Le Point.fr - Publié le 17/02/2013 à 10:39
Le héros du "Chevalier de Maison-Rouge" a aujourd'hui 80 ans. Après avoir tâté de la
politique, il revient à ses premières amours : le théâtre.
Michel Le Royer, ici en 2002. © - / AFP
Sa crinière est toujours blonde, et l'on reconnaît d'emblée le héros des feuilletons télévisés
de notre jeunesse. Michel Le Royer fait une entrée remarquée dans un salon de thé ultra
zen du quartier des Arts-et-Métiers à Paris, son QG, avant de jouer au théâtre du Marais
Ultime Dialogue (*) avec son partenaire Michel Chalmeau. Quelques colonnes Morris ont
signalé sa présence sur scène. "J'ai reçu des coups de téléphone de gens qui croyaient
que j'étais mort, dit le comédien. Je me suis empressé de leur répondre qu'ils avaient mal
lu, et que l'affiche était un faire-part." À tout jamais dans nos coeurs d'enfants de la télé,
Michel Le Royer a inscrit le souvenir duChevalier de Maison-Rouge. "C'est d'autant plus
drôle que le chevalier, ce n'était pas moi mais Jean Desailly."
Ses copains s'appelaient Belmondo, Cremer, Marielle et Rich
Tout cela est loin déjà, mais à 80 ans, l'acteur n'a rien perdu de sa superbe. Habitué des films
d'époque, il fut aussi La Fayette au cinéma et d'Artagnan à la télévision. Longtemps jeune
premier à la foudroyante beauté qui faisait se pâmer femmes et hommes, il est avec l'âge devenu
un moine-soldat du théâtre, soucieux de transmettre son amour des beaux textes. "Nous
sommes les serviteurs des auteurs", dit-il. Ces auteurs, il les a fréquentés dès ses premiers pas
au conservatoire avec ses copains, Belmondo, Cremer, Marielle et Rich.
"Je détestais que l'on me dise que j'étais joli garçon. C'était parfait pour jouer les amoureux,
répondre à l'emploi de jeune premier, car on n'imaginait pas un Roméo avec le nez cassé, ce
n'était pas possible."
Michel Le Royer a joué à la fois de chance et de malchance. Il plaisait et avait peut-être moins
besoin de se battre que les autres pour réussir. "J'étais un bel insecte qui s'est brûlé à plusieurs
lampes. Je n'ai pas toujours poussé les bonnes portes, ni fait les bons choix." C'est ainsi qu'il
refusa de donner la réplique à Anouk Aimée dans Lola de Jacques Demy. Il écouta les conseils
de ceux qui lui disaient que le réalisateur n'était pas connu et repoussa ainsi son désir premier de
démissionner lorsque la Comédie-Française lui refusa un congé pour aller tourner à Nantes. "Je
me suis dégonflé", avoue-t-il, lucide.
Une trop grande facilité pour séduire ne fait pas une carrière. Il ne regrette rien de ses choix bons
ou mauvais. Ce qui compte, c'est le chemin et le sien fut digne.
"Vie de fou"
En 2013, il souhaite être un passeur et donne des cours d'art dramatique à Lyon où il vit depuis
quelques années avec sa compagne. Il veut transmettre ce qu'il a reçu de ses maîtres, Madame
Dussane et Georges Le Roy, une tradition qui se perdra si l'on n'y prend pas garde. "J'ai pris du
recul sur cette vie de fou. Je ne pourrais plus vivre à Paris. Lorsque je suis dans le TGV et que
l'on annonce Lyon Part-Dieu, soudain je me sens mieux." Il a conservé pour ses escales
parisiennes son appartement de Levallois-Perret, cette ville dont il fut longtemps l'adjoint au
maire Patrick Balkany, chargé de la culture. "J'aurais voulu renommer la fonction, en maire-ajoint
chargé des beaux-arts, mais le préfet des Hauts-de-Seine n'a jamais voulu, c'était paraît-il trop
compliqué."
Michel a attrapé le virus de la politique dès l'enfance en 1944, en Normandie d'où il est originaire.
Le général de Gaulle le conduit à l'UDR, puis il gagne les instances du RPR fondé par Jacques
Chirac qu'il appelait Patron. C'est lui, Michel Le Royer, qui déclama lors de la création du parti en
1976, les vers d'Éluard :
"Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté"
Depuis il a rendu sa carte, ne croit pas au retour de Nicolas Sarkozy, mais se souvient du jeune
homme de 19 ans travailleur et bouillonnant d'idées qu'il était. "Il tenait tête aux barons gaullistes,
Guena, Messmer et consorts." Il se souvient avoir cité en parlant de lui ce passage de Ruy Blas :
"Cet homme sera grand.
Oui, s'il a le temps d'être."
Nicolas Sarkozy s'en souvient-il ?
Michel Le Royer sera cet été en Avignon pour un hommage à Gérard Philipe qui le dirigea avec
Jeanne Moreau dans La Nouvelle Mandragore en 1953 au TNP. Dandy et homme fidèle, c'est
peut-être Henry de Montherlant qui le définit le mieux, lorsqu'un jour le cherchant lors d'une
répétition de La Reine morte, il dit : "Mais où est ce petit paysan qui aurait pu être un petit prince
?"
Par JEAN-NOËL MIRANDE
(*) Au théâtre du Marais, 37, rue Volta, Paris 3e
Michel Le Royer
Au théâtre du Marais
Il partage avec Michel Chalmeau l'affiche d'Ultime dialogue,
qui, après Avignon, rencontre l'enthousiasme du public
parisien.
