BATIMENTS AGRICOLES C O N S TAT P R O B L E M AT I Q U E Dans ce pays de bocage bourbonnais, l’activité agricole est encore très présente. Les bâtiments agricoles ont évolué et leur présence dans le paysage est aujourd’hui une préoccupation en raison de plusieurs facteurs: • • • Intégrer les bâtiments agricoles Les bâtiments traditionnels des fermes du début du siècle (que ces fermes soient dans les bourgs et villages ou dans des domaines isolés) sont devenus insuffisants par leurs tailles et leurs caractéristiques techniques. Une tendance à la construction de bâtiments agricoles en dehors des enceintes des villages traditionnels pour des raisons de commodité, d’accès, de taille et depuis peu pour des raisons réglementaires puisqu’un recul de 50 à 100 m est nécessaire. Εxtension des exploitations, l’emprise au sol des bâtiments est très importante, les volumes sont très plats et étalés • Apparition du hors sol. (peu courant) • Modification radicale des techniques de construction des bâtiments qui aujourd’hui font largement appel à des matériaux métalliques. Dans certains secteurs, la taille de la haie en bouchure ne facilite pas l’insertion paysagère des bâtiments implantés en bordure de voie. OBJECTIFS ENJEUX Les bâtiments agricoles sont exclus de l’enveloppe des villages ils deviennent des objets à part, posés dans le paysage. Les problématiques d’insertion sont donc radicalement différentes. L’insertion des bâtiments agricoles est un enjeu fort. Le conseil général et le CAUE 03 mènent une politique d’incitation à l’intégration des bâtiments agricoles depuis 2005 : aides , conseils, ... P R E C O N I S AT I O N S Observer l’environnement proche, la silhouette bâtie du village, le relief et la forme de la parcelle, les trames végétales, les vues sur le terrain, les accès avant de décider d’une implantation Rechercher une cohérence au sein d’un ensemble Privilégier des couleurs foncées. Favoriser l’utilisation du matériau bois dans la construction Pas de plantations systématiques en pied du bâtiment Plutôt des boqueteaux judicieusement en accord avec les lignes du paysage. Privilégier les essences autochtones. A qui s’adresse la fiche ? • • Particuliers Communes Mise en œuvre de la charte, rôle de la Communauté d’Agglomération • Sensibiliser les communes et les exploitants agricoles. Mise en œuvre de la charte, rôle des communes • • Sensibiliser • Montrer l’exemple avec des bâtiments communaux, ateliers... Inciter les agriculteurs à une meilleure intégration de leurs bâtiments agricoles Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 205 Intégrer les bâtiments agricoles Aujourd’hui les tendances sont les suivantes : • Des bâtiments neufs posés en dehors de contextes bâtis. • Des extensions de bâtiments existants en parpaings ou en métal, des constructions métalliques en limites des villages, dans les fermes existantes pour abriter du matériel. • Des structure hors sol, généralement en dehors des limites de villages. Il faut raisonner comme des objets nouveaux déconnectés du bâti. Ceux là sont à envisager en lien avec leur contexte immédiat : le village Ces constructions sont peu nombreuses mais marquent le paysage Aujourd’hui, on relève peu de création de nouveaux bâtiments agricoles sur ce secteur. Aussi l’ intention forte qui guide la démarche dans ce document est d’améliorer la situation actuelle en travaillant sur la recomposition des trames paysagères aux abords des bâtiments. Recréer ou renforcer les structures bocagères de manière à envelopper les bâtiments existants trop exposés à la vue. Concernant la création de nouveaux bâtiments, les conseils d’implantation, les choix de nouveaux matériaux sont largement décrits dans la plaquette éditée par le CAUE 03 «Bâtiments agricoles et paysages de l’Allier». Bâtiments neufs en dehors du contexte bâti Bâtiment en bac acier en entrée de village Hors sol isolé Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère 206 Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 Les impacts sur le paysage sont dus à plusieurs facteurs La couleur des toitures C’est bien souvent en premier lieu par la toiture que l’on repère ces bâtiments. L’argument qui consiste à dire qu’une couleur claire s’accommode avec le ciel ne fonctionne pas car tant le bocage que le bâti en bourbonnais apportent des valeurs colorées plutôt sombres. Le phénomène de surbrillance (constaté avec le bac acier) sur des surfaces très importantes augmente l’impact visuel du bâtiment. Privilégier des couleurs foncées. Pour ces bâtiments éloignés du bâti existant, il n’est pas nécessaire de rechercher des toitures rouges, qui bien souvent les mettent en valeur. Des images de bâtiments existants à améliorer Intégrer