les capacités d’attention). L’après-midi, l’effet est inversé. L’impulsivité
permettrait donc une médiation dans les changements d’état de l’éveil cortical. Lorsque celui-ci est faible
(le matin), elle permettrait de la réaugmenter et donc aiderait à une meilleure sensibilisation des périodes
attentionnelles. Ces résultats montrent également qu’une impulsivité modérée est bénéfique aux processus
attentionnels car elle permet de réajuster le niveau d’éveil. Passée une certaine limite, elle devient
néfaste. Les individus impulsifs auraient des autorégulations physiologiques leur permettant un éveil
suffisant pour une réceptivité adéquate au milieu. Cette dernière hypothèse est en tout cas applicable aux
individus ayant un trouble déficitaire de l’attention du fait de l’effet positif des psychostimulants sur leur
comportement. Cependant aucun travail de ce type n’a été effectué sur les populations pathologiques
puisque l’expérience décrite prenait en compte des sujets à tendance impulsive, d’après les critères issus
de l’inventaire de personnalité de Eysenck. Des observations cliniques peuvent seulement être avancées
chez les enfants ayant des comportements fortement agités et impulsifs, au regard de ces résultats. En
effet, ils sont vus par la majorité des éducateurs et instituteurs plus calmes le matin et l’agitation va
crescendo pour arriver à son maximum le soir.
·La formation réticulaire joue un rôle central dans les mécanismes de l’éveil. Elle occupe un
certain nombre de structures bien définies en groupements cellulaires (noyaux médians, centraux et
latéraux), au sein du tronc cérébral. Elle est en relation avec l’hypothalamus, l’hippocampe, le cervelet, le
thalamus et l’ensemble du système nerveux central et périphérique. Ses actions facilitatrices et
inhibitrices permettent notamment la préparation à l’action et la facilitation de celle-ci par anticipation.
35
Elle joue donc un rôle important tant au niveau moteur qu’au niveau cognitif par l’activation ou non des
processus attentionnels et d’anticipation.
·Berthoz (98), développe la notion d’anticipation. L’hippocampe recevrait des messages de toutes
les structures cérébrales intégrant les informations sensorielles et les structures d’action (organisation et
commande). Il mémorise les séquences d’action et de perception, jouant ainsi un rôle crucial dans
l’anticipation. Lorsqu’une seule partie des éléments sont présents, cela peut suffire à engager une réponse
qui avait été mobilisée lors d’évènements antérieurs par ces mêmes stimulations. Ainsi, l’impulsivité
décrite comme action rapide, irréfléchie, non planifiée, pourrait tout aussi bien être une reproduction
automatisée de réponses déjà mobilisées par le passé, relevant d’un excès d’anticipation associée à un
défaut d’évaluation ultérieure de la justesse de celle-ci. Ceci rejoint les propos de Hamilton, cité plus en
amont, sous-tendant l’impulsivité comme un excès d’automatisation empêchant l’émergence de
réponses novatrices. Cette conception semble également rejoindre les propos de Damasio (perte de la
composante émotionnelle comme élément de l’évaluation dans l’élaboration d’une réponse), et de
Barkley (problème de prise d’information pour l’orientation de l’action vers un but) : l’anticipation existe
mais est erronée, car ne prend pas en compte tous les éléments permettant un ajustement maximal de la
réponse.
·Zuckerman, en 84, a étudié les comportements impulsifs chez l’homme et l’animal. Il prend
comme définition de l’impulsivité le trait « recherche de sensation », faisant référence au modèle
hiérarchique de base des traits de personnalité de Eysenck. Ses résultats sous-tendent que les
comportements impulsifs auraient un déterminisme génétique commun biologiquement corrélé : un taux
supérieur d’hormones gonadiques, de monoamines oxydases et des potentiels évoqués corticaux plus
importants seraient retrouvés dans le groupe impulsif.
Dans un même ordre d’idées, Klove (89) sous-tend le fait qu’il existerait un niveau optimal de
stimulation nécessaire au maintien des processus attentionnels. La recherche de stimulation dévolue aux
individus impulsifs, et notamment aux troubles déficitaires de l’attention serait compensatoire d’un
niveau d’activation réticulaire et cortical insuffisant à l’engagement attentionnel. Cette recherche de
stimulation serait à l’origine de prises de risques, d’un haut niveau d’agitation, d’une préférence pour la
complexité, et la créativité.
·Soloff, Lynch & Moss (cités par Choukroun, 2001), évoquent une dysrégulation de la fonction
sérotoninergique dans les phénomènes impulsifs, actes d’agression, troubles comportementaux et
consommation excessive ou addictive d’alcool. Ce dysfonctionnement relèverait d’une contribution
36
génétique probable. Un fonctionnement affaibli de la fonction sérotoninergique serait associé à un défaut
de dégradation de norépinéphrine et donc entraînerait une désorganisation des systèmes inhibiteurs et
facilitateurs du comportement. Il y aurait intrication de ces systèmes avec les fonctions frontales et
limbiques corticales, entraînant impulsivité et défaut de contrôle (Coccaro & al).
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE :
L’impulsivité est donc définie de façon peu consensuelle, mais il est possible d’en dégager des
éléments communs afin de pouvoir agir dessus. Après une synthèse des éléments qui seront support de la
prise en charge psychomotrice, je vais exposer les implications possibles de l’impulsivité dans les actes
quotidiens, et ce pourquoi le psychomotricien a donc son rôle à jouer.
PARTIE THEORICO-CLINIQUE
I- Synthèse du terme « impulsivité » au travers des recherches et concepts précédents.
· L’impulsivité est donc un trouble rarement isolé, lié à de nombreux syndromes et notamment
de façon importante au trouble déficitaire de l’attention, pouvant se traduire par différents aspects
cognitifs et comportementaux, mais dont le diagnostic engage systématiquement une perturbation de
l’ajustement psychosocial. :
- Manifestations agressives et violentes et notions de passages à l’acte et incapacité de réfreiner
les pulsions, de l’agitation, des comportements d’addiction avec recherche de plaisir immédiat, une faible
tolérance au stress et à la frustration, un manque de contrôle de soi, de la colère, de l’instabilité, des
conduites à risque, une désinhibition comportementale, un style cognitif de traitement de l’information et
de réponse sur l’environnement, considérations qui se rapportent essentiellement aux troubles de la
personnalité et à des traits de personnalité.
- De faibles capacités de persistance dans une tâche donnée, une tendance à poser des actes
spontanés et irréfléchis, sans possibilité de retour sur sa démarche, de la précipitation, une recherche de
gratifications immédiates, une impossibilité à arrêter ou contrôler une action, des difficultés de
concentration avec activité incessante, un défaut de contrôle moteur et cognitif, une inefficacité de
rendement par réponses rapides mais erronées, une incapacité à s’extraire des données perceptives et
émotionnelles immédiates, une impossibilité de se soustraire aux contraintes situationnelles,
37
considérations
essentiellement
de
l’ordre
de
dysfonctionnements
cognitifs
et
probablement
développementaux.
