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réel des Etats-Unis par an (sans tenir compte de la possibilité que les
éventuelles réformes, baisses de la fiscalité ou mesures protectionnistes
de l’administration Trump ne déclenchent un nouveau changement de ré-
gime). Notre scénario central anticipe une croissance moyenne de 1,25%
dans la zone euro et de 4,5% en Chine dans les dix prochaines années, un
chiffre nettement inférieur aux 8,6% enregistrés entre 2008 et 2015.
Les changements de dynamique macroéconomique que nous obser-
vons sont répercutés dans nos calculs de rentabilité attendue pour les
classes d’actifs.
Repli en vue pour les rentabilités de la majorité des classes d’actifs
Selon notre analyse, dans les dix prochaines années, les rentabilités
nominales annuelles, dividendes inclus, d’un grand nombre de classes
d’actifs vont reculer. D’après les tendances de croissance potentielle et
d’inflation, les rentabilités des actions américaines pourraient s’établir
à tout juste 5%1 au cours de la décennie à venir, contre une moyenne
historique d’environ 7%. Inversement, les actions européennes et japo-
naises pourraient s’en tirer mieux que par le passé et réduire le diffé-
rentiel de performance par rapport à leurs homologues américaines.
Pourtant, de manière générale, les rentabilités à attendre des actions
développées sur les dix prochaines années devraient être inférieures
d’un tiers à la moyenne des 46 dernières années.
Mais ce sont les obligations qui traverseront le changement de régime
le plus marquant. Le marché haussier qui prévaut depuis plusieurs dé-
cennies semble toucher à sa fin. Au cours de la prochaine décennie, les
rentabilités annuelles des bons du Trésor américain risquent ainsi d’être
inférieures de moitié aux 4,8% affichés ces dix dernières années (en de-
vise locale). De leur côté, les Bunds allemands, ainsi que les obligations
d’Etat suisses et japonaises, devraient enregistrer des rentabilités néga-
tives dans les dix prochaines années. En prenant le début du marché
haussier (1981) comme point de départ, nous en arrivons à la conclu-
sion que les rentabilités totales des obligations d’Etat devraient ressortir,
au cours de la prochaine décennie, à tout juste un quart de ce qu’elles
ont enregistré au cours des quatre dernières décennies. Ce changement
de régime s’explique par l’évolution des taux d’intérêt: les taux longs
ont reculé de manière quasi continue pendant 35 ans. Or, aujourd’hui,
les taux amorcent une hausse progressive, associée à une normalisation
de la croissance et à des défis démographiques.
Pour l’allocation d’actifs, ces conclusions ont une double conséquence.
Tout d’abord, le repli des rentabilités anticipées des actions et la baisse
plus forte encore des obligations d’Etat signifient que les rentabilités d’un
portefeuille 60/40 classique pourraient chuter de moitié à environ 4% par
rapport à la précédente décennie. Deuxièmement, et même s’il reste légi-
time de continuer de considérer les obligations souveraines de référence
comme un moyen de protéger les portefeuilles, la tendance à la conver-
gence entre taux à long terme et PIB nominal signifie que cette protec-
tion engendrera un coût. La volatilité des marchés obligataires s’accroît:
il existe un risque non négligeable de perdre plusieurs années de gains.
1 Toutes les rentabilités mentionnées correspondent à des rentabilités nominales
annualisées moyennes en devises locales, coupons et dividendes réinvestis.
«Le marché haussier
obligataire qui prévaut
depuis plusieurs
décennies semble
toucher à sa fin.»