les bâtiments agricoles Les bâtiments isolés hors tissu bâti Des valeurs sombres adouciraient l’impact visuel du bâti dans le paysage. Le rouge de la couverture attire le regard. Un matériau sombre aurait été mieux adapté. La vue est plongeante sur la couverture claire du bâtiment qui le rend incontournable Malgré sa faible volumétrie ce bâtiment s’intègre mal: brillance des matériaux, impantation en bordure de voie, haie taillée Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 207 Intégrer les bâtiments agricoles La couleur des façades Ce facteur est important; Elles sont souvent claires voire blanches ce qui souligne la présence du bâtiment Implantation en surplomb qui donne de la force au bâtiment. La couleur verte ne facilite pas son insertion. La solution réside dans le mode de taille de la haie Privilégier les couleurs foncées : terre, bruns, grisvert. Rechercher une cohérence au sein d’un ensemble. Éviter les mixité de matériaux ou couleurs qui bien souvent mettent plus en évidence. Utilisation du bois dans les bâtiments agricoles. Au delà de la capacité d’insertion dans l’environnement le bois offre un confort inégalé pour les animaux. De plus, aujourd’hui l’investissement est similaire à un bâtiment métallique. Hors territoire. les silos attenants C’est l’élément saillant. Il est visible de loin. Là encore une couleur foncée peut améliorer l’insertion. Les plantations réalisées aux abords Il est paradoxal de voir combien dans ce pays de bocage, les abords des bâtiments agricoles sont dépouillés de toute haie vive ou arborée, où combien la gestion de la haie est ponctuellement inadaptée. Dans la majorité des cas il suffirait de laisser la haie en place se développer dans le cône visuel sensible, non pas en pied de bâtiment mais évidemment en limite parcellaire aux premiers plans des bâtiments. Dans le cas où il est nécessaire de planter, il est préférable de replanter en bosquets, avec des essences locales en mélange. En effet, associer des végétaux à développements variables, composer des strates de hauteurs et volumes variables permet de mieux protéger. Force est de constater que bien souvent les plantations faites sans une réflexion préalable soulignent le bâtiment au lieu de favoriser son insertion dans le paysage. C’est le cas par exemple des plantations mono spécifiques ( thuyas, cyprès...) plantées en alignement, qui composent de vrais murs végétaux . Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère Pas de plantations systématiques en pied de bâtiment Plutôt des b o q u e t e a u x judicieusement en accord avec les lignes du paysage. Pas d’essences qui occultent à la manière d’un mur comme le thuya. 208 Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 • • • • • • • • • • • • • • • Noyers Cerisiers Noisetiers Saules (marsault, rouge, cendré osier) éviter le saule pleureur Peupliers d’Italie ou Bollena (en ponctuel pas en rideaux) Sureau Cornouiller Prunellier Eglantier Ormes Cormiers Tout fruitier Chênes (pédonculés ou américains) Frênes Erables Tout en rappelant que les plantations ne peuvent à elles seules répondre aux problèmes posés dans ce contexte. Privilégier les essences autochtones, éviter les essences dites décoratives et qui rappellent les aménagements urbains comme les forsythias, prunus à fleurs, groseilliers à fleurs. Les bâtiments proches des villages Intégrer les bâtiments agricoles Essences à proposer pour réaliser des plantations aux abords des bâtiments (selon les conditions de sols) Le problème est très différent des cas précédents Les bâtiments sont généralement construits en avant des volumes bâtis existants et participent à la silhouette du village. Ils sont lus avec la silhouette du village. Ce qui fait l’impact sur le paysage Les contrastes de couleurs en toitures ou en façades. Les tonalités du bâti traditionnel sont dans les couleurs rouge/brun (tuiles terre cuite plates) et valeurs terre/ocre clair (enduit chaux). Les couleurs des matériaux récents sont souvent plus agressives car plus claires (blanc cassé, beige clair..) et brillantes. Elles se détachent ainsi du contexte : c’est donc le bâtiment agricole qui capte les regards et non la silhouette du bourg C’est avec l’ensemble du contexte qu’il faut raisonner : implantation, volumes, matières et couleurs, liens aux bâtiments existants qu’ils soient agricoles ou non. Une implantation cohérente par rapport au village, mais des matériaux très clairs qui attirent le regard et font oublier le tissu bâti initial. Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 209 Intégrer les bâtiments agricoles En vue lointaine, la tonalité générale n’est pas perturbée par la présence de 2 bâtiments agricoles. La silhouette est perçue dans son ensemble. En revanche les réseaux aériens perturbent fortement le paysage. Sur cette silhouette de bourg, un point rouge se détache à l’extrémité gauche. Pourtant de faible surface, sa couleur saturée rouge vif perce le paysage Le rapport des volumes avec l’existant C’est le critère peut être le plus marquant mais le plus difficile à cerner car il correspond à chaque situation. Les bâtiments agricoles récents ont des volumétries plus imposantes que celles du bâti traditionnel (granges) tout en étant plus étalées: les pentes de toits sont beaucoup plus faibles, alors que les dimensions au sol sont beaucoup plus importantes. Malgré des hauteurs inférieures, c’est donc les bâtiments récents qui s’imposent par rapport à la silhouette bâtie. D’autant plus lorsqu’ils sont implantés au premier plan de ces silhouettes de village. Chaque cas est un cas particulier Le rapport des volumes dépend certes du bâtiment mais de son implantation. Pour apprécier l’effet il est indispensable de fournir des simulations de l’insertion du bâtiment futur dans la silhouette du village. Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère 210 Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 Implantation isolée du bâtiment Trame bocagère à préserver et à densifier aux abords du bâti SITUATION : Trois bâtiments agricoles ont été retenus car ils sont situés dans des contextes différents: → En bordure de route en vue proche → En léger retrait d’une route au premier plan d’une silhouette bâtie → En situation isolée, en contrebas d’une route Des matériaux clairs qui marquent le paysage: il aurait été préférable d’opter pour un toit gris ardoisé et une façade teinte grège par exemple Dans un cas comme celui-ci, la - soit le long de la route plantation de végétaux pourrait être par des arbres à haut jet proposée dans 2 plans différents : afin de bloquer ce cône de vue précisément, tout en laissant la haie se développer un peu plus librement Dans un contexte comme celui-ci, le danger est de créer une ceinture végétale autour du bâtiment et de le souligner encore plus fortement dans le paysage. Les végétaux plantés doivent être reliés à une trame végétale existante et conserver une forme naturelle et libre Plantation d’un bosquet d’arbres au premier plan du pignon du bâtiment, qui ne le dissimulera pas mais réduira son impact visuel en cassant le linéaire bâti. Une intervention judicieuse et efficace (mais plus lourde financièrement) consisterait à barder le pignon en bois naturel ou traité en autoclave. - soit aux abords directs du bâtiment par des bosquets d’arbres à développement rapide. Il est indispensable de raccrocher ces plantations à la trame bocagère en place par une haie, afin d’éviter de cerner le bâtiment. Dans ce cas la vue sur le paysage reste ouverte depuis la route et la haie reste basse au premier plan. Mais ce qui est frappant à première vue pour l’ensemble de ces constructions, c’est la teinte trop claire des matériaux. L’emploi d’une teinte sombre aurait largement facilité l’intégration de chacun de ces bâtiments. Teintes claires du bâtiment qui renforcent son impact visuel Front bâti qui canalise la vue et oriente le regard vers le bâtiment agricole Implantation du bâtiment à proximité de la route. Intégrer les bâtiments agricoles PRINCIPES D’INSERTION DE BATIMENTS AGRICOLES La vue depuis la route est plongeante : vue sur la toiture et un pignon Teintes claires du bâtiment qui renforcent son impact visuel Une bâti qui rière silhouette de traditionnel disparaît derla stabulation Un bel arbre à conserver, il devrait attirer le regard La haie parallèle à la voie, taillée en bouchure, guide le regard vers le bâtiment Le végétal seul ne peut pas toujours réparer . Dans certains cas, une intervention sur le bâtiment est nécessaire pour améliorer la situation. La taille franche de la haie créée une ligne horizontale qui souligne la présence du bâtiment Il convient d’éviter de trop fermer le paysage pour éviter de créer un effet tunnel entre front bâti et haie vive. Un exemple récurrent sur ce territoire, marqué par une perception très proche, des volumes très importants et des teintes très claires. Les solutions efficaces seront la résultante d’un travail fin, réalisé sur le terrain, avec le propriétaire, en fonction du parcellaire et des exigences fonctionnelles liées à l’activité. Ainsi la haie devra être entretenue mais on veillera à laisser quelques arbres se développer sans pour autant chercher un alignement dense. Un aspect naturel de la haie doit être conservé. Communauté d’Agglomération de Montluçon. Charte Architecturale et Paysagère Préconisations. Eliane Auberger, Sycomore / Nathalie Lespiaucq Chomette. Mars 2006 211