Résumé Les lymphocytes de type «Natural Killer» (NK)

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Résumé
Les lymphocytes de type «Natural Killer» (NK) sont des effecteurs de l’immunité innée,
capables de lyser les cellules cancéreuses grâce au relargage de la sérine protéase Granzyme
B (GzmB). Récemment, de nouvelles stratégies anti-cancéreuses, basées sur l’utilisation des
cellules NK, ont émergé et se sont révélées très prometteuses. Il est actuellement clairement
établi que le microenvironnement tumoral hypoxique influence la réponse immunitaire et
constitue, de ce fait, un obstacle majeur pour établir
des protocoles d’immunothérapie
efficaces. Nous avons démontré que les cellules du cancer du sein cultivées dans un
environnement hypoxique sont résistantes à la lyse dépendante des cellules NK par un
mécanisme impliquant l'activation de l'autophagie. De manière intéressante, l’inhibition de
l’autophagie supprime cette résistance et restore la lyse dépendante des cellules NK. Nous
avons démontré que la résistance des cellules tumorales hypoxiques à la lyse par les cellules
NK n'est liée ni à un défaut de reconnaissance des cellules cibles, ni à une altération de
l’activité cytotoxique des cellules NK. Nous avons mis en évidence que l'activation de
l’autophagie dans les cellules cancéreuse sous stress hypoxique conduit à la dégradation de
GzmB dans les lysosomes, rendent ainsi les cellules tumorale résistantes à la mort cellulaire
dépendent des NK . L’invalidation génétique et pharmacologique de l'autophagie permet de
restaurer le niveau intracellulaire de GzmB et réduit la résistance des cellules cibles
hypoxiques in vitro. Nos résultats prouvent que l'autophagie est un régulateur important de
la réponse immunitaire anti-tumorale dépendante des cellules NK. Nous avons validé ce
concept in vivo en démontrant que l’inhibition de l'autophagie diminue significativement la
croissance tumorale dans des modèles murins de mélanome et de carcinome mammaire.
Nous avons démontré que cette diminution du volume tumorale est due à une amélioration
de la réponse immunitaire dépendent des cellules NK. . Cette étude contribue à l’avancé des
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connaissances sur la manière dont l'autophagie, induite par l'hypoxie, affecte la lyse
dépendante des cellules NK et ouvre la voie à la formulation de nouvelles stratégies
thérapeutiques anti-tumorales combinant l’utilisation des cellules NK avec des inhibiteurs
d'autophagie.
L’obstacle majeur pour définir un protocole d'immunothérapie efficace pour le traitement
des tumeurs solides est la capacité du microenvironnement tumorale à inhiber la réponse
immunitaire de l'hôte au niveau local et systémique. Le microenvironnement tumoral est une
structure dynamique et complexe composée de cellules malignes et de cellules qui
influencent l'évolution du cancer, tels que les cellules endothéliales et les cellules
immunitaires. Le microenvironnement tumoral est ainsi considéré comme un aspect
important de la biologie du cancer, car il peut promouvoir la transformation néoplasique,
soutenir la croissance de la tumeur et augmenter sa capacité invasive, protéger les tumeurs
contre l'immunité de l'hôte et induire la résistance à la chimiothérapie. Les cellules
immunitaire de type NK sont des larges lymphocytes granulaires CD3-/TCR-/CD56+, qui jouent
un
rôle
fondamental
dans
l'immunité
antitumorale
innée
et
participent
à
l'immunosurveillance des tumeurs. Ils peuvent induire directement la mort des cellules
tumorales par l'engagement des récepteurs de mort (Fas et TRAIL) et la libération de granules
contenant le granzyme B et la perforine; ou indirectement par cytotoxicité cellulaire
dépendante des anticorps (ADCC).
