penseurs principaux qui inspirèrent ce mouvement furent
Kant,
Hegel
et,
dans une moindre mesure, Herman Lotze. Leurs influences respectives ont
néanmoins été modelées et adaptées aux nouvelles circonstances histori-
ques et culturelles. Trois hypothèses de base étayent notre propos : tout
d'abord,
les thèses idéalistes britanniques méritent bien qu'on les examine
pour
elles-mêmes ; ensuite, les écrits des idéalistes, à
travers
leurs commen-
taires
critiques philosophiques, éclairent considérablement les œuvres phi-
losophiques, scientifiques et politiques d'un grand nombre de leurs
contemporains ; enfin, leur œuvre garde un intérêt et une pertinence face
aux interrogations philosophiques et politiques d'aujourd'hui (ce dernier
point ne sera cependant pas développé ici)1. On proposera d'abord un bref
aperçu
historique de ce mouvement et de ses thèses philosophiques géné-
rales
avant d'orienter la réflexion vers un exposé critique des conceptions
évolutionnistes, religieuses, morales et politiques des Idéalistes.
APERÇU HISTORIQUE
L'Idéalisme britannique prend racine en
Ecosse
et à Oxford au
milieu du XIXe siècle, et devient rapidement la philosophie dominante
grâce aux écrits et à l'influence personnelle de ses représentants, tels
Fra-
ser
Campbell, Edward
Caird,
T. H. Green, F. H. Bradley, Bernard
Bosanquet, Henry Jones, Andrew Seth, D. G. Ritchie, J. S. Mackenzie,
William
Wallace, W. R. Sorley, J. M. E. McTaggart ou encore John
Watson.
Au début du
XXe
siècle, ses thèses fondamentales sont remises en
question par des philosophes tels que John Cook Wilson, G. E. Moore et
Bertrand
Russel. Quoiqu'il ait été élaboré initialement dans les universités
écossaises,
à Oxford et, dans une moindre mesure, à Cambridge, on peut
noter
qu'il
s'est
rapidement étendu vers le reste du monde anglo-saxon
au cours de cette période. Du fait de la demande croissante d'uni-
versitaires
due à la fondation de nouvelles universités en Angleterre, au
pays de Galles ainsi que dans les colonies britanniques et aux Etats-Unis,
les élèves de nombreux Idéalistes britanniques de la première génération
deviennent les propagateurs de l'Idéalisme qui colonise ainsi l'Australie,
la
Nouvelle-Zélande, le Canada, l'Afrique du Sud et les États-Unis
d'Amérique jusque dans les années 1930. Dans tous ces pays à l'excep-
tion des États-Unis, la plupart des chaires philosophiques d'importance
sont occupées, au cours des premières années du
XXe
siècle, par des Idéa-
listes, souvent partisans ou disciples des philosophes britanniques. A
partir
du début du
XXe
siècle, l'Idéalisme en marche se heurte à des obstacles
et, dès les années 1920, il entame un lent repli, partiel néanmoins. Pour-
tant,
les Idéalistes britanniques continuent à imprégner de leurs doctrines
1.
Il est cependant examiné par David Boucher et Henry Vincent, dans leur livre
British Idea-
lism
and
Political Theory
(Edinburgh, Edinburgh University Press, 2000).