Peur à l’école : du simple frisson à la phobie scolaire S’il y a bien un lieu qui mobilise les peurs, c’est l’école. De la maternelle au lycée, la vie scolaire est ponctuée de grandes joies, mais aussi de peurs, et même de phobies, qui assombrissent la vie quotidienne. Les petits de maternelle, surtout quand ils n’ont pas connu la vie collective de la crèche, vivent souvent l’entrée à l’école comme une séparation douloureuse. Il suffit d’aller dans le préau d’une école maternelle le jour de la rentrée des classes pour comprendre que cela ne va pas de soi et que pour certains la détresse est immense. Il faut déjà se sentir suffisamment grand et tranquille pour se séparer des parents et être sûr de les retrouver le soir ! Il faut aussi avoir la maturité de se représenter le parent, malgré son absence. L’absence de représentation donne à l’enfant une impression de vide, de béance, très angoissante. On peut aider ces enfants un peu immatures en leur donnant des repères concrets : leur décrire sa propre journée, leur montrer, quand c’est possible, le lieu où l’on travaille, leur laisser aussi dans les premiers temps un objet transitionnel, le fameux « doudou », qui est là pour les rassurer. Pour les parents ce moment peut être aussi difficile car ils peuvent avoir le sentiment de lâcher leur enfant dans un monde inconnu, où eux-mêmes seront soumis à des règles qu’ils n’auront pas énoncées et qu’ils devront respecter ! L’entrée à l’école primaire est source de grande fierté, mais aussi de grande désillusion… « Tu vas être content d’apprendre à lire » leur chante-t-on tout l’été. Mais hélas l’apprentissage de la lecture ne se fait pas d’un coup de baguette magique et les enfants réalisent rapidement qu’il va falloir faire beaucoup d’efforts et que la récompense n’est pas à portée de mains. Et puis ils se trouvent confrontés aux contrôles, aux notations et autres évaluations, qui les exposent au regard pas toujours bienveillant des autres. De quoi, pour certains, plus sensibles aux jugements ou plus en difficultés, redouter de franchir la porte de l’école. Mal de tête, mal au ventre, sont les prétextes à rester à la maison ou à se réfugier à l’infirmerie. Les rapports avec les copains peuvent aussi être source de conflits qui font appréhender la cour de récréation et font peur. Dans tous les cas, face à ces symptômes qui durent, il faut bien sûr essayer d’identifier le problème pour aider l’enfant à le surmonter. Au collège et au lycée, les méchancetés entre élèves peuvent aussi semer le trouble, et susciter de l’anxiété chez celui ou celle qui les subit. Mais c’est surtout la pression scolaire, très forte dans certains établissements, et l’attente anxieuse des parents face à des résultats qu’ils ne jugent pas à la hauteur, qui vont susciter des réactions anxieuses ou des attitudes de rejet. Il me semble que ces troubles sont en augmentation et les demandes d’aide psychologique dans ce type de contexte sont fréquentes. Toutes ces peurs sont sérieuses, certes, mais fugaces. Elles disparaissent souvent sans laisser trop de traces. Malheureusement on est parfois confronté à des angoisses massives et préoccupantes qui sont de véritables phobies scolaires. Les praticiens formés aux thérapies comportementales et cognitives préfèrent parler de « refus scolaire ». Peu importe la dénomination, on est là face à un comportement pathologique qui peut survenir brutalement, sans crier gare et laisse les parents perplexes et désemparés. Car comme dans tout processus phobique, le danger est imaginaire, mais l’angoisse est intense et l’évitement massif. J’ai en tête un garçon de 12 ans que son père voulait emmener coûte que coûte au collège et qui manqua de se faire écraser en sautant de la voiture, ou un autre, un peu plus jeune, qui menaçait de sauter par la fenêtre. Il est clair que ces enfants ou ces adolescents doivent consulter. D’une part parce que leurs parents auront bien du mal, seuls, à leur faire entendre raison et parce que ce symptôme peut être l’expression d’un autre trouble, une dépression par exemple, qui mérite d’être soigné.