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Revue des sciences religieuses
87/1 | 2013
Varia
L’exposition missionnaire de 1925. Une
affirmation de la puissance de l’Église catholique
Érick Cakpo
Éditeur
Faculté de théologie catholique de
Strasbourg
Édition électronique
URL : http://rsr.revues.org/1294
DOI : 10.4000/rsr.1294
ISSN : 2259-0285
Édition imprimée
Date de publication : 1 janvier 2013
Pagination : 41-59
ISSN : 0035-2217
Référence électronique
Érick Cakpo, « L’exposition missionnaire de 1925. Une affirmation de la puissance de l’Église
catholique », Revue des sciences religieuses [En ligne], 87/1 | 2013, mis en ligne le 01 janvier 2015,
consulté le 02 octobre 2016. URL : http://rsr.revues.org/1294 ; DOI : 10.4000/rsr.1294
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Revue des sciences religieuses 87 n° 1 (2013), p. 41-59.
L’EXPOSITION MISSIONNAIRE DE 1925
Une affirmation de la puissance de l’Église catholique
Durant l’Année Sainte de 1925 eut lieu dans les jardins du Vatican
la plus grande exposition missionnaire jamais organisée par l’Église
catholique. Cet événement sans précédent dans l’histoire de l’Église a
peu intéressé la recherche si bien qu’il n’a fait, sauf erreur, l’objet
d’aucun livre qui lui est dûment consacré. Les articles sur le sujet, par
ailleurs peu nombreux, s’intéressent rarement à la question des motivations de l’événement 1. Et pourtant, l’importance de cette exposition
dépasse la seule exhibition d’objets tant elle tend, dans un contexte
particulier d’après guerre et de sécularisation (I), à affirmer la toutepuissance de l’Église catholique. Les objectifs et les moyens (II)
déployés, à l’instar des expositions internationales alors en vogue, ne
sont pas sans confirmer la volonté de montrer que l’Église, à l’inverse
du contexte européen, est en pleine expansion et sait s’adapter à la
modernité. Mais dans quelle mesure ? Tout en reprenant certains
aspects des expositions internationales coloniales, celle du Vatican
entend rompre notamment avec les pratiques des exhibitions ethnologiques (III).
La présente contribution paraît doublement opportune. À l’heure
où l’on peut difficilement imaginer la mission chrétienne dans un
1. L. ZERBINI de l’Université de Lyon II a consacré plusieurs articles à cette exposition abordant notamment les rapports des Européens aux objets exposés : « De l’exposition vaticane au musée missionnaire ethnologique du Latran », dans Une
appropriation du monde. Mission et missions, XIXe-XXe siècles, sous la direction de
Claude Prudhomme, Paris, Publisud, 2004 ; « Les expositions missionnaires, De
l’objet-document à l’objet-mémoire », dans La mission en textes et images XVIXXe siècles, sous la direction de Ch. Paisant, Paris, Karthala, 2004, p. 273-290. On
peut également trouver, retracés de manière sommaire, certains aspects de l’exposition chez : M. Balard, Dahomey 1930 : Missions Catholiques et Culte Vodoun.
L’œuvre de Francis Aupiais (1877 – 1945), missionnaire et ethnographe, Paris, L’Harmattan, 1999 ; J-M. VASQUEZ, La cartographie missionnaire en Afrique, science, religion et conquête (1870-1930), Paris, Karthala, Coll. Hommes et Sociétés, 2011.
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mouvement unique, d’Europe vers les autres continents 2, il s’avère
nécessaire de montrer en quoi l’exposition missionnaire de 1925
apparaît comme l’une des dernières tentatives de centralisation
romaine des missions 3. Rendre compte des événements majeurs
passés étant l’apanage de l’histoire, nous avons jugé indispensable de
ne pas faire l’impasse sur cet événement de l’histoire « récente » des
missions catholiques en mettant au jour une documentation peu
exploitée 4. Plus qu’un simple exposé, on adopte ici une position
critique qui tend à interroger le bien-fondé et les raisons de l’organisation d’un tel événement par l’Église.
I. CONTEXTES D’ORGANISATION
À l’origine, la volonté d’un seul homme
À l’initiative de l’Exposition Missionnaire Vaticane de 1925 un seul
homme, le pape Pie XI (1922-1939) 5. Il nourrit le projet bien avant. Il
trouva un fidèle allié en la personne du Cardinal-Préfet de la Sacrée
Congrégation de la Propagande, Willem Marinus Van Rossum (19181932). Ce dernier réunit dans un premier temps, pour consultation, tous
les Procureurs et Représentants des Instituts missionnaires en résidence
à Rome. Ensuite, la lettre du 24 avril 1923 que le pape adressa au cardinal officialisa le projet. Elle constitue la charte canonique décrétant
l’exposition et conférant toute autorité au Préfet de la Propagande pour
la mise en place de l’événement 6. Dès lors, un Comité directeur fut créé,
2. La mission connaît aujourd’hui le mouvement inverse (ou réciproque) du Sud
vers le Nord. On estime à plus de mille les prêtres fidei donum d’autres pays vivant
en France, dont la moitié sont engagés pleinement dans la pastorale des diocèses,
tandis que les prêtres français fidei donum sont moins de 170 en mission hors de
France. Voir le site de la Conférence des Évêques de France.
J. Varoqui estime d’ailleurs que l’œuvre évangélisatrice des Européens en
Afrique est dépassée. Voir J. VAROQUI, « La mission des Européens en Afrique est-elle
dépassée ? », Revue des sciences religieuses 80 n° 2 (2006), p. 233-242.
3. Une dernière exposition missionnaire, de moindre envergure, prévue en 1940
et empêchée par la Seconde Guerre Mondiale aura finalement lieu en 1950. Elle eut
pour principal objectif de montrer l’art chrétien des pays de mission.
4. Le bulletin Les Missions Catholiques et différents documents des archives de
la Société des Missions Africaines constituent les principales sources.
5. On retrouve dans les documents plusieurs appellations pour l’exposition :
« Exposition Missionnaire Universelle », « Exposition Vaticane des Missions »,
« Exposition Missionnaire Vaticane »… La dernière dénomination, celle qui s’est
imposée, sera privilégiée ici.
6. Voici un extrait de la lettre qui jette les bases de l’événement : Statuimus ut
anno sancto MCMXXV cum in hanc Almam Urbem Ecclesiœ filii undique frequentissimi, ut Deo dante fore confidimus, pietatis causa confluent, Expositio ut aiunt,
Missionaria in Aedibus Vaticanis habeatur. « En l’an de grâce 1925, les fils de
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présidé par Mgr Francesco Marchetti-Selvaggiani et assisté de Messeigneurs Nogara, Pecorari, Pizzardo, Ercole, Ghezzi, Belvederi, Roncalli,
Mercati, du marquis Sacchetti et de Mgr Caccia Dominioni, Maître de
Chambre du pape. À ce comité fut adjoint un sous-comité, composé de
36 membres des différents Instituts missionnaires.
