Restaurer sans dénaturer - Communauté d`Agglomération

ARCHITECTURE
Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère
Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 115
Restaurer sans
dénaturer
Et toujours penser que
sa maison est vue par
tous et qu’elle fait
partie du paysage,
qu’elle participe à
l’identité du territoire.
Investir le bâti vacant, densi er le tissu existant
Connaître et préserver les caractéristiques
architecturales du bâti local .
Respecter l’architecture locale et maîtriser les
modi cations de volumes, choisir les matériaux
adaptés, créer des ouvertures en cohérence
avec les façades existantes
OBJECTIFS ENJEUX
PRECONISATIONS
Faire appel en amont aux services de conseil mis à
disposition sur le secteur: CAUE...
Consulter un architecte car chaque maison est un
cas unique et mérite une étude . Les recettes type
n’existent pas.
Apprendre à connaître l’histoire de sa maison…
Consulter des entreprises quali ées
L’architecture traditionnelle du territoire présente
des caractéristiques fortes étroitement liées
aux usages agricoles. La hiérarchisation et
l’organisation de la propriété dans le bocage
bourbonnais se lisent dans les morphologies des
bourgs et villages et dans les typologies bâties: les
châteaux, les domaines, les locateries, la maison
de journalier.
Tout comme l’évolution de Montluçon se lit à partir
du centre ancien, ses faubourgs et ses quartiers
résidentiels périphériques. La ville s’est développée,
a évolué mais chaque quartier conserve les traces
de son histoire. C’est cette mémoire des lieux qu’il
est aujourd’hui important de reconnaître a n
de maintenir une identité à chaque quartier et
d’éviter toute standardisation.
Le territoire de la Communauté d’Agglomération
compte des communes rurales, des zones péri-
urbaines et un centre ville historique. Malgré des
contextes très différents, chacune de ses maisons
a un vécu qu’il convient de connaître et de
respecter, a n de bien maîtriser son évolution.
CONSTAT PROBLEMATIQUE
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On ne saurait restreindre la notion de patrimoine
bâti aux seuls monuments majeurs. Le bâti
des bourgs et villages, les particularités de
certains quartiers de Montluçon (résidentiels
des années 30, industriels, ouvriers) constituent
l’accompagnement, l’écrin et l’ancrage de ces
éléments majeurs (ce qui justi erait déjà en soi
l’intérêt que l’on peut y porter) et en outre cette
architecture simple mais élégante est en elle-
même une valeur certaine.
Le bâti fait partie du paysage et conditionne
l’image de ce territoire au même titre que les
courbes du relief, la répartition des haies et des
champs.. etc.
Ce constat peut sembler banal,
pourtant quand on restaure ou que
l’on construit sa maison (ou son
bâtiment d’activités) on se pose
rarement le problème de «l’effet»
induit sur le paysage : on raisonne
sa maison comme un objet isolé,
pensant à l’habitabilité, la forme,
l’agrément de son environnement
immédiat (le jardin, les vues sur
l’extérieur.) Mais pas à la manière
dont elle s’insère dans le paysage et
les relations qu’elle entretient avec les
maisons voisines.
Il est urgent d’inverser cette tendance aussi bien
pour les constructions neuves que les restaurations
ou les rénovations.
On constate que le bâti ancien, qui
pendant longtemps a peu évolué
est aujourd’hui recherché pour être
restauré ou rénové. Il y a donc un
risque d’altérations et de banalisation
par des interventions mal maîtrisées.
La nécessité de faire attention à ces
évolutions est d’autant plus forte
que «le bâti bourbonnais» est un
élément fondamental de l’identité du
territoire, porteur d’histoire, de valeurs
et d’attachement. Le problème
est de formuler un consensus sur les
caractéristiques de ce bâti et de ses
variations locales. En effet comme
tout objet produit par des générations
successives, les types et les formes
ont évolué au cours des temps et
aussi en fonction d’in uences, de
modes, d’évolution des techniques.
En outre les maisons anciennes ont
déjà fait l’objet de rénovations ou
restaurations qui les ont modi ées...
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LES APPROCHES ET LES RÉFLEXIONS AVANT D’AGIR
Quand on entreprend d’intervenir sur un bâtiment ancien on devrait conserver à l’esprit
que nous ne sommes qu’un moment dans la vie de celui-ci : il a «vécu» avant et «vivra»
après. Cette notion devrait forcer à s’assurer la justesse des interventions envisagées par une
bonne compréhension du bâtiment, de sa construction :
Faire un relevé précis du bâtiment, des annexes et de son environnement proche :
murets, cour, porche, appentis, perrons, marches, seuils...
Apprécier ce qui en fait la valeur dans le contexte où il se trouve
Apprécier également comment on le découvre en arrivant : est il vu de loin, sous
quelle face... ?
Analyser les matériaux employés; leur mise en œuvre, distinguer ce qui est d’origine de
ce qui a été rapporté
Si possible se renseigner sur son histoire : date de construction, usages anciens,
évolutions
Se poser les mêmes questions pour les maisons proches avec lesquelles il entre en
relations visuelles et sur le bâti proche en général.