· La plupart des explications relatives à l’impulsivité peuvent se répertorier ainsi (au nombre de
12):
- Relative à une perception altérée du temps (Boudon, 2001)
- A un problème d’élaboration des motivations sous-tendant l’action et de planification des
différents actes composant la réponse
- D’un déficit de contrôle dans l’exécution de la réponse et l’inhibition d’interférences
- Comme étant forme plus acceptable de mouvement dans l ‘évolution du trouble déficitaire, telle
une amorce organisationnelle (Whiteman et Novotni, 95)
- Comme problème d’organisation spatiale et temporelle
- Comme recherche d’aventure et d’extraversion
- Comme trouble de personnalité avec débordement de la pensée, faisant obstacle au bon
déroulement de l’analyse et de l’organisation perceptivo-motrice
- Comme problème de report de délai
- Comme trouble de l’élaboration, de la structuration, de la comparaison, de la généralisation et de
l’application de résolution de problèmes.
- Comme trouble de l’éveil
- Comme défaut de langage intériorisé, structurant les actions et les perceptions pour un contrôle de
soi et une meilleure centration sur une tâche
- Comme une difficulté de contrôle des affects ou de mobilisation de ceux-ci pour anticiper les
conséquences d’une action (Damasio).
Ainsi on peut donc facilement imaginer les répercussions possibles de ce trouble sur
l’adaptation générale du sujet tant dans ses actes perceptivo-moteurs que dans son ajustement social. Ces
différentes explications vont s’inclure à la rééducation psychomotrice de façon systématique, et supporter
le travail nécessaire aux troubles spécifiques de chacun des adolescents.
II- Implications sur le quotidien.
· L’impulsivité, en dehors du cadre de syndrome déficitaire de l’attention, peut être notée de façon
clinique dans de nombreuses réalisations motrices et perceptivo-motrices. Les individus produisent des
réponses rapides et souvent erronées, ont une évaluation des durées déficitaire. Le contrôle moteur est non
38
flexible, avec recherche d’un gain immédiat à l’action sans pouvoir prévoir les conséquences et bénéfices
à long terme de la réponse motrice. Les actions ne peuvent être retardées dans leur production du fait d’un
faible contrôle de soi, également responsable de comportements instables et agressifs du fait d’une faible
régulation émotionnelle propre. Ce déficit amène bien souvent à un désengagement moral (Barnes et col.,
99).
· L’impulsivité au niveau moteur est l’un des éléments les plus remarquables au cours de
l’examen : Le premier mouvement programmé par le sujet est exécuté qu’elles qu’en soient les
conséquences, même si elles peuvent s’avérer dangereuses pour lui. Il n’y a pas prise en compte des
éléments de la situation permettant d’inhiber un acte qui s’avèrerait inadéquat et inadapté. Le sujet répond
rapidement mais n’exécute qu’une partie de la consigne ou bien s’interrompt rapidement pour demander
ce qu’il faut faire. Il parle en premier et pense après. Cette réflexion fait penser à l’ « adage » des adultes
envers les jeunes enfants : « il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », et peut
nous laisser guider vers la pensée que les personnes impulsives ont une immaturité développementale au
niveau des processus de contrôle de l’action et de la pensée. Un sentiment d’urgence est souvent ressenti,
ils savent qu’ils doivent penser avant d’agir mais oublient ou perdent de vue cette opportunité. Ce sont
des enfants et adolescents décrits comme interrompant souvent la parole ou parlant sans cesse, dans une
production stérile et hors de propos. Ils éprouvent aussi une difficulté à contrôler l’exécution d’une tâche
qui doit être accomplie lentement. La consigne de lenteur ne peut être respectée, et souvent les temps en
réalisation normale puis accélérée sont identiques. Ainsi dans les situations exigeant une adaptation
importante, ces comportements stériles se retrouvent majorés et empêchent les ajustements moteurs et
mobilisations attentives adéquates, entraînant précipitation et irréflexion. Encore faut-il se demander le
rôle que peuvent avoir ces mouvements dans le maintien attentionnel, et s’ils n’ont pas une fonction
adaptative chez des sujets n’ayant à priori pas le même fonctionnement que la majorité d’entre nous. Ces
mouvements, quelque fonction qu’ils puissent servir, ne peuvent s’intégrer à un fonctionnement social
groupal (classe, vie collective) et donc plus généralement dans les structures d’apprentissage classiques
proposées par nos sociétés pour accéder à la connaissance et à un emploi.
· Les temps d’élaboration mentale et le maintien de l’information en mémoire de travail en vue
d’une organisation et d’un traitement nécessaires à la production d’une réponse motrice adaptée aux
exigences du contexte, sont déficitaires et empêchent la prise en compte pertinente des stimuli
environnementaux, ainsi que la mise en lien avec les expériences antérieures et connaissances acquises
pour une évaluation complète et une génération de solutions. Les individus souffrant d’une impulsivité
invalidante éprouvent de ce fait de réelles difficultés au niveau des apprentissages. Le manque
39
d’anticipation conséquent d’un délai trop bref entre prise en compte des exigences du milieu et réponse
adaptée se répercute de façon globale sur les processus de généralisation et la résolution de problèmes
impersonnels et interpersonnels. A un niveau clinique on peut remarquer chez les sujets dits impulsifs
des difficultés dans l’agencement de buts à long terme. Ainsi, les sujets ont des difficultés de projection
dans l’avenir, de définition de projets professionnels, de visualisation d’évènements et leur classification
temporelle. De ce processus déficitaire découlent également des difficultés à percevoir des délais de
gratification, soit, ils vont s’engager dans une activité apportant un plaisir immédiat mais qui peut à terme
leur être coûteux.
· Au niveau des processus de socialisation et de l’acquisition de compétences sociales, ces sujets
ont également des problèmes particuliers du fait de cette impulsivité. Nous allons développer les
répercussions possibles sur l’affiliation, la popularité, la compréhension des situations sociales, l’émission
des communications non verbales et leur impact sur la maîtrise de l’espace social par l’utilisation
inadaptée du contact visuel, de la distance interpersonnelle, de la gestuelle et des mimiques, de la
prosodie.
