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avortements massifs dans les élevages
agricoles. Cette bactérie est très proche de L.
pneumophila d’un point de vue
phylogénétique. De plus, C. burnetii est
capable, comme L. pneumophila, de se
répliquer à l’intérieur des cellules et elle
possède également un système de sécrétion
de type 4 qui lui permet de sécréter une
centaine d’effecteurs impliqués notamment
dans le détournement de l’autophagie de la
cellule hôte. En comparant les effecteurs de
ces deux bactéries, on espère identifier un
nombre restreint d’effecteurs conservés
communs qui seraient potentiellement
impliqués dans la régulation de l’autophagie.
C’est notre hypothèse de départ.
Combien en avez-vous trouvé ?
On a identifié huit effecteurs semblables entre
les deux bactéries. Cela a réduit
considérablement le nombre d’effecteurs à
étudier. On a terminé de construire les
mutants délétés pour chacun des gènes
associés à ces effecteurs chez L. pneumophila
et on teste à présent leurs phénotypes.
Avez-vous procédé vous-même aux analyses
bio-informatiques ?
Non, je n’ai pas fait ces analyses toute seule.
J’ai collaboré avec des bio-informaticiens qui
m’ont familiarisée aux outils qu’ils utilisent
notamment dans les études de phylogénie.
J’ai dû aussi m’adapter à leur vocabulaire pour
les comprendre et plus facilement échanger
avec eux.
Le projet LEGCOXINET est en effet
interdisciplinaire puisqu’il associe des
bactériologistes, des écologues-
évolutionnistes et des bio-informaticiens.
Que vous a apporté cette interdisciplinarité ?
C’est une expérience
très enrichissante.
Quand on se réunit
tous, il y a souvent
deux points de vue
qui apparaissent, celui du côté bactériologie et
celui du côté évolution. Les discussions
permettent de faire évoluer la problématique
et de lever certains verrous.
Pour pouvoir échanger et collaborer, il a fallu
que j’adapte mon discours en étant à la fois
précise et didactique dans le vocabulaire
employé. J’ai, par ailleurs pris l’habitude
d’illustrer les différentes techniques utilisées
par des schémas. Il m’a bien fallu six mois
pour m’adapter et être complètement dans le
bain. De plus, je travaille sur plusieurs sites : la
Doua, Gerland et Laennec. Je me déplace deux
à trois fois par semaine. J’ai dû apprendre à
anticiper mes besoins pour mes manipulations
afin de rassembler tout le matériel nécessaire
au même endroit. Ce n’était pas si simple au
départ.
Quels sont vos premiers résultats ?
Les informations concernant l’interaction
entre L. pneumophila et l’autophagie sont
contradictoires dans la littérature. Trois
modèles existent, un premier qui décrit que
l’autophagie n’a pas d’impact sur la réplication
et la survie de L. pneumophila, un second qui
montre que la l’autophagie est néfaste à la
bactérie et un troisième qui suppose que
l’autophagie est bénéfique à la bactérie.
Durant ma thèse, on a déterminé que cette
différence dépend des souches de L.
pneumophila étudiées. Cela est conforté par le
fait que parmi les souches de L. pneumophila
que nous étudions, il existe de 7 à 11% de
gènes qui sont spécifiques à chacune de ces
souches. A présent on essaye de comprendre
ce qui, au niveau moléculaire, est responsable
« L’interdiscipli-
narité est une
expérience très
enrichissante »