Résumé Les lymphocytes de type «Natural Killer» (NK) sont des effecteurs de l’immunité innée, capables de lyser les cellules cancéreuses grâce au relargage de la sérine protéase Granzyme B (GzmB). Récemment, de nouvelles stratégies anti-cancéreuses, basées sur l’utilisation des cellules NK, ont émergé et se sont révélées très prometteuses. Il est actuellement clairement établi que le microenvironnement tumoral hypoxique influence la réponse immunitaire et constitue, de ce fait, un obstacle majeur pour établir des protocoles d’immunothérapie efficaces. Nous avons démontré que les cellules du cancer du sein cultivées dans un environnement hypoxique sont résistantes à la lyse dépendante des cellules NK par un mécanisme impliquant l'activation de l'autophagie. De manière intéressante, l’inhibition de l’autophagie supprime cette résistance et restore la lyse dépendante des cellules NK. Nous avons démontré que la résistance des cellules tumorales hypoxiques à la lyse par les cellules NK n'est liée ni à un défaut de reconnaissance des cellules cibles, ni à une altération de l’activité cytotoxique des cellules NK. Nous avons mis en évidence que l'activation de l’autophagie dans les cellules cancéreuse sous stress hypoxique conduit à la dégradation de GzmB dans les lysosomes, rendent ainsi les cellules tumorale résistantes à la mort cellulaire dépendent des NK . L’invalidation génétique et pharmacologique de l'autophagie permet de restaurer le niveau intracellulaire de GzmB et réduit la résistance des cellules cibles hypoxiques in vitro. Nos résultats prouvent que l'autophagie est un régulateur important de la réponse immunitaire anti-tumorale dépendante des cellules NK. Nous avons validé ce concept in vivo en démontrant que l’inhibition de l'autophagie diminue significativement la croissance tumorale dans des modèles murins de mélanome et de carcinome mammaire. Nous avons démontré que cette diminution du volume tumorale est due à une amélioration de la réponse immunitaire dépendent des cellules NK. . Cette étude contribue à l’avancé des Page 1 of 14 connaissances sur la manière dont l'autophagie, induite par l'hypoxie, affecte la lyse dépendante des cellules NK et ouvre la voie à la formulation de nouvelles stratégies thérapeutiques anti-tumorales combinant l’utilisation des cellules NK avec des inhibiteurs d'autophagie. L’obstacle majeur pour définir un protocole d'immunothérapie efficace pour le traitement des tumeurs solides est la capacité du microenvironnement tumorale à inhiber la réponse immunitaire de l'hôte au niveau local et systémique. Le microenvironnement tumoral est une structure dynamique et complexe composée de cellules malignes et de cellules qui influencent l'évolution du cancer, tels que les cellules endothéliales et les cellules immunitaires. Le microenvironnement tumoral est ainsi considéré comme un aspect important de la biologie du cancer, car il peut promouvoir la transformation néoplasique, soutenir la croissance de la tumeur et augmenter sa capacité invasive, protéger les tumeurs contre l'immunité de l'hôte et induire la résistance à la chimiothérapie. Les cellules immunitaire de type NK sont des larges lymphocytes granulaires CD3-/TCR-/CD56+, qui jouent un rôle fondamental dans l'immunité antitumorale innée et participent à l'immunosurveillance des tumeurs. Ils peuvent induire directement la mort des cellules tumorales par l'engagement des récepteurs de mort (Fas et TRAIL) et la libération de granules contenant le granzyme B et la perforine; ou indirectement par cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps (ADCC). Le rôle des cellules NK dans la régression tumorale a été étudié par plusieurs groupes de recherche montrant que l'infiltration de la tumeur par les cellules NK prédit un pronostique favorable dans plusieurs types des cancers. L'activité cytolytique des cellules NK est régulée Page 2 of 14 par l'expression des récepteurs activateurs et inhibiteurs qui dictent ensemble le sort des cellules tumorales cibles. Ainsi, l'activité cytolytique des cellules NK est inhibée par l'interaction entre les molécules HLA de classe I exprimées à la surface des cellules cibles, et les récepteurs de type Immunoglobulines (KIR) et/ou CD94/NKG2A, exprimés à la surface des cellules NK. L'activation des cellules NK est déclenchée par NKp46, NKp30, NKp44 ainsi que CD226 et NKG2D. L’augmentation, à la surface des cellules