Pourquoi une telle volonté de Pie XI ? Pour en comprendre les
raisons, il est nécessaire d’examiner sa conception des missions. Il est
considéré par l’historien André Rétif comme « le Pape des missions 7 »
et pour cause. Il développe une vraie politique missionnaire que le
Pensiero Missionario, organe missionnaire italien, résume en six principales directives 8 : 1/ L’occupation effective et complète du territoire
à évangéliser, 2/ L’effort pour arriver à une plus grande collaboration
dans l’Église elle-même, et l’utilisation de toute coopération extérieure possible, pourvu que ni l’intégrité de la doctrine, ni la hiérarchie n’en soient compromises, 3/ Une confiance des plus optimistes
qui tienne entièrement compte des bonnes dispositions et des qualités
des races, même les plus méprisées, 4/ Un esprit scientifique d’organisation et de méthode, non seulement dans l’apostolat lui-même,
mais aussi dans sa préparation, 5/ La recherche d’une apologétique
plus élevée pour le bien de l’Église et la défense générale de la foi,
6/ Une merveilleuse stratégie de lumière et d’amour envers les
centaines de millions d’âmes égarées par les fausses religions, les
schismes, l’Islam, le Bouddhisme, etc…., basée sur un triple élément :
a) une étude approfondie de leur histoire passée, b) une compréhension complète de leur condition présente et c) une préparation étendue
et précise (pratique, positive) pour l’avenir.
Il en résulte une véritable stratégie qui se révèlera de manière
probante dans l’action du pape par le principe suivant : donner une
impulsion à l’expansion de l’Église tout en rappelant son foyer
romain. C’est dans ce dessein qu’il développe les notions d’universalité et de centralité que résume le terme de romanita 9. Par rapport aux
l’Église, à cause de leur piété, afflueront de tous côtés et en grand nombre vers la
ville-mère. Par la grâce de Dieu, l’Exposition dite des Missions aura lieu dans la cité
du Vatican ».
7. A. RÉTIF, « Le développement des jeunes Églises, 1914-1939 », dans C. DELACROIX (dir.), Histoire universelle des missions catholiques en 4 tomes, T. III : Les
missions contemporaines (1800-1957), Paris, Grund, 1958, p.128-168. Toutefois, il
faut souligner, avant Pie XI, l’apport majeur de Grégoire XVI (1831-1846) et la stratégie de Léon XIII (cf. C. PRUDHOMME, Stratégie missionnaire du Saint-Siège sous
Léon XIII, 1878-1903, centralisation romaine et défis culturels, Rome, École française de Rome, 1994). Pie XI s’inscrit dans la continuité.
8. L. RIBOUD, « La politique missionnaire de sa Sainteté le pape Pie XI », 1935,
Archives des Missions Etrangères de Paris, Code 1935/5-13, p. 5-35.
9. Voir VASQUEZ, La cartographie missionnaire…, p. 322-323.
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missions, ce terme se décline en plusieurs manifestations : le transfert
à Rome de l’Œuvre de la Propagation de la Foi en 1923, l’institution
de la Journée Missionnaire Mondiale (1926), la construction en 1926
sur le Janicule – la rive droite du Tibre, au sud de la cité du Vatican –
du siège du Collège et de l’Université de la Propaganda Fide pour la
formation des jeunes séminaristes des pays de mission. Mais c’est
surtout l’exposition missionnaire de 1925 qui témoigne de cette
centralisation. Le but poursuivi à travers l’événement est clair et le
pape en donne lui-même la teneur : « Rassembler et exposer en cette
cité, capitale du monde, tout ce qui est propre à mettre en lumière la
nature et l’action des missions catholiques, les lieux où elles opèrent,
en un mot, tout ce qui s’y apparente 10 ». Un contexte particulier
L’organisation d’un événement de l’envergure de l’exposition
dans un contexte aussi particulier qu’est celui de l’année 1925 suffit à
justifier l’importance des missions catholiques aux yeux du pape.
Nous sortons à peine de la crise occasionnée par la Première Guerre
Mondiale. Les Instituts missionnaires à qui l’on a demandé l’organisation interne de l’exposition, le rassemblement et l’acheminement
des objets vers Rome avaient ainsi des raisons valables d’apporter des
objections à la proposition du pape, tant leur situation financière était
précaire. Mais l’honneur de l’Église surpasse les considérations
économiques. Le père Bernard Sienne (OMI) estime que le pape a
voulu cette exposition « pour l’honneur de la sainte Église universelle,
dont les missionnaires et les Missions vont sans cesse élargissant
l’embrassement maternel, lui amenant progressivement tous les
peuples de la terre 11 ». Mais pourquoi tenait-on tant à l’honneur de
l’Église à cette époque ? Les années 1920 se situent dans ce que les
historiens appellent la troisième période de sécularisation qui se
concrétise en France, au début du siècle, par la loi de 1905 dite de
séparation des Églises et de l’État 12. Cette crise, avec comme princi10. Allocution de Pie XI du 29 avril 1925, citée par VASQUEZ, La cartographie
missionnaire, p. 323.
11. B. SIENNE, « Inauguration solennelle de l’Exposition Vaticane des Missions »,
Les Missions Catholiques, bulletin hebdomadaire de l’œuvre de la propagation de la
foi, n° 2899 du 16 janvier 1925, année 1925, p. 26.
12. La sécularisation qui consiste à soustraire à l’influence des institutions religieuses des institutions, des fonctions, des biens connaît trois périodes : 1/ La
Réforme protestante, au XVIe siècle et dans les pays germaniques et anglo-saxons ; 2/
La Révolution française, d’abord en France avec les Biens nationaux (1789) puis dans
toute l’Europe jusqu’en 1815 ; 3/ La fin du XIXe siècle. Voir notamment R. RÉMOND,
Religion et société en Europe. La sécularisation aux XIXe et XXe siècles (1789-2000),
Paris, Seuil, 2003, éd. rev. et mise à jour.
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pale conséquence la perte de l’emprise de l’Église catholique, connaît
une recrudescence surtout en Europe de l’Ouest. Dans le prolongement de la philosophie des Lumières, la pensée libérale qui fait de la
liberté individuelle le principe et le fondement de l’ordre social
amène, déjà en 1914, à la reconnaissance officielle par la plupart des
États européens du principe de la liberté de conscience, celle des
cultes commençant à être admise 13. Dans un tel contexte, l’Église, par
la volonté du pape, entend communiquer sur sa grandeur et montrer
que la déroute qu’elle connaît en Europe est loin de l’ébranler 14. Dans
ce dessein, quoi de mieux que de profiter du moyen de communication le plus efficace de l’époque, les expositions ? Un siècle après leur
invention, ce mode de propagande connaît une période d’essor dans
les années 1900. On dénombre soixante-dix expositions de tout genre
– expositions internationale, universelle, coloniale – entre 1900 et
1998, dont une quarantaine avant 1925 15.
