David Meyer, Yves Simoens, Soheib Bencheikh, Les versets doulou

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Revue des sciences religieuses
82/4 | 2008
Varia
David Meyer, Yves Simoens, Soheib Bencheikh, Les
versets douloureux : Bible, Évangile et Coran entre
conflit et dialogue, Bruxelles, Lessius (coll. L'autre
et les autres - 9), 2007, 202 p.
Thomas P. Osborne
Éditeur
Faculté de théologie catholique de
Strasbourg
Édition électronique
URL : http://rsr.revues.org/1036
ISSN : 2259-0285
Édition imprimée
Date de publication : 1 octobre 2008
Pagination : 569-570
ISSN : 0035-2217
Référence électronique
Thomas P. Osborne, « David Meyer, Yves Simoens, Soheib Bencheikh, Les versets douloureux : Bible,
Évangile et Coran entre conflit et dialogue, Bruxelles, Lessius (coll. L'autre et les autres - 9), 2007, 202 p.
», Revue des sciences religieuses [En ligne], 82/4 | 2008, mis en ligne le 07 octobre 2014, consulté le 30
septembre 2016. URL : http://rsr.revues.org/1036
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© RSR
David Meyer, Yves Simoens, Soheib Bencheikh, Les versets douloureux : Bible,...
David Meyer, Yves Simoens, Soheib
Bencheikh, Les versets douloureux :
Bible, Évangile et Coran entre
conflit et dialogue, Bruxelles, Lessius
(coll. L'autre et les autres - 9), 2007, 202
p.
Thomas P. Osborne
RÉFÉRENCE
Bruxelles, Lessius (coll. L'autre et les autres - 9), 202 p.
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Souvent le dialogue interreligieux se limite à un effort pour comprendre l'autre, alors
qu'il y a un besoin pressant d'une lecture critique de sa propre tradition, et ceci afin de
«faire une place légitime et respectueuse des traditions et des vérités de l'autre. [...]
L'existence de l'autre nécessite un retrait volontaire, dans lequel la réalité de notre
prochain peut être garantie ». C'est ainsi que le rabbin David Meyer formule la
philosophie de ce petit ouvrage. Ensemble, avec le grand mufti pour Marseille, Soheib
Bencheikh, ils ont ressenti le « besoin de poser un regard inquisiteur [chacun] sur sa
propre tradition afin de véritablement faire avancer les relations entre le judaïsme et
l'islam de façon profonde et d'atteindre un niveau de dialogue qui dépasse le cadre trop
naïf des 'Salam Alekum' réciproques et usuels » (p. 172). Urgence il y a, puisque très
souvent des «versets douloureux» de nos textes sacrés respectifs, «loin de refléter
l'amour, le respect et l'estime envers notre prochain, sont [...] les causes de sentiments
plus vils, sentiments de haine, de violence, de rejet» (p. 15). Et là, la responsabilité
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collective des trois religions est engagée au-delà la responsabilité des individus ou des
groupes qui sont impliqués dans des actes de violence concrets.
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C'est ainsi que trois connaisseurs, chacun des textes sacrés de sa tradition religieuse,
s'attachent à la lecture critique de ces versets douloureux, de la Bible juive et du Talmud,
de la Bible chrétienne et du Coran et des autres écrits de référence de l'islam.
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Le rabbin Meyer propose une lecture critique du récit du combat des Israélites contre
Amalek (Ex 17,8-16 et son commentaire en Dt 25,17-19) et de celui du péché de Saul qui
n'a pas voué à l'interdit les Amalécites (1 Sm 15,423), du sacrifice d'Isaac (Gn 22) et du
récit de la conquête du Canaan (Josué). Devant ces textes qui ont souvent incité à la
violence, Meyer élabore une « stratégie de lecture » dont voici quelques points essentiels.
Il ne faut jamais accepter de lire un verset biblique en l'isolant totalement du reste de la
tradition biblique ; en particulier, le texte qui se trouve au centre de la Torah, Lv 19,18,
«Tu aimeras ton prochain comme toi-même», constitue l'orientation essentielle de la Loi
qu'il faut respecter dans l'application de toutes les autres parties du Pentateuque. Il faut
privilégier une lecture symbolique des textes qui risquent d'inciter à la violence concrète.
Le respect de l'esprit d'une tradition ne peut se concrétiser que dans la transgression
réelle de certaines ordonnances religieuses. Le rabbin Meyer affirme qu'il n'y a pas
d'éthique véritable sans une réflexion profonde sur la théologie de la transgression. Selon
lui, considérer la Loi comme un refuge, sans la questionner et sans oser la transgresser,
cela aussi s'appelle du fanatisme. Enfin, il faut oser être le partenaire de Dieu et non son
esclave ; à l'image d'Abraham qui négocie avec Dieu pour sauver les justes de Sodome, on
doit parfois considérer le commandement divin comme une provocation contre laquelle il
faut se rebeller. Il est nécessaire d'« accepter que les textes de la Torah puissent être
dangereux, car l'esprit dans lequel ils ont été donnés n'a jamais été un esprit de servitude,
mais bien plutôt de réflexion, d'engagement et de rébellion» (p. 37).
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Soheib Bencheikh, pour sa part, propose une lecture différenciée des «versets
douloureux» des trois écrits de référence de l'islam: le Coran, les hadith, paroles et gestes
de Mahomet dont la mise par écrit ne commence qu'un siècle et demi après la mort du
Prophète, et le fiqh ou le droit musulman. Une nette distinction est à opérer entre le
caractère révélé du Coran et le caractère non révélé des deux autres écrits. Par ailleurs,
alors que le Coran fait l'unanimité des différents groupes de l'islam, les hadith ne
bénéficient pas de cette reconnaissance commune. Le fiqh, quant à lui, est un recueil de
jurisprudence évolutif. Selon Soheib Bencheikh, même le Coran doit être lu et compris
dans le contexte historique, social et politique de ses origines. Il est donc nécessaire de
situer les versets contre les gens du livre ou de l'évangile dans le cadre des conflits
d'époques diverses avec pas seulement des juifs et des chrétiens, mais également avec des
groupes polythéistes d'Arabie aux origines de l'islam. Les conflits doctrinaux sur la
manière d'articuler la foi monothéiste marquent profondément les rapports entre les
trois religions monothéistes, comme ce fut déjà le cas des débats sur la christologie à
l'intérieur du christianisme.
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La contribution d'Yves Simoens, jésuite et exégète, sort quelque peu du cadre de la
démarche de ses deux interlocuteurs. Plutôt que d'aborder directement les versets
douloureux du canon chrétien, surtout en ce qui concerne les relations entre chrétiens et
juifs, ou plutôt entre juifs chrétiens et juifs qui n'ont pas accepté Jésus comme Messie, le
père Simoens propose une lecture globale de l'évangile de Jean qui met en question
l'interprétation dite antijuive du quatrième évangile.
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Le volume commence avec une préface d'Alexandre Adler, professeur d'histoire et
éditorialiste au Figaro et à France Culture. Il s'achève avec une discussion en table-ronde
entre les trois intervenants animée par Jacques Scheuer, professeur d'histoire des
religions, maintenant émérite, à l'Université Catholique de Louvain.
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