Le rôle des cellules NK dans la régression tumorale a été étudié par plusieurs groupes de
recherche montrant que l'infiltration de la tumeur par les cellules NK prédit un pronostique
favorable dans plusieurs types des cancers. L'activité cytolytique des cellules NK est régulée
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par l'expression des récepteurs activateurs et inhibiteurs qui dictent ensemble le sort des
cellules tumorales cibles. Ainsi, l'activité cytolytique des cellules NK est inhibée par
l'interaction entre les molécules HLA de classe I exprimées à la surface des cellules cibles, et
les récepteurs de type Immunoglobulines (KIR) et/ou CD94/NKG2A, exprimés à la surface des
cellules NK. L'activation des cellules NK est déclenchée par NKp46, NKp30, NKp44 ainsi que
CD226 et NKG2D. L’augmentation, à la surface des cellules cancéreuses, des protéines
inductibles par le stress, telles que MICA/B et les protéines ULBPs, conduit à l'activation des
cellules NK par l'engagement de NKG2D. La perte de l'allèle HLA de classe I et l’augmentation
de MICA/B et ULBP1 est une caractéristique commune des tumeurs ciblées par les cellules
NK.
Les données accumulées suggèrent qu’un microenvironnement hypoxique protège les
cellules cancéreuses de la réponse immunitaire anti-tumorale par des mécanismes multiples.
Nous avons récemment rapporté que, dans des conditions hypoxiques, les cellules tumorales
résistent à la lyse par les lymphocytes T cytotoxiques (CTL) d’une façon dépendante de STAT3.
L’hypoxie contribue également à la reprogrammation des cellules dendritiques (DC) et
maintient l'inflammation via l'induction d'un phénotype pro-inflammatoire des DCs. En
hypoxie, les cellules tumorales secrètent différentes chimiokines, tels qu’EMAP-II, VEGF,
endothéline 2, et MCP-1/CCL2. La sécrétion de ces cytokines conduit à l'accumulation de
macrophages associés aux tumeurs (TAM) et de lymphocytes T régulateurs (Treg). Les TAM
et les Treg produisent du TGF-β qui influence négativement la prolifération et l'activité des
cellules NK. De plus, il a été proposé que l'hypoxie contribue à l'échappement des cellules de
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cancer de la prostate à l'immunosurveillance par les cellules NK du fait l'augmentation du
clivage des molécules MIC à la surface des cellules tumorales.
Il est désormais établi que l'adaptation des cellules cancéreuses au stress hypoxique peut
également se produire au travers de l'activation de l’autophagie, qui est un processus
responsable de la dégradation et du recyclage de protéines à longue durée de vie et
d’organites
cytoplasmiques,
au
sein de structures bien
caractérisées nommés
autophagosomes. Récemment, le rôle de l'autophagie a été élargi aux fonctions
immunologiques
et
aux
interactions avec
les
cellules
immunitaire
dans
le
microenvironnement tumoral.. Ces études mettent en évidence l'autophagie comme un
acteur important dans la régulation de l'immunité antitumorale, néanmoins aucune donnée
n'est actuellement disponible pour expliquer les mécanismes par lesquels l'autophagie régule
la réponse immunitaires des cellules NK en hypoxie.
Bien que des essais cliniques utilisant l'immunothérapie basée sur les cellules NK aient montré
des résultats prometteurs pour le traitement des hémopathies malignes, les tumeurs solides
sont fréquemment résistantes à ce type de thérapie. Comprendre les mécanismes
moléculaires qui permettent l'échappement des tumeurs à la surveillance par les cellules NK
est une question primordiale. Nous avons démontré in vitro que l'hypoxie réduit la
susceptibilité à la lyse NK des cellules du cancer du sein grâce à un mécanisme impliquant
l'activation de l'autophagie et la dégradation subséquente de la protéine granzyme B (GzmB)
dérivée des NK. Nous avons montré in vivo que l’inhibition de l'autophagie dans les tumeurs
hypoxiques induit une régression tumorale en facilitant l'élimination des cellules cancéreuses
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par les NK. Cette étude met en évidence l’autophagie comme un mécanisme important de la
résistance des cellules tumorales à la lyse par les cellules NK.