II. OBJECTIFS ET MOYENS
Organisation et déploiement de l’exposition
Pour l’exposition, l’Église disposa de moyens qu’elle n’avait
jamais attribués à aucun événement. L’inauguration eut lieu le
21 décembre 1924 dans le Bracchio Nuovo du Musée Chiaramonti. La
cérémonie fut menée en grande pompe. Pie XI la présida, entouré de
plusieurs membres de la curie romaine et d’un parterre de diplomates.
L’exposition elle-même comprenait deux parties principales : 1/ les
pavillons construits dans la cour de la Pigna (Terre-Sainte, Amérique,
Asie antérieure, Hindoustan, Indochine), 2/ les pavillons du jardin du
Vatican (Chine, Japon, Océanie, Afrique) ; et deux annexes : la galerie
du Musée Chiaramonti (Instituts missionnaires) et un pavillon isolé
(Hygiène et Médecine) 16. Pavillons et musées occupèrent une superficie de 10 000 mètres carrés 17. Les trente-huit pavillons dont la
construction a été l’œuvre de l’entrepreneur Leone Castelle de Milan,
13. RÉMOND, Religion et société en Europe…, p. 205-206.
14. Une affirmation relevée dans le bulletin Les Missions Catholiques donne une
idée de cette situation : « Le Souverain Pontife est bien, quoi qu’on en ait dit en
France, un puissant souverain dont l’autorité, sans armes, s’étend à l’univers entier ».
Voir « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions Catholiques, n° 2916 du
15 mai 1925, année 1925, p. 234.
15. Voir M. GALOPIN, Les expositions internationales au XXe siècle, Paris, L’Harmattan, 1997.
16. « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions…, p. 235.
17. « L’exposition vaticane des Missions », Les Missions Catholiques, n° 2910 du
10 avril 1925, année 1925, p. 173.
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et de l’ingénieur De Rossi furent attribués à des pôles phares, Terre
Sainte, Ethnographie, Bibliothèque, Statistique, Contributions scientifiques et Civilisatrices des Missions, Direction, Missions (Asie,
Afrique, etc) 18. Pour donner une idée plus précise et détaillée des
structures, dans la Cour de la Pigna, on pouvait visiter les salles
suivantes : 1. Terre-Sainte, 2. Histoire des Missions depuis les temps
apostoliques, 3. Salle des Martyrs des Missions, 4. Salle d’ethnologie
et de linguistique, 5. Missions de l’Amérique du Nord, 6. Bibliothèque missionnaire, 7. Salon de la Sacrée Congrégation de la Propagande, 8. Missions de l’Amérique du Sud, 9. Missions de l’Asie
Antérieure, 10-11. Missions des Indes, 12. Missions de l’Indochine,
13. Synthèse de l’activité des Instituts missionnaires, 14. Missions
d’Europe. Œuvres de missions, 15. Section médicale et œuvres charitables des Missions. Et dans les jardins du Vatican : 16-17. Missions
de Chine et de Corée, 18-19. Missions du Japon, des Philippines, de
l’Océanie, 20-21. Missions d’Afrique.
Par ailleurs, il n’était pas question de minimiser la part scientifique qui revient à l’événement. Plusieurs publications visant à donner
un aperçu global des missions ou à illustrer et compléter l’exposition
furent élaborées. Ainsi, un guide sommaire dans lequel on pouvait
trouver, notamment signalés, les objets les plus remarquables, fut
édité à l’intention des visiteurs. La revue artistique et scientifique intitulée l’Expositione missionaria vaticana, spécialement consacrée à
l’événement, demeura la plus importante publication. Sa rédaction fut
confiée à Mgr Luigi Grammatica, successeur de Pie XI à la tête de la
bibliothèque ambrosienne, et l’illustration au savoir-faire des Arti
Grafiche de Bergame. Elle parut tous les quinze jours à partir du
15 décembre 1924 en fascicules de 32 pages largement illustrées. On
pouvait s’y abonner pour la modique somme de 160 lires italiennes
soit approximativement 0,08 euro. Un Calendrier-Atlas, le Calendario Atlante delle Missioni cattoliche, fut conçu pour mettre en
évidence les efforts de l’Église pour la « prédication de l’Évangile à
toute créature ». Il fut édité en plusieurs langues, en italien, en français, en anglais, en espagnol et en allemand. S’y trouvaient la liste des
Diocèses, Vicariats et préfectures apostoliques, disposés par ordre
géographique et une liste alphabétique des Instituts missionnaires,
avec l’énumération des missions qui leur étaient confiées, complétée
par les principales données statistiques. Puis, vingt cartes indiquant
l’emplacement des principales divisions administratives dépendant de
18. L. CHORIN, « L’Exposition Missionnaire Vaticane, Premières impressions »,
Archives des Missions Étrangères de Paris, Année : 1925, Code : 1925/152-161,
p. 153.
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la Sacrée Congrégation de la Propagande. Enfin un plan de Rome
ainsi qu’un plan de l’Exposition 19.
Les directives données aux missionnaires
Pendant les mois qui précédèrent la tenue de l’exposition, le
comité de direction travailla d’arrache-pied pour fournir aux missionnaires des directives précises, pratiques et générales pour le choix des
objets. Afin de donner une idée de l’importance de l’événement et de
son organisation, il convient de reproduire ici de manière succincte la
nomenclature indiquée aux chefs des missions. Celle-ci est composée
de deux parties : des informations sur les pays de mission et des
renseignements sur la mission.
– Les pays et le peuple : 1) Géographie physique et politique, 2)
minéraux, 3) végétaux, 4) animaux, 5) différents types caractéristiques de la race (photographies, dessins, peintures, reliefs), 6) habits
des chefs, des riches, du peuple, 7) habitations, 8) nutrition, 9) industrie, 10) agriculture, 11) chasse et pêche, navigation, 12) armes de
guerre, 13) musique et danse, 14) bannières, étendards, instruments de
supplice. Papier indigène ou ce qui le remplace. Essais de leurs
manuscrits et écriture, 15) littérature (s’il y a des traces de lettres),
16) religions et cultes.
– La Mission : 1) carte géographique, la plus récente possible,
indiquant les districts, les stations avec l’année ou la date de leur
fondation, 2) ouvrages (livres et articles) écrits par les missionnaires
sur l’histoire, les traditions, les légendes, la géographie, l’ethnographie, la religion, la langue du pays, 3) ouvrages sur la religion chrétienne en usage dans le pays, 4) exposé sur la manière dont on célèbre
les cérémonies sacrées, 5) modèles, photographies et dessins de la vie
religieuse, 6) œuvres de charité et d’éducation, 7) statistiques
(graphiques, dessins, diagrammes, statistiques comparées de l’œuvre
missionnaire depuis les débuts ainsi que les résultats et progrès dans
les divers champs d’action), 8) histoire de la Mission, 9) collaboration
indigène (clergé indigène, sa formation), 10) photographie (grand
format, environ 40 centimètres) du Supérieur de la Mission et photographie de tous les missionnaires (prêtres, frères, laïques, clergé séculier indigène) pris ensemble, 11) disques phonographiques, afin de
faire entendre la langue des indigènes, 12) reproductions cinématographiques, s’il est possible, des solennités et cérémonies chrétiennes,
des cérémonies païennes, religieuses ou civiles et des danses et jeux
19. « Une visite à l’Exposition Vaticane », Les Missions Catholiques, n° 2918 du
29 mai 1925, année 1925, p. 262.
