RappoRt pRincipes d’aménagement / 4
Le mot de La pRésidente
La terminologie “d’urbanisme résilient” est souvent utilisée par facilité, par commodité
pour désigner un mode d’aménagement de la ville qui serait globalement compatible avec
le risque d’inondation, sans en saisir précisément les contours. Elle s’appuie sur un cer-
tain nombre d’exemples de villes européennes (Hambourg, Mayence, Rotterdam, Francfort,
Nimègue…) ou françaises (Rennes, Strasbourg, Vitry-sur-Seine…) qui semblent indiquer que
le respect de certains principes d’aménagement en zone inondable peut conduire à rendre les
quartiers nouveaux ou rénovés plus adaptés au risque. Les aspects techniques, économiques,
réglementaires de ces expérimentations sont ainsi en cours de défrichage. Mais le constat est
clair : les tentatives de réexion d’ensemble sur la mise en œuvre d’une urbanisation tenant
compte efcacement du risque d’inondation peinent à émerger.
Reconstruire ou renouveler la ville en zone inondable est un sujet délicat, sur lequel
les divergences de points de vue des acteurs sont nombreuses et s’expriment avec force. Le
débat, toujours le même depuis des années, s’appuie sur des postures morales qui semblent
irréconciliables : les uns portent avec vigueur la protection des personnes et des biens, bran-
dissant la nécessité d’éviter les constructions en zone inondable, les autres soutiennent la
cause de l’existence même des territoires exposés qui, pour vivre et répondre aux attentes de
leur population, ont besoin de faire évoluer les zones inondables. Du débat moral au débat
caricatural et à la crispation, il n’y a bien souvent qu’un pas. Les oppositions État/collecti-
vités en la matière, souvent mises en avant, sont probablement trop simplistes. L’État, d’une
part, et les collectivités, d’autre part, ne forment pas deux blocs homogènes. En outre, au-
delà de l’État et des collectivités, les assureurs et les acteurs privés de l’aménagement jouent
également leur partition propre. De cette multiplicité d’intérêts résulte un paysage complexe
dans lequel domine, bien souvent, l’absence de consensus.
Pourtant, nous n’avons guère d’autre choix que de bâtir ce consensus sur la manière
de renouveler les villes en zone inondable. D’abord, parce que notre héritage est lourd. 17
millions d’habitants vivent aujourd’hui dans des territoires inondables vulnérables, plus ou
moins bien protégés par des ouvrages hydrauliques dont l’état d’entretien n’est pas toujours
sufsant. Ensuite, parce que le renouvellement urbain en zone inondable est légal sur de
nombreux territoires, et parce que les lois Grenelle y encouragent implicitement un mouve-
ment de densication.
Le dé est grand et les obstacles redoutables. Dans un contexte miné par les incertitudes
pesant sur l’avenir des collectivités territoriales et de leurs compétences, par les restrictions
budgétaires et les urgences économiques et sociales, la problématique de la prise en compte
du risque d’inondation dans le renouvellement urbain peut sembler oue, lointaine et en
tout état de cause non prioritaire. Les dispositifs publics susceptibles de prendre le relais
d’une volonté politique locale parfois insufsante n’apportent pas aujourd’hui les réponses
escomptées. L’outil Plan de prévention des risques (PPR), en particulier, demeure sectoriel,
partiel, agissant sur la base d’un zonage à une échelle parcellaire qui ne permet pas d’ap-
proche cohérente à l’échelle d’un projet urbain, laissant ainsi les villes s’exposer davantage
sans s’adapter réellement au risque. S’y ajoutent deux difcultés techniques non négligea-
bles : le cloisonnement des compétences techniques en matière d’urbanisme, d’aménagement
du territoire et d’hydraulique, d’une part, et l’absence de standards, de référentiel concer-