Préface
« Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas »
[Lao-Tseu]
Comment naît un choix professionnel ? Il est difficile d’en expliquer le
parcours, mais il s’impose à soi après un cheminement parfois conscient,
parfois inconscient. Étudiante à la faculté de Sociologie, j’avais admiré une
amie qui s’était réorientée dans les soins infirmiers. C’était une profession qui
m’avait toujours attirée, peut-être par son côté image d’Épinal, ou les histoires
qui ont bercé mon enfance dans lesquelles les infirmières résolvaient des
mystères tout en prenant soin de leurs patients. Mais à l’époque je pensais
que je n’aurais jamais pu suivre les cours scientifiques, mon parcours scolaire
ayant été catastrophique quant à ceux-ci. Il y avait peut-être dans mon esprit
une confusion entre les besoins d’un médecin et ce qui était demandé comme
savoir propre à l’infirmière. Ainsi les années ont passé et bien que toujours
présente, cette idée est restée enfouie en moi.
Au Mexique, puis en Italie, suite à des événements en rapport avec la
santé, cette attirance est revenue en force, mais entreprendre ces études
dans une langue étrangère n’était pas chose aisée ; j’ai alors trouvé une façon
détournée de prendre soin : intégrer la Croix-Rouge Italienne (CRI). J’ai pu
apprendre à porter secours, à accompagner les personnes de leur domicile à
l’hôpital. Les missions de la CRI en Toscane, où je vivais, étaient beaucoup
plus étendues qu’en France : elle participait de la sécurité civile, mais aussi de
l’équivalent du SAMU. Nous nous déplacions généralement à deux
secouristes mais aussi parfois en équipe avec un médecin. Nous avions un
rôle de secouriste, mais nous pouvions, une fois formés, poser des voies
veineuses périphériques et réaliser d’autres actes techniques du champ
infirmier. J’étais fascinée par tous ces gestes qui n’étaient pas encore à ma
portée.
Mais un jour que j’accompagnais un homme âgé totalement recroquevillé
sur lui-même, à une consultation, je suis restée auprès de lui alors que se
jouait un drame entre sa femme et le médecin. Ce vieux monsieur décharné
m’a juste caressé la joue et dit « merci », me faisant ainsi comprendre que ma
présence était déjà pour lui un bienfait, et cette idée est devenue certitude : je
devais devenir infirmière. Je ne saurais en expliquer le mécanisme, mais pour
moi, une grande partie du rôle infirmier était aussi d’être présente auprès de
malades et d’en prendre soin dans une dimension holistique.
Ma crainte des matières scientifiques s’est évanouie lorsque j’ai vu mes
résultats aux tests psychotechniques, je me suis dit que je n’étais moins
démunie qu’une autre et qu’avec un peu de travail je pouvais réussir. En