Nous avons examiné si l'hypoxie influence la lyse par les cellules NK des cellules MCF-7
dérivées d'adénocarcinome du sein. En utilisant des cellules NK isolées à partir de cellules
mononuclées de sang périphérique (PBMC) de huit donneurs sains (D1 à D8 ), nous avons
démontré que, malgré la variabilité du potentiel cytolytique des cellules NK entre donneurs ,
le pourcentage de lyse des cellules MCF- 7 hypoxiques a été diminué par rapport à celui des
cellules MCF- 7 en normoxie dans tous les cas.
Cette diminution est corrélée avec l'induction du flux d’autophagie caractérisée par la
dégradation de la protéine p62/sequestosome 1 (SQSTM1), l'accumulation de la protéine LC3
–II dans les cellules traitées à la chloroquine (CQ), et la formation d’autophagosomes dans les
cellules hypoxiques. La vidéomicroscopie de cellules MCF-7 normoxiques ou hypoxiques
exprimant la protéine recombinante GFP-LC3 co-cultivées avec des cellules NK marquées en
rouge à l’aide du marqueur fluorescent PKH-26 a confirmé que les cellules tumorales
normoxiques sont efficacement lysées par les cellules NK par rapport à des cellules tumorales
hypoxiques dans lesquelles plusieurs autophagosomes sont observés. En outre, la
vidéomicroscopie réalisée dans les mêmes conditions en présence d'iodure de propidium a
fourni des preuves convaincantes que les cellules tumorales normoxiques meurent par un
mécanisme apoptotique induit par les cellules NK comparé aux cellules tumorales
hypoxiques. Des résultats similaires ont été obtenus avec la lignée cellulaire de cancer du sein
T47D, ce qui confirme que la diminution de la sensibilité des cellules tumorales à la lyse par
les cellules NK en hypoxie n'est pas limitée à la lignée cellulaire MCF-7. Nous avons montré
qu’indépendamment de l'hypoxie, l'induction d’autophagie par d'autres stimuli (par exemple
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par privation de nutriments) altère également la lyse par les cellules NK. Afin de déterminer
l’implication de l'induction de l'autophagie dans la diminution de la lyse des cellules tumorales
par les cellules NK, nous avons utilisé la lignée cellulaire MCF-7 exprimant la Beclin1, une
protéine essentielle du processus d’autophagie, sous le contrôle d'un promoteur sensible à
la tétracycline (tet off). Ainsi, l'absence (-) ou en présence (+) de la doxycycline dans le milieu
de culture peut générer des cellules compétentes (+BECN1) ou déficientes (-BECN1) en
autophagie. Le test de cytotoxicité a clairement démontré que les cellules NK lysent les
cellules MCF-7 déficientes pour l’autophagie plus efficacement que les cellules compétentes
dans des conditions hypoxiques. Des résultats similaires ont été obtenus dans les cellules
MCF-7 déficientes pour la protéineATG5. Ces données indiquent que l'autophagie est un
facteur important responsable de la diminution de la lyse par les cellules NK des cellules
tumorales MCF-7.