Regarder autour de soi et dans les villages voisins les interventions qui paraissent
“justes” et celles qui ne le paraissent pas.
RECHERCHER DES CONSEILS
Intervenir sur des constructions anciennes
n’est jamais simple. On a souvent besoin de
s’entourer de conseils :
Auprès des architectes
De la part de services spécialisés comme
le CAUE, le Service Départemental de
l’Architecture et du Patrimoine
Auprès d’artisans quali és
A se procurer :
Le CAUE 03 a édité
une plaquette «la
Maison Rurale en
bocage bourbonnais»
dont le but est de
faire connaître les
principes constructifs
des maisons
bourbonnaises
LES QUESTIONS QUI SE POSENT
Les interventions sur le bâti ancien ont plusieurs objectifs :
L’entretien : refaire sa façade, sa toiture, changer les fenêtres, refaire la clôture, refaire
un mur de clôture... Ces interventions si elles modi ent peu les volumes et la structure du
bâtiment peuvent tout de même en modi er fortement l’aspect : on a tous pu apprécier
l’effet d’un changement de couleurs ou une mise à nu des pierres en façade par
exemple.
Ces modi cations qui peuvent être spectaculaires ne sont en rien dé nitives; on peut toujours
revenir en arrière.
Amélioration de l’habitabilité et du confort : apporter davantage de lumière en créant
de nouveaux percements, aménager des combles qui exigent une rehausse du toit et/
ou de nouveaux percements en toiture… Ce type d’intervention fait courir le risque de
changer l’ordonnancement des façades et de fragiliser un équilibre.
Les mutations commencent à être plus dé nitives; il faudra davantage de moyens pour
boucher la fenêtre que l’on a ouvert, modi er les lucarnes …
Augmenter la surface habitable. Une rénovation plus lourde avec des ajouts de volumes,
les changements d’affectation et d’usage (convertir une grange en pièces habitables
par exemple). Là les risques deviennent importants.
Il devient très dif cile de revenir en arrière.
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Réhausser un bâtiment ancien
S’interdire toute rehausse sur les toits qui ont des formes particulières : par exemple les
maison de vile des années 20/30. La complexité qui les caractérise est suf sante.
Respecter la pente du toit préalable ou du moins respecter et retrouver les pentes de
toits dominantes dans l’ensemble bâti.
Conserver la pente du toit originelle (sauf si elle a été manifestement déjà été
bouleversée)
Retrouver les éléments de couverture : corniches, tuiles (qui peuvent être récupérées)
noues, faîtages . Refaire les arêtiers à l’identique.
En particulier éviter de marier tuiles mécaniques et tuiles plates sur deux bâtiments
proches ou sur deux corps d’un même bâtiment.
«Cicatriser» la rehausse du mur (généralement faite en parpaings) par une reprise de
l’ensemble du crépi de la façade concernée.
Créer des ouvertures sous toiture dans la partie rehaussée est particulièrement délicat
et risqué d’un point de vue esthétique mais aussi structurel. C’est l’ordonnancement
de la façade existante qui donne le ton et oriente vers tel ou tel module d’ouverture.
LES INTERVENTIONS QUI MODIFIENT LES VOLUMES
Quelque soit le type de maison : maison de bourg, locaterie, maison de ville des années 30 etc, il
est nécessaire d’observer et de comprendre sa maison avant toute intervention. Lorsque l’on veut
agrandir sa maison, il faut se poser les questions suivantes:
Quel sera le rapport des volumes entre l’ancien et ce qui est ajouté ; leur combinaison
Quels matériaux employer et le rapport entre ceux-ci; les couleurs, les textures..
Est ce que les ouvertures qui sont ajoutées ne déséquilibrent pas la façade ?
Il n’existe pas de solution type qui puisse s’appliquer même pour une typologie donnée.
L’étude se fait au cas par cas. Pourtant certains principes permettent d’éviter les plus
grosses erreurs. Chaque projet est un projet à part entière, il doit être étudié en tant que
tel.
Deux types de rehausse
à éviter, même sur une
maison «banale». Dans le
premier cas les percements
dans la partie rehaussée ne
s’adaptent pas à ceux du rez
de chaussée. Dans le second
cas, la pente du toit perturbe
complètement la volumétrie
initiale.
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La rehausse doit
s’accompagner d’une
reprise de la façade
pour «cicatriser»
l’intervention
Conserver
ou créer des
différences de
volumes sur une
maison peut
dynamiser un
front bâti. Mais
il est nécessaire
d’avoir une
lecture globale
de la silhouette.
PLUTOT QUE
Cicatriser les interventions par une reprise de la façade, s’éviter toute rehausse
sur les constructions en pierres apparentes ou décrépies, à moins que l’on
ne refasse un crépi ensuite, mais dans tous les cas veiller à conserver des
proportions équilibrées.
Dans le cas d’un front bâti aux pentes de toit harmonieuses, ne pas créer de rupture de pentes.
La silhouette prend alors un aspect désordonné.
Un cas ou la réhausse uniformise
la volumétrie générale et
donne une autre prestance à
ce bâtiment. Il est nécessaire
maintenant d’enduire la totalité
du mur gouttereau pour valoriser
l’ensemble bâti.
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