PLAN DE COURS
Département de sociologie
Université du Québec à Montréal
Sigle : SOC 3060 Groupe : 10
Titre : Sociologie de la culture
Session : automne 2016
Enseignant : Michel Ratté
Téléphone : (514) 987-3000 poste 8453
Bureau : A-5265
Courriel : soc3060.gr10[email protected]
AVIS À TOUTES LES ÉTUDIANTES ET TOUS LES ÉTUDIANTS
Les étudiants (es) doivent se procurer leur adresse normalisée de l’UQAM.
Étapes à suivre :
1. Aller au http://www.info-courrier.uqam.ca
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3. Vous trouverez votre NIP sur votre relevé facture ou votre bulletin d’inscription
4. Vous pouvez consulter vos messages directement à l’adresse suivante :
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REMISE DES TRAVAUX
Au moment de la remise des travaux, les étudiants(es) désireux de les récupérer sont priés
d’y joindre une enveloppe suffisamment affranchie afin qu’ils leur soient retournés par
la poste. Vous devez conserver une copie de vos travaux avant de les déposer dans la
chute située face au local A-5070 du Pavillon Hubert-Aquin.
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SOCIOLOGIE DE LA CULTURE
SOC 3060 GROUPE 10/Automne 2016
MICHEL RATTE
Téléphone : 987-3000 poste 8453
INTRODUCTION HISTORIQUE À LA NOTION DE CULTURE
Le cours introduit à quelques grandes perspectives des sciences humaines et sociales sur la culture afin
que l’étudiant et l’étudiante puissent, entre autres, mieux comprendre certaines spécificités des sociologies
de la culture qui ne sont toutefois jamais complètement isolées des autres disciplines des sciences
humaines et sociales. En outre, il faut comprendre l’histoire conceptuelle et idéologique de la notion de
culture où celle-ci a acquis différentes significations bien avant que l’anthropologie ou la sociologie
existent. Cela est d’autant plus important que de telles significations sont même encore concourantes dans
le sens commun aujourd’hui. Les significations savantes et idéologiques de la notion de culture ont
souvent mobilisé d’autres notions pour les rendre constitutives du sens de « culture » en leur sein. C’est le
cas de notions comme celles de mimesis et d’habitus qui sont centrales en anthropologie et en sociologie
et dont il sera question plus particulièrement dans ce cours.
Une signification importante du mot « culture » pour le sens commun contemporain est celle de « monde
partagé » qui inclut autant la vie ordinaire que les symboles fondateurs de ce monde. Mais cette
signification n’était pas possible avant que Herder, le penseur romantique allemand, parle des cultures
comme de l’expression de l’unité et de l’unicité des peuples à la fin du 18e siècle. Ce sens côtoie par
ailleurs celui de culture comme Bildung, comme activité d’autoformation de la subjectivité individuelle à
travers la fréquentation des « grandes œuvres de l’humanité ». Encore une fois, c’est après la construction
progressive, à partir de la fin de la Renaissance, de l’expérience subjective qu’on appellera à la fin du
18e siècle , l’« expérience esthétique » de l’art et de la nature que l’on finira par parler de culture à la
fois comme du patrimoine artistique cumulé et privilégié pour l’expérience esthétique et du résultat
cumulatif de l’expérience esthétique individuelle faite avec ces œuvres d’art.
La culture comme objet scientifique ne pouvait donc exister que tardivement et ce n’est en effet qu’à partir
du milieu du 19e siècle qu’émerge un projet d’anthropologie culturelle. Évidemment, le romantisme post-
herderien donne une forme précise à l’anthropologie allemande et sa postérité américaine. On verra
sommairement comment la discipline montre des caractéristiques historico-intellectuelles et
sociopolitiques particulières dans les espaces culturels britannique et français également.