Doit-il de porter si beau ses quatre-vingts ans à la passion, à
la conviction, à l'exigence qu'il met en toute chose ? Dans les
années 1960, les téléspectateurs marchaient comme un seul
homme derrière les aventures de ce séduisant comédien,
jouant à merveille les héros romanesques. Tout cela pour lui
était facile, grisant. Mais le confort fait naître l'ennui lorsque
l'on s'appelle Michel Le Royer et que, pour vous, ancien
pensionnaire de la Comédie-Française, le théâtre n'a pas
d'équivalent. Porter haut l'idée qu'il se fait du beau métier
d'acteur en partageant avec le public et ses élèves son amour
du verbe et des beaux textes...
Voilà ce qui lui tient à cœur. « Moi, j'essaie avec mon sang,
avec ma chair, mes émotions et ma personnalité de mettre
verticalement ce que l'auteur a écrit horizontalement. » De la
pièce qu'il joue actuellement, il dit qu'après l'avoir lue, ce fut
un choc. Un moine cistercien et un journaliste libre penseur se
retrouvent face à face dans un monastère. Ils étaient amis de
jeunesse. Sous couvert de reportage, la vraie raison de cette
rencontre apparaît peu à peu.
Entre scènes fortes et instants comiques, les deux amis
s'affrontent. « J'avais l'impression de l'avoir écrite tant elle
renferme tout ce que je pense sur les sujets qu'elle aborde et
ils sont nombreux. Les religions, le désir, la mort et la grande
question... Leur amitié est-elle si forte qu'ils parviendront à
dépasser tout ce qui les oppose ? Qui sera le vainqueur ? Y
en a-t-il un ? Au spectateur de trancher. »
Zoom par Jeanne Hoffstetter
Paru le 05/03/2013
N°60 de février 2013
On ne saurait enfin manquer le passionnant spectacle joué par Michel Le Royer et Michel
Chalmeau au petit Théâtre du Marais : Ultime Dialogue. L’auteur, Charles André, sans
tomber dans un pastiche de Montherlant ou de Bernanos, met aux prises avec intelligence et
pudeur celui qui croit au ciel (un moine bénédictin, excellent Chalmeau) et son ami de
jeunesse (journaliste baroudeur, tout aussi excellent Le Royer), celui qui n’y croit pas. On
devine l’inspiration du poème d’Aragon, La rose et le réséda. Le progression dramatique, les
coups de théâtre, la forte présence de Le Royer (autrefois Lafayette au cinéma et Chevalier de
Maison rouge à la télévision pour Barma) et de Chalmeau nous éloignent de toute
démonstration pesante. A ne pas manquer. F.de la Baume.
ULTIME DIALOGUE
au Théâtre du Marais à Paris
Ce qu’en dit la presse.
C’est tellement passionnant, tellement intelligent, tellement nécessaire qu’on ne peut
que le recommander.
J-Luc Jeener/Figaroscope
Sur la scène du petit théâtre du Marais se produit ce que tout amateur de vrai théâtre
souhaite voirun huis clos qui débouche sur l’infini.
Salsa Bertin/Culture mag.
Sans tomber dans le pastiche de Montherlant ou de Bernanos, l’auteur met aux
prises avec intelligence et pudeur celui qui croit au ciel et celui qui ne croit pas. La
progression dramatique, les coups de théâtre, la forte présence de Michel Le Royer
et Michel Chalmeau nous éloigne de toute démonstration pesante. A ne pas
manquer.
F. de la Baume/service littéraire.
Deux amis que tout a séparés par les choix de vie qu’ils ont fait se retrouvent
quarante ans plus tard. L’un frère Jean est moine trappiste, l’autre, Gérald, grand
reporter. Le personnage principal de la pièce n’est autre que le temps, celui qui vous
disperse tout au long de la vie et vous rassemble aux moments cruciaux de
l’existence, quand la vie est confrontée à sa fin. Temps à l’endroit pour Gérald qui vit
pour mourir même s’il s’y refuse, temps à l’envers pour frère Jean qui vit pour vivre
éternellement et qui fait de chaque instant de sa vie une mort de la mort.
Cette pièce métaphysique de bout en bout, expression forte du combat spirituel et de
la quête de l’essentiel, prend corps dans le face à face de deux remarquables
comédiens, Michel Chalmeau et Michel Le Royer. Un spectacle qui sort de
l’ordinaire.
Pierre Durrande/L’Homme Nouveau
Si vous n’avez pas encore tout à fait l’idée de ce que peut être un théâtre de
l’incarnation, la pièce de Charles André mise en scène par Alexandra Royan , vous
fera plonger dans le miracle de l’avènement d’un drame qui dépasse le simple jeu
théâtral et le texte.
Ultime Dialogue met en scène les retrouvailles de deux amis que tout semble
séparer.
Après les représentations au festival d’Avignon en 2009, il brûle les planches du
théâtre du Marais à Paris jusqu’au 31 mars.
Michel Le Royer et Michel Chalmeau se coulent avec un talent prodigieux dans les
rôles de Jean, le moine cistercien et Gérald, le journaliste, comme s’ils avaient
toujours été faits pour incarner ces personnages. Celui qui croyait à Dieu et celui qui
n’y croyait pas.
Mais la réalité est plus complexe. Pour Gérald, l’agnostique, le libre-penseur, il s’agit
de bien vivre; pour Jean, le spirituel, le passage sur la terre n’est qu’une mort
provisoire et il s’agit de bien entrer dans la Vie
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