cancéreuses, des protéines inductibles par le stress, telles que MICA/B et les protéines ULBPs, conduit à l'activation des cellules NK par l'engagement de NKG2D. La perte de l'allèle HLA de classe I et l’augmentation de MICA/B et ULBP1 est une caractéristique commune des tumeurs ciblées par les cellules NK. Les données accumulées suggèrent qu’un microenvironnement hypoxique protège les cellules cancéreuses de la réponse immunitaire anti-tumorale par des mécanismes multiples. Nous avons récemment rapporté que, dans des conditions hypoxiques, les cellules tumorales résistent à la lyse par les lymphocytes T cytotoxiques (CTL) d’une façon dépendante de STAT3. L’hypoxie contribue également à la reprogrammation des cellules dendritiques (DC) et maintient l'inflammation via l'induction d'un phénotype pro-inflammatoire des DCs. En hypoxie, les cellules tumorales secrètent différentes chimiokines, tels qu’EMAP-II, VEGF, endothéline 2, et MCP-1/CCL2. La sécrétion de ces cytokines conduit à l'accumulation de macrophages associés aux tumeurs (TAM) et de lymphocytes T régulateurs (Treg). Les TAM et les Treg produisent du TGF-β qui influence négativement la prolifération et l'activité des cellules NK. De plus, il a été proposé que l'hypoxie contribue à l'échappement des cellules de Page 3 of 14 cancer de la prostate à l'immunosurveillance par les cellules NK du fait l'augmentation du clivage des molécules MIC à la surface des cellules tumorales. Il est désormais établi que l'adaptation des cellules cancéreuses au stress hypoxique peut également se produire au travers de l'activation de l’autophagie, qui est un processus responsable de la dégradation et du recyclage de protéines à longue durée de vie et d’organites cytoplasmiques, au sein de structures bien caractérisées nommés autophagosomes. Récemment, le rôle de l'autophagie a été élargi aux fonctions immunologiques et aux interactions avec les cellules immunitaire dans le microenvironnement tumoral.. Ces études mettent en évidence l'autophagie comme un acteur important dans la régulation de l'immunité antitumorale, néanmoins aucune donnée n'est actuellement disponible pour expliquer les mécanismes par lesquels l'autophagie régule la réponse immunitaires des cellules NK en hypoxie. Bien que des essais cliniques utilisant l'immunothérapie basée sur les cellules NK aient montré des résultats prometteurs pour le traitement des hémopathies malignes, les tumeurs solides sont fréquemment résistantes à ce type de thérapie. Comprendre les mécanismes moléculaires qui permettent l'échappement des tumeurs à la surveillance par les cellules NK est une question primordiale. Nous avons démontré in vitro que l'hypoxie réduit la susceptibilité à la lyse NK des cellules du cancer du sein grâce à un mécanisme impliquant l'activation de l'autophagie et la dégradation subséquente de la protéine granzyme B (GzmB) dérivée des NK. Nous avons montré in vivo que l’inhibition de l'autophagie dans les tumeurs hypoxiques induit une régression tumorale en facilitant l'élimination des cellules cancéreuses Page 4 of 14 par les NK. Cette étude met en évidence l’autophagie comme un mécanisme important de la résistance des cellules tumorales à la lyse par les cellules NK. Nous avons examiné si l'hypoxie influence la lyse par les cellules NK des cellules MCF-7 dérivées d'adénocarcinome du sein. En utilisant des cellules NK isolées à partir de cellules mononuclées de sang périphérique (PBMC) de huit donneurs sains (D1 à D8 ), nous avons démontré que, malgré la variabilité du potentiel cytolytique des cellules NK entre donneurs , le pourcentage de lyse des cellules MCF- 7 hypoxiques a été diminué par rapport à celui des cellules MCF- 7 en normoxie dans tous les cas. Cette diminution est corrélée avec l'induction du flux d’autophagie caractérisée par la dégradation de la protéine p62/sequestosome 1 (SQSTM1), l'accumulation de la protéine LC3 –II dans les cellules traitées à la chloroquine (CQ), et la formation d’autophagosomes dans les cellules hypoxiques. La vidéomicroscopie de cellules MCF-7 normoxiques ou hypoxiques exprimant la protéine recombinante GFP-LC3 co-cultivées avec des cellules NK marquées en rouge à l’aide du marqueur fluorescent PKH-26 a confirmé que les cellules tumorales normoxiques sont efficacement lysées par les cellules NK par rapport à des cellules tumorales hypoxiques dans lesquelles plusieurs autophagosomes sont observés. En