YearBook Santé et Environnement 2016
2. POLLUANTS ET SANTÉ Perturbateurs endocriniens
EXPOSITION AUX PHTALATES:
QUELSALIMENTSYCONTRIBUENT LE PLUS?
Vol. 14, n° 1, janvier-février 2015
Les volailles, les huiles et autres corps gras ainsi que les produits crémiers sont les types d’ali-
ments qui contiennent couramment du di-2-éthylhexylphtalate (DEHP) à des niveaux de concen-
tration élevés d’après cette revue de 17 enquêtes de surveillance des aliments.
Poultry, cooking oils, and other fats, as well as cream-based dairy products, are the types of food
that most often contain di-2-ethylhexyl phthalate (DEHP) at high concentrations, according to this
review of 17 surveys of phthalate concentrations in food.
Classés parmi les perturbateursendocriniens, les phtalates
sontsuspectés d’induire un certain nombre d’eets délétères
pour la santé,particulièrement en cas d’expositionprécoce.
L’alimentation est considéréecomme la principale source d’ex-
positionaux phtalates de haut poids moléculaire tels que le
di-2-éthylhexylphtalate (DEHP),le di-iso-nonylphtalate (DiNP)
et le di-isodécylphtalate(DiDP) utilisés comme plastiants
du polychlorure de vinyle (PVC). Associés au polymère par
des liaisonschimiques non covalentes, les phtalatespeuvent
s’échapper de ce plastique soupleprésent à plusieurs étapes
de la chaîne deproduction alimentaire (tubulure du maté-
rielde traite, tapis roulants, gants utiliséspour manipuler les
aliments, récipientset ustensiles employés pour leur trans-
formation, lms alimentaires, emballages enplastique, etc.).
Tenant compte des réglementationspropres à chaque pays
et de la diversité despratiques de production et de traite-
mentdes aliments, leur degré de contamination par des
phtalates est susceptible de varierfortement d’une région à
l’autre. Toutefois, la problématique ne connaît pas de fron-
tièreà l’ère de la mondialisation du marché agroalimentaire.
Elle a donné lieu à unnombre croissant de publications au
coursdes dernières années, dont 17 enquêtesde surveil-
lance alimentaire (provenantd’Amérique du Nord, d’Asie et
d’Europe)qui ont rapporté les niveaux de concentrationde
diérents phtalates dans desaliments de consommation
courante. Ellesont été incluses dans cette revue visant à
identier les principaux aliments pourvoyeursde phtalates
parmi 35 enquêtes publiées en anglais entre 1990 et 2013.La
sélection a été opérée sur la base detrois critères: méthode
d’échantillonnagevalidée, technique d’analyse spécique
etcontrôles qualité. Par ailleurs, les auteursont intégré trois
études transversales ayantexaminé le lien entre le régime
alimentaireet le niveau des métabolites urinairesdes phta-
lates, ainsi que trois études (mesure de l’eet, sur le niveau
des métabolites urinaires, du remplacement de l’alimen-
tation habituelle par une alimentation végétarienne ou
composée de plats à basede produits frais, généralement
«bios» etpréparés sans contact avec du plastique).