· Les troubles dans le décodage et l’expression des communications non verbales sont assez
fréquents et relatent de difficultés dans la prise d’informations, comme exposé ci-dessus, mais aussi dans
l’analyse plus fine des sensations corporelles et l’ajustement dans les interactions sociales. Peu preneurs
des feed-back renvoyés par le milieu ou par leur réalisation motrice, les sujets impulsifs agissent souvent
de façon « stéréotypée » et donc peu adaptée dans des contextes sans cesse en changement, puisqu’il
s’agit d’interactions sociales, chacune d’elle étant spécifique. Ces difficultés sont à relier à ce qui a été vu
précédemment : Problème d’ajustement, de contrôle des affects, de décodage partiel de l’information ou
difficulté de mise en lien et problème d’agencement des informations. Une étude de Barkley a montré que
ces enfants ont des difficultés majeures dans les habiletés sociales d’interaction et souffrent de rejet très
précocement de la part de leurs pairs, or des relations sociales positives seraient facteur protecteur de
stress psychosocial. D’une façon générale, il existe peu de recherches traitant des conséquences du rejet
social sur l’ajustement ultérieur des individus y étant confrontés. Le rejet social peut pourtant avoir des
répercussions majeures sur le développement psychologique, l’ajustement scolaire et social (Barkley, 90).
Il se caractérise par des éléments présents très tôt dans le développement. Dés l’âge préscolaire, l’enfant
victime de rejet a des jeux solitaires, des comportements plus agressifs avec ses pairs, et il initie les
relations sur un mode plus hostile. Son mode de communication est établi sur la domination et
l’opposition, avec peu de coopération et de réciprocité car plus autocentré. Il présente de nombreuses
irrégularités comportementales et une grande immaturité émotionnelle (notamment des difficultés de
40
gestion de la colère) faisant que les conduites sont imprévisibles. Cette notion d’imprévisibilité est très
importante, car il est courant qu’une personne imprévisible soit rejetée car représentant une menace pour
l’interlocuteur. En effet, l’ensemble des communications non verbales a fonction de régulation des
relations sociales. En permettant de prévoir le comportement d’autrui, soit d’établir des expectations sur
ses intentions, l’individu établit des hypothèses sur les comportements futurs de ses interlocuteurs,
permettant une meilleure adaptation dans l’interaction, et une régulation comportementale (MC. Albaret).
Cette notion d’imprévisibilité est donc rattachée à la notion de rejet social. Ce rejet est d’autant plus
important qu’il est associé à des comportements hyperactifs, une forte distractibilité, des comportements
impulsifs avec prise de risque (White & al, 91), renforçant cette notion d’imprévisibilité et caractéristique
des enfants ADHD (ici est pris en compte le syndrome déficitaire de l’attention tel que le définit Barkley,
soit uniquement les enfants présentant des troubles attentionnels avec impulsivité et/ou hyperactivité, les
autres formes telles qu’elles sont décrites dans le DSM IV ne répondant pas pour lui au même déficit
fonctionnel). Au fur et à mesure du développement, les individus victimes de rejet présentent des
comportements déviants, délinquants, avec violation des règles, des biens, prestance, baisse considérable
des interactions positives, impulsivité sociale et intérêts immatures. Les phénomènes de rejet sont assez
stables dans le temps, le rejet entraînant le rejet (Rutter, 72). Les enfants victimes de rejet se singularisent
par la fréquence, l’intensité et la persistance de tels comportements, ne permettant pas d’intégrer
correctement les lois régissant l’initiation, le maintien et la réciprocité des rapports sociaux, essentiels aux
comportements d’acceptation. Les enfants ADHD sont à haut risque de rejet des pairs car ils ont une
immaturité à user de compétences prosociales, une immaturité dans la gestion des émotions ainsi que des
difficultés importantes sur le plan scolaire du fait de leurs problèmes attentionnels et impulsifs : Il a été
observé que ces individus avaient les mêmes fréquences d’entrée en interaction sociale, mais que c’est
leur mode d’entrée qui serait déficitaire. Ils sont en effet plus intrusifs, prennent peu en compte les
informations en retour de leurs conduites, ont des difficultés d’adaptation du rôle social dans des
contextes changeants, les échanges verbaux sont inappropriés, de même les communications non verbales
sont déviantes ou pauvres.
L’enfant impulsif utilise également souvent le contact physique pour
communiquer, privilégiant le canal cutané ce qui peut expliquer certaines manifestations jugées
agressives par l’observateur, mais également le rejet dont il peut faire l’objet de la part de ses pairs à un
âge où les distances interpersonnelles augmentent avec la prise en compte du canal visuel dans les
interactions sociales. De plus leurs réponses aux échanges manquent d’anticipation, d’extension (faibles
possibilités de génération de solutions). Chacun de ces modules renforce le rejet et contribue à un
écartement des normes du groupe. En résultent, une faible estime de soi, de l’isolement, de la dépression,
concourant à un risque de mauvais ajustement ultérieur. D’où la nécessité d’établir un programme visant
à remédier à ces difficultés de la plus haute importance.
41
·Ils ont une faible tolérance à la frustration, se traduisant par une difficulté à attendre leur tour, des
états chroniques de frustration (se sentent lésés dans de nombreuses situations), et une difficulté
d’adaptation à des situations qui ont commencé sans eux, un problème majeur de flexibilité. Ils
fonctionnent sur un schéma stéréotypé qui peut laisser penser à une limitation intellectuelle, d’où
l’importance de mesurer cette efficience de façon objective.
·On peut supposer au niveau psychomoteur, que les sujets impulsifs vont sacrifier la composante
précision dans nombre de leurs actions et que de ce fait la vitesse de réalisation fera défaut à la qualité du
travail. Alors qu’un individu normal aura dans les tâches de contraintes induisant vitesse et précision, un
ralentissement de sa production au profit d’une meilleure réalisation, le sujet impulsif bâclera cet aspect
du travail. Les copies sont sales, le travail généralement imprécis, les tâches inachevées ou médiocres, et
la motricité fine très .. grossière.
III- Implications psychomotrices.
On comprend en prenant connaissance de ces différents points que l’impulsivité n’est pas
uniquement entendue comme un symptôme du trouble déficitaire de l’attention, mais qu’elle fait
référence à une définition bien plus générale, comme symptôme retrouvé dans d’autres pathologies
psychiatriques et énumérées précédemment : Impulsivité trait, impulsivité comme point central de
l’ADHD, impulsivité secondaire, impulsivité associée et impulsivité isolée (si elle peut exister comme
telle !). L’un des critères d’intervention du psychomotricien est d’agir, si cela lui est possible, sur tout
comportement incompatible à une acquisition spécifique, comme préalable à tout travail. L’impulsivité
sous toutes ses formes est donc certainement la cible première thérapeutique pour le psychomotricien
chez les troubles adolescents (Dall’ava, 97).
Nous allons, dans cette dernière partie, articulant les aspects théoriques et cliniques, développer les
outils à disposition du psychomotricien pour une mesure reproductible de l’impulsivité. Nous décrirons
ensuite brièvement l’implication de celle-ci sur les autres tests appartenant à la batterie du bilan
psychomoteur, les éléments cliniques pouvant aider à une reconnaissance de ces troubles et les modèles
de rééducation déjà existants et considérations types aux vues de cette population bien spécifique.
III-1- Evaluations.
42
Il existe différents moyens d’évaluation à la disposition du psychomotricien : tests
psychomoteurs, questionnaires ainsi que les observations cliniques en situation contrôlée ou écologique.
Il est extrêmement difficile de séparer, dans les résultats d’examen pratiqués, les effets liés à l’impulsivité
de ceux liés à un déficit attentionnel. D’une part, les épreuves mesurant l’impulsivité font partie d’un
ensemble de tâches qui demandent également un degré d’attention élevé pour une réalisation optimale. De
plus les tests d’attention continue montrent que les erreurs de substitution sont significatives des enfants
considérés comme impulsifs.
·Le test le plus souvent utilisé est celui de Marquet-Dorléac (99) ou test d’appariement d’images.
Les différents critères mesurés sont :
- Le temps de réflexion précédent la première réponse
- Le temps total mis pour l’épreuve
- Le nombre total d’erreurs sur l’ensemble de l’épreuve
- Le nombre total de réussites dès la première réponse
- Un index d’exactitude qui détermine le nombre de réussites à la première réponse en une minute
- Un index d’impulsivité (rapport du nombre d’erreurs commises sur le temps total)
Ces deux derniers critères sont obtenus en manipulant les données précédentes. L’analyse des
résultats permet de mettre en évidence le type de fonctionnement cognitif utilisé par le sujet, selon deux
dichotomies : lent ou rapide, précis ou imprécis. Le type croisé rapide et imprécis étant caractéristique
d’une impulsivité cognitive.
· D’autres tests, utilisés pour mesurer l’attention sélective et soutenue peuvent également
renseigner sur un certain degré d’impulsivité. C’est le cas du test D2, T2B, Stroop. Les erreurs de
substitution sont fréquentes. Le labyrinthe de Portéus renseigne également, par son score qualitatif, sur
une réalisation préférentiellement impulsive. Certaines épreuves de Stamback (pointillage, distribution de
cartes, découpage, manipulation de billes, épreuve des marionnettes) peuvent également remplir ce rôle.
· Enfin, dans chacun des tests utilisés par le psychomotricien en phase d’évaluation, des
caractéristiques propres à l’impulsivité peuvent être retrouvés, et expliquer un résultat incohérent par
rapport aux capacités réelles du sujet soulignées par d’autres mises en situations. Ainsi la difficulté à
isoler un mouvement demandé d’un autre parasite (test des syncinésies) peut renseigner sur la qualité de
réalisation. La tendance à la vitesse plutôt qu’à la précision, au bâclage plutôt qu’à l’application,
l’irrégularité, l’impossibilité de freinage dans une réalisation seront autant d’éléments à prendre en
43
compte et à confronter aux résultats quantitatifs psychométriques. De même un défaut de stratégie
exploratoire concernant toutes les modalités sensorielles, un non-respect de consignes et d’une façon plus
globale de se plier aux contraintes extérieures (épreuves de rythmes de Stamback, reproduction de
formes, contrainte des couloirs au Frostig..), des problèmes de planification (actualisés à la Tour de
Londres), sont également révélateurs d’une prise en compte inefficace des données (mais n’est pas propre
à l’impulsivité !).
· Ces différents aspects de l’impulsivité peuvent toucher toutes les composantes perceptivomotrices et donc se répercuter sur les résultats de l’évaluation du niveau de développement psychomoteur
(Charlop-Atwell, Lincoln) :Un défaut de prise en compte des informations intéroceptives et
extéroceptives et donc des ajustements toniques et posturaux précaires, une difficulté de catégorisation
conséquente et de modulation et maîtrise des différents patterns moteurs correspondant à telle situation.
Cette impulsivité peut donc faire obstacle à des acquisitions psychomotrices de plus en plus fines et
spécifiques. Les coordinations fines peuvent en être affectées. Ce qui semble important, c’est que les
compétences évaluées vont être variables d’un moment à l’autre, et selon l’état du sujet (d’un point de
vue qualitatif). Au niveau visuoconstruction, les premières réalisations peuvent être globalement
déficitaires alors que les rapports spatiaux sont bien perçus. D’un point de vue des phénomènes
anticipatoires, la modification des processus de décision peuvent aller dans le sens d’un échange entre les
composants vitesse et précision : Plus grande fréquence de temps de réponses faibles, pour un
accroissement du nombre d’erreurs. Il sera donc de la plus haute importance de multiplier les mises en
situation pour déterminer la réalité des troubles spatiaux.
· Des questionnaires et échelles d’évaluation peuvent également éclairer sur la nature des troubles
présentés : certains items du questionnaire de Conners déterminent le type impulsif, l’échelle de Werry
Weiss Peters, la liste des comportements pour enfants de Achenbach, l’échelle d’autocontrôle de Kendall
et Wilcox (se conférer aux annexes pour les échelles qui ont étayé la récolte des données, annexe 7).
L’impulsivité peut donc être un élément masquant de réelles capacités chez le sujet, tout comme
elle peut être un obstacle à des modes de fonctionnement plus adaptés et à des acquis perceptivo-moteurs.
Ainsi, on peut s’attendre lors de la rééducation de celle-ci à une modification conséquente des autres
modules déficitaires, soit par actualisation rendue possible de capacités bien réelles, soit par la possibilité
donnée d’effectuer un nouvel apprentissage du fait d’une décrue des symptômes se rapportant à cette
impulsivité. La critique qui peut cependant déjà être émise, est qu’il sera difficile de faire la part des
choses entre des impossibilités d’apprentissage et des impossibilités d’actualisation des apprentissages.
44
Cependant, l’essentiel reste de répondre à un moment donné à une désadaptation du sujet par une mise en
œuvre efficace de moyens en vue d’accroître son ajustement aux contraintes environnementales. En ce
qui concerne la question posée précédemment, une étude de corrélations entre impulsivité et autres
déficits psychomoteurs sur un grand nombre d’individus permettrait peut-être plus justement d’apporter
une réponse et aider à l’orientation d’une prise en charge de façon plus efficace et rapide.
III-2- Techniques et principes à disposition pour ce type de rééducation.
Les différentes considérations précédentes nous amènent à considérer l’impulsivité dans son
ensemble en tant que déficit quantitatif et/ou qualitatif des processus de contrôle en jeu dans la fonction
perceptivo-motrice ayant des répercussions psychosociales, cognitives et motrices. Ainsi, toutes les
techniques issues de ces différents courants d’étude sont bonnes à prendre.
III-2-1- Principes généraux.
· Le fait que la population concernée présente des troubles des conduites justifie à lui seul
l’utilisation d’une méthode dite intégrative : en cela est entendu que toute stratégie pouvant être
efficace, quelle que soit la méthode thérapeutique à laquelle elle appartient, doit être appliquée. Cela
inclut une intervention à multiniveaux, tant au niveau émotionnel, cognitif que moteur, et la notion
d’alliance thérapeutique (Pelletier & Dionne, 2001). Une analyse fonctionnelle est nécessaire pour établir
les priorités et hiérarchiser les interventions, afin d’optimiser les possibilités de généralisation et atténuer
au plus tôt les conséquences psychosociales relatives à l’impulsivité (Golstein, 97).
· Il est important lorsque l’on travaille avec des jeunes adolescents présentant des troubles des
conduites et notamment de l’impulsivité de bien structurer la séance. Même si le but ultime de toute
démarche psychomotrice est une adaptation plus grande de l’individu à son milieu et surtout aux
variations de l’environnement, pouvoir adapter les conditions de la séance afin de réduire les
comportements perturbateurs et ainsi mener à bien les objectifs initiaux de la prise en charge, favorise :
-
Des changements comportementaux du fait d’une variation des conditions du milieu
-
L’analyse de ces variations pour un meilleur repérage des situations posant problème à l’individu
-
Des renforcements positifs dans un contexte privilégié, aidant à l’émergence de ces
comportements désirés dans des champs d’action de plus en plus large. Cela est d’autant plus important
que les jeunes adolescents, impulsifs et en constante recherche de l’affirmation par la prise d’une position
hiérarchique de meneur, ont bien souvent un champ d’action restreint et stéréotypé, limité à une réponse
45
agressive à toute injonction adulte ou des pairs. Ce manque de flexibilité peut tant être dû à cette difficulté
à prendre en compte les signaux dans le mode de réponse (mauvaise lecture, distorsion ou bien
négligence) qu’à un besoin d’affirmation d’une identité sociale basée sur la force et les rapports
d’autorité.
-
Obtenir une meilleure adhésion du sujet, un meilleur investissement, par la création d’un espace où
l’on peut se tromper sans risque, et surtout réussir. (l’enfant est alors adapté dans la situation créée, ce qui
peut le pousser à récidiver et favorise une estime de soi plus prononcée). (in, cours de psychomotricité,
troisième année, Mme Abeilhou).
-
Construire une relation positive, stable, et structurer les actions de ces adolescents toujours dans
l’instable et l’imprévisibilité de ce fait pour les rendre prévisibles, consistantes et supportantes (Young,
93). Rendre un environnement prévisible pour le sujet contribue notamment à une réduction de
l’agression.
III-2-2- Techniques spécifiques.
·Un programme a été développé par les chercheurs du courant des thérapies cognitivocomportementales, afin d’optimiser la motivation du sujet dans son suivi thérapeutique (Prochaska & Di
Clémente). Ce programme, appelé le MET (motivation entretien thérapie), est mis en place sur quatre
séances pour la prise en charge des patients alcooliques chez qui on retrouve des difficultés de sevrage et
une motivation très fluctuante. Il peut s’adapter à tout type de population à même d’avoir accès à un
raisonnement cognitif minimum comme l’exige le programme (efficience intellectuelle suffisante). Il est
utilisé lorsque l’on sent, comme c’est le cas des enfants impulsifs, que le patient produit des efforts brefs
et peu persistants, et que la généralisation se veut compromise car la mobilisation des acquis de la séance
reste trop situationnelle. En effet dans le cas qui nous intéresse, l’autocontrôle peut être mobilisé quelques
temps, mais décroît vite car son coût est trop important pour le sujet (un peu comme les individus
entreprennent un régime !). Ce programme permet donc de créer les conditions maintenant l’adhésion au
projet thérapeutique. Les étapes de l’entretien sont les suivantes :
- Délivrer des informations sur les risques encourus du comportement problème
(Feed-back informationnel)
- Responsabiliser au changement (sensibiliser sur les avantages au changement, tout en laissant le
sujet acteur de ses choix futurs) et ainsi souligner les ressources propres du sujet.
- Lister un « menu » d’alternatives possibles médiatrices du changement
- Mobiliser le patient par une empathie adéquate
46
- Stimuler et faciliter le sens de l’efficacité personnelle et l’optimisme du patient (quelquefois le
patient est motivé à changer, mais la perception de son efficacité personnelle est déficitaire et il ne se sent
pas capable de réussir)(in, « motivation et stratégies de motivation en milieu sportif », Thill, 89).
· Le modèle de Bandura : La tendance à se jeter dans une activité sans réfléchir ou élaborer un
plan d’action est caractéristique des enfants impulsifs. Pour aider au contrôle de cette impulsivité, un
modelage progressif semble plus bénéfique qu’une transmission orale de techniques d’autocontrôle. En
effet, le sujet doit se sentir acteur à part entière et non être passif d’un constat jugeant que l’on effectue à
son sujet. Le modelage découle de travaux et études réalisées par Bandura sur l’apprentissage social.
L’instruction initiale va permettre de focaliser sur les situations spécifiques où l’impulsivité est présente.
Dans cette perspective, les théories systémiques apportent par leur procédure de « prescription de
symptômes » à la population spécifique qu’est l’adolescent sans cesse opposant envers les dires de
l’adulte. Ainsi, les injonctions de type « crie plus fort, je n’entends pas », « sois plus brusque, je ne sens
rien », sont des méthodes fort valides, centrant le sujet sur des attitudes et comportements produits pas
forcément perçus et évitant tout conflit ouvert sous forme de remontrance ou de critique. Bien souvent,
cela surprend les sujets et permet un temps d’arrêt nécessaire au contrôle et à l’évaluation.
· Le programme d’auto-instruction développé par Meichenbaum se résume par : « penser à
haute voix ». C’est un ensemble de procédures pour assister l’enfant impulsif dans le contrôle de son
comportement. Les différentes étapes sont : L’adulte effectue une tâche en commentant chacune des
étapes nécessaires à sa réalisation/ l’enfant effectue la même tâche avec le guidage verbal de l’adulte sur
chacune des étapes de la procédure nécessaires pour atteindre le but désiré/ L’enfant réalise chacune des
étapes en se guidant verbalement. Progressivement, l’enfant réalise l’action en utilisant un langage
intériorisé. Pour Meichenbaum, l’enfant est impulsif car il ne comprend pas les exigences de la tâche du
fait d’une non utilisation de l’auto instruction (langage intériorisé) pour contrôler ses actions. Ils
possèderaient cette production intériorisée, mais échoueraient à le prendre en compte.
· Le programme mis en place par Kendall est plus communément connu sous le nom de « stop &
go ». Ainsi, le contrôle de l’impulsivité et de l’anxiété peut être favorisé par un délai dans l’action :
« Arrête, observe, et réfléchit ! ». Ce programme découle de nombreuses études réalisées par l’auteur sur
les stratégies de résolution de problèmes nouveaux chez des sujets ayant des troubles des apprentissages
et de l’intelligence supérieure. Cette stratégie permettrait de mettre en place des étapes de cheminement
organisé de la pensée. Ces étapes sont les suivantes : Quel est le problème ? Qu’est ce que je suis supposé
faire ?/ Générations d’alternatives : quelles sont mes possibilités d’action ?/Focalisation sur la réponse :
47
éliminer les éléments distracteurs environnementaux et mentaux/ Choix d’une alternative/ Vérification de
la réponse, et même si ce n’est pas la plus appropriée, penser à répondre plus lentement à la prochaine
tentative : auto-évaluation et critiques. On peut favoriser un temps d’arrêt avant l’action par l’usage de
slogans, d’indices visuels et d’images mentales (Whiteman & Novotni, 1995).