outre, la vidéomicroscopie réalisée dans les mêmes conditions en présence d'iodure de propidium a fourni des preuves convaincantes que les cellules tumorales normoxiques meurent par un mécanisme apoptotique induit par les cellules NK comparé aux cellules tumorales hypoxiques. Des résultats similaires ont été obtenus avec la lignée cellulaire de cancer du sein T47D, ce qui confirme que la diminution de la sensibilité des cellules tumorales à la lyse par les cellules NK en hypoxie n'est pas limitée à la lignée cellulaire MCF-7. Nous avons montré qu’indépendamment de l'hypoxie, l'induction d’autophagie par d'autres stimuli (par exemple Page 5 of 14 par privation de nutriments) altère également la lyse par les cellules NK. Afin de déterminer l’implication de l'induction de l'autophagie dans la diminution de la lyse des cellules tumorales par les cellules NK, nous avons utilisé la lignée cellulaire MCF-7 exprimant la Beclin1, une protéine essentielle du processus d’autophagie, sous le contrôle d'un promoteur sensible à la tétracycline (tet off). Ainsi, l'absence (-) ou en présence (+) de la doxycycline dans le milieu de culture peut générer des cellules compétentes (+BECN1) ou déficientes (-BECN1) en autophagie. Le test de cytotoxicité a clairement démontré que les cellules NK lysent les cellules MCF-7 déficientes pour l’autophagie plus efficacement que les cellules compétentes dans des conditions hypoxiques. Des résultats similaires ont été obtenus dans les cellules MCF-7 déficientes pour la protéineATG5. Ces données indiquent que l'autophagie est un facteur important responsable de la diminution de la lyse par les cellules NK des cellules tumorales MCF-7. Nous avons ensuite étudié si la résistance des cellules tumorales hypoxiques à la lyse par les cellules NK était liée à une augmentation des molécules HLA de classe I ou une diminution des ligands NKG2D à la surface des cellules tumorales. Parmi toutes les molécules analysées, seules HLA-A, B, et C sont retrouvées significativement augmentées à la surface des cellules hypoxiques compétentes pour l’autophagie et diminuées a la surface des cellules déficientes, cultivées dans les mêmes conditions hypoxiques. Nous avons ensuite étudié si la résistance des cellules hypoxiques MCF-7 à la lyse par les cellules NK était liée à cette augmentation des molécules de HLA de classe I à la surface des cellules tumorales. Nos données montrent que, même lorsque les molécules HLA de classe I sont bloquées, la lyse des cellules MCF-7 hypoxiques sans BECN1est nettement améliorée par rapport à la lyse des cellules hypoxiques avec BECN1. Nous suggérons par conséquent que, indépendamment du niveau d’'expression des molécules de HLA de classe I, le statut d’autophagie dans les cellules MCF-7 cibles joue Page 6 of 14 un rôle essentiel dans la résistance à la lyse par les cellules NK. De même, nous avons montré une augmentation du pourcentage de conjugués formés entre dès les cellules NK et les cellules tumorales au cours du temps, mais pas de différence significative dans la formation du conjugués entre les cellules compétentes ou non pour l’autophagie- cultivées en normoxie ou en hypoxie. Nous avons également examiné si l'activité de dégranulation des cellules NK était affectée par les cellules tumorales hypoxiques. Etant donné qu’aucune différence d’expression de CD107a n’a été observée lorsque les cellules NK ont été co-cultivées avec des cellules tumorales normoxiques et hypoxiques, la résistance des cellules tumorales hypoxiques à la lyse par les cellules NK ne semble donc pas être liée à un défaut de l'activité NK. Nos résultats suggèrent en outre que la résistance est dépendante d'un mécanisme intrinsèque rendant les cellules tumorales moins sensibles aux granules cytotoxiques libérées par les cellules NK. Cette hypothèse est supportée par nos données montrant que dans des conditions où les cellules tumorales en normoxie ou en hypoxie sont traitées avec la protéine porogène streptolysine -O, la protéine GzmB lyse uniquement les cellules normoxiques. Afin d’étudier le mécanisme induisant la réduction de lyse par le GzmB dans les cellules hypoxiques, nous avons analysé le contenu en GzmB intracellulaire des cellules cibles. Les cellules MCF-7 normoxiques ou hypoxiques marquées au PKH-26 ont été co-cultivées avec la lignée cellulaire NK YT-Indy exprimant la protéine recombinante GFP-GzmB. Une baisse significative