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indigènes 20.
La visée : une exposition scientifique de l’œuvre des missions
Au vu de ce qui précède, il convient de se demander dans quel
intérêt ces moyens ont été déployés. Le but principal de l’exposition
était de documenter l’activité missionnaire et de porter à la connaissance de tous les efforts de l’Église dans le domaine des missions. En
cela, elle fut un formidable moyen de diffusion des grands principes
sur la doctrine missionnaire que Pie XI formulera un an plus tard dans
son encyclique Rerum Ecclesiæ. Pour le pape, selon L. Zerbini :
l’œuvre missionnaire doit désormais dépasser le caractère misérabiliste, voire passionné des premiers temps. L’Église doit répondre aux
études et analyses des scientifiques laïques, dominés par la pensée
évolutionniste, en donnant aux missionnaires un arsenal idéologique
nécessaire à la compréhension des populations autochtones, seul
moyen de renforcer son rôle et sa place dans le monde. Dès lors, le
concept de « devoir missionnaire » ou de « méthode missionnaire » est
au cœur de la nouvelle politique de Pie XI dont la stratégie est clairement définie par deux axes : méthodologie et adaptation 21.
Adapter l’Église à son temps et enlever des esprits l’idée d’obscurantisme qui a longtemps qualifié ses actions est une priorité pour
Pie XI. En effet, au XIXe siècle, en réaction à la sécularisation
ambiante de la société européenne, les papes ont donné au catholicisme une vision intransigeante en condamnant systématiquement les
aspirations de la société moderne. Ceci a attiré les foudres de
nombreux intellectuels, écrivains, savants et philosophes qui ont vu
dans Rome une puissance d’obscurantisme entravant la liberté de l’esprit et le progrès de la raison 22.
Par ailleurs, la période qui précéda la Première Guerre Mondiale
est surnommée par les historiens la « Belle Époque 23 ». Elle fut
marquée par le progrès social, économique, technologique et politique
en Europe. Quoique ébranlés par la Grande Guerre, les progrès
réalisés à la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe restent d’actua20. « L’exposition vaticane des Missions », Les Missions Catholiques, n° 2910 du
10 avril 1925, année 1925, p. 173-174.
21. ZERBINI, « Le Musée missionnaire ethnologique du Latran. De la collecte à la
patrimonialisation des cultures africaines et océaniennes », Invention…, p. 3.
22. RÉMOND, Religion et société…, p. 132.
23. L’expression est née après la Première Guerre mondiale pour évoquer la
période antérieure à la Grande Guerre et postérieure à la dépression économique de
1870 à 1895. En France, les expositions universelles de 1889 (présentation de la tour
Eiffel) et de 1900 (électricité : Paris, ville lumière !) sont les symboles de la Belle
Époque.
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lité dans les années 1920. Il s’agit surtout, dans un souci de redressement de l’Europe, de renouer avec les prouesses scientifiques. Pour
Pie XI, les actions de l’Église doivent désormais s’inscrire dans cette
mouvance et en premier lieu les missions, par le biais de l’exposition
de 1925. Dans ce dessein, il devient une priorité de montrer la valeur
scientifique de l’apostolat 24. On doit pouvoir appréhender, de toutes
les manières possibles, mais surtout par celle la plus accessible à
l’homme de ce temps, l’œuvre des missions. Il s’agit clairement de se
conformer à la mode des « sciences des lumières » et de ne plus se
contenter de l’empirique. Une idée qui répond aux exigences intellectuelles de l’époque. Le pape pouvait ainsi affirmer lors de son
discours inaugural :
Nous vivons en des temps où, plus que jamais, il est manifeste que tous
les héroïsmes inhérents à la vie des Missions sont, à eux seuls, insuffisants. L’empirisme ne suffit plus à assurer le succès de l’apostolat. Et
l’on veut recueillir le fruit complet de tous ces sacrifices et de tout ce
labeur, il faut demander aux sciences des lumières, qui permettront de
découvrir les chemins les plus directs, qui génèreront les méthodes les
plus efficaces. Ainsi en va-t-il sous nos yeux dans l’industrie, le
commerce, dans toutes les manifestations de la vie économique. Les
Missions ne doivent pas, elles, se soustraire à ces exigences caractéristiques de notre époque 25.
Dès lors, une place importante fut accordée aux sciences et à la
littérature des missions. Sous l’égide de la Sacrée Congrégation de la
Propagande, fut organisée ce qu’il convient d’appeler une « exhibition
scientifique » de l’œuvre des missions. La partie scientifique de l’Exposition a été préparée avec le plus grand soin. Toutes les sciences,
principalement la géographie, l’histoire et l’étude des races, la
linguistique, la physique, l’astronomie, etc., y constituèrent un
précieux matériel d’observation des missions. Les meilleures cartes
géographiques des parties les plus reculées du monde furent disposées
sous les yeux des visiteurs, ainsi que les informations recueillies par
les missionnaires sur la minéralogie, la flore, la faune des pays de
mission 26. La partie médiane des pavillons construits dans la cour de
la Pigna comprenait deux grandes salles : la Bibliothèque et le Salon
24. De surcroît, Pie XI est considéré comme un intellectuel. Il fut successivement
« docteur » c’est-à-dire conservateur de la bibliothèque ambrosienne, préfet de la
bibliothèque ambrosienne et de la bibliothèque du Vatican.
25. Pie XI, discours inaugural de l’Exposition Vaticane des Missions, dans
SIENNE, « Inauguration solennelle de l’Exposition Vaticane des Missions », Les
Missions Catholiques, n° 2899 du 16 janvier 1925, année 1925, p. 26.
26. « L’exposition vaticane des Missions », Les Missions Catholiques, n° 2897 du
2 janvier 1925, année 1925, p. 9.
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de la Propagande. Dans ce dernier furent mises à disposition deux
collections complètes du périodique Les Missions Catholiques ; également une double collection des Annales de la Propagation de la Foi.
Ces revues, uniquement consacrées aux missions, forment 158
volumes, illustrés de plus de 15 000 reproductions de croquis, de
dessins et de photographies envoyés par les missionnaires. « Elles
forment, incontestablement, le plus inépuisable trésor de documents
pour l’étude de l’apostolat auprès des infidèles au cours du dernier
siècle 27 ». Dans une immense salle fut installée la bibliothèque où,
groupée par ordre alphabétique, des livres disposés jusqu’au plafond,
au nombre desquels les publications de l’Imprimerie de la Sacrée
Congrégation de la Propagande, « la plus riche du monde entier en
caractères de toutes les langues » ; les publications de toutes les
œuvres qui viennent en aide aux missions et de toutes les Congrégations missionnaires. La plupart des Vicariats ou Préfectures ont édité
à l’occasion de l’exposition une brochure résumant l’histoire de la
Mission depuis son origine et exposant l’état actuel des œuvres 28.