Nous avons ensuite étudié si la résistance des cellules tumorales hypoxiques à la lyse par les
cellules NK était liée à une augmentation des molécules HLA de classe I ou une diminution
des ligands NKG2D à la surface des cellules tumorales. Parmi toutes les molécules analysées,
seules HLA-A, B, et C sont retrouvées significativement augmentées à la surface des cellules
hypoxiques compétentes pour l’autophagie et diminuées a la surface des cellules déficientes,
cultivées dans les mêmes conditions hypoxiques. Nous avons ensuite étudié si la résistance
des cellules hypoxiques MCF-7 à la lyse par les cellules NK était liée à cette augmentation des
molécules de HLA de classe I à la surface des cellules tumorales. Nos données montrent que,
même lorsque les molécules HLA de classe I sont bloquées, la lyse des cellules MCF-7
hypoxiques sans BECN1est nettement améliorée par rapport à la lyse des cellules hypoxiques
avec BECN1. Nous suggérons par conséquent que, indépendamment du niveau d’'expression
des molécules de HLA de classe I, le statut d’autophagie dans les cellules MCF-7 cibles joue
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un rôle essentiel dans la résistance à la lyse par les cellules NK. De même, nous avons montré
une augmentation du pourcentage de conjugués formés entre dès les cellules NK et les
cellules tumorales au cours du temps, mais pas de différence significative dans la formation
du conjugués entre les cellules compétentes ou non pour l’autophagie- cultivées en normoxie
ou en hypoxie. Nous avons également examiné si l'activité de dégranulation des cellules NK
était affectée par les cellules tumorales hypoxiques. Etant donné qu’aucune différence
d’expression de CD107a n’a été observée lorsque les cellules NK ont été co-cultivées avec des
cellules tumorales normoxiques et hypoxiques, la résistance des cellules tumorales
hypoxiques à la lyse par les cellules NK ne semble donc pas être liée à un défaut de l'activité
NK. Nos résultats suggèrent en outre que la résistance est dépendante d'un mécanisme
intrinsèque rendant les cellules tumorales moins sensibles aux granules cytotoxiques libérées
par les cellules NK. Cette hypothèse est supportée par nos données montrant que dans des
conditions où les cellules tumorales en normoxie ou en hypoxie sont traitées avec la protéine
porogène streptolysine -O, la protéine GzmB lyse uniquement les cellules normoxiques.
Afin d’étudier le mécanisme induisant la réduction de lyse par le GzmB dans les cellules
hypoxiques, nous avons analysé le contenu en GzmB intracellulaire des cellules cibles. Les
cellules MCF-7 normoxiques ou hypoxiques marquées au PKH-26 ont été co-cultivées avec la
lignée cellulaire NK YT-Indy exprimant la protéine recombinante GFP-GzmB. Une baisse
significative du niveau de GFP-GzmB a été détectée dans les cellules hypoxiques comparées
aux cellules normoxiques. Nous avons ensuite évalué si l’inhibition de l’autophagie par
diminution de la protéine BECN1 restaure le niveau de GzmB dans les cellules hypoxiques.
Nos résultats ont démontré que le niveau de GzmB est rétabli dans les cellules déficientes en
BECN1. Ces résultats suggèrent qu’à la suite de son entrée dans les cellules hypoxiques, la
protéine GzmB est chargée dans des autophagosomes puis dégradée dans les lysosomes. Ceci
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a été confirmé par nos données montrant que le niveau de GzmB est restauré par des
inhibiteurs de l'autophagie et des hydrolases lysosomales,la chloroquine et l’e64d/pepstatine
respectivement. En revanche, le niveau de la perforine dans les cellules cibles n'est pas affecté
par l'hypoxie ou par l'inhibition de l'autophagie. La distribution subcellulaire dans les cellules
tumorales de la protéine GzmB dérivée des cellules NK a été en outre analysée par
fractionnement des cellules MCF-7 compétentes ou non pour l’autophagie (BECN1+/-)
cultivées dans des conditions hypoxiques ou normoxiques. Nous avons montré une différence
importante dans la distribution de la protéine GzmB entre les cellules normoxiques et
hypoxiques (BECN1+). La protéine GzmB est principalement présente dans les fractions 4 à 11
dans les cellules normoxiques, alors qu’elle est détectée dans la fraction 2 et dans une
moindre mesure la fraction 3 dans les cellules hypoxiques. Il est intéressant de noter que dans
ces fractions 2 et 3 - sont également retrouvées les protéines LC3 (marqeur des
autophagosomes) et Rab5 (marqueur des endosomes), ce qui suggère que ces fractions
peuvent correspondre à des amphisomes (structures générées à partir de la fusion des
endosomes tardifs et des autophagosomes). Ensemble, ces résultats suggèrent que les
endosomes contenant les protéines GzmB et perforine fusionnent avec les autophagosomes
lors de l'activation de l'autophagie dans les cellules hypoxiques, permettant la dégradation
spécifique de GzmB. La sélectivité de dégradation de GzmB par autophagie est supportée par
des données démontrant que l'inhibition de la protéine cargo de l’autophagie p62 - restaure
le niveau de GzmB dans les cellules hypoxiques. Il est important de souligner qu’en ciblant
l'autophagie dans les cellules hypoxiques, la distribution subcellulaire de GzmB change
radicalement et qu’un profil similaire à celui de cellules normoxiques est observé. La présence
de GzmB dans les autophagosomes de cellules hypoxiques a été confirmée par des données
d'immunofluorescence montrant la colocalisation de GFP-GzmB avec les autophagosomes
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(structures positives pour LC3); ces autophagosomes contenaient également le marqueur
endosomal EEA1.