· Golstein (97), insiste également sur les notions d’incitation à la coopération dans toute
procédure d’instruction. Par reformulation, définition des buts et règles, auto-évaluations, identification
des situations problèmes et de leur conséquence, l’individu s’approprie le savoir et devient acteur de son
changement. Cette notion est très importante chez des jeunes qui sont dans le refus de procédures
imposées, et notamment dans des processus de locus externe, soit peu aptes à l’intériorisation de règles
comme étant conséquentes de leur propre action. Cette procédure permet une meilleure compréhension
des inférences causales et devrait augmenter l’effet thérapeutique (Beauvois, 94). Enfin, l’orientation
vers la maîtrise diminue l’anxiété relative à une tâche par focalisation de l’attention sur la tâche à
accomplir et non sur les enjeux de la comparaison sociale (qui amène des comportements d’évitement,
des pensées d’échec et peut être vécu comme situation menaçante pour le sujet) (Laurent & Curry, 95).
Cette notion s’appuie sur la perception de compétence et d’autonomie, fortement déterminantes d’autorenforcement et d’une augmentation de la motivation intrinsèque (modèle de Valleyrand, cité par Guillet
& Sarrazin, 97).
· Les programmes d’entraînement aux habiletés sociales se développent depuis une quinzaine
d’années. Une des questions essentielles est le problème de la généralisation de ces apprentissages dans le
milieu écologique. Ils proposent diverses actions possibles pour obtenir des modifications durables dans
le temps de nouveaux patterns comportementaux plus adaptés (développées ultérieurement). Le
programme pensé par Barkley (97) repose sur trois interventions spécifiques : une sensibilisation aux
habiletés sociales de base et leur application par entraînement cognitif et comportemental, une
généralisation en milieu écologique et le développement d’une étroite collaboration avec les pairs, les
deux dernières interventions étant la condition sine qua non d’un changement. Avant toute intervention,
les auteurs recommandent une récolte minutieuse des données, par observation directe, par questionnaires
et échelles de mesure, adressées aux parents et professionnels impliqués dans la sphère de l’enfant, et à
l’enfant lui-même. Cette étape préliminaire a pour but d’évaluer les compétences de l’enfant (points forts
et faiblesses dans l’utilisation et la compréhension des interactions sociales), ses modes de
fonctionnement éventuellement en inadéquation avec les modes de fonctionnement référentiels du groupe
de pairs (anxiété, dépression, réciprocité, engagement dans le groupe comportements antisociaux..), son
degré de stress dans les relations interpersonnelles, identifier le type de rejet. En effet, le rejet peut être de
48
type retrait social ou rejet actif des pairs. Le premier type est plus caractéristique d’enfants anxieux, le
second plus significatif d’enfants ADHD. De même des comportements externalisés sont plus de l’ordre
des enfants ADHD et corrélés positivement aux actes agressifs et au rejet. Ces différents éléments
permettent donc de dessiner un profil de fonctionnement cognitivo-comportemental à même de mieux
définir les modalités d’action. Les principes généraux sous-tendant l’intervention s’appuient sur un
développement des habiletés de base. L’entraînement doit se faire en groupe, car le groupe va induire
les notions de rôle social, d’approche écologique, des feed-back correctifs et une connaissance positive
des membres du groupe à travers les différentes interactions. Le groupe doit être homogène dans les
pathologies présentées, et il est recommandé qu’il soit unisexe pour les âges inférieurs à 12-13 ans. Le
nombre 6 semble le plus adapté. Les feed-back produits doivent être concomitants ou suivre
immédiatement le comportement désiré actualisé, les séances doivent être structurées, régies par des
règles et agencées par des buts clairs et définis, des sanctions, récompenses, compris par l’ensemble du
groupe. L’intervention en tant que telle a pour contenu : apprendre à entrer dans l’interaction sociale, les
habiletés de conversation (maintien, réciprocité, présentation de soi entre autres), résoudre et repérer des
situations de conflit, et contrôler la colère. L’action se doit d’être enrichie de situations de coopération où
la définition de buts communs permettra une meilleure cohésion de groupe et l’engagement actif de ses
membres, structurée (règles de fonctionnement et supervision adulte), et s’appuie sur des techniques
diverses telle l’instruction verbale, le modelage, les jeux de rôle, le support vidéo, l’auto-évaluation,
le brainstorming, le stop & go.. L’apprentissage s’oriente vers une démarche de recherche systématique
et réfléchie de l’approche d’un problème et de ses alternatives comportementales, avec coordination
adéquate des plans séquentiels nécessaires à sa résolution. Ce sont des méthodes didactiques de
raisonnement et de contrôle des comportements et cognitions. Le programme d’entraînement à la
colère, réalisé par Hinshaw, Henker & Whalen (84) s’appuie sur l’identification d’évènements associés
aux émotions négatives, la prise de connaissance de stratégies de coping et leur application, la relaxation
et l’imagerie mentale (techniques d’inoculation de la colère). Les procédures mises en place pour
augmenter les possibilités de généralisation sont : Obtenir un engagement du sujet par des séances
dynamisantes, les plus proches possibles de problèmes concrets réellement vécus par le sujet, la mise en
situation en dehors des séances, la centration sur des habiletés pertinentes et pivots / Obtenir un support
environnemental par la coopération parentale et leur association au projet, une action uniformisée des
différents acteurs composant les différents lieux de vie de l’enfant (par exemple, augmenter les
comportements souhaités par jeu de renforcements, et non de systèmes punitifs, guider l’enfant dans ses
prises d’initiatives, encourager) / Modifier le statut social et consolider les stratégies de l’enfant par une
action sur le groupe de pairs : En effet, si la modification de patterns comportementaux ne peut engager
de nouveaux rapports sociaux plus positifs et donc plus significativement bénéfiques pour l’enfant, alors
49
il y a extinction du répertoire nouvellement appris. Cette participation des pairs peut se faire sous un
mode de tutorat, coopération,
échange de services, informations sur le rejet et ses conséquences,
guidance structurée de comportements amicaux, développement sous la supervision adulte de groupes de
jeux non compétitifs variés… / Multiplier les situations : en effet les enfants ADHD sont sensibles aux
contingences et donc ont du mal à transposer les acquis à des situations ne réunissant pas tous les
éléments présents lors de l’apprentissage.