L’exposition reflète désormais l’intérêt accordé à la missiologie. La
documentation ainsi réunie constituera une base importante pour la
colossale bibliographie missionnaire, Bibliotheca Missionum du père
Robert Streit, omi. Débutée en 1916, elle est la somme de tous les
écrits missionnaires, établie par continent. Au premier volume s’en
rajoutent cinq autres de 1924 à 1930 29.
Par ailleurs, une part importante fut attribuée à la géographie. Des
moyens, parmi les plus modernes, furent déployés pour donner à voir
l’étendue des missions. On pouvait compter au total trois grands
tableaux en relief, seize cartes murales, d’autres tableaux en relief
moins considérables et une multiplicité de petites cartes. Mais le plus
impressionnant fut le grand Atlas édité par l’Institut des Arti Grafiche.
Chacun des pays de mission (diocèse, vicariat, préfecture apostolique)
y fut décrit « avec la plus grande exactitude possible 30 ».
In fine, donner davantage de visibilité aux missions et rendre
compte de ce qui était accompli dans les pays de mission, fût-ce de
manière scientifique, constitua, on a pu le voir, la visée principale de
l’exposition. Mais parallèlement, de manière affichée, il s’agit de
communiquer sur les conversions pour que les fidèles européens vien-
27. « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions Catholiques, n° 2916 du
15 mai 1925, année 1925, p. 238.
28. Ibid., p. 239.
29. VASQUEZ, La cartographie missionnaire…, p. 324.
30. « L’Exposition Vaticane de l’Année Sainte », Les Missions Catholiques,
n° 2892 du 28 novembre 1924, année 1924, p. 572.
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L’EXPOSITION MISSIONNAIRE DE
1925
51
nent en aide aux missions, de quelle que manière que ce soit. N’estce pas ce que le pape a voulu exprimer dans la lettre qu’il adressa au
cardinal Van Rossum ? À travers l’exposition,
les fidèles du monde entier embrasseront dans une immense vue d’ensemble l’extension et l’importance de l’œuvre divine des Missions, les
éléments qui lui sont nécessaires, les difficultés et les obstacles qu’elle
doit surmonter et combattre, le grand travail qui a été fait et celui plus
grand qui reste à accomplir, et ils comprendront le devoir de venir en
aide aux Missionnaires héroïques, qui, abandonnant tout et tous, vont
se dépenser pour le salut de tant d’âmes rachetées par le Sang de JésusChrist 31.
Les missionnaires à qui l’on a demandé tant d’efforts pour la réussite de l’événement l’ont compris. L’exposition va résolument dans
l’intérêt des missions catholiques. Pour que celles-ci se poursuivent et
développent, il faut trois conditions : « intensifier les prières, multiplier les ressources, augmenter le nombre des vocations apostoliques ». C’est pour cela qu’il est important de « faire connaître les
missions dans les pays capables de fournir des missionnaires, de
subsides matériels, des prières ferventes ; donc il faut une grande
Exposition 32 ».
III. RÉFÉRENCES AUX EXPOSITIONS COLONIALES : FAIRE OU NE PAS FAIRE
COMME
À la lumière de ce qui précède, peut-on affirmer que l’Église a
voulu s’inspirer des expositions coloniales dont le but, selon Catherine Hodeir, est de montrer, dans une perspective de glorification de
l’Empire colonial européen, les populations et les richesses des colonies33 ? Si l’exposition missionnaire prend par certains de ses aspects
les airs d’une exposition coloniale, elle entend s’en démarquer 34.
31. Lettre du 24 avril 1923 au cardinal Van Rossum citée dans « L’exposition
vaticane des Missions », Les Missions Catholiques, n° 2897 du 2 janvier 1925, année
1925, p. 9.
32. « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions Catholiques, n° 2916 du
15 mai 1925, année 1925, p. 235.
33. C. HODEIR et M. PIERRE, L’exposition coloniale de 1931, Paris, André
Versaille éditeur, 2011, p. 33.
34. Pour ce qui est du principe d’exhibition des expositions coloniales, on pourra
consulter ces principaux ouvrages : N. BANCEL et al., Zoos humains et exhibitions
coloniales : 150 ans d’inventions de l’Autre, Paris, La Découverte, 2011 ; P. BLANCHARD, Exhibitions : L’invention du sauvage, Paris, Actes Sud, 2011.
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ERICK CAKPO
L’œuvre salvatrice et civilisatrice des missions
Il est clair que l’idée de l’œuvre civilisatrice accomplie par les
Européens qui a souvent constitué le leitmotiv des expositions coloniales revient en filigrane ici. Pour Laurick Zerbini, l’une des idées
principales que souhaite impulser le comité de direction est de
« montrer que les missionnaires sont des “agents” de la civilisation 35 ». Convaincus, les missionnaires font eux-mêmes écho à cette
pensée. En visitant le pavillon de l’Afrique occidentale, le père
reporter n’a pas pu s’empêcher cette réflexion :
… beaucoup d’armes… les luttes entre tribus étaient si fréquentes, il
n’y a pas longtemps, sur tout le continent noir et les sacrifices humains
terminaient toutes les orgies. La peur du soldat européen a arrêté ces
guerres, mais le christianisme seul arrachera la cruauté diabolique
du cœur du Noir en y mettant la douceur de Jésus-Christ 36. Pour les missionnaires, livrer aux yeux de tous les résultats des
actions civilisatrices de l’évangélisation fut un but. Il s’agissait de
convaincre ceux qui se posent encore des questions sur le bien-fondé
des missions extra-européennes.
En observant directement la grandeur de l’œuvre des Missions, ses
immenses développements, son importance devant Dieu et devant les
nations, ils (les visiteurs) seront frappés de la beauté, toujours plus
resplendissante, des pages de civilisation et d’évangélisation qui s’écrivent de la sorte et qui prolongent les « Actes des apôtres » par la diffusion des paroles et du sang du Christ 37.
Et on tenait surtout à en montrer les preuves à travers les objets
exposés. « Les divers stands de l’Afrique renferment des objets d’art
de fabrication indigène qui donnent une haute idée de ce que, par
l’éducation dans des écoles professionnelles, les missionnaires
peuvent obtenir de peuplades primitives 38 ».
La justification de l’œuvre civilisatrice de l’évangélisation semble
pourtant en déphasage avec la conception de revalorisation des
cultures et des peuples indigènes que l’Église commença d’avoir à
35. ZERBINI, « Les expositions missionnaires, De l’objet-document à l’objetmémoire », dans La mission en textes…, p. 285-286.