Afin de déterminer si l'inhibition de l’autophagie améliore la régression tumorale
induite par les cellules NK in vivo, nous avons utilisé deux modèles tumoraux murins agressifs
et syngéniques: les tumeurs de mélanome B16 -F10 et les tumeurs de carcinome du sein 4T1.
Les tumeurs B16 -F10 ont été précédemment décrites comme hautement hypoxique, avec
une activation sélective de l’autophagie dans les zones hypoxiques. Les tumeurs 4T1 ont été
rapportées en tant que modèle animal expérimental approprié pour étudier le cancer
mammaire humain. Dans un premier temps, nous avons évalué si les cellules NK de l’hôte
affectent la croissance des tumeurs B16-F10 et 4T1 chez des souris C57BL/6 et des souris
BALB/c respectivement. Afin de répondre à cette question, des souris déficientes ou non en
cellules NK (NK-/+) ont été générées grâce à des injections répétées d’IgG de lapin antiasialo
GM1 puis greffées avec cellules B16-F10 ou 4T1. Nous avons observé une augmentation
significative du volume tumoral dans les souris déficientes en cellules NK (NK-) comparées au
souris contrôles (NK+), ce qui indique que les cellules NK jouent un rôle dans la régression des
tumeurs B16-F10 et 4T1 in vivo. Afin de déterminer l'impact de l'autophagie sur la lyse des
tumeurs par les cellules NK in vivo, nous avons analysé la croissance des tumeurs B16-F10 et
4T1 déficientes en BECN1 (BECN-) dans les souris NK+ et NK-. Les cellules 4T1BECN1- et
B16F10BECN1- et ont été produits en utilisant des particules lentiviraux exprimant un shRNA
dirigé contre BECN1. Des cellules B16- F10 et 4T1 infectées par des vecteurs exprimant des
shRNA ne ciblant aucune protéine cellulaire (B16-F10BECN1+ 4T1BECN1+) ont été utilisées
comme cellules contrôles compétentes pour l’autophagie. Nous avons montré que chez les
souris NK+, le volume de tumeurs B16F10BECN1- et 4T1BECN1- est significativement réduit
par rapport à celui des tumeurs BECN1+. Cette diminution est probablement due à la capacité
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des cellules NK à éliminer les cellules déficientes pour l’autophagie de manière plus efficace
que les cellules compétentes pour l’autophagie. En accord avec cette hypothèse, dans les
souris déficientes en cellules NK (NK-), la régression des tumeurs BECN1- n'est plus observée.
Ensemble, ces résultats suggèrent que le blocage de l'autophagie dans les tumeurs améliore
leur élimination par les cellules NK in vivo.