En conclusion, ce programme mis en place pour remédier aux déficits au niveau des habiletés
sociales dont sont victimes les enfants ADHD, souligne les précautions à prendre avant son application, et
les éléments à prendre en compte en vue de bénéfices à long terme de ce type d’intervention. Destiné à
l’origine aux enfants ADHD, il peut s’appliquer d’une façon plus large aux enfants présentant des
troubles du comportement avec impulsivité, troubles attentionnels, faible contrôle de soi et difficulté de
soumission aux règles et consignes, car toutes ces caractéristiques peuvent impliquer un défaut
d’ajustement et une difficulté dans les compétences sociales. La récolte préalable des données permet de
cibler l’intervention, les éléments permettant de constater un retrait social plutôt qu’un rejet social
orientant préférentiellement vers une prise en charge sur le facteur anxiété. La méthode exposée est fort
intéressante dans son approche comme dans son contenu. Cependant bien souvent le professionnel doit
agir avec peu d’informations, un engagement mitigé des parents, les contraintes du fonctionnement
institutionnel.. De ce fait tout ne peut être applicable mais ne doit pas être perdu de vue pour la meilleure
action possible sur l’enfant.
·Le modèle de Rourke sur un travail gestuel en vue d’une amélioration des capacités
d’intégration et structuration des modes de pensée paraît également intéressant d’un point de vue
psychomoteur : L’amélioration des communications non verbales chez un sujet va structurer l’ensemble
sous-symbolique des émotions, ce qui améliore la cohérence entre une action et les réactions observées
dans l’environnement, d’où la possibilité d’établir des liens multiples entre les objets et les actions et de
développer une pensée logique.
·Un travail concomitant à celui portant sur les communications non verbales peut également
se faire sur l’expression émotionnelle : ainsi, comme le réalise le comédien, l’induction émotionnelle par
la reproduction de patterns faciaux et modèles effecteurs permet d’évoquer les états émotionnels
correspondants, et par répétition, d’en augmenter la maîtrise et permettre des annulations plus rapides
d’émotions envahissantes (in, sciences et vie « les émotions »).
50
·Un travail sur l’imagerie semble tout à fait adéquat du fait que la simple représentation
d’une action met en jeu les mêmes centres cérébraux que son exécution. Cette mémoire motrice de
déplacement permet une meilleure structuration spatiale et temporelle de l’acte à venir (in, sciences et vie,
« le cerveau et le mouvement »).
CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE :
De tous ces principes et tentatives d’application se dégagent des domaines de travail sur lesquels
le psychomotricien a son rôle à jouer : Les perceptions, l’autocontrôle, l’organisation
informationnelle et leur articulation perceptivo-motrice. Chacun de ces axes de travail sera développé
au travers de jeux et activités (décrits en annexes 4, 5 et 6). Les moyens d’intervention que j’ai pu
exploiter pour travailler sur les comportements impulsifs, découlant des recherches précédentes, vont être
développés en partie pratique.
LA PARTIE PRATIQUE N’EST PAS COMUNIQUEE
POUR CAUSE DE CONFIDENTIALITE
VI- Conclusion générale.
J’ai accès ce travail sur une réflexion autour de l’impulsivité, et ce dans le cadre de troubles du
comportement chez l’adolescent. La littérature, peu nombreuse hors du champ de l’hyperactivité définie
comme syndrome, m’a permis une prospective de ce terme dans les différents univers théoriques
partenaires à part entière du psychomotricien dans ses démarches hypothético-déductives.
Le but initial de mes recherches était la mise en œuvre de moyens visant à agir sur l’impulsivité,
en tant que trouble majeur de la population adolescente présentant des troubles des conduites, qu’il soit un
constat des divers professionnels ou la conclusion de tests spécifiques, et ce parce qu’il fait obstacle au
suivi individuel et se répercute sur les ajustements psychosociaux.
J’ai considéré comme impulsivité toute anticipation erronée dans une réponse perceptivo-motrice,
qu’elle soit le fruit d’associations et apprentissages rigides, syndrome à part entière, réactions d’évitement
à une situation complexe, résultant de capacités intellectuelles réduites ou d’apprentissages scolaires
51
déficitaires. J’ai également postulé que cette impulsivité pouvait avoir des répercussions tant dans les
domaines sociaux (par formation de jugements erronés et comportement désadapté en retour), que
psychomoteurs et scolaires. D’une façon générale, elle amènerait peu d’enclin au changement, du fait
d’une prise d’information déficitaire ou distordue. Globalement, j’ai associé l’impulsivité à une
structuration déficitaire des informations ascendantes et/ou descendantes, soit concernant le
psychomotricien à part entière.
Les moyens développés pour réduire cette impulsivité, issus de ma prospection théorique, m’ont
été d’une grande utilité par rapport à ce type de population. Plus qu’une intervention sur les conduites
impulsives, ils ont été pour moi une prise de position sur la façon d’aborder la psychomotricité dans ma
profession future. Cette population, complexe par les nombreux maux qui l’animent,
est riche de
réflexions sur la façon d’articuler notre travail au reste de l’équipe, sur la façon d’envisager un cas, de le
cerner dans sa globalité et d’en définir les priorités thérapeutiques.
Le travail perceptivo-moteur effectué a permis une diminution de l’impulsivité et une
augmentations des capacités motrices, par enrichissement qualitatif dans la prise d’information et des
ajustements moteurs en retour. Les anticipations sont moins rigides, les ajustements fins de meilleure
qualité, l’analyse informationnelle mieux structurée, les possibilités de régulation émotionnelle,
comportementale et sociale accrues. Finalement, un travail sur l’impulsivité se résume peut-être à
l’enrichissement des perceptions pour des réalisations de meilleure qualité, des anticipations plus adaptées
et une maîtrise corporelle progressive. Le primordial de ce travail réside plus dans la façon d’envisager et
d’orienter la démarche, plutôt que dans un contenu rigide d’activités. Il est certain en tout cas qu’il a
montré son efficacité pour l’amélioration des capacités du sujet, et ses limites dans l’extension de ces
capacités en contexte plus large. Il semble plus être une base de travail et une amorce vers une
rééducation ensuite plus ciblée sur les déficits purement psychomoteurs.
Dans une autre perspective, ce travail m’a permis une progression constante dans mes réflexions et
j’espère transmettre ces notions sur la façon d’agir sur les comportements impulsifs au reste de l’équipe,
afin qu’elle puisse :
-
Mieux comprendre les possibles répercussions de ce trouble sur les apprentissages.
-
Connaître les interventions psychomotrices possibles dans ce cadre précis.
52
ANNEXES
Annexe 1.
