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Université de Lausanne
Faculté des Lettres Section de philosophie
Chaire de philosophie générale et systématique
Cours de philosophie générale automne 2012
Professeur : R. Célis, Assistante : S. Burri
« Introduction aux philosophies de l’existence »
Introduction
Le cours de ce semestre s’intitule « Introduction aux philosophies de l’existence ». Pourquoi
choisir un tel thème ? Et d’abord que signifie cette expression ? Il s’agit d’expliquer l’actualité, la
pertinence de cette philosophie à notre époque contemporaine. Cette expression « philosophie de
l’existence » a été forgée par le penseur danois Sören Kierkegaard (1813-855). Au Danemark, ainsi
que dans les pays nordiques en général, la philosophie dominante se trouve être à cette époque
l’idéalisme allemand, représenté majoritairement par Hegel (mais aussi Fichte et Schelling). Il faut
dire que l’idéalisme allemand a dominé la scène germanique et européenne durant une grande partie
du XIXe siècle. Kierkegaard se situe donc dans ce contexte où dominent les vastes systèmes
intégratifs de l’idéalise allemand. En effet, le propre de l’idéalisme allemand est qu’il tente
d’intégrer, au sein du système, toutes les sciences. Par exemple, l’ambition d’un Hegel est
d’expliquer le cours de l’histoire, d’en comprendre le sens de manière globale et complète. On se
situe donc à un niveau assez général et qui traite de thèmes qui ont peu ou prou à voir avec
l’individu singulier. Cette philosophie a facilement pu se répandre dans les pays du nord pour la
simple raison qu’elle est inspirée du protestantisme luthérien. Luther a en effet été un instigateur
involontaire de ce courant philosophique dans la mesure il concevait quelque chose de
résolument moderne, à savoir une religion qui se distingue et se sépare de l’autorité laïque, religion
qui annonce donc la liberté de conscience, le tolérance, le libre arbitre etc… Toutefois une telle
religion annonce également, dans sa sobriété même, l’absence d’esthétique et l’attitude capitaliste
naissante. Il s’agit d’une pensée générale de la privation.
Qu’est-ce qui va donc susciter la réaction ou la distanciation de Kierkegaard eu égard aux grands
systèmes de l’idéalisme allemand ? Ce qui l’a heurté d’abord, c’est la faculté d’adaptation de ces
systèmes avec les régimes politiques de l’époque. Il est vrai que les penseurs de l’idéalisme
allemand sont loin d’être des contestataires. Bien au contraire, ils légitiment, viennent assurer le
pouvoir en place. Il faut dire que malgré le progrès des Lumières, ni la France, ni l’Allemagne en
avait fini avec l’Ancien Régime. Et c’est bien ce contre quoi Kierkegaard s’est tout d’abord érigé :
c’est le fait que la religion et la scolastique de son temps avait une propension à donner toujours
plus de crédit à la marchandisation de toutes choses, à la réussite conçue comme vie
entrepreneuriale. Autrement dit, Kierkegaard s’est érigé contre l’idée d’une vie entièrement
consacrée à l’augmentation du capital. C’est qu’une telle vie lui apparaissait comme entièrement
privée de sens. Dans une certaine mesure, on voit bien que cette piété envers l’argent comme valeur
dominante a toujours cours aujourd’hui. Tout se vend, tout se marchande, la culture et l’art, le
savoir et la religion.
Compte-rendu de la séance du 29 septembre 2012
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