Cette étude identifie l'autophagie comme un acteur majeur dans la résistance des cellules du
cancer du sein à la lyse par les cellules NK. Nos données in vivo valide ce concept et mettent
en évidence l'inhibition de l'autophagie comme une approche thérapeutique potentiellement
intéressante pour améliorer l'immunothérapie des cancers à base de cellules NK. En outre,
cette thèse met en lumière le mécanisme par lequel l'autophagie influence la sensibilité des
cellules tumorales à la lyse par les cellules NK. Cette étude démontre que l’activation de
l'autophagie dans des conditions hypoxiques provoque la dégradation de GzmB, ce qui
compromet la capacité des cellules NK à éliminer les cellules tumorales. Etant donné que la
diminution de la lyse des cellules tumorales par les cellules NK a été également observée dans
des conditions de privation de nutriments, il reste important de déterminer si la dégradation
de GzmB se produit indépendamment de la nature des stimuli impliqués dans l'activation de
l'autophagie dans les cellules tumorales cibles.
L'immunothérapie à base de cellules NK est une thérapie prometteuse pour les cancers
solides et hématologiques, et peut être combinée avec la chimiothérapie, la radiothérapie ou
la thérapie par anticorps monoclonal. L'un des principaux obstacles à la mise en place de
protocoles thérapeutiques basés sur les cellules NK est la capacité des cellules tumorales à
activer plusieurs mécanismes qui conduisent à l'échappement tumoral à la lyse par les cellules
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NK. Des efforts importants ont été faits ces dernières années pour identifier ces mécanismes.
L’induction inefficace de la lyse des cellules tumorales par les cellules NK peut être due, en
partie, à la diminution d’expression de ligands de NKG2D à la surface des cellules tumorales.
En accord avec cette hypothèse, l'hypoxie a été rapporté d’augmenter le clivage de MICA/B à
la surface des cellules cancéreuses de la prostate. Cependant, dans les cellules MCF-7, nous
n'avons détecté aucune diminution de l'expression de MICA/B à la surface des cellules
hypoxiques, ce qui suggère que dans notre modèle, la résistance à la lyse par les cellules NK
n'est pas liée à la modulation de l'expression de ce ligand pour NKG2D. Nos données montrent
une augmentation significative de l'expression de molécules inhibant la cellule NK, les HLA de
classe I, à la surface des cellules hypoxiques. Bien que les mécanismes responsables de cette
augmentation restent inconnus, nos résultats indiquent que la résistance à la lyse par les
cellules NK en hypoxie se produit indépendamment des niveaux d'expression de ces
molécules. En outre, il est peu probable que la résistance soit liée à un défaut dans
l'interaction des cellules NK avec leur cible, puisqu’aucune différence dans la formation des
conjugués entre les cellules NK et les cellules tumorales normoxiques ou hypoxiques n’a été
observée. En se basant sur ces données, nous excluons la possibilité de déstabilisation de la
synapse immunologique induite par l'autophagie dans les cellules tumorales hypoxiques. Nos
résultats fournissent la preuve qu'il n'existe pas de différence dans le niveau de la
dégranulation des cellules NK lorsqu’elles sont co-cultivées avec des cellules normoxiques ou
hypoxiques. Ceci élimine la possibilité d'un défaut dans le potentiel cytotoxique des cellules
NK à l'égard des cellules tumorales hypoxiques en tant que mécanisme de résistance. Puisque
les cellules NK exécutent leurs fonctions cytotoxiques envers les cellules hypoxiques et
normoxiques, et que le GzmB exogène est
incapable de lyser les cellules tumorales
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hypoxiques, nous proposons que l'autophagie fonctionne comme un mécanisme de
résistance intrinsèque dans les cellules tumorales.