Dans le DSM IV, le trouble oppositionnel avec provocation est décrit comme un
ensemble récurrent de comportements négativistes, provocateurs, désobéissants et hostiles
envers les personnes en position d’autorité, en l’absence de violations sérieuses des normes
sociales ou des droits d’autrui. Le trouble dure au moins six mois et se caractérise par des
épisodes fréquents de quatre au moins des comportements suivants : accès de colère ;
contestation avec les adultes ; opposition souvent active ou refus de se plier aux demandes ou
aux règles des adultes ; agissements qui ennuient les autres ; faire porter à autrui la
responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite ; susceptibilité ou agacement facile
envers les autres ; méchanceté et attitude vindicative. Le comportement doit être plus fréquent
que ce qui est normal pour l’âge ou le niveau de développement et doit perturber la vie
sociale, scolaire, ou professionnelle de façon significative. Le diagnostic n’est pas retenu
lorsque le comportement apparaît au cours d’un trouble psychotique ou de l’humeur, ou
quand le critère de trouble des conduites ou trouble de la personnalité dyssociale sont
retrouvées chez une personne de plus de 18 ans.
Diagnostic différentiel : Un comportement opposant est normal et adapté à certains stades
spécifiques du développement et doit être distingué du trouble oppositionnel avec
provocation. Un comportement similaire peut être retrouvé en réaction à un stress posttraumatique et doit être diagnostiqué en tant que trouble de l’adaptation. Si les caractéristiques
cliniques du trouble apparaissent au cours de l’évolution d’un trouble des conduites, d’une
schizophrénie ou d’un trouble de l’humeur, le diagnostic ne peut être posé. Elles peuvent
également exister dans le déficit de l’attention/hyperactivité, les troubles cognitifs et le retard
mental.
Annexe 2.
Le trouble des conduites est décrit comme « des conduites répétitives et persistantes
dans lesquelles sont bafoués les droits fondamentaux d’autrui ou les normes ou règles sociales
correspondant à l’âge du sujet ». Ces conduites peuvent être classées en quatre catégories
53
principales : conduites agressives où des personnes ou des animaux sont blessés ou menacés
dans leur intégrité physique, conduites où des biens matériels sont endommagés ou détruits,
sans agression physique, fraudes ou vols, et violations graves des règles établies. Pour porter
le diagnostic de trouble des conduites, trois comportements caractéristiques ou plus doivent
être présents pendant au moins trois mois et au moins un des comportements pendant six
mois. Le trouble des conduites provoque des perturbations sévères au niveau social, scolaire
et professionnel. Le diagnostic peut être porté chez un sujet de plus de 18 ans si les critères de
trouble de la personnalité dyssociale ne sont pas remplis. Il en existe deux sous-types : type
débutant dans l’enfance, avec un des comportements caractéristique apparaissant avant l’âge
de 10 ans, et type débutant dans l’adolescence avec aucun comportement caractéristique
apparaissant avant l’âge de 10 ans. Le trouble a trois degrés de sévérité : léger, modéré ou
sévère.
L’âge moyen du début des troubles est plus précoce chez le garçon que chez la
fille (11 ans contre 15 ans). Ils expriment de diverses façons leur comportement agressif :
brutalité, agression, cruauté.. Des mensonges répétés, école buissonnière, vandalisme sont
souvent retrouvés. Dans les cas graves il y a fréquemment destruction, vol et violence
physique. A l’adolescence les conduites d’addiction et actes suicidaires sont nombreux. Ce
sont souvent des enfants ayant des relations superficielles, ou très isolés, car ne parvenant pas
à établir des relations interpersonnelles normales.
Diagnostic différentiel : Ces troubles peuvent être retrouvés dans d’autres
troubles psychiatriques de l’enfance, troubles de l’humeur, troubles psychotiques, troubles des
apprentissages… Il est donc important de connaître l’ordre chronologique d’apparition des
troubles pour déterminer si le trouble des conduites est réactionnel ou transitoire. Les troubles
de l’humeur sont cependant fortement associés au trouble des conduites, et certains facteurs
tels les conflits familiaux, des évènements de vie, le degré de supervision parentale et les
relations délinquentielles contribueraient au développement des troubles affectifs et des
troubles des conduites, contrairement au trouble oppositionnel avec provocation. De même,
une corrélation importante est retrouvée avec le déficit de l’attention/ hyperactivité et les
troubles de la lecture. Cependant le déficit de l’attention/hyperactivité peut présenter des
comportements agressifs et impulsifs sans remplir tous les critères du trouble des conduites.
Les abus de substance qui peuvent être source de comportements perturbateurs, sont
également fortement corrélés aux comportements bagarreurs, et interfèrent sur les
54
performances sociales et la résolution de problèmes qui pourrait faciliter la rémission du
trouble des conduites. De même, les comportements obsessionnels compulsifs se retrouvent
fréquemment, d’où une difficulté diagnostique importante.
Annexe 3.
Le trouble déficitaire de l’attention est classifié dans le DSM IV avec les
comportements perturbateurs. Il est défini en quatre sous-types : A dominance
hyperactivité/impulsivité, combiné, à dominance attentionnelle et les formes résiduelles ou
non spécifiées. Les caractéristiques principales associées aux différents sous-types sont une
intolérance à la frustration, des accès de colère, de l’autoritarisme, de l’entêtement, de
l’insistance, une forte labilité émotionnelle, une baisse importante des motivations, un rejet
important des pairs, une faible estime de soi, des résultats scolaires médiocres, un manque
d’application, un refus de responsabilité, et une attitude forte d’opposition. Deux aspects
diagnostiques sont distingués : Les troubles de l’attention et l’hyperactivité/impulsivité. Il en
découle quatre possibilités diagnostiques énoncées plus haut. Le TDA/H à dominance
inattention doit comporter 6 symptômes sur 9 pour pouvoir être diagnostiqué. Le TDA/H à
dominance hyperactivité/impulsivité doit remplir 4 symptômes sur 6, le type combiné doit
posséder des éléments diagnostiques de l’un et l’autre des types précédents. Quatre conditions
doivent enfin être remplies : Le début des troubles doit se faire avant 7 ans, les symptômes
doivent être présents dans au moins deux situations (maison, école, loisirs..), Doivent
entraîner une inadaptation sociale importante ou détresse significative et ne peuvent être
mieux expliqués par un autre trouble. Le diagnostique ne peut être posé pour un quotient
intellectuel inférieur à 70-80.
Dans les formes les plus sévères, les répercussions se font à tous les niveaux : social, scolaire
et familial. Un e corrélation importante a été retrouvée avec le trouble des conduites et
troubles oppositionnels, les troubles anxieux, de l’humeur, troubles des apprentissages et de la
communication. Le caractère impulsif est fortement représenté à l’adolescence.
Annexe 7.
· questionnaires et échelles utilisées en complément de bilan.
55
Annexe 8.
·Grille des habiletés sociales et de stratégies supports de la résolution de problème.
Annexe 9.
Evaluations psychomotrices pré/post prises en charge des communications non verbales et du
discours, d’après une échelle inspirée de celle de Liberman :
Annexe 10.
Recueil des données sur les comportements et aptitudes en milieu scolaire, inspiré des
« stratégies d’exécution et de support de la résolution de problème » de Audy, et des
« catégories d’habiletés sociales » de Morrisson & Sandowicz.
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