MIMESIS
Le concept de mimesis est le révélateur des enjeux spécifiques du passage de la culture orale à la culture
écrite dans le monde grec ancien, ce creuset de la civilisation occidentale. Il s’agit d’un mot qui thématise
le mode de transmission de la culture orale. Celui-ci devient, dans l’expérience de la pensée grecque
nouvellement scripturaire, l’objet d’une critique philosophico-politique radicale chez Platon, autant que
d’une entreprise de transfiguration pour son acceptation restreinte chez Aristote. À partir de ces deux
perspectives, le concept traverse l’histoire de la culture occidentale tout en subissant l’oubli de ses
origines anthroposociologiques, c’est-à-dire sa construction et sa transfiguration au moment même où
l’oralité et l’écriture sont en rivalité. Limportance de la notion de mimesis et sa place auprès de celle de
culture n’en demeurent pas moins centrales dans l’histoire de l’occident jusqu’à nos jours.
HABITUS
Les sociologies de la culture sont autant de réparties ou de compléments aux diverses manières de poser le
sens de « culture » en anthropologie. On s’attardera à celles qui font du concept d’habitus et d’autres
concepts opératoires apparentés, les leviers pour une compréhension des formes de dispositions et
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capacités à interagir spontanément et de manière significative. Il sera d’abord question de considérer
comme un correctif à la perspective positive de l’anthropologie, la reproduction de la domination à travers
les coutumes de la vie ordinaire qui sont comme « naturalisées ». Norbert Elias a prétendu trouver au sein
de la société de cour et Pierre Bourdieu dans le phénomène du goût qui incidemment nait dans la
société de cour des manifestations éloquentes d’autodressage affectif et normatif qui sont des voies
d’intégration sociale, mais aussi de consentement plus ou moins inconscient aux rapports de pouvoir
existant. La sociologie a aussi envisagé formellement la culture au sens de savoirs implicites, non
thématisés, mais motivant nos rapports de manière continue dans la vie quotidienne. Il s’agit alors de
comprendre positivement, par exemple, les structures du « monde vécu » social (A. Schutz) et les rites
d’interactions (E. Goffman) qui constituent la strate de la vie significative infra-institutionnelle dans les
sociétés contemporaines. En face de ces diverses conceptions de l’effectivité structurante de la vie
ordinaire sédimentée, se pose, entre autres, la question de savoir s’il est opportun ou non, dans la
conceptualisation des habitus et autres savoirs ou dispositions sédimentés, de faire de la domination un
facteur constitutif.
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La mimesis est imitation de la nature dans son faire significatif dirait Aristote, l’habitus « naturalise » la
contrainte normative par « intériorisation » disent les sociologues et la culture en son unité est comprise
par d’autres (par exemple Hegel) comme « seconde nature ». Mais on dit également que la culture et la
nature sont des notions qui s’opposent… Nous aurons le souci dans la traversée des thèmes de la mimesis
et de l’habitus de ne pas être happés par le paradoxe de la coexistence d’une part de la compréhension
générale de la culture par opposition à la nature, et d’autre part, de la fonction de métaphore du vocable
« nature » pour caractériser la genèse, la persistance, la transformation et l’unité de la culture.
RÉSISTANCE CULTURELLE, MÉMOIRES VICTIMAIRES
ET ÉTUDES POSTCOLONIALES
Dans un mouvement inverse de celui de la sociologie bourdieusienne, et au même moment, les Cultural
Studies dont le noyau dur est d’inspiration marxiste, considèrent que la culture populaire recèle d’abord
une inertie, puis une logique propre de consommation des produits de masse, voire une capacité de
subversion devant la mobilisation de la vie ordinaire qu’appelle la social-démocratie, consumériste et
massmédiatique. Cela étant dit, aujourd’hui la culture, plus que jamais, se comprend au pluriel pour le
champ élargi des sciences sociales. Lauto-observation anthropologique et les nouveaux savoirs
historiques confortant celle-ci constituent un nouveau substrat pour une réinterprétation de la culture. Ce
sont les notions transdisciplinaires d’identité, de différence, de métissage, de dette culturels, etc. qui
ressaisissent la nébuleuse sémantique de l’idée de culture dans le contexte dit « postmoderne » et
« postcolonial », ainsi que sous l’emprise de la globalisation économique contemporaine.