GzmB peut être absorbé par les endosomes à l'intérieur de la cellule cible par endocytose en
phase fluide ou endocytose par le récepteur du mannose 6-phosphate (M6PR). Le troisième
mécanisme est dépendant de la protéine HSP70 qui peut interagir avec GzmB à la surface des
cellules. Nous n'avons détecté aucune différence dans l'expression de HSP70 ou M6PR à la
surface des cellules normoxiques et hypoxiques. Ces résultats excluent un défaut dans le
transfert des protéines effectrices lytiques dans les cellules cibles hypoxiques. Il est encore
débattu si GzmB pénètre par les pores de la perforine formés à la membrane plasmique ou si
la perforine et Gzmb sont endocytoses avec libération subséquente de GzmB des endosomes
dans le cytoplasme. Des études récentes ont indiqué que la perforine active l’endocytose
dépendante de la clathrine et de la dynamine, ce qui transporte perforine et GzmB à partir de
la membrane plasmique jusqu’à des endosomes précoces agrandis appelés "gigantosomes".
Par la suite, la perforine forme des pores dans la membrane du gigantosome, ce qui permet
la libération progressive de GzmB. Une fois libérée à l'intérieur des cellules cibles, GzmB
déclenche la mort cellulaire par apoptose. Il a été rapporté que les endosomes précoces
peuvent fusionner avec les vacuoles autophagiques pour former des amphisomes. Ceci
semble être une condition nécessaire pour la maturation des vacuoles autophagiques, leurs
fusions ultérieures avec les lysosomes, et la formation d’autophagolysosomes. Sur la base de
ces résultats, nous proposons que durant le trafic intracellulaire, GzmB est soumis à la
dégradation dans les autophagosomes dans des conditions hypoxiques. Plusieurs données
rapportées dans cette étude confirment un tel mécanisme : i) le niveau de GzmB détecté dans
les cellules hypoxiques est significativement inférieur à celui dans les cellules normoxiques,
ii) l'inhibition de l‘autophagie en inhibant BECN1 restaure le niveau de GzmB et la lyse des
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cellules hypoxiques par les cellules NK, et iii) la proteine GzmB est détectée dans des
compartiments cellulaires positifs pour LC3 et Rab5, ce qui indique sa présence à l'intérieur
d’amphisomes dans les cellules hypoxiques. Ensemble, nos données identifient un
mécanisme potentiel par lequel l’autophagie diminue la sensibilité des cellules tumorales à la
lyse par les cellules NK.
Pour évaluer l'impact de l'autophagie sur la régulation de la réponse immunitaire par les
cellules NK in vivo, nous avons utilisé des souris C57BL/6 et BALB/c transplantées avec des
cellules syngéniques de mélanome B16 - F10 et d'adénocarcinome du sein 4T1. L'utilisation
de ces modèles murins pour évaluer le rôle de l’autophagie in vivo offre plusieurs avantages,
comme rapporté précédemment. Nos résultats démontrent clairement que les cellules NK
contrôlent le développement de ces tumeurs in vivo, étant donné que la depletion des
cellules NK augmente considérablement la croissance tumorale. Après avoir établi le rôle des
cellules NK dans le contrôle de ces deux tumeurs, nous avons démontré que la croissance de
cellules tumorales déficientes pour l’autophagie-est significativement inhibée chez les souris
immunocompétentes. Nos données démontrent que l'inhibition de la croissance tumorale
n’est plus observée lorsque les cellules NK ont été déplétées, mettant en évidence le rôle clé
de l'autophagie dans la diminution de la lyse des cellules tumorales par les cellules NK in vivo.
Le TME joue un rôle essentiel dans l’échappement des tumeurs au système immunitaire grâce
à différents mécanismes qui se chevauchent. Les tumeurs ont évolué pour utiliser le stress
hypoxique à leur avantage en activant des voies biochimiques et cellulaires clés qui sont
importantes pour la progression, la survie et le développement métastatique. À cet égard,
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notre étude souligne l'inhibition de l'autophagie comme une approche importante pour la
formulation d’immunothérapies du cancer à base de cellules NK plus efficaces. Bien qu'il
existe plusieurs essais cliniques en cours utilisant des cellules NK pour le traitement du cancer,
cette étude met en évidence l'importance d'intégrer les inhibiteurs de l'autophagie comme
une stratégie innovante dans l'immunothérapie du cancer à base de cellules NK.
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