du niveau de GFP-GzmB a été détectée dans les cellules hypoxiques comparées aux cellules normoxiques. Nous avons ensuite évalué si l’inhibition de l’autophagie par diminution de la protéine BECN1 restaure le niveau de GzmB dans les cellules hypoxiques. Nos résultats ont démontré que le niveau de GzmB est rétabli dans les cellules déficientes en BECN1. Ces résultats suggèrent qu’à la suite de son entrée dans les cellules hypoxiques, la protéine GzmB est chargée dans des autophagosomes puis dégradée dans les lysosomes. Ceci Page 7 of 14 a été confirmé par nos données montrant que le niveau de GzmB est restauré par des inhibiteurs de l'autophagie et des hydrolases lysosomales,la chloroquine et l’e64d/pepstatine respectivement. En revanche, le niveau de la perforine dans les cellules cibles n'est pas affecté par l'hypoxie ou par l'inhibition de l'autophagie. La distribution subcellulaire dans les cellules tumorales de la protéine GzmB dérivée des cellules NK a été en outre analysée par fractionnement des cellules MCF-7 compétentes ou non pour l’autophagie (BECN1+/-) cultivées dans des conditions hypoxiques ou normoxiques. Nous avons montré une différence importante dans la distribution de la protéine GzmB entre les cellules normoxiques et hypoxiques (BECN1+). La protéine GzmB est principalement présente dans les fractions 4 à 11 dans les cellules normoxiques, alors qu’elle est détectée dans la fraction 2 et dans une moindre mesure la fraction 3 dans les cellules hypoxiques. Il est intéressant de noter que dans ces fractions 2 et 3 - sont également retrouvées les protéines LC3 (marqeur des autophagosomes) et Rab5 (marqueur des endosomes), ce qui suggère que ces fractions peuvent correspondre à des amphisomes (structures générées à partir de la fusion des endosomes tardifs et des autophagosomes). Ensemble, ces résultats suggèrent que les endosomes contenant les protéines GzmB et perforine fusionnent avec les autophagosomes lors de l'activation de l'autophagie dans les cellules hypoxiques, permettant la dégradation spécifique de GzmB. La sélectivité de dégradation de GzmB par autophagie est supportée par des données démontrant que l'inhibition de la protéine cargo de l’autophagie p62 - restaure le niveau de GzmB dans les cellules hypoxiques. Il est important de souligner qu’en ciblant l'autophagie dans les cellules hypoxiques, la distribution subcellulaire de GzmB change radicalement et qu’un profil similaire à celui de cellules normoxiques est observé. La présence de GzmB dans les autophagosomes de cellules hypoxiques a été confirmée par des données d'immunofluorescence montrant la colocalisation de GFP-GzmB avec les autophagosomes Page 8 of 14 (structures positives pour LC3); ces autophagosomes contenaient également le marqueur endosomal EEA1. Afin de déterminer si l'inhibition de l’autophagie améliore la régression tumorale induite par les cellules NK in vivo, nous avons utilisé deux modèles tumoraux murins agressifs et syngéniques: les tumeurs de mélanome B16 -F10 et les tumeurs de carcinome du sein 4T1. Les tumeurs B16 -F10 ont été précédemment décrites comme hautement hypoxique, avec une activation sélective de l’autophagie dans les zones hypoxiques. Les tumeurs 4T1 ont été rapportées en tant que modèle animal expérimental approprié pour étudier le cancer mammaire humain. Dans un premier temps, nous avons évalué si les cellules NK de l’hôte affectent la croissance des tumeurs B16-F10 et 4T1 chez des souris C57BL/6 et des souris BALB/c respectivement. Afin de répondre à cette question, des souris déficientes ou non en cellules NK (NK-/+) ont été générées grâce à des injections répétées d’IgG de lapin antiasialo GM1 puis greffées avec cellules B16-F10 ou 4T1. Nous avons observé une augmentation significative du volume tumoral dans les souris déficientes en cellules NK (NK-) comparées au souris contrôles (NK+), ce qui indique que les cellules NK jouent un rôle dans la régression des tumeurs B16-F10 et 4T1 in vivo. Afin de déterminer l'impact de l'autophagie sur la lyse des tumeurs par les cellules NK in vivo, nous avons analysé la croissance des tumeurs B16-F10 et 4T1 déficientes en BECN1 (BECN-) dans les souris NK+ et NK-. Les cellules 4T1BECN1- et B16F10BECN1- et ont été produits en utilisant des particules lentiviraux exprimant un shRNA dirigé contre BECN1. Des cellules B16- F10 et 4T1 infectées par des vecteurs exprimant des shRNA ne