LE TRAVAIL DE LA CULTURE ET LE DÉFI DE LE PENSER
Certaines sociophilosophies se sont fait « critiques de la culture » en regard de ce qu’elles conviendraient
de nommer la « perte de sens parta » que la culture est pourtant censée recueillir, reproduire et enrichir.
Le mot culture signifie alors l’héritage spirituel du monde occidental fragilisé dans le contexte de la
modernité marquée par la profonde ambivalence de sa valeur civilisationnelle. On parlera alors de
« crise » (H. Arendt), de « réification » (G. Lukacs, École de Francfort) ou de « tragédie » de la culture
(G. Simmel). On s’attardera plus particulièrement à la théorie simmelienne de la culture de la modernité
qui, au-delà des prises de position dystopiques et utopiques qui se sont multipliées depuis le début du
20e siècle, propose une compréhension de la culture comme un processus métabolique exigeant
l’objectivation de la subjectivité, ce qui fait croître de manière incommensurable la culture objective. La
« tragédie » de la culture tiendrait au fait de l’impossibilité que cesse notre propre contribution subjective
à la toujours plus grande impossibilité d’embrasser la totalité croissante de la culture objective. Mais peut-
on encore parler de « tragédie » si, après le siècle qui nous sépare de l’élaboration de cette théorie, la
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culture objective n’étouffe toujours pas le processus d’objectivation culturelle de la subjectivité? Ne vaut-
il pas la peine alors de rebâtir entièrement la pensée de l’unité de la culture ? C’est à une telle question que
répondent indirectement positivement ou négativement les options épistémologiques
contemporaines ; elles n’y répondent évidemment pas sans égard à leurs conséquences politiques.
Organisation
Chaque séance exigera une préparation et une participation active des étudiants. Des textes dont la lecture
est obligatoire seront indiqués.
La majeure partie des séances sera constituée d’un exposé magistral suivi d’une période de questions. À
l’occasion, on aura des périodes de discussion libre sur un problème relatif à un thème abordé lors de la
séance. D’autres séances seront l’occasion de travail en atelier. À quelques reprises, on fera usage de
matériel audiovisuel. Il est aussi possible que des invités spécialistes viennent nous entretenir d’un sujet
pertinent dans le cadre du cours.
Modalités de l’évaluation
-Rédaction d’un plan de travail sommaire (3 pages) pour le travail final : 20 %. Remise à la semaine 6 au
plus tard.
-Un examen maison distribué à la semaine 11 où l’étudiant répondra à 3 questions sur les 6 qui seront
proposées. Elles porteront sur l’ensemble des textes à lecture obligatoire, 6 pages : 35 %. Remise au plus
tard à la fin de la semaine 15.
-Un travail final de maximum 10 pages qui a pour guide le plan de travail : 45 %. Remise au plus tard à la
semaine 14 de la session.
Calendrier* (les titres de bloc-séances correspondent aux sections du texte de présentation du cours au
début du plan)
Séance d’introduction générale à la problématique du cours (séance 1)
Introduction historique à la notion de culture
et la naissance des anthropologies culturelles (séances 2-3)
Mimesis : un fil conducteur anthropo-sociologique et philosophique
incontournable de l'auto-interprétation de la culture occidentale (séances 4 à 6)
Habitus : un concept qui contribue à configurer la question de la
culture dans plusieurs théories sociologiques. (séances 7 à 9)
Résistance culturelle ; mémoire victimaire
et études postcoloniales (séances 10-11)
Le travail de la culture : critique et tragédie de la culture (séances 12-13)
* congé férié le 10 octobre 2016 (semaine 5) ; 24 octobre 2016 pas de cours, semaine de lecture
(semaine 7). Il y aura donc un total de 13 séances de cours.
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Sources du recueil de textes
Lectures à compléter avant la séance indiquée entre parenthèses. IMPORTANT : cette liste ne constitue
pas la totalité des textes à lire dans ce cours. D’autres textes à lecture obligatoire disponibles par internet
comprenant des notes récapitulatives et complémentaires de mon cru seront fournis au cours de la session.
1. Norbert ELIAS, Civilisation des mœurs, trad., Paris, Calmann-Lévy, 1973, 11-73. (séance 2)
2. Denis CUCHE, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte, 2004, 29-49.
(s. 3)
3. Eric A. HAVELOCK, Aux origines de la civilisation écrite en Occident, trad., Paris, Maspero, 1981,
7-30. (s. 4)
4. Walter J. ONG, Oralité et écriture, trad., Paris, Les Belles Lettres, 2014, 37-77(s. 4)
5. Norbert ELIAS, La dynamique de l’Occident, trad., Paris, Presse de la Cité, 2003,181-202. (s. 7)
6. Norbert ELIAS, La société de cour, trad., Paris, Flammarion, 1997, 63-114. (s.7)
7. Pierre BOURDIEU, Le sens pratique, Paris, Minuit, 1980, 87-109. (s. 8)
8. Pierre MOUNIER, Pierre Bourdieu, une introduction, Paris, Presse de la Cité, 2001. (s. 8)
9. Alfred SCHÜTZ, L’étranger : une essai de psychologie sociale; suivi de L’homme qui rentre au
pays, Paris, Allia, 2003, 8-39. (s. 9)
10. Raymond WILLIAMS, « Towards a Sociology of Culture », dans The Sociology of Culture,
Chicago University Press, 1995, 9-32. (s. 10)
11. Laurier TURGEON et Anne-Hélène KERBIRIOU, « Métissages, de glissements en transferts de sens »
dans Laurier Turgeon (dir.), Regards croisés sur le métissage, Québec, PUL, 2000, pp. 1-20. (s. 11)
12. Georg SIMMEL, La tragédie de la culture et autres essais, Paris, Rivages, 1988, 177-215. (s. 13)
Sources complémentaires parance :
Séance 1
Ouvrages généraux
Les BACK et al., Cultural Sociology : An Introduction, Wiley-Blackwell, 2012.
H. James BIRX(ed), 21st Century Anthropology. A reference Handbook, London, Sage, 2011.
Denys CUCHE, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte, 1996.
G. GEBAUER et C. WULF, Mimèmis : Culture-art-société, Paris, Cerf, 2005.
Séance 2
Histoire linguistique du mot « culture »
Denys CUCHE, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte, 1996.
G. GEBAUER et C. WULF, Mimemis : Culture-art-société, trad. N. Heyblom, Paris, Cerf, 2005.
Alain REY et al., Le Robert historique de la langue française, Paris, Le Robert, 2006, entrée « culture ».
Raymond WILLIAMS, Keywords. A Vocabulary of Culture and Society, London, Fontana Press, 1983, 87-93.
Significations idéologiques comparées de « culture » et « civilisation » en France, Allemagne et
Angleterre ( 17e au 19e siècles)
Émile BEVENISTE, « Civilisation : contribution à l’histoire du mot », Problèmes de linguistique générale,
Paris, Gallimard, 1976.
Hans BLUMENBERG, « On a Lineage of the Idea of Progress », trad., Social Research, vol. 41, 1,
printemps, 1974, 5-27
Norbert ELIAS, La civilisation des moeurs, trad.Pierre Kamnitzer, Paris, Calmann-Lévy, 1991.
Lucien FEBVRE et al., Civilisation, le mot et l’idée, Paris, J. Alcan, 1930.
Vassiliki Betty SMOCOVITIS, article « Evolution », The Gale New Dictionary of the History of Ideas
(2005), vol. 2, 750-758.
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