YearBook Santé et Environnement 2016
2. POLLUANTS ET SANTÉ Perturbateurs endocriniens
NIVEAUX DE CONTAMINATION DES ALIMENTS
La concentration du phtalate dans l’aliment a été consi-
dérée élevée lorsquelleatteignait ou dépassait, en moyenne,
lalimite de migration spécique de 300 μg/kg,sur la base
de la réglementation européenneconcernant l’aptitude des
matériauxau contact alimentaire. À l’opposé, une concen-
tration moyenne inférieure à 50 μg/kg a été considérée
faible.D’une manière générale, le di-iso-butylphtalate(DiBP),
le di-n-butylphtalate (DnBP),le butyl-benzylphtalate (BBzP) et
le DEHPsont fréquemment détectés dans une grandevariété
d’aliments (fréquence de détection dépassant 50 % des
échantillons analysés), contrairement aux diéthylphtalate
(DEP),diméthylphtalate (DMP), di-n-octylphtalate(DnOP) et
DiNP (fréquence de détectioncomprise entre 0 et 49%).Les
enquêtes s’accordent à retrouverdes niveaux de concentration
élevés dephtalates dans trois types d’aliments: lesvolailles,
les graisses (incluant les huiles,le beurre, la margarine et des
corps grascomme le lard) et les produits crémiers.Ainsi, la
concentration de DEHP dépasse300 μg/kg dans plus de la
moitié des échantillons de volaille. Les autres phtalatessont
généralement présents à defaibles niveaux de concentra-
tion, commedans le porc et le bœuf, qui contiennentdu
DEHP à des niveaux variables (quelquesvaleurs approchent
300 μg/kg dans le porc,et la concentration de DEHP dans le
bœufva de la limite de détection à 1 100 μg/kgdans deux
enquêtes canadiennes). Les espèces dominantes dans les
graissessont le DEHP (la concentration moyenne dépasse
300 μg/kg dans plus de la moitié deséchantillons, allant de
404 à 5 592 μg/kg), le DnBP et le BBzP (dont les valeurs les
plusélevées, dépassant respectivement 3000 et 11 000 μg/
kg, sont mesurées dans deséchantillons canadiens). Des
concentrationsélevées de DEHP (allant de 413à 1 300 μg/kg)
sont retrouvées dans lacrème fraîche, tandis que les autres
phtalates sont indétectables. Les mesures duDEHP dans la
crème glacée approchentou parfois dépassent 300 μg/kg.
Il en estde même dans le fromage, où la concentrationdu
DEHP va de 139 à 2 271 μg/kg,et où d’autres phtalates sont
détectés (DEP,DMP, DiNP).Les échantillons de yaourts, lait,
œufs,pâtes, nouilles, riz, fruits et légumes ainsique les bois-
sons sont, d’une manièregénérale, faiblement contaminés
(concentrations< 50 μg/kg). Les produits de la mer, le pain,
les céréales et les épicesprésentent des niveaux de contami-
nation variables selon les rapports.
COHÉRENCE AVEC LES ÉTUDES
Conformément aux données des enquêtesde surveillance,
les études épidémiologiques associent la consommation
deviandes et d’aliments gras, incluant lesproduits laitiers,
au niveau des métabolites urinaires du DEHP. En revanche,
alorsque les enquêtes indiquent des niveaux de concen-
tration du DEP faibles dans leslégumes et fruits frais, deux
études relient leur consommation à l’exposition au DEP.Par
ailleurs, la consommation de poissonest associée au niveau
du MiBP (métabolitedu DiBP) dans deux études tandis quela
concentration du DiBP est basse dansles échantillons de
produits de la meranalysés dans les enquêtes. Ces incohé-
rencesappellent à considérer les sourcesnon-alimentaires
d’exposition au DEP et au DiBP, ainsi que l’inuence de la
préparationdu repas (notamment cuisson et assaisonne-
ment), les aliments analysésétant généralement bruts. De
plus, à l’intérieurd’une même catégorie alimentaire,certains
produits spéciques, quil reste àidentier, pourraient contri-
buer fortementà l’exposition aux phtalates.Une étude din-
tervention montre que le passage d’une alimentation carnée
à unrégime végétarien strict entraîne une diminution rapide
et signicative du niveaudes métabolites urinaires du DEHP
ainsique des DEP, DnBP et DiBP, mais d’autresmodications
des habitudes de vie pourraientparticiper aux résultats, étant
donné le contexte de l’étude (séjour dans unecommunauté
bouddhiste s’accompagnant d’une probable diminution
de l’utilisationde cosmétiques contenant des phtalatesde
bas poids moléculaire comme le DEP). L’une des deux
études dans laquelle lessujets consommaient des produits
n’ayantpas été en contact avec des emballagesen plastique
conclut à une diminution del’exposition au DEHP tandis que
l’autremontre l’inverse, ce qui peut sexpliquerpar la décou-
verte, après analyse, deniveaux très élevés de DEHP dans les
produits laitiers frais et la coriandre.
Serrano SE1, Braun J, Trasande L, Dills R,
SathyanarayanaS. Phtalates and diet: A review of the
food monitoring and epidemiology data. Environ-
mentalHealth 2014; 13: 43.
doi: 10.1186/1476-069X-13-43
1 Center for Child Health, Behavior and Development,Se-
attle Children’s Research Institute, Seattle, États-Unis.
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !