
Pour les ménorragies associées aux fibromes, les résul-
tats sont différents selon les molécules et le schéma de
prescription utilisés. Les résultats sont meilleurs avec les
progestatifs dits « androgéniques » et pour les prescrip-
tions d’au moins 21 jours par cycle ou continues,
comme c’est le cas avec un progestatif “retard injectable”.
Dans une étude randomisée comparant l’administra-
tion de 15 mg/j de noréthisthérone par voie orale
(21 jours par cycle) et un dispositif libérant 20 µg de lévo-
norgestrel par jour, chez les 22 femmes recevant le pro-
gestatif, l’estimation des pertes sanguines menstruelles au
troisième mois a montré une réduction significative de
87 % (réduction médiane de 97 mL ; extrêmes de 70 à
212 mL) [30]. Mais seulement 22 % des patientes ont sou-
haité poursuivre à l’issue des trois mois de l’étude.
Les effets sur le volume des fibromes sont aussi varia-
bles avec des résultats contrastés. La diminution de
volume des myomes affecte 0 à 44 % des patientes.
Les effets sont plus marqués avec les progestatifs androgé-
niques. Il existe néanmoins un risque théorique d’aug-
mentation de volume du myome, mais peu de publica-
tions ont rapporté un tel effet [29]. Ce risque paraît donc
limité en pratique, sauf en cas d’add-back therapy.
Les effets attendus dépendent du profil de la molécule.
Avec les produits les plus efficaces, ils sont surtout liés
aux effets androgéniques (prise de poids, sensation de
gonflement et de jambes lourdes, mastodynies, céphalées
et risque thromboembolique veineux, etc.). La tolérance
pour un traitement au long cours apparaît donc médiocre
[35].
Enfin, une étude cas-témoins, présentant des myomes
nécessitant un acte chirurgical, montre que les 121 fem-
mes ayant été traitées par acétate de médroxyprogesté-
rone avaient un OR de 0,42 de développer un fibrome
[28]. Cet effet « protecteur » apparaît dès une année de
prise et persiste plus de dix ans après l’arrêt.
Malgré ces restrictions, un traitement progestatif peut
être prescrit en première intention chez les femmes qui
présentent des ménométrorragies associées à des myomes
utérins non intracavitaires, dans le but de réduire les per-
tes sanguines ou de corriger une anémie (grade B) [36].
Dispositifs intra-utérins libérant
du lévonorgestrel
Le DIU LNG a été mis au point, initialement, dans un
but contraceptif. Il existe aujourd’hui deux dispositifs dis-
ponibles, l’un avec un support en T libérant 20 µg/j, pen-
dant cinq années (Mirena
®
) [37], l’autre sans support libé-
rant 14 mch/j (Fibroplant
®
) [38]. Mirena
®
a été mis au
point dans un but contraceptif. Mirena
®
a rapidement
montré ses capacités à réduire les métrorragies fonction-
nelles associées ou non à une hyperplasie, avec une
réduction significative des pertes sanguines menstruelles
variant de 74 à 97 % [39]. Deux revues plus récentes ont
confirmé ces constatations [40, 41].
Amélioration des saignements anormaux associés
aux fibromes utérins
Au même titre que les progestatifs, il est donc capable
de réduire les saignements excessifs associés aux fibro-
mes, dont les localisations ne sont ni sous-muqueuses,
ni intracavitaires. La première étude rapportant l’amélio-
ration des symptômes associés aux fibromes utérins par
l’utilisation d’un DIU remonte à 1994, avec ce dispositif
libérant un progestatif [42]. Depuis, des publications
indépendantes ont ainsi été rapportées, avec en général
un nombre limité de cas (tableau 4). Compte tenu de
l’atrophie endométriale et du taux d’aménorrhées induites
par ce dispositif, l’amélioration des saignements anor-
maux a été significative avec des taux variant de 69 à
94 %. Une amélioration du taux d’hémoglobine, lorsqu’il
était initialement abaissé, a aussi été observée dans plu-
sieurs études [43, 44, 46-48].
Une seule étude randomisée a comparé la mise en
place d’un dispositif Mirena
®
chez 22 patientes à la
prise de 15 mg/j de noréthistérone du 5 au 26
e
jour du
cycle [30]. L’efficacité a été comparable, mais l’indice
de satisfaction et le taux de continuation ont été supé-
rieurs chez les utilisatrices du Mirena
®
: au troisième
mois, 76 % des femmes porteuses du Mirena
®
souhai-
taient continuer, en comparaison avec 22 % des femmes
traitées par la noréthistérone [30]. Il ne semble pas y avoir
de bénéfice par rapport aux progestatifs oraux, en dehors
de l’observance et de la tolérance clinique, surtout à long
terme.
Une étude randomisée, portant sur 236 patientes, a
cependant montré une plus grande fréquence des kystes
ovariens chez les femmes porteuses de Mirena
®
en com-
paraison avec celles ayant subi une hystérectomie [45].
Mais ces kystes sont le plus souvent asymptomatiques et
régressent dans une large majorité des cas.
Effets sur le volume utérin et le volume des fibromes
Selon les études, les effets sur le volume des myomes
et de l’utérus sont contradictoires. Deux études prélimi-
naires [42, 43] et deux études ultérieures observent une
diminution [48, 51]. Malheureusement, un nombre aussi
important de séries ne retrouve pas cet effet [44, 45, 52].
Autres bénéfices potentiels
Un autre aspect, qui n’a malheureusement pas été
évalué, est le rôle préventif de Mirena
®
sur le développe-
ment des fibromes. En effet, dans les premières cohortes
de patientes suivies lors des études initiales comparatives
avec un DIU libérant du cuivre, il était apparu, pour un
suivi de cinq années, que la croissance des myomes était
moindre et que moins d’interventions étaient nécessaires
chez les patientes utilisant Mirena
®
. Les deux études cli-
niques ayant le plus grand nombre de cas n’ont pas
observé non plus de croissance des myomes [45, 48].
mt Médecine de la Reproduction, Gynécologie Endocrinologie, vol. 11, n° 2, mars-avril 2009 143
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