36. SIENNE, « Inauguration solennelle de l’Exposition Vaticane des Missions »,
Les Missions Catholiques, n° 2899 du 16 janvier 1925, année 1925, p. 27. L’auteur
met en avant le stéréotype de la « cruauté diabolique » du Noir mais oublie que sept
ans auparavant, en Europe, le nombre des pertes humaines de la Première Guerre
mondiale militaires et civiles s’élève à plus de 40 millions.
37. Ibid.
38. « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions Catholiques, n° 2918 du
29 mai 1925, année 1925, p. 260.
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L’EXPOSITION MISSIONNAIRE DE
1925
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cette époque-là. L’entre-deux-guerres marqua un tournant décisif dans
l’histoire des missions catholiques. Est-ce en raison du changement
des mentalités provoqué par les événements de la Grande Guerre ? En
effet, lors du conflit, de nombreux missionnaires mobilisés ont été
remplacés dans les missions par des catéchistes laïques locaux. La
guerre permet donc aux catholiques d’Afrique, d’Asie et d’Océanie de
prendre conscience de leur indépendance religieuse ou du moins de
leur capacité à assumer seuls le culte 39. De manière corrélative, les
encycliques Maximum Illud (1919) de Benoît XV et Rerum Ecclesiae
(1926) de Pie XI donnèrent une nouvelle impulsion aux missions en
réaffirmant l’égalité des chrétiens, quels qu’ils soient. Ceci se concrétisera un an après l’exposition par la consécration par Pie XI, le
28 octobre 1926, d’évêques non-européens. Il s’agit de six évêques
chinois 40. La propagande autour de l’œuvre salvatrice et civilisatrice
de l’évangélisation dans laquelle s’inscrit l’exhibition des objets des
pays de mission, par l’objectif visé – mettre en contexte et satisfaire
la curiosité des Européens –, contredit le principe d’égalité émergeant.
Mais l’Église s’en défend. Les objets exposés sont le signe apparent
de la « communion des âmes ». Il demeure cependant que dans un tel
contexte, ils sont de véritables indicateurs du niveau de culture des
sociétés 41. Le manque de cohérence entre les objets (fétiches africains, danseuses cambodgiennes, divinités bouddhiques du Siam,
cannes, papillons, plantes vénéneuses etc…) et l’absence d’information sur les productions locales achèvent de jeter le doute sur le caractère unificateur qui sous-tend leur exposition. Qui plus est, dans leur
choix, on a paré au plus pressé en privilégiant la curiosité des destinataires. Sinon, comment comprendre la présence d’un veau empaillé à
deux têtes dans une exposition missionnaire 42 ?
39. D. DELŒI, « La mise en œuvre de la Propagande missionnaire en Bretagne :
De la Grande Guerre à la décolonisation, de Benoît XV au concile
Vatican II. L’exemple du diocèse de Nantes », dans La mission en textes …, p. 266.
40. Certains auteurs voient dans cet acte un événement majeur dans l’émancipation des Églises locales. « Alors que Benoît XV souligne le danger des nationalismes,
son successeur pose l’hypothèse d’une émancipation des peuples colonisés » affirme
Gu. LE QUINTREC, Le Petit Messager des Missions, Écho des missionnaires nantais
(1880-1963), Mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine, sous la direction du
professeur Marcel Launay, Univ. de Nantes, 1989, p. 168.
41. ZERBINI, « Les expositions missionnaires, De l’objet-document à l’objetmémoire », dans La mission en textes…, p. 289.
42. L’animal fut exposé par les Fils du Cœur Immaculé de Marie (missionnaires
clarétains) de la préfecture apostolique de Choco (Colombie). Voir « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions Catholiques, n° 2916 du 15 mai 1925, année 1925,
p. 237.
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ERICK CAKPO
Rompre avec les expositions ethnologiques
Entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe se succédèrent en Europe un nombre conséquent d’expositions internationales
coloniales parmi lesquelles celles de Londres (1886), de Lyon (1894 et
1914), de Turin-Florence-Rome (1911) et la plus connue, celle de Paris
Vincennes en 1931. Elles se sont toutes illustrées par des expositions
ethnologiques encore appelées « zoos humains », dont le principe
consistait à mettre en contexte les populations « indigènes » qui étaient
censées montrer, pour la curiosité des Européens, leur mode de vie 43.
Les valeurs d’égalité entre les chrétiens défendues par l’Église
l’ont-elles empêchée de reproduire cette expérience ? Si l’affirmative
est la forme qui correspond à cette question, l’idée a-t-elle effleuré,
fût-ce par zèle, certains responsables d’Instituts missionnaires ? La
réponse de Jean-Marie Chabert, Supérieur Général de la Société des
Missions Africaines (1919 à 1933) au Cardinal-Préfet de la Propagande, suite à la lettre de sollicitation envoyée aux chefs de mission,
est intéressante. Afin de ne pas trahir la pensée du père Chabert, nous
reproduisons ici l’intégralité de la partie concernant la suggestion de
faire venir des indigènes néophytes.
Notre Société possède un musée des Missions dont beaucoup d’objets
seraient faits pour intéresser les visiteurs de l’exposition et leur donner
une idée plus exacte de la vie et des mœurs des peuples au milieu
desquels nos missionnaires sont appelés à travailler. À ce sujet, je me
permettrai de faire part à Votre Éminence d’une idée qui me semble
propre à donner à cette manifestation une portée plus grande. Ce serait
de faire venir à Rome et à cette occasion de petits groupes de néophytes
des différentes régions du monde catholique. Ils viendraient y vénérer
les tombeaux des glorieux Apôtres Pierre et Paul et apporter au Père
commun des fidèles, Sa Sainteté Notre Père Très Saint Père le Pape
Pie XI, l’hommage de leur attachement et de leur vénération. Ils ne
manqueraient pas d’en être profondément touchés et rentrés chez eux
seraient au milieu de leurs peuples ou de leurs tribus les témoins
vivants de la beauté, de la grandeur et de la vitalité de la sainte Église
catholique. D’un autre côté tous les chrétiens qui se rendraient à Rome
à cette occasion apprendraient à reconnaître dans ces représentants des
peuples lointains des frères dans la Foi et leur sympathie comme leur
charité pour eux ne pourraient que s’en accroître singulièrement. Sans
doute l’application de cette idée ne manquerait pas de provoquer de
grandes dépenses, mais combien les résultats seraient faits pour les
compenser ! Les gouvernements civils ont régulièrement recours à cette
pratique quand ils organisent des expositions coloniales. Un groupement dans la Ville éternelle de catholiques de toute tribu, de toute
43. BANCEL et al., Zoos humains et exhibitions…..
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L’EXPOSITION MISSIONNAIRE DE
1925
55
nation et de toute langue me paraît devoir être la plus grande manifestation catholique qui se puisse concevoir 44.