ciblant aucune protéine cellulaire (B16-F10BECN1+ 4T1BECN1+) ont été utilisées comme cellules contrôles compétentes pour l’autophagie. Nous avons montré que chez les souris NK+, le volume de tumeurs B16F10BECN1- et 4T1BECN1- est significativement réduit par rapport à celui des tumeurs BECN1+. Cette diminution est probablement due à la capacité Page 9 of 14 des cellules NK à éliminer les cellules déficientes pour l’autophagie de manière plus efficace que les cellules compétentes pour l’autophagie. En accord avec cette hypothèse, dans les souris déficientes en cellules NK (NK-), la régression des tumeurs BECN1- n'est plus observée. Ensemble, ces résultats suggèrent que le blocage de l'autophagie dans les tumeurs améliore leur élimination par les cellules NK in vivo. Cette étude identifie l'autophagie comme un acteur majeur dans la résistance des cellules du cancer du sein à la lyse par les cellules NK. Nos données in vivo valide ce concept et mettent en évidence l'inhibition de l'autophagie comme une approche thérapeutique potentiellement intéressante pour améliorer l'immunothérapie des cancers à base de cellules NK. En outre, cette thèse met en lumière le mécanisme par lequel l'autophagie influence la sensibilité des cellules tumorales à la lyse par les cellules NK. Cette étude démontre que l’activation de l'autophagie dans des conditions hypoxiques provoque la dégradation de GzmB, ce qui compromet la capacité des cellules NK à éliminer les cellules tumorales. Etant donné que la diminution de la lyse des cellules tumorales par les cellules NK a été également observée dans des conditions de privation de nutriments, il reste important de déterminer si la dégradation de GzmB se produit indépendamment de la nature des stimuli impliqués dans l'activation de l'autophagie dans les cellules tumorales cibles. L'immunothérapie à base de cellules NK est une thérapie prometteuse pour les cancers solides et hématologiques, et peut être combinée avec la chimiothérapie, la radiothérapie ou la thérapie par anticorps monoclonal. L'un des principaux obstacles à la mise en place de protocoles thérapeutiques basés sur les cellules NK est la capacité des cellules tumorales à activer plusieurs mécanismes qui conduisent à l'échappement tumoral à la lyse par les cellules Page 10 of 14 NK. Des efforts importants ont été faits ces dernières années pour identifier ces mécanismes. L’induction inefficace de la lyse des cellules tumorales par les cellules NK peut être due, en partie, à la diminution d’expression de ligands de NKG2D à la surface des cellules tumorales. En accord avec cette hypothèse, l'hypoxie a été rapporté d’augmenter le clivage de MICA/B à la surface des cellules cancéreuses de la prostate. Cependant, dans les cellules MCF-7, nous n'avons détecté aucune diminution de l'expression de MICA/B à la surface des cellules hypoxiques, ce qui suggère que dans notre modèle, la résistance à la lyse par les cellules NK n'est pas liée à la modulation de l'expression de ce ligand pour NKG2D. Nos données montrent une augmentation significative de l'expression de molécules inhibant la cellule NK, les HLA de classe I, à la surface des cellules hypoxiques. Bien que les mécanismes responsables de cette augmentation restent inconnus, nos résultats indiquent que la résistance à la lyse par les cellules NK en hypoxie se produit indépendamment des niveaux d'expression de ces molécules. En outre, il est peu probable que la résistance soit liée à un défaut dans l'interaction des cellules NK avec leur cible, puisqu’aucune différence dans la formation des conjugués entre les cellules NK et les cellules tumorales normoxiques ou hypoxiques n’a été observée. En se basant sur ces données, nous excluons la possibilité de déstabilisation de la synapse immunologique induite par l'autophagie dans les cellules tumorales hypoxiques. Nos résultats fournissent la preuve qu'il n'existe pas de différence dans le niveau de la dégranulation des cellules NK lorsqu’elles sont co-cultivées avec des cellules normoxiques ou hypoxiques. Ceci élimine la possibilité d'un défaut dans le potentiel cytotoxique des cellules NK à l'égard des cellules tumorales hypoxiques en tant que mécanisme de résistance. Puisque les cellules NK exécutent leurs fonctions cytotoxiques envers les cellules hypoxiques et normoxiques, et que le GzmB exogène est incapable de lyser les cellules tumorales Page 11 of 14 hypoxiques, nous