La lecture de la proposition du Supérieur semble dissuader de tout
jugement hâtif. Il est bien question de faire venir des chrétiens des
pays de mission, mais à aucun moment il n’est fait cas de leur exposition. Le père tire indubitablement son idée des expositions coloniales puisqu’il en fait lui-même mention. Cependant, il semble
inscrire la proposition dans une démarche dont le but est triple :
montrer leur attachement au pape, témoigner auprès des leurs de la
grandeur du catholicisme et amener les chrétiens européens à reconnaître en eux des « Frères dans la Foi ».
Il y a des raisons de croire que la suggestion du père Chabert
n’avait aucune chance d’être prise en compte par le comité de direction de l’exposition. Toute idée qui tend à mettre en scène les populations indigènes effarouche l’Église, surtout à un moment où il s’agit
de proclamer les valeurs « universelles » des missions. Du reste, la
véhémence de certains membres du clergé, sur fond de crise entre
l’Église et certains États, prend des airs de protestations contre les
expositions coloniales :
L’Exposition (Missionnaire Vaticane) a eu le bon goût de n’exhiber
aucun être vivant, les cases, les huttes, les villages, ne sont habités que
par des mannequins. L’Église répugne à offrir des hommes en spectacle
à d’autres hommes ; tous, même les plus sauvages, sont nos frères. On
met des singes et des tigres dans les jardins d’acclimatation ou les
ménageries, passe ! Des hommes présentés d’une manière presque
identique, sous des paillotes sordides… non ! Unissons nos efforts pour
les tirer de leur dégradation, mais laissons-les chez eux 45 !
On en déduit que si l’Église et l’État ont en commun un devoir :
civiliser les indigènes, aux yeux des missionnaires, il faut préserver la
dignité de ces peuples 46. L’histoire montre que l’Église s’est, à
maintes reprises, associée aux expositions internationales coloniales.
Elle a adjoint une exposition d’art sacré et des missions catholiques –
Mostra d’Arte Sacrae delle Missioni Cattoliche – à l’Exposition
44. Lettre du Supérieur de la Société des Missions Africaines au Cardinal-Préfet
de la S. Congrégation de la Propagande datée du le 25 mars 1923 référencée : SMA
Entrée n° 401/4, Rubrique n° 3/5, 1929 aux archives générales de la SMA, Via della
Nocetta 111, 00164 Rome.
45. « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions Catholiques, n° 2918 du
29 mai 1925, année 1925, p. 260.
46. Un certain point de vue tend à montrer qu’en donnant priorité au salut des
âmes, la mission présente des aspects purement religieux qui la distinguent de la colonisation. Voir C. PRUDHOMME, Missions chrétiennes et colonisation XVIe-XXe siècles,
Paris, Cerf, 2004, p. 188.
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ERICK CAKPO
Générale Italienne de 1898 de Turin. Une association créée pour l’occasion – réunissant des laïcs et des religieux, parmi lesquels Ernesto
Schiapparelli, égyptologue et grand voyageur – supervisait l’organisation et la réalisation de la section missionnaire. Les stands de
l’Église furent reliés à la partie principale par une passerelle baptisée
« pont de la Concorde 47 ». Ce cas montre le manque de prise de
distance de l’Église par rapport à ces expositions, d’autant plus qu’on
sait qu’il y a plus de soixante-dix indigènes originaires d’Inde, de
Chine, de Terre sainte, de Haute-Égypte, d’Érythrée et d’Abyssinie,
de Bolivie et du Brésil qui furent présentés à Turin 48. L’exposition
coloniale de 1931 organisée par la France et qui marquera le terme et
l’apogée des exhibitions ethnologiques a vu la participation des
missions catholiques. C’est par l’entremise du vice-amiral Lucien
Lacaze, ancien ministre français de la Marine et proche des missions
catholiques, que Rome posa une requête auprès du gouvernement
français 49. Qu’est-ce qui peut justifier ce ralliement ? Dans les deux
cas, l’objectif affiché est de collecter des fonds pour les missions 50.
Pour l’exposition de 1931, le Saint-Siège adresse un appel au peuple
de France pour que « ses générosités permettent de mettre en pleine
lumière dans la grande manifestation nationale de 1931 l’œuvre
féconde de ceux qui sont parmi les plus vaillants et les plus modestes
de ses fils et de ses filles 51 ». Par ailleurs, dans le contexte de séparation entre l’Église et l’État que connaît désormais la France, l’appel
au don lancé concernait en partie le financement des pavillons.
*
*
*
47. L. DELGADO et al., « Les zoos humains en Espagne et en Italie : entre spectacle et entreprise missionnaire », dans N. BANCEL et al., Zoos humains, Au temps des
exhibitions humaines, Paris, La Découverte, 2004, p. 242.
48. Ibid, p. 242-243. L’auteur souligne que « foi et patrie sont deux concepts
associés pour lesquels on demande une aide économique et diverses facilités. En
même temps se fait sentir le profond besoin de réaffirmer le rôle de l’Italie comme
alma mater de l’apostolat catholique contre l’éternelle concurrence des œuvres
missionnaires étrangères, en particulier françaises et protestantes ». On remarque là
qu’en dépit des relations conflictuelles entre l’Italie et le Saint-Siège à cette époque,
les deux États savent s’associer pour défendre la même cause : leur puissance souveraine. PRUDHOMME, Stratégie missionnaire du Saint-Siège…, insiste sur l’articulation
entre la grande diplomatie romaine et la politique missionnaire.
49. HODEIR et PIERRE, L’exposition…, p. 53.
50. Voir DELGADO, « Les zoos humains en Espagne et en Italie : entre spectacle
et entreprise missionnaire », dans BANCEL et al., Zoos humains…, p. 242 et HODEIR et
PIERRE, L’exposition…, p. 54.
51. HODEIR et PIERRE, ibid.
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L’EXPOSITION MISSIONNAIRE DE
1925
57
Au terme de cette contribution, il paraît nécessaire de poser la
question du bien-fondé de l’exposition missionnaire de 1925. Il se
trouve, nous semble-t-il, résumé dans cette affirmation :
Le monde entier, écrit Bernard Sienne, dans la Croix de Paris, est le
théâtre de l’apostolat catholique, et c’est bien le monde entier qui vous
présente ses aspects si divers à l’Exposition universelle des missions,
avec d’antiques civilisations non chrétiennes à conquérir au Christ, ou
des peuplades païennes à éclairer de la lumière évangélique, avec de
grandes nations modernes qu’un christianisme altéré par l’hérésie ou
simplement une antique rupture avec le Siège apostolique ont ravies
plus ou moins complètement à l’unique bercail et à l’universel
Pasteur 52.
À travers ces phrases se dessinent les principales motivations qui
ont conduit à son organisation. Bien au-delà de la « grandiose
synthèse 53 » que l’événement constitua pour l’œuvre missionnaire, il
fut un véritable moyen d’affirmation, aux yeux du monde, de la toutepuissance du Vatican. Selon le bulletin Les Missions Catholiques,
l’idée que l’on retiendra de l’exposition est qu’elle fut « une démonstration vivante de la puissance universelle de la papauté et de la filiale
docilité des missionnaires envers leur chef suprême 54 ».