proposons que l'autophagie fonctionne comme un mécanisme de résistance intrinsèque dans les cellules tumorales. GzmB peut être absorbé par les endosomes à l'intérieur de la cellule cible par endocytose en phase fluide ou endocytose par le récepteur du mannose 6-phosphate (M6PR). Le troisième mécanisme est dépendant de la protéine HSP70 qui peut interagir avec GzmB à la surface des cellules. Nous n'avons détecté aucune différence dans l'expression de HSP70 ou M6PR à la surface des cellules normoxiques et hypoxiques. Ces résultats excluent un défaut dans le transfert des protéines effectrices lytiques dans les cellules cibles hypoxiques. Il est encore débattu si GzmB pénètre par les pores de la perforine formés à la membrane plasmique ou si la perforine et Gzmb sont endocytoses avec libération subséquente de GzmB des endosomes dans le cytoplasme. Des études récentes ont indiqué que la perforine active l’endocytose dépendante de la clathrine et de la dynamine, ce qui transporte perforine et GzmB à partir de la membrane plasmique jusqu’à des endosomes précoces agrandis appelés "gigantosomes". Par la suite, la perforine forme des pores dans la membrane du gigantosome, ce qui permet la libération progressive de GzmB. Une fois libérée à l'intérieur des cellules cibles, GzmB déclenche la mort cellulaire par apoptose. Il a été rapporté que les endosomes précoces peuvent fusionner avec les vacuoles autophagiques pour former des amphisomes. Ceci semble être une condition nécessaire pour la maturation des vacuoles autophagiques, leurs fusions ultérieures avec les lysosomes, et la formation d’autophagolysosomes. Sur la base de ces résultats, nous proposons que durant le trafic intracellulaire, GzmB est soumis à la dégradation dans les autophagosomes dans des conditions hypoxiques. Plusieurs données rapportées dans cette étude confirment un tel mécanisme : i) le niveau de GzmB détecté dans les cellules hypoxiques est significativement inférieur à celui dans les cellules normoxiques, ii) l'inhibition de l‘autophagie en inhibant BECN1 restaure le niveau de GzmB et la lyse des Page 12 of 14 cellules hypoxiques par les cellules NK, et iii) la proteine GzmB est détectée dans des compartiments cellulaires positifs pour LC3 et Rab5, ce qui indique sa présence à l'intérieur d’amphisomes dans les cellules hypoxiques. Ensemble, nos données identifient un mécanisme potentiel par lequel l’autophagie diminue la sensibilité des cellules tumorales à la lyse par les cellules NK. Pour évaluer l'impact de l'autophagie sur la régulation de la réponse immunitaire par les cellules NK in vivo, nous avons utilisé des souris C57BL/6 et BALB/c transplantées avec des cellules syngéniques de mélanome B16 - F10 et d'adénocarcinome du sein 4T1. L'utilisation de ces modèles murins pour évaluer le rôle de l’autophagie in vivo offre plusieurs avantages, comme rapporté précédemment. Nos résultats démontrent clairement que les cellules NK contrôlent le développement de ces tumeurs in vivo, étant donné que la depletion des cellules NK augmente considérablement la croissance tumorale. Après avoir établi le rôle des cellules NK dans le contrôle de ces deux tumeurs, nous avons démontré que la croissance de cellules tumorales déficientes pour l’autophagie-est significativement inhibée chez les souris immunocompétentes. Nos données démontrent que l'inhibition de la croissance tumorale n’est plus observée lorsque les cellules NK ont été déplétées, mettant en évidence le rôle clé de l'autophagie dans la diminution de la lyse des cellules tumorales par les cellules NK in vivo. Le TME joue un rôle essentiel dans l’échappement des tumeurs au système immunitaire grâce à différents mécanismes qui se chevauchent. Les tumeurs ont évolué pour utiliser le stress hypoxique à leur avantage en activant des voies biochimiques et cellulaires clés qui sont importantes pour la progression, la survie et le développement métastatique. À cet égard, Page 13 of 14 notre étude souligne l'inhibition de l'autophagie comme une approche importante pour la formulation d’immunothérapies du cancer à base de cellules NK plus efficaces. Bien qu'il existe plusieurs essais cliniques en cours utilisant des cellules NK pour le traitement du cancer, cette étude met en évidence l'importance d'intégrer les inhibiteurs de l'autophagie comme une stratégie innovante dans l'immunothérapie du cancer à base de cellules NK. Page 14 of 14