Ceci met en filigrane l’aspect le plus apparent des conflits entre
Églises et États caractérisés par la lutte pour le pouvoir, dont le point
de départ est la Révolution Française 55. La réaction à la rupture des
nations modernes avec le Siège apostolique dont parle le père Sienne
a été l’affirmation du rôle central de Rome. Par rapport à la politique
missionnaire de Pie XI, il y a tout de même là un paradoxe difficile à
saisir. Sous le « pape des missions », l’heure a été à l’ouverture, avec
comme conséquences des avancées considérables vers la reconnaissance officielle de l’autonomie des Églises locales dont le signe
visible fut, rappelons-le, la consécration des évêques chinois 56. S’oppose à cette ouverture une vraie politique de centralisation des
missions à laquelle la tenue de l’exposition fait écho. Il paraît impossible de ne pas voir dans cette politique une volonté affichée de main52. B. Sienne cité dans « Une visite à l’exposition Vaticane », Les Missions
Catholiques, n° 2916 du 15 mai 1925, année 1925, p. 234.
53. Ibid.
54. Ibid, p. 235.
55. RÉMOND, Religion et Société…, p. 105. L’auteur situe le point de départ de
ce conflit à la Révolution Française en raison de la brèche qu’elle a ouverte « qui ne
s’est pas refermée depuis et qui est allée sans cesse s’élargissant » (p. 17).
56. Il faut noter que c’est sous Pie XII puis Paul VI que cette autonomie advint
avec la généralisation des hiérarchies locales et la régression des vicaires apostoliques.
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tenir l’autorité de Rome dans un monde en proie à l’agitation libérale.
Doit-on aller jusqu’à établir une relation entre la tenue de l’exposition et la défense des intérêts politiques de Rome ? Si l’exercice
semble périlleux, il ne faut pas oublier qu’en 1925 la controverse liée
à la « question romaine » bat toujours son plein et qu’elle ne connaîtra
sa fin qu’en 1929 grâce aux Accords du Latran 57.
Il faut remarquer qu’aujourd’hui le champ sémantique du pouvoir
de l’Église s’est considérablement réduit, sûrement en raison de la
nouvelle ère qu’ouvrent dans les années 1960 le Concile Vatican II et
l’accession à l’indépendance politique de beaucoup de pays de
mission, notamment africains. Le glissement sémantique du mot
pouvoir vers des termes plus atténués, plus sacerdotaux, se manifeste
à travers les travaux du Concile. Dans Lumen Gentium, pour désigner
la hiérarchie, on préféra le terme munus (tâche) ou des mots qui signifient le service. Par conséquent, il apparaît que le Concile Vatican II
repositionne le rôle central du pape augmenté depuis le Concile de
Trente qui consacra la structure du clergé, en affirmant avec force ses
fondements 58. Les années 1960-1970 redéfinissent les relations entre
le Centre romain et les Églises locales – une redéfinition qui est
toujours sujette à débat.
Somme toute, il s’agit de savoir si l’affirmation de la toute-puissance de l’Église catholique tient toujours, fût-ce par le biais de son
expansion. Les pouvoirs politiques des États européens constituaient
au XXe siècle un concurrent face à qui l’Église, pour ne pas perdre
pied, devait défendre ses intérêts notamment dans les pays de mission.
Aujourd’hui, la lutte de l’Église dans ces pays reste sur le terrain religieux. Le développement spectaculaire des nouveaux mouvements
religieux d’obédience protestante dans des régions traditionnellement
catholiques comme l’Amérique latine ou l’Afrique de l’Ouest est une
véritable entrave à l’expansion du catholicisme. Pour donner une idée
de la prolifération en Afrique par exemple, de manière locale, pour la
seule ville de Kinshasa (République du Congo), le nombre de ces
mouvements est estimé à plus de 8 000 pour une population évaluée à
près de 7,5 millions d’habitants 59.
57. La question romaine est une controverse politique relative au rôle de Rome,
siège du pouvoir temporel du pape mais aussi capitale du Royaume d’Italie. Voir
E. ABOUT, La question romaine, Paris, Nabu Press, 2010 ; ou de manière succincte
RÉMOND, Religion et Société…, p. 137-142.
58. J. COMBLIN, Église et pouvoir, Santiago de Chili, Enrique A. Orellana éd.,
2005, p. 9.
59. W. Musitu LUFUNGULA et W. Kitoko MATUMONA, « Nouveaux mouvements
religieux et identité culturelle », Classiques des sciences sociales, n° inédit, 2007, p. 5.
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L’EXPOSITION MISSIONNAIRE DE
1925
59
On retiendra que l’exposition fut une belle démonstration de
force. Les moyens engagés ont permis de faire du Vatican, pendant
une année, « la capitale du monde » et le centre des missions. L’événement a vu converger vers Rome des milliers de chrétiens 60. On a pu
livrer à qui voudra l’accepter une véritable « synthèse missionnaire ».
Le pari si cher aux yeux de Pie XI de permettre à l’Église de se
départir de son image d’obscurantiste fut relevé. Elle pourra désormais s’attribuer le mérite d’avoir contribué à faire avancer une discipline alors à la mode : l’ethnologie. À la fin de l’événement, le pape
accueillit les témoignages de vive admiration pour la section ethnographique de l’exposition vaticane. Ceux-ci furent exprimés par les
représentants les plus qualifiés de la science officielle en Italie, entre
autres La société italienne d’anthropologie et d’ethnologie de
Florence. Le Graal des hommages est venu d’un député italien,
M. Antonio Anile, ancien ministre de l’Instruction publique et professeur à l’Université de Naples :
Les savants qui s’efforçaient hier encore de mettre en opposition la
science et l’Église doivent maintenant faire un acte de contrition et
traverser le pont où Dante passa lorsqu’il allait au Vatican pour le
Jubilé. L’Église, accusée d’obscurantisme, a aujourd’hui allumé les
feux les plus élevés et les plus brillants qui aient jamais été allumés
dans le monde 61. Un an après la tenue de l’exposition, conformément au souhait de
Pie XI, environ 40 000 œuvres furent sélectionnées parmi les objets
exposés pour fonder le premier Musée Missionnaire Ethnologique de
l’histoire. Celui-ci, en lien étroit avec l’exposition, jette selon Laurick
Zerbini les bases d’une « ethnologie catholique 62 ».
Érick CAKPO
Strasbourg
60. Selon les chiffres de l’Osservatore Romano, l’exposition a drainé plus de
520 000 personnes entre décembre 1924 et septembre 1925.
61. Cité dans Les Missions Catholiques, n° 2923 du 3 juillet 1925, année 1925,
p. 317.
62. ZERBINI, « Le Musée missionnaire ethnologique du Latran. De la collecte à la
patrimonialisation des cultures africaines et océaniennes », Invention…, p. 3.
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